Dans cet hôpital gériatrique, on jardine jusque dans son lit

Kirk Hines examine des plants avec un patient à Wesley Woods Hospital of Emory Healthcare à Atlanta.

C’est l’été, le jardin explose de vitalité. Ce blog aussi déborde de vie. Dans cet esprit, je vais commencer à poster deux fois par semaine pour raconter plus vite toutes les belles histoires que j’engrange en ce moment en parlant à des hortithérapeutes fascinants aux quatre coins des Etats-Unis. Je les remercie toutes et tous de m’accorder de leur temps pour vous faire profiter de leur expérience.

Depuis 1993, Wesley Woods Hospital à Atlanta en Géorgie s’est doté d’un programme d’hortithérapie qui fait partie intégrante de son département de services rééducatifs. C’est Kirk Hines (HTR) qui a lancé le programme et continue à le gérer à l’attention des patients dans les quatre unités de cet hôpital universitaire qui se spécialise dans les plus de 65 ans (médical, psychiatrie, neuropsychiatrie et soins intensifs de longue durée).

Situé sur un domaine boisé de 26 hectares avec des cours d’eau et des marécages qui attirent une faune abondante, l’hôpital a aménagé plusieurs espaces : deux jardins, une serre, un jardin déambulatoire et une unité intérieure avec des lumières fluorescentes. Dans les deux jardins situés dans les unités de psychiatrie et de neuropsychiatrie, on trouve des pots (« planters ») à hauteur pour les patients debout et les patients assis, des surfaces pavées, des effets d’eau et un espace de méditation. Cet espace clos et sécurisé est accessible aux patients.

Kirk Hines avec une patiente dans la serre.

Dans la serre en verre, on a pris soin de concevoir un sol facile à négocier avec des déambulateurs et des chaises roulantes. On y trouve aussi des bancs à hauteur et un système de climatisation pour une température confortable toute l’année. Autour de la serre, des plantes d’espèces anciennes (« heirloom ») stimulent les sens et les souvenirs. Les allées sont utilisées pour pratiquer la marche et améliorer l’endurance. D’autres endroits consacrés à la réhabilitation sont équipés de tables roulantes avec lumières fluorescentes pour jardiner par tous les temps.

Des séances d’hortithérapie ont lieu en groupe ou individuellement avec des patients des quatre unités. Tous les jours, elles ont lieu dans les unités de soins, les jardins, la serre et même dans la chambre des patients qui ne peuvent pas se déplacer. « Ce sont des patients qui sont sujets à des précautions à cause d’infections ou qui utilisent un respirateur », explique Kirk Hines. « Mais je peux amener une table roulante avec tous mes produits dans leur chambre. Ils travaillent dans leur lit ou dans une chaise. Nous pouvons bouturer, rempoter en utilisant les tables adaptables en hauteur. Ils peuvent utiliser des gants si besoin. A la fin, tout doit être désinfecté. » Pour ces patients qui souffrent d’anxiété et ont du mal à trouver leur souffle, ces activités ont un effet calmant. Elles les distraient de leurs difficultés.

Kirk Hines apprécie la collaboration avec le reste de l’équipe de rééducation. « Je vois les patients seuls ou dans des séances avec mes collègues. Je contribue au plan pour chaque patient avec les kinés, les ergothérapeutes, les orthophonistes et les autres membres de l’équipe avec des objectifs à atteindre. Nous pouvons travailler sur leur capacité à rester debout, à atteindre un objet ou encore sur leur équilibre et leurs habiletés motrices fines et grossières. »  D’ailleurs Kirk pense qu’il a un avantage sur ses collègues kinés. « Faire des répétitions dans une salle de sport peut être ennuyeux. Mais avec les plantes, ils atteignent leurs objectifs plus facilement. Ils restent debout plus longtemps, par exemple. »

Un patient en déambulateur arrose le jardin.

Dans une étude pilote, Kirk a pu montrer que ses activités aidaient les patients atteints de démence à réduire leur niveau d’agitation. « Il faudrait pousser l’étude », confie-t-il. Prouver scientifiquement l’efficacité de leurs programmes est un luxe que peu d’hortithérapeutes peuvent se payer, mais qui les aiderait certainement à faire progresser la pratique. « Souvent, nous sommes perçus comme une simple activité… ».

« Quand on me demande combien mon programme coûte, je réponds qu’il faut faire entrer en ligne de compte la satisfaction de nos patients et l’amélioration des soins que nous leur apportons. Je pense aussi à la rétention du personnel qui apprécie le cadre. En rendant les patients, leurs familles et les employés plus heureux, nous contribuons de façon importante. Un autre aspect est l’attention que le programme d’hortithérapie attire dans les média. Cela aide notre hôpital et son image. »

Cette patiente travaille assise.

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