Les Madeleines Enracinées : un potager pour soigner les rapports compliqués avec la nutrition, soi et les autres

Depuis 2008, l’association ENDAT (Education Nutritionnelle des Diabétiques et Aide aux Troubles du comportement alimentaire) accueille des personnes qui souffrent de troubles du comportement alimentaire, mais aussi de diabète, d’obésité ou de surpoids. Pour expliquer les troubles du comportement alimentaire (TCA) qui regroupent l’anorexie, la boulimie et l’hyperphagie, ENDAT et ses partenaires ont réalisé une série de vidéos, dont celle-ci qui décrit les symptômes. On peut aussi en apprendre plus sur les TCA sur ce site.

L’association propose un accompagnement individualisé et pluridisciplinaire avec des médecins, des psychologues, des nutritionnistes, des diététiciens, des psychomotriciens notamment en misant sur l’éducation thérapeutique du patient (ETP). Comme l’explique ENDAT, ces maladies « sont à l’origine de grandes souffrances et d’isolement social. La prise en charge proposée est intégrative comprenant un suivi : nutritionnel, psychologique, artistique, corporel et social. Cette approche aide nos patient(e)s à mieux connaître leur maladie pour retrouver autonomie et qualité de vie. Ils deviennent acteur et non spectateur dans ce processus de guérison. »

Le jardin thérapeutique pour « augmenter le calme intérieur »

Parmi les différents ateliers proposés, la danse, le chant, la sculpture, le dessin et depuis longtemps le jardin. Ce fut d’abord une minuscule parcelle dans un jardin partagé dans le quartierDenfert Rochereauà Paris. ENDAT n’hésite d’ailleurs pas à parler de jardin thérapeutique dont l’association définit l’intérêt ainsi : « atelier permettant aux patient(e)s d’ENDAT d’augmenter leur bien-être et leur confiance, de produire une alimentation saine et durable, de sensibiliser à des modes de productions durables en accord avec la biodiversité. Cet atelier s’ancre dans cette nouvelle discipline qu’est l’Eco-psychologie. Nos patient(e)s viennent s’y relaxer au contact de la terre et des plantes potagères, cultiver fruits et légumes, faire du compost, cuisiner et déguster les récoltes et observer la biodiversité. » ENDAT décrit la philosophie des Madeleines Enracinées icidans un texte plein de sens et de profondeur.

Les Madeleines Enracinées s’installent à Nanterre

Equipe soleil

L’équipe des Madeleines Enracinées : Pauline Rousseau, Bastien Breul, Cyprien Hedde, Banane-Amour Salsa Laine and Anaïs Darenes.

C’est Pauline Rousseau qui a donné une nouvelle envergure à ce jardin en lui trouvant à partir de 2016 un nouveau lieu, le Château de Nanterre. Le lien était tout naturel : en plus d’être un laboratoire de l’innovation sociale et de la transition alimentaire en Ile-de-France, ce lieu à deux pas de la gare Nanterre-Ville sur le RER A possédait un immense espace prêt à accueillir un potager, un poulailler, une cabane de jardin. Tout un univers.

Revenons un instant à Pauline. Historienne et géographe de formation (Master BIOTERRE de Paris 1), elle rêvait de sauver la planète et a commencé par mettre des gares SNCF en conformité avec les normes environnementales, avant de se tourner vers l’agroforesterie avec l’association AFAF dans le Gers à travers des projets de lutte contre l’érosion. « Quand on s’intéresse à l’écologie, on s’intéresse aussi à ce qu’on mange », explique-t-elle. C’est grâce à sa famille qu’elle rencontre ENDAT. Après avoir repris l’atelier jardin, elle se met en quête d’un endroit plus grand et trouve le Château de Nanterre. « Je voulais environ 1 000 m2 pour pouvoir produire tout en restant un jardin. Au final, nous avons 850 m2 mis à disposition en échange de l’entretien », se réjouit-elle.

Financements, bénévoles et récoltes

pergola constructions

La BNP Paribas Cardif et Unis-Cité Ile de France (accompagnement de jeunes en service civique) ont aidé à construire la pergola.

« Pour l’étude de faisabilité, nous avons eu un financement de Hauts de Seine Initiative qui est membre de France Active », explique Pauline. « A cause de la pollution des sols, nous avons installé un géotextile et ramené de la terre agricole d’ailleurs en Ile-de-France. Nous avons aussi voulu impliquer les patientes. Notre objectif était de créer une ambiance rassurante et englobante pour donner confiance. » Depuis, le chantier a beaucoup avancé, avec l’aide de nombreux bénévoles d’entreprises partenaires pour la construction de pergolas, du poulailler, d’une cabane de jardin. « A l’été 2017, notre production était toute petite », se souvient Pauline. Un jardin urbain en permaculture ne se fait pas en un jour.

Les jardiniers viennent par choix, le jardin fait partie des parcours possibles. « Certaines veulent produire et rapporter les légumes et les plantes aromatiques du jardin chez elles. La plupart ne cuisinent pas habituellement et certaines ont du mal à toucher les légumes au début. » En mai 2018, Pauline a suivi la formation au jardinage thérapeutique offerte par Anne Ribes et ses partenaires à Maule (78). Aujourd’hui, les projets foisonnent avec l’aide de deux personnes en service civique : une serre, un biodôme pour continuer les ateliers en hiver sont en construction.

Un nouveau programme, ouvert vers le grand public, est également en place : il y a les mardis salsifis et les mardis attention à la mâche, puis les 48h de l’agriculture urbaine et le festival Ecozone. Pour se renseigner et suivre les activités des Madeleines Enracinées, on peut s’abonner à leur page Facebook. A venir aussi les vend’radis culturels, une proposition d’activités autour du spectacle au jardin. Si vous êtes en région parisienne, n’hésitez pas à aller leur rendre visite.