Concours d’Avenir 2016 de la Fondation Truffaut : honneur aux jardins incarnés

Les lauréats des Prix Espoir et Excellence 2016

Les lauréats 2016  du Concours d’Avenir de la Fondation Truffaut, catégories Espoir, Excellence et Coups de coeur.

 

 

 

L’année dernière, la Fondation Truffaut avait inauguré une nouvelle formule pour ses prix initialement lancés en 2013. Il s’agissait de faire réfléchir les étudiants en horticulture au jardin thérapeutique (voir les lauréats nationaux du Concours d’Avenir 2015). En 2016, même concept avec une modification bienvenue, la création d’une catégorie Espoir (jusqu’au bac) et Excellence (BTS et licence) pour mieux refléter la maturité et l’expérience des candidats. Le mercredi 4 mai, les lauréats nationaux issus d’une sélection en régions, leurs professeurs et leurs supporters, un aéropage d’amoureux des jardins de soin et le « Grand Jury », dont je faisais partie, se sont réunis à Lisses (91) au siège paradisiaque de Truffaut pour un grand oral.

Rappelons les conditions fixées aux candidats.

« Le concours porte sur la réflexion d’une création d’un jardin à but thérapeutique avec toutes les spécificités qu’il comporte. Le projet peut être imaginé ou rattaché à une association agissant dans ce domaine. Il s’agit d’un projet individuel. La participation d’un groupe n’est pas possible.

Le participant prendra notamment en compte les éléments suivants :

  • Surface du jardin fixé à 200m² maximum ;
  • Liberté du choix du handicap visé (Alzheimer, Autisme, Psychiatrie, Polyhandicap,…) ;
  • Intégration de la stimulation des 5 sens ;
  • Adaptation du jardin aux besoins et contraintes des utilisateurs ;
  • Prise en compte du rythme des saisons ;
  • Choix des végétaux. »

 

Catégorie Espoir 

Laura Pioche1ère place: Laura Pioche

Laura est en dernière année de Bac Professionnel Aménagement Paysager au Lycée Agricole et Horticole de Saint-Germain-en-Laye (78). Son projet « Souvenir d’une vie » n’est pas rattaché à un lieu ou un établissement existant, mais a convaincu par sa cohérence : un jardin d’agrément avec une promenade, un kiosque central, un coin avec des tables de jeux et une pergola de roses conçue comme un cocon, mais aussi un potager. Dessiné avec des personnes âgées en tête, ce jardin propose sièges et bancs, zones d’ombre et lieux de contemplation ainsi que des activités. Un hybride entre les « healing gardens » et les « enabling gardens » décrits par Clare Cooper Marcus et Naomi Sachs.

2ème : Joé Pinto

Joé étudie au lycée Horticole et Paysager Sainte-Jeanne d’Arc des Apprentis d’Auteuil, nouvellement déménagé à Loches (37). Son projet conçu autour de l’eau, de la terre et du ciel s’inscrit dans son établissement qui accueille une classe « Service à la personne en milieu rural » (SMR) . Dans cette classe, les élèves apprennent à aider des adultes et des enfants atteints de handicap. Joé a donc imaginé un jardin accueillant pour des personnes en fauteuil roulant ou en déambulateur. Son texte de présentation, le seul manuscrit, a séduit le jury par sa sincérité et sa réflexion sur le jardin. Le détail d’une fontaine d’eau potable est aussi un plus.

3ème : Milan Marcer

Milan est en Brevet Professionnel en Aménagement Paysagiste au CFPPA de Marseille-Valabre (13). Il s’est penché sur les besoins des usagers de son jardin en se mettant dans la peau d’une personne malade ou hospitalisée qui fait l’expérience de perturbations sur le plan physique, psychologique et social. Aux problèmes de repli sur soi, de communication et de mobilité, il propose un jardin d’ateliers et de contemplation.

 

Catégorie Excellence

Gilles Mollard, le nouveau PDG de Truffaut, Yves-Aubert Alonzeau et Romane Glotain, les deux lauréats 1er ex-aequo du Prix Excellence.

Gilles Mollard, le nouveau PDG de Truffaut, Yves-Aubert Alonzeau et Romane Glotain, les deux lauréats 1er ex-aequo de la catégorie Excellence.

1er ex-aequo : Romane Glotain et Yves-Aubert Alonzeau

Romane est en 2e année de BTSA Production Horticole au Lycée Le Fresne à Angers (49). Elle a imaginé un jardin pour des personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer. Une entrée bien matérialisée avec une porte en fer forgé, une allée bordée de groseilliers et de cassissiers, un pommier trônant au milieu de l’allée avec une astucieuse grille pour ramasser les pommes sans se baisser, un bassin, des animaux, un potager,…..Pour l’instant, c’est un projet virtuel. Mais comme l’a expliqué Romane qui envisage de poursuivre en licence professionnelle (Technique d’intervention et d’animation psychosociale auprès des publics vulnérables ou bien Coordination handicap et vieillissement), son projet est de créer un jardin thérapeutique pour y accueillir un public allant des enfants aux personnes âgées et atteints de diverses pathologies. L’endroit est même déjà trouvé sur un terrain appartenant à son père. Une idée unique en son genre en France qui me fait penser au Ability Garden de Wilmington en Caroline du Nord…On en reparlera très certainement.

 

Yves-Aubert est en 2e année de BTS au Lycée des Métiers de l’Horticulture et du Paysage de Montreuil (93). Son projet est également fortement incarné puisqu’il se base sur un terrain à proximité de la résidence pour personnes âgées Les Beaux Monts et d’une aire de jeux pour enfants dans le quartier Bel Air de Montreuil. Yves-Aubert a déjà bien avancé dans la prise de contact et l’élaboration du projet avec ses partenaires. Il s’agit de créer un jardin thérapeutique dont les ateliers répondent pile poil à l’un des axes de l’établissement : accompagner et préserver l’autonomie des personnes âgées. Conçu comme « jardin à vivre, jardin plaisir, jardin de soins ou jardin au service de l’être humain », le projet s’articule autour d’un circulation circulaire, d’une aire de repos, de bancs, d’un abri de jardin, d’un composteur, de potagers en carré dont certains accessibles aux personnes à mobilité réduite,…On a hâte de voir le projet se concrétiser. En parallèle, son professeur Joël Dommanget travaille déjà à adapter le projet d’Yves-Aubert pour le transformer en support de cours pour les futures promotions.

3ème : Hubert Proffit

Hubert est étudiant à l’Institut Charles Quentin à Pierrefonds (60). Il s’est lui aussi rapproché d’une association, La Luciole, « association familiale de soutien aux parents et aux jeunes toxicomanes. » Une maison de campagne, conçue par l’association comme un lieu de vie plutôt qu’un lieu médicalisé, est le terrain choisi pour l’élaboration de son projet. Jardin de soin au milieu d’un plus vaste terrain, le projet d’Hubert verra aussi peut-être le jour. Il me fait penser au programme de l’hortithérapeute Gene Jones dans un programme résidentiel de désintoxication en Caroline du Nord.

4ème : Perrine Di Ciaccio

Perrine est en 2e année d’un BTSA Aménagement Paysager au CFPPA Lycée des Calanques de Marseille (13), le même lycée que fréquente Milan. Elle a fait le choix original d’imaginer un jardin pour des participants souffrant d’obésité dans l’optique de l’éducation thérapeutique du patient. Elle appuie sa réflexion sur des expériences, notamment en Suisse, qui ont montré que « le jardin thérapeutique permet aux patients de gagner en motivation et en confiance en soi ». Elle pense que son jardin pourrait s’intégrer dans un établissement tel que le centre de l’obésité de l’hôpital privé Résidence du Par ou au sein de l’Unité Méditerranéenne de Nutrition à Marseille. Là encore, on ne peut qu’espérer que le projet se concrétise.

Félicitations à tous les lauréats du concours national et à tous les participants dans les concours régionaux qui, en tant qu’amoureux de la nature et futurs professionnels, ont pu découvrir une nouvelle facette du jardin. Bonne chance à eux pour la suite de leurs aventures.

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