A propos isabelleboucq

Anciennement journaliste professionnelle et aujourd'hui psychologue clinicienne, j'ai découvert l'hortithérapie alors que je vivais aux Etats-Unis au début des années 2010. Ce blog en français a envie d'inspirer tous ceux qui s'intéressent à cette discipline dont le coeur est d'utiliser le jardinage comme outil thérapeutique. A l'aide d'exemples, d'interviews, d'études de cas.

En Ouganda, un chercheur s’intéresse aux effets bénéfiques du jardinage

Dans une étude menée auprès d’aidants, Herbert Ainamani et ses collaborateurs posent le contexte : « Des données provenant de pays à revenus élevés suggèrent que le jardinage est associé à une réduction de la dépression, de l’anxiété et du stress. Les avantages du jardinage sont moins bien compris par les praticiens de la santé mentale et les chercheurs des pays à faibles et moyens revenus. » Ils se sont donc attelés à la tâche de mieux comprendre les bienfaits du jardinage en Ouganda.

Herbert Ainamani, Maître de conférences – Psychologie clinique
École de médecine de l’université de Kabale (KABSOM) en Ouganda
Département de santé mentale

C’est à travers le prisme de la maladie d’Alzheimer, une question également peu étudiée jusque là dans cette région du monde, qu’ils ont abordé la question. « L’idée même de la maladie d’Alzheimer est nouvelle en Afrique et dans les pays en développement. En 2018, j’ai reçu un financement des NIH pour étudier la démence et le fardeau des aidants familiaux », m’explique Herbert Ainamani pendant une conversation en visio. Deux études viennent éclairer cette question, l’une qualitative et l’autre quantitative. Elles concluent que « les aidants familiaux des personnes atteintes de démence dans les zones rurales de l’Ouganda sont très sollicités, ce qui est associé à des symptômes de dépression et d’anxiété. Les interventions visant à réduire cette charge peuvent avoir d’importants effets bénéfiques sur la santé mentale. »

Suite à ces deux études, le chercheur en psychologie au Département de Santé Mentale de l’Ecole de Médecine de l’Université de Kabale, reçoit un coup de fil d’IMMANA (The Innovative Methods and Metrics for Agriculture and Nutrition Actions). Ce programme s’est donné pour objectif le développement d’une solide base de données scientifiques nécessaires pour guider les changements dans les systèmes agricoles et alimentaires mondiaux afin de nourrir la population mondiale d’une manière à la fois saine et durable.

« IMMANA cherchait quelqu’un qui avait déjà des données comme celles de mes études précédentes. En jouant sur nos données avec les outils statistiques, nous avons vu qu’il y avait bien une relation entre le jardinage, la dépression et l’anxiété », s’émerveille Herbert Ainamani. « J’ai commencé à réaliser qu’il y avait toute une littérature sur le jardin et les espaces verts en relation à la santé mentale, mais rien en Afrique. J’aime la nature et je me suis passionné pour le sujet. » Mais le mentor du chercheur ne se satisfait pas de ces données « recyclées » qui n’avaient pas été collectées dans cette intention. Il faut une nouvelle étude.

Activités de jardinage et amélioration de la santé mentale chez les aidants familiaux

« J’ai écrit une proposition d’étude pour obtenir un financement d’IMMANA. Nous avons pu collecter de nouvelles données pour étudier la relation entre activités jardinage et amélioration de la santé mentale chez les aidants familiaux de personnes atteintes de démence dans les zones rurales de l’Ouganda, spécifiquement dans les districts de Rukiga et Rubanda dans le sud ouest du pays. »

L’hypothèse ? « Nous avons émis l’hypothèse que les aidants familiaux qui participent activement au jardinage présenteraient moins de symptômes de dépression, d’anxiété et de stress que les aidants familiaux qui ne participent pas au jardinage. »

Pour la méthode, « Dans le cadre d’une étude transversale, nous avons interrogé 242 aidants familiaux de personnes atteintes de démence afin de connaître leurs activités de jardinage, leurs symptômes de dépression, d’anxiété et de stress (Depression Anxiety Stress Scales) et le fardeau de la prise en charge (Zarit Burden Interview).  Sur les 242 participants, 131 (54%) aidants familiaux pratiquaient le jardinage. »

Et la conclusion ? « la participation des aidants à des activités de jardinage a été associée à une moindre gravité des symptômes de dépression, d’anxiété et de stress. S’ils sont reproduits, nos travaux suggèrent une intervention potentielle susceptible d’être à la fois culturellement acceptable et potentiellement efficace pour améliorer le bien-être mental de cette population à haut risque. »

Le district de Rukiga où Herbert Ainamani a mené une partie de son étude

Jardinage de subsistance vs. jardinage de loisirs

Les chercheurs pointent une limitation. « Nous notons que le contexte culturel de la présente étude diffère considérablement des quelques études existantes sur les avantages du jardinage pour la santé mentale, qui sont basées sur des données collectées dans des pays à revenu élevé, où la participation au jardinage est largement considérée comme une activité de loisir volontaire, contrairement à de vastes régions d’Afrique subsaharienne, où la participation à une activité de jardinage est souvent essentielle pour la subsistance …il est possible que l’insécurité alimentaire puisse fausser nos estimations. »

Mais ils concluent en s’appuyant sur d’autres recherches sur l’insécurité alimentaire : « Nous sommes donc raisonnablement convaincus que notre incapacité à ajuster l’insécurité alimentaire, ou d’autres indicateurs du statut socio-économique tels que la richesse des ménages n’a probablement pas faussé nos estimations au point que les associations estimées seraient complètement expliquées par un tel ajustement. »

Ce que Herbert Ainamani maintient lors de notre discussion. « Pour la plupart des gens, le jardinage est obligatoire dans ces zones rurales. Il s’agit d’un jardinage de subsistance qui fait partie de ce qu’ils doivent faire pour survivre. Cela va de pair avec la sécurité alimentaire et constitue un tampon contre le développement de troubles mentaux. En outre, l’activité physique est une protection contre les maladies cardiovasculaires. Et s’occuper du jardin, c’est s’occuper de quelque chose et avoir un rôle et un but. »

Le district de Rubanda, également lieu d’étude pour les chercheurs ougandais

Incorporer une nouvelle intervention dans la prévention en santé mentale

Fort de ces conclusions, Herbert Ainamani se fait l’avocat des activités de jardinage dans un deuxième article publié en 2022 dans la même revue, Preventive Medicine Reports. « Notre commentaire fournit des preuves tirées de la littérature selon lesquelles la participation à une activité de jardinage est psychologiquement thérapeutique, améliore la sécurité alimentaire et la santé physique. » Première étape.

« Nous proposons que les cliniciens, les chercheurs et les décideurs politiques considèrent la participation à des activités de jardinage comme une intervention préventive potentielle en matière de santé mentale pour les personnes de tous âges. Les cliniciens et autres prestataires de soins de santé devraient encourager leurs patients à aménager un petit jardin dans leur cour ou leur propriété, et à créer des espaces verts avec des arbres et des fleurs autour de leur maison. Des jardins et des espaces verts devraient être aménagés autour des hôpitaux et des autres centres médicaux. En outre, les salles d’hôpital devraient être dotées de fenêtres permettant aux patients de voir des scènes naturelles et des arbres à l’extérieur des bâtiments. »

D’une préoccupation environnementale à une application thérapeutique

Le chercheur a déjà d’autres projets en tête. « J’aimerais explorer ces questions dans un cadre clinique, avec des personnes souffrant de diagnostics tels que la dépression, en comparant deux groupes, l’un composé de personnes ayant un jardin à la maison et l’autre de citadins n’ayant pas de jardin. J’aimerais réaliser des études à l’aide de tomodensitogrammes. Si nous trouvons de l’argent, il serait intéressant de donner aux gens des jardins pour qu’ils y participent pendant un an et de réaliser une étude contrôlée. J’aimerais également étudier le jardinage pour les réfugiés. » En effet, son domaine d’expertise est le syndrome de stress post-traumatique et la recherche de traitement psychologique au sein de communautés en situation de conflit et d’après-conflit, telles que celles du Burundi, du nord de l’Ouganda et de la République démocratique du Congo (RDC). Il est notamment formé à la thérapie d’exposition narrative (NET-KIDNET), une intervention de traitement psychologique pour les enfants et les adultes traumatisés.

Il fait remarquer qu’il existe en Ouganda une politique nationale de mise en place d’espaces verts autour des bâtiments résidentiels. « Cette politique n’est pas suivie », regrette-t-il. « Il n’y a pas de prise de conscience des effets bénéfiques sur la santé. C’est juste de la littérature scientifique pour le moment. En Ouganda, on parle un peu de deuil écologique, des personnes qui ont pu constater les changements depuis leur jeunesse et qui s’inquiètent. Ils ont peur de la déforestation, du changement climatique. La politique sur les espaces verts est née de cette inquiétude, mais pas d’un souci pour la santé mentale. » Rien n’empêche les deux préoccupations de se renforcer l’une l’autre.

Les études d’Herbert Ainamani et de ses collaborateurs

Ainamani, H. E., Bamwerinde, W. M., Rukundo, G. Z., Tumwesigire, S., Kalibwani, R. M., Bikaitwaho, E. M., & Tsai, A. C. (2021). Participation in gardening activity and its association with improved mental health among family caregivers of people with dementia in rural Uganda. Preventive medicine reports, 23, 101412.

L’étude complète

Ainamani, H. E., Gumisiriza, N., Bamwerinde, W. M., & Rukundo, G. Z. (2022). Gardening activity and its relationship to mental health: Understudied and untapped in low-and middle-income countries. Preventive Medicine Reports, 29, 101946.

L’étude complète

Autres pistes en Afrique

Quand on cherche des exemples d’intervention en Afrique, on trouve peu de choses. Voici quelques pistes. J’espère que cet article suscitera des réactions et des témoignanges…

« Conception d’un modèle de thérapie horticole et d’un plan d’affaires pratique pour un horticulteur interagissant avec un professionnel de la santé » : une étude dans le cadre d’un master dans un département d’horticulture et de technologie alimentaire en Afrique du Sud. Malheureusement depuis sa publication en 2004, plus de trace de son auteur.

Plantastic with Kui : la chaine YouTube d’Irene Kui au Kenya. Aidante de son mari qui souffre d’une maladie neurologique, elle a découvert que le jardinage était très thérapeutique. Son portrait ici.

SOS villages d’enfants. Je vous avais déjà parlé de Josette Coppe, psychologue clinicienne et art-thérapeute, qui anime des ateliers d’expression et des ateliers thérapeutiques avec les équipes SOS villages d’enfants au Bénin depuis 2010 à travers son association Résonances. Elle avait partagé son expérience lors d’une table ronde en ligne organisée par Jardins & Santé en novembre 2021. Vous trouverez son intervention à la minute 59 dans cette vidéo, avec les témoignages filmés de deux professionnels béninois.

Géraldine Poncelet en Suède : la psychologue qui ne craint pas le froid

Psychologue voyageuse, Géraldine Poncelet est belge et vit actuellement à Stockholm en Suède où elle reçoit des patients dans deux cadres bien différents, voire diamétralement opposés. En visio pour ses patients qui vivent un peu partout dans le monde (en Roumanie, au Maroc ou au Costa Rica) et dans des parcs pour ceux qui vivent à proximité. Comme Beth Collier à Londres, elle n’a plus de bureau depuis qu’elle s’est installée à Stockholm.

Avant de déménager en Scandinavie, elle avait commencé à réfléchir à sortir des quatre murs du cabinet classique. Avec une amie, elle avait exploré la création de retraites pour des jeunes en perte de repères. Elle s’était alors intéressée à une méthode canadienne, l’intervention psychosociale par la nature et l’aventure (IPNA) et s’était inscrite à une formation. La formation n’a pas lieu pour cause de Covid.

Géraldine Poncelet propose des séances de psychothérapie dans les parcs de Stockholm

Formation à la méthode MetaNATURE

Elle rencontre alors Jean-Luc Chavanis et sa méthode MétaNATURE. « MétaNATURE® est une méthode d’accompagnement « hors des murs » par les jardins et la Nature, pour chasser le stress, nous ressourcer et faire germer des relations positives et durables dans les organisations, dans notre environnement social et personnel », peut-on lire en résumé sur le site. Géraldine et sa consoeur convainquent Jean-Luc Chavanis de dispenser une formation à Bruxelles. Quelque temps plus tard, Géraldine s’envole pour la Suède. « Travailler hors du bureau me convient. J’utilise la nature comme outil grâce aux métaphores, aux projections dans la nature, aux mises en scène selon la méthode MétaNATURE. Je me laisse guider par la situation et la personne. Parfois, il s’agit juste de marcher côte à côte. Les autres approches auxquelles je suis formée, comme la thérapie brève orientée solutions et la thérapie systémique, s’intègrent bien dans cette approche autour de la nature. »

Qu’est-ce qui change dans la nature?

« Avec les thérapies classiques sur des questions d’anxiété et de stress, on reste dans le cérébral. Là en marchant dans la nature, on est dans le moment présent. On n’est plus autant dans la pensée, on est plus dans la pleine conscience. » Il y a d’autres différences. « On a une vision plus large, plus ouverte. Etre dehors a un impact sur la créativité, on voit soudain un panel de solutions. Je pense à une patiente que je vois à sa pause déjeuner. Elle arrive en marchant vite, agitée. Rapidement pendant la séance, elle ralentit, elle se sent bien. On pose quelque chose, on se décharge. Le mouvement accompagne la parole. Je ne pense pas qu’une séance à l’intérieur aurait le même effet. »

Etre côte à côte plutôt que face à face fait aussi une différence. « Je ne suis pas formée à la psychanalyse et j’avais toujours trouvé une drôle d’idée la pratique de Freud. Là, je vois l’intérêt de ne pas regarder les patients en face. Je pense à deux jeunes, deux adolescents pour qui c’est un plus de ne pas se sentir observés. Et puis le corps parle. Si on s’arrête et qu’on se regarde, cela marque quelque chose. »

La Scandinavie n’est pas connue pour son temps chaud. « En Suède, on dit « Il n’y a pas de mauvaise météo, il n’y a que de mauvais vêtements ». Je le vois à l’école avec mes enfants. Ils rentrent de l’école trempés, comme d’un weekend de Scouts. Dans la cour, les enfants sautent dans les flaques et on les laisse faire. C’est tout à fait normal. C’est magnifique. D’ailleurs, quelques fois nous avions une météo vraiment horrible, mais nous n’avons pas annulé. Ca permet de travailler le contrôle. Quant à moi, si j’ai trois ou quatre rendez-vous à – 10 degrés, je prends un café ou une soupe pour me réchauffer. »

« Stockholm se prête bien à cette pratique »

« Je rencontre les personnes dans des parcs un peu partout. On peut marcher le long de l’eau, comme il y en a dans beaucoup d’endroits dans Stockholm. Comme ces endroits sont éclairés, on peut même continuer après 15h00 quand il fait nuit en Suède l’hiver. Mon seul critère est de ne pas avoir à traverser de rue pour avoir l’esprit libre. Nous faisons soit des boucles, soit des allers-retours. La ville se prête bien à cette pratique. Et puis quand nous nous arrêtons, les personnes ont encore un peu de chemin à faire, il y a une continuité. On ne referme pas une porte. »

Est-ce que ses patients ont besoin d’être convaincus ? « Ce sont souvent des francophones qui arrivent en Scandinavie parce qu’ils sont dans une démarche que cela fait du bien d’être dehors. Ils sont déjà convaincus. Et localement, on est convaincus aussi. A une connaissance qui avait un cancer, son médecin a dit de faire une demi-heure de marche par jour. C’’est très courant de marcher à l’heure du déjeuner pour les Suédois. »

« Quand je quitterai la Suède, je sais que j’aurai envie de continuer cette pratique. Et j’aimerais aussi rajouter un espace comme un jardin pour mettre les mains dans la terre, pour planter. Je ne suis pas formée, mais je vois un intérêt ». Alors là, Géraldine, on a des suggestions de formations et des exemples en France et en Belgique ! En attendant, quelques heures après notre conversation en visio, Géraldine partait en long weekend dans la nature avec sa famille, par un temps plutôt frisquet. Parce que « Det finns inget dåligt väder, bara dåliga kläder » ou « Il n’y a pas de mauvaise météo, il n’y a que de mauvais vêtements ».

Le site de Géraldine Poncelet

Deux suggestions de lecture si le sujet de l’écopsychothérapie vous intéresse et le site de Yann Desbrosses pour en savoir plus sur la pratique en France.

Cheney Creamer : « Building a relationship with nature is going to make us healthier and happier »

Le mois dernier, je vous promettais de reparler de l’hortithérapie au Canada rapidement. Chose promise, chose due. Voici un entretien avec Cheney Creamer, présidente de la Canada Horticultural Therapy Association (CHTA) avec qui j’ai échangé par visio en début de semaine.

Pouvez-vous vous présenter et décrire votre parcours dans l’hortithérapie ?

C’est une question complexe. Jusqu’où est-ce que je dois remonter ? Je vais commencer dans le présent et repartir dans le passé. Je suis présidente de la CHTA. Je suis aussi la fondatrice et présidente de One Green Square Wellness Consulting. J’aide les personnes, les équipes et les groupes à se connecter aux plantes. Ma mission est de maximiser le potentiel d’une relation pleine de sens entre les plantes et les humains. Cette relation nous permet de montrer plus de compassion, de mieux communiquer, d’être plus innovant et de mieux gérer le stress.

Ma carrière depuis plus de 20 ans a été tournée vers le bien-être dans les organisations. Je me suis spécialisée dans la gestion du stress ou ce qu’on appelle maintenant la construction de la résilience. Aujourd’hui, j’évalue des espaces pour un usage thérapeutique (dans des résidences pour personnes âgées, dans des établissements pour des enfants) et puis je travaille sur cette expérience thérapeutique dans ces espaces. J’aide principalement des adultes à développer des pratiques pour gérer leur stress ainsi que des soignants tels que des infirmières à intégrer les jardins thérapeutiques dans leurs pratiques. En travaillant avec des gens en Italie ou aux Etats-Unis, j’ai pu me rendre compte que la pratique au Canada peut être différente ne serait-ce qu’à cause de la météo et de nos longs mois d’hiver.

En ce moment, je suis sur le point de lancer un programme composé de cinq modules sur l’hortithérapie au Canada (Présentation de l’hortithérapie au Canada ; Evaluer, développer et utiliser les jardins thérapeutiques ; Cultiver votre approche thérapeutique authentique ; Facilitation virtuelle ; Maximiser le potentiel thérapeutique). Je vais commencer très bientôt et les cours seront disponibles en visio ainsi qu’en présentiel.

Cheney Creamer, présidente de la Canadian Horticultural Therapy Association

Comment décririez-vous la situation actuelle de l’hortithérapie au Canada ?

Nous sommes dans une position favorable en ce moment. C’est un des bénéfices inattendus du Covid. Il y a trois ou quatre ans, les gens ne comprenaient pas de quoi vous parliez quand vous mentionniez « horticultural therapy ». Ils comprenaient horticulture et thérapie, mais pas la combinaison des deux. Maintenant ils comprennent comment les deux peuvent marcher ensemble. Pas dans les détails certes, mais il y a une prise de conscience parce qu’ils comprennent ce qu’ils ont pu vivre en terme d’isolement et de stress et comment la connexion avec la nature a pu les aider. Ils le comprennent à un niveau tout à fait nouveau, personnel. Avant je devais leur faire vivre une expérience pour leur faire comprendre. Maintenant, tout le monde comprend.

Comment devient-on hortithérapeute au Canada ?

L’hortithérapie est en croissance rapide. Actuellement, nous avons 35 professionnels qui sont « registered ». Moi-même, je ne suis pas encore « registered » malgré des études de psychologie et d’horticulture. J’y suis presque. L’éducation était dans un état de stagnation parce que nos professionnels expérimentés ne sont pas des enseignants, qui plus est spécialisés dans la formation pour adultes. Il se trouve que je suis diplômée en psychologie et que j’ai une formation en éducation pour les adultes. Mais nous avons une difficulté pour transmettre les savoirs. Au Canada, nous n’avons pas de formation universitaire, contrairement aux Etats-Unis où cependant le nombre de programmes universitaires est en déclin. Par contre, nous avons des universités qui vont commencer à offrir des cours optionnels en école d’infirmières ou dans des études sur l’environnement. Il existe aussi deux certifications à l’hortithérapie qui sont accréditées, une en ligne et une sur l’ile de Vancouver. Nous avons une liste des connaissances de base pour permettre d’approuver un programme. Ce qui est intéressant, c’est que différentes personnes peuvent proposer des cours dans leur spécialité. Elles peuvent enseigner des composantes.

Le processus pour candidater et devenir « registered » était très difficile. Au 1er mars 2023, nous l’avons changé et amélioré. Avant, un stage semblait un obstacle alors que ce n’est pas absolument nécessaire. Notre système est un système à points. Il faut avoir une formation ainsi que de l’expérience dans trois domaines : l’hortithérapie, l’horticulture et la thérapie. Ainsi de nombreuses routes peuvent mener au statut « registered ». Il n’est peut-être pas nécessaire d’obtenir un nouveau diplôme. Une nouveauté structurelle est que les stages ne sont plus aussi courants au Canada car ils doivent maintenant être rémunérés. On peut obtenir les points de l’expérience par des emplois plutôt que par des stages. Nous avons aussi plus de bénévoles dans l’association, une quarantaine en tout, qui peuvent guider les candidats dans le processus. J’étais dans une visio récemment et une dizaine de personnes, rien que dans ce groupe, était en train de devenir « registered » !

Session d’hortithérapie en petit groupe sous le gazebo par temps pluvieux

Dans quels secteurs trouve-t-on des programmes d’hortithérapie au Canada ?

Dans les résidences pour personnes âgées. Dans des établissements pour enfants : des crèches, des programmes classiques, quelques établissements spécialisés et aussi dans les écoles de nature qui sont très populaires au Canada. En psychiatrie, cela a été plus long, mais l’hortithérapie vient s’ajouter à la « wilderness therapy » qui est plus rude. Là où on voit le plus de croissance est avec les adultes et les adolescents qui se battent contre l’anxiété. Au Canada, l’éco anxiété est aussi une préoccupation de plus en plus présente en santé mentale.

Quel est l’état de la recherche chez vous ?

Nous en voulons tous, mais peu s’y lancent. On nous en demande souvent, en soutien dans les demandes de subventions notamment. Si les praticiens viennent du monde de l’horticulture, ils ont peu de compétences en recherche. Plus nous aurons de professionnels, plus nous pourrons encourager la recherche qui demande d’établir des buts et objectifs, de déterminer des résultats mesurables et d’évaluer pour mesurer. On peut même imaginer un modèle où les thérapeutiques recueillent les données efficacement et d’autres personnes se chargent de la recherche.

Vous distinguez « horticultural therapy » et « therapeutic horticulture ». Vous pouvez nous rappeler la différence ?

Cela nous a mis plus de trois ans à faire comprendre la différence. Dans les deux cas, un professionnel formé est impliqué. « Horticultural therapy » est une application clinique avec des buts et des objectifs mesurables, une évaluation clinique sur les plans physique, cognitif, psychologique, social et/ou spirituel. Pour la « therapeutic horticulture », on peut avoir des objectifs et des évaluations, mais ils ne sont pas directement exprimés et discutés. C’est une approche moins clinique où une évaluation rigoureuse n’est pas nécessaire ou même appropriée. Je travaillais récemment avec des ambulanciers dans un programme de bien-être : pour eux, il aurait été contreproductif d’évaluer, cela rappelle trop leur environnement de travail. En tout cas, les deux approches se différencient clairement d’une simple activité de jardinage.

J’ai deux devises pour expliquer. « Approach before activity » : pourquoi vous venez ? Si c’est une activité, c’est plutôt un club de jardinage pas une approche thérapeutique. « Are you leaving with a practice or a product ? » : est-ce que vous confectionner un produit à remporter chez vous comme une couronne ou bien est-ce que vous aurez choisi de faire une couronne en pommes de pin pour leur résilience, une couronne qui vous permet d’entrer en relation avec la plante ?

Aire de jeux sensoriels pour les aînés de Holyrood Manor

Pouvez-vous nous parler de l’histoire de la CHTA ?

La création date de 1987, nous sommes le petit frère de l’AHTA américaine qui s’est formée en 1973. Il y avait un fort intérêt dans les années 1980, puis l’hortithérapie a disparu des radars pendant une dizaine d’années. L’écopsychologie a réveillé l’intérêt. Mon but actuellement est de créer une communauté. Nous avons 35 hortithérapeutes « registered », mais nous avons 300 membres et plus de 4 000 personnes qui nous suivent sur les réseaux. C’est une nouvelle montée en puissance aujourd’hui. La prochaine étape sera l’accréditation, avec l’obligation de passer un examen pour accéder à un titre. En cela, nous sommes entre 5 et 10 ans derrière les Etats-Unis.

Que devrions-nous savoir pour mieux comprendre la CHTA ?

Dans l’esprit de la permaculture, nous privilégions « earth care, people care and resource share », la protection de la terre, la protection des personnes et le partage des ressources. Au Canada, la protection de la terre passe par reconnaître et honorer les peuples indigènes et notre code d’éthique y fait référence. Lors de nos conférences, nous avons toujours des leaders indigènes qui ouvrent et ferment le rassemblement car ce sont eux qui ont pris soin de la terre jusque là. La protection des personnes, ce sont nos membres, nos bénévoles, nos professionnels et comment nous soutenir et créer des opportunités. Le partage des ressources, c’est le partage de la formation, de la recherche nationalement et internationalement.

Nous devons pratiquer ce dont nous parlons, nous mettre nous mêmes dans nos pratiques, c’est-à-dire semer nos graines, observer la nature qui nous enseigne, suivre notre bonheur au quotidien. Cela ne doit pas être des tâches qui s’ajoutent, mais des pratiques qui sont tissées naturellement dans nos vies très occupées. Construire une relation avec la nature nous rend plus heureux et en meilleure santé. Il est important d’aider tout le monde à expérimenter les avantages de mettre les mains, les pieds et le visage dans la terre !

Suivre la CHTA:

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Prochaine conférence annuelle : en ligne 19 au 21 octobre 2023

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Hortithérapie dans le monde : les quatorze associations qui font bouger les choses

Strength in unity. L’union fait la force. La fuerza de la unión. Dans toutes les langues, on comprend l’intérêt et l’envie pour des personnes animées par une passion commune de se rassembler. C’est ce qu’ont fait des hortithérapeutes dans une bonne douzaine de pays. J’ai repris la liste publiée dans cet article, en me rendant compte que j’avais déjà évoqué la majorité de ces associations et/ou leurs fondateurs et fondatrices depuis 10 ans. Petit tour d’horizon en commençant par la plus ancienne de ces associations.

  1. American Horticultural Therapy Association (AHTA)

Cette année, l’AHTA fête ses 50 ans !

« Fondée en 1973, l’American Horticultural Therapy Association (AHTA) est la seule organisation nationale américaine qui défend le développement de la profession d’hortithérapeute et la pratique de l’horticulture comme thérapie pour le bien-être humain. L’AHTA soutient le développement professionnel, l’éducation et l’expertise des praticiens de l’horticulture thérapeutique. Les membres sont des personnes et des organisations situées aux États-Unis et ailleurs. Nous sommes une organisation à but non lucratif (501(c)(3)) dont la mission est de promouvoir et de faire progresser la profession de l’horticulture thérapeutique en tant que modalité thérapeutique et de réadaptation. »

Accréditation professionnelle, conférences annuelles, coordination de la National Horticultural Therapy Week tous les printemps, journal scientifique et magazine, l’AHTA est incontournable. Pour son 50e anniversaire, elle innove avec une conférence virtuelle qui se tiendra les 20 et 21 octobre. Une opportunité « d’atteindre un groupe plus large d’hortithérapeutes du monde entier » et de faire un bilan des pratiques passées, présentes et à venir. Pour répondre à l’appel à communications, c’est par ici (deadline le 21 avril).

Des réseaux régionaux pour favoriser la proximité

Dans un pays aussi vaste que les Etats-Unis, l’envie de se regrouper au sein d’entités régionales s’est naturellement fait sentir. C’est ce que nous expliquait Beth Carter dans ce billet de 2014. Elle faisait partie du Carolinas Horticultural Therapy Network, un groupe d’hortithérapeutes de Caroline du Nord et du Sud créé en marge du American Horticultural Therapy Association dont les règles pour établir un chapitre local leur semblaient trop lourdes. « Nous nous rencontrons deux fois par an pour échanger des idées. L’un de nous accueille la réunion pour le weekend sur notre lieu de travail. Il y a toujours une ou deux présentations », expliquait Beth il y a 9 ans déjà. Souvent isolés au quotidien, les hortithérapeutes aiment se rencontrer et partager.

Au départ, se sont créées des branches régionales de l’AHTA. Par mesure de réduction des coûts, l’AHTA a ensuite dissous l’affiliation des branches, obligeant les membres des branches à développer un système de réseau. Cela s’est produit il y a plus de 15 ans et a tendu les relations entre l’AHTA et les réseaux régionaux.

Aujourd’hui, il existe huit réseaux régions reconnus par l’AHTA, mais opérant de manière indépendante. L’AHTA s’efforce actuellement de renforcer ses relations avec les réseaux, car de nombreux membres de ces derniers ne sont pas membres de l’AHTA. Or, cette dernière aimerait attirer plus de membres. Actuellement, l’AHTA organise des «  community meetings » où tous sont invités, membres de l’AHTA et toute personne intéressée par l’hortithérapie.

Si je vous raconte ces « travails » (un mot utilisé en anglais pour décrire une situation ardue), c’est pour montrer que partout où des personnes se rassemblent autour d’un intérêt commun, de belles choses se produisent. Mais ce serait naïf de passer sous silence les tensions organisationnelles et relationnelles qui compliquent souvent la tâche. Si on reste au-dessus de la mêlée, il est évident que, dans leur grande majorité, les personnes impliquées cherchent à faire avancer la reconnaissance de l’hortithérapie du mieux qu’elles peuvent. Mais voilà parfois, les être humains s’engluent.

L’exemple du North East Horticultural Therapy Network

Le North East Horticultural Therapy Network, NEHTN, est l’un des plus anciens réseaux des États-Unis. Colleen Griffin que vous aviez rencontrée dans ce billet l’année dernière (et que je vais avoir le plaisir de rencontrer en personne en France ce mois-ci !) raconte. « Notre région couvre la Nouvelle-Angleterre, l’État de New York et le sud-est de la Pennsylvanie. Une région assez vaste, en effet ! La région du NEHTN chevauche celle de notre réseau voisin, le Mid-Atlantic Horticultural Therapy Network ou MAHTN. Les deux réseaux collaborent souvent et de nombreux membres de chaque réseau participent aux événements des deux réseaux. C’est une relation très agréable à entretenir ! »

Quel est l’attrait de rejoindre un réseau régional ? « Je pense que les réseaux régionaux sont attrayants pour de nombreux non-membres de l’AHTA car les frais d’adhésion aux réseaux régionaux sont très abordables et offrent des avantages comparables. Comme les réseaux sont situés plus près de nos membres, l’ambiance est plus conviviale que dans une grande organisation nationale. Avant le COVID, les réseaux régionaux proposaient des rassemblements fréquents et facilement accessibles. Il s’agissait d’événements très abordables qui offraient une merveilleuse connexion sociale.  Et maintenant que nous semblons sortir de la pandémie, les rencontres en personne se multiplient. Il est intéressant de participer à un rassemblement relativement restreint avec des collègues de la Nouvelle-Angleterre plutôt que de traverser le pays pour assister à un rassemblement à l’échelle nationale. »

  • Canadian Horticultural Therapy Association (CHTA)

La CHTA présente beaucoup de similarités avec son voisin américain.

« L’Association canadienne d’horticulture thérapeutique est l’organisation professionnelle des praticiens de l’horticulture thérapeutique (HT) au Canada. Nous fournissons un processus d’inscription professionnelle volontaire pour les professionnels de l’HT et nous offrons des adhésions (étudiante, individuelle et d’entreprise/institutionnelle) pour toute personne intéressée à soutenir notre mission et à rester au courant des dernières nouvelles, recherches et opportunités dans le domaine.

Fondée en 1987, la CHTA dispose d’un réseau de plus de 300 membres actifs au Canada et à l’étranger, et de plus de 3 000 adeptes sur les médias sociaux. Les membres comprennent des horticulteurs thérapeutes agréés (HTT/HTR/HTM) et des professionnels tels que des ergothérapeutes, des physiothérapeutes, des ludothérapeutes, des travailleurs sociaux, des infirmières, des psychologues, des architectes paysagistes et des horticulteurs, ainsi qu’un groupe diversifié de passionnés de plantes qui s’intéressent vivement aux liens entre les gens et les plantes.

Nous sommes une organisation bénévole à but non lucratif et nous fournissons des informations, un soutien et des ressources à nos membres, aux professionnels et au public sur les pratiques et les avantages de l’hortithérapie (HT) et de l’horticulture thérapeutique (TH).

Les professionnels de l’horticulture thérapeutique offrent une grande variété de services d’horticulture thérapeutique dans de nombreux contextes différents : maisons de soins infirmiers, hôpitaux et centres de réadaptation ; centres de formation professionnelle, programmes de lutte contre la toxicomanie et établissements correctionnels ; centres de jour pour adultes, communautés agricoles thérapeutiques et jardins scolaires et communautaires, pour n’en citer que quelques-uns. »

A lire, le code d’éthique de la CHTA. L’association a dans le passé accrédité des formations et elle est en train de reprendre ce chemin sous un nouveau format. Quant à l’accréditation des professionnels, il existe deux niveaux : horticultural Therapist Technician (HTT) et horticultural Therapist Registered (HTR).

J’ai malheureusement peu « exploré » le Canada depuis 10 ans, à part cette rencontre avec Jeannine Lafrenière et cette autre avec Mélanie Massonnet. Une lacune que je suis en train d’essayer de combler.

  • Korean Horticultural and Well-Being Association

Difficile de trouver des renseignements sur la Korean Horticultural and Well-Being Association. Je n’ai pas réussi à trouver un site pour cette association.

Tout juste un article en ligne datant de 2012 et expliquant : « L’hortithérapie (HT) en Corée a connu une croissance rapide au cours des 15 dernières années. L’Association coréenne d’horticulture et de bien-être a joué un rôle crucial dans le développement de l’HT coréenne. L’Association coréenne d’horticulture et de bien-être propose quatre niveaux de certification en HT, à savoir l’HT avancée, l’HT niveau 1, l’HT niveau 2 et l’horticulture de bien-être. À l’heure actuelle, le nombre d’horticulteurs qualifiés s’élève à environ 2 000 et l’HT est proposé à environ 1 700 établissements tels que des organismes d’aide sociale, des centres de réinsertion professionnelle, des hôpitaux, des centres de santé publique, des écoles, etc. pour diverses personnes. La pratique de l’HT comprend quatre phases : le diagnostic et la préparation, la planification, la mise en œuvre et l’évaluation. Actuellement, des efforts sont en cours pour obtenir des certifications d’État pour les HT et pour assurer une couverture d’assurance médicale. »


Et un autre de 2021 se concentrant sur la formation : « Cette étude rend compte des perspectives d’emploi des hortithérapeutes coréens et de la nécessité de reconnaître l’horticulture thérapeutique comme une spécialisation des professionnels des services de bien-être en Corée du Sud. À ce jour, malgré la qualification privée d’horticulteur de bien-être proposée par l’Association coréenne d’horticulture et de bien-être (KHTA), il n’existe toujours pas de cadre national de qualification pour l’horticulture thérapeutique en Corée du Sud, ni de lois régissant cette profession. En 2008, la première qualification privée dans le domaine de l’horticulture thérapeutique a été enregistrée auprès de l’Institut coréen de développement des compétences professionnelles (KVCDI) (qualification n° 2008-0243). En décembre 2020, 5 560 stagiaires avaient acquis la qualification d’hortithérapeutes de bien-être, aux niveaux de supervision, de grade enregistré 1, 2 et 3. Pour devenir un hortithérapeute de bien-être qualifié, un stagiaire doit suivre un programme de 90 heures reconnu par la KHTA, comprenant la science horticole, la thérapie horticole, la médecine connexe, le bien-être social et la psychologie de conseil. En outre, les qualifications peuvent être obtenues s’il existe un dossier d’examens écrits, de pratique clinique, de participation à des ateliers et de présentation de thèse. Nos résultats ont montré que les compétences clés des hortithérapeutes requises dans le domaine clinique étaient les capacités de conception de programmes thérapeutiques, la compréhension de l’horticulture thérapeutique et le conseil psychologique. La méthode de formation préférée pour améliorer les compétences professionnelles du stagiaire était la méthode de formation pratique, et le rôle le plus important de la KHTA attendu par les hortithérapeutes était la création d’emplois par l’octroi de qualifications reconnues au niveau national pour les horticulteurs de bien-être. »

  • Taïwan Horticultural Therapy Association

Je vous dirige vers le site de la Taïwan Horticultural Therapy Association et sa page Facebook. Sur le site de la THTA (grâce à la traduction de DeepL), on découvre plusieurs figures nationales.

Huang Sheng-ying, « forte de 32 ans d’expérience en tant que conseillère et enseignante en éducation spécialisée, est directrice exécutive de l’Association taïwanaise de thérapie horticole et thérapeute horticole senior HTM de l’Association de thérapie horticole Asie-Pacifique. Elle se consacre actuellement à la planification de plans de cours et d’activités de thérapie horticole pour différents groupes, ainsi qu’au développement et à l’innovation de matériel pédagogique. Grâce à sa riche expérience de l’enseignement et à son style de direction unique et joyeux, elle fait en sorte que chaque classe soit pleine de rires et de joie. » Elle est la coauteure de « The Green Life Healing Handbook : 100 Recipes for Gardening Healing » avec Huang Shenglin et Cai Youting.

M. Huang Shenglin est « un hortithérapeute certifié de l’université Merritt aux États-Unis en 2004 et revenu à Taïwan pour se consacrer à la fusion des principes de la pharmacologie et des méthodes de soins de santé chinoises avec les herbes indigènes pour former un système unique et pratique d’horticulture thérapeutique trois en un : agriculture, médecine et alimentation. Il est également le co-auteur de « The Green Life Healing Handbook ». »

Chia-Rong Shih D., « Université du Wisconsin-Milwaukee, Département d’architecture/Centre d’études sur le vieillissement et l’environnement, promeut l’intégration de l’hortithérapie et de la guérison par la forêt dans la conception architecturale et paysagère afin de créer des espaces de guérison intérieurs et extérieurs pour les personnes âgées, et aide à la planification d’espaces de soins verts et d’expériences extérieures pour permettre aux personnes âgées de faire l’expérience du pouvoir de guérison de la nature dans les milieux communautaires et institutionnels. »

  • Hong Kong Association of Therapeutic Horticulture

Le site de la HKATH est très riche en informations en anglais. Connie Fung Yuen Yee, qui détient le titre américain de HTR, est présidente de cette association créée en janvier 2008. En 10 ans, des cursus de formation sont apparus dans plusieurs établissements, celui de la HKATH qui suit le modèle de l’AHTA étant considéré comme le plus exigeant. HKATH s’efforce de faire reconnaître l’hortithérapie à Hong Kong avec deux axes d’action : des collaborations avec des universités, des hôpitaux et des organisations de santé pour conduire des recherches sur l’application de l’hortithérapie pour différentes populations et la sensibilisation du grand public (activités de promotion, participation dans des activités de la communauté et interviews dans les média). « Avec nos capacités disponibles, nous souhaitons également partager notre précieuse expérience avec nos homologues en Chine continentale, à Taïwan et à Macao, afin d’introduire une thérapie horticole authentique dans davantage de régions de la Grande Chine. À cette fin, nous avons déjà lancé avec succès des programmes de formation et des programmes de stages dans ces domaines au cours des dernières années », ajoute la présidente sur le site. Effectivement, la liste des membres accrédités référence des professionnels à Hong Kong, mais aussi à Taiwan et en Chine.

Connie Fung Yuen Yee, présidente de la Hong Kong Association of Therapeutic Horticulture
  • Japanese Society of People-Plant Relationship et Japanese Horticultural Therapy Association

Sur le site de la Société Japonaise pour les relations entre l’homme et les plantes, on apprend que « La recherche sur la fonction des plantes dans le confort de l’esprit commence à être considérée comme importante pour la race humaine dans sa quête d’une vie confortable. La Société est un forum de discussion où des personnes issues de nombreux domaines se réunissent pour exploiter pleinement le rôle des plantes dans la culture d’une humanité riche, avec pour mot clé la relation entre les humains et les plantes. La Société est une organisation de recherche académique coopérative du Conseil scientifique du Japon. »

Ailleurs, on lit que « On dit que le XXIe siècle est le siècle des plantes. En effet, on s’inquiète de plus en plus de la crise alimentaire provoquée par l’explosion démographique et des changements environnementaux dus au réchauffement de la planète, et l’on reconnaît aujourd’hui l’importance des plantes pour faire face à ces problèmes, qui sont liés à la survie de la race humaine. Cependant, le rôle des plantes pour nous, les humains, ne se limite pas à cette contribution physique/physique. D’un point de vue spirituel, elles ont également joué un rôle majeur dans la croissance humaine, la santé et le développement de la civilisation. »

« Actuellement, au niveau national, la Japanese Society of People-Plant Relationship se concentre sur la promotion et la facilitation de la recherche multidisciplinaire sur les relations entre les personnes et les plantes, tandis que la Japanese Horticultural Therapy Association gère le système national de qualification des horticulteurs professionnels », peut-on apprendre en ligne.

Le besoin de traduire page à page rend difficile une vue d’ensemble des activités de ces deux entités. Pour les plus curieux, n’hésitez pas à vous plonger dans le site plus en détails. Cet article que j’avais écrit en 2015 semblait indiquer que, comme dans d’autres pays asiatiques, le développement de l’hortithérapie japonaise s’est construit sur un modèle américain et avec l’AHTA comme exemple. Je vous renvoie également vers cet article de Masahiro Toyoda qui explique l’histoire de l’hortithérapie au Japon.

  • Therapeutic Horticulture Association – THA (Australie)

Le site de la Therapeutic Horticulture Association australienne est ici. Je vous oriente aussi vers cet article de janvier 2023 sur l’hortithérapie ou plutôt l’horticulture thérapeutique en Australie à travers une interview de Leigh McGaghey, vice-présidente de THA.

Sur l’utilisation de l’expression horticulture thérapeutique, elle expliquait : « C’est une question de sémantique. En Australie, vous ne pouvez pas vous appeler thérapeute à moins d’avoir des diplômes spécifiques. C’est lié au système médical gratuit, les professions médicales et paramédicales sont subventionnées. Utiliser « horticulture thérapeutique » met plus l’accent sur l’horticulture et moins sur la thérapie. Il y a un mois, il y a eu un changement. Par exemple, vu mes diplômes, je ne peux plus me dire thérapeute. Qui a fait pression pour cela ? L’association des ergothérapeutes et d’autres personnes ayant des diplômes universitaires qui voulaient préserver leurs titres. Cela n’aide pas le public d’avoir cette confusion interne et cette complexité autour de notre nom. »

  • Thrive et Trellis Scotland

Laissons l’association anglaise Thrive se présenter.

« Thrive est la principale organisation caritative du Royaume-Uni qui utilise le jardinage pour apporter des changements positifs dans la vie des personnes handicapées, malades, isolées, défavorisées ou vulnérables. C’est ce qu’on appelle l’horticulture sociale et thérapeutique (HST). 

L’horticulture sociale et thérapeutique utilise les plantes et les jardins pour améliorer la santé physique et mentale, ainsi que les capacités de communication et de réflexion. Les jardins offrent un lieu sûr et sécurisé pour développer la capacité d’une personne à se mélanger socialement, améliorer sa forme physique et acquérir des compétences pratiques qui l’aideront à être plus indépendante.

Nous inspirons et encourageons les personnes qui viennent nous voir en nous concentrant sur ce qu’elles peuvent faire, et non sur ce qu’elles ne peuvent pas faire. Nous organisons des programmes thérapeutiques dans nos jardins de Battersea Park, à Londres, de Beech Hill, à Reading, et de Birmingham. Nous nous rendons également dans des maisons de soins, des salles de village et des projets communautaires pour encourager les activités de jardinage.

Parmi nos clients figurent des personnes blessées à la suite d’un accident, des personnes souffrant de difficultés d’apprentissage ou de handicaps physiques tels que la perte de la vue ou de l’ouïe, des personnes souffrant de maladies liées à l’âge telles que les accidents vasculaires cérébraux, la démence et les problèmes cardiaques, ainsi que des jeunes ayant des difficultés sociales, émotionnelles ou comportementales et des personnes en mauvaise santé après avoir quitté les forces armées.

Thrive offre également 

  • Une variété de possibilités de formation et d’éducation allant d’ateliers d’une journée à des qualifications d’enseignement supérieur pour les professionnels et les changements de carrière potentiels.
  • Des formations sur mesure pour répondre aux besoins spécifiques d’organisations ou de groupes individuels.
  • Des services de conseil spécialisés pour les organisations caritatives, statutaires et privées.
  • Journées sur la responsabilité sociale des entreprises.
  • Conférenciers pour des événements professionnels et communautaires.
  • De nombreuses possibilités de bénévolat dans nos jardins, nos bureaux et lors d’événements spéciaux de collecte de fonds. »

Vous pouvez suivre Thrive sur son site ou sur LinkedIn. Je dois avouer que je n’ai pas développé de lien avec Thrive en 10 ans (malgré cet article succinct en 2015), une autre lacune.

Par contre, je connais mieux Trellis, l’association écossaise et sa figure de proue, Fiona Thackeray « rencontrée » en 2015 et revisitée en 2022. Pour suivre cette association très dynamique, voici son site et notamment son Seminar Series qui se déroule ces jours-ci (7 et 8 mars).

  • Internationale Gesellschaft Gartentherapie – IGGT (Allemagne)

En octobre dernier, nous avions fait la connaissance d’Andreas Niepel, un hortithérapeute central en Allemagne. Depuis 2009, il est président de la Internationale Gesellschaft Gartentherapie (IGGT), la Société internationale de thérapie par le jardin qui rassemble des associations existantes. Pour le site, c’est par ici.

  1. Fédération Française Jardins Nature et Santé – FFJNS (France)

En vous promenant sur ce blog, vous retrouveriez des portraits d’une bonne partie des membres fondateurs de la Fédération Française Jardins Nature et Santé – avant même que la FFJNS ne soit créée en 2018. En tant que première présidente de cette association de 2018 à 2021, je trouve que la tâche d’en parler est difficile.  Je vous renvoie à son site et à sa page LinkedIn. Je vous encourage aussi à lire sa charte dont je reste fan plus de 5 ans après sa rédaction.

Je rappelle de manière concise ses missions :

Fédérer les acteurs du domaine

Promouvoir leurs diverses pratiques (hortithérapie, jardins thérapeutiques, écothérapies)

Se soutenir entre professionnels.

Assemblée constituante de la Fédération Française Jardins Nature et Santé
  1. Asociación Española de Horticultura y Jardinería Social y Terapéutica – AEJHST (Espagne et pays hispanophes)

Pour comprendre la genèse de l’Asociación Española de Horticultura y Jardinería Social y Terapéutica (AEHJST ou association espagnole d’horticulture et de jardinage social et thérapeutique) en 2018, je vous suggère cette interview de Leila Alcalde Banet que j’avais présentée comme la locomotive de l’hortithérapie en Espagne et en Amérique Latine. Et voici le site de l’AEJHST.

  1. Asociación Peruana de Horticultura Terapéutica y Social (APHTS)

Voici une autre locomotive en Amérique latine : Daniela Silva-Rodríguez Bonazzi est présidente de l’Asociación Peruana de Horticultura Terapéutica y Social. Mais aussi directrice de l’Instituto de Horticultura Terapéutica dont le nom et la mission de formation évoquent beaucoup le Horticultural Therapy Institute où elle a étudié. Deux lieux pour se renseigner : en ligne et sur LinkedIn. Pour en apprendre plus sur Daniela, c’est par ici.

Le jardin de son père

Federica Cane enseigne l’hortithérapie en Italie

Federica Cane est une hortithérapeute italienne, francophone, membre de la Fédération Française Jardins Nature et Santé ainsi que de la Canadian Horticultural Therapy Association (CHTA). Dans notre tour du monde, je vous propose un arrêt à Rome à la rencontre de Federica. Pour rappel, nous avions déjà fait la connaissance d’une autre hortithérapeute italienne, Ania Balducci, en 2021.

Federica est née à Turin dans les années 1960. « La nature me vient depuis l’enfance, mais je ne le voyais pas. Nous passions tous nos étés à la campagne dans le village de ma grand-mère. Pendant trois mois, on avait une grande liberté. Nous étions une dizaine d’enfants, ruraux et citadins. On était tout le temps dehors, sur nos vieux vélos. »

Premier déclic : « L’énergie vitale de mon père vient de la terre. »

« Mon père aimait avoir les mains dans la terre. Dès le printemps, il plantait sur le balcon à Turin. Dans son potager, son jardin à la campagne, il laissait tout pousser, pour voir ce que c’était. Quant à ma mère, elle était enchantée par les fleurs. Mon père vient d’avoir 93 ans, il a semé cet été. Et en même temps, nous avons vidé la dernière maison des trois maisons que nous avons habitée dans le village, celle-ci pendant 26 ans. Son potager va être détruit par les propriétaires. Je me rends compte que c’est un peu mourir pour lui. Il y aura des conséquences. Son énergie vitale vient de la terre. »

Federica et son père l’été dernier

Deuxième déclic : « A la quarantaine, je fais le lien entre les humains et la nature »

A Turin, Federica fait des études de philo. « J’ai toujours aimé « circuler ». A 25 ans, dans le cadre de mes études, j’ai passé un an aux Etats-Unis pour finir un travail sur la valeur symbolique du langage politique. En même temps, j’étais « au pair » dans une famille. Je me suis prise d’affection pour la culture américaine dont je vois bien les limites. » Dans les années 1980 à Turin, elle découvre aussi l’approche de se taire et d’observer, qui doit beaucoup à la psychanalyste Mélanie Klein. Une sensibilité qui lui est très utile dans son travail aujourd’hui. Sa première carrière professionnelle la plonge pendant des années dans le monde du livre, en tant que libraire et bibliothécaire.

« Ca a mis longtemps à devenir évident pour moi. A Paris, j’avais un mini jardin de 20 m2. J’ai été bénévole dans un jardin partagé à Denfert-Rochereau, puis à Clamart pendant 7 ans. Avec une association, nous travaillions pour aider des adultes qui rencontraient différentes difficultés, comme les addictions ou le chômage, à se réinsérer. On mangeait ensemble et on se voyait tous les jours pendant un an. A travers une formation et l’horticulture, on pouvait les aider à se remettre sur les rails. Avant la quarantaine, je n’avais jamais fait ce lien entre les humains et le monde naturel. »

Dernier déclic : « Je découvre que le métier d’hortithérapeute existe »

« Une nuit, à 2h00 du matin, j’ai découvert un site canadien qui proposait une formation à l’hortithérapie. Hortithérapeute, c’était un métier ! Ca existait et on pouvait l’étudier. C’était en 2005. A Paris, j’avais pris contact avec Anne Ribes et j’avais été observer ce qu’elle faisait à la Pitié Salpétrière. Je me suis dit : « Je veux faire ça. » ».

En 2009, Federica suit dans un premier temps les cours d’horticulture à l’Ecole agricole du Parc de Monza, une école italienne fondée par des femmes pour les femmes dans les années 1930, ce qui la mènera à un cours d’été aux New York Botanical Gardens.

L’année suivante, à l’âge de 50 ans, elle s’engage dans une formation qui la mène à New York, « après mille hésitations » car cela suppose de laisser sa famille pendant deux mois de cours intensifs. Entre temps, Federica, son mari et leurs deux garçons quittent Paris pour s’installer à Rome. Elle n’a pas tout à fait complété sa formation. Elle la terminera finalement en 2018 et en beauté grâce à un stage au NYU Langone, un terrain de formation exceptionnel. Jugez plutôt la richesse des programmes d’hortithérapie proposés dans cet hôpital new-yorkais. « C’était un stage formidable. Il y a peu d’hôpitaux où on pratique comme cela. J’ai vu tous les services de l’hôpital, des enfants aux personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. J’ai beaucoup appris de Matt Wichrowski, en psychiatrie et pour l’épilepsie. A New York, je me suis aussi liée d’amitié avec Phyllis d’Amico, une femme d’origine italienne qui est responsable de la formation à l’hortithérapie aux New York Botanical Gardens. »

Aujourd’hui, enseigner et animer des ateliers

« J’ai enseigné la théorie de l’hortithérapie à l’Ecole agricole du Parc de Monza, soit une dizaine d’heures d’enseignement sur les 100 heures de cours que compte le programme. Je fais aussi l’introduction d’une formation de 30 heures à Gênes pour une coopérative agricole. C’est sur le terrain d’une association de parents de patients souffrant de troubles psychiques, avec des appartements sur place, un lieu de vie autour de l’agriculture sociale. »

« A Rome, je conçois et anime des activités pour des enfants et des jeunes adultes avec Happy Time. C’est une association fondée par un groupe de parents dont les enfants sont fragiles (autisme, vulnérabilité psychique de différentes natures). Nous proposons des activités à deux groupes de jeunes et une fois par mois aux parents et à leurs amis. C’est ma plus longue collaboration à ce jour, quatre ans malgré le Covid. Par contre le Covid a arrêté un programme que j’animais à la prison pour femmes de Rebibbia à Rome. »

« La base de notre métier est de nous regarder nous-mêmes dans l’esprit du psychologue américain Carl Rogers. Observer nos motivations, nos émotions, faire silence malgré l’angoisse du vide et laisser l’autre nous donner des indices, voir comment nous réagissons. Nous faisons un métier à la lisière, en étant bien conscients de qui nous sommes. Nous sommes sur une ligne de crête, on peut tomber. Mais nous avons la conviction que quelqu’un sait comment faire. Nous devons être conscients que, seuls, nous ne sommes pas grand chose. L’ambiance du lieu est centrale : comment rendre accueillant pour rendre libre. »

Federica donne des exemples. « Un jeune garçon sautait tout le temps en jetant la terre par terre. On a inventé des histoires sur les semis qu’on met dans la terre pour qu’ils n’aient pas froids. » Ou cet homme souffrant de troubles obsessionnels, rencontré pendant un remplacement de trois mois dans une résidence psychiatrique. « Il était malheureux d’être en groupe, avec un besoin d’ordre et de silence. Je lui ai proposé de travailler à l’écart sur des semis, un travail qui demandait de la patience. Un contact s’est créé et d’autres choses sont venues. »

« J’aimerais travailler auprès de personnes âgées. Je suis émue par les personnes qui se perdent. C’est un peu romantique comme idée. L’écoute et le silence mettent en évidence ce qui est… »

L’Australie pratique l’horticulture thérapeutique

Quand j’ai commencé à explorer l’hortithérapie en Australie, j’avais bon espoir de trouver des pistes intéressantes. Assez vite, la Therapeutic Horticulture Association (THA) est apparue sur les radars (pour la suivre sur LinkedIn). Sa mission est clairement énoncée : « Nous sommes une association nationale de membres représentant l’horticulture thérapeutique en Australie. Nous soutenons les personnes et les organisations dans l’utilisation de l’horticulture pour la santé et le bien-être à travers des réseaux, la formation, l’éducation et la recherche. »

Pendant la conférence annuelle de THA à Melbourne en octobre 2022

C’est avec Leigh McGaghey, vice-présidente de THA, que j’ai eu le plaisir d’échanger pour vous faire découvrir ce qui se passe « down under ». Voici comment Leigh se présente en ligne. « Elle vit et travaille à Sydney où elle conçoit des jardins réparateurs pour des clients privés, en même temps qu’elle consulte pour des services de thérapie horticole dans des maisons de retraite, des logements multi-résidentiels et à travers la communauté. Leigh et son mari psychologue ont créé Wired for Nature en 2018 pour compléter les stratégies traditionnelles de conseil psychologique par des pratiques d’hortithérapie et d’autres activités d’engagement dans la nature.

Les stratégies qu’ils conçoivent sont fondées sur des preuves neurologiques, issues d’une compréhension de la façon dont nos cerveaux sont « câblés » pour répondre à la nature. Diplômée en architecture paysagère, en éducation des adultes et en thérapie récréative, Leigh a pu combiner ces disciplines pour étayer son travail et s’intéresse particulièrement à la promotion de l’horticulture thérapeutique en tant que profession identifiée, ainsi qu’à la promotion de l’éducation et des voies de formation pour les praticiens. L’amour de la science, des jardins, de l’écologie et de la perte dans son propre jardin désordonné signifie que la vie est en constante évolution et que les personnes qu’elle rencontre dans le cadre de son travail et de ses activités de bénévolat sont une source d’inspiration [et de fun]. »

Leigh McGaghey, vice-présidente de Therapeutic Horticulture Association (THA)

Quel est le parcours qui vous a amenée à l’horticulture thérapeutique ?

Ma première carrière dans la finance était devenue insatisfaisante et le monde naturel m’attirait. Dans les années 1980-1990, je me suis tournée vers le métier d’architecte paysagiste même si ce n’était pas un choix idéal. C’était un milieu très misogyne. De plus j’avais un jeune enfant et cela n’a pas été facile de finir mes études. Cependant, j’y suis parvenue. Après quelques années, j’ai commencé à enseigner l’horticulture dans un programme de formation professionnelle. Il se trouve qu’il y avait là un bâtiment dédié à l’horticulture pour des jeunes porteurs de handicaps avec des ergothérapeutes, des kinés, des assistants sociaux qui travaillaient avec eux. Ce fut mon premier aperçu. Je me suis dit que ça avait l’air sympa.

Quels types de projets poursuivez-vous actuellement ?

Mon mari est psychologue et nous partageons un bureau. Il ne me demandait pas mon avis, mais j’ai commencé à suggérer que les patients pourraient bénéficier de visites dans un jardin. Il était d’accord car il lui semblait qu’il y avait souvent une déconnexion, quelque chose qui manquait pour ses patients. A partir de 2018, nous avons combiné son expérience de psychologue et mon expérience avec les plantes et la création d’environnements biophiliques. Je dois dire qu’en Australie, la psychologie est plutôt conservatrice. Par exemple, la psychologie environnementale n’est pas reconnue! En tant que psychologue, il doit se battre.

Grâce notamment aux réseaux sociaux, ce qui est assez peu conventionnel, nous avons commencé à travailler avec des jeunes qui connaissaient des problèmes de santé mentale en les guidant vers une compréhension des neurosciences tout en les aidant à mettre les mains dans la terre. Nous ne parlions pas directement de problèmes psychologiques. Personne d’autre ne faisait cela. Puis d’autres personnes travaillant dans des structures qui hébergent des personnes âgées ont commencé à me contacter. Mais c’est alors que le Covid a frappé. Nous avons fonctionné sous forme de clubs de jardinage en ligne, de manière informelle.

Pouvez-vous expliquer pourquoi en Australie vous utilisez le terme d’horticulture thérapeutique plutôt que d’hortithérapie ?

C’est une question de sémantique. En Australie, vous ne pouvez pas vous appeler thérapeute à moins d’avoir des diplômes spécifiques. C’est lié au système médical gratuit, les professions médicales et paramédicales sont subventionnées. Utiliser « horticulture thérapeutique » met plus l’accent sur l’horticulture et moins sur la thérapie. Il y a un mois, il y a eu un changement. Par exemple, vu mes diplômes, je ne peux plus me dire thérapeute. Qui a fait pression pour cela ? L’association des ergothérapeutes et d’autres personnes ayant des diplômes universitaires qui voulaient préserver leurs titres. Cela n’aide pas le public d’avoir cette confusion interne et cette complexité autour de notre nom.

Voici la définition de l’horticulture thérapeutique développée par la THA.

Parlez-nous de THA.

J’avais eu l’occasion de présenter notre travail en 2018 à la première conférence de THA. A partir de là, mon implication a grandi dans l’association et j’ai rejoint le CA il y a 10 mois. La difficulté est que chaque état australien avait son association. Par exemple en Nouvelle-Galles du Sud (New South Wales en anglais), l’association Cultivate représentait l’horticulture thérapeutique et sociale. Il y a eu un effort pour se rassembler afin de faciliter le développement et de favoriser la reconnaissance de notre discipline.

Nos membres viennent à 51% des professions médicales et alliées et à 49% des métiers de l’horticulture et du paysagisme. Environ 10% ont une double qualification et peuvent utiliser le terme hortithérapeutes. Nous avons environ 200 membres (il y a plusieurs types de membres, un peu comme dans la Fédération Française Jardins Nature et Santé). En octobre 2022, nous avons tenu notre conférence nationale avec une soixantaine de membres présents à l’Université de Melbourne. Nous sommes concentrés dans les principales villes : Sydney en Nouvelle-Galles du Sud, Melbourne dans l’état de Victoria et aussi Adelaïde en Australie du Sud.

Notre mission est d’encourager et de soutenir l’horticulture thérapeutique fondée sur des preuves, éthique et centrée sur la personne en Australie et de développer une industrie robuste, professionnelle et éthique qui soit largement reconnue, appréciée et utilisée.

Une session pendant la conférence annuelle de THA en octobre 2022

Où en êtes-vous en Australie dans l’acceptation et le développement de ces interventions justement?

Je pense que nous ne sommes pas aussi avancés chez nous qu’aux Etats-Unis ou en Europe. Nous travaillons sur la formation car ce n’est pas une profession reconnue officiellement. Elle n’entre pas dans les statistiques gouvernementales. Elle est encore mal définie. L’état actuel de l’éducation est très contesté. Les institutions ne sont pas convaincues qu’il existe un besoin suffisant. Avec 25 millions d’habitants en Australie, nous pensons qu’il y a une économie d’échelle.

Les principaux secteurs qui se sont développés sont le secteur du handicap avec beaucoup de foyers résidentiels qui ont des programmes d’horticulture thérapeutique, le domaine de l’aide sociale et du logement social avec des institutions publiques et des associations qui travaillent ensemble pour apporter le jardinage aux résidents ainsi que dans les prisons. De plus, des programmes ciblent les immigrants via l’action sociale (est-ce que cela vous rappelle l’Autriche ?). Par contre, l’horticulture thérapeutique n’est pas très représentée dans le domaine de la psychiatrie en Australie. (Comme dans d’autres pays, la pratique s’adresse aux personnes âgées souffrant de troubles cognitifs comme le décrit ce reportage.)

Vous avez un intérêt pour la recherche en Australie.

Oui par exemple, il existe un projet de recherche universitaire en cours sur la prescription nature (Nature Prescribing). L’hortithérapie fait partie des outils thérapeutiques de cet « engagement dans la nature » identifiés dans cette recherche.  C’est très intéressant car le projet a permis de créer un cadre pour la manière dont la prescription de nature peut fonctionner en Australie. Voici une mise à jour de l’université sur le projet.

Deux autres acteurs marquants

Tara Graham-Cochrane est présidente de THA. « Tara est une architecte paysagiste primée au niveau international, spécialisée dans la conception de paysages thérapeutiques et de guérison pour les secteurs des soins de santé, des soins aux personnes âgées, du handicap et de l’éducation en Australie. Tara est convaincue que les environnements physiques peuvent être conçus pour réduire le stress, améliorer la santé et favoriser le bien-être des personnes. »

Steven Wells est infirmier et pratique l’horticulture thérapeutique depuis 30 ans. Découvrez son profil sur LinkedIn, ce que son employeur Austin Health dit de son travail depuis 2005 et visitez son jardin personnel dans ce reportage d’octobre 2022.

Bonne découverte de nos consoeurs et confrères australiens et bien sûr bonne année 2023.

Steven Wells de Melbourne, Australia : « Coordinateur des jardins et espaces verts, thérapeute horticole, horticulteur thérapeutique du projet de bien-être du personnel et infirmier à Austin Health ».

A Singapour, des personnes âgées et des jardins

Il y a quelques semaines, l’Université de Floride publiait un panorama de l’hortithérapie dans le monde, un panorama qui citait d’ailleurs la Fédération Française Jardins Nature et Santé. L’article distinguait les pays qui se sont dotés de programmes de référencement professionnel et d’accréditation comme les Etats-Unis, le Canada, Hong Kong et Taiwan et ceux qui n’ont pas encore atteint ce niveau de professionnalisation. L’article affirme que la pratique de l’hortithérapie se développe même dans des pays sans association professionnelle et c’est tant mieux. Tout de même, une association qui rassemble les divers professionnels « alliés » est un énorme atout pour faire connaitre et reconnaitre cette médiation encore trop confidentielle.

Dans notre tour du monde, je vais m’arrêter ce mois-ci à Singapour. Malheureusement, je n’ai pas pu discuter en direct avec les acteurs de l’hortithérapie dans ce minuscule état insulaire au sud de la Malaisie. Mais les traces en ligne d’une activité d’hortithérapie, tournée majoritairement vers les personnes âgées, sont nombreuses.

Singapour et son National Parks : une île qui se préoccupe de la nature

A en croire ce site gouvernemental, la nature et la biodiversité font l’objet d’efforts intenses depuis plusieurs décennies. « NParks va continuer à développer le réseau de parcs naturels et nous visons à avoir 200 hectares supplémentaires de parcs naturels d’ici 2030 », peut-on lire en ligne. « Ces parcs naturels servent de zones tampons et d’habitats complémentaires permettant à la faune et à la flore indigènes de Singapour de se développer, tout en permettant aux visiteurs de profiter d’activités liées à la nature en perturbant le moins possible les réserves naturelles. »

Excellente nouvelle, ces efforts font la part belle à la dimension thérapeutique de la nature et aux jardins thérapeutiques. « NParks intègre également davantage de paysages thérapeutiques dans les jardins et les parcs. Nous avons développé des jardins thérapeutiques spécialement conçus et programmés pour les personnes âgées. NParks développe également d’autres typologies de jardins pour répondre à diverses pathologies telles que les troubles de l’hyperactivité avec déficit de l’attention (TDAH), la démence, les accidents vasculaires cérébraux, les troubles cardiaques et de l’humeur. D’ici 2030, il y aura 30 jardins thérapeutiques à Singapour pour répondre à différents besoins. »

30 jardins thérapeutiques adaptés à une variété de besoins d’ici 8 ans! Pour une ville nation de 5,4 millions d’habitants vivant sur 700 km² (sous la gouvernance de la présidente, Halimah Yacob, depuis 5 ans). Pour comparaison, la France compte 65,5 millions d’habitants pour 643 801 km². Et le nombre de jardins thérapeutiques en France est, quant à lui, un mystère.

Depuis 2016, huit jardins thérapeutiques ouverts

Sur le site de National Parks ou NParks pour faire plus court, on trouve bien sûr des informations plus précises sur les jardins thérapeutiques déjà ouverts. « Nous avons développé une série d’ateliers adaptés aux groupes de personnes âgées, aux personnes atteintes de démence et à d’autres besoins spécifiques. Ces programmes sont dirigés par des guides qualifiés et ont été spécialement conçus pour : promouvoir les exercices de faible intensité et améliorer les capacités motrices, stimuler la mémoire, encourager les interactions sociales positives et la connexion avec la nature et promouvoir la pleine conscience. »

On trouve en ligne le calendrier des ateliers dans huit jardins, répartis dans autant de parcs de Singapour, auxquels on peut s’inscrire. Ainsi 16 ateliers sont proposés pour le mois de décembre ! Que fait-on dans ces ateliers ? Le site liste des activités : propagation de plantes comestibles, fabrication de sacs de senteurs, collage de feuilles, jardinage (taille, arrosage, désherbage), culture de pousses comestibles, pressage de fleurs et de feuilles sur des cartes. Les ateliers sont encadrés par des bénévoles formés et les organisateurs se disent à la recherche de nouveaux bénévoles. En 2021, un journal local se faisait l’écho de l’ouverture d’un de ces jardins thérapeutiques. A suivre, une autre initiative intéressante est l’entreprise sociale Edible Garden City qui encourage à la fois l’agriculture urbaine et l’hortithérapie. Vous pouvez en apprendre plus sur Edible Garden City et son fondateur, Bjorn Low, ici, ici et .

Ces jardins et les activités proposées sont basés sur les preuves. Sur cette page, National Parks explique les fondements scientifiques des interventions basées sur la nature. Les principes de conception des jardins thérapeutiques sont expliqués dans ce guide coécrit par une flopée de spécialistes en 2016, date de l’ouverture du premier jardin thérapeutique baptisé HortPark. Si vous avez été formé.e à l’hortithérapie en France, vous serez en terrain familier (biophilie, théorie de la restauration de l’attention, théorie de la réduction du stress). A cette exception près que, à part Eric Fromm pour l’hypothèse de la biophilie, les chercheurs à l’origine de ces théories ne sont pas nommés !

Des jardins thérapeutiques objets d’études

Dans la tradition des interventions fondées sur les preuves comme j’en parlais le mois dernier, ces jardins thérapeutiques et les activités dans la nature ont fait l’objet de recherches. Sur cette page déjà citée, vous trouverez les références de plusieurs publications pour la période 2017-2020. Retenons-en deux.

Un essai contrôlé randomisé étudient plusieurs biomarqueurs et mesures psychosociales. Tout d’abord, cette étude publiée en 2018 qui s’intitule « Effects of Horticultural Therapy on Asian Older Adults: A Randomized Controlled Trial ». Un essai contrôlé randomisé, le saint graal de la recherche, est une méthode rarement utilisée dans la recherche sur les écothérapies. Par « randomisé », il faut comprendre que les participants ont été assignés dans le groupe hortithérapie ou dans le groupe contrôle (une liste d’attente) de manière randomisée. Vous pouvez lire l’étude en intégralité en la téléchargeant sur ResearchGate.

En voici le résumé : « L’effet de l’horticulture thérapeutique (HT) sur les biomarqueurs immunitaires et endocriniens reste largement inconnu. Nous avons conçu un essai contrôlé randomisé avec liste d’attente pour étudier l’efficacité de l’HT dans l’amélioration du bien-être mental et la modulation des niveaux de biomarqueurs. Un total de 59 adultes âgés ont été recrutés, dont 29 ont été assignés de manière aléatoire à l’intervention HT et 30 au groupe témoin sur liste d’attente. Les participants ont assisté à des séances d’intervention hebdomadaires pendant les trois premiers mois et à des séances mensuelles pendant les trois mois suivants. Des données biologiques et psychosociales ont été recueillies.

Les biomarqueurs comprenaient IL-1, IL-6, sgp-130, CXCL12/SDF-1, CCL-5/RANTES, BDNF (brain-derived neurotrophic factor), hs-CRP, cortisol et DHEA (déhydroépiandrostérone). Les mesures psychosociales ont porté sur les fonctions cognitives, la dépression, l’anxiété, le bien-être psychologique, les liens sociaux et la satisfaction de la vie. Une réduction significative du taux plasmatique d’IL-6 (p = 0,02) a été observée dans le groupe d’intervention HT. Pour le groupe témoin sur liste d’attente, des réductions significatives du taux plasmatique de CXCL12 (SDF-1) (p = 0,003), de CXCL5 (RANTES) (p = 0,05) et de BDNF (p = 0,003) ont été observées. Une amélioration significative du lien social a également été observée dans le groupe HT (p = 0,01). Conclusion : L’HT, en réduisant le plasma IL-6, peut prévenir les troubles inflammatoires et, en maintenant le plasma CXCL12 (SDF-1), peut maintenir le soutien hématopoïétique au cerveau. L’HT peut être appliquée dans le jardinage communautaire pour améliorer le bien-être des personnes âgées. »

(Ng, K. S. T., Sia, A., Ng, M. K. W., Tan, T. Y C., Chan, H. Y., Tan, C. H., Rawtaer, I., Feng, L., Mahendran, R., Larbi, A., Kua, E. H., and Ho, R. C. M. (2018). Effects of Horticultural Therapy on Asian Older Adults: A Randomized Controlled Trial. Int. J. Environ. Res. Public Health 15, 1705.)

Activités dans la nature et bien-être chez les personnes âgées sous les tropiques. Dans une autre étude publiée en 2020, Angelia Sia de NParks et ses collaborateurs se sont intéressés à l’impact des activités de nature pour « les personnes âgées asiatiques vivant sous les tropiques ». Les résultats de leur étude ont confirmé les bienfaits multiples constatés chez des personnes âgées dans d’autres endroits du monde. Pour accéder à l’article entier.

En voici le résumé. « La littérature actuelle montre que l’interaction avec la verdure urbaine peut avoir un large éventail de résultats positifs pour la santé. Des programmes ciblés basés sur la nature, tels que l’horticulture thérapeutique, se sont avérés avoir de multiples effets bénéfiques sur la santé des personnes âgées résidant dans des environnements tempérés, mais beaucoup moins de recherches ont été menées sur des populations au phénotype différent, telles que les personnes âgées asiatiques vivant sous les tropiques. L’étude actuelle a examiné les effets d’un programme d’horticulture thérapeutique de 24 sessions sur 47 participants âgés à Singapour, avec un plan expérimental pré-test post-test. Nous avons constaté que les participants ont conservé des habitudes de sommeil saines et une bonne santé psychologique, et ont montré une réduction de l’anxiété et une amélioration du fonctionnement cognitif (p < 0,05). En outre, ils ont signalé une augmentation du score moyen de bonheur après chaque session. Cette étude fournit de nouvelles preuves en utilisant un ensemble complet d’indicateurs dans les domaines affectif, cognitif, fonctionnel, psychosocial et physique, soutenant la littérature actuelle sur les avantages des programmes de nature, avec un accent nouveau sur les environnements tropicaux. Elle fournit des preuves que l’intervention basée sur la nature a le potentiel d’être transposée à des programmes au profit des personnes âgées dans les tropiques. »

(Sia, A., Tam, W.W.S., Fogel, A., Kua, E. H., Khoo, K. and Ho, R. C. M. (2020). Nature‑based activities improve the well‑being of older adultsSci Rep 10, 18178.)

Et la formation ?

Avec cet accent mis sur les jardins thérapeutiques pour les personnes âgées – mais pas que, on peut imaginer que Singapour s’est saisi de la question de la formation. Il en existe en effet plusieurs. Comme ce certificat en hortithérapie proposé par…NParks dans son Centre for Urban Greeny and Ecology (CUGE) présenté comme un cours pour des professionnels déjà sensibilisés (pas de date actuellement proposée cependant). Ou encore cette formation continue de 4 jours, une introduction à l’hortithérapie offerte par Nanyang Polytechnic (NYP). Ou encore ce certificat sur 12,5 jours, également proposé par un organisme de formation continue, celui de Ngee Ann Polytechnic (School of Life Sciences & Chemical Technology !). Mais là non plus, aucune date annoncée.

Quelques figures de l’hortithérapie à Singapour

J’ai déjà cité Angelia Sia qui est à l’origine de plusieurs études sur le sujet en tant que chercheuse au Centre for Urban Greenery & Ecology pendant plus de 10 et aujourd’hui comme directrice adjointe de la recherche au National Parks Board. Un de ses principaux centres d’intérêt est la connexion entre contact avec la nature et santé humaine.

Maxell Ng travaille pour NParks où il supervise le développement de l’hortithérapie. Il est le co-auteur de plusieurs études conduites à Singapour et en 2021 il était invité à présenter le mouvement de l’hortithérapie à Singapour par le Trellis Seminar Series de l’association écossaise en 2021.  Vous pouvez l’écouter dans cette vidéo (en anglais).

On peut aussi citer Tham Xin Kai, un paysagiste formé en Australie qui conçoit des jardins thérapeutiques dans des établissements de santé et ailleurs. Il travaille au sein de l’entreprise Hortian Consultancy qui a dédié une entité aux jardins thérapeutiques, Hortherapeutics. Découvrez quelques « case studies » et le profil de Tham Xin Kai. Et pour la route, une interview du jeune paysagiste. A savoir que Hortherapeutics ainsi que Angelia Sia semblent en contact avec Elizabeth R.M. Diehl (RLA, HTM) de l’Université de Floride. L’hortithérapie ne connaît pas les frontières.

Therapeutic garden at a nursing home in Singapore | Tham Xin Kai

Recherches internationales sur l’hortithérapie : 2012-2022

A quoi ça sert la recherche ? (Si la question avait été « A quoi ça sert l’amour ? », c’est Edith Piaf qui vous aurait fourni la réponse).

« La recherche scientifique est essentielle à la production de nouvelles connaissances pour mieux comprendre un phénomène ». Dans le cas de l’intervention non-médicamenteuse qu’est l’hortithérapie, il est utile de savoir si elle apporte des bienfaits à des personnes dans diverses situations (difficultés liées à la santé mentale ou à des maladies neurodégénératives, rééducation suite à un AVC ou un accident de la route, stress post-traumatique, etc…). Plus complexe encore : la recherche peut tenter d’expliquer comment l’intervention fonctionne, par quels mécanismes elle agit.

Vaste entreprise donc qui a pour objectif de mieux comprendre l’hortithérapie afin de mieux la mettre en œuvre et idéalement d’encourager son développement. Dans l’idéal, des études de bonne qualité doivent aider les praticiens sur le terrain, mais aussi faciliter l’adoption de l’hortithérapie en apportant des arguments dont ont besoin les décideurs, depuis les institutions de santé (ministère de la Santé, ARS,…) jusqu’aux responsables d’établissements, aux médecins, aux chefs de service. Ca, c’est dans l’idéal.

On se situe là dans un modèle inspiré de l’Evidence-Based Medicine ou médecine fondée sur les preuves qui veut que c’est en combinant le sens clinique et les résultats de la recherche la plus récente et la plus probante qu’on obtient la solution la plus adaptée au patient, à la personne aidée. Ce sont les mêmes principes qui fondent l’Evidence-Based Design, dont Roger Ulrich est le chercheur le plus souvent cité, c’est-à-dire la conception d’établissements de santé fondée sur les données de la recherche, sur les preuves.

Toutes les études ne sont pas égales

Pourtant impossible d’appliquer à l’étude de l’hortithérapie les mêmes méthodologies que celles utilisées dans la recherche médicale. Ainsi, il n’est pas possible d’étudier une activité d’hortithérapie en double aveugle où ni le soignant, ni le participant ne sauraient si l’hortithérapie est appliquée ou pas ! Malgré tout, l’objectif est de mettre au point des méthodologies aussi rigoureuses que possibles pour s’assurer qu’on observe bien ce qu’on cherche à observer, en « contrôlant » le plus possible les variables. Or, toutes les études ne sont pas égales en qualité et en puissance. Parfois la qualité n’est pas au rendez-vous, pour de multiples raisons. C’est ce que pointe cette revue Cochrane des études concernant l’hortithérapie et la schizophrénie (pour plus d’infos sur les revues Cochrane). Faire de la recherche, c’est important. Mais faire de la bonne recherche, qu’elle soit quantitative ou qualitative, c’est encore mieux.

Comment trouver des études pertinentes ?

Plus besoin d’avoir accès à une bibliothèque universitaire pour trouver des études publiées dans des journaux scientifiques. Grâce àGoogle Scholar, ResearchGate ou Base si vous souhaitez « dégoogliser » votre vie, on peut identifier des études qui aideront à monter un projet de jardin thérapeutique ou bien à faire la revue de littérature nécessaire avant de lancer…une nouvelle étude. Les revues de littérature et les méta-analyses sont particulièrement intéressantes.

En 10 ans, le nombre de publications a fortement augmenté (15 600 résultats pour « horticultural therapy research » en la période 2010-2020 contre 6 400 pour 2000-2010). Les personnes âgées et les personnes souffrant de troubles psychiques ont reçu le plus d’attention. Actuellement beaucoup d’études sont issues de chercheurs en Corée, Chine, Japon et Singapour.

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10 ans, 10 articles

Voici une sélection tout à fait aléatoire de 10 études, revues de littérature ou méta-analyses publiées ces 10 dernières années. J’ai essayé de montrer la variété des sujets. Un autre parti pris était que l’article entier soit disponible en ligne gratuitement. J’ai extrait la conclusion de chaque article, mais allez plutôt découvrir l’intégralité par vous-même.

Amélioration de l’attention et de la socialité chez les enfants présentant une déficience intellectuelle

Kim, B. Y., Park, S. A., Song, J. E., & Son, K. C. (2012). Horticultural therapy program for the improvement of attention and sociality in children with intellectual disabilities. HortTechnology, 22(3), 320-324.

Conclusion. L’utilisation d’un programme d’hortithérapie, basé sur la théorie de la modification du comportement de Skinner et sur la section vie du programme d’enseignement scientifique du septième programme d’éducation spécialisée, a permis une amélioration significative de la sociabilité des enfants présentant des déficiences intellectuelles. Pour que le programme ait un impact majeur, les recherches futures devraient prendre en compte les niveaux de handicap, l’année scolaire, le nombre de participants et d’autres facteurs.

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Réduction du stress et de la dépression post-traumatique

Kotozaki, Y. (2013). The psychological changes of horticultural therapy intervention for elderly women of earthquake-related areas. Journal of Trauma Treat, 3(1), 1-6.

Conclusion. Cette étude suggère que l’hortithérapie améliore le stress lié au tremblement de terre, comme la dépression, chez les femmes âgées qui vivent dans la zone sinistrée du tremblement de terre du Grand Est du Japon et que les effets psychologiques de l’hortithérapie sont durables. Nous pensons que l’hortithérapie peut être en mesure de suggérer la possibilité est l’une des interventions efficaces pour le stress lié au tremblement de terre. Nous espérons que l’hortithérapie se répandra en tant que soutien psychologique à moyen et long terme dans les zones de catastrophe naturelle.

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Conception de jardins et personnes âgées atteintes de troubles cognitifs

Charras, K., Laulier, V., Varcin, A., & Aquino, J. P. (2017). Conception de jardins à l’usage des personnes âgées atteintes de troubles cognitifs: revue de la littérature et cadre conceptuel fondé sur la preuve. Gériatrie et Psychologie Neuropsychiatrie du Vieillissement, 15(4), 417-424.

Résumé. L’exploitation des jardins en tant que lieu de convivialité, d’activité et de ressourcement, rencontre de plus en plus de succès dans les établissements sociaux et médico-sociaux accueillant des personnes âgées atteintes de troubles cognitifs. Cependant, les publications scientifiques sur les bénéfices des jardins sur les personnes âgées atteintes de troubles cognitifs sont rares. Cette revue de la littérature a pour objectif de dégager les principales données scientifiques relatives aux aménagements, aux usages et aux vertus thérapeutiques des jardins pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. À partir des composantes tirées des principaux modèles de conception de jardins théra- peutiques, une démarche de design fondé sur la preuve a été adoptée afin de déterminer l’impact sur le bien-être et le comportement des personnes malades. Vingt-deux articles ont été sélectionnés pour les besoins de cette étude avec un niveau de preuve faible en regard aux standards scientifiques. Les résultats de cette revue de la littérature font ressortir six dimensions de conception paysagère. Ces six dimensions sont regroupées dans un cadre conceptuel et discutées en termes de conception paysagère et d’impact sur les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer.

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Méta-analyse sur l’amélioration des fonctions cognitives

Tu, H. M., & Chiu, P. Y. (2020). Meta-analysis of controlled trials testing horticultural therapy for the improvement of cognitive function. Scientific reports, 10(1), 1-10.

Résumé. L’amélioration de la fonction cognitive est l’un des problèmes mondiaux les plus difficiles à résoudre pour la population souffrant de troubles cognitifs. L’hortithérapie fait appel à l’expertise d’un hortihérapeute qui établit un plan de traitement pour des activités horticoles visant à obtenir des changements cognitifs et à améliorer ainsi la qualité de vie liée à la santé. Cependant, des preuves plus convaincantes démontrant l’effet de l’hortithérapie sur la fonction cognitive sont essentielles. L’objectif de cette étude était de réaliser une méta-analyse d’essais contrôlés testant l’effet de l’hortithérapie sur la fonction cognitive. Les résultats indiquent que les programmes d’hortithérapie améliorent significativement la fonction cognitive. L’ampleur de l’effet du programme d’horticulture thérapeutique était importante. Les résultats de cette méta-analyse ont des implications importantes pour la pratique et les politiques. Les systèmes de santé contemporains devraient considérer l’hortithérapie comme une intervention importante pour améliorer la fonction cognitive des patients. Les gouvernements et les décideurs politiques devraient considérer l’horticulture thérapeutique comme un outil important pour prévenir le déclin de la fonction cognitive chez les personnes atteintes de troubles cognitifs.

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Activité horticole à l’école primaire et réduction du stress

Shao, Y., Elsadek, M., & Liu, B. (2020). Horticultural activity: Its contribution to stress recovery and wellbeing for children. International Journal of Environmental Research and Public Health, 17(4), 1229.

Conclusion. La présente étude a apporté un soutien scientifique aux impacts physiologiques et psychologiques de l’activité horticole sur les élèves de l’école primaire. L’activité horticole pendant 5 minutes a amélioré la relaxation physiologique des enfants en supprimant l’activité du système nerveux sympathique et la conductance de la peau par rapport à l’utilisation du téléphone portable. En outre, l’activité horticole a eu tendance à soulager les niveaux d’anxiété et à apporter plusieurs avantages pour la santé tels que le confort, la relaxation, la gaieté et les émotions naturelles des enfants. Il a été démontré de manière décisive que les enfants pouvaient grandement bénéficier physiologiquement et psychologiquement de l’activité horticole. En général, les résultats ont des applications importantes et un grand potentiel pour être intégrés comme programme quotidien pour les élèves dans les écoles.

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Hortithérapie et réduction du risque suicidaire chez des vétérans

Meore, A., Sun, S., Byma, L., Alter, S., Vitale, A., Podolak, E., … & Haghighi, F. (2021). Pilot evaluation of horticultural therapy in improving overall wellness in veterans with history of suicidality. Complementary therapies in medicine, 59, 102728.

Conclusion. Cette évaluation d’un programme pilote fournit des preuves préliminaires que les interventions d’hortithérapie réduisent les symptômes des syndromes cliniques qui ont été associés au risque de suicide. Compte tenu des avantages potentiels pour nos vétérans qui présentent un risque de suicide beaucoup plus élevé, l’intervention d’hortithérapie peut être une intervention thérapeutique prometteuse pour promouvoir la résilience et améliorer le bien-être général des populations de vétérans à risque.

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Un programme d’Éducation Thérapeutique du Patient, jardin et art-thérapie pour des patientes obèses

Sittarame, F., Lanier-Pazziani, M., Chambouleyron, M., & Golay, A. (2021). ETP/TPE.

Conclusion. Le programme « Jardin et art-thérapie » pour les patientes souffrant d’obésité propose un nouveau terrain de travail en éducation thérapeutique du patient. Cet espace thérapeutique situé entre nature maîtrisée et création offre un cadre aux patientes pour penser, projeter et transformer leur rapport à leur corps, à leur maladie et plus largement à leur vie.

Un temps éducatif et réflexif permet de révéler les prises de conscience, les liens entre ce qui est fait dans le jardin extérieur et ce qui est mobilisé dans le « jardin intérieur ».

Un cadre thérapeutique solide est nécessaire pour accueillir le rapport intime des patientes à leur corps, leur histoire et leurs émotions. L’association du travail au jardin et de l’art-thérapie dans un programme d’éducation thérapeutique semble être pertinente et pourrait être transposable à d’autres maladies chroniques.

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Au delà de l’hortithérapie, les interventions basées sur la nature

Coventry, P. A., Brown, J. E., Pervin, J., Brabyn, S., Pateman, R., Breedvelt, J., … & White, P. L. (2021). Nature-based outdoor activities for mental and physical health: Systematic review and meta-analysis. SSM-population health, 16, 100934.

Conclusion. Cette revue systématique large et inclusive visait à identifier et à synthétiser les preuves provenant d’études contrôlées et non contrôlées sur l’efficacité des interventions basées sur la nature pour la santé mentale et physique parmi les populations adultes de la communauté. Notre revue montre que les interventions en plein air basées sur la nature améliorent les résultats en matière de santé mentale chez les populations adultes dans la communauté, y compris celles souffrant de problèmes de santé mentale courants, de problèmes de santé mentale graves et d’affections de longue durée. Les thérapies fondées sur la nature, telles que les bains de forêt, se sont avérées efficaces de manière constante pour tous les résultats en matière de santé mentale, bien que les preuves issues d’essais cliniques randomisés soient limitées. Les interventions de jardinage de groupe et d’exercices verts sont également efficaces pour améliorer les résultats en matière de santé mentale, bien que les effets soient moins forts pour l’affect négatif, en particulier chez les populations souffrant de maladie mentale grave. Nous avons trouvé moins de preuves que les interventions basées sur la nature amélioraient la santé physique, mais il existe un potentiel pour que les exercices verts et le jardinage augmentent l’activité physique.

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Hortithérapie et santé générale chez les personnes âgées

Wang, Z., Zhang, Y., Lu, S., Tan, L., Guo, W., Lown, M., … & Liu, J. (2022). Horticultural therapy for general health in the older adults: A systematic review and meta-analysis. PloS one, 17(2), e0263598.

Conclusion. L’hortithérapie peut améliorer la fonction physique et la qualité de vie des personnes âgées, réduire l’IMC et améliorer l’humeur positive. Une durée appropriée d’hortithérapie peut être de 60 à 120 minutes par semaine pendant 1,5 à 12 mois. Cependant, on ne sait toujours pas ce qui constitue une recommandation optimale.

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Hortithérapie, anxiété et dépression

Lasater, C. (2022). A Systematic Review of Studies Evaluating the Effectiveness of Horticultural Therapy for Increasing Well-Being and Decreasing Anxiety and Depression.

Conclusion. De nombreuses études ont démontré des corrélations entre le manque de contact avec la nature (ou le temps passé à l’intérieur) et des conséquences négatives sur de nombreuses variables. Ces variables comprennent les variables de santé mentale, les variables de santé physique et le bien-être social et spirituel. Une revue des revues systématiques et des méta-analyses a indiqué que l’horticulture thérapeutique est une intervention efficace pour de nombreuses populations sur un large éventail de variables de résultats. La revue systématique et la méta-analyse suivantes s’appuient sur les connaissances existantes en étudiant l’efficacité de l’horticulture thérapeutique et son utilité potentielle en tant qu’intervention en travail social.

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Andreas Niepel : au cœur de la « gartentherapie » en Allemagne

Andreas Niepel

« What am I ? », répond Andreas Niepel quand je lui demande de se présenter et de décrire son parcours lors d’une conversation en visio courant septembre. « I am a gardener ». Puis il rentre dans les détails. 

« C’est en travaillant dans un hôpital pendant que je faisais mon service militaire que j’ai découvert l’intérêt social et thérapeutique du jardin. Ensuite mon premier travail m’a amené à la production végétale, ce que j’ai détesté. J’avais envie de combiner le jardin et les gens et de devenir un jour un jardinier thérapeutique. Mais cela n’existait pas à l’époque. Quand on a un rêve, soit on le réalise, soit on l’oublie. » Andreas n’a pas mis son rêve de côté. Au contraire, il est devenu une force motrice en Allemagne et bien au-delà, en pratiquant, en enseignant, en écrivant et en fédérant la communauté croissante de la thérapie par le jardin.

30 ans d’expérience

Andreas a rejoint une clinique spécialisée dans la rééducation neurologique et neurochirurgicale – aujourd’hui connue sous le nom de VAMED Klinik Hattingen – où il dirige depuis 1992 le service de jardinage/thérapie horticole à Hattingen en Rhénanie-du-Nord-Westphalie. 

En parallèle, il lance il y a une quinzaine d’année sa propre société de conseil dans le domaine des jardins thérapeutiques (Andreas Niepel Grünplanung) et un institut baptisé « Gardens help live » grâce auxquels il intervient en Allemagne, mais aussi en Pologne, en République Tchèque ou encore en Irak à travers des formations et des séminaires.

Diffuser la culture du soin par le jardin passe inévitablement par l’écriture, en Allemagne comme en France, si on veut sortir de la dépendance à l’anglais. Ce n’est d’ailleurs pas uniquement une question de langue puisque des sensibilités diverses peuvent ainsi voir le jour. Andreas a plusieurs livres à son actif. « Garten und Therapie – Wege zur Barrierefreiheit » (en collaboration avec Silke Emmrich aux éditions Eugen Ulmer, 2005),  « Gartentherapie »  (édité par l’association allemande des ergothérapeutes), « Praxisbuch Gartentherapie » (en collaboration avec Thomas Pfister, 2009) pour ne citer que les principaux.

La 2e édition du « Praxishandbuch Gartentherapie » (manuel pratique de la thérapie horticole) écrit par Andreas Niepel et Gabriele Vef-Georg (2020)

Depuis 2009, cette mission passe aussi par la présidence de la Internationale Gesellschaft Gartentherapie (IGGT), la Société internationale de thérapie par le jardin qui rassemble des associations existantes. « C’est une organisation « parapluie » dont tous les membres sont des institutions, des associations, d’ergothérapeutes par exemple, des universités. L’objectif est de travailler ensemble à un développement de qualité de nos pratiques. »

Le développement de la « gartentherapie » en Allemagne

« En Allemagne, tout commence avec la psychiatrie, comme Pinel en France et Benjamin Rush aux Etats-Unis, avec des patients qui travaillent dans les champs », explique Andreas. « Et puis sont venus les Nazis. Pendant des années après la guerre, il était impossible d’envisager de faire de nouveau travailler des gens dans les champs. Enfin, à la fin des années 1980, est arrivé Konrad Neuberger, psychothérapeute et co-fondateur d’IGGT, qui a relancé le mouvement. C’était comme un champ vide avec des petites fleurs qui poussaient ça et là : des travailleurs sociaux, des pédagogues qui créaient des jardins… ».

Pour sa part, Andreas estime avoir eu de la chance. « J’ai commencé dans cette clinique au point zéro. Le fondateur avait un intérêt personnel pour le jardinage. Il m’a demandé d’écrire un texte sur les effets qu’on pouvait en attendre pour les patients. L’idée était que le jardin devienne une autre « pièce » de soin. » 

Le jardinier d’Hattingen cite un chiffre : presque trois Allemands sur quatre ont un jardin ou en voudraient un. « Alors imaginez parmi nos patients ! Il n’y avait aucun argument contre les bienfaits en tant qu’intervention thérapeutique ». Une semaine après notre conversation, en septembre 2022, Andreas fêtait son 30e anniversaire à son poste à la clinique d’Hattingen.

« Notre programme, comme beaucoup d’autres en Allemagne, s’est développé en commençant petit et surtout en collaborant avec d’autres professions : les ergothérapeutes, les pédagogues, les psychologues. Nous avons fait des projets communs, ils voyaient le potentiel des jardins dans une approche globale », raconte Andreas. « Les art thérapeutes et les musicothérapeutes ont été moins intéressés. Pour nous, l’objectif était de diminuer certaines difficultés et d’augmenter les ressources des patients pour améliorer leur qualité de vie. On parle de promotion de la santé, les frontières sont proches de la pédagogie ou de l’éducation. »

Hortithérapie vs. gartentherapie

A ce stade, il est nécessaire de faire une mise au point sur les termes employés. « Au début en allemand, on parlait d’hortithérapie. Quand je suis allé aux Etats-Unis pour la première fois, je me suis rendu compte que, pour parler d’hortithérapie dans ce pays, il fallait que le patient soit actif. Le patient doit planter quelque chose, avoir une action dans le jardin. En Allemagne, nous considérons que, pour une personne atteinte de démence par exemple, s’asseoir calmement avec le groupe, revivre des souvenirs, être fasciné avec les sens en éveil, est important. » Ainsi, le terme qui est le plus utilisé en Allemagne actuellement est « gartentherapie ».

« La thérapie par le jardin est un processus centré sur le participant, dans lequel des experts formés définissent et vérifient les objectifs individuels et planifient et utilisent des activités liées au jardin ou aux plantes comme outils thérapeutiques pour promouvoir les aspects liés à la santé des participants », explique un texte de la Hochschule für Agrar- und Umweltpädagogik de Vienne (Collège Universitaire de Pédagogie Agraire et Environnementale), membre de la IGGT dont nous avions fait la connaissance à travers Birgit Steininger au mois de juillet.

Andreas Niepel

« Je travaille avec des patients qui ont eu des AVC. Nous commençons le travail très tôt, au chevet du patient. Ils ont des déficits de nature. Je pense à cette vieille dame qu’on a accompagnée dans le jardin en fauteuil roulant. Elle s’est mise à pleurer en disant que cela faisait un an qu’elle n’était pas sortie dehors. Nous n’avons rien « fait » ensemble. » Quand Andreas évoque cette anecdote, je lui parle d’Oliver Sachs qui raconte sa première sortie dans un jardin après un grave accident de manière si éloquente.

« Si nous allons en soins intensifs, nous ne travaillons pas avec des plantes, mais avec l’imagination. « Vous aviez un jardin ? Vous pouvez fermer les yeux et vous y transporter. » La prochaine étape sera d’apporter des photos de leur jardin. C’est de la gartentherapie, mais ce n’est pas de l’hortithérapie », résume Andreas.

Et il va plus loin. « Où plaçons-nous l’hortithérapie dans le modèle biopsychosocial ? Nous en avons parlé pour définir nos pratiques. En fait, ce modèle ne va pas assez loin. La nature a un impact sur l’être humain qui n’est pas pris en compte dans le modèle biopsychosocial. Nous savons depuis les années 1960 que nous pouvons être malade écologiquement. Pour nous, c’est une thérapie écologique en contact avec la nature. »

Une thérapie acceptée qui évolue

« Dès le départ, il a été clair que ces approches étaient acceptées. Mais était-ce sérieux ? Etait-ce thérapeutique ? Le premier niveau a été l’acceptation par les collègues, les patients et leurs familles. Au début, les patients aimaient beaucoup cette médiation, mais ne la considéraient pas comme une thérapie comme les autres. Puis la recherche et les études ont montré qu’ils étaient extrêmement satisfaits par la gartentherapie. »

Deuxième étape, les proches. « Dans les maisons de retraite, on sait que les interlocuteurs sont les familles. Ils demandent que leur parent sorte et jardine car c’est une de leurs activités quotidiennes préférées depuis toujours. » Et puis viennent les institutions. « En 2023, une grande assurance allemande va lancer un programme avec l’IGGT pour amener plus de gartentherapie dans les institutions. La gartentherapie entre dans le champ de la prévention et de la promotion de la santé. »

« On peut aussi parler d’une acceptation de l’intérieur. Depuis 20 ou 30 ans, beaucoup de disciplines contribuent et apportent de la diversité à notre pratique. Les évaluations peuvent se faire de plusieurs points de vue et nous tirons partie de cette diversité » explique Andreas. « Notre discipline a ainsi pris des directions qui n’étaient pas prévues au départ. »

Une de ces directions est la promotion de la santé. « La prévention avait un statut de thérapie de seconde classe. Mais si on regarde ce que la thérapie devrait faire, selon les Grecs, c’est « Primum non nocere ». En premier lieu ne pas nuire, ne pas faire de mal. Ni aux patients, ni aux soignants. Et les besoins psychologiques ? Etre renfermé pendant six semaines dans un service pourrait bien vous faire du mal. Pour ne pas faire de mal aux patients, il faut garder un contact social, un contact avec la nature. Permettre de profiter, de s’amuser, d’être soi même. »

La formation et la certification, indispensables maillons

« Les formations se sont développées en Allemagne, en Suisse à l’Université de Zurich et en Autriche à la Hochschule für Agrar- und Umweltpädagogik de Vienne qui offre un des plus anciens programmes de formation. Cependant les programmes étaient tous différents et une des premières tâches de l’IGGT a été de les harmoniser », explique Andreas. « A tout moment dans les pays germanophones, une centaine de personnes sont en formation dans notre discipline. »

Un autre axe de l’IGGT est la certification. « Qui peut se dire « registrierter Gartentherapeut » ? Nous avons conçu un système de points selon la profession exercée, la formation continue, l’expérience et la pratique. C’est un point essentiel pour la qualité de la profession. Actuellement, nous comptons environ 70 « registrierter Gartentherapeut » et bien d’autres qui ne le sont pas. »

Où trouve-t-on des programmes en Allemagne ? « Beaucoup travaillent avec des personnes âgées atteintes de démences. Je dirais qu’en Allemagne 90% des institutions accueillant ces personnes ont un jardin spécifique. On compte entre 400 et 500 programmes. La rééducation comme la clinique où je travaille est un autre domaine important ainsi que la psychiatrie et l’addictologie avec plus d’une cinquantaine de programmes. Enfin, les programmes de travail protégé pour des personnes avec des handicaps sont fréquents. Suite au Covid, un nombre grandissant de projets concerne les enfants et les jeunes. »

Perspectives d’avenir

Avec ses trente ans d’expérience, Andreas peut s’appuyer sur son expérience pour identifier les défis et les opportunités. « Je vois du développement. Je vois aussi des vagues. Dans les années 90, les disciplines créatives comme l’art thérapie et la musicothérapie avaient le vent en poupe, puis leur popularité a baissé. A la fin des années 90 et au début des années 2000, le jardin allait très fort. Et puis on a vu arriver la robotique et des programmes assistés par ordinateur et la nature est passée au second plan. Mais on en revient. »

« Le plus important est que nous pouvons nous définir nous-mêmes. Quand nous avons commencé à combiner jardin et thérapie, nous avons rassemblé des disciplines très variées pour en arriver là aujourd’hui. Avec le Covid, tout le monde a vu que le jardin était leur thérapie personnelle. Pour mon grand-père, le jardin était principalement économique. Pour moi, il était écologique, c’est-à-dire pour la nature. Aujourd’hui, qu’est-ce qui nous amène au jardin en Allemagne ? Notre âme, notre esprit. Le jardin nous donne de l’énergie et nous calme. Le Covid a montré que nous avons tous besoin du jardin. »

Et de conclure notre entretien marathon avec un programme tourné vers les jeunes justement : « Cet hiver, j’ai participé à un programme avec des jeunes – c’est eux qui ont souffert le plus du Covid. « Les autres sont dangereux » est devenu une idée présente. Ils sont plus stressés que moi à leur âge », constate-t-il. « Et bien nous avons planté ensemble. L’idée que leurs plantes puissent ne pas pousser était considérée comme un échec. « Apprendre à échouer » est devenu un thème. Et alors comment les motiver ? En tant que thérapeute, quelles ressources puis-je aller chercher chez eux ? Nous leur renvoyons souvent des images négatives, par exemple qu’ils sont toujours sur leurs écrans. Et bien, ils postent ce que nous faisons sur Instagram. Et là, ils se sent capables. » Adaptation, maitre mot pour tout thérapeute.

Leila Alcalde Banet : la locomotive de l’hortithérapie en Espagne et en Amérique Latine

Leila Alcalde Banet, hortithérapeute espagnole formée et active en Angleterre, travaille à fédérer la communauté des hortithérapeutes hispanophones depuis plusieurs années.

« J’ai de la chance », annonce Leila Alcalde Banet dès le début de notre conversation par écran interposé. « Depuis septembre 2020, je travaille pour Share Community, une association caritative anglaise qui accompagne des adultes souffrant de troubles de l’apprentissage, d’autisme, de handicaps physiques et de problèmes de santé mentale. Nous disposons d’un hectare avec une serre, des tunnels pour faire pousser les légumes, une mare,…» 

Présent dans plusieurs quartiers de Londres depuis 1972, Share Community se concentre « sur ce que les gens peuvent faire, et non sur ce qui les empêchent. Et nous pensons que chacun a quelque chose à offrir à sa communauté, que ce soit en matière d’emploi ou en tant que membre actif de notre société. » 

En tant qu’hortithérapeute, « selon les besoins de l’étudiant, je me concentre sur des objectifs thérapeutiques (interaction sociale, estime de soi, mémoire, capacité d’attention, etc.) ou de formation, certains étudiants ayant le potentiel d’obtenir une qualification et de trouver un emploi. Je propose une approche holistique en tenant compte de leurs capacités, de ce qu’ils aiment et n’aiment pas afin de proposer des activités qui ont du sens. J’encourage également le maintien ou le développement d’autres compétences liées à la lecture, l’écriture et le calcul, l’indépendance et un mode de vie sain ».

Avant de rejoindre Share Community, Leila avait travaillé auprès de groupes de personnes âgées aux premiers stades de maladies neurodégénératives ainsi que de personnes en risque d’exclusion sociale. Ainsi, elle a participé pendant neuf mois à Hambourg en Allemagne au projet « Garten der Nationen » (Jardin des Nations) qui lutte contre l’exclusion des réfugiés. En Angleterre, elle a apporté ses compétences d’hortithérapeutes à plusieurs institutions avant Share.

C’est d’ailleurs en Angleterre que cette Espagnole, ingénieure agricole et horticole de formation, a obtenu un diplôme en « horticulture sociale et thérapeutique » à l’université de Coventry en 2016. Son projet de fin d’étude, reconnu pour son excellence par l’association Thrive, s’est déroulé auprès de « Make me Green », un programme en Espagne qui permet aux personnes souffrant de troubles de l’apprentissage d’accéder à l’emploi, en l’occurrence grâce à une année de travail dans une ferme.

Share et toutes ses riches expériences depuis 2015, c’est le travail de terrain et le travail de jour de Leila. En ligne, elle est une des hortithérapeutes de langue espagnole les plus reconnues et son engagement a contribué à fédérer ses consœurs et confrères sur deux continents.

AEHJST : fédérer les hortithérapeutes hispanophones

Très active sur les réseaux sociaux, elle commence à contacter des personnes pratiquant en Espagne et en Amérique latine. « Par curiosité, je voulais savoir quelles formations ces personnes avaient faites, quels défis elles rencontraient dans leurs pays respectifs, au Chili, en Argentine, au Pérou, à Puerto Rico,…». 

« On voyait qu’il y avait des initiatives dans de nombreux pays. Au Chili, un projet existe depuis plus de 20 ans et pourtant il n’y a pas d’association nationale dans ce pays. Il y avait des projets en Colombie, au Mexique, au Costa Rica. C’est Daniela Silva-Rodriguez Bonazzi (une hortithérapeute péruvienne formée au Horticultural Therapy Institute aux Etats-Unis) qui a suggéré une association globale pour nous rassembler. »

En 2018, elles décident de co-fonder l’association espagnole d’horticulture et de jardinage social et thérapeutique ou AEHJST (Asociación Española de Horticultura y Jardinería Social y Terapéutica). Tiens, la même année que se lance aussi la Fédération Française Jardins Nature et Santé…Une prise de conscience, une maturité des pratiques, un besoin de connexion entre professionnels bouillonnait dans les pays hispanophones comme en France.

« Nous sommes une association sans but lucratif formée par des professionnels et des collaborateurs dans le but de promouvoir l’horticulture et le jardinage comme outils thérapeutiques et de socialisation », peut-on lire sur le site de l’association. Leila ajoute que l’association a pour objectif « de faire connaître cette voie professionnelle. En outre, elle est axée sur la formation d’autres professionnels et le développement de la recherche dans ce domaine en langue espagnole, ce qui permettra de consolider les hypothèses sur les avantages de l’utilisation de l’horticulture comme thérapie. » 

Quant au rôle personnel de Leila, il est vaste. « Mon rôle est celui de trésorière. En outre, dans le cadre de mes tâches, je dispense des formations à d’autres professionnels et leur offre des conseils sur la manière d’utiliser l’horticulture comme thérapie. » En effet, le site collecte et répond à des demandes de conseils.

La variété des associations d’hortithérapie dans le monde hispanophone – Savias Conexiones

Une histoire de définitions : de quoi parle-t-on ?

« Qu’est-ce qui constitue un jardin thérapeutique dans chaque pays ? Cette question est bien centrale puisque l’AHTA y a consacré un symposium en octobre dernier », explique Leila. En effet, la question anime à peu près toutes les conversations dès que vous rassemblez plus de deux ou trois personnes avec une pratique dans ce domaine. Et avec des débats parfois très vifs! Arrêtons-nous un instant sur les définitions et positions proposées par l’AEHJST. Je me permets de vous donner ici une traduction des définitions intégrales exposées sur le site de l’association et je vous invite à les mettre en regard des définitions proposées par l’American Horticultural Therapy Association (AHTA) dont elles me semblent proches. 

Voici les définitions de l’AEHJST :

Horticulture et jardinage sociaux et thérapeutiques

Elle englobe toutes les utilisations de l’horticulture et/ou du jardinage pour les approches suivantes : professionnelle, sociale et thérapeutique. En outre, l’utilisation des deux termes, horticulture et jardinage, facilite la compréhension de la portée de cette association et du travail de ses membres professionnels.

Les différentes approches dans le domaine de l’horticulture et du jardinage sociaux et thérapeutiques sont décrites ci-dessous :

Thérapeutique. Également connue sous le nom de « thérapie horticole ». Il s’agit d’un processus formel par lequel le thérapeute évalue et convient d’une série d’objectifs avec l’utilisateur participant. Le thérapeute, utilisant l’horticulture et le jardinage comme support, conçoit un programme individualisé et accompagne le client dans la réalisation de ces objectifs. Les interventions peuvent avoir lieu tant au niveau individuel que collectif, mais toujours en respectant les objectifs de chaque participant. Ce type d’intervention est plus courant dans les milieux cliniques, où le thérapeute travaille au sein d’une équipe multidisciplinaire en collaboration avec d’autres professionnels tels que des travailleurs sociaux, des ergothérapeutes, des infirmiers et des psychologues.

Social ou récréatif. Également connue sous le nom d' »horticulture thérapeutique ». Il s’agit d’un processus informel dans lequel le thérapeute ne convient pas d’objectifs spécifiques avec le client, bien qu’il puisse le faire s’il le juge approprié. Le client participe dans le contexte des objectifs du programme de manière active ou passive. Ce type de programmes se concentre généralement sur l’inclusion sociale, l’occupation et le bien-être général. Ils sont généralement développés dans des centres de jour, des centres pour personnes âgées, des jardins scolaires, des jardins urbains, des centres pénitentiaires, des projets associatifs, etc.

Travail. Le thérapeute est chargé de préparer l’usager à sa future intégration sur le marché du travail. Il est chargé de la formation aux tâches liées à l’horticulture et/ou au jardinage, ainsi que de l’évaluation et du suivi de l’utilisateur dans le processus d’acquisition de compétences professionnelles. Des compétences qui lui permettront d’opter pour un emploi dans le secteur agricole, sans exclure d’autres secteurs dans lesquels l’utilisateur peut envisager son employabilité. Ce type de programme est généralement promu par des associations de personnes handicapées, malades et/ou en risque d’exclusion sociale

*Au sein d’une entité ou d’un programme, le champ social ou récréatif peut être combiné avec le champ thérapeutique ou de travail.

Mission n°1 : la formation

« En parlant avec des gens dans les différents pays, je me suis rendue compte que leur formation avait eu lieu aux Etats-Unis ou en Angleterre comme moi. Mais c’est une barrière pour beaucoup de monde, à cause de la langue et du coût. » C’est ainsi que l’AEHJST a commencé rapidement à proposer plusieurs formations, une différence avec la FFJNS qui n’est pas un organisme de formation, mais dont certains membres proposent des formations, une douzaine au total.

En Espagne, le pays de Leila, « nous travaillons avec deux universités. Avec l’université autonome de Barcelone (UAB) et son école d’infirmières et d’ergothérapeutes, nous sommes dans la 2e année d’un cours en ligne de 20 heures, une initiation ouverte à tous. C’est un cours de 20 étudiants maximum, enseigné par une équipe dont je fais partie. Avec l’université de Saragosse, c’est un cours pendant l’été, plus pratique, qui se déroule en partie dans un jardin ouvert à la communauté. » 

«  Quant au cours « Social and Therapeutic Horticulture » de 45 heures, il est enseigné par une équipe multidisciplinaire très riche : Perla Sofía Curbelo (HT à Puerto Rico), Eva Creus Gibert (HT), Daniela Silva-Rodríguez (HT), Andrea Costas Aranda (jardinier), Karin Palmlöf (conceptrice de jardins thérapeutiqeus), José María Salas (collaborateur de Karin), Ariana Smith Rodríguez (ergothérapeute, collaboratrice de Karin), Salvador Simó (consultant),  Albert Cervera (consultant) et moi-même. »

Pour découvrir l’offre de formation de l’AEHJST, c’est par ici.

Suivre Leila

En 2016, elle a lancé le blog Vitamina Verde en espagnol pour partager des informations autour de l’hortithérapie. Le blog est actuellement en pause par faute de temps. Il reste une ressource importante en espagnol.

Sur les réseaux sociaux, vous pouvez la suivre sur @VitaminaVerdeTH. De son côté, Leila suit assidument tout ce qui touche à la « hortoterapia ». Avec sa collègue péruvienne Daniella, elle est en train de développer un glossaire en espagnol. Les projets ne manquent pas.

Vous pouvez écouter cette conférence de Leila pendant le Trellis Seminar Series de 2021

Autre ressource, Savias Conexiones, un lieu d’échange entre hortithérapeutes de langue espagnole, une série de causeries qui ont débuté pendant la pandémie et qu’on peut retrouver en ligne (2020) sur Facebook ou sur Instagram. Leila y a apporté sa contribution.