Confinés dans nos corps, pas dans nos têtes

News update : voici un texte que nous venons de publier sur le site de la Fédération Française Jardins Nature et Santé. Confinement : la nature nous fait du bien…même en photo.

Wow ! Que de bouleversements en un mois ! Depuis le 17 mars, nous voici confinés par le coronavirus qui, comme un rouleau compresseur, a chamboulé nos vies, notre santé, notre capacité à être au jardin ou dans la nature et bien plus encore. 

Sans compter que certaines personnes à qui s’adressent en premier lieu les jardins thérapeutiques sont parmi les plus touchées par cette pandémie : les personnes âgées particulièrement vulnérables, les personnes souffrant de maladies mentales malmenées par l’incertitude actuelle, les malades chroniques eux aussi mis à mal. 

Les personnels soignants qui, en réalité, font vivre les jardins thérapeutiques tous les jours dans leurs établissements sont aujourd’hui accaparés et en première ligne pour contenir le coronavirus. Le jardin est sans doute le cadet de leurs soucis en ce moment. Et pourtant les jardins se tiennent prêts à accueillir tout l’épuisement, le mal-être et la douleur qu’ils auront besoin de déposer un jour.

Je vous le dis parce que j’en suis convaincue : nos corps sont confinés, mais nos pensées et nos esprits sont libres. Libres d’imaginer, de rêver, d’anticiper, d’inventer mille façons d’être solidaires. Comme cette initiative qui m’a particulièrement touchée : 1lettre 1 sourire est une plateforme pour envoyer très facilement une lettre à une personne âgée vivant dans une maison de retraite. En quelques minutes, avec votre compassion, votre humour, votre gentillesse, vous pouvez égayer la journée d’une personne âgée confinée sans possibilité de recevoir de visite « jusqu’à nouvel ordre ». 

Des mots

Nous ne pouvons plus courir à droite et à gauche comme des dératés. Il s’en suit que nous avons normalement plus de temps libre. Du temps par exemple pour plonger dans de délicieuses lectures. Voici mes recommandations, les livres que j’aime lire et relire. N’hésitez à rajouter les vôtres dans les commentaires…

Un petit monde, un monde parfait de Marco Martella

Les Français et la nature, pourquoi si peu d’amour de Valérie Chansigaud

Une enfance en liberté, protégeons nos enfants du syndrome de manque de nature de Richard Louv qui a écrit il y a quelques jours un texte passionnant sur la connexion à la nature en temps de pandémie

Natura de Pascale d’Erm

Le Shinrin-Yoku en famille d’Isabelle Boucq (oui, j’ose cette auto-promo car je suis persuadée que c’est le moment de donner envie aux familles de se retrouver dans la nature quand le confinement sera terminé)

Et je suis en train de lire un nouveau livre publié très récemment par Philippe Walch, paysagiste et membre de la Fédération Française Jardins, Nature et Santé : Et au milieu de l’hôpital fleurit un jardin. De sa très belle plume, il nous raconte sa métamorphose de paysagiste « classique » qui décide de mettre ses compétences au service des jardins en milieu de soin. « On ne répètera jamais assez que le jardin de soin est d’abord un jardin de vie. Le soin vient vers la vie et non le contraire. Le jardin de soin est un jardin où la vie est présente sous toutes ses formes, et dans lequel le soin s’invite de lui-même pour faire son œuvre de réparation psychique, physique et mentale. » Philippe passe en revue les théories scientifiques qui sous-tendent les jardins de soin et les étapes de la conception en illustrant d’exemples, d’histoires vécues et de photos. Un beau livre et le premier à ma connaissance écrit du point de vue d’un paysagiste. Pour se le procurer, contactez Philippe : phwalch (at) lesjardinsavie.com ou06 61 23 87 33 (20 € + 5 euros de frais d’envoi) et retrouvez-le sur son site : www.lesjardinsavie.com

Des images

On sait que la nature nous fait du bien. Et même que la vue de la nature nous fait du bien. Et même que des images de la nature nous font du bien. C’est dans cet esprit que je partage ces photos de mon album de famille qui me font du bien. Certes s’y attachent pour moi des souvenirs, des ressentis, des sensations, des odeurs. Mais j’espère qu’à vous aussi, ces photos où la nature est toujours présente, seule ou comme écrin, vous apporteront de l’apaisement et de l’émerveillement.

Récit de voyage en Scandinavie biophilique

Ce mois-ci, la parole est à Philippe Walch, paysagiste pendant 30 ans et aujourd’hui formateur en jardins à but thérapeutique (le terme qu’il préfère) dans des unités de soin en Ehpad, hôpitaux et ailleurs. Nouveau membre de la Fédération Française Jardins, Nature et Santé, il nous invite à partager l’expérience d’un récent voyage au Danemark plein de découvertes. Merci, Philippe. Vous pouvez le joindre à phwalch (at) lesjardinsavie.com. 

En parlant de voyager, je vous suggère un voyage sur la Costa Brava avec le projet très sympa de mes amis Louise Brody et Charles Poisay. Car il touche aussi à notre rapport à la nature et à l’invention d’une nouvelle vie. https://www.santelm66.com

Quand tant d’autres de nos concitoyens courent après quelques heures de chaleur et de farniente – et on les comprend, j’ai eu l’occasion de passer quelques jours au nord de Copenhague, Danemark, au mois de janvier 2019.

Le Danemark, petit voisin de la Suède référence européenne du concept de biophilie, n’échappe pas à cet amour de la nature que l’on voit à tout moment en se promenant ou en roulant. Certes, ce plat pays nordique et islien de 5,5 millions d’âmes ne souffre pas de sècheresse, mais on remarque vite que les forêts et bois le long des routes sont gérés avec un respect de la biodiversité et des cycles de croissance et de dégradation naturelle : on coupe ce qui est mort et on le laisse sur place.

Les cimetières sont de cette même veine verte, domestiquée mais foisonnante, avec une minéralité minimisée. J’ai même vu un local de poubelles planté d’un bouleau bien vivant!

Un musée d’art moderne en plein air

Une visite au musée d’art moderne de l’île Seeland, Louisiana à 30 km au Nord de la capitale, vous laisse pantois car ce musée est autant à l’intérieur qu’à l’extérieur.le jardin est parsemé d’œuvres sculpturales ou architecturales, et ce en bordure de mer. Il a beau eu fait 1°C avec un ciel bas, on ne peut que déambuler avec joie dans ce parc–musée, entre deux visites de salles !

Dans un arborétum royal, sylvothérapie et hortithérapie en action

Et puis…il y eut cette douce révélation non préméditée avec la découverte de cet arboretum royal (le Danemark est encore un royaume ), réaménagé à partir d’un patrimoine végétal par la chaire « Forêt et Environnement » de l’Université de Copenhague par Ulrika Stigdotter et son équipe, dont Ulrik Sidenius. Cet arboretum qui n’est jamais dénommé parc (connotation trop paysagère) est depuis 2004 une forêt de santé (Helserskov en danois)  nommée « Octovia », se voulant un concept modèle de sylvothérapie et au sein de laquelle est inclus le jardin de thérapie « Nacadia ».

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L’entrée de la serre de séances hortithérapeutiques : invitation au repos « restauratif »

« Octavia « fourmille de 2000 espèces et cultivars de ligneux, arbres et arbustes et c’est en effet une gourmandise botanique étonnante, traversée de sentes et allées.

Le jardin « Nacadia », ouvert à tous l’après-midi, est dédié le matin à l’expérimentation de besoin de nature pour des patients (c’est ce terme qui est utilisé dans les séances guidées) psychiquement et mentalement fatigués. Les séances commencent dans une serre fermée de 170 m2, aménagée en salle spacieuse toute de bois au sol avec des recoins , mini-pièces végétalisées où l’on vient respirer, poser son regard (suivant la théorie « Attractive Restoration Therapy » des Kaplan), fermer les yeux, faire quelques pas, dire quelques mots à son voisin… puis sortir au dehors pour flâner lentement, toucher les troncs, contempler, le long des chemins parsemés de bancs de bois et d’espaces naturels peu encombrés mais tout de vert vêtus, enfin dans la belle saison : Bouleaux, Chênes , Tilleuls, Noyers cendrés, Sorbiers, Erables, Hêtres, Magnolias soulangeana… et bien d’autres espèces plus rares mais comme chez elles !

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Les danois appellent ces perspectives ouvertes et lointaines « fields ».Une ouverture paysagère lorsque les patients entrent dans le mouvement physique et celui du regard . »Nacadia » en est pourvu de nombreuses !

Le fait d’avoir visité le Danemark en janvier appelle à revenir en mai ou en juin…pour profiter de la même expérience en robe de verdure et en fleurs au sol comme sur les arbres. Les Vikings qui n’ont peur de rien, aiment tellement le vert qu’ils ont osé nommer le palais arctique Groenland, c’est-à-dire le « pays vert », pour donner envie d’y venir !