Deux formations en 2016

Pour ceux qui ont envie de se former à la conception et à l’animation d’un jardin thérapeutique ou jardin de soin, il existe peu d’options en France. Voici les deux formations principales, ouvertes à tous, car il existe aussi des formations intra-établissement comme celles proposées par Sébastien Guéret de Formavert. Sous oublier la formation « Découverte de l’horticulture thérapeutique » de Sébastien et al. qui se déroulera du 7 au 10 mars.

En attendant un potentiel Diplôme d’Université en hortithérapie qui serait en projet à l’Université de Toulouse, mais au sujet duquel je n’ai pas pu obtenir de détails.

Initiation à l’hortithérapie – Université de Toulouse

Cette formation de 7 jours s’adresse surtout aux soignants : psychologues, psychothérapeutes, médecins (toutes spécialités), paramédicaux, travailleurs sociaux, éducateurs, animateurs. Elle existe depuis plusieurs années et a été initiée par le psychologue Jean-Luc Sudres. Voici la définition qui sert de base à cette formation : « L’Hortithérapie est la réhabilitation pratique et globale de la personne par l’utilisation des plantes et la relation avec les différents éléments de la nature dans un cadre aménagé, inclus dans un programme spécifique s’adressant à divers publics et troubles. Largement utilisée en Grande-Bretagne, au Québec et aux USA cette pratique s’étaye sur des preuves et bénéfices allant du bien-être à la thérapeutique. » Pour le programme et les intervenants, consultez le site ou ce pdf Initiation à l’hortithérapie.

La prochaine session a lieu du lundi 14 mars au jeudi 17 mars 2016 et du lundi 2 mai au mercredi 4 mai 2016. Aux dernières nouvelles, il restait quelques places.

Contacter l’Université de Toulouse Jean Jaurès, Aude Font, gestionnaire Formations, aude.font@univ-tlse2.fr, 05 61 50 42 29

Plusieurs formations courtes au Centre de Formation de Chaumont-sur-Loire

Depuis 2012, Anne et Jean-Paul Ribes, actuellement entourés de Paule Lebay et de Dominique Marboeuf, mènent deux fois par an une formation sur les jardins de soin et de santé dans le cadre exceptionnel du domaine de Chaumont-sur-Loire. L’année dernière, l’offre s’est étoffée avec une formation à l’animation des jardins de soin. Voici toutes les sessions proposées cette année. Attention, deux sessions sont déjà complètes : « Jardin de soin et de santé » du 10 au 12 mai et « Atelier d’animation autour des plantes » du 7 au 9 juin. La description des différentes formations est disponible en ligne ou en cliquant sur le titre de chaque thème.

Jardin de soin et de santé

– Session 1 : du 10 au 12 mai 2016

– Session 2 : du 4 au 6 octobre 2016

Conception et réalisation d’un jardin de soin et de santé

– Session 1 : les 24 et 25 mai 2016

– Session 2 : les 8 et 9 septembre 2016

Atelier d’animation autour de l’osier

– Session 1 : les 1 et 2 juin 2016

– Session 2 : les 6 et 7 octobre 2016

Atelier d’animation autour des plantes : de la théorie à la pratique

– Session 1 : du 7 au 9 juin 2016

– Session 2 : du 21 au 23 septembre 2016

Contacter Chaumont, Informations auprès d’Hervé Bertrix, responsable de la formation, herve.bertrix@domaine-chaumont.fr, 02 54 20 99 07

Formations : état des lieux, partie 3/3

Voici trois dernières formations pour conclure ce cycle. J’espère que ces informations viendront s’enrichir du fil du temps. Si vous apprenez l’existence de formations, n’hésitez pas à les partager. Il semble évident que, si cette discipline doit se développer en France, il faudra finir par inventer une formation plus substantielle, certifiante ou diplômante. 

Initiation à l’hortithérapie – Université de Toulouse, département de psychologie

« L’hortithérapie est la réhabilitation pratique et globale de la personne par l’utilisation des plantes. C’est une thérapie par le jardinage. » C’est l’entrée en matière de cette formation de 7 jours, répartis en deux sessions en mai et en juin, destinée aux psychologues, psychothérapeutes, médecins (toutes spécialités), paramédicaux, travailleurs sociaux, éducateurs, animateurs. Elle est dispensée par quatre intervenants : Jean-Luc Sudres, professeur des Universités, psychologue clinicien et psychomotricien, Angélique Doumenc, psychologue, Hervé Bonnin, directeur d’institutions pour adultes handicaps et Dominique Raynal, moniteur d’atelier Horticulture et Espaces Verts. En partant de l’historique de la discipline et des programmes en fonction des troubles (handicaps moteurs, sensoriels, mentaux,…), la formation s’approche aussi de la pratique avec des visites et expérimentations sur site. L’accent est mis sur les applications auprès de personnes âgées et en soins palliatifs. Malheureusement, la session 2014 commence… aujourd’hui.

Pour plus d’information, la description de la formation dans le catalogue (p. 11-12).

 Contacter l’Université de Toulouse

Aude Font

Service Commun de la Formation Continue

Université de Toulouse II- Le Mirail

aude.font@univ-tlse2.fr

Site : www.univ-tlse2.fr/form-co rubrique Psychologie-Psychanalyse

 

CHU de Nancy/Hôpital Saint-Julien : une journée sur les apports des jardins à visée thérapeutique

CHU Nancy« Les apports des jardins à visée thérapeutique au cours de la maladie d’Alzheimer et leur aménagement pratique », c’est le nom d’une journée, organisée deux fois par an en juin et en octobre depuis 2010. Comme le précise le docteur Thérèse Jonveaux, chef de service à l’hôpital Saint-Julien, il ne s’agit pas d’une formation d’hortithérapie. Ici, elle explique ce qu’elle entend par jardin thérapeutique, « un support de soins, un lieu de détente et de partage. »

Voici le programme de cette journée.

Contacter les organisateurs

Jocelyne Rugraff

j.rugraff@chu-nancy.fr

 

Mettre les professionnels au vert, la méthode Métanature

ChavanisJe mentionne cette formation, même si elle ne relève pas à proprement parler de l’hortithérapie ou des jardins de soin. Depuis 2012, Jean-Luc Chavanis, fondateur de la méthode Métanature, propose une formation continue à l’Université de Cergy-Pontoise. « La méthode est née dans un atelier avec des détenus à Fresnes. Il ne s’agissait pas vraiment de jardinage, mais de libérer la parole en utilisant les plantes », explique ce consultant en santé au travail et coach certifié. De cette expérience, sont nés la méthode Métanature et un livre (« Ces jardins qui nous aident : des exercices pratiques pour évacuer votre stress et devenir le jardinier de votre vie », Le Courrier du livre, 2010). La formation offerte à l’université s’adresse à des coachs, des consultants en accompagnement du changement, des médiateurs du travail. Il pratique aussi sa méthode en entreprise. « Pour résoudre les conflits dans l’entreprise, on peut se demander quelle plante serait votre équipe. Ils peuvent se parler de façon moins violente. Mais je ne travaille pas dans le faire. La plante est un support, travailler hors les murs détend. » Il s’approche du thérapeutique lorsqu’il aide des équipes à gérer le stress ou le traumatisme d’un suicide ou d’une tentative.

La formation à l’université de Cergy-Pontoise permet de se former à la méthode Métanature en 8 jours (4 x 2 jours d’avril à juillet pour suivre l’évolution de la nature). Deux autres intervenants sont aux côtés de Jean-Luc Chavanis : François Balta, psychiatre et Alain Calender, professeur d’oncologie, président du fond de dotation jardin, art et soins, dédié à la promotion des jardins thérapeutiques dans les hôpitaux.

Contacter Jean-Luc Chavanis et Métanature

http://www.metanature.fr

contact@metanature.fr

Pour la formation de l’Université de Cergy-Pontoise, http://www.u-cergy.fr/fr/formation-continue/formations-courtes/coaching-professionnel.html

La double casquette de Jocelyne Escudero

Jocelyne Escudero au jardin

Jocelyne Escudero au jardin

Je répare aujourd’hui une omission qui n’a que trop duré. Voici plusieurs mois que Jocelyne Escudero était sur ma liste de gens à contacter. Nous avons enfin discuté il y a quelques jours et elle m’a raconté le parcours très intéressant qui l’a mené à l’hortithérapie. « A la base, j’ai été exploitante agricole. J’ai fait du maraichage et des fleurs. Mais comme j’étais aussi plasticienne, je me suis formée à l’art thérapie. Puis j’ai obtenu un DU de psychologie médicale générale et j’ai fait une formation lacanienne. » Armée de ces solides bases en psychologie et de ces connaissances horticoles, elle lance dès 1998 à Toulouse un premier jardin d’enseignement à l’environnement adapté à un public handicapé pour tester ses idées sur l’hortithérapie. « A l’époque, l’hortithérapie n’avait pas bon écho. On me reprochait de vouloir faire des jardins ouvriers ou de ne pas être médecin. »

En 2000, elle lance le Jardin de Tara, un nouveau projet où le jardin est un outil de médiation comme peuvent l’être l’art ou la musique. Le Jardin de Tara est aussi une plateforme de développement durable où elle forme à partir de 2002 des personnels qui ont une pratique dans leurs établissements. « Au départ, des animateurs et des éducateurs pratiquaient dans leur établissement, mais ce n’était pas évalué et c’était plus orienté vers la formation professionnelle, en CAT par exemple », constate Jocelyne. « On mélange toujours jardin thérapeutique et hortithérapie. Dans l’art thérapie, il ne s’agit pas de visiter des musées ou des expos. L’objectif est bien la pratique et l’art est un outil de médiation dont on se saisit. Avec l’hortithérapie, il s’agit aussi de pratique du jardinage en vue d’une thérapie. Pour moi, il faut avoir les deux casquettes : une formation en horticulture et une formation en sciences humaines. »

Un groupe au jardin

Un groupe au jardin

Après 7 ans, elle doit se résigner à fermer le Jardin de Tara qui accueillait des enfants en rééducation, des personnes âgées en maisons de retraite ou encore des polyhandicapés. C’est une question de rentabilité difficile à atteindre. Aujourd’hui Jocelyne propose toujours des formations à travers l’association Trace et Couleurs. La prochaine aura lieu dans quelques jours à Figeac dans le Lot et s’adresse aux animateurs, éducateurs, psychologues, psychothérapeutes, travailleurs sociaux pour les sensibiliser à l’hortithérapie sur une période de quatre jours, avec une seconde session d’approfondissement. Depuis 2006 et jusqu’à peu, elle intervenait également dans un programme de formation continue initié à l’université de Toulouse par Jean-Luc Sudres. Elle enseigne aussi à travers les Jardiniers de France, dans un but qui n’est pas thérapeutique, mais touche à l’environnement, à la culture biodynamique ou encore la permaculture.

Education sensorielle

Education sensorielle

Cela fait 15 ans que Jocelyne Escudero croit à l’hortithérapie et elle constate des évolutions, mais pas la reconnaissance espérée. « C’est une vague et tout le monde veut s’en saisir. On voit des gens qui mettent des formations sur Internet et qui n’ont aucun cursus en horticulture ou en psychologie », constate Jocelyne. « Je souhaiterais un véritable diplôme, sinon on ne sera pas pris au sérieux. En France, l’art thérapie n’est pas un diplôme d’état contrairement aux Etats-Unis, en Angleterre ou au Québec. » Elle fait remarquer que l’histoire entre le jardin et l’hôpital est lourde en France. « Les asiles étaient des fermes qui devaient vivre en autonomie. Il y avait des patients qui mourraient de faim dans ces asiles. » Elle déplore également qu’il n’y ait pas plus de partenariats avec les professionnels de l’horticulture. « Il faudrait qu’il y ait dans les lycées horticoles et agricoles une branche sur le jardin thérapeutique. Ils apprendraient à faire un cahier des charges pour un jardin thérapeutique. Je n’en connais pas. ». Il reste beaucoup à faire…

Symposium Jardins & Santé : l’incroyable exubérance de l’hortithérapie en France

Chose promise, chose due, mais le temps a été une denrée rare depuis deux semaines. Dans l’effervescence du lancement de California Dream 3D et des trois concerts de The Ruse organisés autour de la sortie, difficile de trouver un moment pour se poser. C’est bien la première fois depuis le lancement de ce blog que je loupe une semaine, mais les journées ne sont pas extensibles. A l’impossible, nul n’est tenu pour conclure ces excuses sur un autre proverbe.

Mais revenons sur le 3e symposium de l’association Jardins et Santé. Depuis 7 ans, cette association composée de « bénévoles, issus de milieux socioprofessionnels très divers, tous préoccupés par l’insuffisance qualitative de l’environnement hospitalier et médicosocial des personnes atteintes de handicaps cérébraux tels que la maladie d’Alzheimer, les différentes formes d’autisme, d’épilepsies ou de dépression, se mobilise pour contribuer à faire bouger les choses.” Grâce à l’organisation de visites de jardins privés, elle récolte des fonds qui permettent de financer la création de jardins à but thérapeutique et la recherche clinique en France. Et elle organise donc, tous les deux ans, un symposium. Ce 3e symposium avait pour thème « Les jardins à but thérapeutique en milieu hospitalier et médico-social / Pratiques actuelles, recherches et perspectives ». Monique Lemattre en était la présidente.

Je vais faire un résumé rapide des séances de plénière du premier jour et un rapide résumé des tables rondes du deuxième jour. Que les lecteurs de ce blog qui ont assisté au symposium et ont envie d’ajouter leurs impressions n’hésitent pas à s’exprimer dans les commentaires.

  • Biodiversité et santé. Un exposé de Serge Morand, directeur de recherche/Institut des Sciences et de l’Evolution, Université de Montpellier 2 dont on retient que, si la biodiversité est source de pathogènes, elle est aussi une assurance contre les infections. Dans un effort pour équilibrer biophobie et biophilie, comment pouvons-nous apprendre à vivre avec le non-humain et avec les humains qui ne sont pas comme nous ?
  • Des jardins à usage des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. John Zeisel, docteur en sociologie et architecte, dirige Hearthstone Alzheimer Care qui regroupe trois résidences à Boston et trois autres à New York. Pour lui, il ne fait pas de doute que le jardin fournit à ces patients de l’exercice, un contact avec les plantes et surtout des repères dans le temps et dans l’espace. D’où l’importance de créer des jardins qui offrent des repères (il cite les travaux de Kevin Lynch sur l’urbanisme et la neurologie) avec des hauteurs de clôture appropriées par exemple. S’il est possible d’évaluer un jardin, il est difficile de les comparer entre eux à cause de leurs différences. Pour évaluer, il faut trianguler des méthodes d’observations physiques, d’observations des comportements et des entretiens individuels. Notons aussi que John Zeisel enseigne dans le cadre d’un D.I.U commun à Paris 6 et 7 sur les approches non médicamenteuses de la démence. Il laisse son auditoire sur ce message. « Si on veut améliorer la vie de ces personnes, il faut approcher leur condition avec espoir. Si on les regarde avec espoir, il y a moins d’agitation. »
  • Place des jardins dans la thérapeutique institutionnelle et les activités ergothérapeutiques. Gilbert Ferrey est psychiatre des Hôpitaux honoraire à l’hôpital Simone Veil. Il s’interroge sur ce qu’on appelle thérapeutique. Selon lui, le mot fleurit un peu à tort et à travers avec ce sous-entendu que ces méthodes diverses (musique, chant, chien, balnéo,…) sont positives si elles font baisser la consommation de médicaments. Il rappelle aussi que l’enfermement institutionnel des malades a depuis le 19e siècle une volonté de soigner et d’apaiser dans la nature avec des asiles départementaux souvent installés dans des parcs, à l’air pur.
  • Le jardin « Art, mémoire et vie » du Centre Paul Spillmann de l’hôpital Saint-Julien à Nancy

    Le jardin « Art, mémoire et vie » du Centre Paul Spillmann à l’hôpital Saint-Julien de Nancy.

    Principes de conception méthodologique d’un projet de recherche appliquée à l’évaluation des bénéfices des jardins thérapeutiques. C’est Thérèse Rivasseau-Jonveaux, neuropsychiatre au Centre Paul Spillmann de l’hôpital Saint-Julien à Nancy qui présente. Elle raconte la genèse du jardin « Art, mémoire et vie » qui a commencé en 2007 avec une revue bibliographique, une enquête, un bilan des espaces verts par un groupe pilote bientôt élargi pour représenter tous les groupes de personnel. Parmi les bénéfices mesurables en analysant la satisfaction des différents groupes et l’effet sur les symptômes, elle cite aussi l’ouverture de l’hôpital vers l’extérieur grâce à des activités artistiques qui ont lieu dans le jardin. Le docteur Rivasseau-Jonveaux mentionne que le jardin est éclairé jusqu’à 21h00. Les patients qui ne trouvent pas le sommeil peuvent s’y promener avec un accompagnant au lieu de prendre un somnifère.

  • Techniques de thérapie horticole et méthodes d’évaluation pour les personnes souffrant de maladies neuro-dégénératives. Rebecca Haller, directrice de l’institut de formation Horticulture Therapy Institute à Denver, présente les symptômes des maladies de Lou Gehrig, de Huntington et de Parkinson en comparant les problèmes physiques et comportementaux communs à ces maladies. Parmi les difficultés pour ces patients, le travail à hauteur du sol, la fatigue, la motricité, la régularité des mouvements. Mais des adaptations sont toujours possibles : platebandes surélevées, le jardinage assis ou dans des bacs mobiles, des outils adaptés qui demandent moins de force. Elle insiste sur le besoin de préserver l’autonomie des participants qu’il faut accompagner sans faire à leur place. En termes d’évaluation, elle suggère une évaluation avant/après, des notes de séances et différents tests (inventaire de dépression de Beck, inventaire d’anxiété état-trait de Spielberger,…).

    Adaptation et assistance en préservant l'autonomie.

    Adaptation et assistance en préservant l’autonomie.

  • Se former en hortithérapie : et après? Jean-Luc Sudres, professeur de psychologie et de psychopathologie clinique à l’université de Toulouse Le Mirail, a mis un coup de pied dans la fourmilière. Il a posé des questions très pertinentes sur les modalités de la formation à l’hortithérapie, questions qui interrogent aussi sur les objectifs de la pratique. Une formation de quelle durée, massée ou étalée dans le temps, connaissance déclarative uniquement, avec ou sans stage, avec quels contenus, en se formant à toutes les pathologies? Est-ce un certificat ou une accréditation? S’il s’agit d’une nouvelle discipline carrefour et pluridisciplinaire, comme les psychomotriciens, faut-il un ou plusieurs diplômes universitaires? Beaucoup de questions qui ont laissé certains vaguement assommés devant l’ampleur de la tâche. A savoir que Jean-Luc Sudres est à l’origine d’une formation continue en hortithérapie dispensée à l’université de Toulouse Le Mirail.
  • Place des jardins dans la thérapeutique. Gilles Vexlard, paysagiste DPLG et professeur de projet à l’Ecole Nationale Supérieure du Paysage de Versailles, a fait un éloquent plaidoyer plein de bon sens pour le médecin-jardinier et pour « garder intact le plaisir des sens, du contact avec les autres ». A ses yeux, ce n’est pas le terrain qui manque, mais plutôt l’envie et l’état d’esprit. Il déplore « le coût exorbitant du m2 pour les bâtiments comparé au budget minable pour l’extérieur » dans la construction médicale. La conclusion est revenue à Vincent Furnelle, philosophe et professeur à l’Ecole du Paysage à Gembloux en Belgique. Une intervention lyrique impossible à résumer en quelques mots.

Le lendemain, les 170 participants (à la louche) se retrouvaient, non plus à Saint-Anne comme le premier jour, mais au FIAP Jean Monnet, centre de rencontres et d’échanges par excellence imaginé dans l’après-guerre. Les tables rondes de la seconde journée avaient quatre thèmes :

  • Expériences en gérontologie : un jardin dans un EHPAD de Biarritz, le jardin intergénérationnel entre des résidents du service de gérontologie de l’hôpital Louis Mourier et des enfants d’une maternelle voisine à Colombes, une expérience de conception, création et animation d’un jardin à but thérapeutique en PASA (Pôle d’Activités et de Soins Adaptés), les conclusions d’une étude de la Fondation Médéric Alzheimer recensant les jardins aménagés au sein des structures d’hébergement et accueils de jour (l’étude sera bientôt disponible au public et j’y reviendrai plus en détails).
  • Expériences dans d’autres champs d’application : une terrasse verte à l’usage des patients, des familles et du personnel du service de neuro-réhabilitation d’un hôpital de Perugia en Italie, une présentation des ateliers nature culture de Martine Brulé, le film « Natures » du docteur Granier du CHU de Toulouse qui raconte l’ouverture sur le milieu naturel du service d’art-thérapie,…
  • Formation : la formation professionnelle pour les thérapeutes horticoles aux Etats-Unis (je reviendrai plus en détails sur la présentation de Rebecca Haller dans les semaines à venir), l’implantation d’un jardin dans un hôpital de Genève comme outil d’éducation thérapeutique du patient (traitement de l’obésité), un bilan de la formation au CHU de Nancy suite aux demandes des personnels après l’installation du jardin « Art, mémoire et vie », les questionnements d’une équipe en EHPAD sur les besoins en formation à l’heure où un jardin à but thérapeutique est en développement,…
  • Pratiques innovantes/évaluations : la mise en pratique d’une grille d’évaluation sur les jardins à visée thérapeutique au CHU de Nancy, les apports des principes de Lynch (« L’Image de la cité ») appliqués à l’orientation spatiale dans la conception de jardins thérapeutiques dans la maladie d’Alzheimer, éléments pour un programme d’hortithérapie et protocole d’évaluation en soins palliatifs, enfin l’usage de l’agriculture dans le social sur la base de deux études de cas en Belgique et au Japon.

Si vous êtes arrivés jusque là, vous savez à peu près tout de ce qui s’est dit au 3e symposium de Jardins & Santé. Au moins dans les grandes lignes, car il est bien difficile de rendre compte de tous les échanges pendant les tables rondes ou les déjeuners, des petites conversations volées en faisant la queue à la cafétéria ou en partageant un métro à la fin de la journée…J’en ressors avec l’impression que l’hortithérapie est sur la bonne voie, sur les bonnes voies ( ?), même si la question de la formation reste toujours au premier plan des préoccupations. Ca bouge beaucoup plus en France que je ne les soupçonnais avant de remettre les pieds sur le vieux continent. Beaucoup de gens sont actifs et utilisent le jardin pour aider leurs patients à aller mieux. Certes, la discipline a besoin de reconnaissance pour mieux exister et être encore plus utile. Mais tant que des soignants et des soignés pourront se retrouver au jardin et en ressentir les bienfaits quantifiables ou non, tous les espoirs sont permis.