Hortithérapie dans le monde : les quatorze associations qui font bouger les choses

Strength in unity. L’union fait la force. La fuerza de la unión. Dans toutes les langues, on comprend l’intérêt et l’envie pour des personnes animées par une passion commune de se rassembler. C’est ce qu’ont fait des hortithérapeutes dans une bonne douzaine de pays. J’ai repris la liste publiée dans cet article, en me rendant compte que j’avais déjà évoqué la majorité de ces associations et/ou leurs fondateurs et fondatrices depuis 10 ans. Petit tour d’horizon en commençant par la plus ancienne de ces associations.

  1. American Horticultural Therapy Association (AHTA)

Cette année, l’AHTA fête ses 50 ans !

« Fondée en 1973, l’American Horticultural Therapy Association (AHTA) est la seule organisation nationale américaine qui défend le développement de la profession d’hortithérapeute et la pratique de l’horticulture comme thérapie pour le bien-être humain. L’AHTA soutient le développement professionnel, l’éducation et l’expertise des praticiens de l’horticulture thérapeutique. Les membres sont des personnes et des organisations situées aux États-Unis et ailleurs. Nous sommes une organisation à but non lucratif (501(c)(3)) dont la mission est de promouvoir et de faire progresser la profession de l’horticulture thérapeutique en tant que modalité thérapeutique et de réadaptation. »

Accréditation professionnelle, conférences annuelles, coordination de la National Horticultural Therapy Week tous les printemps, journal scientifique et magazine, l’AHTA est incontournable. Pour son 50e anniversaire, elle innove avec une conférence virtuelle qui se tiendra les 20 et 21 octobre. Une opportunité « d’atteindre un groupe plus large d’hortithérapeutes du monde entier » et de faire un bilan des pratiques passées, présentes et à venir. Pour répondre à l’appel à communications, c’est par ici (deadline le 21 avril).

Des réseaux régionaux pour favoriser la proximité

Dans un pays aussi vaste que les Etats-Unis, l’envie de se regrouper au sein d’entités régionales s’est naturellement fait sentir. C’est ce que nous expliquait Beth Carter dans ce billet de 2014. Elle faisait partie du Carolinas Horticultural Therapy Network, un groupe d’hortithérapeutes de Caroline du Nord et du Sud créé en marge du American Horticultural Therapy Association dont les règles pour établir un chapitre local leur semblaient trop lourdes. « Nous nous rencontrons deux fois par an pour échanger des idées. L’un de nous accueille la réunion pour le weekend sur notre lieu de travail. Il y a toujours une ou deux présentations », expliquait Beth il y a 9 ans déjà. Souvent isolés au quotidien, les hortithérapeutes aiment se rencontrer et partager.

Au départ, se sont créées des branches régionales de l’AHTA. Par mesure de réduction des coûts, l’AHTA a ensuite dissous l’affiliation des branches, obligeant les membres des branches à développer un système de réseau. Cela s’est produit il y a plus de 15 ans et a tendu les relations entre l’AHTA et les réseaux régionaux.

Aujourd’hui, il existe huit réseaux régions reconnus par l’AHTA, mais opérant de manière indépendante. L’AHTA s’efforce actuellement de renforcer ses relations avec les réseaux, car de nombreux membres de ces derniers ne sont pas membres de l’AHTA. Or, cette dernière aimerait attirer plus de membres. Actuellement, l’AHTA organise des «  community meetings » où tous sont invités, membres de l’AHTA et toute personne intéressée par l’hortithérapie.

Si je vous raconte ces « travails » (un mot utilisé en anglais pour décrire une situation ardue), c’est pour montrer que partout où des personnes se rassemblent autour d’un intérêt commun, de belles choses se produisent. Mais ce serait naïf de passer sous silence les tensions organisationnelles et relationnelles qui compliquent souvent la tâche. Si on reste au-dessus de la mêlée, il est évident que, dans leur grande majorité, les personnes impliquées cherchent à faire avancer la reconnaissance de l’hortithérapie du mieux qu’elles peuvent. Mais voilà parfois, les être humains s’engluent.

L’exemple du North East Horticultural Therapy Network

Le North East Horticultural Therapy Network, NEHTN, est l’un des plus anciens réseaux des États-Unis. Colleen Griffin que vous aviez rencontrée dans ce billet l’année dernière (et que je vais avoir le plaisir de rencontrer en personne en France ce mois-ci !) raconte. « Notre région couvre la Nouvelle-Angleterre, l’État de New York et le sud-est de la Pennsylvanie. Une région assez vaste, en effet ! La région du NEHTN chevauche celle de notre réseau voisin, le Mid-Atlantic Horticultural Therapy Network ou MAHTN. Les deux réseaux collaborent souvent et de nombreux membres de chaque réseau participent aux événements des deux réseaux. C’est une relation très agréable à entretenir ! »

Quel est l’attrait de rejoindre un réseau régional ? « Je pense que les réseaux régionaux sont attrayants pour de nombreux non-membres de l’AHTA car les frais d’adhésion aux réseaux régionaux sont très abordables et offrent des avantages comparables. Comme les réseaux sont situés plus près de nos membres, l’ambiance est plus conviviale que dans une grande organisation nationale. Avant le COVID, les réseaux régionaux proposaient des rassemblements fréquents et facilement accessibles. Il s’agissait d’événements très abordables qui offraient une merveilleuse connexion sociale.  Et maintenant que nous semblons sortir de la pandémie, les rencontres en personne se multiplient. Il est intéressant de participer à un rassemblement relativement restreint avec des collègues de la Nouvelle-Angleterre plutôt que de traverser le pays pour assister à un rassemblement à l’échelle nationale. »

  • Canadian Horticultural Therapy Association (CHTA)

La CHTA présente beaucoup de similarités avec son voisin américain.

« L’Association canadienne d’horticulture thérapeutique est l’organisation professionnelle des praticiens de l’horticulture thérapeutique (HT) au Canada. Nous fournissons un processus d’inscription professionnelle volontaire pour les professionnels de l’HT et nous offrons des adhésions (étudiante, individuelle et d’entreprise/institutionnelle) pour toute personne intéressée à soutenir notre mission et à rester au courant des dernières nouvelles, recherches et opportunités dans le domaine.

Fondée en 1987, la CHTA dispose d’un réseau de plus de 300 membres actifs au Canada et à l’étranger, et de plus de 3 000 adeptes sur les médias sociaux. Les membres comprennent des horticulteurs thérapeutes agréés (HTT/HTR/HTM) et des professionnels tels que des ergothérapeutes, des physiothérapeutes, des ludothérapeutes, des travailleurs sociaux, des infirmières, des psychologues, des architectes paysagistes et des horticulteurs, ainsi qu’un groupe diversifié de passionnés de plantes qui s’intéressent vivement aux liens entre les gens et les plantes.

Nous sommes une organisation bénévole à but non lucratif et nous fournissons des informations, un soutien et des ressources à nos membres, aux professionnels et au public sur les pratiques et les avantages de l’hortithérapie (HT) et de l’horticulture thérapeutique (TH).

Les professionnels de l’horticulture thérapeutique offrent une grande variété de services d’horticulture thérapeutique dans de nombreux contextes différents : maisons de soins infirmiers, hôpitaux et centres de réadaptation ; centres de formation professionnelle, programmes de lutte contre la toxicomanie et établissements correctionnels ; centres de jour pour adultes, communautés agricoles thérapeutiques et jardins scolaires et communautaires, pour n’en citer que quelques-uns. »

A lire, le code d’éthique de la CHTA. L’association a dans le passé accrédité des formations et elle est en train de reprendre ce chemin sous un nouveau format. Quant à l’accréditation des professionnels, il existe deux niveaux : horticultural Therapist Technician (HTT) et horticultural Therapist Registered (HTR).

J’ai malheureusement peu « exploré » le Canada depuis 10 ans, à part cette rencontre avec Jeannine Lafrenière et cette autre avec Mélanie Massonnet. Une lacune que je suis en train d’essayer de combler.

  • Korean Horticultural and Well-Being Association

Difficile de trouver des renseignements sur la Korean Horticultural and Well-Being Association. Je n’ai pas réussi à trouver un site pour cette association.

Tout juste un article en ligne datant de 2012 et expliquant : « L’hortithérapie (HT) en Corée a connu une croissance rapide au cours des 15 dernières années. L’Association coréenne d’horticulture et de bien-être a joué un rôle crucial dans le développement de l’HT coréenne. L’Association coréenne d’horticulture et de bien-être propose quatre niveaux de certification en HT, à savoir l’HT avancée, l’HT niveau 1, l’HT niveau 2 et l’horticulture de bien-être. À l’heure actuelle, le nombre d’horticulteurs qualifiés s’élève à environ 2 000 et l’HT est proposé à environ 1 700 établissements tels que des organismes d’aide sociale, des centres de réinsertion professionnelle, des hôpitaux, des centres de santé publique, des écoles, etc. pour diverses personnes. La pratique de l’HT comprend quatre phases : le diagnostic et la préparation, la planification, la mise en œuvre et l’évaluation. Actuellement, des efforts sont en cours pour obtenir des certifications d’État pour les HT et pour assurer une couverture d’assurance médicale. »


Et un autre de 2021 se concentrant sur la formation : « Cette étude rend compte des perspectives d’emploi des hortithérapeutes coréens et de la nécessité de reconnaître l’horticulture thérapeutique comme une spécialisation des professionnels des services de bien-être en Corée du Sud. À ce jour, malgré la qualification privée d’horticulteur de bien-être proposée par l’Association coréenne d’horticulture et de bien-être (KHTA), il n’existe toujours pas de cadre national de qualification pour l’horticulture thérapeutique en Corée du Sud, ni de lois régissant cette profession. En 2008, la première qualification privée dans le domaine de l’horticulture thérapeutique a été enregistrée auprès de l’Institut coréen de développement des compétences professionnelles (KVCDI) (qualification n° 2008-0243). En décembre 2020, 5 560 stagiaires avaient acquis la qualification d’hortithérapeutes de bien-être, aux niveaux de supervision, de grade enregistré 1, 2 et 3. Pour devenir un hortithérapeute de bien-être qualifié, un stagiaire doit suivre un programme de 90 heures reconnu par la KHTA, comprenant la science horticole, la thérapie horticole, la médecine connexe, le bien-être social et la psychologie de conseil. En outre, les qualifications peuvent être obtenues s’il existe un dossier d’examens écrits, de pratique clinique, de participation à des ateliers et de présentation de thèse. Nos résultats ont montré que les compétences clés des hortithérapeutes requises dans le domaine clinique étaient les capacités de conception de programmes thérapeutiques, la compréhension de l’horticulture thérapeutique et le conseil psychologique. La méthode de formation préférée pour améliorer les compétences professionnelles du stagiaire était la méthode de formation pratique, et le rôle le plus important de la KHTA attendu par les hortithérapeutes était la création d’emplois par l’octroi de qualifications reconnues au niveau national pour les horticulteurs de bien-être. »

  • Taïwan Horticultural Therapy Association

Je vous dirige vers le site de la Taïwan Horticultural Therapy Association et sa page Facebook. Sur le site de la THTA (grâce à la traduction de DeepL), on découvre plusieurs figures nationales.

Huang Sheng-ying, « forte de 32 ans d’expérience en tant que conseillère et enseignante en éducation spécialisée, est directrice exécutive de l’Association taïwanaise de thérapie horticole et thérapeute horticole senior HTM de l’Association de thérapie horticole Asie-Pacifique. Elle se consacre actuellement à la planification de plans de cours et d’activités de thérapie horticole pour différents groupes, ainsi qu’au développement et à l’innovation de matériel pédagogique. Grâce à sa riche expérience de l’enseignement et à son style de direction unique et joyeux, elle fait en sorte que chaque classe soit pleine de rires et de joie. » Elle est la coauteure de « The Green Life Healing Handbook : 100 Recipes for Gardening Healing » avec Huang Shenglin et Cai Youting.

M. Huang Shenglin est « un hortithérapeute certifié de l’université Merritt aux États-Unis en 2004 et revenu à Taïwan pour se consacrer à la fusion des principes de la pharmacologie et des méthodes de soins de santé chinoises avec les herbes indigènes pour former un système unique et pratique d’horticulture thérapeutique trois en un : agriculture, médecine et alimentation. Il est également le co-auteur de « The Green Life Healing Handbook ». »

Chia-Rong Shih D., « Université du Wisconsin-Milwaukee, Département d’architecture/Centre d’études sur le vieillissement et l’environnement, promeut l’intégration de l’hortithérapie et de la guérison par la forêt dans la conception architecturale et paysagère afin de créer des espaces de guérison intérieurs et extérieurs pour les personnes âgées, et aide à la planification d’espaces de soins verts et d’expériences extérieures pour permettre aux personnes âgées de faire l’expérience du pouvoir de guérison de la nature dans les milieux communautaires et institutionnels. »

  • Hong Kong Association of Therapeutic Horticulture

Le site de la HKATH est très riche en informations en anglais. Connie Fung Yuen Yee, qui détient le titre américain de HTR, est présidente de cette association créée en janvier 2008. En 10 ans, des cursus de formation sont apparus dans plusieurs établissements, celui de la HKATH qui suit le modèle de l’AHTA étant considéré comme le plus exigeant. HKATH s’efforce de faire reconnaître l’hortithérapie à Hong Kong avec deux axes d’action : des collaborations avec des universités, des hôpitaux et des organisations de santé pour conduire des recherches sur l’application de l’hortithérapie pour différentes populations et la sensibilisation du grand public (activités de promotion, participation dans des activités de la communauté et interviews dans les média). « Avec nos capacités disponibles, nous souhaitons également partager notre précieuse expérience avec nos homologues en Chine continentale, à Taïwan et à Macao, afin d’introduire une thérapie horticole authentique dans davantage de régions de la Grande Chine. À cette fin, nous avons déjà lancé avec succès des programmes de formation et des programmes de stages dans ces domaines au cours des dernières années », ajoute la présidente sur le site. Effectivement, la liste des membres accrédités référence des professionnels à Hong Kong, mais aussi à Taiwan et en Chine.

Connie Fung Yuen Yee, présidente de la Hong Kong Association of Therapeutic Horticulture
  • Japanese Society of People-Plant Relationship et Japanese Horticultural Therapy Association

Sur le site de la Société Japonaise pour les relations entre l’homme et les plantes, on apprend que « La recherche sur la fonction des plantes dans le confort de l’esprit commence à être considérée comme importante pour la race humaine dans sa quête d’une vie confortable. La Société est un forum de discussion où des personnes issues de nombreux domaines se réunissent pour exploiter pleinement le rôle des plantes dans la culture d’une humanité riche, avec pour mot clé la relation entre les humains et les plantes. La Société est une organisation de recherche académique coopérative du Conseil scientifique du Japon. »

Ailleurs, on lit que « On dit que le XXIe siècle est le siècle des plantes. En effet, on s’inquiète de plus en plus de la crise alimentaire provoquée par l’explosion démographique et des changements environnementaux dus au réchauffement de la planète, et l’on reconnaît aujourd’hui l’importance des plantes pour faire face à ces problèmes, qui sont liés à la survie de la race humaine. Cependant, le rôle des plantes pour nous, les humains, ne se limite pas à cette contribution physique/physique. D’un point de vue spirituel, elles ont également joué un rôle majeur dans la croissance humaine, la santé et le développement de la civilisation. »

« Actuellement, au niveau national, la Japanese Society of People-Plant Relationship se concentre sur la promotion et la facilitation de la recherche multidisciplinaire sur les relations entre les personnes et les plantes, tandis que la Japanese Horticultural Therapy Association gère le système national de qualification des horticulteurs professionnels », peut-on apprendre en ligne.

Le besoin de traduire page à page rend difficile une vue d’ensemble des activités de ces deux entités. Pour les plus curieux, n’hésitez pas à vous plonger dans le site plus en détails. Cet article que j’avais écrit en 2015 semblait indiquer que, comme dans d’autres pays asiatiques, le développement de l’hortithérapie japonaise s’est construit sur un modèle américain et avec l’AHTA comme exemple. Je vous renvoie également vers cet article de Masahiro Toyoda qui explique l’histoire de l’hortithérapie au Japon.

  • Therapeutic Horticulture Association – THA (Australie)

Le site de la Therapeutic Horticulture Association australienne est ici. Je vous oriente aussi vers cet article de janvier 2023 sur l’hortithérapie ou plutôt l’horticulture thérapeutique en Australie à travers une interview de Leigh McGaghey, vice-présidente de THA.

Sur l’utilisation de l’expression horticulture thérapeutique, elle expliquait : « C’est une question de sémantique. En Australie, vous ne pouvez pas vous appeler thérapeute à moins d’avoir des diplômes spécifiques. C’est lié au système médical gratuit, les professions médicales et paramédicales sont subventionnées. Utiliser « horticulture thérapeutique » met plus l’accent sur l’horticulture et moins sur la thérapie. Il y a un mois, il y a eu un changement. Par exemple, vu mes diplômes, je ne peux plus me dire thérapeute. Qui a fait pression pour cela ? L’association des ergothérapeutes et d’autres personnes ayant des diplômes universitaires qui voulaient préserver leurs titres. Cela n’aide pas le public d’avoir cette confusion interne et cette complexité autour de notre nom. »

  • Thrive et Trellis Scotland

Laissons l’association anglaise Thrive se présenter.

« Thrive est la principale organisation caritative du Royaume-Uni qui utilise le jardinage pour apporter des changements positifs dans la vie des personnes handicapées, malades, isolées, défavorisées ou vulnérables. C’est ce qu’on appelle l’horticulture sociale et thérapeutique (HST). 

L’horticulture sociale et thérapeutique utilise les plantes et les jardins pour améliorer la santé physique et mentale, ainsi que les capacités de communication et de réflexion. Les jardins offrent un lieu sûr et sécurisé pour développer la capacité d’une personne à se mélanger socialement, améliorer sa forme physique et acquérir des compétences pratiques qui l’aideront à être plus indépendante.

Nous inspirons et encourageons les personnes qui viennent nous voir en nous concentrant sur ce qu’elles peuvent faire, et non sur ce qu’elles ne peuvent pas faire. Nous organisons des programmes thérapeutiques dans nos jardins de Battersea Park, à Londres, de Beech Hill, à Reading, et de Birmingham. Nous nous rendons également dans des maisons de soins, des salles de village et des projets communautaires pour encourager les activités de jardinage.

Parmi nos clients figurent des personnes blessées à la suite d’un accident, des personnes souffrant de difficultés d’apprentissage ou de handicaps physiques tels que la perte de la vue ou de l’ouïe, des personnes souffrant de maladies liées à l’âge telles que les accidents vasculaires cérébraux, la démence et les problèmes cardiaques, ainsi que des jeunes ayant des difficultés sociales, émotionnelles ou comportementales et des personnes en mauvaise santé après avoir quitté les forces armées.

Thrive offre également 

  • Une variété de possibilités de formation et d’éducation allant d’ateliers d’une journée à des qualifications d’enseignement supérieur pour les professionnels et les changements de carrière potentiels.
  • Des formations sur mesure pour répondre aux besoins spécifiques d’organisations ou de groupes individuels.
  • Des services de conseil spécialisés pour les organisations caritatives, statutaires et privées.
  • Journées sur la responsabilité sociale des entreprises.
  • Conférenciers pour des événements professionnels et communautaires.
  • De nombreuses possibilités de bénévolat dans nos jardins, nos bureaux et lors d’événements spéciaux de collecte de fonds. »

Vous pouvez suivre Thrive sur son site ou sur LinkedIn. Je dois avouer que je n’ai pas développé de lien avec Thrive en 10 ans (malgré cet article succinct en 2015), une autre lacune.

Par contre, je connais mieux Trellis, l’association écossaise et sa figure de proue, Fiona Thackeray « rencontrée » en 2015 et revisitée en 2022. Pour suivre cette association très dynamique, voici son site et notamment son Seminar Series qui se déroule ces jours-ci (7 et 8 mars).

  • Internationale Gesellschaft Gartentherapie – IGGT (Allemagne)

En octobre dernier, nous avions fait la connaissance d’Andreas Niepel, un hortithérapeute central en Allemagne. Depuis 2009, il est président de la Internationale Gesellschaft Gartentherapie (IGGT), la Société internationale de thérapie par le jardin qui rassemble des associations existantes. Pour le site, c’est par ici.

  1. Fédération Française Jardins Nature et Santé – FFJNS (France)

En vous promenant sur ce blog, vous retrouveriez des portraits d’une bonne partie des membres fondateurs de la Fédération Française Jardins Nature et Santé – avant même que la FFJNS ne soit créée en 2018. En tant que première présidente de cette association de 2018 à 2021, je trouve que la tâche d’en parler est difficile.  Je vous renvoie à son site et à sa page LinkedIn. Je vous encourage aussi à lire sa charte dont je reste fan plus de 5 ans après sa rédaction.

Je rappelle de manière concise ses missions :

Fédérer les acteurs du domaine

Promouvoir leurs diverses pratiques (hortithérapie, jardins thérapeutiques, écothérapies)

Se soutenir entre professionnels.

Assemblée constituante de la Fédération Française Jardins Nature et Santé
  1. Asociación Española de Horticultura y Jardinería Social y Terapéutica – AEJHST (Espagne et pays hispanophes)

Pour comprendre la genèse de l’Asociación Española de Horticultura y Jardinería Social y Terapéutica (AEHJST ou association espagnole d’horticulture et de jardinage social et thérapeutique) en 2018, je vous suggère cette interview de Leila Alcalde Banet que j’avais présentée comme la locomotive de l’hortithérapie en Espagne et en Amérique Latine. Et voici le site de l’AEJHST.

  1. Asociación Peruana de Horticultura Terapéutica y Social (APHTS)

Voici une autre locomotive en Amérique latine : Daniela Silva-Rodríguez Bonazzi est présidente de l’Asociación Peruana de Horticultura Terapéutica y Social. Mais aussi directrice de l’Instituto de Horticultura Terapéutica dont le nom et la mission de formation évoquent beaucoup le Horticultural Therapy Institute où elle a étudié. Deux lieux pour se renseigner : en ligne et sur LinkedIn. Pour en apprendre plus sur Daniela, c’est par ici.

L’Australie pratique l’horticulture thérapeutique

Quand j’ai commencé à explorer l’hortithérapie en Australie, j’avais bon espoir de trouver des pistes intéressantes. Assez vite, la Therapeutic Horticulture Association (THA) est apparue sur les radars (pour la suivre sur LinkedIn). Sa mission est clairement énoncée : « Nous sommes une association nationale de membres représentant l’horticulture thérapeutique en Australie. Nous soutenons les personnes et les organisations dans l’utilisation de l’horticulture pour la santé et le bien-être à travers des réseaux, la formation, l’éducation et la recherche. »

Pendant la conférence annuelle de THA à Melbourne en octobre 2022

C’est avec Leigh McGaghey, vice-présidente de THA, que j’ai eu le plaisir d’échanger pour vous faire découvrir ce qui se passe « down under ». Voici comment Leigh se présente en ligne. « Elle vit et travaille à Sydney où elle conçoit des jardins réparateurs pour des clients privés, en même temps qu’elle consulte pour des services de thérapie horticole dans des maisons de retraite, des logements multi-résidentiels et à travers la communauté. Leigh et son mari psychologue ont créé Wired for Nature en 2018 pour compléter les stratégies traditionnelles de conseil psychologique par des pratiques d’hortithérapie et d’autres activités d’engagement dans la nature.

Les stratégies qu’ils conçoivent sont fondées sur des preuves neurologiques, issues d’une compréhension de la façon dont nos cerveaux sont « câblés » pour répondre à la nature. Diplômée en architecture paysagère, en éducation des adultes et en thérapie récréative, Leigh a pu combiner ces disciplines pour étayer son travail et s’intéresse particulièrement à la promotion de l’horticulture thérapeutique en tant que profession identifiée, ainsi qu’à la promotion de l’éducation et des voies de formation pour les praticiens. L’amour de la science, des jardins, de l’écologie et de la perte dans son propre jardin désordonné signifie que la vie est en constante évolution et que les personnes qu’elle rencontre dans le cadre de son travail et de ses activités de bénévolat sont une source d’inspiration [et de fun]. »

Leigh McGaghey, vice-présidente de Therapeutic Horticulture Association (THA)

Quel est le parcours qui vous a amenée à l’horticulture thérapeutique ?

Ma première carrière dans la finance était devenue insatisfaisante et le monde naturel m’attirait. Dans les années 1980-1990, je me suis tournée vers le métier d’architecte paysagiste même si ce n’était pas un choix idéal. C’était un milieu très misogyne. De plus j’avais un jeune enfant et cela n’a pas été facile de finir mes études. Cependant, j’y suis parvenue. Après quelques années, j’ai commencé à enseigner l’horticulture dans un programme de formation professionnelle. Il se trouve qu’il y avait là un bâtiment dédié à l’horticulture pour des jeunes porteurs de handicaps avec des ergothérapeutes, des kinés, des assistants sociaux qui travaillaient avec eux. Ce fut mon premier aperçu. Je me suis dit que ça avait l’air sympa.

Quels types de projets poursuivez-vous actuellement ?

Mon mari est psychologue et nous partageons un bureau. Il ne me demandait pas mon avis, mais j’ai commencé à suggérer que les patients pourraient bénéficier de visites dans un jardin. Il était d’accord car il lui semblait qu’il y avait souvent une déconnexion, quelque chose qui manquait pour ses patients. A partir de 2018, nous avons combiné son expérience de psychologue et mon expérience avec les plantes et la création d’environnements biophiliques. Je dois dire qu’en Australie, la psychologie est plutôt conservatrice. Par exemple, la psychologie environnementale n’est pas reconnue! En tant que psychologue, il doit se battre.

Grâce notamment aux réseaux sociaux, ce qui est assez peu conventionnel, nous avons commencé à travailler avec des jeunes qui connaissaient des problèmes de santé mentale en les guidant vers une compréhension des neurosciences tout en les aidant à mettre les mains dans la terre. Nous ne parlions pas directement de problèmes psychologiques. Personne d’autre ne faisait cela. Puis d’autres personnes travaillant dans des structures qui hébergent des personnes âgées ont commencé à me contacter. Mais c’est alors que le Covid a frappé. Nous avons fonctionné sous forme de clubs de jardinage en ligne, de manière informelle.

Pouvez-vous expliquer pourquoi en Australie vous utilisez le terme d’horticulture thérapeutique plutôt que d’hortithérapie ?

C’est une question de sémantique. En Australie, vous ne pouvez pas vous appeler thérapeute à moins d’avoir des diplômes spécifiques. C’est lié au système médical gratuit, les professions médicales et paramédicales sont subventionnées. Utiliser « horticulture thérapeutique » met plus l’accent sur l’horticulture et moins sur la thérapie. Il y a un mois, il y a eu un changement. Par exemple, vu mes diplômes, je ne peux plus me dire thérapeute. Qui a fait pression pour cela ? L’association des ergothérapeutes et d’autres personnes ayant des diplômes universitaires qui voulaient préserver leurs titres. Cela n’aide pas le public d’avoir cette confusion interne et cette complexité autour de notre nom.

Voici la définition de l’horticulture thérapeutique développée par la THA.

Parlez-nous de THA.

J’avais eu l’occasion de présenter notre travail en 2018 à la première conférence de THA. A partir de là, mon implication a grandi dans l’association et j’ai rejoint le CA il y a 10 mois. La difficulté est que chaque état australien avait son association. Par exemple en Nouvelle-Galles du Sud (New South Wales en anglais), l’association Cultivate représentait l’horticulture thérapeutique et sociale. Il y a eu un effort pour se rassembler afin de faciliter le développement et de favoriser la reconnaissance de notre discipline.

Nos membres viennent à 51% des professions médicales et alliées et à 49% des métiers de l’horticulture et du paysagisme. Environ 10% ont une double qualification et peuvent utiliser le terme hortithérapeutes. Nous avons environ 200 membres (il y a plusieurs types de membres, un peu comme dans la Fédération Française Jardins Nature et Santé). En octobre 2022, nous avons tenu notre conférence nationale avec une soixantaine de membres présents à l’Université de Melbourne. Nous sommes concentrés dans les principales villes : Sydney en Nouvelle-Galles du Sud, Melbourne dans l’état de Victoria et aussi Adelaïde en Australie du Sud.

Notre mission est d’encourager et de soutenir l’horticulture thérapeutique fondée sur des preuves, éthique et centrée sur la personne en Australie et de développer une industrie robuste, professionnelle et éthique qui soit largement reconnue, appréciée et utilisée.

Une session pendant la conférence annuelle de THA en octobre 2022

Où en êtes-vous en Australie dans l’acceptation et le développement de ces interventions justement?

Je pense que nous ne sommes pas aussi avancés chez nous qu’aux Etats-Unis ou en Europe. Nous travaillons sur la formation car ce n’est pas une profession reconnue officiellement. Elle n’entre pas dans les statistiques gouvernementales. Elle est encore mal définie. L’état actuel de l’éducation est très contesté. Les institutions ne sont pas convaincues qu’il existe un besoin suffisant. Avec 25 millions d’habitants en Australie, nous pensons qu’il y a une économie d’échelle.

Les principaux secteurs qui se sont développés sont le secteur du handicap avec beaucoup de foyers résidentiels qui ont des programmes d’horticulture thérapeutique, le domaine de l’aide sociale et du logement social avec des institutions publiques et des associations qui travaillent ensemble pour apporter le jardinage aux résidents ainsi que dans les prisons. De plus, des programmes ciblent les immigrants via l’action sociale (est-ce que cela vous rappelle l’Autriche ?). Par contre, l’horticulture thérapeutique n’est pas très représentée dans le domaine de la psychiatrie en Australie. (Comme dans d’autres pays, la pratique s’adresse aux personnes âgées souffrant de troubles cognitifs comme le décrit ce reportage.)

Vous avez un intérêt pour la recherche en Australie.

Oui par exemple, il existe un projet de recherche universitaire en cours sur la prescription nature (Nature Prescribing). L’hortithérapie fait partie des outils thérapeutiques de cet « engagement dans la nature » identifiés dans cette recherche.  C’est très intéressant car le projet a permis de créer un cadre pour la manière dont la prescription de nature peut fonctionner en Australie. Voici une mise à jour de l’université sur le projet.

Deux autres acteurs marquants

Tara Graham-Cochrane est présidente de THA. « Tara est une architecte paysagiste primée au niveau international, spécialisée dans la conception de paysages thérapeutiques et de guérison pour les secteurs des soins de santé, des soins aux personnes âgées, du handicap et de l’éducation en Australie. Tara est convaincue que les environnements physiques peuvent être conçus pour réduire le stress, améliorer la santé et favoriser le bien-être des personnes. »

Steven Wells est infirmier et pratique l’horticulture thérapeutique depuis 30 ans. Découvrez son profil sur LinkedIn, ce que son employeur Austin Health dit de son travail depuis 2005 et visitez son jardin personnel dans ce reportage d’octobre 2022.

Bonne découverte de nos consoeurs et confrères australiens et bien sûr bonne année 2023.

Steven Wells de Melbourne, Australia : « Coordinateur des jardins et espaces verts, thérapeute horticole, horticulteur thérapeutique du projet de bien-être du personnel et infirmier à Austin Health ».

Anne-Françoise Pirson : l’hortithérapie made in Belgium

J’ai eu le plaisir de rencontrer Anne-Françoise Pirson à la dernière assemblée générale de la Fédération Française Jardins, Nature et Santé. C’était fin janvier à l’école du Breuil, haut lieu de la formation à l’horticulture dans le Bois de Vincennes à Paris, où notre communauté grandissante se réunissait en compagnie de Gilles Clément. Une journée inspirante et joyeuse, des retrouvailles attendues après une période très « distancielle » et de nouvelles rencontres comme celle d’Anne-Françoise. Elle vient de rejoindre la FFJNS qui compte quelques membres hors des frontières françaises. Car Anne-Françoise avait fait le déplacement de Mons en Belgique où elle vit et vient de lancer une nouvelle aventure : le jardin qui prend soin.

« En Belgique, il existe quelques projets comme celui d’Alain Flandroit au Centre Hospitalier Universitaire et Psychiatrique de Mons-Borinage. Je vais aussi aller visiter d’autres projets, notamment à Bruxelles où un psychologue de formation est salarié d’un hôpital en tant qu’hortithérapeute », raconte Anne-Françoise, elle-même psychologue. « Cependant, l’hortithérapie me semble moins développée qu’en France. Quand je prononce ce mot, personne ne voit de quoi je parle parmi les responsables d’institutions de soin, les soignants, les métiers du végétal ou les politiques. » Ce qui n’arrête pas Anne-Françoise comme cela n’arrête pas toutes les personnes convaincues des bienfaits de la nature pour les êtres humains en situation de fragilité ou pas !

Anne-Françoise Pirson privilégie le vélo pour se déplacer dans Mons.

Le chemin qui mène à l’hortithérapie

Après ses études de psychologie, elle débute dans cette profession par des remplacements en psychiatrie et dans d’autres domaines où elle accompagne des patients en état de crise, des enfants placés ou encore des migrants nouvellement arrivés. Et puis la vie l’emmène dans une autre direction : un mari cuisinier, l’école hôtelière et un restaurant de produits du terroir sur les principes de l’économie circulaire et des circuits courts. Avant un nouveau virage vers un poste de vente de logiciels spécialisés pour les établissements de soin. « A l’approche de la quarantaine, j’avais besoin de sens et j’ai cherché un travail de psychologue conseil que j’ai trouvé dans une mutuelle. Mon moteur était l’accès et le remboursement des soins en santé mentale. Certaines choses ont bien marché, mais j’étais frustrée par le peu d’impact de mes actions malgré un travail qui prenait mes jours, mes soirs et mes weekends. »

« Le Covid est arrivé, on travaillait en visio. Et là, j’ai fait un burn out. La personne qui m’a accompagnée, Véronique, m’a suggéré un jour de réfléchir à mon rapport à la nature. Je me suis dit qu’elle était folle, que c’était pour m’occuper. Et puis comme j’avais confiance en elle, j’ai acheté un cahier pour écrire et là, c’est monté en moi et je me suis dit que j’avais trouvé ce que je voulais faire pour le reste de ma vie. Elle avait écouté ce qui me ressourçait et entendu ce lien fort avec la nature. »

Une double formation, théorie et pratique

Avec cette idée en tête, Anne-Françoise part à la recherche d’une formation. Elle se tourne d’abord vers le Canada et Mitchell Hewson, le premier hortithérapeute à obtenir le titre de « horticultural therapist registered » dans son pays et membre honoraire du Canadian Horticultural Therapy Association (CHTA). Cette formation à distance lui fournit les bases théoriques indispensables. Pour une approche « les mains dans la terre », elle se déplace en région parisienne pour suivre la formation de Terr’Happy, également membre de la Fédération Française Jardins Nature et Santé. Elle terminera cette formation le mois prochain. « La formation est active car on fait des ateliers avec des bénéficiaires et des soignants. Et puis on rencontre d’autres professionnels avec d’autres pratiques, ce qui ouvre le champ des possibles. » En parallèle, elle lit beaucoup. En anglais principalement. Elle déplore bien sûr l’absence de formation en Belgique.

Il ne faudrait pas oublier une formation au maraichage bio suivie en 2014, « parce que j’aimais et que je voulais apprendre à titre personnel, avec peut-être déjà une idée de reconversion ». Dans le cadre de cette formation, un stage dans une ferme proposant de l’insertion socio-professionnelle donne une autre base intéressante à sa reconversion. Et au départ, une sensibilité et une expérience depuis tout le temps : le goût de jardiner, de faire de la randonnée, d’aller en vélo. Tout un état d’esprit.

A la ferme Delsamme lors d’un stage d’un an dans le cadre de sa formation en maraîchage biologique

La naissance du jardin qui prend soin

Prochaine étape après les formations canadienne et française, le lancement de sa société Le jardin qui prend soin actuellement hébergée dans une couveuse d’entreprise et qui a vocation à devenir une association à but non lucratif (une Association Sans But Lucratif ou ASBL en Belgique). Sur son site, très pédagogique, Anne-Françoise évoque son parcours et explique ce qu’elle peut apporter à des établissements désireux de faire entrer la nature dans leurs pratiques. Elle a également organisé des webinaires pour expliquer son approche et sensibiliser à l’hortithérapie. LinkedIn est un autre outil utile et efficace pour se faire connaître et faire connaître l’hortithérapie. En octobre 2021, en quête de contact avec d’autres professionnel.les, elle rejoint la Fédération Française Jardins Nature et Santé.

Comme dans tout démarrage, il y a des jours enthousiasmants qui apportent de bonnes nouvelles et d’autres moins drôles où des projets tombent à l’eau comme ce jardin qui ne se fera pas dans une structure qui accueille des femmes et des enfants fuyant la violence. Le CA de la structure a décidé d’assigner le budget à réaménager l’intérieur plutôt que l’extérieur ! D’autres projets sont en discussion : un jardin pour une maison attachée à l’hôpital universitaire de Mons et accueillant pour des soins de support des personnes qui vivent un cancer, des contacts avec des maisons de retraite en Wallonie, le périmètre d’action d’Anne-Françoise.

Des ateliers d’hortithérapie au cœur du Musée des Beaux-Arts de Mons

Et la semaine dernière, une excellente nouvelle avec la confirmation d’un projet qui lui tient à cœur. « Le jardin du Musée des Beaux-Arts de ma ville, le BAM à Mons, m’accueille du 3 mai au 15 septembre pour 10 ateliers hortithérapeutiques. C’est un test que nous faisons ensemble en vue d’un projet de jardin plus grand et plus pérenne dans les années à venir, mais aussi d’une belle réflexion et collaboration sur l’accueil des publics différenciés, l’être dedans et dehors, la nature et la culture, la stimulation sensorielle, l’éveil des visiteurs et la place à l’expérience. Certains trouveront peut-être étrange de s’adosser à un musée avec un jardin hors institution, mais le musée et moi nous y voyions énormément de sens. » Non, pas étrange du tout !

« Il s’agit de 10 ateliers découverte », continue Anne-Françoise. « Chaque atelier sera vécu une seule fois par un petit groupe issu d’une institution, chaque fois différente. Ce sont des ateliers d’une heure trente, suivi pour les groupes qui le souhaitent par une visite guidée adaptée de l’exposition en cours dans le musée. Le premier atelier du mois de mai a été réservé par une maison de soins de support pour personnes ayant à faire face à un cancer. Les institutions visées sont très diverses : personnes âgées, personnes handicapées, déficients visuels, secteur de l’aide à la jeunesse, soins de santé primaire et communautaire, public précaire et sortant d’une période de sans-abrisme, psychiatrie dans et hors les murs. »

« Nous avons prévu un espace de stimulation sensorielle avec beaucoup d’aromatiques et de fleurs comestibles mais aussi deux bacs pour PMR et un bac pour travailler debout également où nous réaliserons des cultures potagères de printemps et d’été. Ce sera, je l’espère, pour moi l’occasion de montrer aussi de petits outils adaptés. »

« Aujourd’hui, mes journées sont variées, pleines de sens. Je fais de belles rencontres. Et autour de moi, mes proches pensent que ce projet me correspond », conclut Anne-Françoise. Comme quoi, une période de crise peut être porteuse de changements positifs ou comme dirait son accompagnatrice, « Vous avez réussi votre burn out ».  Quant à nous, en France, nous sommes très heureux qu’Anne-Françoise ait trouvé des ressources utiles et une communauté de cœur avec les autres membres de la FFJNS. Je crois même comprendre qu’un projet commun serait en discussion avec une membre française…A suivre.

Pour joindre Anne-Françoise : anne-francoise.pirson (at) lejardinquiprendsoin.be

En parlant de suivre, voici des nouvelles qu’Anne-Françoise m’a fait parvenir en décembre 2022. Je vous les livre en direct.

  • Au niveau du « véhicule entrepreneurial » : J’ai quitté la couveuse d’entreprise et créé une association sans but lucratif, tout en reprenant un travail de salariée à mi-temps pour couvrir mes besoins personnels :
    • Cela correspond plus à nos valeurs ;
    • Autres avantages :  il n’est pas possible de suspecter l’activité de quelques façons que ce soit – non il n’y a pas d’intérêt personnel et financier à cette activité ;
    • Permet de participer à des appels à projets (seul ou en collaboration avec d’autres)
  • Le projet test des ateliers au jardin du musée s’est très bien passé, son évaluation est très positive. Le point essentiel que nous retenons c’est que travailler sur l’espace public ajoute une très belle dimension à quasi tous les objectifs que l’on peut poursuivre en atelier. Voici le lien vers une vidéo qui parle de ces ateliers
  • Le jardin qui prend soin a lancé deux études de projets pour des jardins thérapeutiques en maisons de repos, l’une en Gaume à la campagne sur un grand terrain, l’autre à Huy, dans un contexte urbain, sur un plus petit terrain. Les deux études de projets sont portées par une petite équipe locale que j’accompagne pas à pas dans les réflexions (personnel de différents horizons, résidents, ouvriers, direction) sur la dynamique et le sens du projet, l’analyse des besoins à rencontrer, les aménagements à faire, la palette végétale ;
  • Nous sommes de temps en temps interpellé pour faire des petites conférences ou des micro-formations sur l’hortithérapie ou encore pour participer à tel ou tel salons ;
  • Nous avons reçu un morceau du budget participatif de la ville, soit un budget de 16.017€ (à utiliser sur deux ans) afin d’aménager un tiers-lieu jardin thérapeutique adossé à un musée du Pôle muséal de ma ville. Cela fait suite aux ateliers découvertes menés en été 2022 dans le jardin du musée des beaux-Arts. Cette fois, et grâce au budget décroché, nous allons pouvoir nous installer pour de nombreuses années et ancrer le projet et le programme très localement, dans une démarche participative et inclusive sur un autre terrain, adossé à un autre musée, qui se trouve en sortie de ville dans une zone semi-urbaine et socialement défavorisée, il s’agit du jardin du Musée Van Gogh à Cuesmes. 
  • Nous continuons à tisser des liens et à faire connaissance avec les autres acteurs belges francophones, principalement des soignants, avec entre autres le projet d’une petite semaine vélo en Août 2023 pour faire découvrir au monde tout ça (avec Romane) – à confirmer courant janvier, fonction de mon nouveau boulot de salariée et de nos possibilités d’être toutes les deux en congé en même temps

Le Bonheur est dans le jardin fête ses 10 ans

 

Où sont-elles passées, ces 10 années ? Je vous les raconte à travers quelques billets qui ont jalonné mes explorations aux Etats-Unis, en France et ailleurs à la recherche d’expériences de la nature qui soigne. 267 billets en 10 ans et une masse d’informations qui restent à votre disposition si vous aimez fouiller un peu. N’hésitez pas à utiliser l’outil de recherche et voyez ce qui se cache dans les profondeurs du Bonheur. 

En préparant cette rétrospective, je me rends compte de tous les échanges et les rencontres que le blog a générés pour moi et parfois entre les lecteurs. C’est à cela qu’il sert.

Suzanne Redell dans un oasis de verdure avec une patiente du Cordilleras Mental Health Center (Californie).

2012, les débuts dans l’enthousiasme

En mai 2012, j’explique dans le premier billet pourquoi je lance Le bonheur est dans le jardin. J’habitais alors à Berkeley en Californie, mais le retour à Paris était programmé pour l’automne. Mon objectif était de parler de projets d’hortithérapie, de partager des exemples, d’inspirer. Déjà, j’évoquais la soif de nature et de connexion avec la terre des citadins, thème qui a pris de l’ampleur depuis 2012 et encore plus depuis 2020.

Depuis la Californie, j’avais échangé avec Anne et Jean-Paul Ribes de Belles Plantes ainsi qu’avec Anne Chahine de Jardins & Santé. Lien entre la France et les Etats-Unis, j’avais aussi « recruté » Rebecca Haller, ancienne présidente de l’American Horticultural Therapy Institute, pour le Symposium de Jardins & Santé en novembre 2012. A travers le blog, commençait à se jouer un rôle d’intermédiaire.

Avant de rentrer en France, je m’en donnais à cœur joie en racontant des expériences américaines, en pédopsychiatrie à Cincinnatidans un hôpital gérontologique à Atlanta ou encore de jardin en soins palliatifs en Caroline du Nord. Les soins palliatifs déjà – comme un clin d’œil à aujourd’hui où me voici psychologue dans une équipe mobile de soins palliatifs. A l’époque, j’abordais tous ces sujets sans aucune connaissance de soignante et seulement une courte formation en hortithérapie. Avec un enthousiasme sans doute un peu naïf. Pendant quatre ans, Le bonheur a été publié une fois, voire deux fois, par semaine ! Avant de devenir mensuel lorsque j’ai commencé un master de psychologie à Paris Nanterre. Merci Carole Nahon pour la suggestion de réduire la fréquence, car j’ai bien failli arrêter à ce moment-là devant la somme de travail.

En 2012 toujours,  premier passage au Centre de Formation de Chaumont-sur-Loire comme stagiaire lors de l’une de toutes premières formations aux jardins de soin et rencontre avec quelques personnes clés : Hervé Bertrix, Sébastien Guéret, Stéphane Lanel,  Paule Lebay, Dominique Marboeuf, « les » Ribes,…

Anne Ribes et Suzanne Redell discutent dans le jardin à la Pitié Salpétrière en 2013.

2013, un pied en France, un pied aux Etats-Unis

Je suis en France, mais mes attaches américaines sont encore très fortes (jardin dans des quartiers défavorisés à Portlandoù j’ai vécu plusieurs années, hortithérapie et violences sexuelles, rencontre avec Matt Wichrowski, hortithérapeute et chercheur new-yorkais,…). Petit à petit, le centre de gravité se déplace en France (Anne Ribes à la Pitié-Salpétrièrele Jardin d’Olt comme remède contre l’enfermement dans un Ehpad ou un atelier d’horticulture dans un IME). Toujours comme pont entre les deux pays, je commence à décliner le Bonheur en anglais pour alimenter le blog On the Ground du Horticultural Therapy Institute de Rebecca Haller et Christine Capra où j’ai été formée en 2010-2011.

Les animateurs du projet de jardin partagé au CH Georges Daumezon (Loiret) dont Anne Babin (à gauche en tablier vert) et Laurent Chéreau (devant avec le bob).

2014 fourmille de rencontres

Cette année-là, je commence à participer au jury du prix de la Fondation Truffaut qui récompense pendant plusieurs années, sous différentes formes, des jardins thérapeutiques, d’insertion et sociaux. Ce sera au fil du temps l’occasion de belles rencontres comme celle de Romane Glotain. Elle deviendra une régulière du blog à qui je passerai la plume plusieurs fois. Tout comme Nicole Brès qui écrira plusieurs billets au décours de ses voyages. Je fais aussi la connaissance de France Criou autour du Jardin de l’Armillaire qu’elle a contribué à créer au CHU de Nice. Je m’essaie pour la première fois à la vidéo avec une visite filmée du jardin de l’Ephad d’Onzain en compagnie de Paule Lebay. Ayant convaincu le magazine Le Lien Horticole de publier des articles sur les jardins thérapeutiques, je visite entre autres Dominique Marboeuf au CH Mazurelle à La Roche-sur-Yon. 2014 est aussi l’année où Tamara Singh, hortithérapeute certifiée aux Etats-Unis, débarque en France.

Un des cinq jardins au Legacy Emanuel Medical Center à Portland (Oregon, Etats-Unis).

2015, de la terreur à l’amour du vivant

L’année commence dans la douleur avec les attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Casher et je publie les réflexions de Sébastien Guéret, amoureux des jardins coincé au Japon que j’avais déjà présenté quelques mois plus tôt. Je continue la pratique de passer la plume à d’autres, comme ici pour parler de jardins et de soins palliatifs à la maison médicale Jeanne Garnier. L’Amérique du nord reste un terrain d’aventure fréquent (Une hortithérapeute à temps plein au Mental Health Center à Denverla formation à l’hortithérapie aux New York Botanical Gardens by Tamara Singh, la rencontre avec Jeannine Lafrenière de la Fondation Oublie pour un instant au Canada,…). Je me balade aussi en Belgique où je risque de rester coincée dans un hôpital pour le weekend pour cause de grève des transports. J’évoque pour la première fois l’écothérapie ainsi que la biophilie et E.O. Wilson, ce chercheur iconique qui vient de nous quitter il y a quelques jours. 

Les Jardins de l’Humanité dans la brume

2016, rythme de croisière

Je propose une de mes premières « revues de la littérature » sur les études démontrant les bienfaits de la nature sur la santé mentale. En 2016, visite en chair et en os à Castelnaudary chez John Riddel au Jardin des Vents. Pas moins de 4 billets pour décrire ce projet qui aura pris 10 ans de travail acharné pour se concrétiser et qui rassemble plusieurs établissements. C’est le grand plaisir d’écrire un blog pour une pigiste habituée aux contraintes imposées par des rédac chef : ici, je fais ce que je veux. De même, je consacre une série de quatre billets au grand sujet du financement. Je mets aussi en avant des travaux d’étudiants de différentes disciplines qui ont pris le jardin thérapeutique comme objet d’étude, comme le travail d’Arnaud Kowalczyk en master Promotion et Gestion de la Santé à Tours (et en passant en train par Saint-Pierre-des-Corps, je lui prête un jour le livre de Clare Marcus Cooper sur le quai de la gare). Je reviens à la vidéo pour présenter Laure Bentze et Stéphanie Personne de Ter’Happy, mais c’est à distance que j’interviewe Estelle Alquier des Jardins de l’Humanité dans les Landes. 

Curiosité partagée : le Jardin de Bonne à Paris, le jardin partagé de mon quartier qui rapproche les habitants.

2017, les frémissements d’une future fédération

En 2017, un certain Jérôme Pellissier m’appelle pour boire un café au Père Tranquille à Paris : il va publier un livre (enfin) en français sur l’hortithérapie et les jardins thérapeutiques. Alléluia ! 2017 est aussi une année de symposium Jardins & Santé. Comme d’habitude, j’essaie d’en rendre compte pour les absents. Ce symposium sera de manière informelle, dans un autre bar, le point de départ de la Fédération Française Jardins, Nature et Santé. Depuis 2012, j’ai rencontré petit à petit (et présenté ici) presque tous les futurs membres-fondateurs de la « Fédé », y compris Didier Sigler du CH Théophile Roussel. Je prends aussi le temps de revenir sur des projets découverts les années précédentes, un autre luxe que permet un blog indépendant.

Le jardin de soin de Chaumont-sur-Loire, un jardin couteau suisse : pour les stagiaires des formations, pour des bénéficiaires locaux et pour le grand public qui visite le domaine.

2018, des prisons et des bains de forêt

Je suis bien ancrée en France, mais je garde toujours un œil sur les Etats-Unis, par exemple avec ce portrait de Calliope Correia, une hortithérapeute californienne et camarade de cours au Horticultural Therapy Institute, qui travaille entre autre derrière les barreaux avec beaucoup de passion. En 2018, je suis frappée par la multiplication des livres sur les bains de forêts…ce qui m’amènera directement à en écrire un autre pour les enfants et les familles l’année suivante. 

Evénement marquant cette année-là, l’ouverture d’un jardin de soin à Chaumont-sur-Loire, une satisfaction pour toute l’équipe des formateurs dont je faisais partie à l’époque et un projet mené en un temps record à la suite d’une rencontre avec la directrice des lieux. Il y a d’autres bonnes nouvelles : l’arrivée de Heidi Rotteneder, une hortithérapeute certifiée des deux côtés de l’Atlantiquela découverte qu’on peut pratiquer la psychothérapie dans la nature grâce à Beth Collier (une pratique que je commence à m’approprier à ma manière en tant que psychologue et psychothérapeute) ou encore la rencontre avec Green Link, une fondation très nature. Green Link publiera notamment cette même année un livre blanc sur les jardins en prison.

Dr. France Criou et Roger Ulrich, en marge du colloque « Des jardins pour prendre soin » à Saint-Etienne en 2019 à l’initiative de l’équipe du Jardin des Mélisses et de Dr. Romain Pommier.

2019, un livre et un colloque génial

A titre personnel, elle débute avec la publication de mon livre susnommé, Le Shinrin Yoku en famille, qui incite les familles à reconnecter avec la nature dans la lignée de Richard Louv. A titre collectif, elle se poursuit avec le premier anniversaire de la Fédération Française Jardins, Nature et Santé. Nous communions avec la communauté hortithérapique lors d’un colloque au CHU de Saint-Etienne avec Roger Ulrich en guest star (pour expliquer l’impact de sa venue en France, je fais le parallèle avec rencontrer Mick Jagger pour un fan de rock anglais). Je parle à des « reconverties » qui ont répondu à l’appel de la nature. Nous causons dans le Jardin du Luxembourg avec une hortithérapeute péruvienneUn nouveau jardin « hors les murs » fait son apparition en Sologne, le Jardin de Vezenne. 

Une sortie des Décliques qui reconnecte les petits Franciliens avec la nature

2020, l’année des confinés

Tout avait si bien commencé. Et puis boum. Confinement acte I (Confinés dans nos corps, pas dans nos têtes), confinement acte II (Quand les confinés redécouvrent la nature, la biophilie explose), confinement acte III (Dans les jardins et la nature, les activités thérapeutiques reprennent de plus belle). Et puis encore et toujours des rencontres : Florence Gottiniaux en face à faceSabrina Serres au téléphone,…

Un jardin à visée thérapeutique à la Clinique de l’Anjou à Angers pour améliorer la qualité de vie des patientes en oncologie

2021, l’année de la formation

2021 explose d’actualité autour de la formation, les trois premiers jardiniers médiateurs et l’annonce d’un DU Santé et Jardins, notamment. Romane Glotain a fait le Tour de France des jardins thérapeutiques. On est parti en Angleterre avec Sue Stuart-Smith pour son excellent livre L’Equilibre du jardinier, en Italie avec Ania Balducci qui lance une formation universitaire à l’hortithérapie et au Kurdistan avec Tamara et Heidi.

Et en 2022 ? Et bien justement, j’ai envie de continuer sur cette lancée hors des frontières. En 2022, le Bonheur va se balader dans le monde entier. La suite en février…Merci de votre fidélité. N’hésitez pas à commenter ou à me donner des pistes de sujets à l’étranger.

Trois professionnelles de la santé mentale s’allient à la nature

Pour conclure 2021, la parole à trois femmes croisées électroniquement ou dans la vraie vie et dont j’avais envie d’avoir des nouvelles. Je leur ai demandé où en étaient leurs projets autour du jardin et de la nature et je partage avec vous leurs réponses. Merci à elles.

Stéphanie Martin : psychologue, elle consulte dans la nature

Comment en êtes-vous venue à vous intéresser aux médiations autour du jardin/de la nature?

J’ai exercé  en tant que psychologue clinicienne pendant une dizaine d’années au sein d’établissements médico-sociaux, accueillant des personnes porteuses de handicap. Ces dernières années ma pratique a énormément évolué,  à travers mes besoins propres et auxquels j’ai trouvé un écho auprès de mes patients. Je me suis d’abord formée à la florithérapie, c’est-à-dire aux fleurs de Bach. J’ai découvert un autre univers à travers cet outil, et la puissance de la connexion avec les fleurs m’a amenée à me questionner différemment. J’ai commencé à proposer les fleurs de Bach aux patients que je suivais en institution, et j’ai pu observer des résultats incroyables. Il m’est ensuite apparu comme une évidence qu’il fallait aller plus loin, et j’ai très fortement ressenti le manque de connexion à la nature dont de nombreux patients souffraient. Cela m’est venu en observant le décalage qu’il pouvait y avoir entre les attentes et représentations de mes patients et la réalité du temps qui passe, des saisons, et du temps nécessaire à la maturation psychique. Lorsque l’on mettait en lien par exemple la saisonnalité avec le temps psychique, d’autres perspectives apparaissaient. En fait, une grande partie de mes patients vivaient en foyer d’hébergement, dans un bâtiment situé sur le même lieu que leur lieu de travail (ESAT). Ils passaient d’un bâtiment à l’autre, et en dehors des sorties organisées avec le foyer ou les associations partenaires, ils n’étaient que très peu en lien avec la nature.

J’ai alors commencé à proposer des consultations à l’extérieur, en marchant, notamment à une patiente pour qui je sentais au plus profond de moi que c’était cela dont elle avait besoin. Nous sommes allées dans un petit bois tout proche de l’établissement, et c’est comme si le contact avec la nature, avec les feuilles au sol, avec les couleurs, la luminosité, la reconnectait peu à peu à la vie. J’ai vu son niveau d’anxiété baisser drastiquement au cours de cette courte consultation, et je l’ai sentie s’apaiser au fil de la balade.

Suite à cela j’ai commencé à imaginer un espace thérapeutique en institution, sous forme de jardin. Un espace préservé, pensé pour et avec les patients, où l’on pourrait à la fois proposer des consultations, des groupes thérapeutiques, des temps de méditation, etc…, et à la fois laisser un accès libre afin que chacun puisse s’approprier cet oasis. J’ai alors commencé à faire des recherches en ce sens et j’ai découvert qu’il existait d’autres lieux comme celui que j’imaginais. Malheureusement la conjecture du moment n’a pas permis à ce projet de voir le jour.

De mon côté j’ai ensuite quitté le milieu médico-social avec lequel je me sentais de plus en plus en décalage pour m’installer en libéral, avec toujours en tête cette idée de jardinage thérapeutique.

Quelle est votre implication actuelle ?

Actuellement, je viens d’ouvrir mon cabinet de psychologue clinicienne et psychothérapeute en ville. Je n’ai pas pu trouver un lieu d’exercice qui me permettait d’avoir un jardin thérapeutique sur place, mais j’ai trouvé un cabinet avec une immense baie vitrée donnant directement sur un bel espace de verdure, avec en fond d’un côté les montagnes et de l’autre le lac du Bourget. Cela a été mon compromis pour finalement avoir quand même la nature au sein du cabinet !

Je reçois les patients (enfants, adolescents, adultes) au cabinet, où je leur propose différents outils pour accompagner la psychothérapie. Je travaille toujours avec les fleurs de Bach comme alliées du travail psychique. Et surtout, je propose également des consultations à l’extérieur, en milieu naturel. J’ai la chance de travailler dans un cadre exceptionnel, où les espaces naturels sont proches et accessibles (bords de lac, forêt, jardin vagabond…), alors je m’en saisis pour accompagner mes patients.

Je continue également d’accompagner des personnes en situation de handicap, ce qui a été ma spécialité pendant de nombreuses années. J’utilise différents moyens de communication et de support thérapeutique afin de m’adapter aux spécificités de chacun. Nous mettons aussi en place ensemble des outils qui permettent de transposer dans la vie quotidienne ce qui est travaillé en séance.

Enfin je suis en train de me former en phytothérapie et aromathérapie afin de compléter ma palette thérapeutique et de proposer un accompagnement plus global de chaque personne.

Quels sont les projets que vous souhaitez entreprendre dans ce domaine?

D’ici quelques temps je vais également proposer des groupes thérapeutiques au jardin, en partenariat avec une maraîchère permacultrice. Nous attendons le printemps pour que la saison soit plus appropriée, et aussi que ma patientèle soit plus développée afin de construire un projet solide.

J’ai pas mal d’idées qui bouillonnent dans ma tête, des envies de partenariats avec d’autres professionnels, des envies de formation… mais j’essaie de me raisonner et de ne pas tout attaquer en même temps ! Moi aussi j’apprends à me reconnecter à la saisonnalité, et au temps réel de la vie !

Pour en savoir plus sur Stéphanie, vous pouvez visiter son site.

Marion de Lamotte : infirmière, elle accompagne des patients au jardin

Comment en êtes-vous venue à vous intéresser aux médiations autour du jardin/de la nature?

Depuis ma plus tendre enfance, la nature fait partie de mon environnement. J’ai grandi à la campagne, puis m’en suis éloignée pour me centrer sur mes études d’infirmière. 

J’exerce depuis 15 ans dans un hôpital psychiatrique en Vendée, le centre hospitalier Georges Mazurelle qui est réputé pour son parc paysager, pensé pour le bien être des patients, soignants et famille (voir le portrait de Dominique Marboeuf en 2014, son successeur est Michel Grelier). Sur les premières années, en collaboration avec l’équipe et le paysagiste de l’hôpital, j’ai monté de petits projets de jardins attenants aux unités d’hospitalisation. De petits « havres » de tranquillité pour les patients mais qui se pérennisaient rarement dans le temps, faute de moyens et car la mobilité nous amène à changer régulièrement de poste. 

En 2016, je suis arrivée sur un Hôpital de Jour pour une durée de 4 ans, structure de l’hôpital proposant des activités thérapeutiques. J’ai tout naturellement monté un groupe Jardin, avec une collègue infirmière et un groupe de 7 patients. Groupe ayant lieu tous les lundi matin. La dimension thérapeutique a pris tout son sens au travers du cadre proposé, des objectifs posés et du temps régulier mis à disposition pour la pratique mais aussi pour la régulation du projet. Le jardin a entièrement été conçu avec le groupe. Une expérience collective très riche. 

C’est vraiment sur cette période que les questions sur mon devenir professionnel se sont dessinées, que j’ai pris connaissance des savoirs théoriques et scientifiques existants et que j’ai contacté la Fédération Française Jardins Nature et Santé dont je suis devenue membre sympathisante. J’ai récemment décidé d’en devenir membre active.

En parallèle, depuis la naissance de mes enfants, j’avais eu besoin de la nature et du jardin pour me restaurer psychiquement et physiquement. J’ai donc pu expérimenter personnellement et collectivement les bienfaits de la nature. Je me suis tournée vers la permaculture qui m’a apporté une vision et une éthique proche de mes valeurs, qui m’accompagne aujourd’hui dans mon quotidien personnel et professionnel.

Quelle est votre implication actuelle ?

Depuis un an, je suis sur une autre structure de jour de ce même hôpital. Le fonctionnement est le même que sur l’hôpital de jour avec une dimension sociale approfondie du soin.

J’accompagne donc un groupe de 7 patients souffrants de pathologies psychiatriques, avec une collègue ergothérapeute, sur un jardin partagé dépendant d’une maison de quartier de la ville. Au-delà de l’aspect groupal, où se travaille déjà le lien à l’autre, se joue l’aspect sociétal, emprunt de représentations de la maladie mentale et le but est d’étayer puis autonomiser les patients dans la restauration ou la mise en place d’un lien à l’autre sécurisant. Le jardin faisant tiers dans la relation. Les autres aspects de la médiation sont également déployés à savoir la dimension physique, psychique et cognitive. 

Il y a un peu plus d’un an, je me suis formée au Jardin de soin module de base de Chaumont sur Loire, pour asseoir et formaliser des pratiques, acquérir des connaissances et surtout échanger avec des professionnels intéressés.

Quels sont les projets que vous souhaitez entreprendre dans ce domaine?

Depuis 2 ans, je réfléchis, en collaboration avec l’actuel responsable des espaces verts de l’hôpital, à un projet de jardin partagé sur l’hôpital. Un évènement que nous avons nommé « Parlons jardin » a réuni au mois de novembre les équipes et usagers intéressés par le sujet pour échanger sur les pratiques actuelles et lancer une dynamique collective et participative de réflexion. Un souhait commun, voir les premières plantations au printemps 2022.

Je suis persuadée que ce type de projet répond aux enjeux actuels. Il peut redynamiser l’institution, créer du lien entre les équipes, favoriser le bien être des patients, des soignants, des familles, créer un « ailleurs » ressource, faire des ponts avec des projets culturels et être favorable à la biodiversité et aux enjeux écologiques.

Pour ma part, après avoir argumenté, défendu le projet, rencontré des partenaires, mon avenir se dessine ailleurs. Je déménage à Angers prochainement et n’emporte pas mon statut de fonctionnaire avec moi. Je souhaite cependant continuer à œuvrer dans cette dynamique et proposer mes services aux institutions et aux particuliers ayant des problématiques de santé et voulant y répondre par l’intermédiaire du jardin. 

Pour retrouver Marion de Lamotte, voici son compte LinkedIn.

Elisabeth Cuchet Soubelet : chercheuse en reconversion, elle choisit un jardin thérapeutique comme terrain de stage

Comment en êtes-vous venue à vous intéresser aux médiations autour du jardin/de la nature ?

De formation scientifique, j’ai fait de la recherche pendant plus de 25 ans dans l’industrie de l’imagerie médicale. Chercheuse en innovation technologique puis responsable de la recherche clinique, j’ai collaboré avec des chirurgiens du monde entier. Si ce métier m’a passionné, il impliquait aussi beaucoup de travail, de responsabilités, de voyages et de stress. J’ai essayé la méditation pour réduire ce stress, mais c’est une pratique que je trouve difficile. Par contre, j’ai crée il y a 3 ans un petit jardin sur le toit de mon garage en banlieue parisienne, qui est rapidement devenu mon lieu « ressource » : je me suis rendu compte que quelques minutes passées les mains dans la terre ou à regarder les insectes butiner me permettaient de m’apaiser. 

Il y a quelques mois, j’ai vécu une période difficile, entre le rachat de mon entreprise et des difficultés personnelles. J’ai alors décidé de partir « changer d’air » quelques jours en me formant à la permaculture dans la Drôme, à l’université des Alvéoles.  Ce stage a été pour moi une révélation : j’ai découvert que la permaculture ne touche pas seulement au végétal mais aussi à l’humain ! Cette approche écosystémique bienveillante où l’humain retrouve toute sa place au sein de la nature, qui allie des connaissances scientifiques très poussées mais laisse aussi une grande part à l’expérimentation du travail de la terre, m’a permis de me ressourcer et de me remettre en marche. Ce temps passé au plus près de la nature a été pour moi une véritable thérapie : en seulement une semaine, j’avais retrouvé l’envie de faire des projets et de me projeter dans l’avenir. 

Au retour de ce stage, à 53 ans, j’ai quitté mon travail et je me suis inscrite à l’université, en master de psychologie, avec l’idée d’explorer le pouvoir thérapeutique de la nature. J’ai alors découvert la littérature scientifique déjà très importante sur ce sujet, et trouvé de nombreux contacts grâce à la Fédération Française Jardins Nature et Santé. 

Quelle est votre implication actuelle ? 

Grâce à la FFJNS, j’ai pris contact avec l’hôpital Cognac Jay où je suis actuellement en stage de M1 de psychologie en service nutrition et obésité. Cet hôpital a été rénové en 2006 par l’architecte Japonais Toyo, autour d’un magnifique jardin. Anne Surdon, médiatrice en jardin thérapeutique, y organisait des ateliers thérapeutiques jusqu’à l’arrivée de la pandémie de COVID 19.  Anne avait envie depuis quelques mois de proposer à nouveau ces ateliers, et mon souhait de mener un projet de recherche sur les effets thérapeutiques du jardin pour les patients souffrants d’obésité a motivé toute l’équipe à redémarrer cet atelier. Je suis encore en phase de définition de mon projet de recherche, mais j’ai déjà observé lors du premier atelier combien les patients étaient fiers de ce qu’ils avaient pu réaliser au jardin !

Quels sont les projets que vous souhaitez entreprendre dans ce domaine?

Je souhaite dans deux ans exercer en tant que psychologue clinicienne, en tant que soignante, et utiliser la nature comme médiation thérapeutique dans ma pratique. Je reste cependant passionnée de recherche clinique, et j’aimerais donc pouvoir continuer à mener des recherches sur la valeur thérapeutique de la nature, en particulier pour des patients souffrant de psychopathologies sévères. 

Pour retrouver Elisabeth Cuchet Soubelet, voici son compte LinkedIn.

Bon courage à toutes les trois ! Bonne fin d’année à vous toutes et tous.

Florence Gottiniaux : paysagiste convaincue du lien jardin-santé

Je connais Florence depuis….belle lurette. L’envie de parler de son travail dans le monde des jardins de soins n’est pas nouvelle. Mais hier, dans des circonstances qui seraient un peu longues à expliquer, nous avons eu l’occasion de partager une tisane et de discuter devant une caméra.

Le 15 octobre, vous pourrez retrouver Florence lors du webinaire « Biodiversité : quels impacts de la nature sur la santé des citadins ? » organisé par le CIBI (Centre International Biodiversité et Immobilier) et Plante & Cité. Elle interviendra aux côtés de Gilles Galopin, enseignant-chercheur à Agrocampus Ouest Angers et de Bastien Vajou, psychologue et doctorant, Université d’Angers et Plante & Cité, dont la thèse en cours s’intéresse aux effets des espaces de nature urbains sur la santé mentale des citadins pour Plante & Cité. Pour s’inscrire gratuitement au webinaire (100 participants maximum), cliquez ici. L’échange promet d’être passionnant.

Croquis du jardin de soin que Florence Gottiniaux a conçu pour le domaine de Chaumont-sur-Loire en 2018

Quand une paysagiste s’éveille aux bienfaits du jardin

Combiner jardin et soin demande une nouvelle formation

Des projets de longue haleine

Pour plus d’information sur la réalisation du jardin de soin et de santé de Chaumont-sur-Loire, vous pouvez consulter ce billet de juin 2018.

Formatrice en inter et en intra à Chaumont-sur-Loire

Une prise de conscience encore timide en France

En conclusion, des signes d’espoir

Confinés dans nos corps, pas dans nos têtes

News update : voici un texte que nous venons de publier sur le site de la Fédération Française Jardins Nature et Santé. Confinement : la nature nous fait du bien…même en photo.

Wow ! Que de bouleversements en un mois ! Depuis le 17 mars, nous voici confinés par le coronavirus qui, comme un rouleau compresseur, a chamboulé nos vies, notre santé, notre capacité à être au jardin ou dans la nature et bien plus encore. 

Sans compter que certaines personnes à qui s’adressent en premier lieu les jardins thérapeutiques sont parmi les plus touchées par cette pandémie : les personnes âgées particulièrement vulnérables, les personnes souffrant de maladies mentales malmenées par l’incertitude actuelle, les malades chroniques eux aussi mis à mal. 

Les personnels soignants qui, en réalité, font vivre les jardins thérapeutiques tous les jours dans leurs établissements sont aujourd’hui accaparés et en première ligne pour contenir le coronavirus. Le jardin est sans doute le cadet de leurs soucis en ce moment. Et pourtant les jardins se tiennent prêts à accueillir tout l’épuisement, le mal-être et la douleur qu’ils auront besoin de déposer un jour.

Je vous le dis parce que j’en suis convaincue : nos corps sont confinés, mais nos pensées et nos esprits sont libres. Libres d’imaginer, de rêver, d’anticiper, d’inventer mille façons d’être solidaires. Comme cette initiative qui m’a particulièrement touchée : 1lettre 1 sourire est une plateforme pour envoyer très facilement une lettre à une personne âgée vivant dans une maison de retraite. En quelques minutes, avec votre compassion, votre humour, votre gentillesse, vous pouvez égayer la journée d’une personne âgée confinée sans possibilité de recevoir de visite « jusqu’à nouvel ordre ». 

Des mots

Nous ne pouvons plus courir à droite et à gauche comme des dératés. Il s’en suit que nous avons normalement plus de temps libre. Du temps par exemple pour plonger dans de délicieuses lectures. Voici mes recommandations, les livres que j’aime lire et relire. N’hésitez à rajouter les vôtres dans les commentaires…

Un petit monde, un monde parfait de Marco Martella

Les Français et la nature, pourquoi si peu d’amour de Valérie Chansigaud

Une enfance en liberté, protégeons nos enfants du syndrome de manque de nature de Richard Louv qui a écrit il y a quelques jours un texte passionnant sur la connexion à la nature en temps de pandémie

Natura de Pascale d’Erm

Le Shinrin-Yoku en famille d’Isabelle Boucq (oui, j’ose cette auto-promo car je suis persuadée que c’est le moment de donner envie aux familles de se retrouver dans la nature quand le confinement sera terminé)

Et je suis en train de lire un nouveau livre publié très récemment par Philippe Walch, paysagiste et membre de la Fédération Française Jardins, Nature et Santé : Et au milieu de l’hôpital fleurit un jardin. De sa très belle plume, il nous raconte sa métamorphose de paysagiste « classique » qui décide de mettre ses compétences au service des jardins en milieu de soin. « On ne répètera jamais assez que le jardin de soin est d’abord un jardin de vie. Le soin vient vers la vie et non le contraire. Le jardin de soin est un jardin où la vie est présente sous toutes ses formes, et dans lequel le soin s’invite de lui-même pour faire son œuvre de réparation psychique, physique et mentale. » Philippe passe en revue les théories scientifiques qui sous-tendent les jardins de soin et les étapes de la conception en illustrant d’exemples, d’histoires vécues et de photos. Un beau livre et le premier à ma connaissance écrit du point de vue d’un paysagiste. Pour se le procurer, contactez Philippe : phwalch (at) lesjardinsavie.com ou06 61 23 87 33 (20 € + 5 euros de frais d’envoi) et retrouvez-le sur son site : www.lesjardinsavie.com

Des images

On sait que la nature nous fait du bien. Et même que la vue de la nature nous fait du bien. Et même que des images de la nature nous font du bien. C’est dans cet esprit que je partage ces photos de mon album de famille qui me font du bien. Certes s’y attachent pour moi des souvenirs, des ressentis, des sensations, des odeurs. Mais j’espère qu’à vous aussi, ces photos où la nature est toujours présente, seule ou comme écrin, vous apporteront de l’apaisement et de l’émerveillement.