Matt Wichrowski, un thérapeute horticole récompensé et…exproprié

Matt Wichrowski, hortithérapeute depuis presque 20 ans au Rusk Institute of Rehabilitation Medicine  à New York

Matt Wichrowski, hortithérapeute depuis presque 20 ans au Rusk Institute of Rehabilitation Medicine à New York

C’est une star de l’hortithérapie aux Etats-Unis. Matt Wichrowski vient de recevoir le « Horticultural Therapy Award » de la American Horticultural Society. « C’est un honneur car c’est une des plus prestigieuses récompenses dans le domaine. Et je ne sais toujours pas qui m’a nominé », explique-t-il, encore sous le choc. Voici presque 20 ans qu’il travaille au Rusk Institute of Rehabilitation Medicine à New York et plus spécifiquement au Enid A. Haupt Glass Garden. Malheureusement, ce jardin, qui a subi de gros dégâts pendant l’Ouragan Sandy en Octobre 2012, était déjà condamné pour permettre l’agrandissement de l’hôpital. Dans ce contexte, le prix sonne comme un prix de consolation.

Mais revenons en arrière. Après avoir soigné des vétérans de la Seconde guerre mondiale, le docteur Howard Rusk est convaincu que la médecine de réadaptation, cette « rehabilitation medecine » qu’il sera le premier à pratiquer dans son service à partir de 1948, doit avoir une approche holistique. « Il avait l’esprit ouvert à toutes formes de thérapies efficaces », explique Matt Wichrowski. Le docteur Rusk était également convaincu des effets bénéfiques de la nature pour les patients. C’est ainsi que, dès les années 1950, un don permet de construire le Enid A. Haupt Glass Garden où les patients viennent profiter de la nature, mais aussi travailler, planter et s’occuper des plantes. Sont venus s’ajouter par la suite deux autres espaces : le Perennial Garden en 1989 pour l’agrément des patients, particulièrement ceux en fauteuils, et à partir de 1998, le Children’s PlayGarden où les enfants pouvaient faire leur rééducation à l’extérieur tout en jouant.

Les trois jardins et l’ancien « Rusk Institute of Rehabilitation Medicine » vont donc être démolis pour faire place à un nouvel ensemble de soins intensifs de plusieurs étages, le Helen L. et Martin S. Kimmel Pavilion, qui devrait ouvrir ses portes en 2017. Dans le même temps, le centre de médecine de réadaptation déménagera, mais ne retrouvera apparemment pas ses jardins.

Matt travaillant avec un groupe

Matt travaillant avec un groupe

Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, Matt Wichrowski continue ses activités de thérapie horticole à l’intérieur. « Nous continuons les activités avec les patients en psychiatrie, les épileptiques, la réadaptation générale et la réadaptation cardiaque. Je travaille au chevet des patients pour l’épilepsie et en groupes dans les autres cas. J’ai un chariot qui me sert pour faire du rempotage, des semis et des activités de saison. » L’équipe se compose de deux thérapeutes horticoles à temps plein et de deux autres à mi-temps. Certains de ses collègues interviennent dans des unités disséminées dans New York et travaillant avec des malades atteints de cancers et des patients souffrant de la maladie d’Alzheimer. « Les bénéfices que nous recherchons sont la réduction du stress, la socialisation et des bienfaits cognitifs. » Il s’est intéressé à la thérapie horticole un peu par hasard. « J’avais une maitrise en travail social et une licence en psychologie et en philosophie. Je travaillais avec des adultes autistes et l’opportunité s’est présentée de rénover une serre. J’ai vu une immense différence dans leur humeur », se souvient-il. De là, il a commencé à travailler au Rusk Institute avec Nancy Chambers, la directrice des jardins.

Quand la possibilité se présente, Matt aime étudier et démontrer l’efficacité des activités de thérapie horticole. « Nous avons fait une étude qui a été publiée dans le Journal of Cardiopulmonary Rehabilitation. Elle montrait que les patients qui suivaient une activité de thérapie horticole avait un rythme cardiaque plus bas et étaient moins agités après l’atelier que d’autres suivant un cours d’éducation du patient. » Voici au passage une liste de publications du Rusk Institute. D’ailleurs, Matt pilote pour l’American Horticultural Therapy Association (AHTA) un groupe de travail dédié à la recherche. « Nous aidons ceux qui veulent conduire des études avec des ressources, une bibliographie et des recommandations. Je dirais qu’on voit de plus en plus de recherche dans ce domaine et plus d’intérêt à l’international. J’ai parlé avec des gens en Allemagne, en Autriche, en Angleterre, en Australie, en Egypte et en France. »

Enfin, Matt écrit un blog, Healing Green , pour le site du magazine Psychology Today. « Je parle de comment on peut utiliser la nature pour améliorer notre qualité de vie. Je parle de mon travail, je donne des références. C’est pour le grand public et jusqu’aux professionnels. »

Matt avec un patient

Matt avec un patient

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