Les Jardins de Baie de Somme ouverts à tous

Saint Valéry 1Déjà évoqués lors d’une présentation de Michel Racine et Béatrice Saurel à Port-Royal des Champs en juin 2014, les Jardins de la Baie de Somme comprennent depuis 20 ans un Herbarium et depuis peu un Fruticetum, décrit par ses deux concepteurs comme un jardin pédagogique de soin et de bien-être. Le 25 septembre, on était d’ailleurs invité à participer à la première récolte dans le Fruticetum (un jardin botanique spécialisé dans la présentation d’arbustes).

D’abord, l’Herbarium classé jardin remarquable depuis 2004. Entouré de murs de silex et de galets, il surplombe les remparts médiévaux de Saint-Valery-sur-Somme. Nicole Quilliot est sa créatrice. Quand je l’appelle, elle est justement en train de ramasser des pommes dans le jardin. « L’Herbarium est composé de terrasses sur les remparts, il est impossible d’accès pour les personnes à mobilité réduite. » Décrit comme « un formidable fouillis « ordonné », rassemblant d’anciennes plantes moyenâgeuse », il accueille aussi bien les habitants que les visiteurs de passage qui aiment compléter la visite par une promenade dans les rues fleuries de la ville dont la même association s’occupe depuis 30 ans. L’Herbarium, les rues fleuries et le nouveau Fruticetum forment ensemble les Jardins de la Baie de Somme.

L'hôpital voisin a les clés du jardin.

L’hôpital voisin a les clés du jardin.

Quant au Fruticetum, il a été inauguré cette année. « Le Fruticetum a été conçu pour les fauteuils roulants au pied des remparts. L’hôpital qui est à 150 mètres et abrite une maison de retraite a reçu la clé. Ils viennent quand ils veulent. Pour l’instant, c’est le jeudi car il faut des accompagnants pour pousser les fauteuils. Il y a aussi des tables de travail s’ils veulent remporter, par exemple. Nous allons faire des manifestations intergénérationnelles », explique encore Nicole Quilliot. Interprétation contemporaine des jardins du Moyen-Age et de l’histoire de la ville, le Fruticetum est semé d’accents bleus. « Dessins et formes du jardin sont structurés par la couleur bleue, en référence à la guède ou waide, plante tinctoriale qui fit la richesse des waidiers picards au XIIème et XIIIème siècles. Le bleu des rois, bleu de Marie fut très répandu dans l’architecture de prestige », expliquent les créateurs. « Marqué au sol par des traits de céramique bleus, le damier – évocation du jeu de dame – est planté de pommiers et poiriers palissés. » De plus le plessis de cordage qui ferme l’espace est une évocation du passé du port et de sa corderie.

On rentre au Fruticetum par l’Herbarium rue Brandt dans la veille ville. Pour ceux qui ne peuvent pas se déplacer à Saint-Valéry-sur-Somme, le site offre une belle promenade aérienne des deux jardins.

A découvrir aussi, ce reportage sur France 3.

En Angleterre, Thrive jardine depuis près de 40 ans

Le jardin de Beech Hill à Reading

Le jardin de Beech Hill à Reading

Après les Etats-Unis, l’Ecosse, la Belgique, le Canada et le Japon, il est grand temps d’aller faire un tour en Angleterre où Thrive est LA référence du « social and therapeutic horticulture ». Voici la définition qu’en donne Thrive : « C’est le processus d’utiliser les plantes et les jardins pour améliorer la santé physique et mentale ainsi que les compétences de communication et de raisonnement. Cette thérapie utilise le jardin comme un lieu sûr et sécurisé pour développer la capacité à se mélanger socialement, à se faire des amis et à apprendre des compétences pratiques qui aident à devenir plus indépendant. A travers des tâches de jardinage et le jardin lui-même, les thérapeutes horticoles de Thrive construisent des modules d’activités pour que chaque jardinier améliore ses besoins physiques spécifiques et travaille sur des buts qu’il veut atteindre. »

Chris Underhill est à l'origine de Thrive.

Chris Underhill est à l’origine de Thrive.

A partir de 1978 sous le nom de Society for Horticultural Therapy and Rural Training et depuis 1998 sous le nouveau nom de Thrive, l’association « utilise le jardinage pour apporter des changements positifs dans la vie de gens qui vivent avec des handicaps ou une mauvaise santé, sont isolés, défavorisés ou vulnérables. » Les deux initiateurs du mouvement sont Chris Underhill, un horticulteur qui avait travaillé avec des personnes atteintes de troubles de l’apprentissage, et le pédiatre Geoffrey Udall qui a été le bienfaiteur de l’association notamment grâce au don de sa propriété près de Reading.

L’association propose quatre programmes à Reading, Londres, Birmingham et Gateshead. A Reading, qui sert également de siège à Thrive, une centaine de personnes entre les âges de 14 et 70 ans fréquente le jardin. Ces personnes souffrent de troubles de l’apprentissage, de problèmes de santé mentale dont des démences, de problèmes physiques ou sensoriels (malvoyants et malentendants). Certains acquièrent des compétences qui les mènent à travailler dans l’horticulture. Plus récemment cinq nouveaux jardins ont été conçus pour répondre aux besoins spécifiques des jardiniers : des survivants d’AVC ou de problèmes cardiaques, des patients souffrant de dépression ou de démence, des malvoyants, des personnes âgées et des enfants handicapés. Visitez Trunkwell ici.

A Londres, Thrive dispose de trois jardins dans Battersea Park pour accueillir 200 Londoniens : le Main Garden vient de s’agrandir sous le patronage d’une membre de la famille royale, le Herb Garden a repris un espace à l’abandon pour y faire pousser des plantes culinaires, médicinales et thérapeutiques et enfin le Old English Garden a été redessiné en 2012 par la paysagiste Sarah Price et est entretenu par les « clients » de Thrive.

Thrive Birmingham travaille avec d’anciens soldats à travers Down to Earth, un projet financé par la Royal British Legion pour les aider à se reconvertir dans l’horticulture. Thrive Gateshead travaille également avec des vétérans, mais aussi des survivants d’AVC et des patients atteints de démence. Dans une émouvante galerie de portraits, Thrive explique comment le jardin a aidé plusieurs participants, schizophrènes, aveugles ou cérébro-lésés.

Une vue du jardin de Trunkwell

Une vue du jardin de Trunkwell

L’association a également choisi de s’investir dans la formation à plusieurs niveaux. Elle propose des formations aussi bien pour les débutants avec son Step into social and therapeutic horticulture (une journée) que pour ceux qui pratiquent déjà le jardinage thérapeutique (par exemple, un cours sur la mesure des bénéfices ou encore le jardinage pour les professionnels de santé ou bien dans les écoles). Par ailleurs Thrive s’est associé à plusieurs universités pour des diplômes : un « Award in Social and Therapeutic Horticulture » avec Coventry University (8 semaines) et un « Professional Development Diploma in Social and Therapeutic Horticulture » avec Coventry University et Pershore College (étalé sur une année). Par ailleurs, Thrive offre des formations intra établissement et des services de conseils. Mais l’association met aussi ses connaissances librement à la disposition du grand public à travers son site Carry on gardening. Avec l’existence de Thrive, l’Angleterre est de loin le pays européen le mieux organisé et le plus ancien dans la pratique du jardinage à but thérapeutique.

Le 21 septembre, n’oubliez pas Alzheimer

« En France, plus de 850 000 personnes sont atteintes de la maladie d’Alzheimer. Elles seront plus de 2 millions en 2040. » Fondation Médéric Alzheimer

La Fondation Médéric Alzheimer est un acteur incontournable dans la promotion de la recherche en sciences humaines et dans l’innovation de terrain pour le bien-être des personnes atteintes d’Alzheimer, de leurs soignants et de leurs proches. Le jeudi 17 septembre, elle organisait une journée de son réseau dédié à la recherche, Social Sciences for Dementia, qui compte plus de 250 membres venus de la psychologie, sociologie, économie, droit, philosophie, mais aussi des ergothérapeutes, orthophonistes, psychomotriciens, musicothérapeutes, chercheurs en gérontologie, en santé publique, en travail social, en sciences infirmières.

Le constat est simple : il n’existe pas de traitement thérapeutique à court et moyen terme, mais les sciences humaines et sociales peuvent apporter des solutions maintenant. Il faut donc encourager la recherche dans ce domaine pour améliorer l’accompagnement. Le message principal que je retire de cette journée est le suivant : au lieu de se focaliser sur les déficiences et les difficultés des malades, pourquoi ne pas chercher à voir leur potentiel qui est bien réel? Un grand moment de la journée a été le témoignage de James McKillop, un Ecossais atteint depuis 14 ans d’une démence vasculaire et membre fondateur du Scottish Dementia Working Group. Il a parlé au nom des malades et milite pour que leur voix soit entendue par les chercheurs. Quant à la Fondation Médéric Alzheimer, elle place son action dans le respect de la dignité et des droits de l’homme.

En passant, c’est l’occasion de rappeler le rapport de la Fondation Médéric Alzheimer intitulé  « Jardins, espaces de vie au service du bien-être » publié en 2013. L’occasion aussi de rappeler l’engagement de la Fondation Truffaut auprès des jardiniers des maisons accueillant des personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer. Elle dresse dans ce dossier un bilan de son action, avec la liste des établissements aidés et des témoignages de différents soignants.

En conclusion, je vous laisse découvrir le film Hier, la dernière étape de Christophe Ramage avec la voix de Patrick Timsit. Dans ce film, ce réalisateur dont plusieurs documentaires traite de ce sujet essaie de donner à sentir ce que peut peut-être ressentir une personne atteinte d’Alzheimer.

Les jardins en maisons de retraite en prime time

Grâce à un SMS de la com de Terramie et un partage Facebook d’Anne Babin, on n’a pas loupé les jardins thérapeutiques dans le JT de 20 heures de TF1 du 8 septembre. Reportage dans la maison de retraite La Charmille à Saint-Quirin en Moselle où l’on voit les résidents, les soignants et des écoliers en visite s’en donner à cœur joie dans le vaste jardin. Pour des bienfaits physiques et psychologiques qui sont déclinés par les uns et les autres. A part une brève apparition du logo Terramie sur un tablier, on n’en saura pas plus sur les créateurs du jardin. Pour en savoir plus sur eux, je vous renvoie à cet article publié dans le Lien Horticole en février 2014. Quoiqu’il en soit, cela fait plaisir de voir les jardins de soin à l’honneur en prime time.

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Cultiver son jardin…au bureau

Capture d’écran 2015-09-02 à 11.45.51En cette période de rentrée, pensons à tous ceux qui retournent s’enfermer dans des bureaux. Des études montrent qu’un peu de verdure peut leur faire le plus grand bien. Cet article du Telegraph rapporte plusieurs expériences qui amènent de l’eau à notre moulin. Dans une première étude menée en Angleterre, des consultants qui avaient une vue directe sur au moins deux plantes affirmaient qu’ils parvenaient mieux à se concentrer et étaient plus productifs que des collègues qui ne voyaient pas de plante. Une autre étude avec des conseillers en assurance aux Pays-Bas a également montré que les employés qui pouvaient voir une plante rapportaient un niveau de concentration et une satisfaction au travail plus élevés.

Les bureaux de GitHub, un éditeur de logiciels, à San Francisco.

Les bureaux de GitHub, un éditeur de logiciels, à San Francisco.

Pas étonnant au regard de cette revue de la littérature publiée dans Psychology Today il y a quelques années déjà (on aurait pu souhaiter que les études auxquelles l’auteur fait allusion soient mieux référencées). C’est ce que fait cet article dans Work Design magazine même s’il commence à dater un peu lui aussi. Au risque de penser que seuls les Anglo-saxons se soucient de cette question, cet article du Nouvel Obs rétablit l’équilibre.

Sortons maintenant du bureau pour aller nous promener en ville. Cet article du New Yorker rapporte les résultats d’une étude qui fait suite aux travaux de Roger Ulrich. En comparant deux groupes de données – d’un côté la distribution des espaces verts dans la ville de Toronto et de l’autre la santé de 94 000 résidents interrogés, cette étude a découvert que plus il y avait d’arbres plus les résidents se sentaient en bonne santé. Très précisément, 10 arbres supplémentaires équivalaient à une augmentation d’1% dans l’impression des résidents d’être en bonne santé! L’article cite une autre étude menée suite à une maladie qui tue des millions d’arbres en Amérique du Nord depuis quelques années. Cette étude montre que entre 1990 et 2007, « les décès suite à des maladies cardiovasculaires et respiratoires avaient augmenté dans les endroits où les arbres avaient succombé à cette peste, contribuant à plus de 20 000 morts supplémentaires sur la période étudiée. » La conclusion semble claire : plantez des arbres dans les villes et installez des plantes dans les bureaux!