La revue Jardins consacre un numéro au soin

Marco Martella, fondateur de la revue Jardins aux éditions du Sandre (copyright Sébastien Soriano, Le Figaro)

Marco Martella, fondateur de la revue Jardins aux éditions du Sandre (copyright Sébastien Soriano, Le Figaro)

Il était en préparation depuis plusieurs mois et on attendait sa sortie avec impatience. Il est disponible en librairie et vous pouvez le commander sur le site des Editions du Sandre. Lui, c’est le numéro 6 de la revue Jardins que son fondateur Marco Martella consacre aux jardins qui soignent. Marco Martella, qui est historien et essayiste, a traduit et préfacé le traité du jardinier-philosophe anglais Jorn de Précy Le Jardin perdu. Il est également auteur du texte qui accompagne le court-métrage Empreintes, une promenade de 30 ans dans le Jardin des Tuileries réalisée par Hervé Bernard.

Marco Martella introduit ce numéro par ces mots. « Pourtant, le jardin ne nous offre-t-il pas la possibilité de rétablir un bien-être perdu et à reconquérir sans cesse ? Si nous nous éloignons, un moment, de la réalité quotidienne en ce lieu toujours propice à la vie, n’est-ce pas pour recouvrer un équilibre avec le monde, équilibre peut-être rêvé mais dont nous portons, enraciné en nous, le souvenir ? » ou encore « Plus que jamais, nous demandons aux jardins de nous remettre en présence d’une nature vivante, de nous indiquer, à nous les déracinés, coupés de la terre et donc de nous-mêmes, le chemin du retour, afin de restaurer une unité. Et cela par le geste le plus naturel qui soit, l’un des plus anciens que nous ayons appris : soigner. » Et enfin, « Le jardin soigne le jardinier qui soigne ses plantes. C’est un échange de bons procédés, une sympathie ou une solidarité instinctive qui lie entre elles toutes les formes de vie. » Cela devrait vous rappeler la biophilie évoquée la semaine dernière…

JardinsParmi les 14 auteurs qui ont contribué de beaux textes pour ce numéro, les lecteurs de ce blog en reconnaitront plusieurs, de Michel Racine à Jean-Paul et Anne Ribes, de Jay Rice à Romain Rioul, de Bernard Beck à Sylvain Hilaire. Mais que de belles découvertes aussi. Dans un monde où le dehors est devenu étrange et étranger, le paysagiste Michel Péna milite par exemple pour que l’œuvre du paysagiste considère le public comme sujet qui peut vivre l’amour du paysage de façon charnelle. Les auteurs apportent des perspectives intellectuelles ou sensuelles, françaises ou d’ailleurs (voir l’entretien « Ethnopharmacologie, chamanisme et thérapeutique » avec le docteur Jacques Fleurentin). Vous qui vous intéressez aux jardins qui soignent, vous qui peut-être jardinez avec des malades, vous pourriez très bien continuer sans lire ces textes. Mais ce serait dommage de se priver de ces réflexions riches et multiformes. Il y a fort à parier qu’un de ces textes fera écho en vous, vous ouvrira une piste insoupçonnée, nourrira votre pratique.

Je ne vous mentirai pas. Je n’ai pas encore lu la revue entière, mais je voulais vous en parler aussi vite que possible. Elle a pris place sur ma table de chevet aux côtés de Walden de Henry David Thoreau, acheté impulsivement samedi dernier comme un antidote au chaos ambiant. Je suis impatiente de découvrir progressivement l’un et l’autre.

 

Les Jardins de Baie de Somme ouverts à tous

Saint Valéry 1Déjà évoqués lors d’une présentation de Michel Racine et Béatrice Saurel à Port-Royal des Champs en juin 2014, les Jardins de la Baie de Somme comprennent depuis 20 ans un Herbarium et depuis peu un Fruticetum, décrit par ses deux concepteurs comme un jardin pédagogique de soin et de bien-être. Le 25 septembre, on était d’ailleurs invité à participer à la première récolte dans le Fruticetum (un jardin botanique spécialisé dans la présentation d’arbustes).

D’abord, l’Herbarium classé jardin remarquable depuis 2004. Entouré de murs de silex et de galets, il surplombe les remparts médiévaux de Saint-Valery-sur-Somme. Nicole Quilliot est sa créatrice. Quand je l’appelle, elle est justement en train de ramasser des pommes dans le jardin. « L’Herbarium est composé de terrasses sur les remparts, il est impossible d’accès pour les personnes à mobilité réduite. » Décrit comme « un formidable fouillis « ordonné », rassemblant d’anciennes plantes moyenâgeuse », il accueille aussi bien les habitants que les visiteurs de passage qui aiment compléter la visite par une promenade dans les rues fleuries de la ville dont la même association s’occupe depuis 30 ans. L’Herbarium, les rues fleuries et le nouveau Fruticetum forment ensemble les Jardins de la Baie de Somme.

L'hôpital voisin a les clés du jardin.

L’hôpital voisin a les clés du jardin.

Quant au Fruticetum, il a été inauguré cette année. « Le Fruticetum a été conçu pour les fauteuils roulants au pied des remparts. L’hôpital qui est à 150 mètres et abrite une maison de retraite a reçu la clé. Ils viennent quand ils veulent. Pour l’instant, c’est le jeudi car il faut des accompagnants pour pousser les fauteuils. Il y a aussi des tables de travail s’ils veulent remporter, par exemple. Nous allons faire des manifestations intergénérationnelles », explique encore Nicole Quilliot. Interprétation contemporaine des jardins du Moyen-Age et de l’histoire de la ville, le Fruticetum est semé d’accents bleus. « Dessins et formes du jardin sont structurés par la couleur bleue, en référence à la guède ou waide, plante tinctoriale qui fit la richesse des waidiers picards au XIIème et XIIIème siècles. Le bleu des rois, bleu de Marie fut très répandu dans l’architecture de prestige », expliquent les créateurs. « Marqué au sol par des traits de céramique bleus, le damier – évocation du jeu de dame – est planté de pommiers et poiriers palissés. » De plus le plessis de cordage qui ferme l’espace est une évocation du passé du port et de sa corderie.

On rentre au Fruticetum par l’Herbarium rue Brandt dans la veille ville. Pour ceux qui ne peuvent pas se déplacer à Saint-Valéry-sur-Somme, le site offre une belle promenade aérienne des deux jardins.

A découvrir aussi, ce reportage sur France 3.

Agenda des sorties des jardins de soin

Mise à jour

21 mars, journée de soutien au Bois Dormoy à Paris

Bois Dormoy affiche21mars

Je vous ai déjà parlé du Bois Dormoy, un espace social et sauvage dans le 18e arrondissement, menacé de disparition. Ce samedi, fête de soutien pour les petits et pour les grands (voir l’affiche ci contre pour le programme). Dans la jungle urbaine, les espaces où la nature reprend ses droits et accueille les urbains en manque ne sont pas si nombreux. On comprend que tous ceux qui aiment cet endroit veuillent le sauver. Bombes à graine, illuminations aux bougies à la nuit tombante, table ronde, dinette biologique, arbre à voeux, le programme est tentant, avec un grain de folie qui va bien au Bois Dormoy.

19 mars et 28-29 mars, Niort (79)

Le conseil général des Deux-Sèvres et la Société d’Horticulture des Deux-Sèvres proposent une conférence « Jardins de bien-être, jardins de soin » animée par Michel Racine le jeudi 19 mars à 20h00 à la Maison du Département à Niort. Tous les détails ici. La conférence sera suivie les 28 et 29 mars par le Printemps aux jardins (32e fête des plantes) organisé par la Société d’Horticulture des Deux-Sèvres toujours avec un programme axé sur les « jardins, sources de bien être » au parc des expositions de Niort.

Samedi 4 avril, Port-Royal des Champs (78)

Gilles ClémentNicole Brès et moi sommes fans de Port-Royal des Champs que nous avions visité en mai dernier et où Nicole était retournée pour rencontrer des patients hors les murs. Début mars, nous avons récidivé en compagnie de Romain R.  et c’est toujours un plaisir de retrouver cet endroit magique et de revoir Sylvain Hilaire, historien et responsable du centre de Ressources et d’Interprétation du musée national de Port-Royal-des-Champs, qui en parle avant tant d’érudition et de passion. Si vous cherchez une excuse pour visiter ce secret bien gardé, haut lieu de l’alliance entre « la plume et la bêche », vous pourriez prendre comme prétexte la rencontre programmée le samedi 4 avril de 15h00 à 17h00 avec Frédérique Basset, auteure d’une biographie de Gilles Clément intitulée « Les 4 saisons de Gilles Clément : Itinéraire d’un jardinier planétaire ». Tous les détails sur le site du musée.

La revue Jardins consacre un numéro au soin par le jardin

Dans son numéro attendu dans quelques semaines, la revue Jardins (éditions du Sandre) donne la parole à un panel d’auteurs sur le sujet qui nous tient à cœur. Sous la direction de Marco Martella et avec l’aide de Sylvain Hilaire, ce numéro devrait fourmiller de textes plus intéressants les uns que les autres. On est impatients de les lire. Pour découvrir les numéros passés et suivre la parution, la page dédiée à la revue.

«Jardins, médecines et santé» à Port-Royal des Champs

Une vue de Port-Royal des Champs.

Une vue de Port-Royal des Champs.

Port-Royal des Champs, quelle découverte ! Je ne m’aventurerai pas à raconter les 800 ans d’histoire de cet endroit connu comme un haut lieu du jansénisme aujourd’hui transformé en musée national. Un lieu chargé d’histoire et noyé dans la verdure au cœur de la vallée de Chevreuse, un miracle presqu’inimaginable à 30 minutes de la Place de l’Etoile. De notre point de vue, il suffit de savoir que Port-Royal en tant qu’abbaye a une longue tradition de jardins et du soin de la personne par le jardin. Jardins de médecine considérés comme une « pharmacie à ciel ouvert », dès le Moyen-Age. « Au 17e siècle, c’est un lieu qui questionne et on y voit l’élaboration des modes de pensées actuelles. C’est un lieu qui participe à l’évolution de la pensée médicale et horticole », explique Sylvain Hilaire, historien affilié au Centre de ressources et d’interprétation du Musée et organisateur de ces rencontres. Sur le thème « Jardins, Médecines et santé », il avait assemblé le samedi 24 mai des intervenants qui ont fait le grand écart entre la médecine médiévale et la pratique contemporaine des jardins de soin.

Le pouvoir des plantes au Moyen-Age

Mandragore dans le Tacuinum Sanitatis, un manuel médiéval sur la santé basé sur un traité médical arabe.

La mandragore dans le Tacuinum Sanitatis, un manuel médiéval sur la santé basé sur un traité médical arabe.

Bernard Beck, professeur d’histoire de l’art à l’université de Caen, a débuté avec une présentation intitulée « L’herboriste, l’apothicaire et la sorcière », une exposition savante sur les abbayes en tant que centres de diffusion de savoir médical et botanique au Moyen-Age. Les plantes médicinales sont alors connues sous le nom de simples ou simples médecines. Il a par exemple évoqué Hildegarde de Bingen, religieuse bénédictine et médecin du 12e siècle, qui a recensé les utilisations de 300 plantes, indigènes et importées, en cuisine et en pharmacie. « Mettre la nature au service des hommes est un souci de Dieu qui donne la possibilité de soigner », explique-t-il. Mandragore, sauge, encolie, racine de lys, rue, fenouil, chaque plante a ses applications. La sauge est particulièrement versatile, d’ailleurs son nom ne vient-il pas du latin salvare (guérir, sauver) ?

« Les jardins thérapeutiques ne sont pas des machines à guérir »

Béatrice Saurel et Michel Racine

Béatrice Saurel et Michel Racine

Michel Racine et Béatrice Saurel ont pris la relève de l’historien. Michel Racine, architecte et urbaniste de formation, a déploré la vision mécaniste de la médecine qui a mené à « un urbanisme des lieux de soin oublieux de notre désir de contact avec la nature ». Pour expliquer son intérêt pour le jardin de soin, il relate plusieurs expériences personnelles : un réveil à l’hôpital après un coma, des cours d’urbanisme à des infirmières, un premier projet dans une maison de retraite qui n’aboutira pas, l’hospitalisation en psychiatrie d’un proche dans un établissement où le jardin a disparu sous un parking et enfin l’histoire de sa propre mère qui, à 100 ans, entretient encore des dizaines de plantes et ne songerait pas à abandonner sa garden party. « Ehpad et pas d’jardin », lance-t-il. Il décrit avec horreur ces ensembles de type hôtelier avec une pelouse, un grillage, un interphone, un parking et la télé. « Les Ehpad investissent 30 000 euros dans des salles de stimulation sensorielle sans compter la formation. A ce prix-là, on peut se payer des jardins et des jardiniers », ironise-t-il.

Lui aussi remonte plusieurs siècles dans le passé pour évoquer les hôpitaux et les hospices avec leurs vergers, leurs potagers et leurs élevages qui étaient cependant des antichambres de la mort où les patients vivaient dans des conditions effroyables. « Au 17e siècle, le regard sur le corps humain a changé avec les progrès des sciences et de la médecine. » Il cite Tenon et son mémoire sur les hôpitaux de Paris et l’ouvrage « Les machines à guérir, aux origines de l’hôpital moderne » de Foucault. Mais depuis les années 90, l’architecte perçoit une renaissance du jardin dans les établissements de santé aux Etats-Unis et en Angleterre (les healing gardens, « Cultivating Sacred Space : Gardening for the Soul » d’Elizabeth Murray, les travaux de Clare Marcus Cooper). Pourtant il prévient que les jardins de soin ne sont pas des outils, pas de nouvelles machines à guérir…

« Bien sûr nous devons concevoir des jardins adaptés aux handicaps, mais il faut se méfier des  termes de jardin « thérapeutique » ou « de soin ». Ces termes peuvent être utiles pour alerter sur la nécessité d’une prise en compte du soin, mais à l’intérieur d’une réflexion sur des espaces de vie, en évitant les dérives fonctionnalistes. On ne devrait les utiliser que pour souligner une dimension du jardin à prendre en compte à l’intérieur d’une réflexion sur le temps et l’espace des maisons de retraite et les établissements de santé », m’avait-il expliqué par email il y a quelques semaines, avant cette rencontre à Port-Royal.

Trois jardins de soin de l’équipe Racine-Saurel

Après la théorie, il laisse à Béatrice Saurel, une plasticienne qui est sa collaboratrice et sa compagne, le soin de parler de leurs réalisations communes. Il y a d’abord eu un premier projet, Le Jardin des 4 saisons à Auxonne, où la demande venait d’un animateur dans un foyer de vie. Grillages qui se font oublier derrière des éléments colorés, jardinières fabriquées avec les résidents, buttes et bosquets pour se réfugier, cabanes pour les oiseaux, espaces pour s’asseoir et converser ou au contraire être seul. Ce jardin qui veut changer le regard sur le handicap s’ouvre vers l’extérieur, en particulier grâce au parrainage des Jardins de Barbirey tout proches. C’est l’époque de Jardin, Art et Soin.

Le Jardin des Portes Vertes de Chailles (photo Béatrice Saurel)

Le Jardin des Portes Vertes de Chailles (photo Béatrice Saurel)

Depuis, les deux partenaires ont animé en juillet 2011 une formation à Chaumont sur Loire qui débouchera sur le Jardin des Portes Vertes de Chailles dont j’ai déjà parlé. Ils sont aujourd’hui engagés dans un nouveau projet, le Fruticetum à Saint Valery sur Somme. « C’est une extension de l’Herbarium, jardin créé par des retraités sur l’emplacement de l’ancien jardin de l’hôpital (classé jardin remarquable) », m’avait écrit Michel Racine il y a quelque temps. « Le Fruticetum comportera un espace spécifique pour le jardinage des personnes handicapées mais c’est la totalité de ce nouveau jardin, avec sa pergola, son cloître de verdure, ses arbres fruitiers bien sûr, sa « bâche » (un bassin évoquant les bassins de la Baie de Somme), ses différents coins abrités, qui sera à la fois le jardin des résidents de l’EHPAD et des convalescents de l’hôpital (situés de l’autre côté de la rue) et celui des visiteurs. Le jardin sera pour les résidents une occasion de sortir et de socialisation, deux objectifs essentiels, donc un jardin, à part entière, un vrai jardin. »

Anne et Jean-Paul Ribes me pardonneront de ne pas trop m’étendre sur leur présentation car de nombreux billets ont déjà relaté leur conception des jardins de soin, leurs réalisations de la Pitié-Salpétrière à la Maison des Aulnes, et leur formation à Chaumont. Je voudrais simplement dire que l’un des plaisirs de ces rencontres de Port-Royal a justement été d’assister à un véritable échange entre ces deux couples emblématiques dont les idées divergent parfois sur l’approche du jardin de soin.

Expériences locales : Marcel Rivière, Jardin de Cocagne et Centre Athena

Le jardin de l'Institut Marcel Rivière à Port-Royal des Champs.

Le jardin de l’Institut Marcel Rivière à Port-Royal des Champs.

Une table ronde finale a permis de raconter trois expériences locales. L’Institut Marcel Rivière à la Verrière (Yvelines) est un établissement psychiatrique fondé sur les principes de l’hôpital ouvert, de la thérapie active et de la psychothérapie institutionnelle. Dans le parc du château qui héberge l’Institut Marcel Rivière, il y a des jardins. Ce sont des soignants qui aiment jardiner (des ergothérapeutes, des sociothérapeutes,…) qui s’en occupent. Les patients circulent, rencontrent les jardiniers. Il y a une dizaine d’années, des patients de Marcel Rivière ont commencé à prendre leurs vélos pour traverser la forêt et venir à Port-Royal où, avec le concours de Sylvain Hilaire et des bénévoles de l’association les Amis du Dehors, ils jardinent. A partir d’un no-man’s land envahi d’orties et de ronces, un projet de carré clos avec quatre portes aux points cardinaux a été élaboré. « On construit un jardin pour se reconstruire. Ici, on travaille sur le symbolique. Le rapport aux bénévoles est moteur pour les patients », expliquent les représentantes de l’institut. Tous les ans, un nouveau groupe entretient le jardin et travaille sur un nouveau projet.

Alain Gérard est le directeur des Jardins de Cocagne de Saint-Quentin-Buloyer. On connaît le principe de ces jardins d’insertion. Il rappelle que les jardiniers des Jardins de Cocagne se heurtent à des blocages intérieurs. « Le jardin est un moyen car il ne juge pas. » Récemment, il a lancé une initiative avec des salariés (un grand labo français à essuyer les plâtres) qui se retrouvent au Jardin de Cocagne pour recréer de la cohésion entre eux, avec les jardiniers comme facilitateurs. Quant au Centre Athena, il propose à des jeunes en difficulté de Saint-Quentin-en-Yvelines un éveil à la citoyenneté. Depuis 2010, le centre a son jardin à Port-Royal, une activité pour découvrir la nature et s’ancrer. En pleine transformation, le jardin sera bientôt capable d’accueillir des fauteuils roulants et comprendra un jardin de plantes médicinales. La boucle est bouclée…

Le jardin des Amis du Dehors à Port-Royal des Champs. C'est une interprétation des jardins médiévaux, pas une reproduction. Mais on n'y trouve aucune plante postérieure au 17e siècle!

Dans les jardins entretenus par les Amis du Dehors à Port-Royal des Champs, aucune plante inconnue des résidents au 17e siècle!

En conclusion, Edith Heurgon, directrice du Centre culturel international de Cerisy, a fait un bilan de la journée. « Les jardins ont une capacité à soigner la société en apportant sérénité et équilibre. Ils sont aussi un facteur d’intégration sociale et de liens. Ce sont des oasis de décélération et une école de la patience. » Puis les participants ont fait un tour au jardin, sous le soleil enfin revenu, avant de se retrouver autour d’une tisane apaisante.

La genèse du jardin de l’EHPAD de Chailles

Le "nombril" est la place  centrale, espace de rencontre, de convivialité, de spectacle pour des gens extérieurs,...Derrière, la façade a été peinte en vert pour atténuer la luminosité du mur blanc. Les bambous symbolisent la transition de l’intérieur vers l’extérieur, rouges en référence au jardin anglais, pour attirer l’œil et faire sortir les personnes. Sur 2 murs, il y aura de la végétalisation.

Le « nombril » est la place centrale, espace de rencontre, de convivialité, de spectacle pour des gens extérieurs,…Derrière, la façade a été peinte en vert pour atténuer la luminosité du mur blanc. Les bambous symbolisent la transition de l’intérieur vers l’extérieur, rouges en référence au jardin anglais, pour attirer l’œil et faire sortir les personnes. Sur 2 murs, il y aura de la végétalisation.

Avant de devenir le site d’un EHPAD (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes), l’endroit était planté de vignes. Lorsque Brigitte Conré a pris ses fonctions de directrice en 2008, l’EHPAD Claude de France à Chailles près de Blois possédait un espace non entretenu avec du gazon et quelques vieux arbres, formant un V entre deux ailes sécurisées du bâtiment. Assez rapidement, des jardinous, de grandes jardinières accessibles en fauteuil roulant, et des bacs à hauteur se remplissent de légumes grâce à des membres du personnel qui aiment jardiner. « J’avais envie de faire un jardin thérapeutique en développant les couleurs, les odeurs. Mais je ne savais pas où commencer », se souvient Brigitte Conré. « Le responsable de la formation à Chaumont cherchait un endroit avec un jardin à créer ou à améliorer pour accueillir un stage. J’avais de la place…. Deux membres du personnel se sont joints au stage qui allait du médecin au paysagiste. Il en a découlé un dessin, puis un devis. » Et aussi un jardin est sorti de terre.

En route, le projet a changé de nature. « Mon jardin dit à but thérapeutique est devenu un jardin « art et soin ». Le jardin à but thérapeutique mélange couleurs et senteurs, il faut que ce soit agréable et que ça donne envie d’y entrer avec des animaux comme des poules, par exemple. C’est devenu un jardin avec un parcours de motricité, un jardin avec de la terre au sol, un jardin en hauteur, du sable pour la mer, des rochers pour la montagne », m’a expliqué Brigitte Conré récemment.

Parcours de motricité "les pieds ont une mémoire", différentes textures pour différentes sensations avec un mur en gabions avec assise, permettant de se reposer. Le jardin n’est pas fini car tout le cheminement « normal » sera de couleur ardoise-bleue, comme un ruban tout autour, permettant de se repérer.

Parcours de motricité « les pieds ont une mémoire », différentes textures pour différentes sensations avec un mur en gabions avec assise, permettant de se reposer. Le jardin n’est pas fini car tout le cheminement « normal » sera de couleur ardoise-bleue, comme un ruban tout autour, permettant de se repérer.

Une visite a eu lieu à la fin de l’été (l’inauguration aura lieu au printemps quand la pergola sera finie et que les plantations seront plus vaillantes). Paule Lebay de l’EHPAD d’Onzain et Fabienne Peyron, son alliée paysagiste, étaient parmi les invités et ont ramené toutes les photos qui accompagnent ce billet (merci à Fabienne pour les légendes). Quant au texte ci-dessous, c’est un texte de présentation que la directrice de Chailles a partagé avec moi. Je le reproduis car il exprime en direct les intentions des créateurs du jardin.

Le Jardin des Portes Vertes – Présentation

« L’objectif de ce projet était de disposer d’un vrai jardin adapté aux personnes âgées, adapté à leurs conditions physiques et mentales, offrant aux résidents, au personnel, aux familles, la possibilité de sortir du bâtiment, du bien-être, de l’évasion dans l’évocation de différents paysages, la campagne, la montagne, la mer …. Il est donc né avec la formation de Chaumont sur Loire sur les Jardins de Soins.

Ce jardin prévoit un contact direct avec la végétation, en se promenant : il faut apprendre à le connaître ce jardin ! Voici une petite vue d’ensemble de la présentation faite par Béatrice Saurel (artiste-paysagiste), Servane Hibon (paysage dplg) et  Michel Racine (architecte-paysagiste), Jean-Bernard Guillot (entreprise Jean Bernard Guillot, Amboise).

La composition générale et les différents espaces du Jardin

Le rouge des portes et des bambous a été choisi pour attirer l’œil et favoriser le déplacement.

Les bambous rouges de l’entrée du jardin représentent un espace vertical et protecteur. Atmosphère de grotte, protectrice à l’entrée du jardin ; assis dos à la végétation pour ceux qui ne veulent pas aller dans le jardin : c’est un espace de transition.

Le nombril : c’est l’équivalent de la place du village où l’on peut se rassembler, et distribuer le reste du jardin, où l’on reçoit, lit, retrouve les proches, les amis et participe à des activités de groupe. C’est un lieu de festivités, de contacts avec l’extérieur.

La mer de bambous symbolise la mer, l’idée du mouvement ; c’est un espace de fraîcheur, ombragé. Invitation au voyage, au dépaysement sur place !

La montagne est suggérée au niveau du belvédère (le point haut du jardin) et permet un contact avec de gros rochers, un endroit pour s’assoir et regarder, du sable aux pieds, espace de souvenirs …

Le chemin de motricité part de la montagne avec un escalier en bois qui se dilate dans le jardin, puis est composé de traverses, rondins, espaces de pause où rien n’est obligatoire et chacun chemine à son rythme. Il se poursuit avec des textures minérales, de l’ardoise, des galets des pas japonais… Il  a été réalisé en concertation avec l’équipe, les kinés.

Ce chemin de motricité est une invitation à découvrir le jardin et un support d’activités, d’accompagnement, avec des rampes pour un espace sécurisé.

La pergola : sera un espace de transition convivial entre le dedans et le dehors au niveau de la campagne, permettant des activités à l’ombre et offrant une vue sur le verger, le potager même sans se déplacer et le plaisir des sens d’une terrasse fleurie. Car le jardin se visite, mais aussi se contemple, s’observe…

Le potager : toucher la terre, planter sur des bottes de paille, à hauteur.

Le verger est en devenir, sans produit phytosanitaire, sans traitement : «au verger, c’est beau et c’est bon !»

Entretien du jardin : Soignons le jardin et le jardin nous soigne ! La personne de référence du jardin, son ange-gardien son référent devra être un soignant qui aime jardiner, qui aime le regarder.

Son rôle sera d’organiser, d’être  à l’écoute des autres, des liens avec l’animatrice. Il tiendra le planning du jardin en lien avec Sébastien qui assure déjà la tonte, l’arrosage et le désherbage. »

Pour plus d’information, vous pouvez aussi visiter les sites des créateurs des Portes Vertes : Béatrice Saurel et Michel Racine, Servane Hibon.

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Le futur espace de travail pour les pensionnaires. Attention, il manque une partie du jardin ! En effet, les potagers vont être cultivés sur paille et seront installés en limite de chemin.

Le futur espace de travail pour les pensionnaires. Attention, il manque une partie du jardin ! En effet, les potagers vont être cultivés sur paille et seront installés en limite de chemin.

Merci à Fabienne Peyron pour les légendes. Le futur verger pour avoir le plaisir de cueillir des fruits et de les manger ! La porte rouge n’est pas sur le chemin même, on peut ainsi la passer plus facilement pour les patients atteints d'Alzheimer et leur peur du seuil.

Merci à Fabienne Peyron pour les légendes. Le futur verger pour avoir le plaisir de cueillir des fruits et de les manger ! La porte rouge n’est pas sur le chemin même, on peut ainsi la passer plus facilement pour les patients atteints d’Alzheimer et leur peur du seuil.

Place centrale avec Michel Racine parlant à une pensionnaire. En arrière plan, porte rouge symbolisant le passage On ne l’empreinte pas, on passe à côté.

Place centrale avec Michel Racine parlant à une pensionnaire. En arrière plan, porte rouge symbolisant le passage On ne l’empreinte pas, on passe à côté.