The Nature Cure : l’écothérapie se développe aux Etats-Unis

 

Cet article dans le magazine américain The Atlantic ne parle pas d’hortithérapie, mais plutôt d’écothérapie. Il cite J. Phoenix Smith, une écothérapeute californienne convaincue que la terre peut enrayer la dépression et que des exercices dans la nature peuvent améliorer la santé mentale et physique. L’auteur, journaliste et docteur en médecine, est plutôt sceptique au début. Il rencontre également Craig Chalquist qui ensNature Cureeigne dans le département de psychology Est-Ouest au California Institute of Integral Studies et un pédiatre de Washington, DC qui prescrit du temps dans la nature à ses jeunes patients. Il en conclut que le plus grand bienfait de la nature est peut-être de nous donner un but, de développer nos liens et de nous amener à vouloir préserver la nature.

Le Jardin des Mélisses du CHU de Saint-Etienne fédère les soignants

Aujourd’hui, je laisse avec grand plaisir la parole à Romain Pommier, interne en psychiatrie au CHU de Saint-Etienne, qui nous raconte la genèse du Jardin des Mélisses quelques semaines après son inauguration officielle. Que de chemin parcouru depuis le premier email de Romain reçu en juin 2014. « Depuis quelque temps germe en moi l’idée de mêler mon activité soignante et la pratique de la culture des plantes. J’ai commencé à évoquer autour de moi l’idée, et je trouve beaucoup d’oreilles attentives ! », écrivait alors ce jeune médecin qui avait commencé par se présenter comme un petit-fils de maraicher. Avec un enthousiasme contagieux, il a fédéré toute une équipe et son projet est devenu réalité. Cet été, les premiers patients ont profité du Jardin des Mélisses.

 

L'équipe

L’équipe

Le Jardin des Mélisses est un projet de soin conçu sur un mode participatif. Il a mobilisé des soignants des 4 secteurs de psychiatrie adultes présents au voisinage d’un grand parc de 3000 m2. Toutes les énergies et les compétences étaient déjà là, il a suffi de la rencontre d’un infirmier et jardinier Bertrand Ollier, et de Romain Pommier, interne en psychiatrie, pour qu’il démarre. Il a ensuite été soutenu par l’ensemble du Personnel des services de psychiatrie de l’hôpital.

Il a pu voir le jour grâce à la générosité de nombreuses personnes qui ont cru dans cette idée et aux compétences de toux ceux qui s’y sont investis, avec une mention spéciale pour l’équipe des Jardiniers qui n’ont pas ménagé leurs efforts. La direction du CHU n’a pas hésité un seul instant à soutenir ce projet innovant impulsé par les équipes soignantes, sachant entendre et faire fructifier les attentes. C’est donc un groupe de 20 personnes (infirmiers, cadres de santé, internes, médecins, ergothérapeute) qui ont créé l’espace dans un premier temps et qui ont pensé le projet de soin.

Des massifs aux couleurs vives.

Des massifs aux couleurs vives.

L’objectif principal vise à enrichir les soins d’une nouvelle activité thérapeutique. Il s’agit ainsi de favoriser l’amorce de nos patients dans le processus de rétablissement. Se reconnecter au monde vivant par le jardin qui favorise l’apaisement et les émotions positives. S’ouvrir au monde et à la relation aux autres, jusqu’à retrouver la capacité d’agir pour lutter contre la maladie mentale.

Des massifs aux couleurs apaisantes.

Des massifs aux couleurs apaisantes.

Grâce à ce nouveau dispositif, un groupe de 6 patients, animé par 2 infirmiers de services différents est accueilli sur indication médicale pour des activités thérapeutiques à médiation deux fois par semaine, pendant 1 mois, et ceci toute l’année. Il bénéficie aussi largement au personnel qui trouve ainsi un apaisement et un lieu idéal de partage de leur pratique.

 

Ce jardin propose aussi d’améliorer l’accueil des familles afin de rendre moins pénible cette difficile étape de leur parcours de vie. C’était aussi l’occasion de participer au développement en France d’une pratique innovante, qui allie humanité du soin et évaluation scientifique. L’accompagnement professionnel du Dr France Pringuey qui avait déjà réalisé le Jardin de l’Armillaire au CHU de Nice a permis sa concrétisation.

Que Mr Francis Hallé, grand défenseur de l’arbre et de sa place dans nos vies, ait accepté de parrainer l’association qui porte le projet est un gage important de l’authenticité  et de la qualité de la démarche. L’inauguration du Jardin s’est déroulée le 30 Septembre 2015 sous un soleil radieux en présence d’un nombre très important de soignants et de partenaires ayant participé au projet.

Romain Pommier au jardin.

Romain Pommier au jardin.

Ils confirment tous que ce Jardin n’est pas celui de quelques-uns, il est celui de tous ceux qui veulent croire que nous pouvons faire beaucoup ensemble, les uns avec les autres. Le Jardin des Mélisses n’est pas un jardin clos. Il est le trait d’union avec les autres espaces verts et citoyens de Saint-Etienne. Et c’est dans cette direction que ses branches se déploient.

Aujourd’hui ce n’est qu’un début…L’aménagement du cœur du jardin et les résultats bénéfiques déjà observés pendant les mois d’été doivent nous encourager à poursuivre les efforts car le projet de soins n’exprimera son plein potentiel que LORSQUE l’ENSEMBLE DU PARC SERA AMENAGE. Les hommes et les femmes sont prêts, les plans le sont aussi. Mais il manque des moyens matériels et financiers.

L’Association du Jardin des Mélisses qui supporte le projet est aujourd’hui reconnue d’intérêt général. Déjà largement soutenue par de nombreux adhérents, elle appelle à la générosité d’autres mécènes. Le fond de dotation du CHU permet aussi de recueillir des dons pour le projet.

 

Bertrand Ollier, infirmier et jardinier, a porté le projet avec Romain Pommier.

Bertrand Ollier, infirmier et jardinier, a porté le projet avec Romain Pommier.

 

Le plan final du Jardin des Mélisses

Le plan final du Jardin des Mélisses, signé France Pringuey.

Couleurs stimulantes

De l’Oregon à la Suisse, des jardins qui soignent

Roger Ulrich

Roger Ulrich

Ces jours-ci, l’American Horticultural Therapy Association se réunissait pour sa conférence annuelle à Portland dans l’Oregon. Avec Roger Ulrich comme keynote speaker, la rock star de la recherche sur les effets de la nature sur les malades. Il aura sans doute donné plus d’éléments sur une étude qu’il a menée dans le jardin de l’hôpital Legacy Health à Portland, « A Nature Place: Quantifying Benefits of a Healing Garden among Hospital Populations ». L’étude cherche à mesurer les effets du jardin à Legacy Health sur trois populations : une étude sur des mères et leurs bébés (on mesure le niveau de stress et le rythme cardiaque des mères et des bébés pendant l’accouchement), une étude sur les familles de patients en soins intensifs et enfin une dernière étude sur les infirmières. On attend avec impatience les résultats…

Michael Schumacher : récupérer d’un coma dans un jardin 

Le jardin de 300 m2 ouvert il y a un an au CHUV à Lausanne.

Le jardin de 300 m2 ouvert il y a un an au CHUV à Lausanne.

En attendant, je vous invite à découvrir cette expérience de jardin au CHUV (Centre hospitalier universitaire vaudois) à Lausanne avec des patients sortant du coma. C’est le journal Le Temps qui rapporte l’expérience dans un article daté de septembre dernier. « Cette structure unique en son genre dans un hôpital universitaire suisse, qui a fêté sa première année d’existence à la fin août, montre des résultats très positifs. Le contact de la nature, la stimulation olfactive des plantes aromatiques, le bruit de l’eau qui clapote dans une fontaine, ou encore le souffle du vent sur un visage offrent de nouvelles possibilités de stimulation du patient. Celui-ci devient alors capable d’effectuer un mouvement qu’il n’était pas forcément en mesure d’exécuter au sein de sa chambre d’hôpital, faute de motivation suffisante », écrit la journaliste. L’article est largement basé sur une interview avec Karin Diserens, médecin adjointe au sein du service de neurologie et responsable de l’Unité de neuro-rééducation aiguë du CHUV. Parmi les patients de Karin Discernes, l’ancien champion de Formule 1 Michael Schumacher suivi au CHUV suite à un accident de ski.

En Suisse, signalons aussi le projet d’Amanda Juillon à l’hôpital universitaire de Genève qui s’adressait plus particulièrement aux patients obèses. Cette expérience en éducation du patient qui a duré deux ans a donné lieu à une publication scientifique en 2012.