Une grande première aujourd’hui sur Le bonheur est dans le jardin. Pour la toute première fois, je parle d’un programme français. Ce n’est qu’un début.
A Varennes le Grand entre Dijon et Mâcon, des patients de l’hôpital psychiatrique de Châlons sur Saône fréquentent l’Oasis, un atelier thérapeutique où ils travaillent au contact des plantes. Encadrés par quatre employés de l’hôpital (3 personnes à temps plein et une à mi-temps), ce sont huit patients qui peuvent bénéficier tous les jours de ce travail dans les serres où ils produisent des fleurs, et depuis peu des plants de légumes. Pourtant, le travail n’y est pas une fin en soi. Il apporte une aide à la restructuration dans le temps et l’espace, un réentrainement à l’effort.
L’Oasis a vu le jour en 1983 sous l’impulsion du Dr Madinier et de M. et Mme Cléau, tous les deux infirmiers ergothérapeutes, suite à une visite du CAT Messidor à Lyon. Ce CAT était précurseur en matière d’ouverture sur la cité. Avec l’aval du corps médical, cette structure atypique fonctionnant comme une ergothérapie hors des murs s’est donnée pour objectif la réadaptation professionnelle et/ou sociale des malades mentaux. L’arrêté du 14/03/1986 relatif aux équipements et services de lutte contre les maladies mentales comportant ou non des possibilités d’hébergement donne un cadre à l’expérience et en 1989 une première convention est établie entre le CHS et l’Association qui a été créée pour gérer le succès commercial de la structure et apporter plus de souplesse. Depuis, l’Oasis fonctionne sans subvention. Le CHS met à disposition un terrain, ainsi que les installations nécessaires aux activités, les frais de téléphone, d’informatique et d’électricité et un véhicule.
« Certains patients sont encore à l’hôpital, mais la plupart sont sortis. Ce sont des adultes qui souffrent de différents troubles. Mais ils sont stabilisés et l’objectif de l’Oasis est de les remettre en contact avec une activité régulière », explique Céline Dreyer, une infirmière qui partage son temps entre l’Oasis et l’hôpital psychiatrique. « Ils peuvent venir jusqu’à trois fois par semaine à cet atelier qui est un soin parmi d’autres activités qui leur sont proposées. » A l’Oasis, les portes sont ouvertes de 7h30 jusqu’à 16h30. Dans le cadre de cette réhabilitation, les participants doivent présenter un certificat médical s’ils ne sont pas en mesure de venir travailler.

Les fleurs et les plants sont le travail des patients encadrés par une équipe soignante de quatre personnes.
Les patients s’engagent pour trois ans, une durée jugée suffisante pour se construire un parcours vers un travail le plus souvent en ESAT (Etablissements et Services d’Aide par le Travail, des établissements médico-sociaux qui relèvent du secteur protégé). Selon leur degré d’autonomie, ils peuvent travailler dans des unités d’horticulture et dans les espaces verts, mais aussi en cuisine ou dans d’autres services. Certains intègrent des équipes détachées dans des entreprises où un accompagnateur encadre une demi-douzaine de personnes.
« C’est une réhabilitation qui fonctionne bien s’ils sont volontaires. S’ils ont reconnus leur maladie et accepté leur traitement et ses effets secondaires, on voit une évolution en trois ans. Des gens qui à leur arrivée disent qu’ils ne sont plus bons à rien retrouvent de l’énergie », raconte Céline. « Ici, ce n’est pas un milieu hospitalier, il n’y a pas d’enfermement. Nous avons très peu de problèmes avec leurs troubles du comportement. S’ils ne se sentent pas bien, ils font faire un tour. » Céline aussi vit l’Oasis comme une bouffée d’oxygène après 7 ans d’expérience dans l’univers fermé de l’hôpital psychiatrique au contact de malades en crise.
Plusieurs fois dans l’année, l’Oasis organise des ventes de fleurs et de plants. Son budget est d’environ 61000 euros et une partie des bénéfices est réinvestie dans l’outil de travail. L’Oasis propose aussi aux participants, qui ne sont pas rémunérés, des camps thérapeutiques (Corse, Espagne, Center Parks,…) et des après-midis de détente au plus fort de l’été (pêche, piscine,…).
« L’Oasis reste avant tout un lieu de soins. C’est un lieu d’écoute, de réassurance, de remise en confiance, de revalorisation. Le groupe de patients y joue un rôle déterminant. En effet, les plus anciens aident les nouveaux à trouver leur place, ayant à cœur de leur transmettre les connaissances acquises et l’esprit qui règne dans la structure ». Un programme pionnier en France qui fêtera l’année prochaine 30 ans d’existence.