Le « Jardin pour Toit » du Centre Robert Doisneau

Le Centre Robert Doisneau dans un quartier en pleine rénovation du 18e arrondissement de Paris

Le Centre Robert Doisneau dans un quartier en pleine rénovation du 18e arrondissement de Paris

Même en ce jour d’hiver un peu frisquet malgré un rayon de soleil, le Jardin pour Toit du Centre Robert Doisneau dans le 18e arrondissement a de l’allure. C’est un bel espace bordé de jardinières construites à plusieurs hauteurs sur le toit de ce tout nouveau centre qui regroupe, sur le même site, des structures d’hébergement et d’accueil pour des personnes âgées dépendantes, des adultes handicapés et des jeunes souffrant d’autisme. Des tables, protégées du soleil en été, invitent au goûter et à la pause entre résidents et visiteurs. Au cœur de Paris dans un quartier en pleine transformation, les résidents peuvent sortir mettre les mains dans la terre et prendre de la hauteur.

Avant de donner la parole à Ingrid Antier-Perrot, directrice philantropies et communication à la Fondation Hospitalière Sainte Marie qui gère le Centre Robert Doisneau et une soixantaine d’établissements en Ile-de-France, faisons le tour de cette maison unique en France. Créé pour pallier à l’insuffisance des moyens d’hébergement à Paris, le Centre Robert Doisneau a une capacité d’accueil de 190 places en hébergement et 50 en accueil de jour et regroupe, c’est là sa grande originalité, quatre établissements :

  • un EHPAD (Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes) de 110 places dont deux unités protégées pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ainsi que 15 places en accueil de jour,
  • une MAS (Maison d’Accueil Spécialisée) de 35 places
  • un FAM (Foyer d’Accueil Médicalisé) de 45 places avec un centre d’accueil de jour de 15 places
  • et un IME (Institut Médico Educatif) de 21 places pour des ados et des jeunes de 12-20 ans en semi-internat avec un SESSAD (Service de Soins Spécifiques à Domicile) de 22 places pour les 3-20 ans.

Des personnes âgées dépendantes dont certaines atteintes de la maladie d’Alzheimer, des adultes handicapés suite à un accident de la vie et des jeunes souffrant d’autisme se retrouvent donc dans un lieu conçu comme un « chez soi ». Des meubles chinés, des œuvres du célèbre photographe dont les filles se sont impliquées dans le projet, des espaces chaleureux et ouverts, l’ambiance ressentie pendant une courte visite est visiblement différente d’autres établissements.

La genèse du jardin

Topager a aidé à animer les premiers ateliers.

Topager a aidé à animer les premiers ateliers.

« Notre directeur général et l’architecte ont eu envie d’utiliser l’espace sur le toit pour en faire un jardin. Le projet avait commencé et nous avons dû obtenir une dérogation de la préfecture. Nous avons rencontré Topager à travers un article que j’avais lu sur eux dans Le Monde. C’était en 2011 », explique Ingrid Antier-Perrot. Topager, qui conçoit et réalise des potagers et des refuges de biodiversité urbains, se met au travail pour imaginer ce nouveau jardin en terrasse et proposer un devis. Les ergothérapeutes du Centre apportent leurs compétences pour penser l’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite. Pendant que la Fondation discute avec le constructeur (il faut trouver un sol pas trop lourd, éviter les infiltrations, remplir les obligations de rétention d’eaux pluviales), Ingrid Antier-Perrot se tourne vers des donateurs privés pour récolter les 100 000 euros nécessaires au projet. Dans un billet à venir sur le financement, elle nous décrira ces démarches cruciales.

« Le Centre a ouvert en 2014. La première année, nous étions en plein recrutement. Ce n’est qu’en 2015 que les équipes se sont vraiment saisies du jardin. Tout comme le Centre qui est bâti sur la diversité, nous voulions une diversité de plantes : petits fruits et légumes, aromatiques, vignes, poiriers, grimpants avec des annuels et des vivaces. Les résidents viennent avec des moniteurs-éducateurs qui proposent des ateliers. Ils peuvent semer, planter, entretenir et récolter côte à côte ou en face à face pour renforcer la communication. D’ailleurs, nous venons de donner une subvention à la MAS pour construire une cuisine qui utilisera entre autres la récolte du jardin et des courses au marché. C’est un lien avec la vie. »

Les bacs, conçus à trois hauteurs pour différents types de chaises roulantes, sont en bois résistant et issu de circuits courts. Le jardin est également équipé de composteurs.

Les bacs, conçus à trois hauteurs pour différents types de chaises roulantes, sont en bois résistant et issu de circuits courts. Le jardin est également équipé de composteurs.

Parmi les objectifs cités, favoriser le lien avec les autres résidents, pratiquer une activité physique, stimuler les fonctions cognitives et diminuer les troubles du comportement et les états dépressifs et d’angoisse. « Les équipes d’animation ont deux logiques : pour les résidents de l’EHPAD, il s’agit d’une animation et d’un loisir. Pour les personnes de la MAS et du FAM, il s’agit de préserver l’autonomie », détaille Ingrid Antier-Perrot. En dehors des ateliers, qui reprendront au printemps et que Potager a aidé à animer au départ, l’accès au jardin est libre. Les visiteurs sont encouragés à s’y rendre avec leurs proches.

Les jardins se multiplient

Du coup, le Centre s’est déjà doté de nouveaux espaces de jardin. « Dans les deux unités fermées pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, nous avons créé des terrasses privatives avec des espaces verts. C’est au premier étage, avec vue sur le ciel et beaucoup de lumière. L’IME a aussi un espace avec des bacs. » D’ailleurs la Fondation Hospitalière Sainte Marie n’en est pas à son coup d’essai. Dans un centre d’accueil de jour pour personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer à Pantin et dans un EHPAD à Noisy-le-Sec, des jardins avaient déjà vu le jour.

Le quartier est invité à rentrer dans le Centre avec un premier commerce, et bientôt un deuxième, installé dans les lieux. La diversité recherchée au Centre Robert Doisneau n’est pas toujours facile à faire exister. Les personnes âgées sont souvent réticentes avec les personnes handicapées, sans doute par peur. Mais petit à petit, des liens se créent en assistant à des conférences culturelles ensemble et sans doute aussi en se rencontrant au jardin.

Deux formations en 2016

Pour ceux qui ont envie de se former à la conception et à l’animation d’un jardin thérapeutique ou jardin de soin, il existe peu d’options en France. Voici les deux formations principales, ouvertes à tous, car il existe aussi des formations intra-établissement comme celles proposées par Sébastien Guéret de Formavert. Sous oublier la formation « Découverte de l’horticulture thérapeutique » de Sébastien et al. qui se déroulera du 7 au 10 mars.

En attendant un potentiel Diplôme d’Université en hortithérapie qui serait en projet à l’Université de Toulouse, mais au sujet duquel je n’ai pas pu obtenir de détails.

Initiation à l’hortithérapie – Université de Toulouse

Cette formation de 7 jours s’adresse surtout aux soignants : psychologues, psychothérapeutes, médecins (toutes spécialités), paramédicaux, travailleurs sociaux, éducateurs, animateurs. Elle existe depuis plusieurs années et a été initiée par le psychologue Jean-Luc Sudres. Voici la définition qui sert de base à cette formation : « L’Hortithérapie est la réhabilitation pratique et globale de la personne par l’utilisation des plantes et la relation avec les différents éléments de la nature dans un cadre aménagé, inclus dans un programme spécifique s’adressant à divers publics et troubles. Largement utilisée en Grande-Bretagne, au Québec et aux USA cette pratique s’étaye sur des preuves et bénéfices allant du bien-être à la thérapeutique. » Pour le programme et les intervenants, consultez le site ou ce pdf Initiation à l’hortithérapie.

La prochaine session a lieu du lundi 14 mars au jeudi 17 mars 2016 et du lundi 2 mai au mercredi 4 mai 2016. Aux dernières nouvelles, il restait quelques places.

Contacter l’Université de Toulouse Jean Jaurès, Aude Font, gestionnaire Formations, aude.font@univ-tlse2.fr, 05 61 50 42 29

Plusieurs formations courtes au Centre de Formation de Chaumont-sur-Loire

Depuis 2012, Anne et Jean-Paul Ribes, actuellement entourés de Paule Lebay et de Dominique Marboeuf, mènent deux fois par an une formation sur les jardins de soin et de santé dans le cadre exceptionnel du domaine de Chaumont-sur-Loire. L’année dernière, l’offre s’est étoffée avec une formation à l’animation des jardins de soin. Voici toutes les sessions proposées cette année. Attention, deux sessions sont déjà complètes : « Jardin de soin et de santé » du 10 au 12 mai et « Atelier d’animation autour des plantes » du 7 au 9 juin. La description des différentes formations est disponible en ligne ou en cliquant sur le titre de chaque thème.

Jardin de soin et de santé

– Session 1 : du 10 au 12 mai 2016

– Session 2 : du 4 au 6 octobre 2016

Conception et réalisation d’un jardin de soin et de santé

– Session 1 : les 24 et 25 mai 2016

– Session 2 : les 8 et 9 septembre 2016

Atelier d’animation autour de l’osier

– Session 1 : les 1 et 2 juin 2016

– Session 2 : les 6 et 7 octobre 2016

Atelier d’animation autour des plantes : de la théorie à la pratique

– Session 1 : du 7 au 9 juin 2016

– Session 2 : du 21 au 23 septembre 2016

Contacter Chaumont, Informations auprès d’Hervé Bertrix, responsable de la formation, herve.bertrix@domaine-chaumont.fr, 02 54 20 99 07

Troubles alimentaires et hortithérapie

Mise à jour le 3 septembre 2019. Faryn-Beth Hart vient d’obtenir le titre très convoité de HTR (Horticultural Therapist-Registered). Elle travaille toujours dans le programme qu’elle nous décrivait en 2016 et au jardin de la prison de San Quentin. Elle travaille aussi pour le Homeless Prenatal Program.

 

Faryn-Beth Hart

Faryn-Beth Hart

J’ai « rencontré » Faryn-Beth Hart sur le groupe Facebook des étudiants du Horticultural Therapy Institute (HTI). Hortithérapeute dans une résidence de traitement des troubles alimentaires en Californie, elle était confrontée à un problème qui est familier pour certains d’entre vous (le mot « client » vous sera peut-être plus étranger). « Plantés, choyés, récoltés par les clients. Mais nous ne sommes pas autorisés à utiliser nos légumes dans la maison, sauf pour le personnel. Est-ce que quelqu’un a rencontré ce problème et a pu trouver une solution ? Merci. » Malheureusement, l’histoire n’a pas de fin heureuse à part une suggestion de se renseigner sur une certification (GAP comme Good Agricultural Practices) et une autre d’organiser des « dégustations » sous le radar.

En tout cas, sa question a été l’occasion d’engager la conversation avec cette récente diplômée du HTI qui travaille dorénavant sur l’étape suivante, la certification professionnelle délivrée par l’AHTA. Sur son site Harticulture, elle raconte son parcours déjà riche. Londonienne d’origine, Faryn-Beth a grandi en Afrique du Sud et déménagé aux Etats-Unis où elle a travaillé dans un centre d’éducation à l’écologie (construire des maisons dans les arbres, jardiner, cuisiner des repas communautaires, enseigner des pratiques de justice sociale et environnementale). Elle a également étudié avec Vandana Shiva en Inde.

Troubles alimentaires et jardin

Les mains dans la terre

Les mains dans la terre

« Quand je suis arrivée dans la région de San Francisco, je me suis rendue compte qu’il y avait ici beaucoup d’éducateurs spécialisés dans l’environnement. Je me posais des questions sur la nature, la guérison et la nourriture. Je n’avais jamais entendu parler de l’hortithérapie, mais j’ai trouvé le HTI et je me suis lancée dans ce nouveau monde. » Alors qu’elle suit encore les cours dispensés en modules par le HTI, elle développe un projet qu’elle présente au Center for Discovery, un centre résidentiel qui accueille des jeunes et des adultes qui souffrent de troubles alimentaires. En septembre 2015, elle lance un projet pilote qui convainc la direction. « J’ai une heure par semaine dans trois sites autour de San Francisco. Ces résidences sont des petites unités avec une demi-douzaine de personnes pour créer l’atmosphère d’une maison. » Seule ou avec le soutien d’un membre de l’équipe, Faryn-Beth jardine avec les résidentes et résidents qui plantent aussi une plante en pot pour la ramener chez eux.

« Je pense que l’hortithérapie renforce leur guérison. Les résidents voudraient en faire plus et l’activité leur manque quand je ne suis pas là comme pendant les fêtes. Cette activité a du sens pour eux. Elle les encourage à sortir, à se servir d’outils. Ils deviennent des tenders (ils s’occupent de la plante) », explique la jeune hortithérapeute. « Il y a des idées plus vastes sur leur guérison. Par exemple, transplanter une plante dans un container plus grand est une métaphore pour changer de taille de pantalon. Qu’est-ce que cela signifie ? Nous trouvons des fils communs avec des choses sur lesquelles ils travaillent comme la dépression, l’anxiété ou l’image corporelle. » Pour revenir à la question de manger la récolte, Faryn-Beth a peu d’espoir. « Les résidences ont une certification qui interdit de consommer de la nourriture produite sur place. C’est dommage car on pourrait cultiver une relation avec la nourriture dans leur assiette. En tout cas, nous récoltons pour le personnel et nous leur offrons cette nourriture en cadeau. »

Des enfants et des prisonniers

Bouquets

Bouquets

En plus de son engagement auprès des résidences du Center for Discovery, Faryn-Beth travaille en direct avec quelques familles et surtout des enfants de 5-7 ans. « Beaucoup d’enfants dans cette région ont un diagnostic (Trouble de déficit de l’attention / hyperactivité, NDLR). Au lieu de médicaments, des parents préfèrent donner une activité aux enfants, canaliser leur énergie. Je travaille aussi avec des enfants qui vont avoir un petit frère ou dont la maman reprend le travail. C’est de la nature therapy. On apprend à connaître le monde naturel dans la vie urbaine et à le respecter. » Elle s’intéresse aussi au monde carcéral, avec l’exemple local du Insight Garden Program à la prison de San Quentin qui a maintenant essaimé dans d’autres prisons de Californie.

Pour son stage, obligatoire dans le cadre de la certification de l’AHTA, Faryn-Beth pense rester dans le monde des troubles alimentaires. Deux programmes existants, l’un à San Antonio dans le Texas et l’autre au Homewood Health Center en Ontario au Canada, l’intéressent particulièrement. Elle s’est rendue à la dernière conférence de l’AHTA à Portland, Oregon et sera certainement présente en 2016 à Saint Louis. « On a l’impression d’appartenir à une communauté, à quelque chose qui grandit. Ca grandit grâce aux études qui montrent les effets positifs », explique-t-elle. « Dans les cours du HTI, la population a changé. Alors qu’il y avait beaucoup de femmes à la retraite, il y a maintenant plus de gens qui ont la vingtaine ou la trentaine. On peut en faire une carrière. J’espère que les assurances couvriront l’hortithérapie bientôt. » Un message optimiste bienvenu.

Une horticultrice française au Québec

MelanieToute petite, Mélanie Massonnet apprenait le nom des arbres avec sa grand-mère. Plus tard, elle apprendra à travers l’expérience de sa mère touchée par un cancer du sein que les hôpitaux sont des endroits tristes et que les jardins peuvent faire du bien. Après un BEP et un Bac Pro en horticulture, la jeune Nantaise loupe son BTS de quelques points. Plutôt que de le repasser en France, elle part au Québec pour réaliser un rêve d’enfant. C’était il y a une dizaine d’années. « En France, je demandais à mes profs comment on pouvait utiliser les plantes pour faire du bien. Ils me disaient que ça n’existait pas. Mais au Québec, où je me suis inscrite dans une école pour faire l’équivalent d’un BTS en aménagement paysager, un prof m’a parlé de l’hortithérapie. »

Quel progrès ! Autre différence en passant, l’enseignement est moins théorique qu’en France et fait la part belle à la pratique. Et en prime, Mélanie sent que les enseignants traitent les étudiants sur un pied d’égalité. « Mon prof connaissait quelqu’un qui faisait de l’hortithérapie à Montréal à l’hôpital Douglas. Je suis allée la voir. » Cette pionnière s’appelle Marielle Contant et travaille dans le milieu de la santé mentale depuis maintenant une trentaine d’années. Fait marquant au Canada, Marielle Contant dispose de serres qui lui permettent de poursuivre son activité toute l’année, y compris pendant les durs hivers canadiens.

Le jardin collectif de Saint-Jérôme

Le jardin collectif de Saint-Jérôme

Le jardin collectif de Saint-Jérôme

Inspirée par cet exemple, Mélanie, qui raconte son parcours sur son blog, trouve un travail dans le jardin collectif de Saint-Jérôme, 3 000 mètres carrés où des employés, des bénévoles, des associations et des familles jardinent côte à côte tous les jours de la semaine. La production est distribuée à des organisations. Pour les membres d’une association de santé mentale, Mélanie proposait des ateliers d’hortithérapie (malheureusement, Mélanie a dû arrêter l’an dernier, faute de subventions). « Au départ, on leur pose quelques questions. Aimes-tu jardiner ? Veux-tu faire des efforts physiques ? Aimes-tu la chaleur ? Nous devons aussi savoir s’il y a des contre-indications avec leurs médicaments. Mais nous ne voulons pas savoir de quelle maladie ils souffrent », décrit Mélanie rétrospectivement. « On leur demande quel est leur objectif : apprendre le nom des plantes, explorer le temps et les saisons, regarder les gens dans les yeux,… ». Mélanie ne force personne. « Si quelqu’un n’a pas envie de jardiner un jour, on va voir les fleurs ou les grenouilles. Parfois plus tard, il racontera ce qui l’énervait… ».

Des îlots comestibles pour revitaliser un quartier

Jardiner avec les enfants Place Benoît

Jardiner avec les enfants de Place Benoît à Montréal

Dans le quartier défavorisé de Place Benoît à Montréal, la ville a lancé il y a quelques années un projet de revitalisation baptisée RUI (Revitalisation Urbaine Intégrée) qui passe, en particulier, par le jardin. « Il n’y avait que du gazon. L’idée était d’avoir des jardins communautaires, des forêts nourricières qui sont des regroupements de plantes comestibles qui reproduisent la forêt, des plantes pérennes. » Des noisetiers, cerisiers, pruniers et pêchers, groseilles à maquereaux et gadelles (ou guadelles, de petites groseilles locales, plus acides), des framboisiers et des plantes indigènes comme les ronces odorantes, de la menthe, du thym et de l’origan…Chacun des huit îlots, en pied d’immeuble, comprend deux arbres fruitiers, quelques arbustes et des vivaces. « L’objectif est que les gens viennent. Les plantes ne sont pas choisies au hasard, mais aussi pour attirer les immigrants qui viennent du Maroc et d’Algérie, du Sénégal ou du Vietnam », explique Mélanie qui s’est mise à accueillir les enfants en camps de jour.

« Je les avais une fois par semaine. J’avais l’impression que ce que je disais sur les plantes rentrait par une oreille et sortait par l’autre. Mais en fait je me suis rendue compte qu’ils répétaient tout cela à leurs parents. » Une autre réussite dont Mélanie est fière sont ces ateliers intergénérationnels qu’elle a bâtis avec des ados et des personnes âgées. « Comme ils avaient des apriori les uns sur les autres, j’ai dit aux personnes âgées que j’avais besoin de leur aide parce que les ados n’y connaissaient rien et aux ados que les personnes âgées avaient besoin de leur aide pour les travaux lourds. Ca a été une belle réussite. »

En parallèle, Mélanie suit le cours à distance de Mitchell Hewson. D’après ce qu’elle constate, la Canada Horticultural Therapy Association est plus présente dans le Canada anglophone qu’au Québec avec des cours en anglais. « Au Québec, il n’y a pas de formation. L’hortithérapie montait dans les années 80, mais on voit aujourd’hui plutôt une montée de la zoothérapie. Pour la formation, je ne pense pas qu’il faudrait un BTS spécifique par exemple, mais plutôt des modules. Je pense que le plus important est d’avoir une connaissance des plantes parce que si la plante dépérit et que ça ne marche pas, c’est difficile pour les malades. Par contre, je pense qu’on a besoin d’en connaître le minimum sur les maladies et la thérapie. » Pour l’instant, Mélanie est concentrée sur un autre projet, le petit garçon qu’elle vient de mettre au monde.

Forêt nourricière dans le quartier Place Benoît

Forêt nourricière dans le quartier Place Benoît

Deux jardiniers à Saint-Jérôme

Deux jardiniers à Saint-Jérôme

Les jardinières thérapeutiques se multiplient

 

Une jardinière Verdurable à la MAS Saint Jean de Malte à Paris

Une jardinière Verdurable à la MAS Saint Jean de Malte à Paris

Je vous ai déjà parlé des jardinières de Terraform (au fil du temps, ce billet reste l’un des plus consultés depuis sa mise en ligne en octobre 2012!) ainsi que des jardinières et des outils adaptés de Verdurable. L’opportunité de vous parler des jardinières de la société Guyon me donne envie, en passant, de vous donner de leurs nouvelles.

Commençons par Verdurable. Dans une page très riche, les fondateurs de Verdurable, Qi Wu et Luchun Chen, tiennent une chronique des établissements qui ont installé l’une ou l’autre de leurs jardinières : la MAS Saint Jean de Malte à Paris, l’hôpital Charles Foix (APHP Ivry-sur-Seine), Korian Périer de Marseille, l’hôpital Georges Clémenceau (APHP Champcueil) ou encore l’EHPAD Bastide Médicis de Lapège. Nouveauté, un « jardin aquatique », une fontaine prête à accueillir des poissons. Verdurable porte aussi la bonne parole dans des manifestations comme le 8e Colloque des Approches non médicamenteuses, organisé par Agevillage et les Instituts Gineste Marescotti, ou l’événement « La Silver Economie et la Cnav au service du bien-vieillir en Île-de-France », organisé par la Cnav en Ile-de-France.

J’ai moins de nouvelles à partager sur Terraform. En 2015, ils ont installé six « coques » au Portugal, à Coimbra dans les jardins de l’association Terra Fresca qui encourage la production et la consommation locale responsable et l’augmentation de la biodiversité dans les zones urbaines et le bien-être social.

Une jardinière Guyon/Euroform dans une école à Alençon.

Une jardinière Guyon/Euroform dans une école à Alençon.

Ce qui nous amène à Guyon, spécialiste du mobilier urbain qui est implanté à Thiers en Auvergne où il fabrique ses propres gammes et distribue les produits d’autres marques. Comme ces jardinières thérapeutiques créées par Euroform, un fabricant italien. « Ces gammes pour les seniors ont été précurseurs dans les années 2000. L’idée est de gommer les contraintes physiques pour rendre le jardinage accessible. Nous les commercialisons en France, mais sans faire de communication, depuis 2006. Un nouveau modèle est sorti en 2015 », résume Marie Bunel-Armellin chez Guyon. « On peut jardiner assis, debout, depuis un fauteuil (produit accessible PMR) et des accessoires pour tout garder à porter de main sont proposés en option. Une barre d’appui est disponible pour se tenir ou s’appuyer à la jardinière », décrit-elle. Le nouveau modèle a été livré dans deux EPHAD du Nord-est de la France et dans une école d’Alençon dans le cadre d’un programme « Passeport Développement Durable » qui amène les enfants à jardiner.

Un deuxième modèle de jardinière thérapeutique commercialisé par Guyon

Un deuxième modèle de jardinière thérapeutique commercialisé par Guyon

« Nous répondons à une demande existante, ce n’est pas un effet de mode. C’est une nouvelle façon d’interagir et de soigner. Nos jardinières commencent à 598 euros TTC, puis varient en fonction des modèles et options choisies. Nos clients achètent pour le long terme avec une garantie de 10 ans », ajoute Marie Bunel-Armellin. A noter que l’entreprise a conçu des pièces sur mesure pour le Jardin Océan Vert au Centre de lutte contre le cancer François Baclesse à Caen, jardin créé en 2013. « Nous avons fabriqué des bains de soleil, c’est-à-dire des transats en bois avec des lignes en courbe, et des tables basses », explique Marie Bunel-Armellin.

J’en entends déjà certains s’exclamer qu’il n’est pas nécessaire de dépenser 1000 euros, lorsqu’on fonctionne avec des budgets riquiqui, pour avoir une jardinière fonctionnelle. Récupération et débrouille sont aussi des solutions…En tout cas, des alternatives existent.

Et un mot sur le sommeil

En prime aujourd’hui, je partage cette émission de la Tête au Carré sur France Inter sur le sommeil. Des conseils de bons sens du psychiatre Patrick Lemoine qui a écrit « Dormir sans médicaments…ou presque » (Laffont, 2015). Je partage parce que les troubles du sommeil peuvent pourrir la vie de certains participants dans les jardins de soin et qu’il est urgent de s’interroger sur les alternatives aux somnifères, considérés comme une fraude par le docteur Lemoine puisqu’ils anesthésient au lieu de donner un sommeil normal, privant ainsi le dormeur de tous les bienfaits du sommeil (réparation, consolidation des souvenirs,…). Et je partage aussi parce que, pour ceux dont le sommeil n’est pas troublé, la sieste est toute indiquée et pourquoi pas la sieste au jardin…

Et un mot sur l’appel à participation de la conférence de l’AHTA

Et si vous aussi vous alliez parler de votre travail dans les jardins de soin à la conférence annuelle de l’American Horticultural Therapy Association (AHTA)? Elle se tient cette année du 15 au 17 septembre à Saint-Louis au Missouri. L’appel à participation est ouvert jusqu’au 1er mars. Le Missouri est connu pour être le  « Show Me state » : plutôt que de longs discours, ils aiment qu’on leur montre les choses. Défi accepté?