Romane Glotain : un projet de jardin thérapeutique ouvert

Aujourd’hui, Romane Glotain, 1ere ex-aequo dans la catégorie Excellence du Concours d’Avenir 2016 de la Fondation Truffaut, nous raconte son parcours et son projet. Pour le coup, elle ne fait pas partie des candidats qui ont découvert les jardins thérapeutiques à travers ce concours. Au contraire, elle a déjà une expérience et une réflexion très avancées sur le sujet. Et un projet auquel on souhaite beaucoup de réussite. Quant à l’autre lauréat de cette catégorie, Yves-Aubert Alonzeau et son super projet à Montreuil, j’espère que nous aurons l’occasion d’en reparler bientôt. Je passe la parole à Romane.

 

Romane et une jardinière au Jardin pour Tous

Romane et une jardinière au Jardin pour Tous

Hortithérapeute ? Tu veux soigner avec les plantes médicinales ? Soigner avec l’ortie ? C’est vrai que ça a beaucoup de vertus …Ces questions! J’ai pu les entendre des dizaines de fois lorsqu’on m’a demandé ce que je voulais faire comme métier. Je tiens tout d’abord à me présenter. Romane Glotain, 19 ans, étudiante en BTSA Production Horticole au lycée du Fresne d’Angers. Je souhaite vous faire part de mon projet professionnel qui est de devenir hortithérapeute (soigner par la pratique du jardinage) ainsi que mon parcours qui m’a fait connaître le concept.

Tout a commencé à mon arrivée en seconde au lycée Jules Rieffel de Saint-Herblain (44). Une association nommée les « écoresponsables » était dirigée par un animateur en développement durable, Florent Dionizy: un monsieur F-O-R-M-I-D-A-B-L-E !!! Cette association représentée par les élèves comprenait de nombreux projets en faveur du développement durable (gestion de ruches, projet Cameroun pour une filière de cacao équitable, projet jardin pour tous, etc…).
6 juin 2012 (24)Le projet « jardin pour tous » a été une évidence. J’adore le jardin, j’adore les p’tits vieux! En effet, le lycée était relié à la maison de retraite du Tillay de Saint-Herblain (qui est malheureusement fermée aujourd’hui) dont la plupart des résidents étaient atteints de la maladie d’Alzheimer. Le but était de leur proposer des activités jardinage deux mercredis par mois pour une durée d’environ 1h30 dans un but de thérapie. Pendant la période hivernale, le petit groupe d’élèves volontaires se rendait à la résidence avec le matériel nécessaire pour l’animation (bouquets séchés, décoration de Noël végétale, etc..). Certaines mamies avaient déjà retroussé leurs manches avant même que nous arrivions! « Vous comprenez, ça me fait du bien de mettre les mains dans la terre », m’avait dit Mme B., une fidèle des ateliers.

Et puis à la belle saison, nous accueillions les résidents et leurs animatrices dans le jardin de soins qui se trouvait dans l’enceinte du lycée et qui était aménagé pour leur pathologie. Quatre bacs pour jardiner à hauteur (pour les fauteuils roulants), jardin clos (sécurité, pour que les personnes restent dans le cadre), éveil des 5 sens (qui diminuent avec la maladie)… et le jardin s’est développé avec un coin potager, plantations de fruitiers. L’objectif était vraiment que les personnes soient détendues, qu’il y ait un bien-être qui s’installe, qu’on provoque des réactions parfois inattendues. Je me souviens d’une résidente qui ne montrait aucune émotion, aucune parole, rien! En se baladant dans le jardin avec une des animatrices, elle s’est arrêtée net devant une plante et l’a fixée pendant quelques minutes commençant à l’effleurer; ça ne paraît rien mais c’était juste magique! Pour elle, pour nous, pour les animatrices. Le lien social était créé ou recréé aussi et en plus intergénérationnel!

2013-09-25 15.06.54C’était vraiment un travail d’organisation entre les animatrices, Florent et les élèves comme pour le choix des activités (bien sûr en fonction des saisons pour que les personnes aient un repère spatio-temporel), rédiger un compte rendu après chaque séance, faire remonter les points positifs observés. Notre devise était: « prendre soin du végétal pour prendre soin de soi et donc se faire du bien ! » Et puis à chaque fin d’année, on se retrouvait autour d’un pique-nique comme en 2012 à Quimiac, au bord de la mer (44) où une résidente m’a confié: « vous vous rendez compte, ça fait plus de 20 ans que je n’ai pas vu la mer. » C’est dans ces moments là qu’on se sent utile…J’en profite pour remercier de tout cœur Florent qui m’a amené, aidé à conduire le projet mais aussi aux animatrices (Babeth, Gaby, Odette …) pour leurs motivations et leurs croyances dans les bienfaits du jardinage. Merci aussi aux p’tits vieux qui m’ont tant apporté!

 

Sortie au bord de la mer à Quimiac (Loire-Atlantique)

Sortie au bord de la mer à Quimiac (Loire-Atlantique)

Trois ans après, j’ai quitté le lycée avec mon BAC STAV (Sciences et Technologies de l’Agronomie et du Vivant) en poche pour préparer un BTSA en Production Horticole au lycée du Fresne sur Angers. Je le termine justement cette année au mois de juin. J’avais toujours en tête le projet de devenir hortithérapeute; je me suis construit un classeur avec tous les documents, articles, contacts en lien avec le sujet et j’allais directement visiter des structures se rapprochant de mon projet, comme la ferme de Nat’ en Maine et Loire qui pratique de la médiation animale avec des enfants handicapés, l’ESAT de Vertou qui travaille l’horticulture avec des handicapés et d’autres.

Puis un évènement m’a relancée! Le concours « Projet d’Avenir » que la Fondation Georges Truffaut propose pour les élèves en filière horticole ou paysagère. Le but étant de créer un jardin thérapeutique pour un public ciblé. J’étais obligée d’y participer! C’était le meilleur moyen de valoriser l’hortithérapie qui est peu connue et encore moins reconnue! Et aussi d’y expliquer mon projet professionnel. Il a fallu réaliser des plans, des dessins, un budget détaillé, un dossier de présentation…un gros travail en plus des cours. Mais comme on dit: le travail paye! En effet, un mois après l’envoi de mon dossier, le travail a payé! On m’annonce que j’ai fini première de la région Centre-Ouest et que je suis invitée au siège de Truffaut pour présenter à l’oral mon projet de jardin thérapeutique pour les personnes âgées atteintes d’Alzheimer. Le 4 mai dernier, me voilà à Lisses (91) où j’ai pu rencontrer des candidats avec des présentations très différentes (jardin pour obèses, burn-out ..) et aussi écouter des professionnels, des formateurs dans le domaine.

Au final, j’ai été 1ère nationale ex-aequo avec un autre étudiant et la jolie somme de 1350 euros qui est une aide pour financer le projet. Je remarque aujourd’hui, que le concours a été une formidable expérience afin de mettre en valeur mon projet; quelques articles ont été écrits, un formateur (Mr Bertrix) m’invite même à une de ses formations (jardins de soins et de santé) en octobre prochain à Chaumont-sur-Loire et beaucoup de personnes me soutiennent; C’est vraiment super! Je suis presque plus contente que lorque j’ai su que j’avais mon BAC !!!

En parlant de mon projet professionnel, je voudrais vous l’expliquer. Je souhaite réaliser un jardin thérapeutique pouvant accueillir cette fois différents publics (enfants, handicapés, personnes âgées, personnes stressées …) afin de proposer des demi-journées de jardinage et amener un bien-être aux patients. Le but étant que les séances soient régulières pour en sentir les bienfaits. Le jardin sera réalisé à Campbon, dans ma commune native entre Nantes et St-Nazaire (44). Mon père ancien agriculteur a gardé quelques terrains… J’espère le commencer l’année prochaine en même temps que ma licence professionnelle que je souhaite réaliser dans le social afin de me spécialiser et d’acquérir des compétences dans ce domaine. Je pense sûrement créer le jardin du concours en y ajoutant d’autres éléments pour l’adapter à tous. Je réfléchis encore pour le financer, pour m’installer, m’organiser dans les activités que je pourrais proposer, repérer les structures.

J’espère pouvoir redonner goût à la vie par le jardinage pour ceux que j’accueillerai. On démontre seulement aujourd’hui que c’est une science véritable. Elle existe pourtant depuis des années! Pourquoi tant de personnes possèdent-elles un jardin qu’il soit potager ou fleuri? Ou ne serait-ce qu’une plante sur son balcon, dans sa cuisine? N’importe qui retrouve des effets bénéfiques, une sérénité, le bonheur tout simplement.

En attendant, je suis ouverte à toutes vos questions et aides. Mon projet aboutira forcément un jour. En tout cas, je l’espère vraiment, c’est devenu une vraie passion! Renouer le lien entre l’Homme et la nature… une évidence!

Vous pouvez me contacter : romane.glotain@gmail.com ou 06 49 93 18 80.

Les jardinières thérapeutiques se multiplient

 

Une jardinière Verdurable à la MAS Saint Jean de Malte à Paris

Une jardinière Verdurable à la MAS Saint Jean de Malte à Paris

Je vous ai déjà parlé des jardinières de Terraform (au fil du temps, ce billet reste l’un des plus consultés depuis sa mise en ligne en octobre 2012!) ainsi que des jardinières et des outils adaptés de Verdurable. L’opportunité de vous parler des jardinières de la société Guyon me donne envie, en passant, de vous donner de leurs nouvelles.

Commençons par Verdurable. Dans une page très riche, les fondateurs de Verdurable, Qi Wu et Luchun Chen, tiennent une chronique des établissements qui ont installé l’une ou l’autre de leurs jardinières : la MAS Saint Jean de Malte à Paris, l’hôpital Charles Foix (APHP Ivry-sur-Seine), Korian Périer de Marseille, l’hôpital Georges Clémenceau (APHP Champcueil) ou encore l’EHPAD Bastide Médicis de Lapège. Nouveauté, un « jardin aquatique », une fontaine prête à accueillir des poissons. Verdurable porte aussi la bonne parole dans des manifestations comme le 8e Colloque des Approches non médicamenteuses, organisé par Agevillage et les Instituts Gineste Marescotti, ou l’événement « La Silver Economie et la Cnav au service du bien-vieillir en Île-de-France », organisé par la Cnav en Ile-de-France.

J’ai moins de nouvelles à partager sur Terraform. En 2015, ils ont installé six « coques » au Portugal, à Coimbra dans les jardins de l’association Terra Fresca qui encourage la production et la consommation locale responsable et l’augmentation de la biodiversité dans les zones urbaines et le bien-être social.

Une jardinière Guyon/Euroform dans une école à Alençon.

Une jardinière Guyon/Euroform dans une école à Alençon.

Ce qui nous amène à Guyon, spécialiste du mobilier urbain qui est implanté à Thiers en Auvergne où il fabrique ses propres gammes et distribue les produits d’autres marques. Comme ces jardinières thérapeutiques créées par Euroform, un fabricant italien. « Ces gammes pour les seniors ont été précurseurs dans les années 2000. L’idée est de gommer les contraintes physiques pour rendre le jardinage accessible. Nous les commercialisons en France, mais sans faire de communication, depuis 2006. Un nouveau modèle est sorti en 2015 », résume Marie Bunel-Armellin chez Guyon. « On peut jardiner assis, debout, depuis un fauteuil (produit accessible PMR) et des accessoires pour tout garder à porter de main sont proposés en option. Une barre d’appui est disponible pour se tenir ou s’appuyer à la jardinière », décrit-elle. Le nouveau modèle a été livré dans deux EPHAD du Nord-est de la France et dans une école d’Alençon dans le cadre d’un programme « Passeport Développement Durable » qui amène les enfants à jardiner.

Un deuxième modèle de jardinière thérapeutique commercialisé par Guyon

Un deuxième modèle de jardinière thérapeutique commercialisé par Guyon

« Nous répondons à une demande existante, ce n’est pas un effet de mode. C’est une nouvelle façon d’interagir et de soigner. Nos jardinières commencent à 598 euros TTC, puis varient en fonction des modèles et options choisies. Nos clients achètent pour le long terme avec une garantie de 10 ans », ajoute Marie Bunel-Armellin. A noter que l’entreprise a conçu des pièces sur mesure pour le Jardin Océan Vert au Centre de lutte contre le cancer François Baclesse à Caen, jardin créé en 2013. « Nous avons fabriqué des bains de soleil, c’est-à-dire des transats en bois avec des lignes en courbe, et des tables basses », explique Marie Bunel-Armellin.

J’en entends déjà certains s’exclamer qu’il n’est pas nécessaire de dépenser 1000 euros, lorsqu’on fonctionne avec des budgets riquiqui, pour avoir une jardinière fonctionnelle. Récupération et débrouille sont aussi des solutions…En tout cas, des alternatives existent.

Et un mot sur le sommeil

En prime aujourd’hui, je partage cette émission de la Tête au Carré sur France Inter sur le sommeil. Des conseils de bons sens du psychiatre Patrick Lemoine qui a écrit « Dormir sans médicaments…ou presque » (Laffont, 2015). Je partage parce que les troubles du sommeil peuvent pourrir la vie de certains participants dans les jardins de soin et qu’il est urgent de s’interroger sur les alternatives aux somnifères, considérés comme une fraude par le docteur Lemoine puisqu’ils anesthésient au lieu de donner un sommeil normal, privant ainsi le dormeur de tous les bienfaits du sommeil (réparation, consolidation des souvenirs,…). Et je partage aussi parce que, pour ceux dont le sommeil n’est pas troublé, la sieste est toute indiquée et pourquoi pas la sieste au jardin…

Et un mot sur l’appel à participation de la conférence de l’AHTA

Et si vous aussi vous alliez parler de votre travail dans les jardins de soin à la conférence annuelle de l’American Horticultural Therapy Association (AHTA)? Elle se tient cette année du 15 au 17 septembre à Saint-Louis au Missouri. L’appel à participation est ouvert jusqu’au 1er mars. Le Missouri est connu pour être le  « Show Me state » : plutôt que de longs discours, ils aiment qu’on leur montre les choses. Défi accepté?

 

 

Jardin + fauteuils roulants = TERRAform

Tout commence à Nantes au début des années 2000. A la suite d’un projet qui a introduit le travail d’une trentaine d’artistes contemporains dans des jardins collectifs et privés, un pot de célébration conclut l’événement et salue son succès avec plus de 2 000 visiteurs en huit semaines. « Chantal, la femme d’un des jardiniers, est en fauteuil et nous a lancé un défi. Elle voulait pouvoir travailler dans le jardin plus facilement », se souvient Samia Oussadit. Avec ces compères Boris Cochy et Pascal Leroux, elle a lancé le collectif La Valise en 1997. Il rassemble ces trois architectes et artistes intéressées par « les pratiques artistiques contemporaines au contact des publics et de l’espace public. »

Entraide au jardin entre valides et non valides. Les membres de La Valise réfléchissent à des solutions d’arrosage pour les jardiniers à mobilité réduite (photo @ un membre de l’association des jardins familiaux du fort de Bron, près de Lyon).

Samia, Boris et Pascal qui ne sont ni jardiniers, ni ergothérapeutes retournent la demande de Chantal dans leur tête, ils travaillent sur des croquis. Ils discutent avec des centres de rééducation motrice, des jardiniers en fauteuil roulant. Grâce à des subventions venues du milieu culturel, ils présentent en 2004 leur premier prototype en résine (oui, ils sont conscients que la résine est toxique et pas idéale). Ils le décrivent comme leur TERRAform, comme un « jardin adapté pour personnes à mobilité réduite ». Il s’agit d’un bac de 1,50 mètre de largeur pour 1,20 mètre de profondeur et 80 cm de hauteur avec une capacité d’environ 0,80 m3 avec une coque où vient se loger le jardinier et son fauteuil.

« Il existe bien des tables de maraichages qui peuvent convenir avec un fauteuil. Mais on ne peut faire que des plantes à racines courtes comme des fraises ou des radis. Chantal ne cultive pas seulement comme loisir, c’est aussi pour vivre », explique Samia. « Dans les bacs surélevés, les personnes en fauteuil doivent jardiner de biais. C’est inconfortable, pas ergonomique du tout. Il fallait trouver un entre deux qui permettent les racines profondes et le confort. » Autres bénéficiaires potentielles, les personnes âgées qui doivent jardiner assis sur une chaise. « Car autrement à un certain âge, les jardins collectifs leur retirent leur parcelle ! »

Au lycée agricole Jules Rieffel à Saint-Herblain (Loire-Atlantique) en 2011

Les trois concepteurs nouent des partenariats, ici avec Jardiland pour des matériaux, là avec un loueur de voitures pour une fourgonnette. « Le public a adhéré à TERRAform, mais les élus étaient réticents même si 2004 était l’année européenne des personnes handicapées. On ne comprenait pas que des artistes valides travaillent sur un projet pour des jardiniers en fauteuil », se souvient Samia. « Nous n’avions pas d’interlocuteur industriel. On est passé à d’autres projet car on ne savait pas qu’en faire. » Mais après le défi de Chantal, ce sont d’autres utilisateurs intéressés qui vont « donner une petite claque » à Samia, Boris et Pascal. « J’ai été invitée à un colloque à Brest, puis appelée par une maison de retraite. Un directeur d’institut m’a dit que nous étions égoïstes de ne pas poursuivre le projet. »

Ils se remettent au boulot. Comme la résine était hors de question, ils envisagent le plastique recyclé et obtiennent un devis d’une entreprise rennaise. Pour un moule et 50 premiers tirages, il leur faut 35 000 euros. Qu’ils trouvent grâce aux listes de mécènes de la DRAC (direction régionale des affaires culturelles) de Nantes. Sur 75 dossiers envoyés, 10 réponses et trois mécènes au final : la Fondation Groupe Chèque Déjeuner, la Macif et AG2R La Mondiale. Le Conseil général de Loire-Atlantique leur donne aussi un coup de main en leur accordant le statut d’emplois aidés car ce projet ne dégage aucun revenu et ils doivent toujours travailler en parallèle. En janvier 2010, les 50 premiers exemplaires sont prêts.

Là, c’est la région qui prend le relais et leur offre l’accompagnement d’une consultante pour développer la distribution. « On ne savait pas à quel prix le vendre, comment organiser la logistique et les livraisons, faire du suivi après vente », continue Samia.  « Nous, on pensait 300 euros. Elle a estimé que ce n’était pas possible à moins de 1 000 euros. Nous nous sommes lancés dans une étude auprès de 70 maisons de retraite, 70 centres de rééducation et 70 mairies en leur demandant s’ils étaient intéressés et si le prix était juste. Nous avons eu 60 réponses : ils étaient intéressés et ce n’était pas trop cher. »

Aujourd’hui, des TERRAform sont installés dans plus de 60 sites en France, mais aussi au Luxembourg, en Suisse et en Belgique. « Nous étudions la possibilité de les fabriquer au Canada pour la demande dans ce pays et aux Etats-Unis. Nous avons des demandes en Australie. » Selon Samia Oussadit, deux publics se intéressés, à peu près à égalité : les maisons de retraite d’un côté et de l’autre des jardins partagés, hôpitaux  et autres centres. La ville de Nantes a commandé un jardin. « A la Villette à Paris, ça a bien pris et ils nous en commandent tous les ans. Ils ont beaucoup de conviction et d’énergie. »

Un TERRAform en phase de montage

De conception nantaise, le produit est fabriqué par une entreprise de rotomoulage en Ile-et-Vilaine (Rototec) et la menuiserie est assurée dans un atelier de réinsertion à Nantes (Association ATAO). Techniquement, « la coque est en polyéthylène 100% recyclé et 100% recyclable, et les cotés plans en pin de Douglas, un bois issu de forêts françaises et traité naturellement par oléothermie. »

Pour ces créatifs, le mot « produit » était un gros mot et ils craignaient que la démarche commerciale ne dénature leur projet et leur vision d’artistes. Mais, le TERRAform a clairement rencontré un écho. Au printemps prochain, le trio projette de faire un périple en France pour filmer les jardiniers qui utilisent leur solution de jardinage . Histoire de « revenir à la dimension humaine »….Un film qu’on a impatience de voir. Comme leur solution au prochain problème qu’ils aimeraient résoudre : comment arroser plus facilement en fauteuil…

Soyons raisonnable

Il faut que je réduise temporairement la cadence du Bonheur est dans le jardin. Deux billets par semaine deviennent intenables avec ma charge de travail actuel. La pige a repris à bonne allure depuis notre retour en France cet été, mais je suis surtout plongée dans les dernières étapes d’un projet commencé en Californie en 2010. J’ai participé comme « fixer » au tournage d’un documentaire français, un road movie californien, projet d’un jeune réalisateur rochelais. California Dream 3D est aujourd’hui sur le point de sortir au cinéma en France et je suis impliquée dans une multitude de préparatifs, tous plus sympas les uns que les autres, tous plus gourmands en temps les uns que les autres. Pour info, si vous êtes curieux, voici le site du film et sa page Facebook.

Mon jardin parisien

Pour préserver ma santé d’esprit, je dois lever le pied et passer à un billet par semaine jusqu’en décembre. Un peu la mort dans l’âme, je l’avoue. Malgré les nuits courtes et le manque de vrai jardin, je profite de ce que j’ai sous la main pour ma propre thérapie horticole. En ouvrant la fenêtre tous les matins, je me réjouis de mon jardin miniature, une jardinière avec une bruyère, un cyclamen et un pied de thym. Dans lequel j’enfouis mon visage avec délectation pour me ressourcer à cette bonne odeur fraiche. Et j’apprends en même temps une leçon pratique sur l’appropriation au jardin : je prends soin de la jardinière que j’ai plantée moi-même avec mes enfants, je délaisse complètement une autre plante laissée par les précédents occupants. Elle ne me parle pas vraiment, je ne sais pas comment elle s’appelle, je n’ai pas d’instinct « maternel » pour elle…

En vous disant à la semaine prochaine (pour un billet sur TERRAform, une solution nantaise de jardin adapté pour personnes en fauteuil), je vous laisse avec cet article du Monde sur la série photo « Des légumes et des hommes ». La photographe Joëlle Dollé prend pour sujets « l’être humain et, par extension, la beauté intrinsèque du vivant » avec un humour vivifiant. Voici l’article et les photos. Etonnantes, fraiches, drôles. (Et en passant, je salue Maëlle que j’ai eu le plaisir de rencontrer hier et à qui je souhaite bon courage pour trouver sa voie dans le monde  des jardins qui soignent).