Quand Le Bonheur se baladait dans le monde

Pour mesurer le temps, je peux utiliser celui qui s’écoule entre deux publications sur ce blog. Ce marqueur revient inexorablement tous les mois, tous les premiers lundis du mois précisément. Lorsque j’appuie sur le bouton « Publier » au début du mois, j’ai l’impression d’une longue plage de temps devant moi…Et puis pouf, il est temps de publier de nouveau.

Ce mois-ci, ce joli mois de mai, restons dans le thème de notre périple international de2022. Si nous avons un besoin vital de nouveautés, il est aussi utile de prendre le temps d‘apprécier l’existant. Or, depuis 10 ans, je me suis déjà souvent promenée hors des frontières françaises. Voici un aperçu de ces voyages qui montrent la variété des jardins thérapeutique, de l’hortithérapie et des écothérapies. Quelle énergie et quelle vision chez ces femmes et ces hommes rencontré.es depuis 10 ans !

Pour les mois qui viennent, je vous annonce quelques nouvelles destinations : l’Autriche et l’Allemagne, le Costa Rica et un bilan de l’hortithérapie dans les pays hispanophones. Et puis il va falloir aller explorer un peu plus en Asie, en Australie, en Afrique.

Sue Stuart-Smith, psychiatre et auteure de « L’équilibre du jardinier : renouer avec la nature dans le monde moderne » dans son jardin anglais (crédit photo gardenmuseum.org.uk)

EN EUROPE

ITALIE. En avril 2021, nous rencontrions Ania Balducci, hortithérapeute italienne formée en Angleterre et aux Etats-Unis, qui contribue à développer l’hortithérapie dans son pays à travers des projets et une formation universitaire. Pour compléter un lien pour se tenir au courant des actions de la Associazone Italiana Ortoterapia (ASSIOrt)

ANGLETERRE. Une autre rencontre, celle de Sue Stuart Smith. Elle est psychiatre et elle nous a offert en 2020 « L’équilibre du jardinier : renouer avec la nature dans le monde moderne ». Un des livres les plus inspirants sur les bienfaits de la nature et du jardin pour les personnes fragilisées. Sa sortie en pleine pandémie a fait beaucoup de bien. Il est devenu LE livre de jardinage de l’année pour le Sunday Times et un des 37 meilleurs livres de 2020 pour The Times. Autant dire qu’il aura rencontré un énorme écho en Angleterre et dans les nombreux pays où il a été publié.

ANGLETERRE. C’est grâce à Beth Collier que j’ai découvert l’écopsychothérapie. En 2018, elle nous expliquait comme elle pratique son travail de psychologue dans les parcs londoniens depuis plusieurs années. Elle prépare sur ce sujet un livre que j’ai hâte de découvrir. En attendant, merci à Beth de m’avoir inspirée car c’est en grande partie grâce à elle que je propose aujourd’hui des séances de psychothérapie dans la nature.

ECOSSE. Impossible de ne pas mentionner Trellis et Fiona Thackeray. Avec son équipe, elle organise depuis deux ans une série de séminaires internationaux dans l’âme. Dès 2015, cette ancienne de Thrive nous avait présenté Trellis, l’association écossaise d’hortithérapie.

SCANDINAVIE. En 2019, Philippe Walch, alors tout nouveau membre de la Fédération Française Jardins Nature et Santé et aujourd’hui actif dans son conseil d’administration, nous avait fait profiter d’un voyage personnel dans la Scandinavie biophilique avec une visite de Nacadia, le jardin thérapeutique initié par Ulrika Stigdotter et son équipe à de l’Université de Copenhague. Pour compléter ce tour dans le nord de l’Europe, regardez l’intervention d’Anna María Pálsdóttir au Trellis Seminar Series 2022. Elle y décrit l’expérience du jardin du Living Lab Alnarp Rehabilitation en Suède.

Salle de pause au jardin pour les infirmières d’un hôpital de Portland, Oregon (Etats-Unis), sujet d’une étude de Roger Ulrich.

EN AMERIQUE DU SUD ET DU NORD

PEROU. Je vous présente Daniela Silva-Rodriguez Bonazzi, hortithérapeute péruvienne également formée aux Etats-Unis. Depuis notre rencontre au Jardin du Luxembourg en 2019, Daniela a pratiqué, parlé, écrit. Voici quelques exemples de ses articles sur le blog du Horticultural Therapy Institute : auprès de personnes âgées en Argentine, pour des enfants en Equateur ou encore auprès d’enfants sur le spectre de l’autisme en Inde.

CANADA. Il s’en passe des trucs au Canada. Une de mes références est la Fondation Oublie pour un instant dont la fondatrice, Jeannine Lafrenière, est une personne que je croise régulièrement depuis plusieurs années. Sa mission : faire entrer la nature à l’intérieur des établissements de santé.

ETATS-UNIS. Choix difficile dans ce pays où j’ai passé le plus de temps, physiquement et à distance. J’attire simplement votre attention sur quelques personnes et programmes phares.

LIVRE « The Profession and Practice of Horticultural Therapy ». Le livre de Rebecca Haller, Christine Capra et Karen Kennedy, sorti en 2019, est incontournable si vous vous lisez l’anglais. Vous y retrouverez d’ailleurs quelques signatures françaises et européennes.

LIVRE « Therapeutic Landscapes ». Même chose pour le livre de Clare Cooper Marcus et Naomi Sachs, sorti en 2014. Indispensable, source d’inspiration, mise en contexte d’initiatives qui intègre la nature qui soigne dans les établissements de santé. Historiquement, ma première rencontre avec Clare Marcus Cooper il y a 10 ans.

« Une hortithérapeute californienne derrière les barreaux ». Je reste en contact avec Calliope Correia depuis notre rencontre dans une formation du HTI et je suis son implication intense dans son travail en prison. Une passionnée, une convaincue.

30 ans d’hortithérapie auprès des personnes âgéesKirk Hines a commencé sa carrière d’hortithérapeute depuis 1993 et il la poursuit auprès de personnes âgées dans la région d’Atlanta.

« Bénéficiaire » et témoinLe témoignage d’un homme pour qui le jardin thérapeutique d’un programme d’addictologie en Caroline du Nord a été salvateur.

Résilience et recherche. A New York, la résilience de Matt Wichrowski, hortithérapeute et chercheur, épate. Retrouvez ses publications en tant que chercheur et professeur associé dans le département de Médecine de Réadaptation à la Faculté de Médecine de NYU.

A Chamchamal dans le Kurdistan irakien, le Fondation Jyian (« vie » en kurde) a formé les thérapeutes qui accompagnent des adultes et des enfants traumatisés par la guerre à l’hortithérapie.

DANS LE RESTE DU MONDE

Force est de constater que les autres parties du monde sont peu représentées sur mon blog. L’attraction est tellement plus forte là où on a déjà des contacts. A améliorer !

Au Japon, j’avais présenté en 2015 l’état de la formation en hortithérapie, très inspirée des Etats-Unis ainsi que le travail du chercheur Mashiro Toyoda. Il a continué à explorer le sujet, notamment avec la publication en 2020 d’une étude sur les effets d’une activité d’arrosage régulière sur l’activation du lobe pré frontal chez des personnes âgées bien portantes. Du jardinage comme outil de prévention du déclin cognitif.

Au Kurdistan, nous avions découvert un programme de formation pour des thérapeutes spécialistes du psychotraumatisme qui accompagnent des réfugiés, un effort qui a rassemblé des experts de plusieurs pays. Le programme a également été présenté lors du Seminar Series 2022 de Trellis

Au Bénin. Concluons sur l’intervention de Josette Coppe, psychologue clinicienne et art-thérapeute, qui anime des ateliers d’expression et des ateliers thérapeutiques avec les équipes SOS villages d’enfants au Bénin depuis 2010 à travers son association Résonances. Elle avait partagé son expérience lors d’une table ronde en ligne organisée par Jardins & Santé en novembre 2021. Vous trouverez son intervention à la minute 59 dans cette vidéo, avec les témoignages filmés de deux professionnels béninois.

Dans les jardins et la nature, les activités thérapeutiques continuent leur grand retour

Au Centre Hospitalier Théophile Roussel de Montesson dans les Yvelines, les ateliers d’hortithérapie redémarrent officiellement ces jours-ci au Jardin des Tisanes après trois mois de confinement. Du côté de l’ESPM Georges Daumezon à Orléans, l’autorisation de proposer des activités au jardin de soins partagé date déjà de quelques semaines. Art-thérapeute et animatrice nature entre autres casquettes, Juliette Cheriki-Nort explique reprendre doucement ses activités dans les Ardennes où elle propose tout particulièrement en ce moment des activités en forêt pour prendre l’air et limiter les risques. Les exemples se multiplient. Après ceux de début juin, voici quatre nouveaux témoignages de reprise ou de lancement d’activités qui donnent de l’espoir.

Thibaut Pinsard, Les Décliques : les enfants dehors

Avec le déconfinement et les difficultés de distanciation physique dans les classes, le sujet de l’école dehors débarque sur le devant de la scène, ici dans la Drôme et là dans les Deux-Sèvres ou encore dans cette émission sur France Culture. Une piste de réflexion intéressante qui, espérons-le, va prendre de l’ampleur en France.

La nature, c’est aussi le reste du temps que les enfants en ont besoin. En début d’année, j’avais parlé avec les créateurs des Décliques qui proposent aux petits Franciliens des « Escapades » dans la nature. Pour eux aussi, enfants et animateurs, le confinement a marqué un coup d’arrêt brutal. Mais les activités sont en train de repartir avec deux stages d’étéprogrammés pour le mois de juillet dans le quartier des Groues à Nanterre à deux pas de La Défense. Avec deux thèmes : Champions de l’écologie et Explorateurs de la biodiversité.

« Les stages sont pour le moment limités à 10 enfants. Et on prendra bien sûr toutes les mesures sanitaires nécessaires : gestes barrière, masques pour les adultes, gels hydroalcooliques, lavages de mains fréquents,… », explique Thibaut Pinsard des Décliques. « On a remarqué que beaucoup de partenaires ne pouvaient pas se projeter dans le futur et restaient dans l’expectative, ce qui est particulièrement freinant pour avancer. » Cette année, les colonies de vacances, déjà en perte de vitesse comme l’expliquait Thibaut en mars, ne vont pas toutes ouvrir leurs portes à cause des conditions difficiles à respecter…Quel dommage !

Un coin de nature à l’ombre de La Défense en région parisienne

Isabelle Launet (hôpital pédiatrique et résidence autonomie) : « Mon rêve est que le personnel soignant voit ce qui se passe au jardin »

A l’hôpital Robert Debré, Isabelle Launet anime le jardin de la Maison de l’Enfant depuis quelque temps déjà. Comme on peut bien l’imaginer, les activités avaient complètement cessé. Isabelle est parmi les premières intervenantes extérieures à revenir à partir du 17 juin. « Cela a été validé puisque nous travaillons à l’extérieur. Il y aura entre deux et quatre enfants installés à des tables séparées. Si un enfant accroche, l’intérêt est de pouvoir revenir pour un travail de suivi », explique Isabelle qui espère une articulation de plus en plus grande avec les soignants. « Mon rêve est que le personnel soignant accompagne les enfants pour qu’ils voient ce qui se passe au jardin. D’ailleurs, j’ai rencontré un kiné qui vient avec un enfant au jardin pour pratiquer la marche sur un sol inégal. Le jardin est utilisé comme une autre pièce à l’extérieur ! »

Isabelle vient de débuter des ateliers dans une résidence autonomie du Pré-Saint-Gervais dont Terr’Happy a conçu le jardin. « Les ateliers devaient commencer le 21 mars…ils ont démarré début juin avec l’aval de l’ARS et du CCAS dans cette résidence qui n’a connu aucune contamination pendant la crise sanitaire », rapporte Isabelle. « Nous avons réduit le nombre de participants à 5 ou 6 et nous respectons toutes les consignes habituelles. Nous avons dû supprimer le rituel de la tisane. La directrice nous dit ressentir un effet confinement : il y a une réticence à sortir, à être dehors, une peur à s’exposer aux éléments, au vent et au froid. »

Christelle Forestier Jouve, Les petites bulles vertes : « Le jardin de soin peut apporter une réponse à ce que nous vivons en plus de ce qu’il apportait déjà »

Christelle Forestier Jouve dans son « laboratoire »

« Je viens de recevoir un mail de la préfecture qui valide la création de mon association! Je suis hyper heureuse! ». Depuis le mois d’avril, Christelle Forestier Jouve et moi échangeons des messages sur le lancement de sa nouvelle activité initialement prévu pour début juin. Il y a quelques jours, son dernier message était jubilatoire. Les petites bulles vertes, c’est parti. Finalement la crise sanitaire aura à peine retardé le projet. « Plus que jamais, les évènements que nous traversons nous montrent les principes de biophilie et les relations indispensables au bon fonctionnement de l’humain: l’humain relié à d’autres humains (le lien social) et l’humain relié à la nature. L’Homme coupé de ces éléments, nous observons une augmentation de la violence, des dépressions (à voir ce qui se passe dans les ehpad actuellement entre autres), des troubles anxieux. »

Soignante de profession (manipulatrice en électroradiologie médicale puis cadre de santé hospitalier dans différents services), Christelle avait commencé à rencontrer des directeurs d’Ehpad ainsi que l’association locale France Alzheimer juste avant le confinement. Pendant la crise sanitaire, elle dépose en ligne le dossier de création de son association. Pour compléter ses compétences de soignante, elle a déjà suivi une formation sur l’aménagement des jardin de soin auprès de Sonia Trinquier/Mosaïque et elle est inscrite dans une formation à Chaumont-sur-Loire reportée de mars à novembre 2020. En novembre toujours, elle suivra une formation de France Alzheimer destinée aux aidants.

« J’ai pu constater que beaucoup d’Ehpad obtiennent des fonds pour installer des jardins dits thérapeutiques alors qu’aucun travail préalable n’a été fait avec les équipes soignantes. Les jardins n’ont alors pas de fonction thérapeutique – ils sont plus objets de décoration; pour autant, ce qui m’interroge est que les établissements ont toutefois obtenu des financements », s’étonne-t-elle.

Autre bonne nouvelle, la soignante a « très envie (et cela me tient à cœur) de publier des articles scientifiques et m’associer dans ma démarche à des scientifiques (gériatres, autres médecins, sociologues et bien d’autres pour croiser les expertises). Évidemment, tout cela ne pourra se faire que lorsque j’aurai pu animer des ateliers jardins de soin! Cela fait partie de mon projet à long terme. »

Quel est son plan d’action dans les semaines à venir ? « Reprendre contact avec les Ephad que j’ai approchés et un centre social sur des ateliers à visée des séniors, rencontrer des médecins généralistes qui sont prescripteurs en Ephad…….tout cela va se faire cet été entre juillet et septembre. Et j’aimerais répondre à un appel à projet du CNSA (Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie), pour cela j’ai besoin de bosser pas mal ! Et tant d’autres choses : créer une visibilité internet, poursuivre la création de mon réseau et mettre les mains dans la terre avec un public en respectant les gestes barrières… »

« Mon jardin locatif « ouvrier » est mon « laboratoire » sur ce qu’il est possible de tenter …ou pas! Je fais mes semis dans le salon de notre appartement. J’ai toujours jardiné. Au départ (c’est assez classique, je sais) avec ma grand mère, puis sur mon balcon et partout où je pouvais. Ma passion pour l’Humain et la Nature converge enfin! J’ai hâte de pouvoir animer un premier atelier. Pour l’heure, mes tests sont mes enfants. Et lorsque mon époux qui n’est pas jardinier découvre que le poireau peut fleurir…je suis super contente et je me rends compte que le pouvoir d’attraction du jardin est grand. »

Pour joindre Christelle Forestier Jouve à Cognin en Savoie : lespetitesbullesvertes@gmail.com

Yann Desbrosses : « Les séances en pleine nature sont une alternative sanitaire » 

Yann Desbrosses n’a pas découvert l’intérêt de la nature dans sa pratique de psychothérapeute pendant la crise sanitaire, mais il la voit sans doute sous un angle supplémentaire. Implanté en région parisienne, Yann Desbrosses propose des psychothérapies en s’appuyant sur les approches de l’analyse psycho-organique et de l’EMDR (son site regorge de vidéos et de textes intéressants). Sa longue expérience de danseur acrobate, notamment dans des spectacles où le public découvrait les chorégraphies en déambulant dans la nature, entre pour beaucoup dans sa conception de la psychothérapie en pleine nature. Il propose en effet d’explorer ses sensations corporelles et émotionnelles au contact des éléments naturels lors de séances individuelles ou en groupe. Lorsque je lui ai parlé il y a deux semaines, il venait de reprendre les séances dehors avec son groupe continu « Ma Nature » qu’il co-anime un samedi par mois avec une psychologue, Julia Boyer, en forêt et en bords de Marne.

Fin mai, première séance en pleine nature après le confinement

« Les participants avaient l’impression de respirer, ressentaient un soulagement et une joie. C’est comme s’ils avaient vécu en apnée pendant deux mois. Comme certains qui vivent seuls avaient manqué de contact, nous avons proposé un jeu de contact avec les hautes herbes, un jeu de caresses et de chatouilles qui leur ont apporté des ressentis de rire et d’érotisme. « Qu’est-ce que cela nous a fait du bien que vous ayez trouvé une façon de rentrer en contact ! », nous ont-il dit à la fin de la séance. » A 25 kilomètres de Paris, dans une forêt domaniale où l’on rencontre peu de monde et où la biodiversité explose, Yann trouve un cadre idéal pour renouer le lien avec le végétal et le lien humain. Et dans le cadre actuel pour combler un manque laissé par le confinement. 

Il partage sa pratique entre un cabinet à Champs-sur-Marne (77) et un autre dans le 12e arrondissement de Paris à deux pas du Bois de Vincennes. « En 10 minutes de marche, on se sent loin, hors des routes bitumées, dans des zones diversifiées avec des sentiers tortueux, des clairières, des zones sèches », décrit-il. Certaines nouvelles demandes qu’il reçoit comportent cette demande explicite « je veux aller faire les séances en forêt ». Pas étonnant pour le thérapeute qui fait un lien direct entre les angoisses personnelles et l’angoisse générée par la crise environnementale.

 « Les gens transformés par l’expérience du confinement restent cependant une minorité, environ 10%. J’en suis étonné car on aurait pu s’attendre à une vague de transformations. Je constate par contre que plusieurs patients se sont bien habitués à la visioconférence et ne souhaitent plus venir en séance en présence, ce qui va dans le sens d’un glissement vers des relations à distance suite au confinement. C’est un gain de temps pour eux et ils se sentent bien dans ces séances à distance. J’espère pourtant que l’on ne va pas vers une généralisation des relations par Skype ou Zoom. »

Si un meilleur respect des conditions d’hygiène est bien réel en forêt, ce n’est pas l’argument que Yann a choisi de mettre en avant lors de la reprise post-confinement. « J’ai plutôt mis en avant le vivant pendant la saison du printemps avec l’éclosion et l’émergence qui font écho aux éclosions en soi. » En tout cas, comme beaucoup, il n’a pas compris l’interdiction générale de se promener en forêt pendant cette période ! Une aberration.

Outre les séances en région parisienne, un stage d’été prévu pour le mois d’août en Bourgogne est confirmé et sera coanimé avec Célestine Masquelier, « quatre jours dans un très beau domaine bourguignon, calme, éco lieu dessiné selon les principes de la Permaculture, au bord d’une rivière où nous pourrons nous baigner ». Il s’agira de « trouver une place dans ce monde, trouver sa place, retrouver le contact avec sa dynamique vitale, c’est aussi puiser dans un lien vivant avec la nature: source d’apaisement, d’inspiration, et pourquoi pas de sens. » De plus, une formation destinée aux professionnels initialement prévue pour juin est remise à octobre et se déroulera dans la forêt de Malvoisine en Seine-et-Marne.

« Après deux mois de confinemant qui ont marqué une pause, l’activité reprend avec plus de demandes en écothérapie. J’ai pris conscience que, s’il devait y avoir de nouveau une période de confinement, les séances dans la nature seraient une alternative sanitaire », conclut Yann Desbrosses. 

Effervescence hivernale dans les jardins de soin

Il y a trois jours, la Fédération Française Jardins, Nature et Santé (FFJNS) se réunissait au CH Théophile Roussel à Montesson, notre siège depuis le début de l’aventure et sans doute l’hôpital français le plus investi dans l’accès des patients à la nature. Après une frénésie d’échanges électroniques entre membres et des premiers contacts téléphoniques avec de nouveaux venus toute l’année, enfin des rencontres physiques, des échanges multiples, des expériences sensorielles, un repas partagé. Ca redonne de l’énergie, ça regonfle pour continuer à militer pour plus de nature dans les lieux de santé en France. Beaucoup de chemin parcouru depuis notre première assemblée générale il y a un an. Beaucoup de chemin à parcourir encore. Précisons que, quand je dis « nous » pour parler de cette aventure, c’est en tant que membre fondatrice parmi une vingtaine de membres fondateurs et actuelle présidente de la FFJNS.

La CDC Biodiversité se penche sur la question de la santé

Un des signes concrets que notre message commence à être entendu est le fait que CDC Biodiversité nous ait repéré cet été et nous ait demandé de participer à un rapport qui vient de sortir le 21 janvier. Repartons du début. CDC Biodiversité, c’est une filiale à 100% de la Caisse des Dépôts dont l’objectif est « d’agir pour la biodiversité, en identifiant et en développant des leviers économiques (réglementaires, volontaires,…) pour financer la préservation et la restauration de la nature. »

Ce rapport, « Santé et Biodiversité : nécessité d’une approche commune », est désormais disponible en ligne. Lors du colloque « Biodiversité et Humanité : une seule santé », des intervenants intéressants se sont succédés et en voici un résumé. Par le bout de ma lorgnette, je retiens que pour une Thérèse Jonveaux venue raconter comment elle a ouvert le jardin à ses patients et ses équipes qu’elle accompagne également dans des sorties en forêt, combien de sceptiques comme Dominique Belpomme, professeur de cancérologie à l’Université Paris-Descartes et défenseur de la biodiversité, qui balaie pourtant d’un revers de la main l’intérêt des jardins de soin. Il y a encore du travail ! Espérons que les membres du ministère de la Santé présents dans la salle ont été plus attentifs aux explications posées du Dr. Jonveaux qu’au sentiment peu réfléchi du Dr. Belpomme.

Jardins & Santé réunit de nouveau son symposium

Pas de temps à perdre pour s’inscrire (y compris au titre de la formation continue) au 6e symposium international de Jardins & Santé qui aura lieu les lundi 30 mars et mardi 31 mars 2020 au siège de la Société Nationale d’Horticulture de France (SNHF) à Paris. Le thème choisi cette année : Les jardins à but thérapeutique en milieu hospitalier et médico-social, de l’exclusion à l’inclusion. La Fédération Française Jardins, Nature et Santé a eu le plaisir de participer à l’élaboration du programme pendant plusieurs mois et sera bien sûr représentée en force au symposium. Que vous soyez un habitué ou nouveau dans ce domaine, le symposium de Jardins & Santé est toujours un grand moment de rencontres. Pour ma part, je le fréquente depuis 2012 (tapez symposium Jardins & Santé dans l’outil de recherche pour retrouver les comptes-rendus des éditions passées). Encore un moment qui recharge les batteries.

Trois partenaires pour un guide des jardins en établissements

Ils ont uni leur force : la Fondation Médéric Alzheimer, l’Ecole Nationale Supérieure du Paysage de Versailles et l’association Jardins & Santé (encore elle). Voici un guide pratique qui va accompagner les responsables d’établissements sociaux, médico-sociaux et sanitaires « pour réaliser un jardin adapté, pérenne et durable, bénéfique à la fois au fonctionnement de l’établissement et aux personnes accueillies ». Il répondra aux questions de ces responsables et de tous les acteurs qui veulent se lancer dans la conception – participative idéalement  – de ces jardins particuliers. Un guide composé de quatre grands chapitres :

1. Un jardin dans l’établissement : comprendre et argumenter.

2. Construire et porter le projet de jardin dans une démarche participative.

3. Concevoir le jardin:recommandations pour des jardins à visée thérapeutique «éco-logiques».

4. Faire vivre le jardin, vers une pérennisation évolutive.

Bravo aux auteurs de ce guide qui viendra utilement compléter l’ouvrage de Jérôme Pellissier paru en 2017

Une ressource pleine d’exemples inspirants

Merci à Anne Surdon qui en nous signalant sur le groupe Facebook Jardins de soin cet article dédié à son jardin à l’hôpital Cognac-Jay m’a permis de découvrir le site Solidarum. Publication de la Fondation Cognac-Jay, ce site est une base de connaissances pour l’invention sociale et solidaire. On y trouve des articles qui font rêver comme celui-ci sur deux hôpitaux norvégiens qui ont construit un pavillon de répit ouvert sur la forêt pour que les patients et leurs proches puissent échapper quelques heures à l’univers médical. 

Et un grand merci à WordPress qui a fait évoluer son outil et a rendu très difficile des tâches qui étaient familières et faciles depuis des années. Vraiment merci d’ajouter des heures de complications à ce travail déjà chronophage.

Les jardins de l’hôpital pédiatrique Robert-Debré

juin 2019 (6)

Je parlerai principalement du jardin de la Maison de l’Enfant que j’ai pu visiter en compagnie d’Isabelle Launet et de la responsable de ce service. Isabelle suivait encore la première formation à l’agriculture urbaine de l’école du Breuil quand un ancien de la Pitié-Salpétrière où elle avait fait un long stage auprès d’Anne Ribes lui propose de participer à des animations pour les 30 ans de l’hôpital.

La Maison de l’Enfant est, au cœur de l’hôpital, un lieu différent. Comme une grande ludothèque, elle propose des activités auxquelles les petits patients viennent accompagnés de soignants ou de leurs parents et entourés par des animateurs et des éducateurs de jeunes enfants. La Maison de l’Enfant jouxte un espace ouvert transformé en jardin…

Après une longue période de bénévolat, Isabelle intervient dorénavant comme animatrice professionnelle deux fois par mois sans compter une visite hebdomadaire pour prodiguer quelques soins au jardin. A l’extérieur de l’hôpital, elle intervient dans une maison de retraite, auprès d’enfants dans un jardin dans le 20e arrondissement et à la Ferme de Paris. « L’activité rassemble les enfants et les ados, de 2 à 17 ans. Les parents sont les bienvenus car c’est un moment agréable avec leur enfant. Il n’y a pas de groupe pré-établi. A l’hôpital, c’est toujours le soin qui prime », explique-t-elle. « On commence avec quelques questions : Où vis-tu ? Qu’est-ce que tu aimes dans la nature ? Et puis je propose un atelier. Par exemple sur le vent. On écoute des enregistrements de vent dans les roseaux ou les maïs. On va toujours dans le jardin et on cueille des herbes pour la tisane. » Isabelle nous emmène faire un tour du jardin planté de vigne, de groseilles et de framboises, de pommiers et de poiriers, d’artémise, d’oreilles de lièvre, de basilic thaï, de sarriette, de verveine, de rosiers,…Il faut imaginer les petits patients déambulant dans le jardin, parfois avec leur équipement médical difficile à ignorer.

« On ne parle pas de maladie, c’est un sas de respiration. Mais le jardin fait parfois le lien avec le soin : on parle de tuteur, d’attelle, on utilise le vocabulaire du prendre soin. C’est assez rare que les enfants reviennent deux fois à un atelier. Mais ils peuvent revenir au jardin hors des ateliers. » Une extension est prévue. Le jardin petit à petit prend racine, avec l’aide des kinés qui arrosent. Un petit monde bienveillant au milieu de l’hôpital.

 

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En fait, à l’hôpital Robert-Debré, les jardins de soin se multiplient. L’association Jardins & Santé a récemment donné une bourse qui « a permis au service de cardiologie-néphrologie-hémodialyse de bénéficier d’une très belle terrasse entièrement aménagée et végétalisée. Une précieuse bouffée d’oxygène pour les patients, leur famille et les équipes soignantes ». Dites-moi si je me trompe, mais il s’agit du jardin perché conçu par Anna Six en 2017.

Un autre projet n’est pas thérapeutique par nature, mais attire l’attention. C’est le nouveau projet de ferme florale implantée depuis peu sur les toits de l’hôpital…La nature est très présente à l’hôpital Robert-Debré.

 

In other news…

  • Vous voulez soutenir le projet « Tous au jardin » des Jardins de l’Humanité? Découvrez ce projet en visitant le site de l’association. Le projet s’adresse « en priorité aux enfants malades et à leurs parents, aux personnes atteintes d’un cancer, à celles ayant subi des violences, mais aussi aux personnes isolées par leur âge ou leur situation familiale, sociale et professionnelle. » Ce beau projet est éligible au budget participatif des Landes et vous pouvez voter! Attention, il faut voter pour au moins trois projet. « Tous au jardin » se compose déjà de deux projets (un minibus et une yourte) et plusieurs autres projets visent à financer des jardins.
  • Quand des étudiants à l’EHESP (Ecole en Hautes Etudes en Santé Publique) de Rennes se penchent sur le besoin de formation des personnels soignants pour permettre l’implantation de la nature dans les établissements socio-sanitaires, on sait qu’on est sur la bonne voie. Dans ce mémoire disponible en ligne, les étudiants listent d’abord les bénéfices directs pour les patients et indirects pour le personnel de ces espaces verts thérapeutiques ainsi que les obstacles. Puis ils proposent un cahier des charges pour une formation professionnelle à destination du personnel soignant sur l’implantation d’espaces végétalisés à visée thérapeutique.

 

  • Les résultats d’une étude sur plus de 900 000 Danois sont clairs. Plus d’espaces verts autour de chez soi pendant l’enfance = moins de risque de troubles psychiatriques de l’adolescence à l’âge adulte ! Voici l’étude complète. Et le résumé traduit en français. Un conseil, utilisez DeepL.com si jamais l’anglais vous freine. « Grandir en milieu urbain est associé à un risque de développer des troubles psychiatriques, mais les mécanismes sous-jacents sont inconnus. Les espaces verts peuvent offrir des avantages sur le plan de la santé mentale et peut-être réduire le risque de troubles psychiatriques. Cette étude nationale couvrant plus de 900 000 personnes montre que les enfants qui ont grandi avec les niveaux les plus bas d’espaces verts avaient jusqu’à 55 % plus de risque de développer un trouble psychiatrique indépendant des effets d’autres facteurs de risque connus. Une association plus forte entre les espaces verts cumulés et le risque pendant l’enfance constitue la preuve qu’une présence prolongée d’espaces verts est importante. Nos résultats affirment que l’intégration des environnements naturels dans la planification urbaine est une approche prometteuse pour améliorer la santé mentale et réduire le fardeau croissant des troubles psychiatriques dans le monde ».

 

  • Depuis 3 ans, l’unité Flavigny du CH Le Vinatier à Lyon propose un groupe thérapeutique “Jardin et Nature”. Une expérience que Jérémie Cambon, infirmier dans cette unité de pédopsychiatrie, raconte dans ce texte.

 

Une hortithérapeute péruvienne…à Paris

Fut un temps, Rebecca Haller et Christine Capra m’avaient gentiment demandé d’écrire le blog du Horticultural Therapy Institute. Ce fut un plaisir pendant plusieurs années. Puis le temps vint à manquer. Récemment, le blog du HTI a connu une nouvelle évolution avec la mise en place d’un binôme d’auteures. Colleen Griffin, HTR, habite dans l’état du Maine, son activité d’hortithérapeute consiste à accompagner des enfants avec des besoins particuliers ainsi que des adultes et des enfants se battant contre un cancer (voici son premier billet, passionnant, sur les explications qu’elle donne quand on lui demande ce qu’est l’hortithérapie). La deuxième membre du binôme est Daniela Silva-Rodriguez Bonazzi qui vit au Pérou. Avec l’autorisation du HTI, je reproduis ce mois-ci son billet sur l’introduction de l’HT dans son pays et ses projets. Il est encourageant de savoir que Daniela couvrira l’hortithérapie dans le reste du monde pour le blog.

Voici le billet de Daniela en VO et en français ci-dessous. Ce soir, je l’ai rencontrée au Jardin du Luxembourg pour une conversation à bâtons rompus. Voici le résumé en 2 minutes.

Pour la joindre, daniela (at) horticulturaterapeutica.pe ou le site de son Instituto de Horticultura Terapéutica – Péru.

Par Daniela Silva-Rodriguez

daniela-624x832Ma relation avec les plantes a commencé à l’âge de 8 ans.  Après avoir brusquement perdu mon père d’un anévrisme, j’ai trouvé du réconfort dans le jardin de ma grand-mère.  Il y avait tellement d’espèces de plantes et de fleurs dans ce jardin de 6 000 m2 ! Bientôt, j’ai commencé à apprendre leurs noms et prénoms, ainsi que leurs préférences. J’ai été émerveillée par les formes, les textures et les odeurs des feuilles et des fleurs, qui m’ont inspirée à apporter la nature à l’intérieur en créant des arrangements floraux pour chaque pièce de notre maison.  Mais le plus grand plaisir pour moi était d’arroser les plantes, de voir les feuilles sans la moindre trace de poussière et de sentir l’odeur de terre humide !

Le temps a passé et il était clair pour moi que je devais faire une carrière dans un domaine lié aux plantes. J’ai étudié la biologie et les sciences de l’environnement à l’American University à Washington D.C. Quand je suis revenue au Pérou, j’ai obtenu mon premier emploi au Centre international de la pomme de terre comme assistante scientifique et, en même temps, j’ai obtenu une maîtrise en Sélection et Amélioration des Plantes.

Après 6 ans de travail en laboratoire, j’ai démarré une entreprise dédiée à la production de salades vertes pour les supermarchés au Pérou. Au cours des 25 années suivantes, j’ai acquis des connaissances et de l’expérience en agriculture, en lutte intégrée contre les ravageurs, en bonnes pratiques agricoles et en assurance qualité. Mais mon amour pour les plantes était trop fort et j’ai gardé le contact avec elles à travers des projets d’aménagement paysager.

En 2010, j’ai découvert la pratique de l’hortithérapie ! J’ai contacté le Horticultural Therapy Institute et mon voyage pour obtenir un certificat en hortithérapie a commencé. J’ai obtenu mon certificat en 2016.

Entre 2011 et 2013, j’ai commencé un petit programme dans un centre de réadaptation pour les toxicomanes (cocaïne, marijuana et alcool) et les personnes souffrant de dépression. Les âges varient principalement de 14 à 30 ans. Pendant cette courte période, j’ai mis en évidence la capacité des plantes à changer la vie des gens, en particulier chez deux patients. Un patient de sexe masculin, âgé de 30 ans, a reçu un diagnostic de dépression grave.  La première fois que je l’ai rencontré, il n’a eu aucun contact visuel et a répondu avec des monosyllabes. Trois semaines après avoir participé au programme, il était une personne complètement différente : ses yeux brillaient, il demandait des tâches et était impatient d’apprendre d’autres techniques de jardinage. Après sa sortie, il a lancé une entreprise autour des plantes à l’étranger, changeant son centre d’intérêt de l’économie vers les plantes.

L’autre patient était une jeune femme de 18 ans, atteinte de dépression et consommant de la marijuana. Après 6 mois de participation au programme d’HT avec des sautes d’humeur et des automutilations, j’ai remarqué quelque chose qu’elle avait fait à la plante qu’elle avait adoptée et qui m’a fait penser que quelque chose de vraiment sérieux se passait avec elle. Ce fut un tournant dans son traitement : elle pouvait enfin parler de ce qui la troublait vraiment.

Ces deux expériences m’ont fait réaliser que je voulais consacrer le reste de ma vie à aider les gens à travers une de mes passions : les plantes.

Entre 2014 et 2017, j’ai fait un travail de sensibilisation aux avantages de l’HT pour le bien-être des gens par le biais d’ateliers et de programmes de courte durée pour des groupes spécifiques comme les enfants atteints de cancer ou les enfants brûlés.

Sensibiliser dans un pays où il n’existe pas de carrière en horticulture et où de nombreux professionnels n’aiment pas qu’on les fasse sortir de leur zone de confort est difficile mais pas impossible. Il faut du temps pour leur faire comprendre que l’hortithérapie est leur alliée, que les activités de jardinage servent d’outil pour faciliter leur travail. Nous devons utiliser l’attribut le plus précieux que possèdent les jardiniers : la patience.

 

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Site du jardin de soins (healing garden) – Orphelinat au Pérou, mars 2019

En octobre 2018, on m’a commandé la conception d’un jardin de soins et d’un programme d’HT pour un orphelinat à Lima, au Pérou. C’était un grand défi en raison des conditions du site, qui était à l’abandon complet (voir photos) et du budget qui était limité. Après 4 mois de planification et de brainstorming, la conception était prête. La mise en œuvre a eu lieu en avril de cette année. Une équipe de 130 jeunes volontaires s’est chargée de planter, de peindre les murs, de créer un jeu d’eau et un mur vert, d’enlever les pierres et de décorer, sous ma direction. Le travail a été fait en 5 jours. Le jardin a été baptisé par les enfants de l’institution le « Jardin des Rêves ».

 

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Site du jardin de soins – Avril 2019

Une semaine plus tard, nous avons commencé à travailler avec 40 enfants placés en institution, âgés de 5 à 14 ans. La fréquence de notre programme est de deux fois par semaine. Travailler avec des enfants placés est un énorme défi. La plupart des enfants ont été séparés de leurs parents en raison de violences physiques et/ou psychologiques. Cette situation a provoqué de graves problèmes émotionnels et comportementaux chez les enfants. L’objectif principal du jardin de guérison est de les aider à canaliser ces émotions : colère, peur, tristesse, agressivité, manque d’attention et comportement perturbateur grâce à l’amour et aux soins.

 

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Masque en pétales de fleurs – stimulation créative

 

Après la première séance chaotique où nous avons travaillé avec des groupes de 10 enfants toutes les 30 minutes pendant 2 heures, nous avons décidé de restructurer la dynamique pour la séance suivante. Nous devions enseigner aux enfants qu’il y avait des « règles du jardin » qu’il fallait suivre et que nous devions les « calmer » avant de leur proposer l’activité prévue. Les règles du jardin ont été établies par chacun d’entre eux et ont ensuite été imprimées sur une grande bannière. Nous les lisons au début de chaque session. Pour « calmer » leur esprit, nous utilisons une technique de respiration qui les amène au moment présent, à écouter les instructions et les métaphores et à s’engager dans l’activité prévue en mode « calme ». En plus de ces deux stratégies, nous avons mis en place quatre tables distinctes qui nous aident à travailler en petits groupes.

 

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Créer des « amis du jardin »

Dans chaque session, nous avons un « plan B » pour les enfants qui ne s’impliquent pas dans l’activité dès le début. Ce « plan B » consiste à créer des bouquets d’herbes. La stimulation de l’odorat, en particulier chez les enfants présentant ces caractéristiques, a un effet puissant ainsi que le travail du sol.

Plusieurs semaines ont passé et nous commençons à voir des résultats : les enfants sont plus calmes, fiers de leur travail dans le jardin et commencent à montrer le même amour et le même respect envers les plantes que nous. Certains d’entre eux sont même fiers de montrer à leurs frères et sœurs le même amour et le même respect. Ils savent que leur « Dream Garden » est un environnement non menaçant, où ils se sentent en sécurité. Les enfants prennent conscience de l’effet puissant du jardinage comme outil pour canaliser leurs émotions.

Maintenant que nous avons introduit les enfants dans le jardin, notre prochain défi est de créer des tipis en saule pour que les frères et sœurs puissent « cultiver » une relation entre eux. Le tipi en saule symbolisera leur « maison », un lieu sûr entouré de plantes qu’ils apprendront à cultiver avec amour.

Traduit avec l’aide de http://www.DeepL.com/Translator

Une fédération est née

La biophilie à l’oeuvre (photo Florence Gottiniaux/Outside)

 

 

La Fédération Française Jardins, Nature et Santé est un beau bébé qui fêtera bientôt son premier anniversaire officiel, sans compter les longs mois de gestation. Pour la faire très courte, c’est une bande de gens très sympas qui aident, certains depuis de longues années, à connecter des personnes fragiles avec la nature et le jardin pour qu’elles retrouvent un certain équilibre, un certain bien-être, une certaine qualité de vie. Des gens de partout en France qui ont décidé de s’unir pour mieux partager leurs convictions et leurs pratiques.

Genèse

Les 13 et 14 novembre 2017, l’association Jardins & Santé tenait son 5e symposium à Paris. Comme pour chaque symposium, de nombreux acteurs étaient venus de partout en France, avides de discussions et d’échanges, entre eux et avec les intervenants internationaux. Tous convaincus que certains jardins, et la nature plus largement, possèdent des vertus thérapeutiques. Déjà l’idée de créer une nouvelle association – ou plutôt une fédération – circulait depuis quelque temps. Au symposium précédent, des conversations avaient commencé. Sans lendemain, une fois tout le monde rentré chez eux. Mais là, on sentait une envie palpable de se rassembler. A la fin du symposium, quelques personnes ont commencé à discuter au pied de l’estrade. Notamment Anne Chahine, la présidente de Jardins & Santé, et Jérôme Pellissier, auteur d’un ouvrage marquant en français sur l’hortithérapie…

Et puis, la conversation a continué dans un café à côté. C’est ce soir-là que tout a commencé…Autour de plusieurs constats.

Ensemble, plus forts et mieux entendus

Depuis quelques années, les jardins de soins se déploient en France, dans des maisons de retraite, dans des hôpitaux psychiatriques et ailleurs. Les média sont pris d’engouement pour l’hortithérapie et y consacrent articles et émissions. Les jardins de soin semblent dans l’air du temps. Et pourtant à chaque fois qu’un infirmier, un interne en psychiatrie ou une psychomotricienne a envie de créer un jardin dans son établissement, il lui faut convaincre les décideurs en glanant ici et là des arguments. Les formations restent peu nombreuses et aucune ne débouche sur une certification ou un diplôme. Chacun doit réinventer la roue, sans soutien, avec l’énergie et l’enthousiasme des passionnés. C’est usant.

Malgré des décennies d’expérience dans d’autres pays et des études démontrant les bienfaits de cette médiation non médicamenteuse, la pratique cherchait encore légitimité et reconnaissance en France. C’est cette situation qui a donné envie à une trentaine de membres fondateurs de se retrousser les manches pour se fédérer, promouvoir leurs diverses pratiques et se soutenir entre professionnels.

Une fédération ne se fait pas en un jour

Assemblée constituante

La fédération en plein chantier de construction (photo CH Théophile Roussel)

En janvier 2018, première réunion de travail au cœur de l’hiver, saison où les jardiniers aiment cogiter à l’intérieur. Des groupes de travail ont œuvré pendant des mois pour faire avancer divers chantiers – une charte et un règlement intérieur, des outils pour communiquer – malgré la distance géographique et les emplois du temps chargé. En avril 2018, assemblée constituante pour élire un conseil d’administration et un bureau certes, mais surtout pour avancer. Il y a tant à faire et à penser. Le Centre Hospitalier Théophile Roussel à Montesson (78) est naturellement devenu le siège de la FFJNS grâce à la conviction de son Coordonnateur général des activités de soins, Didier Sigler et au soutien de son directeur, Jacques Lahely.

Le 25 janvier 2019, la FFJNS tenait sa première assemblée générale annuelle et ouvrait officiellement ses portes à de nouveaux membres. Quelques nouveaux sont venus, attirés par une énergie proche de la leur. Qui peut rejoindre cette fédération ? Toutes les actrices et tous les acteurs « concerné.e.s par la création, la mise en œuvre, le développement, les usages, des jardins thérapeutiques et/ou des pratiques de prévention, de soin et prendre-soin par la relation à la nature ou à des éléments naturels (dont les écothérapies et l’hortithérapie) » sont les bienvenu.e.s.

Pour en savoir plus sur la FFJNS

Ruez-vous sur le site flambant neuf de la Fédération Française Jardins, Nature et Santé. Vous pourrez y lire la charte récemment approuvée (mais toujours perfectible), la composition du CA et du bureau, la procédure d’adhésion (attention, nous avons décidé d’avoir des membres sympathisants et des membres actifs), des définitions, une liste non-exhaustive des formations disponibles en France, un appel aux dons et plus encore.

Je passe au « nous » car, à ce stade, vous aurez compris que je suis impliquée dans cette aventure en tant que présidente, pour un mandat de trois ans. De nombreux signes autour de nous au quotidien nous donnent l’espoir que les bienfaits de la nature sont de plus en plus reconnus. Que, comme le dit notre secrétaire Tamara Singh, nous sommes des être(s) de nature.

En mars, la FFJNS déroulera une série d’événements locaux, à l’initiative des membres disséminés de Brest à Bezannes à Draguignan à Saint-Péray à Saint-Vincent-de-Tyrosse et un peu partout en France. Stay tuned… 

 

Trois actus à chaud de membres fondateurs de la FFJNS

 A Montpellier. Sonia Trinquier de l’association Mosaïque des Hommes et des Jardins est également membre fondatrice et membre active de la FFJNS. Ce samedi 9 février, elle organise une journée découverte des différentes approches de l’hortithérapie, entre écologie humaine et écologie environnementale. Ca se passe de 10h00 à 16h30 à la Maison Pour Tous Michel Colluci. Sonia a prévu des mises en situation concrètes et des retours d’expérience d’Ateliers Jardin adaptés à un public fragile. Infos sur le site de Mosaïque.

A Versailles et autour. Kevin Charras de la Fondation Médéric Alzheimer et Véronique Laulier de l’École nationale supérieure de paysage (ENSP) sont tous les deux membres fondateurs de cette nouvelle fédération. Le 29 janvier, leurs deux institutions ont signé une convention de partenariatdont l’objectif est d’améliorer le quotidien des personnes atteintes de troubles cognitifs liés au vieillissement grâce au contact avec la nature.

A Saint-Etienne. Le 24 mai se tiendra à la Faculté de Médecine Jacques Lisfranc le colloque « Des jardins pour prendre soin » organisé par le centre de réhabilitation sociale Réhacoor 42 et impulsé par un de ses psychiatres Romain Pommier, membre fondateur de la fédération. Plusieurs autres membres de la fédération au programme aux côtés d’intervenants en psychiatrie et – roulement de tambour – de Roger Ulrich dont la présentation portera sur « Les jardins et la nature dans les structures de soin ».  Un colloque à ne pas manquer! On en reparlera. Voici l’affiche du colloque.

 

 

 

 

Mosaïque multiplie les jardins thérapeutiques à Montpellier

 

 

En 2006, Sonia Trinquier crée l’association Mosaïque autour des problématiques de la diminution des activités agricoles dans les espaces ruraux et péri-urbains, un sujet qui lui tient à cœur en tant qu’ingénieur agronome. En 2014, l’association opère un virage pour se consacrer à la nature en ville et aux jardins à visée thérapeutique. « Après 18 ans d’ingénierie dans le milieu agricole, j’ai ressenti le besoin de m’engager dans des projets « à échelle humaine » et partager ma conviction du bienfait du végétal sur la santé », explique Sonia qui se souvient des heures passées dans le jardin de son grand père et de la main verte transmise par sa mère. Elle apporte à ses Ateliers Jardins Adaptés une autre expérience, celle de ses propres lombalgies invalidantes. Elle sait ce que c’est de jardiner lorsque le corps est en souffrance.

Mosaïque, c’est une association loi 1901 animée par une petite équipe de bénévoles qui intervient aujourd’hui dans plusieurs jardins dans la région de Montpellier auprès de jardiniers fragilisés. Référent de Jardins & Santé dans la région, Mosaïque conçoit, coordonne et anime ses Ateliers Jardins Adaptés (AJA) auprès de ces publics fragiles et favorise également l’inclusion à la vie sociale dans des Jardins Partagés. Avec le printemps, les ateliers reprennent. L’équipe anime environ huit ateliers par semaine pour des seniors et pour des enfants sur le spectre de l’autisme. Ateliers dans un jardin partagé réservé à des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, ateliers en résidence séniors et dans plusieurs Ephad, séance pour les enfants dans un jardin partagé, l’agenda de Mosaïque se remplit. On peut se plonger dans les ateliers grâce à ce reportage de TV Sud.

Des ateliers adaptés à la maladie d’Alzheimer

L’objectif premier de ces ateliers est de mettre la personne en situation de réussite. L’ambiance est détendue, la petite taille du groupe permet les observations et les expérimentations. L’atelier suit un déroulé familier : les participants enfilent une tenue de jardinage, observent les changements au jardin pour se fixer des repères dans l’espace et dans le temps, puis ils se mettent au travail en suivant le calendrier des travaux de jardinage. Des exercices pour jardiner sans se faire mal sont proposés. La séance se termine autour d’une collation et d’un cahier de suivi dans lequel sont consignés les moments forts et les éventuelles difficultés rencontrées.

Pour Sonia et son équipe, ces temps au jardin activent des mécanismes cognitifs comme la mémoire sensorielle et affective. Ils ancrent les patients dans la réalité et dans des gestes répétés pleins de sens. Les ateliers jardins peuvent être complétés par d’autres activités : jeux de mémoire et découvertes sensorielles, exercices de prévention des chutes et d’équilibre dans les allées du jardin, ateliers écriture et arts plastiques pour l’identification des plantes, ateliers cuisine, nutrition et alimentation saine avec les légumes bio du jardin ou encore gymnastique douce et relaxation en plein air.

Fort de cette expérience, Mosaïque avait été invitée à animer des ateliers sur le Village Alzheimer à Paris les 21 et 22 septembre 2017 lors des Journées Mondiales Alzheimer. Sonia est également intervenue au Symposium Jardins & Santé en novembre 2017 lors d’une table ronde consacrée à l’évaluation des jardins thérapeutiques en psychiatrie. L’association participe ainsi à des événements ponctuels autour des jardins et de la santé en Languedoc Roussillon et nationalement.

Des ateliers pour les enfants en situation d’autisme

Se basant sur la littérature qui décrit les bienfaits des jardins thérapeutiques pour ces enfants, Mosaïque a mis sur pied des ateliers adaptés. « La nature communique une émotion pouvant être la source d’une restructuration efficace. Une personne vulnérable est d’autant plus sensible à son environnement. Là où le langage échoue, le jardin s’avère être un formidable médiateur, comme la musicothérapie ou la zoothérapie », explique l’association.

Des ateliers intergénérationnels

Dans ces ateliers gagnant-gagnants, des enfants d’école et de centres de loisirs viennent jardiner aux côtés de seniors. C’est le cas notamment d’un atelier au sein des espaces verts de l’EHPAD CCAS des Aubes. Pour Sonia, ces ateliers permettent aux personnes âgées de reprendre confiance en elles : chacun est responsable d’un petit groupe d’enfants et d’une tâche. De plus les échanges sont plus faciles car les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ressentent moins d’appréhension à s’exprimer avec de jeunes enfants.

Un grand projet d’évaluation

Aujourd’hui, il s’agissait de présenter Mosaïque et ses activités. Nous reviendrons sur un grand projet que murit Sonia dans le domaine de l’évaluation. Accompagnée d’un comité scientifique présidé par le Professeur Jeandel, chef du Pôle Gérontologique du CHU de Montpellier, elle a lancé en 2016 une vaste réflexion sur l’évaluation des bienfaits de ces jardins. Dans la lignée des travaux de Thérèse Jonveaux au CHU de Nancy ou de Romain Pommier au CHU de Saint-Etienne, la question de l’évaluation fait l’objet d’un travail de réflexion approfondie avec une équipe pluridisciplinaire composée de médecins, d’ergothérapeutes, de psychologues et d’autres professionnels. En proposant une démarche méthodologique adaptée aux jardins visant les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, l’objectif est de démontrer l’efficacité et l’efficience de ces jardins pour encourager leur généralisation. Nous reviendrons sur ce grand projet…

 

Symposium Jardins & Santé : 13-14 novembre 2017 à Paris

Les Américains ont le congrès de l’American Horticultural Therapy Association (il s’est tenu il y a quelques jours dans le Vermont). Les Français ont le symposium de Jardins & Santé. A ma connaissance, c’est la seule rencontre en France qui concentre autant de convaincus du jardin de soin, du jardin à visée thérapeutique, tout simplement de la nature comme médiation thérapeutique. Il n’existe pas d’autre forum où se retrouve cette discipline extrêmement dispersée en termes de géographie, de lieux d’intervention, de typologies de bénéficiaires et d’animateurs,…Une discipline qui peine toujours à jouir d’une pleine reconnaissance malgré un corpus impressionnant d’études sur l’efficacité et un engouement qui continue à monter en puissance depuis des années en France.

Le symposium se tient traditionnellement tous les deux ans. En 2016, il avait fallu en faire son deuil. Jardins & Santé n’avait pas pu organiser de symposium cette année-là, faute de ressources humaines suffisantes. Il faut dire que mettre sur pied un rendez-vous pour 170 participants et 40 intervenants français et étrangers (les chiffres de l’édition 2014) n’est pas une mince affaire. C’est donc avec une certaine impatience que j’attends la version 2017 qui se tiendra à Paris les 13 et 14 novembre. En toute transparence, je précise que j’ai été invitée à intervenir sur le thème de l’évaluation des jardins thérapeutiques.

Voici le programme.

Côté pratique, le coût de l’inscription est de 250 euros (possibilité d’inscription au titre de la formation continue – entreprise et administration), avec un certain nombre de places à 50 euros disponibles pour les étudiants.  Le symposium se tiendra au 6 rue Albert de Lapparent, dans le 7e arrondissement. Inscriptions en ligne.

 

 

Concours d’Avenir 2016 de la Fondation Truffaut : honneur aux jardins incarnés

Les lauréats des Prix Espoir et Excellence 2016

Les lauréats 2016  du Concours d’Avenir de la Fondation Truffaut, catégories Espoir, Excellence et Coups de coeur.

 

 

 

L’année dernière, la Fondation Truffaut avait inauguré une nouvelle formule pour ses prix initialement lancés en 2013. Il s’agissait de faire réfléchir les étudiants en horticulture au jardin thérapeutique (voir les lauréats nationaux du Concours d’Avenir 2015). En 2016, même concept avec une modification bienvenue, la création d’une catégorie Espoir (jusqu’au bac) et Excellence (BTS et licence) pour mieux refléter la maturité et l’expérience des candidats. Le mercredi 4 mai, les lauréats nationaux issus d’une sélection en régions, leurs professeurs et leurs supporters, un aéropage d’amoureux des jardins de soin et le « Grand Jury », dont je faisais partie, se sont réunis à Lisses (91) au siège paradisiaque de Truffaut pour un grand oral.

Rappelons les conditions fixées aux candidats.

« Le concours porte sur la réflexion d’une création d’un jardin à but thérapeutique avec toutes les spécificités qu’il comporte. Le projet peut être imaginé ou rattaché à une association agissant dans ce domaine. Il s’agit d’un projet individuel. La participation d’un groupe n’est pas possible.

Le participant prendra notamment en compte les éléments suivants :

  • Surface du jardin fixé à 200m² maximum ;
  • Liberté du choix du handicap visé (Alzheimer, Autisme, Psychiatrie, Polyhandicap,…) ;
  • Intégration de la stimulation des 5 sens ;
  • Adaptation du jardin aux besoins et contraintes des utilisateurs ;
  • Prise en compte du rythme des saisons ;
  • Choix des végétaux. »

 

Catégorie Espoir 

Laura Pioche1ère place: Laura Pioche

Laura est en dernière année de Bac Professionnel Aménagement Paysager au Lycée Agricole et Horticole de Saint-Germain-en-Laye (78). Son projet « Souvenir d’une vie » n’est pas rattaché à un lieu ou un établissement existant, mais a convaincu par sa cohérence : un jardin d’agrément avec une promenade, un kiosque central, un coin avec des tables de jeux et une pergola de roses conçue comme un cocon, mais aussi un potager. Dessiné avec des personnes âgées en tête, ce jardin propose sièges et bancs, zones d’ombre et lieux de contemplation ainsi que des activités. Un hybride entre les « healing gardens » et les « enabling gardens » décrits par Clare Cooper Marcus et Naomi Sachs.

2ème : Joé Pinto

Joé étudie au lycée Horticole et Paysager Sainte-Jeanne d’Arc des Apprentis d’Auteuil, nouvellement déménagé à Loches (37). Son projet conçu autour de l’eau, de la terre et du ciel s’inscrit dans son établissement qui accueille une classe « Service à la personne en milieu rural » (SMR) . Dans cette classe, les élèves apprennent à aider des adultes et des enfants atteints de handicap. Joé a donc imaginé un jardin accueillant pour des personnes en fauteuil roulant ou en déambulateur. Son texte de présentation, le seul manuscrit, a séduit le jury par sa sincérité et sa réflexion sur le jardin. Le détail d’une fontaine d’eau potable est aussi un plus.

3ème : Milan Marcer

Milan est en Brevet Professionnel en Aménagement Paysagiste au CFPPA de Marseille-Valabre (13). Il s’est penché sur les besoins des usagers de son jardin en se mettant dans la peau d’une personne malade ou hospitalisée qui fait l’expérience de perturbations sur le plan physique, psychologique et social. Aux problèmes de repli sur soi, de communication et de mobilité, il propose un jardin d’ateliers et de contemplation.

 

Catégorie Excellence

Gilles Mollard, le nouveau PDG de Truffaut, Yves-Aubert Alonzeau et Romane Glotain, les deux lauréats 1er ex-aequo du Prix Excellence.

Gilles Mollard, le nouveau PDG de Truffaut, Yves-Aubert Alonzeau et Romane Glotain, les deux lauréats 1er ex-aequo de la catégorie Excellence.

1er ex-aequo : Romane Glotain et Yves-Aubert Alonzeau

Romane est en 2e année de BTSA Production Horticole au Lycée Le Fresne à Angers (49). Elle a imaginé un jardin pour des personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer. Une entrée bien matérialisée avec une porte en fer forgé, une allée bordée de groseilliers et de cassissiers, un pommier trônant au milieu de l’allée avec une astucieuse grille pour ramasser les pommes sans se baisser, un bassin, des animaux, un potager,…..Pour l’instant, c’est un projet virtuel. Mais comme l’a expliqué Romane qui envisage de poursuivre en licence professionnelle (Technique d’intervention et d’animation psychosociale auprès des publics vulnérables ou bien Coordination handicap et vieillissement), son projet est de créer un jardin thérapeutique pour y accueillir un public allant des enfants aux personnes âgées et atteints de diverses pathologies. L’endroit est même déjà trouvé sur un terrain appartenant à son père. Une idée unique en son genre en France qui me fait penser au Ability Garden de Wilmington en Caroline du Nord…On en reparlera très certainement.

 

Yves-Aubert est en 2e année de BTS au Lycée des Métiers de l’Horticulture et du Paysage de Montreuil (93). Son projet est également fortement incarné puisqu’il se base sur un terrain à proximité de la résidence pour personnes âgées Les Beaux Monts et d’une aire de jeux pour enfants dans le quartier Bel Air de Montreuil. Yves-Aubert a déjà bien avancé dans la prise de contact et l’élaboration du projet avec ses partenaires. Il s’agit de créer un jardin thérapeutique dont les ateliers répondent pile poil à l’un des axes de l’établissement : accompagner et préserver l’autonomie des personnes âgées. Conçu comme « jardin à vivre, jardin plaisir, jardin de soins ou jardin au service de l’être humain », le projet s’articule autour d’un circulation circulaire, d’une aire de repos, de bancs, d’un abri de jardin, d’un composteur, de potagers en carré dont certains accessibles aux personnes à mobilité réduite,…On a hâte de voir le projet se concrétiser. En parallèle, son professeur Joël Dommanget travaille déjà à adapter le projet d’Yves-Aubert pour le transformer en support de cours pour les futures promotions.

3ème : Hubert Proffit

Hubert est étudiant à l’Institut Charles Quentin à Pierrefonds (60). Il s’est lui aussi rapproché d’une association, La Luciole, « association familiale de soutien aux parents et aux jeunes toxicomanes. » Une maison de campagne, conçue par l’association comme un lieu de vie plutôt qu’un lieu médicalisé, est le terrain choisi pour l’élaboration de son projet. Jardin de soin au milieu d’un plus vaste terrain, le projet d’Hubert verra aussi peut-être le jour. Il me fait penser au programme de l’hortithérapeute Gene Jones dans un programme résidentiel de désintoxication en Caroline du Nord.

4ème : Perrine Di Ciaccio

Perrine est en 2e année d’un BTSA Aménagement Paysager au CFPPA Lycée des Calanques de Marseille (13), le même lycée que fréquente Milan. Elle a fait le choix original d’imaginer un jardin pour des participants souffrant d’obésité dans l’optique de l’éducation thérapeutique du patient. Elle appuie sa réflexion sur des expériences, notamment en Suisse, qui ont montré que « le jardin thérapeutique permet aux patients de gagner en motivation et en confiance en soi ». Elle pense que son jardin pourrait s’intégrer dans un établissement tel que le centre de l’obésité de l’hôpital privé Résidence du Par ou au sein de l’Unité Méditerranéenne de Nutrition à Marseille. Là encore, on ne peut qu’espérer que le projet se concrétise.

Félicitations à tous les lauréats du concours national et à tous les participants dans les concours régionaux qui, en tant qu’amoureux de la nature et futurs professionnels, ont pu découvrir une nouvelle facette du jardin. Bonne chance à eux pour la suite de leurs aventures.

Portrait de Martine Brulé dans Le Lien Horticole

Martine Brulé avec un patient dans le jardin de l’Armillaire (unité de psychiatrie adulte de l’hôpital Pasteur - CHU de Nice)

Martine Brulé avec un patient dans le jardin de l’Armillaire (unité de psychiatrie adulte de l’hôpital Pasteur – CHU de Nice)

C’est un festival Martine Brulé en ce moment. Après son compte-rendu sur la conférence de l’AHTA la semaine dernière, elle est de retour sur Le bonheur est dans le jardin à travers un portrait consacré à cette pionnière de l’hortithérapie en France. Portrait publié dans Le Lien Horticole, l’hebdo des professionnels de l’horticulture ornementale, fin octobre. Pour lire l’article, cliquez sur le lien : Le Lien Horticole 22 octobre 2014.

La semaine prochaine, c’est le branle-bas de combat : la communauté française des jardins de soin, des jardins à but thérapeutique et de l’hortithérapie (choisissez votre expression) se réunit au symposium Jardins & Santé. Ca se passe les 17 et 18 novembre à Paris. En guise de billet, j’espère faire lundi prochain un compte-rendu à chaud de la première journée (voir le programme). J’ai hâte de retrouver Martine Brulé, Dominique Marboeuf, Anne et Jean-Paul Ribes, Paule Lebay, Stéphane Lanel, Denis Richard, Sébastien Guéret et bien d’autres. Mais aussi de rencontrer des personnes avec qui je n’ai échangé que par téléphone comme Carole Nahon et France Pringuey. Et bien d’autres que je ne connais pas encore. La perspective de se retrouver entre gens animés par la même passion est extrêmement vivifiante.