Federica est née à Turin dans les années 1960. « La nature me vient depuis l’enfance, mais je ne le voyais pas. Nous passions tous nos étés à la campagne dans le village de ma grand-mère. Pendant trois mois, on avait une grande liberté. Nous étions une dizaine d’enfants, ruraux et citadins. On était tout le temps dehors, sur nos vieux vélos. »
Premier déclic : « L’énergie vitale de mon père vient de la terre. »
« Mon père aimait avoir les mains dans la terre. Dès le printemps, il plantait sur le balcon à Turin. Dans son potager, son jardin à la campagne, il laissait tout pousser, pour voir ce que c’était. Quant à ma mère, elle était enchantée par les fleurs. Mon père vient d’avoir 93 ans, il a semé cet été. Et en même temps, nous avons vidé la dernière maison des trois maisons que nous avons habitée dans le village, celle-ci pendant 26 ans. Son potager va être détruit par les propriétaires. Je me rends compte que c’est un peu mourir pour lui. Il y aura des conséquences. Son énergie vitale vient de la terre. »
Federica et son père l’été dernier
Deuxième déclic : « A la quarantaine, je fais le lien entre les humains et la nature »
A Turin, Federica fait des études de philo. « J’ai toujours aimé « circuler ». A 25 ans, dans le cadre de mes études, j’ai passé un an aux Etats-Unis pour finir un travail sur la valeur symbolique du langage politique. En même temps, j’étais « au pair » dans une famille. Je me suis prise d’affection pour la culture américaine dont je vois bien les limites. » Dans les années 1980 à Turin, elle découvre aussi l’approche de se taire et d’observer, qui doit beaucoup à la psychanalyste Mélanie Klein. Une sensibilité qui lui est très utile dans son travail aujourd’hui. Sa première carrière professionnelle la plonge pendant des années dans le monde du livre, en tant que libraire et bibliothécaire.
« Ca a mis longtemps à devenir évident pour moi. A Paris, j’avais un mini jardin de 20 m2. J’ai été bénévole dans un jardin partagé à Denfert-Rochereau, puis à Clamart pendant 7 ans. Avec une association, nous travaillions pour aider des adultes qui rencontraient différentes difficultés, comme les addictions ou le chômage, à se réinsérer. On mangeait ensemble et on se voyait tous les jours pendant un an. A travers une formation et l’horticulture, on pouvait les aider à se remettre sur les rails. Avant la quarantaine, je n’avais jamais fait ce lien entre les humains et le monde naturel. »
Dernier déclic : « Je découvre que le métier d’hortithérapeute existe »
« Une nuit, à 2h00 du matin, j’ai découvert un site canadien qui proposait une formation à l’hortithérapie. Hortithérapeute, c’était un métier ! Ca existait et on pouvait l’étudier. C’était en 2005. A Paris, j’avais pris contact avec Anne Ribes et j’avais été observer ce qu’elle faisait à la Pitié Salpétrière. Je me suis dit : « Je veux faire ça. » ».
En 2009, Federica suit dans un premier temps les cours d’horticulture à l’Ecole agricole du Parc de Monza, une école italienne fondée par des femmes pour les femmes dans les années 1930, ce qui la mènera à un cours d’été aux New York Botanical Gardens.
L’année suivante, à l’âge de 50 ans, elle s’engage dans une formation qui la mène à New York, « après mille hésitations » car cela suppose de laisser sa famille pendant deux mois de cours intensifs. Entre temps, Federica, son mari et leurs deux garçons quittent Paris pour s’installer à Rome. Elle n’a pas tout à fait complété sa formation. Elle la terminera finalement en 2018 et en beauté grâce à un stage au NYU Langone, un terrain de formation exceptionnel. Jugez plutôt la richesse des programmes d’hortithérapie proposés dans cet hôpital new-yorkais. « C’était un stage formidable. Il y a peu d’hôpitaux où on pratique comme cela. J’ai vu tous les services de l’hôpital, des enfants aux personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. J’ai beaucoup appris de Matt Wichrowski, en psychiatrie et pour l’épilepsie. A New York, je me suis aussi liée d’amitié avec Phyllis d’Amico, une femme d’origine italienne qui est responsable de la formation à l’hortithérapie aux New York Botanical Gardens. »
Aujourd’hui, enseigner et animer des ateliers
« J’ai enseigné la théorie de l’hortithérapie à l’Ecole agricole du Parc de Monza, soit une dizaine d’heures d’enseignement sur les 100 heures de cours que compte le programme. Je fais aussi l’introduction d’une formation de 30 heures à Gênes pour une coopérative agricole. C’est sur le terrain d’une association de parents de patients souffrant de troubles psychiques, avec des appartements sur place, un lieu de vie autour de l’agriculture sociale. »
« A Rome, je conçois et anime des activités pour des enfants et des jeunes adultes avec Happy Time. C’est une association fondée par un groupe de parents dont les enfants sont fragiles (autisme, vulnérabilité psychique de différentes natures). Nous proposons des activités à deux groupes de jeunes et une fois par mois aux parents et à leurs amis. C’est ma plus longue collaboration à ce jour, quatre ans malgré le Covid. Par contre le Covid a arrêté un programme que j’animais à la prison pour femmes de Rebibbia à Rome. »
« La base de notre métier est de nous regarder nous-mêmes dans l’esprit du psychologue américain Carl Rogers. Observer nos motivations, nos émotions, faire silence malgré l’angoisse du vide et laisser l’autre nous donner des indices, voir comment nous réagissons. Nous faisons un métier à la lisière, en étant bien conscients de qui nous sommes. Nous sommes sur une ligne de crête, on peut tomber. Mais nous avons la conviction que quelqu’un sait comment faire. Nous devons être conscients que, seuls, nous ne sommes pas grand chose. L’ambiance du lieu est centrale : comment rendre accueillant pour rendre libre. »
Federica donne des exemples. « Un jeune garçon sautait tout le temps en jetant la terre par terre. On a inventé des histoires sur les semis qu’on met dans la terre pour qu’ils n’aient pas froids. » Ou cet homme souffrant de troubles obsessionnels, rencontré pendant un remplacement de trois mois dans une résidence psychiatrique. « Il était malheureux d’être en groupe, avec un besoin d’ordre et de silence. Je lui ai proposé de travailler à l’écart sur des semis, un travail qui demandait de la patience. Un contact s’est créé et d’autres choses sont venues. »
« J’aimerais travailler auprès de personnes âgées. Je suis émue par les personnes qui se perdent. C’est un peu romantique comme idée. L’écoute et le silence mettent en évidence ce qui est… »
Pour mesurer le temps, je peux utiliser celui qui s’écoule entre deux publications sur ce blog. Ce marqueur revient inexorablement tous les mois, tous les premiers lundis du mois précisément. Lorsque j’appuie sur le bouton « Publier » au début du mois, j’ai l’impression d’une longue plage de temps devant moi…Et puis pouf, il est temps de publier de nouveau.
Ce mois-ci, ce joli mois de mai, restons dans le thème de notre périple international de2022. Si nous avons un besoin vital de nouveautés, il est aussi utile de prendre le temps d‘apprécier l’existant. Or, depuis 10 ans, je me suis déjà souvent promenée hors des frontières françaises. Voici un aperçu de ces voyages qui montrent la variété des jardins thérapeutique, de l’hortithérapie et des écothérapies. Quelle énergie et quelle vision chez ces femmes et ces hommes rencontré.es depuis 10 ans !
Pour les mois qui viennent, je vous annonce quelques nouvelles destinations : l’Autriche et l’Allemagne, le Costa Rica et un bilan de l’hortithérapie dans les pays hispanophones. Et puis il va falloir aller explorer un peu plus en Asie, en Australie, en Afrique.
ANGLETERRE. Une autre rencontre, celle de Sue Stuart Smith. Elle est psychiatre et elle nous a offert en 2020 « L’équilibre du jardinier : renouer avec la nature dans le monde moderne ». Un des livres les plus inspirants sur les bienfaits de la nature et du jardin pour les personnes fragilisées. Sa sortie en pleine pandémie a fait beaucoup de bien. Il est devenu LE livre de jardinage de l’année pour le Sunday Times et un des 37 meilleurs livres de 2020 pour The Times. Autant dire qu’il aura rencontré un énorme écho en Angleterre et dans les nombreux pays où il a été publié.
CANADA. Il s’en passe des trucs au Canada. Une de mes références est la Fondation Oublie pour un instant dont la fondatrice, Jeannine Lafrenière, est une personne que je croise régulièrement depuis plusieurs années. Sa mission : faire entrer la nature à l’intérieur des établissements de santé.
ETATS-UNIS. Choix difficile dans ce pays où j’ai passé le plus de temps, physiquement et à distance. J’attire simplement votre attention sur quelques personnes et programmes phares.
LIVRE « The Profession and Practice of Horticultural Therapy ».Le livre de Rebecca Haller, Christine Capra et Karen Kennedy, sorti en 2019, est incontournable si vous vous lisez l’anglais. Vous y retrouverez d’ailleurs quelques signatures françaises et européennes.
« Une hortithérapeute californienne derrière les barreaux ». Je reste en contact avec Calliope Correia depuis notre rencontre dans une formation du HTI et je suis son implication intense dans son travail en prison. Une passionnée, une convaincue.
30 ans d’hortithérapie auprès des personnes âgées. Kirk Hines a commencé sa carrière d’hortithérapeute depuis 1993 et il la poursuit auprès de personnes âgées dans la région d’Atlanta.
« Bénéficiaire » et témoin. Le témoignage d’un homme pour qui le jardin thérapeutique d’un programme d’addictologie en Caroline du Nord a été salvateur.
Résilience et recherche. A New York, la résilience de Matt Wichrowski, hortithérapeute et chercheur, épate. Retrouvez ses publications en tant que chercheur et professeur associé dans le département de Médecine de Réadaptation à la Faculté de Médecine de NYU.
A Chamchamal dans le Kurdistan irakien, le Fondation Jyian (« vie » en kurde) a formé les thérapeutes qui accompagnent des adultes et des enfants traumatisés par la guerre à l’hortithérapie.
DANS LE RESTE DU MONDE
Force est de constater que les autres parties du monde sont peu représentées sur mon blog. L’attraction est tellement plus forte là où on a déjà des contacts. A améliorer !
Au Bénin. Concluons sur l’intervention de Josette Coppe, psychologue clinicienne et art-thérapeute, qui anime des ateliers d’expression et des ateliers thérapeutiques avec les équipes SOS villages d’enfants au Bénin depuis 2010 à travers son association Résonances. Elle avait partagé son expérience lors d’une table ronde en ligne organisée par Jardins & Santé en novembre 2021. Vous trouverez son intervention à la minute 59 dans cette vidéo, avec les témoignages filmés de deux professionnels béninois.
La première fois que j’ai eu le plaisir de discuter avec Fiona Thackeray de Trellis, l’association écossaise d’hortithérapie, c’était en 2015. En mars 2020, nous devions nous rencontrer « in real life » pour le symposium de Jardins & Santé à Paris….En 2021, Tamara Singh et moi avons eu le plaisir de présenter un état des lieux de l’hortithérapie en France lors de la première édition du Trellis Seminar Series. Hier soir, j’ai de nouveau eu le plaisir de passer un moment en ligne avec Fiona à une semaine du Trellis Seminar Series 2022. Ma question toute personnelle : est-ce que nous aurons un jour l’occasion de prendre un thé (ou une bière) ensemble ?
Pour le programme et les inscriptions aux séminaires de cette annnée, c’est par ici. Du 7 au 11 mars, des experts interviendront d’Allemagne, d’Irak, d’Italie, de Belgique, du Brésil et d’Australie pour partager leurs expériences et connaissances de l’horticulture sociale et thérapeutique. Le programme s’enorgueillit également d’un panel de champions communautaires issus d’une variété de projets à travers le Royaume-Uni qui soutiennent les personnes vulnérables, handicapées et défavorisées de tous âges.
Plus que jamais et pour différentes raisons alors que la guerre revient brutalement au coeur de l’Europe, ce rassemblement est une « une lanterne d’espoir dans une année difficile ».
Fiona Thackeray de Trellis Scotland a écrit un livre pour se débarrasser du plastique au jardin, ‘Plastic-free Gardening’ (crédit photo Daily Record)
Fiona nous raconte la genèse de cette conférence en passe de devenir un grand rendez-vous annuel pour les hortithérapeutes du monde entier.
Qu’est-ce qui a incité Trellis à proposer une série de séminaires en ligne en 2021 ?
A little thing called Covid…En mars 2020, nous étions sur le point de tenir notre conférence annuelle qui rassemblait tous les ans entre 50 et 70 personnes en Ecosse. Mais c’était inimaginable de maintenir notre événement en personne : on se serait tous contaminés et nous aurions ramené le virus aux personnes fragiles avec lesquelles nous travaillons. Pendant plusieurs mois, nous nous sommes accrochés à l’espoir de le remettre à plus tard. Et puis nous avons décidé de le tenir en ligne. Cela me semblait un pauvre substitut à des rencontres en personne proposant des activités tactiles. Mais du côté positif, nous n’aurions jamais pu financer la venue de tous ces intervenants étrangers ! Il y avait un côté passionnant à cette transformation.
Les praticiens sont très isolés, ils n’ont souvent pas de pairs avec lesquels échanger dans leurs établissements. Ils nous disaient que notre conférence annuelle leur donnait le sentiment d’appartenir à un véritable mouvement en discutant avec d’autres faisant le même travail. Or, les séminaires en ligne reproduisent cela et l’étendent au-delà du Royaume-Uni.
Un aperçu du programme du Trellis Seminar Series 2022
Qu’est-ce que votre équipe a retenu de la conférence 2021 ? Quel est votre plus beau souvenir ?
La conférence a été un beau succès sur plusieurs plans. Les participants et nous aussi avons beaucoup appris. Nous avons établi des liens qui continuent encore aujourd’hui. Les séminaires étaient sociables et animés. Nous laissions le Zoom ouvert et la fête continuait après la présentation. Nous en étions stupéfaits. Au cours de la série, nous avons eu 580 participants des cinq continents. Nous avons vu les mêmes personnes revenir pour plusieurs séminaires. Ils en retiraient clairement quelque chose. Quelqu’un nous a dit que la conférence était une lanterne d’espoir dans ce qui avait été une année difficile pour beaucoup.
La série 2021 a-t-elle favorisé des coopérations internationales et des connexions individuelles qui ont perduré après l’événement ?
Nous sommes entrés en relation avec l’IGGT (Internationalen Gesellschaft Gartentherapie), l’association allemande d’hortithérapieprésidée par Andreas Niepel. Je sais qu’une hortithérapeute travaillant en soins palliatifs en Angleterre est en contact avec Daniela Daniela Silva-Rodriguez Bonazzi, une hortithérapeute péruvienne. Nous avons probablement joué les « entremetteurs » sans le savoir.
Qu’est-ce que les participants vous ont dit vouloir pour la prochaine édition ? Des demandes et des besoins sont-ils apparus ?
Ils ont demandé plus de la même chose ! Il y avait également une demande claire et urgente pour une meilleure reconnaissance professionnelle. Cela a toujours été un de mes objectifs, mais il y avait toujours d’autres projets qui nous occupaient. L’événement a été un catalyseur. La nature et les espaces verts étaient désormais reconnus comme importants pour la santé et nous avons estimé que nous devions établir des normes avant que d’autres ne revendiquent ce domaine. Nous pouvions voir se développer des programmes de formation avec des normes moins strictes que les nôtres.
Nous travaillons actuellement avec une université pour les cours d’horticulture et avons rencontré une autre université pour les cours liés à la santé. L’objectif est de proposer un certificat d’ici janvier 2023, notamment pour les professionnels de santé comme les infirmières ou les ergothérapeutes. Puis ensuite nous aimerions développer une formation au niveau du master. L’idée est de proposer une formation pour que les gens soient en sécurité et en confiance en tant que praticiens. Nous travaillons aussi à l’élaboration de normes, d’un code de conduite, d’une supervision et de projets de recherche plus structurés.
Quelle est la chose la plus difficile dans l’organisation d’un tel événement ?
La coordination ! S’assurer que tout fonctionne au niveau des fuseaux horaires, des versions de Zoom ou de PowerPoint. Nous faisons des répétitions pour nous en assurer. Nous sommes une équipe de 5 personnes à temps partiel et commençons à réfléchir à partir de novembre. Nous aussi travaillons à distance et nous commençons à ressentir le besoin de nous voir plus souvent en personne.
Quel est le principal objectif de l’édition 2022 ?
Notre objectif reste de connecter les gens, qu’ils retrouvent des thèmes universels avec des spécificités locales qui sont uniques. L’idée est que les participants réalisent qu’en Irak, par exemple, dans un environnement tout à fait différent à des milliers de kilomètres de chez eux, d’autres praticiens font essentiellement la même chose qu’eux avec des manières de faire, des plantes, des approches locales. Pour moi, c’est convaincant et stimulant. Si nous étions entre nous au Royaume-Uni, ce serait moins stimulant. Quant à 2023, nous allons essayer de réintroduire des événements en personne, en extérieur et à plus petite échelle. Mais je pense que nous continuerons aussi les séminaires en ligne.
Où sont-elles passées, ces 10 années ? Je vous les raconte à travers quelques billets qui ont jalonné mes explorations aux Etats-Unis, en France et ailleurs à la recherche d’expériences de la nature qui soigne. 267 billets en 10 ans et une masse d’informations qui restent à votre disposition si vous aimez fouiller un peu. N’hésitez pas à utiliser l’outil de recherche et voyez ce qui se cache dans les profondeurs du Bonheur.
En préparant cette rétrospective, je me rends compte de tous les échanges et les rencontres que le blog a générés pour moi et parfois entre les lecteurs. C’est à cela qu’il sert.
Suzanne Redell dans un oasis de verdure avec une patiente du Cordilleras Mental Health Center (Californie).
2012, les débuts dans l’enthousiasme
En mai 2012, j’explique dans le premier billet pourquoi je lance Le bonheur est dans le jardin. J’habitais alors à Berkeley en Californie, mais le retour à Paris était programmé pour l’automne. Mon objectif était de parler de projets d’hortithérapie, de partager des exemples, d’inspirer. Déjà, j’évoquais la soif de nature et de connexion avec la terre des citadins, thème qui a pris de l’ampleur depuis 2012 et encore plus depuis 2020.
Depuis la Californie, j’avais échangé avec Anne et Jean-Paul Ribes de Belles Plantes ainsi qu’avec Anne Chahine de Jardins & Santé. Lien entre la France et les Etats-Unis, j’avais aussi « recruté » Rebecca Haller, ancienne présidente de l’American Horticultural Therapy Institute, pour le Symposium de Jardins & Santé en novembre 2012. A travers le blog, commençait à se jouer un rôle d’intermédiaire.
Avant de rentrer en France, je m’en donnais à cœur joie en racontant des expériences américaines, en pédopsychiatrie à Cincinnati, dans un hôpital gérontologique à Atlanta ou encore de jardin en soins palliatifs en Caroline du Nord. Les soins palliatifs déjà – comme un clin d’œil à aujourd’hui où me voici psychologue dans une équipe mobile de soins palliatifs. A l’époque, j’abordais tous ces sujets sans aucune connaissance de soignante et seulement une courte formation en hortithérapie. Avec un enthousiasme sans doute un peu naïf. Pendant quatre ans, Le bonheur a été publié une fois, voire deux fois, par semaine ! Avant de devenir mensuel lorsque j’ai commencé un master de psychologie à Paris Nanterre. Merci Carole Nahon pour la suggestion de réduire la fréquence, car j’ai bien failli arrêter à ce moment-là devant la somme de travail.
En 2012 toujours, premier passage au Centre de Formation de Chaumont-sur-Loire comme stagiaire lors de l’une de toutes premières formations aux jardins de soin et rencontre avec quelques personnes clés : Hervé Bertrix, Sébastien Guéret, Stéphane Lanel, Paule Lebay, Dominique Marboeuf, « les » Ribes,…
Anne Ribes et Suzanne Redell discutent dans le jardin à la Pitié Salpétrière en 2013.
Les animateurs du projet de jardin partagé au CH Georges Daumezon (Loiret) dont Anne Babin (à gauche en tablier vert) et Laurent Chéreau (devant avec le bob).
Le jardin de soin de Chaumont-sur-Loire, un jardin couteau suisse : pour les stagiaires des formations, pour des bénéficiaires locaux et pour le grand public qui visite le domaine.
2018, des prisons et des bains de forêt
Je suis bien ancrée en France, mais je garde toujours un œil sur les Etats-Unis, par exemple avec ce portrait de Calliope Correia, une hortithérapeute californienne et camarade de cours au Horticultural Therapy Institute, qui travaille entre autre derrière les barreaux avec beaucoup de passion. En 2018, je suis frappée par la multiplication des livres sur les bains de forêts…ce qui m’amènera directement à en écrire un autre pour les enfants et les familles l’année suivante.
Dr. France Criou et Roger Ulrich, en marge du colloque « Des jardins pour prendre soin » à Saint-Etienne en 2019 à l’initiative de l’équipe du Jardin des Mélisses et de Dr. Romain Pommier.
Et en 2022 ? Et bien justement, j’ai envie de continuer sur cette lancée hors des frontières. En 2022, le Bonheur va se balader dans le monde entier. La suite en février…Merci de votre fidélité. N’hésitez pas à commenter ou à me donner des pistes de sujets à l’étranger.
Je ne sais pas vous, mais j’ai besoin d’une dose de motivation aujourd’hui. Je vous propose 5 bonnes nouvelles pour rebooster votre énergie.
1. Romane Glotain sur Silence ça pousse
Romane Glotain parlera de son Tour de France des jardins thérapeutiques sur Silence ça pousse ce samedi, le 11 septembre, à 15h35 sur France 5 (ou en podcast).
2. Un jardin à visée thérapeutique en oncologie à Angers
La création de cejardin à visée thérapeutique en oncologie a été pilotée par Clara David avec le soutien de Gilles Galopin, enseignant chercheur à Agrocampus Ouest. Dr Gérard Lorimier, chirurgien cancérologue aujourd’hui à la retraite a beaucoup œuvré pour ce jardin. Convaincu depuis l’enfance de l’intérêt du jardin pour la santé globale, il a écrit un ouvrage intitulé « Cancer, la nature source de prévention ».
Objectif : améliorer la qualité de vie des patients atteints de cancer en leur proposant une activité physique en groupe et à l’extérieur. « Il y aura plus de 6 séances parce qu’on a réclamé, parce que ça nous plait », explique Marie. « Ca me permet de me vider la tête et d’apprendre pleins de choses pour le faire chez moi. » On espère que, maintenant que le jardin est là, les séances pourront se poursuivre. Lisez un article sur le projet et rencontrez les créateurs et les bénéficiaires du jardin grâce à une vidéo de Romane Glotain.
3. Une thèse sur les espaces de nature et la santé mentale des citadins
Toujours autour de la dynamique insufflée par Gilles Galopin, découvrez la thèse de psychologie de Bastien Vajou sur les effets des espaces de nature urbains sur la santé mentale des citadins, soutenue cette année. Quels éléments paysagers ont un effet bénéfique sur la santé mentale, s’est-il notamment demandé. « Nos résultats suggèrent que l’expérience de nature constitue une véritable stratégie pour réduire l’anxiété et promouvoir l’euthymie en ramenant aux sensations présentes, c’est-à-dire à une expérience proche de la pleine conscience. » Euthymie = état d’humeur relativement stable = un être humain qui va bien. Ecoutez Bastien Vajou ou lisez une interview dans un magazine régional.
4. Une ferme pour des personnes polyhandicapées
A Vacquiers en Haute-Garonne, la Fondation Marie-Louise s’est délocalisée sur la Ferme Vivaldi. Son projet d’agrithérapie a l’ambition d’accueillir des personnes hébergées en foyer d’accueil médicalisé ou en maison d’accueil spécialisé. Pour cela, il faut l’équiper pour les recevoir dans de bonnes conditions, notamment les personnes en fauteuil et les personnes moins autonomes. L’agrithérapie : un potager pour soigner, socialiser, s’évader. Le projet est très bien décrit sur la page KissKissBankBank ou sur la page Facebook de la Fondation Marie-Louise.
La Ferme Vivaldi de la Fondation Marie-Louise
5. Plus de temps pour candidater au Trophée Green Link des Jardins en Prison
Le deadline a été repoussé au 30 septembre.
En 2018, Green Link et l’Association Nationale des Visiteurs de Prison (ANVP) avaient publié un livre blanc intitulé « Des Jardins pour les Prisons : 7 propositions pour développer la pratique des jardins en prison ». Retrouvez le billet et le livre blanc en intégralité.
En 2021, dans la continuité, Green Link annonce le Trophée Green Link des Jardins en prison dont le double objectif est d’encourager la création, l’embellissement et l’extension des jardins en prison et aussi de favoriser la pratique du jardinage et du maraichage dans les établissements pénitentiaires. Ce Trophée s’inspire du « Windlesham Trophy » qui, depuis 1983, récompense les jardins en prison en Angleterre.
La fiche d’inscription accompagnée des photos ou croquis devra être envoyée au plus tard le 15 septembre 2021 à l’adresse suivante : desjardinspourlesprisons@green-link.org. Vous trouverez tous les détails et la fiche de candidature ici.
En ce début juillet, il y a un autre Tour de France à suivre.
Celui de Romane Glotain, partie de Saint-Herblain (44) le 10 mai pour arriver le 15 juillet à Saint-Nazaire (44), qui aura visité en route plus de 40 jardins thérapeutiques dans des lieux aussi divers qu’un foyer d’accueil médicalisé, l’unité psychiatrique d’un CHU, une maison d’arrêt ou encore une maison de retraite.
Romane Glotain, les habitués du Bonheur est dans le jardin commencent à bien la connaître après l’avoir rencontrée en 2016 en tant lauréate du Concours d’Avenir de la Fondation Truffaut qui nous avait raconté son parcours depuis le lycée. On l’avait retrouvée en 2017, murissant son projet. Formée à la fois à l’horticulture et à l’intervention auprès de publics vulnérables, elle a trouvé un fil rouge depuis sa découverte de l’hortithérapie au lycée auprès de personnes âgées. Chez elle, l’engagement pour promouvoir la place de la nature dans les institutions est fort.
Aujourd’hui éducatrice spécialisée à l’Institut Médico-Educatif Marie Moreau, elle s’est lancé un défi : mettre en lumière la grande variété des jardins thérapeutiques français en faisant un Tour de France solo en vélo électrique. La première fois qu’elle m’en a parlé, c’était en juin 2020. Le projet était encore embryonnaire et tenait dans un document de 5 pages.
Après des mois de préparation et de contacts fédérateurs, Romane est en train de terminer son pari un peu fou qu’elle a baptisé « Les Maux’Passants prennent la poudre d’escampette ». Les Maux’Passants est l’association créée par Romane Glotain, qui est par ailleurs membre de la Fédération Française Jardins Nature et Santé qui soutient son initiative, pour porter ses projets actuels et futurs. Dont celui d’un jardin thérapeutique hors les murs en Loire Atlantique.
Sur son chemin, elle a non seulement rencontré et interviewé des porteurs de projets et des jardiniers, elle a aussi proposé des conférences dans plusieurs établissements agricoles et horticoles pour faire découvrir ces jardins très particuliers aux jeunes en formation. Une sensibilisation à la source par quelqu’un en qui elles et ils peuvent se reconnaître…
Il reste encore une dizaine de jours dans le périple. Vous pouvez suivre la fin du Tour de France des jardins thérapeutiques et découvrir le chemin déjà parcouru sur les divers réseaux sociaux que Romane a alimentés. Oui, entre pédaler et faire des rencontres toute la journée et poster la nuit, elle n’a pas compté ses heures.
Je crois comprendre que l’expérience a été tellement positive que le retour à la vie de tous les jours va être difficile. Alors pourquoi ne pas envisager la pérennisation de ce Tour de France ? Il y a tellement de jardins thérapeutiques à découvrir en France…
1er Trophée Green Link des Jardins en prison
En 2018, Green Link et l’Association Nationale des Visiteurs de Prison (ANVP) avaient publié un livre blanc intitulé « Des Jardins pour les Prisons : 7 propositions pour développer la pratique des jardins en prison ». Retrouvez le billet et le livre blanc en intégralité.
En 2021, dans la continuité, Green Link annonce le Trophée Green Link des Jardins en prison dont le double objectif est d’encourager la création, l’embellissement et l’extension des jardins en prison et aussi de favoriser la pratique du jardinage et du maraichage dans les établissements pénitentiaires. Ce Trophée s’inspire du « Windlesham Trophy » qui, depuis 1983, récompense les jardins en prison en Angleterre.
La fiche d’inscription accompagnée des photos ou croquis devra être envoyée au plus tard le 15 septembre 2021 à l’adresse suivante : desjardinspourlesprisons@green-link.org. Vous trouverez tous les détails et la fiche de candidature ici.
Comme pour Romane, un beau suivi dans le long terme…D’ailleurs, vous avez remarqué que Romane s’était arrêtée dans le jardin d’une maison d’arrêt ? Mais où se trouvait donc cette maison d’arrêt ?
Paule Lebay ! Stagiaires ensemble dans l’une de toutes premières formations aux jardins de soin dispensées par le Domaine de Chaumont, nous nous connaissons depuis 2012. « We go way back ! », comme on dit en anglais, une langue que Paule s’est mise à pratiquer pour lire la littérature existante sur les jardins qui soignent et pour communiquer avec des interlocutrices internationales. Vous verrez que la curiosité et l’envie d’apprendre sont essentielles pour elle.
Car cet été, nous avons décidé de nous donner mutuellement la parole sur nos blogs respectifs. Ici, vous lirez l’auto-portrait de Paule et là vous lirez le mien sur son blog.
Aujourd’hui, la vidéo a d’ailleurs pris une place importante dans le travail de Paule et sur son blog Plus de Vert Less Béton (malin ce nom, je l’aime beaucoup). Elle vient de se lancer un défi vidéo qu’elle vous invite à suivre sur la chaine YouTube de son blog ainsi que sur sa page Facebook. Paule, elle se démène pour amener aux initiateurs de jardins thérapeutiques des informations concrètes, des conseils, des pistes.
Comment es-tu tombée dans la marmite des jardins de soin? Quel est ton plus ancien souvenir qui t’a convaincue que le jardin avait des pouvoirs thérapeutiques?
Je ne suis pas tombée dans la marmite des jardins de soins! Cela a véritablement été un choix de ma part. Tout a commencé par un besoin récurrent dans l’établissement où je travaillais. Chaque année, les soignants, certains résidents et famille demandaient à la direction de l’établissement s’il était possible d’avoir quelques jardinières avec des pieds de tomates, des aromatiques, des fleurs, et si les chemins extérieurs pouvaient être remis en état afin qu’ils soient circulables pour les personnes en fauteuils roulants et a fortiori par des piétons. Chaque année, au printemps, cela revenait sur le tapis. Chaque année, des histoires de budget restreints faisaient que le moindre achat devenait un vrai casse-tête. Comment justifier comptablement que les personnes ressentaient le besoin de Nature et que, oui, cela nécessiterait un investissement financier ?
Lorsqu’on m’a proposé le poste de coordinatrice en accueil de jour spécialisé, pour les personnes souffrant de troubles cognitifs de type Alzheimer ou apparentés, j’ai vu une occasion et j’ai foncé. Il était plus simple pour moi de pouvoir peser dans la balance grâce à mes nouvelles fonctions. Très vite, j’ai donc proposé en réunion de direction le fait qu’il serait sans doute bon de créer un jardin, un espace adapté où des activités à visées thérapeutiques pourraient être conduites par des soignants (en l’occurrence mes deux collègues et moi, de l’accueil de jour) et d’en faire par la même occasion profiter les patients de l’unité « Alzheimer » qui jouxtait l’espace envisagé pour le projet.
Quant au moment où j’ai pris conscience du potentiel du jardin dans l’aide à la thérapie, cela s’est fait en deux temps :
Le premier correspond à une intuition profonde
Le deuxième, lorsque j’ai commencé avec mes collègues à mettre en place des ateliers autour du Vivant. Nous avons très vite remarqué le potentiel incroyable du jardin comme médium à la thérapie. Tout cela a été par la suite confirmé dans le temps, par la formation, mes rencontres et l’expérience terrain auprès des patients lors de séances d’hortithérapie.
Comment as-tu évolué dans ta vision des jardins de soin depuis la formation que nous avons suivie ensemble en 2012 ?
Comme je l’expliquais juste avant, le temps, les expériences, les rencontres, mes nombreuses lectures et autres m’ont petit à petit conduit à avoir une vision de plus en plus précise du potentiel du jardin dans l’aide à la thérapie et le bien-être de tous les bénéficiaires, qu’ils soient professionnels, patients ou familles. Cela fait quelques années que je pense qu’il y a un travail immense encore à mener. Il faut selon moi moderniser, souffler un vent nouveau sans pour autant mettre un voile sur tout le travail déjà accompli. Cette modernité doit selon moi passer par l’innovation dans les outils proposés aux professionnels, aux patients, dans la coordination, dans la coopération entre pays, entre experts et dans l’utilisation des moyens actuels de communication.
Attention l’expert ne se limite pas pour moi aux professionnels bien au contraire, le rôle du patient en tant qu’expert est à mettre de plus en plus en avant. Et dans outils, je ne parle pas simplement d’outils de jardinage ! Mais plutôt de mettre à disposition ce dont a réellement besoin chaque co-créateur du domaine des jardins de soins. Le principe est simple en théorie. Posons-nous les questions suivantes : De quoi ont réellement besoin les porteurs de projet ? De quoi ont réellement besoin les professionnels du paysage ? les professionnels soignants ? Les familles, les patients ? Identifier les besoins et se donner les moyens d’y répondre, voilà ma vision pour l’avenir dans les jardins de soins.
Parle-nous du livre que tu es en train d’écrire pour Terre Vivante à paraitre en 2021. Quelle approche as-tu choisie? Quelles leçons tires-tu de cette expérience nouvelle?
Ça fait plusieurs années déjà que j’avais en tête un jour d’écrire un livre sur les jardins de soins. Seulement j’ai longtemps cru que je n’avais aucune légitimité à le faire. Cette idée a fait son chemin et les retours que j’avais de certaines personnes qui venaient me poser des questions, me rencontrer m’ont petit à petit, doucement, convaincue que j’avais peut-être finalement des choses à transmettre. Bien entendu je doute chaque jour encore de cette légitimité. Mais là encore, les retours très positifs que j’obtiens, les mots encourageants que j’ai régulièrement, m’aident à casser cette image d’imposture que j’ai ou peut être devrais-je dire que j’avais ? Un jour alors que je travaillais encore pour le Centre de formation du Domaine de Chaumont sur Loire, j’ai sur un coup de tête, sauter dans le grand bain. Qu’avais-je à perdre ? Un mail a suffi à avoir un rendez-vous avec mon éditrice actuelle. Dans ma tête je devais faire ce livre et mettre en avant mon travail au sein du Domaine de Chaumont sur Loire. Les choses ont pris une tournure différente, lorsque je suis partie de mon poste. Le jour même où je venais de signer ma rupture de contrat, soit une heure précisément après, je terminais mon entretien avec mon éditrice qui venait de me dire banco ! En une heure de temps je suis passée de « les jardins de soins c’est fini pour moi » à « je vais écrire un livre sur les jardins de soins ».
Mon approche pour ce livre à tout de suite était claire et je l’ai de suite défendue auprès de ma maison d’édition : je souhaitais créer le livre que j’aurais aimé avoir lorsque j’ai moi-même monté le projet d’Onzain, à mes tous débuts. Un pas à pas basé sur l’expérience et non pas simplement sur des théories certes intéressantes, mais pas toujours parlantes lorsqu’il s’agit de leur donner forme très concrètement, là, physiquement au projet que l’on porte. Ce livre correspond à MON expérience. Je ne prétends pas détenir LA vérité absolue. Je dis juste : voilà ce qui a marché pour moi, ce qui n’a pas marché, ce que mon expérience dans sa globalité m’a apporté et voilà ce que je vous conseille de faire. Libre à vous de suivre ou non ces conseils. Dans ce livre il y a mon expérience, mais aussi celles des centaines de stagiaires que j’ai pu former, celles des gens que j’ai pu rencontrer, conseiller aussi. Enfin, j’ai voulu intégrer dans ce livre le témoignage de personnes qui comptent dans le domaine comme Rebecca Haller qui a de suite répondu favorablement à ma demande ou encore une porteuse de projet, Emmanuelle du jardin de Vezenne, que j’ai formée avec mes anciens collègues, puis avec qui j’ai pu échanger de nombreuses fois.
Je ne pourrai pas tout mettre dans ce livre, c’est l’une des raisons qui m’a conduite à créer le site Plus de Vert Less Béton.
Et le blogging? Raconte-nous comment l’idée est née et quels sont tes objectifs aujourd’hui?
Le blogging est arrivé dans ma vie, grâce à ma curiosité insatiable et mon désir d’apprendre de nouvelles choses constamment. Ensuite, je me demande toujours :
Qu’est-ce que j’aimerais apprendre ? Qu’est ce qui m’apporterait vraiment du plaisir ?
Une fois la chose identifiée, je me dis :
Ok maintenant comment cette chose, pourrait être utile dans mon chemin de vie ? Comment je pourrais optimiser ce nouveau savoir, qui me procure par là même du plaisir, dans ma vie ? Comment cela va servir MA cause ? Comment cela va m’être utile dans le chemin que je souhaite prendre ?
Certains vont penser que je suis égoïste, ils auront sans doute raison quelque part. Je pense que si plus de personnes agissaient en conscience, en faisant des choses selon leurs propres désirs, le monde ne s’en porterait que mieux. Faire ce que l’on aime vraiment, faire de son travail un plaisir au quotidien permet d’avoir des gens passionnés, investis, qui diffusent tellement plus autour d’eux que celles et ceux qui subissent leur vie, qui font parce que la société est comme ci ou que le monde va comme ça, les conventions, les biens pensants… Je ne souhaite pas vivre la vie des autres mais bel et bien la mienne. Après, cela ne signifie pas que le chemin sera tout rose et la route pavée de fleurs ! Les gamelles, les difficultés, les échecs font partie du jeu. Mais on les encaisse mieux à partir du moment où on les a choisis et où on sait qu’ils feront partie de l’équation.
J’ai donc choisi de m’intéresser au blogging dans un premier temps par curiosité et par volonté d’apprendre d’un domaine auquel je ne connaissais absolument rien. C’est tellement exaltant d’apprendre quelque chose qui vous est totalement inconnu ! C’est comme redevenir cet enfant qui d’un coup se met à marcher et pour qui un nouveau monde, le même pourtant qu’il pensait connaître avant, se révèle totalement nouveau avec un nouveau champ des possibles. J’ai créé un premier blog, Les jardins de Paule, qui m’a permis de me faire les dents, qui aujourd’hui est davantage délaissé au profit de Plus de Vert Less Béton. Comme je l’expliquais, après le désir, l’envie, le plaisir, c’est se demander en quoi je peux ensuite mettre à profit ces nouvelles compétences dans ma vie ? Développer Plus de Vert less Béton me permet de faire cela. Et d’un, ce site me permet de mettre par écrit tout ce que je n’ai pas mis dans mon livre. Et de deux, de poursuivre le chemin que j’ai choisi dans un domaine qui me passionne toujours autant, que sont les jardins de soins, en créant, innovant, bousculant les codes parfois, créant de la valeur pour celles et ceux qui s’intéressent à cette thématique.
Parfois on ne trouve pas toujours la raison de nos choix, pourquoi nous sommes attirés par telle compétence ou autre. C’est là qu’entre en jeu ce qu’on appelle l’intuition. Parfois on fait par plaisir et intuition sans savoir où cela va nous mener et pourtant je suis convaincue qu’il y a une bonne raison pour que suivions celle-ci, pour que nous vivions telle expérience. Je vais donner l’exemple de Steve Jobs : celui-ci a fait lors de ses années universitaires de la calligraphie. Il éprouvait un immense plaisir à la pratiquer. Il ignorait comme tout son entourage à l’époque à quoi pourrait bien lui servir cette nouvelle passion dans notre société d’aujourd’hui où la calligraphie pourrait paraître désuète pour une bonne majorité des gens ! Eh bien, il a poursuivi et finalement bien des années plus tard, la calligraphie lui a permis de mettre au point cette idée de déroulant que l’on retrouve sur chaque ordi à présent vous proposant plusieurs centaines de styles d’écritures. Cette compétence acquise en suivant ses envies, son plaisir et son intuition des années auparavant lui a permis de révolutionner le monde informatique.
Je ne sais pas encore où le blogging va me mener, mais j’y trouve du plaisir et même si je ne révolutionnerai peut-être rien, mon intuition me dit que cela me sera utile dans mon parcours.
Que voudrais-tu qu’on sache sur toi que peu de monde sait?
Je voudrais dire aux gens que je suis dans une situation très précaire financièrement, que je vis depuis plusieurs années seule avec mes enfants et que cela ne m’a pas fait renoncer à mes rêves ou à mes valeurs profondes de liberté, à mon désir d’être en perpétuelle évolution de mon être, à ma volonté de faire avancer le monde de manière positive. L’argent ne fait pas le bonheur. Certes il y contribue, mais je peux vous assurer que je préfère mille fois être à ma place ici, à m’éclater dans ce que je fais plutôt que d’être sous le joug d’un patron par exemple, le postérieur dans un bureau ou à courir dans un service en perdant de vue MON essentiel, ce que je suis réellement, le sens de mes actions, MON pourquoi. La vie est courte et chaque jour est comme une urgence pour moi à la vivre pleinement. Qui sait peut-être que ma passion et mon engouement à la tâche me permettront un jour d’en vivre ! Ce sera la cerise sur le gâteau, mais je peux vous dire que le gâteau aura été déjà énorme et délicieux auparavant.
Je ne pose pas en moralisatrice, chacun est libre de faire comme il l’entend et je comprends que certaines ou certains éprouvent du plaisir à être dans un bureau, ou à suivre les directives de leur patron, ou encore puissent s’épanouir dans les services. C’est d’ailleurs très bien ainsi. Si tout le monde était pareil, le monde serait bien fade ! Maintenant j’expose juste mon point de vue sans prosélytisme aucun.
Qu’est-ce qui te manque et qu’est-ce qui ne te manque pas de ton métier d’infirmière?
Ce qui me manque sans hésitation aucune, ce sont les patients. La relation d’aide que j’avais avec eux, les échanges toujours riches d’instruction pour moi me manquent. Je grandissais aussi à leur contact. Je garde cette volonté de venir en aide, d’être attentive aux besoins des gens mais je le fais différemment à présent. Le livre sera ma façon d’aider les porteurs de projets, afin qu’ils se lancent et que de nouveaux jardins voient le jour. Paf ! Un jardin, une aide de plus aux patients, aux familles… La création d’outils pour les pros, les patients… Paf ! une nouvelle aide, un nouveau soutien. Inspirer, motiver, former et informer, guider… tout cela est une façon pour moi de vivre mon métier de soignante. Le prendre soin ne se limite pas aux actes techniques, Dieu merci. A chacun d’inventer sa manière de contribuer au monde.
Que t’a appris la vie à travers le jardin depuis 8-10 ans?
La Nature nous apprend deux choses :
Un, que nous ne sommes pas grand-chose, que le temps nous est compté et qu’il faut vivre sa vie pleinement, ne pas se contenter de la voir passer en reportant ses désirs au moment de la retraite.
Deux, que nous avons inversement un potentiel extraordinaire en nous, mais qu’il étouffe sous nos peurs et celles des autres. Croyez en vous, en vos rêves, en votre pouvoir d’action ! Vous valez tellement plus que ce qu’on vous a fait croire, tellement plus que ce que finalement vous avez fini par croire vous-même ! Cassez ça et foncez pour n’avoir aucun regret. La Nature nous a tous offert ce potentiel, nous appartenons à un grand tout, aux pouvoirs incroyables.
En conclusion, la Nature m’a appris que je ne suis rien dans ce vaste tout, mais que j’ai en moi des capacités insoupçonnées qui ne demandent qu’à s’exprimer, sinon pourquoi serions-nous là finalement ?
Au Centre Hospitalier Théophile Roussel de Montesson dans les Yvelines, les ateliers d’hortithérapie redémarrent officiellement ces jours-ci au Jardin des Tisanes après trois mois de confinement. Du côté de l’ESPM Georges Daumezon à Orléans, l’autorisation de proposer des activités au jardin de soins partagé date déjà de quelques semaines. Art-thérapeute et animatrice nature entre autres casquettes, Juliette Cheriki-Nort explique reprendre doucement ses activités dans les Ardennes où elle propose tout particulièrement en ce moment des activités en forêt pour prendre l’air et limiter les risques. Les exemples se multiplient. Après ceux de début juin, voici quatre nouveaux témoignages de reprise ou de lancement d’activités qui donnent de l’espoir.
Thibaut Pinsard, Les Décliques : les enfants dehors
Avec le déconfinement et les difficultés de distanciation physique dans les classes, le sujet de l’école dehors débarque sur le devant de la scène, ici dans la Drôme et là dans les Deux-Sèvres ou encore dans cette émission sur France Culture. Une piste de réflexion intéressante qui, espérons-le, va prendre de l’ampleur en France.
La nature, c’est aussi le reste du temps que les enfants en ont besoin. En début d’année, j’avais parlé avec les créateurs des Décliques qui proposent aux petits Franciliens des « Escapades » dans la nature. Pour eux aussi, enfants et animateurs, le confinement a marqué un coup d’arrêt brutal. Mais les activités sont en train de repartir avec deux stages d’étéprogrammés pour le mois de juillet dans le quartier des Groues à Nanterre à deux pas de La Défense. Avec deux thèmes : Champions de l’écologie et Explorateurs de la biodiversité.
« Les stages sont pour le moment limités à 10 enfants. Et on prendra bien sûr toutes les mesures sanitaires nécessaires : gestes barrière, masques pour les adultes, gels hydroalcooliques, lavages de mains fréquents,… », explique Thibaut Pinsard des Décliques. « On a remarqué que beaucoup de partenaires ne pouvaient pas se projeter dans le futur et restaient dans l’expectative, ce qui est particulièrement freinant pour avancer. » Cette année, les colonies de vacances, déjà en perte de vitesse comme l’expliquait Thibaut en mars, ne vont pas toutes ouvrir leurs portes à cause des conditions difficiles à respecter…Quel dommage !
Un coin de nature à l’ombre de La Défense en région parisienne
Isabelle Launet (hôpital pédiatrique et résidence autonomie) : « Mon rêve est que le personnel soignant voit ce qui se passe au jardin »
A l’hôpital Robert Debré, Isabelle Launet anime le jardin de la Maison de l’Enfant depuis quelque temps déjà. Comme on peut bien l’imaginer, les activités avaient complètement cessé. Isabelle est parmi les premières intervenantes extérieures à revenir à partir du 17 juin. « Cela a été validé puisque nous travaillons à l’extérieur. Il y aura entre deux et quatre enfants installés à des tables séparées. Si un enfant accroche, l’intérêt est de pouvoir revenir pour un travail de suivi », explique Isabelle qui espère une articulation de plus en plus grande avec les soignants. « Mon rêve est que le personnel soignant accompagne les enfants pour qu’ils voient ce qui se passe au jardin. D’ailleurs, j’ai rencontré un kiné qui vient avec un enfant au jardin pour pratiquer la marche sur un sol inégal. Le jardin est utilisé comme une autre pièce à l’extérieur ! »
Isabelle vient de débuter des ateliers dans une résidence autonomie du Pré-Saint-Gervais dont Terr’Happy a conçu le jardin. « Les ateliers devaient commencer le 21 mars…ils ont démarré début juin avec l’aval de l’ARS et du CCAS dans cette résidence qui n’a connu aucune contamination pendant la crise sanitaire », rapporte Isabelle. « Nous avons réduit le nombre de participants à 5 ou 6 et nous respectons toutes les consignes habituelles. Nous avons dû supprimer le rituel de la tisane. La directrice nous dit ressentir un effet confinement : il y a une réticence à sortir, à être dehors, une peur à s’exposer aux éléments, au vent et au froid. »
Christelle Forestier Jouve, Les petites bulles vertes : « Le jardin de soin peut apporter une réponse à ce que nous vivons en plus de ce qu’il apportait déjà »
Christelle Forestier Jouve dans son « laboratoire »
« Je viens de recevoir un mail de la préfecture qui valide la création de mon association! Je suis hyper heureuse! ». Depuis le mois d’avril, Christelle Forestier Jouve et moi échangeons des messages sur le lancement de sa nouvelle activité initialement prévu pour début juin. Il y a quelques jours, son dernier message était jubilatoire. Les petites bulles vertes, c’est parti. Finalement la crise sanitaire aura à peine retardé le projet. « Plus que jamais, les évènements que nous traversons nous montrent les principes de biophilie et les relations indispensables au bon fonctionnement de l’humain: l’humain relié à d’autres humains (le lien social) et l’humain relié à la nature. L’Homme coupé de ces éléments, nous observons une augmentation de la violence, des dépressions (à voir ce qui se passe dans les ehpad actuellement entre autres), des troubles anxieux. »
Soignante de profession (manipulatrice en électroradiologie médicale puis cadre de santé hospitalier dans différents services), Christelle avait commencé à rencontrer des directeurs d’Ehpad ainsi que l’association locale France Alzheimer juste avant le confinement. Pendant la crise sanitaire, elle dépose en ligne le dossier de création de son association. Pour compléter ses compétences de soignante, elle a déjà suivi une formation sur l’aménagement des jardin de soin auprès de Sonia Trinquier/Mosaïque et elle est inscrite dans une formation à Chaumont-sur-Loire reportée de mars à novembre 2020. En novembre toujours, elle suivra une formation de France Alzheimer destinée aux aidants.
« J’ai pu constater que beaucoup d’Ehpad obtiennent des fonds pour installer des jardins dits thérapeutiques alors qu’aucun travail préalable n’a été fait avec les équipes soignantes. Les jardins n’ont alors pas de fonction thérapeutique – ils sont plus objets de décoration; pour autant, ce qui m’interroge est que les établissements ont toutefois obtenu des financements », s’étonne-t-elle.
Autre bonne nouvelle, la soignante a « très envie (et cela me tient à cœur) de publier des articles scientifiques et m’associer dans ma démarche à des scientifiques (gériatres, autres médecins, sociologues et bien d’autres pour croiser les expertises). Évidemment, tout cela ne pourra se faire que lorsque j’aurai pu animer des ateliers jardins de soin! Cela fait partie de mon projet à long terme. »
Quel est son plan d’action dans les semaines à venir ? « Reprendre contact avec les Ephad que j’ai approchés et un centre social sur des ateliers à visée des séniors, rencontrer des médecins généralistes qui sont prescripteurs en Ephad…….tout cela va se faire cet été entre juillet et septembre. Et j’aimerais répondre à un appel à projet du CNSA (Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie), pour cela j’ai besoin de bosser pas mal ! Et tant d’autres choses : créer une visibilité internet, poursuivre la création de mon réseau et mettre les mains dans la terre avec un public en respectant les gestes barrières… »
« Mon jardin locatif « ouvrier » est mon « laboratoire » sur ce qu’il est possible de tenter …ou pas! Je fais mes semis dans le salon de notre appartement. J’ai toujours jardiné. Au départ (c’est assez classique, je sais) avec ma grand mère, puis sur mon balcon et partout où je pouvais. Ma passion pour l’Humain et la Nature converge enfin! J’ai hâte de pouvoir animer un premier atelier. Pour l’heure, mes tests sont mes enfants. Et lorsque mon époux qui n’est pas jardinier découvre que le poireau peut fleurir…je suis super contente et je me rends compte que le pouvoir d’attraction du jardin est grand. »
Yann Desbrosses : « Les séances en pleine nature sont une alternative sanitaire »
Yann Desbrosses n’a pas découvert l’intérêt de la nature dans sa pratique de psychothérapeute pendant la crise sanitaire, mais il la voit sans doute sous un angle supplémentaire. Implanté en région parisienne, Yann Desbrosses propose des psychothérapies en s’appuyant sur les approches de l’analyse psycho-organique et de l’EMDR (son site regorge de vidéos et de textes intéressants). Sa longue expérience de danseur acrobate, notamment dans des spectacles où le public découvrait les chorégraphies en déambulant dans la nature, entre pour beaucoup dans sa conception de la psychothérapie en pleine nature. Il propose en effet d’explorer ses sensations corporelles et émotionnelles au contact des éléments naturels lors de séances individuelles ou en groupe. Lorsque je lui ai parlé il y a deux semaines, il venait de reprendre les séances dehors avec son groupe continu « Ma Nature » qu’il co-anime un samedi par mois avec une psychologue, Julia Boyer, en forêt et en bords de Marne.
Fin mai, première séance en pleine nature après le confinement
« Les participants avaient l’impression de respirer, ressentaient un soulagement et une joie. C’est comme s’ils avaient vécu en apnée pendant deux mois. Comme certains qui vivent seuls avaient manqué de contact, nous avons proposé un jeu de contact avec les hautes herbes, un jeu de caresses et de chatouilles qui leur ont apporté des ressentis de rire et d’érotisme. « Qu’est-ce que cela nous a fait du bien que vous ayez trouvé une façon de rentrer en contact ! », nous ont-il dit à la fin de la séance. » A 25 kilomètres de Paris, dans une forêt domaniale où l’on rencontre peu de monde et où la biodiversité explose, Yann trouve un cadre idéal pour renouer le lien avec le végétal et le lien humain. Et dans le cadre actuel pour combler un manque laissé par le confinement.
Il partage sa pratique entre un cabinet à Champs-sur-Marne (77) et un autre dans le 12e arrondissement de Paris à deux pas du Bois de Vincennes. « En 10 minutes de marche, on se sent loin, hors des routes bitumées, dans des zones diversifiées avec des sentiers tortueux, des clairières, des zones sèches », décrit-il. Certaines nouvelles demandes qu’il reçoit comportent cette demande explicite « je veux aller faire les séances en forêt ». Pas étonnant pour le thérapeute qui fait un lien direct entre les angoisses personnelles et l’angoisse générée par la crise environnementale.
« Les gens transformés par l’expérience du confinement restent cependant une minorité, environ 10%. J’en suis étonné car on aurait pu s’attendre à une vague de transformations. Je constate par contre que plusieurs patients se sont bien habitués à la visioconférence et ne souhaitent plus venir en séance en présence, ce qui va dans le sens d’un glissement vers des relations à distance suite au confinement. C’est un gain de temps pour eux et ils se sentent bien dans ces séances à distance. J’espère pourtant que l’on ne va pas vers une généralisation des relations par Skype ou Zoom. »
Si un meilleur respect des conditions d’hygiène est bien réel en forêt, ce n’est pas l’argument que Yann a choisi de mettre en avant lors de la reprise post-confinement. « J’ai plutôt mis en avant le vivant pendant la saison du printemps avec l’éclosion et l’émergence qui font écho aux éclosions en soi. » En tout cas, comme beaucoup, il n’a pas compris l’interdiction générale de se promener en forêt pendant cette période ! Une aberration.
Outre les séances en région parisienne, un stage d’été prévu pour le mois d’août en Bourgogne est confirmé et sera coanimé avec Célestine Masquelier, « quatre jours dans un très beau domaine bourguignon, calme, éco lieu dessiné selon les principes de la Permaculture, au bord d’une rivière où nous pourrons nous baigner ». Il s’agira de « trouver une place dans ce monde, trouver sa place, retrouver le contact avec sa dynamique vitale, c’est aussi puiser dans un lien vivant avec la nature: source d’apaisement, d’inspiration, et pourquoi pas de sens. » De plus, une formation destinée aux professionnels initialement prévue pour juin est remise à octobre et se déroulera dans la forêt de Malvoisine en Seine-et-Marne.
« Après deux mois de confinemant qui ont marqué une pause, l’activité reprend avec plus de demandes en écothérapie. J’ai pris conscience que, s’il devait y avoir de nouveau une période de confinement, les séances dans la nature seraient une alternative sanitaire », conclut Yann Desbrosses.
Il y a trois jours, la Fédération Française Jardins, Nature et Santé (FFJNS) se réunissait au CH Théophile Roussel à Montesson, notre siège depuis le début de l’aventure et sans doute l’hôpital français le plus investi dans l’accès des patients à la nature. Après une frénésie d’échanges électroniques entre membres et des premiers contacts téléphoniques avec de nouveaux venus toute l’année, enfin des rencontres physiques, des échanges multiples, des expériences sensorielles, un repas partagé. Ca redonne de l’énergie, ça regonfle pour continuer à militer pour plus de nature dans les lieux de santé en France. Beaucoup de chemin parcouru depuis notre première assemblée générale il y a un an. Beaucoup de chemin à parcourir encore. Précisons que, quand je dis « nous » pour parler de cette aventure, c’est en tant que membre fondatrice parmi une vingtaine de membres fondateurs et actuelle présidente de la FFJNS.
La FFJNS se réunit au CH Théophile Roussel le 31 janvier 2020 (crédit photos @ Estelle Alquier).
La CDC Biodiversité se penche sur la question de la santé
Un des signes concrets que notre message commence à être entendu est le fait que CDC Biodiversité nous ait repéré cet été et nous ait demandé de participer à un rapport qui vient de sortir le 21 janvier. Repartons du début. CDC Biodiversité, c’est une filiale à 100% de la Caisse des Dépôts dont l’objectif est « d’agir pour la biodiversité, en identifiant et en développant des leviers économiques (réglementaires, volontaires,…) pour financer la préservation et la restauration de la nature. »
Ce rapport, « Santé et Biodiversité : nécessité d’une approche commune », est désormais disponible en ligne. Lors du colloque « Biodiversité et Humanité : une seule santé », des intervenants intéressants se sont succédés et en voici un résumé. Par le bout de ma lorgnette, je retiens que pour une Thérèse Jonveaux venue raconter comment elle a ouvert le jardin à ses patients et ses équipes qu’elle accompagne également dans des sorties en forêt, combien de sceptiques comme Dominique Belpomme, professeur de cancérologie à l’Université Paris-Descartes et défenseur de la biodiversité, qui balaie pourtant d’un revers de la main l’intérêt des jardins de soin. Il y a encore du travail ! Espérons que les membres du ministère de la Santé présents dans la salle ont été plus attentifs aux explications posées du Dr. Jonveaux qu’au sentiment peu réfléchi du Dr. Belpomme.
Jardins & Santé réunit de nouveau son symposium
Pas de temps à perdre pour s’inscrire (y compris au titre de la formation continue) au 6e symposium international de Jardins & Santé qui aura lieu les lundi 30 mars et mardi 31 mars 2020 au siège de la Société Nationale d’Horticulture de France (SNHF) à Paris. Le thème choisi cette année : Les jardins à but thérapeutique en milieu hospitalier et médico-social, de l’exclusion à l’inclusion. La Fédération Française Jardins, Nature et Santé a eu le plaisir de participer à l’élaboration du programme pendant plusieurs mois et sera bien sûr représentée en force au symposium. Que vous soyez un habitué ou nouveau dans ce domaine, le symposium de Jardins & Santé est toujours un grand moment de rencontres. Pour ma part, je le fréquente depuis 2012 (tapez symposium Jardins & Santé dans l’outil de recherche pour retrouver les comptes-rendus des éditions passées). Encore un moment qui recharge les batteries.
Trois partenaires pour un guide des jardins en établissements
Ils ont uni leur force : la Fondation Médéric Alzheimer, l’Ecole Nationale Supérieure du Paysage de Versailles et l’association Jardins & Santé (encore elle). Voici un guide pratique qui va accompagner les responsables d’établissements sociaux, médico-sociaux et sanitaires « pour réaliser un jardin adapté, pérenne et durable, bénéfique à la fois au fonctionnement de l’établissement et aux personnes accueillies ». Il répondra aux questions de ces responsables et de tous les acteurs qui veulent se lancer dans la conception – participative idéalement – de ces jardins particuliers. Un guide composé de quatre grands chapitres :
1. Un jardin dans l’établissement : comprendre et argumenter.
2. Construire et porter le projet de jardin dans une démarche participative.
3. Concevoir le jardin:recommandations pour des jardins à visée thérapeutique «éco-logiques».
4. Faire vivre le jardin, vers une pérennisation évolutive.
Merci à Anne Surdon qui en nous signalant sur le groupe Facebook Jardins de soin cet article dédié à son jardin à l’hôpital Cognac-Jay m’a permis de découvrir le site Solidarum. Publication de la Fondation Cognac-Jay, ce site est une base de connaissances pour l’invention sociale et solidaire. On y trouve des articles qui font rêver comme celui-ci sur deux hôpitaux norvégiens qui ont construit un pavillon de répit ouvert sur la forêt pour que les patients et leurs proches puissent échapper quelques heures à l’univers médical.
Et un grand merci à WordPress qui a fait évoluer son outil et a rendu très difficile des tâches qui étaient familières et faciles depuis des années. Vraiment merci d’ajouter des heures de complications à ce travail déjà chronophage.
Je parlerai principalement du jardin de la Maison de l’Enfant que j’ai pu visiter en compagnie d’Isabelle Launet et de la responsable de ce service. Isabelle suivait encore la première formation à l’agriculture urbaine de l’école du Breuil quand un ancien de la Pitié-Salpétrière où elle avait fait un long stage auprès d’Anne Ribes lui propose de participer à des animations pour les 30 ans de l’hôpital.
La Maison de l’Enfant est, au cœur de l’hôpital, un lieu différent. Comme une grande ludothèque, elle propose des activités auxquelles les petits patients viennent accompagnés de soignants ou de leurs parents et entourés par des animateurs et des éducateurs de jeunes enfants. La Maison de l’Enfant jouxte un espace ouvert transformé en jardin…
Après une longue période de bénévolat, Isabelle intervient dorénavant comme animatrice professionnelle deux fois par mois sans compter une visite hebdomadaire pour prodiguer quelques soins au jardin. A l’extérieur de l’hôpital, elle intervient dans une maison de retraite, auprès d’enfants dans un jardin dans le 20e arrondissement et à la Ferme de Paris. « L’activité rassemble les enfants et les ados, de 2 à 17 ans. Les parents sont les bienvenus car c’est un moment agréable avec leur enfant. Il n’y a pas de groupe pré-établi. A l’hôpital, c’est toujours le soin qui prime », explique-t-elle. « On commence avec quelques questions : Où vis-tu ? Qu’est-ce que tu aimes dans la nature ? Et puis je propose un atelier. Par exemple sur le vent. On écoute des enregistrements de vent dans les roseaux ou les maïs. On va toujours dans le jardin et on cueille des herbes pour la tisane. » Isabelle nous emmène faire un tour du jardin planté de vigne, de groseilles et de framboises, de pommiers et de poiriers, d’artémise, d’oreilles de lièvre, de basilic thaï, de sarriette, de verveine, de rosiers,…Il faut imaginer les petits patients déambulant dans le jardin, parfois avec leur équipement médical difficile à ignorer.
« On ne parle pas de maladie, c’est un sas de respiration. Mais le jardin fait parfois le lien avec le soin : on parle de tuteur, d’attelle, on utilise le vocabulaire du prendre soin. C’est assez rare que les enfants reviennent deux fois à un atelier. Mais ils peuvent revenir au jardin hors des ateliers. » Une extension est prévue. Le jardin petit à petit prend racine, avec l’aide des kinés qui arrosent. Un petit monde bienveillant au milieu de l’hôpital.
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En fait, à l’hôpital Robert-Debré, les jardins de soin se multiplient. L’association Jardins & Santé a récemment donné une bourse qui « a permis au service de cardiologie-néphrologie-hémodialyse de bénéficier d’une très belle terrasse entièrement aménagée et végétalisée. Une précieuse bouffée d’oxygène pour les patients, leur famille et les équipes soignantes ». Dites-moi si je me trompe, mais il s’agit du jardin perché conçu par Anna Six en 2017.
Vous voulez soutenir le projet « Tous au jardin » des Jardins de l’Humanité? Découvrez ce projet en visitant le site de l’association. Le projet s’adresse « en priorité aux enfants malades et à leurs parents, aux personnes atteintes d’un cancer, à celles ayant subi des violences, mais aussi aux personnes isolées par leur âge ou leur situation familiale, sociale et professionnelle. » Ce beau projet est éligible au budget participatif des Landes et vous pouvez voter! Attention, il faut voter pour au moins trois projet. « Tous au jardin » se compose déjà de deux projets (un minibus et une yourte) et plusieurs autres projets visent à financer des jardins.
Quand des étudiants à l’EHESP (Ecole en Hautes Etudes en Santé Publique) de Rennes se penchent sur le besoin de formation des personnels soignants pour permettre l’implantation de la nature dans les établissements socio-sanitaires, on sait qu’on est sur la bonne voie. Dans ce mémoire disponible en ligne, les étudiants listent d’abord les bénéfices directs pour les patients et indirects pour le personnel de ces espaces verts thérapeutiques ainsi que les obstacles. Puis ils proposent un cahier des charges pour une formation professionnelle à destination du personnel soignant sur l’implantation d’espaces végétalisés à visée thérapeutique.
Les résultats d’une étude sur plus de 900 000 Danois sont clairs. Plus d’espaces verts autour de chez soi pendant l’enfance = moins de risque de troubles psychiatriques de l’adolescence à l’âge adulte !Voici l’étude complète. Et le résumé traduit en français. Un conseil, utilisez DeepL.com si jamais l’anglais vous freine. « Grandir en milieu urbain est associé à un risque de développer des troubles psychiatriques, mais les mécanismes sous-jacents sont inconnus. Les espaces verts peuvent offrir des avantages sur le plan de la santé mentale et peut-être réduire le risque de troubles psychiatriques. Cette étude nationale couvrant plus de 900 000 personnes montre que les enfants qui ont grandi avec les niveaux les plus bas d’espaces verts avaient jusqu’à 55 % plus de risque de développer un trouble psychiatrique indépendant des effets d’autres facteurs de risque connus. Une association plus forte entre les espaces verts cumulés et le risque pendant l’enfance constitue la preuve qu’une présence prolongée d’espaces verts est importante. Nos résultats affirment que l’intégration des environnements naturels dans la planification urbaine est une approche prometteuse pour améliorer la santé mentale et réduire le fardeau croissant des troubles psychiatriques dans le monde ».
Depuis 3 ans, l’unité Flavigny du CH Le Vinatier à Lyon propose un groupe thérapeutique “Jardin et Nature”. Une expérience que Jérémie Cambon, infirmier dans cette unité de pédopsychiatrie, racontedans ce texte.
Au mois d’octobre, le blog La ville est mon jardin m’interviewait sur les bienfaits du jardinage pour la santé. Voici le billet de Valérie François.