Jardin, culture européenne et santé

Comme promis, une édition spéciale pour donner la parole à Nicole Brès, une hortithérapeute qui collabore souvent à ce blog  (natureenvilletherapie (at) gmail.com) et à Sylvain Hilaire, historien des jardins et des paysages. Un billet qui contient une invitation pour le 30 septembre. Merci à tous les deux. 

mosaique plantes Paradeisos

Savez-vous que chaque pays européen a un emblème végétal ? Et que la diversité des cultures et de l’histoire de l’Europe peuvent se relire par l’histoire des plantes ?

Savez-vous où se trouve le premier  » jardin citoyen européen » ?

Il se trouve devant la maison-musée de Jean Monnet à Bazoches, (propriété du Parlement européen) en cours d’installation par l’association Paradeisos – Jardins européens.

Untitled

Cette association est née en 2018 d’une initiative d’acteurs du monde des jardins, de la culture et du patrimoine, mais aussi de thérapeutes, chercheurs, professeurs, animateurs socio-éducatifs, pharmaciens-herboristes, écologues et spécialistes de l’environnement. Son domaine d’intervention est donc foncièrement intersectoriel et interdisciplinaire, avec l’ambition de combiner les approches culturelles, sociales, thérapeutiques et environnementales autour de la réalisation partagée de “jardins patrimoniaux”. Cela repose sur une méthode originale expérimentée à Port-Royal des Champs depuis les années 2000 (voir article précédent (Des patients hors les murs à Port-Royal des Champs), et dont le champ d’action a été élargi au niveau du patrimoine jardin et paysager européen.

Le jardin et le paysage constitutifs de l’identité européenne

2018.06.7 1

Le projet associatif part en effet du constat général que la relation au jardin et au paysage constitue une composante essentielle, et pourtant trop peu connue, partagée et valorisée comme telle, de l’histoire et de l’identité européenne. Elle défend aussi l’idée que cette riche culture européenne du jardin est un facteur central et agissant du bien-être individuel et collectif, qui répond à de nombreux enjeux de notre époque, tant dans le rapport à soi, à l’autre, que dans notre rapport à la mémoire, au temps et au vivant.

C’est donc assez naturellement que son premier projet emblématique a débuté dans les Yvelines sur le site de la Maison-Musée Jean Monnet, propriété du Parlement européen. Avec le soutien du Parc Naturel Régional de la Haute Vallée de Chevreuse* et de la DRAC Ile-de-France*, le projet consiste à créer un « jardin citoyen européen » avec des acteurs associatifs, des écoles et des centres médicaux-sociaux de la région.

Nicole Brès, hortithérapeute, et Sylvain Hilaire, historien des jardins et des paysages, président de l’association Paradeisos *, collaborent dans ce cadre pour l’animation du dispositif participatif de ce premier jardin citoyen européen.

Notre projet repose sur la création d’un jardin par les membres de l’association et par des ateliers  intergénérationnels. Pour animer ces ateliers, Paradeisos a fait appel à  Nicole Brès de Nature en ville thérapie. Ensemble jeunes et âgés interviennent autour de l’hémicycle du jardin pour aménager deux plate-bandes regroupant des plantes symboles des pays européens. Elles seront finies pour la journée d’inauguration, le 30 septembre toute la journée, un évênement festif auquel vous êtes tous conviés. Invitation à l’inauguration et directions pour  la maison-musée Jean Monnet.

C’est le média végétal et son rapport à l’histoire qui ont été mis en avant, comme expression de la diversité culturelle et naturelle de l’Europe, permettant de rassembler tous les pays dans un même lieu, dans une même terre. La spécialité de l’association Paradeisos consiste dans ce cadre à mettre en oeuvre et animer ces mediations culture-nature au service de la creation collaborative d’un jardin.

Ce jardin est-il à but thérapeutique?

2018.06.7 5

Améliore-t-il notre santé morale, physique et psychique?

Comme dans tout processus, il y a eu plusieurs phases dans cette interaction entre Culture et Nature : s’imprégner du lieu par un exposé historique (en classe) et une visite commentée (sur place). Puis un travail pédagogique sur les plantes symboles de chaque pays européen et sur le plan de plantation. Enfin la réalisation ensemble de deux demi-cercles autour de l’hémicycle existant.  Après chaque atelier, nous avons pris le temps, autour d’une infusion, de partager  nos ressentis et de parler de notre rencontre.

Il s’est passé dans ces moments ensemble, beaucoup plus qu’une simple plantation. Ces deux groupes, en se cotoyant autour du végétal et de l’histoire de l’Europe, ont créé un lien social bénéfique pour les deux générations.

En racontant aux jeunes le début de l’Europe et leurs souvenirs liés aux jardins, les plus agés ont travaillé leur mémoire, les plus jeunes leur écoute. Cette réalisation a développé la confiance des plus jeunes. Le plaisir de jardiner, nous l’avons vu sur tous les visages. Nous avons fait l’expérience collective du jardin comme espace agissant de ressourcement et de reconstruction.

Une fois convoqué, le génie du lieu a fait son oeuvre et de nouvelles perspectives s’ouvrent pour l’association Paradeisos, qui compte développer ses activités de créations participatives de jardins citoyens européens.

Association Paradeisos pour la valorisation des jardins et des paysages culturels européens.

* PNR : Parc Naturel Régional, pour Bazoches: de la Haute Vallée de Chevreuse

*DRAC: Direction régionale des affaires culturelles

 

Capture d_écran 2018-09-20 à 22.28.46

img_0276(2)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un automne serein au jardin

Cet été, nous n’avons pas chômé. Nous avons rencontré Heidi Rotteneder, une hortithérapeute formée en Autriche et aux Etats-Unis, et Pablo Molanes Pérez, un infirmier en train de créer une ferme en permaculture avec des patients qui reconstruisent leur vie.

Entrons dans l’automne tranquillement, en prenant un temps de respiration. Je suis en train de prendre un grand tournant dans ma vie. Après avoir reçu mon diplôme de psychologue clinicienne de l’Université de Paris Nanterre cet été, j’ai accepté un poste de psychologue dans un CLIC, une structure qui accompagne des personnes âgées autonomes. Dès ce premier lundi de septembre, je me lance dans cette nouvelle aventure. Pour mener cette nouvelle mission et suivre en parallèle une formation pour continuer à me spécialiser dans les thérapies comportementales et cognitives, je vais avoir besoin de temps et d’énergie.

Pour le moment, le blog va continuer à vivre à son rythme mensuel. Je posterai un nouveau billet tous les premiers lundis du mois. Je suis impatiente de partager avec vous les prochains sujets déjà en préparation : un outil d’évaluation des jardins thérapeutiques validé par une doctorante américaine, une conversation avec une psychothérapeute anglaise qui rencontre ses patients dans la nature, une expérience de jardin dans une prison française,…Le premier billet va arriver très vite, dès la mi- septembre, co-signé par Nicole Brès et Sylvain Hilaire…Je n’en dis pas plus.

En attendant pour nourrir vos réflexions et votre curiosité, je partage simplement quelques pépites glanées ici ou là.

 

Encore un infirmier au jardin

Décidemment, les jardins fascinent les infirmiers. En 2013, Sébastien Barbier a consacré son mémoire de fin d’études à l’IFSI de Sainte-Anne au rôle de l’infirmier dans un jardin thérapeutique. Une lecture à recommander. Aujourd’hui infirmier libéral, il a travaillé pendant quatre ans dans une MAS où il a instauré des randonnées hebdomadaires en forêt et où un jardin thérapeutique a vu le jour. Fan d’escalade qu’il avait également proposé aux jeunes souffrant d’autisme et de psychoses à la MAS, il se retrouve mieux sous l’étiquette plus globale écothérapie. Il est heureux si son mémoire peut inspirer et informer d’autres personnes cinq ans plus tard.

 

Les jardins de la Fondation Cognacq-Jay

Anne Surdon, formée à Chaumont-sur-Loire et en participant aux symposiums de Jardin & Santé, fait l’objet d’un article dans la revue interne de la Fondation Cognacq-Jay « Agir ensemble ». On retrouve aussi son expérience et d’autres au sein de la fondation en ligne.

Anne Surdon

 

Un jardin thérapeutique en plein Bruxelles

Ouvert à des patients en psychiatrie et d’autres en revalidation (apparemment un synonyme belge pour réadaptation ou réhabilitation), ce jardin inauguré en juin 2018 occupe 1000 m2. Pour en savoir plus, cet article d’un journal spécialisé belge, une courte visite en vidéo et le discours du psychiatre qui dirige le service.Discours 1

Discours 2

Un livre pour les Parisiens

« Jardiner Autrement à Paris : 100 lieux pour reverdir la capitale » est un livre de la journaliste Emmanuelle Vibert paru chez Parigramme qui donne des pistes pour découvrir la nature et le jardinage à Paris. Vous pouvez en feuilleter quelques pages ici.

 

Si vous passez par l’Anjou le 22 septembre…

La Haute Filotière, Nicole Brès nous en avait déjà parlé en 2017. Ce projet, entre autres autour de la prévention du burn out, se poursuit. Le 22 septembre, l’association EcosSanté ouvre ses portes de 14h00 à minuit avec toutes sortes d’animations. Passez les voir. Pour moi, cette date évoque inévitablement Georges Brassens…Je vous laisse en musique.

lafilotierenfete-affiche