Damien Newman, Thrive : « Entre 1500 et 3000 endroits pratiquent l’horticulture sociale et thérapeutique au Royaume-Uni »

N’avoir jamais interviewé un représentant de Thrive est un « grand trou dans la raquette » comme on dit en anglais puisque cela signifie avoir fait l’impasse sur ce qui se passe en Angleterre. Quand j’ai demandé à deux connaisseuses de l’hortithérapie britannique – Fiona Thackeray et Leila Alcalde Banet, vers qui je devais me tourner en priorité, elles ont été unanimes : Damien Newman.

Avec leur aide, j’ai pris contact avec Damien et nous avons échangé il y a quelques semaines dans un appel vidéo à bâtons rompus. Je voulais comprendre comment la « social and therapeutic therapy » (STH) se développe actuellement au Royaume-Uni et en particulier appréhender le sujet de la formation. Damien est « Training, Education and Consultancy Manager » chez Thrive.

Et pour les mois à venir, il est aussi co-organisateur du 16e International People Plant Symposium à Reading en Angleterre du 10 au 12 juillet. En compagnie de Sin-Ae Park (Chair of the International People Plant Council/Chair of the International Society for Horticultural Science Horticultural Therapy Working Group) et de Rebecca Haller (Director of the Horticultural Therapy Institute/Faculty of Colorado State University). Le thème sera « Cultiver la santé humaine par l’horticulture : du mode de vie au jardinage à l’intervention professionnelle ».

Damien Newman, Training, Education and Consultancy Manager chez Thrive

Quelles sont les racines de la place de la nature dans la santé au Royaume-Uni ?

L’utilisation de la nature et des jardins pour la santé n’a jamais été aussi importante qu’aujourd’hui, et ce à partir de différents points de départ. Des défis ont également été relevés au cours des 10 ou 20 dernières années. Les progrès sont les bienvenus.

Depuis la fin des années 1970, le jardinage au service de la santé est ancré dans la culture britannique. Depuis plus longtemps encore, nous sommes une nation de jardiniers. Il n’y a pas vraiment de nature sauvage au Royaume-Uni qui n’ait été aménagée par l’homme. Nous ne sommes pas les plus adeptes des activités de plein air, d’autres pays d’Europe le sont davantage. Mais le climat s’adapte à toutes les plantes. L’importance des espaces verts a été reconnue dès l’époque victorienne. Les philanthropes, les urbanistes et les pouvoirs publics estimaient qu’il était nécessaire d’avoir accès à la nature. Les villes sont plutôt vertes. Londres, par exemple, compte plus d’espaces verts que d’espaces bruns. D’autres villes ont de bons parcs.

En outre, jusqu’à l’apparition d’appartements dans les années 1950, le parc de logements était constitué de maisons. De nombreuses personnes ont grandi avec un jardin. La Royal Horticulture Society est une importante organisation de jardinage et la BBC diffuse des émissions de télévision sur le jardinage parce que les gens reconnaissent que le jardin est un élément essentiel de leur vie. On peut citer RHS Bridgewater à Manchester ou Wisley à l’extérieur de Londres. Ou encore Capel Manor College qui offre des cours de STH depuis les années 1970.

Comment la prescription sociale (social prescribing) a-t-elle contribué à l’essor du « social and therapeutic horticulture » ?

La prescription sociale n’est pas nouvelle. Les autorités municipales proposent des programmes de jardinage à diverses personnes. C’est un autre point de départ pour la STH. Mais c’est une situation complexe car les deux sont apparus sans se connaître l’un l’autre. Il y a des employés du NHS (« link workers ») qui identifient les programmes auxquels les gens peuvent accéder (un cours d’art, une chorale locale, un groupe de théâtre ou des groupes de bénévoles,…). L’évidence est qu’il s’agit d’un lien avec des personnes, des lieux et des objectifs.

Comment Thrive s’inscrit-il dans ce paysage ?

Thrive existe depuis plus de 40 ans. Nous avons toujours défendu les avantages du jardinage pour la santé. De nombreuses organisations délivrant aujourd’hui des programmes STH ont commencé grâce à Thrive. Il s’agit d’un mouvement ascendant. Jusqu’à récemment, il se produisait parce que les gens en ressentaient les bienfaits pour eux-mêmes, puis pour un proche (un neveu autiste, un frère victime d’un accident vasculaire cérébral,…).

Je peux citer HighGround pour les militaires qui quittent le service actif, ils ont des activités d’hortithérapie. Ou Dementia Adventure, un groupe de défense des personnes atteintes de démence dont l’objectif est de rapprocher les gens des grands espaces, ce qui dépasse le cadre strict de la STH. Wildlife Trusts, un organisme de protection de la nature, dispose d’un programme de soutien aux bénévoles qui a un impact sur la santé et se situe à la périphérie des problèmes de santé. Ce sont des associations à but non-lucratif avec une aide plus ou moins importante de Thrive. Nous estimons qu’il y a au moins 1500 lieux qui pratiquent la STH au Royaume-Uni. Il pourrait y en avoir jusqu’à 3000.

Comment avez-vous mis le pied dans ce domaine ?

En travaillant dans un hôpital psychiatrique sécurisé où l’on jardinait depuis le début. Le temps passé à l’extérieur était considéré comme aussi efficace que le traitement. Les médicaments sont essentiels. Mais lorsque la plupart des symptômes sont maîtrisés, il n’y a rien de mieux que le jardin pour le patient.

Je pense à un patient dont l’état de santé s’est considérablement amélioré grâce à une vue sur la nature. Il se négligeait, était difficile à aborder, fumait sans cesse. Une vue sur une vallée et un beau jardin attenant au service l’ont transformé. De volatile, il est devenu plus calme. Il luttait encore, mais c’était le début d’un travail avec lui. J’ai vu des gens qui se comportaient comme des ennemis dans le service. Le jardin modifiait leur relation et ils devenaient amis. Je l’ai vu de mes propres yeux. Au bout de 5 ou 6 ans, j’ai appris l’existence de Thrive et je les ai rejoints.

Qu’offre Thrive en terme de formations (l’offre est vaste)?

De nombreuses personnes changent de carrière et ont de l’expérience dans différents domaines. Nos cours leur permettent de donner un sens à quelque chose d’un peu flou. Cela leur permet de clarifier les choses et d’y réfléchir. Ils se sentent plus à l’aise et sont un peu mieux informés. On peut se sentir isolé, même s’il existe 3 000 jardins. Vous êtes une rareté à pratiquer la STH, il est donc agréable de rencontrer d’autres personnes. Cela découle de mon affinité et de mon respect pour toute personne travaillant dans le domaine de la santé et des soins. C’est un fardeau émotionnel que de prendre soin de quelqu’un.

Certains restent dans ce domaine après leur formation. Avec dynamisme et passion, ils ouvrent la voie à la STH grâce à de nouveaux groupes tels que la réadaptation pour des patients atteints de cancer ou le soulagement du stress des acouphènes. Un étudiant du « diploma » travaille avec des patients souffrant de douleurs chroniques. C’est une leçon d’humilité que de participer à ce succès. Cette discipline n’attire que des personnes altruistes. Il n’y a jamais un étudiant qui ne veuille pas être là, même s’il sait qu’il devra vivre avec un salaire difficile.

Un cours proposé par Thrive

Quel est le statut des personnes qui pratiquent au Royaume-Uni ?

Il n’y a rien de comparable au HTR (Horticultural Therapist-Registered) qui existe aux États-Unis. Thrive et Trellis y travaillent en étudiant ce qui fait un bon programme, un bon code de conduite et une bonne éthique. Il existe un mouvement pour devenir une profession enregistrée auprès de la Professional Standards Authority for Health and Social Care (Autorité des normes professionnelles pour les soins de santé et les services sociaux).

L’objectif premier est de soutenir les personnes handicapées ou en mauvaise santé. L’objectif secondaire est de disposer d’un organisme professionnel qui améliorera les soins partout au Royaume-Uni. Il rassemblera les gens. Parce qu’ils sont si variés, ils ont besoin de cohésion. L’idée est de commencer par un niveau, puis d’en ajouter d’autres.

Nous ne voulons pas que les gens aient à dépenser trop d’argent en formation pour prouver leur compétence, alors qu’ils font ce métier depuis 15 ans. Ils devraient être en mesure d’enregistrer leurs compétences, avec un système de points, et ils pourraient être amenés à compléter le tout par un échange de compétences. Il serait injuste de les faire attendre.

Comment voyez-vous l’avenir du STH ?

Il m’arrive d’être frustré en essayant de décrire la STH. Les définitions sont exactes à 95 %. Le reste est une conversation sans fin. Le plus important est de savoir comment fournir une bonne STH. La définition actuelle de l’AHTA est la plus longue que j’aie jamais vue.

C’est tellement contextuel. Le groupe aura toujours une certaine valeur. Il est difficile de trouver des effets négatifs. Il y a au moins une restauration, un soulagement du stress. Quelque chose de bon va se produire dans le jardin, pas nécessairement ce que vous attendiez.

La culture en référence au jardin fait une différence dans la manière d’aborder les pratiques. Les Français et les Britanniques ont des expériences différentes du jardin. Nos propres affinités comptent.

Pour aller plus loin

Se former à l’hortithérapie aux quatre coins du monde

La formation est au cœur de la reconnaissance de toute pratique et donc bien sûr de l’hortithérapie. Une matière qu’on n’enseigne nulle part – même officieusement, même hors des canaux traditionnels de l’enseignement – peut-elle vraiment exister ? Comment peut-elle avoir une place officielle, se transmettre, évoluer ? La formation est une condition nécessaire même si elle n’est pas suffisante.

En France, nous avons franchi une étape avec la création récente du Diplôme Universitaire (DU) Santé et Jardins à la Faculté de Médecine de l’Université de Saint-Etienne. Plus globalement, je vous renvoie à la rubrique Formations du site de la Fédération Française Jardins, Nature et Santé qui répertorie les formations courtes disponibles en France. Soit une bonne douzaine de formations dont certaines ont été créées il y a plus de 10 ans. Cependant, il n’existe toujours pas de diplôme d’hortithérapie en France.

Alors est-ce que se former ailleurs dans le monde est une option ? Il y a évidemment certains obstacles non négligeables (la langue, le financement, le visa,…), mais c’est une possibilité. Pour savoir ce qui existe hors de nos frontières, une première étape serait de se référer à un article que j’ai publié en mars 2023 sur les 14 associations qui font bouger l’hortithérapie dans le monde. Elles listent à coup sûr les ressources en formation dans leurs pays respectifs.

Voici quelques pistes en Europe (Royaume-Uni, Autriche, Suède, Espagne et en Italie), aux Etats-Unis, au Japon ou en Australie.

Se former au Royaume-Uni

Une option, géographiquement proche, est le Royaume-Uni où existent au minimum deux bonnes options : Thrive et Trellis.

Pour Thrive, le point de départ est cette page où l’on peut faire une recherche selon plusieurs critères : le format (en ligne, en classe à Londres, Reading, Bristol ou Birmingham ou en hybride), le niveau (introduction à enseignement supérieur) ou la spécialisation (santé mentale, troubles de l’apprentissage, enfants, seniors,…). La formation la plus aboutie et approfondie est le Diploma in Social and Therapeutic Horticulture. En effet, cette formation de niveau 5 se prépare en deux ans, chaque année étant composée de 60 crédits, soit 600 heures d’enseignement. A noter que la formation n’est pas certifiée par l’OFQUAL.

Du côté de Trellis, vous trouverez des ateliers disponibles en ligne qui s’apparentent plutôt à des formations continues courtes qu’à des formations initiales. Voici la liste de ces opportunités, surtout les LIVE Demonstration et les sessions en ligne GROWING SERIES.

Il est intéressant de voir comment un site gouvernemental anglais comparable à l’Onisep décrit la profession de « horticultural therapist ».

Une partie des formations proposées par Thrive en Angleterre

Se former en Autriche

La Hochschule für Agrar- und Umweltpädagogik (Collège Universitaire de Pédagogie Agraire et Environnementale) à Vienne propose un programme « expert académique en thérapie par le jardinage » et un Master Green Care. Birgit Steininger, chargée de cours et rattachée à la direction de la formation de l’école viennoise, nous en avait expliqué le principe en 2022.

« Nous sommes un collège universitaire qui forme des enseignants. Ce que nous avons créé au sein du Collège Universitaire de Pédagogie Agraire et Environnementale, et en collaboration avec la faculté de médecine, est un certificat « expert académique en thérapie par le jardinage » (« academic expert in garden therapy »). Nous pensons que c’est un atout d’avoir de nombreux professionnels différents dans ce domaine. Dès la formation, cela suscite des échanges intéressants entre étudiants. C’est donc une formation continue en deux ans, soit 16 weekends de cours et deux stages. »

« Effectivement, nous sentions qu’il y avait une demande pour un diplôme d’enseignement supérieur. En 2012, nous avons créé le Master Green Green, qui comprend aussi la thérapie avec les animaux. Le critère d’entrée est d’avoir une licence. Nous attirons des travailleurs sociaux, des enseignants, des ergothérapeutes, etc…Que ce soit pour le certificat ou le master, je leur dis qu’ils ne deviendront pas des thérapeutes. C’est plutôt un outil à ajouter à leur pratique qu’une nouvelle profession. Nous organisons aussi des conférences chaque année. »

La Hochschule für Agrar- und Umweltpädagogik publie aussi un magazine baptisé Green Care, une ressource intéressante pour les germanophones

Se former en Suède

La Suède se distingue par un programme d’hortithérapie et d’écothérapie exceptionnel, le Alnarp Rehabilitation Garden que vous pouvez découvrir dans cette présentation d’Anna María Pálsdóttir. Maître de conférences en psychologie environnementale à l’Université suédoise des sciences agricoles (SLU), au département « People and Society », elle est horticultrice professionnelle et titulaire d’une licence en biologie et sciences horticoles, ainsi que d’une maîtrise et d’un doctorat en aménagement du paysage et psychologie environnementale. Elle est l’une des fondatrices du Master Outdoor Environments for Health and Wellbeing (OWH).

« Ce programme s’adresse aux étudiants issus de différents domaines académiques ou professionnels. Il fournit des perspectives et des concepts scientifiques dans les matières concernées, dans un contexte interdisciplinaire, qui peuvent être utilisés à la fois pour comprendre et expliquer les interactions entre les personnes et l’environnement physique extérieur, et pour appliquer les connaissances acquises dans différents contextes sociétaux.

Parmi les exemples de sujets interdisciplinaires figurent la thérapie assistée par la nature et la promotion de la santé, ainsi que le rôle des environnements extérieurs dans l’apprentissage et le développement, par exemple l’éducation et la réhabilitation en plein air. Il s’agit également de perspectives plus larges telles que l’aménagement de l’espace ou la conception du paysage, qui s’appuient sur la psychologie de l’environnement. Une attention particulière est accordée à l’importance des environnements extérieurs pour le développement individuel, la qualité de vie, le bien-être et la santé. »

Ce master, enseigné en anglais et à distance, vaut sans doute le détour. La prochaine promotion débutera à l’automne 2024 et les étudiants internationaux ont jusqu’au 15 janvier 2024 pour envoyer leur candidature…

Se former en Espagne ou en Amérique latine

Pour les hispanophones, il y a des opportunités très intéressantes et pour tous les niveaux offertes par l’association espagnole d’horticulture et de jardinage social et thérapeutique ou AEHJST (Asociación Española de Horticultura y Jardinería Social y Terapéutica), fondée par Leila Alcalde Banet et Daniela Silva-Rodriguez Bonazzi. Leur offre de formation est décrite ici.

En Amérique latine, le Pérou dispose de l’Instituto de Horticultura Terapéutica y Social (IHTS-PE), dirigé par Daniela Silva-Rodriguez Bonazzi, qui offre un programme complet de formation hybride en HT pour les professionnels hispanophones du monde entier, depuis 2014. Mentionnons aussi l’Association péruvienne d’horticulture thérapeutique et sociale (APHTS) actuellement impliquée dans le projet NATURELAB EU PROJECT, un projet de recherche financé par Horizon Europe qui vise à démontrer que les interventions basées sur la nature sont efficaces et devraient être prescrites.

Se former en Italie

Pour compléter notre tour d’Europe, n’oublions pas l’Italie. Quand elle s’est intéressée à l’hortithérapie, Ania Balducci a dû quitter Florence pour aller se former aux Etats-Unis (Horticultural Therapy Institute) et en Angleterre (Thrive). Cet exil lui a donné la motivation pour créer un programme à l’Université de Bologne. En 2021, une première formation courte et hybride, moitié en ligne et moitié en face à face, a eu lieu. Puis le master est lancé en 2022 avec plusieurs formateurs et un terrain d’application dans un parc proche.

Se former aux Etats-Unis

Aux Etats-Unis, l’hortithérapie (horticultural therapy) a gagné une légitimité – bien qu’elle ne soit pas encore suffisamment reconnue et développée – grâce aux formations universitaires. Le premier master d’hortithérapie est proposé en 1955 à la Michigan State University sous l’influence d’Alice Burlingame. Cette pionnière est aussi l’auteur avec Donald Watson d’un premier manuel, Therapy through Horticulture, qui paraît en 1960 et qui est toujours disponible. A partir des années 70, plusieurs universités développent des licences (Bachelor’s or B.S.) et des masters dans cette spécialité. En 1981, on en comptait huit.

Pour en savoir plus sur l’offre actuelle de formations universitaires, voici la page de l’AHTA. En résumé,

  • Colorado State University offre un B.S. in Horticulture with a concentration in Horticultural Therapy
  • Delaware Valley University, un B.S. in Horticulture with Option in Horticultural Therapy
  • University of Florida, unB.S. in Horticultural Science with a specialization in Horticultural Therapy
  • Oregon State University, un B.S. in Horticulture with a concentration in Therapeutic Horticulture
  • Rutgers, the State University of New Jersey, unB.S. in Plant Biology with a specialization in Horticultural Therapy
  • Tennessee Tech University, un B.S. in Agriculture with a concentration in horticulture, with independent study in horticultural therapy
  • University of Tennessee, Knoxville, unB.S. in Plant Sciences, with independent study in horticultural therapy
  • Temple University en Pennsylvanie, un B.S. in Horticulture with option in Horticultural Therapy

Autre voie, les certificats accrédités par l’AHTA et les parcours individuels de formation à l’hortithérapie, listés ici. La référence pour moi dans ce domaine reste le Horticultural Therapy Institute (HTI) où j’ai suivi une formation, non diplômante, dans les années 2010. A savoir que HTI a l’habitude de recevoir des étudiants étrangers (voir l’expérience de Daniela ou d’Ania) et propose par ailleurs des cours en ligne.

Pour comprendre les procédures d’inscription professionnelle de l’AHTA et la liste des connaissances exigées, voici le lien indispensable : « L’AHTA reconnaît et enregistre les hortithérapeutes par le biais d’un programme d’enregistrement professionnel volontaire. La désignation Horticultural Therapist-Registered (HTR) garantit que les compétences professionnelles ont été acquises sur la base d’exigences académiques normalisées et d’une formation professionnelle. »

Sans doute le premier manuel d’hortithérapie au monde à sa publication en 1960
Jay Rice, enseignant au HTI depuis ses débuts, et des stagiaires pendant un cours

Se former au Japon

En 2015, j’avais échangé avec l’universitaire Masahiro Toyoda, considéré comme l’un des principaux experts de l’hortithérapie au Japon. Professeur à l’université de Hyogo, il est lui-même hortithérapeute et chercheur dans ce domaine. Il semble qu’il enseigne toujours actuellement au sein d’un programme de certification en hortithérapie à la Awaji Landscape Planning and Horticulture Academy (ALPHA), unique établissement formant des hortithérapeutes au Japon à être accrédité par un gouverneur de préfecture. Le programme est né en 2002 peu après le tremblement de terre de Hanshin-Awaji de 1995.

Se former en Australie

Je mentionne l’Australie parce que c’est une terre d’aventure pour de nombreux jeunes Français. La Therapeutic Horticulture Association avertit que « En 2022, il n’existe pas de programmes d’enseignement et de formation accrédités dans le domaine de l’horticulture thérapeutique en Australie (selon le cadre de qualification australien). Toutefois, il existe plusieurs ateliers d’introduction et programmes de cours de courte durée proposés par différents établissements d’enseignement publics et privés. Il s’agit par exemple des programmes proposés par des groupes d’État tels que CERES (Vic), Kevin Heinz GROW (Vic) et ACS Distance Education (en ligne).  Une seule matière est proposée sous la forme d’un cours intensif d’une semaine à l’université de Melbourne en septembre (HORT90011 Therapeutic Landscapes).

Voici les liens vers ces formations cités par THA : CERES (Victoria), Kevin Heinz GROW (Victoria), ACS Distance Education et le cours Therapeutic Landscapes de l’université de Melbourne.

Une des formations citées par la THA en Australie

Le chantier européen de Hortus Medicus

Une autre piste de formation à l’hortithérapie, encore en chantier, est le projet européen Hortus Medicus qui rassemble des institutions en Hongrie, en Autriche, en Italie et en Roumanie. « L’objectif du projet Hortus Medicus est de développer un programme complet de formation à la thérapie horticole de 120 heures, comprenant du matériel pédagogique et un contenu d’apprentissage en ligne. Le programme de formation comprend un curriculum et un manuel. Ces deux ressources éducatives fusionneront les philosophies et pratiques existantes et nouvelles dans le domaine de la thérapie horticole. Nous voulons créer une formation innovante qui peut être dispensée de manière traditionnelle, sous la forme d’un enseignement par contact, mais aussi sous la forme d’un apprentissage mixte, avec des parties théoriques en e-learning. » A suivre…

Frédéric Gabellec : un Breton voyageur devenu « horticultural therapist » outre-manche

La première fois que Frédéric Gabellec a quitté la France pour explorer le monde, c’était déjà pour une aventure horticole. Ses diplômes « Jardins et Espaces Verts » en poche, il a envie d’aller voir ailleurs. C’était il y a bientôt 30 ans et c’est dans l’Oregon aux Etats-Unis qu’il débarque.

« J’ai travaillé pendant un an dans une grosse pépinière avec un visa étudiant. C’était dans la petite ville de Boring près de Portland et du Mont Hood. La culture en pleine terre, le pest control, l’expédition, j’ai vu tout cela de A à Z. Mon but était aussi de pratiquer l’anglais. J’ai rencontré des étudiants de pleins de nationalités. Ce fut une expérience professionnelle et humaine, une année loin de ma famille, qui m’a ouvert les yeux au monde », se souvient-il lorsque nous discutons un samedi matin au début de l’été en visio. Puis après un retour en France pour le service national, encore obligatoire à la fin des années 1990 – il est affecté en grande partie à l’entretien de jardins à Lorient, le voilà reparti en Australie pour un an.

Une première expérience dans la « social horticulture »

Nouveau retour en France et nouvelle opportunité qui va l’aiguiller pour la première fois vers une horticulture tournée vers l’humain. « L’hortithérapie a commencé par hasard. J’ai contacté un ancien maitre de stage qui travaillait dans un CAT (les centres d’aide par le travail, aujourd’hui renommés établissements ou services d’aide par le travail ou ESAT). Ce n’était pas évident car je n’avais pas d’expérience. Mais ce premier contact a été une bonne introduction. Puis j’ai fait d’autres CDD dans la région de Lorient. » Pour décrire la suite, il doit passer à l’anglais comme beaucoup d’expatriés qui naviguent entre deux langues. « Itchy feet », littéralement les pieds qui démangent. La bougeotte !

Cette fois, direction le Canada qui lui tend les bras car on recherche de la main d’œuvre dans le pays à l’époque. Le Québec d’abord, puis l’Ontario anglophone où il prend des responsabilités dans une pépinière qui lui confie aussi des tâches commerciales grâce à sa maitrise du français. Il passera au final 5 ans au Canada. Avant de le quitter, il a préparé son retour en Europe : un job l’attend chez Hillier Nurseries, une pépinière implantée dans le Surrey et tenue par la même famille depuis plus de 100 ans.

11 ans à cultiver l’autonomie de personnes handicapées

C’est là que l’hortithérapie lui revient à l’esprit et commence à le « titiller ». Dans le Surrey où il vit toujours aujourd’hui, il s’implique dans une association caritative, The Grange at Bookham for People with Disabilities. « J’ai travaillé 11 ans auprès de personnes handicapées qui étaient résidentes et avaient des activités journalières. On ne peut parler d’hortithérapie, mais l’horticulture s’est développée au fur et à mesure. On enseignait différentes tâches tout au long de l’année : semis, repiquage, plantation, rempotage jusqu’à la récolte. Au lieu de regarder le handicap, nous cherchions les aptitudes et nous nous efforcions d’adapter les tâches. Il s’agissait de promouvoir l’indépendance et de les laisser faire. S’ils terminaient la journée avec le sourire, nous avions fait notre boulot », raconte Frédéric qui, de son côté, apprend la patience auprès de ces élèves qui ont besoin d’explications simples pour comprendre que, finalement, la nature prend son temps.

« Ce fut une bonne expérience qui m’a ancré dans l’idée qu’avec l’horticulture thérapeutique, on peut faire pleins de choses avec peu de moyens. C’était aussi un travail sur soi. Au lieu d’aller vite dans les tâches comme dans mes autres boulots, il fallait ralentir et m’adapter en apprenant à les connaître. Des liens se créaient. Cette expérience m’a ouvert les yeux sur ces personnes. Ca ne s’apprend pas à l’école. Je ne savais pas que j’avais en moi cette capacité « to care for », de prendre soin des personnes et des plantes pour leur donner tout ce qui leur est bénéfique et les soutenir. »

Back to school avec Thrive et l’Université de Coventry

En 2014, Frédéric s’inscrit pour une formation de 10 mois dispensée par l’Université de Coventry, l’association Thrive et le Pershore College dans les Cotswolds. « En 2015, j’ai obtenu un diplôme professionnel de niveau 3 en « Social and Therapeutic Horticulture ». La formation était un mélange d’ateliers et d’études de cas sur le terrain. » Aujourd’hui, Thrive offre sa propre formation en deux ans.

Après 11 ans dans l’association The Grange, Frédéric a envie de travailler avec un nouveau public : les vétérans. « Un de mes collègues de la formation quittait son travail pour une association de vétérans, Gardening Leave, et j’ai repris son poste. Je ne connaissais pas la vie des soldats à part ce qu’on voit dans les actualités. En tant que civil, je devais établir la confiance avec ces gars, ces militaires qui décrivaient leurs expériences en Afghanistan ou en Irak. On en prend « plein la gueule ». Pour eux, venir en transport en commun était difficile à cause de la foule. Ils étaient hyper vigilants. » Avec ces soldats pour beaucoup traumatisés, Frédéric pratique l’hortithérapie : du semis et du repiquage pour se concentrer dans le moment par exemple. « On préparait notre déjeuner ensemble, on faisait la vaisselle. Ils se sentaient protégés. Cela a été une de mes meilleures expériences malgré sa courte durée. Car malheureusement, les cinq sites de l’association en Angleterre et en Ecosse ont dû fermer faute de moyens. Qu’est-ce qu’il y avait après pour eux ? »

Formation à l’horticulture derrière les barreaux

Faute d’opportunités dans l’horticulture thérapeutique et sociale près de chez lui, Frédéric retourne un temps à l’horticulture tout court comme « head gardener » dans un domaine privé de 4 hectares. Mais il se lance bientôt dans une nouvelle aventure dans « Her Majesty’s Prison and Probation Service (HMPPS) » comme instructeur en horticulture. « Dans cette prison de 200 femmes, nous formions à l’horticulture comme un potentiel métier, avec des diplômes de niveau 1 et 2. C’était beaucoup plus cadré. Mais ce n’est pas facile d’être dans le froid et la pluie quand on n’a pas l’habitude. Il était nécessaire de motiver, de persuader. Il fallait établir de bonnes relations professionnelles en tant qu’instructeur sans juger. Ce poste m’a ouvert les yeux sur la violence domestique et des difficultés qui sont décrites de manière très succincte à la télé. J’ai appris ce que ce sont l’automutilation, les tentatives de suicide et aussi comment fonctionne le système carcéral. Ce n’est pas toujours joli. Souvent nous n’avions de nouvelles par la suite. Je suis parti sur une satisfaction. C’était « rewarding ». »

The French Gardener : une nouvelle aventure

« Je me suis mis à mon compte comme paysagiste en 2018 », explique « The French Gardener ». Mais une partie de son activité reste dédiée à l’horticulture tournée vers l’humain. « The Abbey School est une école secondaire qui accueille des enfants de 11 à 15 ans avec des « special needs » (autisme, troubles de l’apprentissage). J’y travaille comme « horticultural instructor » depuis 2018. Une fois par semaine, ils viennent dans un « sensory garden » où on apprend le b.a.-ba de l’horticulture sans vocabulaire technique. De septembre à juin, aidé par un « teaching assistant », j’accueille huit gamins avec des aptitudes diverses. Ils obtiennent une qualification (ASDAN) qu’ils pourront utiliser par la suite. » Avec leur instructeur, les jeunes apprennent à travailler avec les saisons, d’où viennent les fruits, comment poussent les plantes. Ils apprennent à comprendre la nature. Nous goûtons les fraises, les petits pois. Nous faisons la classe à l’extérieur. Nous avons un abri avec l’électricité. Mais nous sommes surtout dehors dès que nous pouvons. Je leur donne du travail à la maison comme observer le jardin de leurs parents ou de leurs grands-parents ou bien écrire sur ce que leur apporte le jardin. »

En 2019, Frédéric ajoute une nouvelle activité au sein d’une association caritative implantée à Dorking, la Patchwork Academy. Là encore, il s’agit de former et d’accompagner vers des diplômes de niveau 1 et 2 en horticulture. Mais cette fois, les étudiants sont des adultes de 30 à 60 ans vivant avec des troubles psychiques tels que des troubles anxieux ou des troubles de stress post-traumatique (TSPT ou PTSD en anglais). « Nous sommes trois instructeurs et examinateurs. » Pour vous plonger dans l’ambiance, voici quelques photos partagées par Frédéric.

« Depuis le mois mars, j’ai une nouvelle activité comme « social and therapeutic horticulture practitioner » avec le Petworth Community Garden. L’objectif est d’aider des personnes qui ont des ressources financières limitées à accéder à des fruits et légumes frais. Ce n’est pas une formation, mais nous apprenons le le b.a.-ba du potager et de la récolte. Nous travaillons aussi l’aspect social en travaillant et en mangeant ensemble avec les participants. »

Pour plus de détails sur ses nombreuses expériences, vous pouvez entrer en contact avec Frédéric sur LinkedIn. Il aime ce réseau pour l’ouverture qu’il lui offre sur les projets d’autres hortithérapeutes dans le monde entier. Il essaie aussi de visiter des jardins thérapeutiques autour de chez lui. Et comme tout le monde dans ce domaine, il déplore que les associations doivent se battre sans cesse pour obtenir des financements. « C’est la croix et la galère pour les associations.  Quant à moi, j’ai trouvé un bon équilibre. Tous les jours sont différents et je suis dans un rayon autour de Dorking où je vis avec ma famille. Cela fait 30 ans que je travaille dans l’horticulture et 20 ans dans l’horticulture sociale et thérapeutique. J’aime l’enseignement, ça me motive. A la fin de la journée, je suis fatigué, mais content. Ca fait plaisir de faire ce travail. »

Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais Frédéric fait souvent le constat que ses expériences lui ont ouvert les yeux, lui ont permis d’aller au plus près de réalités nouvelles. La curiosité, l’ouverture à l’autre et la connaissance de soi semblent des dénominateurs communs dans son aventure.

Cadeau de Frédéric : quelques photos du Chelsea Garden Show

Hortithérapie dans le monde : les quatorze associations qui font bouger les choses

Strength in unity. L’union fait la force. La fuerza de la unión. Dans toutes les langues, on comprend l’intérêt et l’envie pour des personnes animées par une passion commune de se rassembler. C’est ce qu’ont fait des hortithérapeutes dans une bonne douzaine de pays. J’ai repris la liste publiée dans cet article, en me rendant compte que j’avais déjà évoqué la majorité de ces associations et/ou leurs fondateurs et fondatrices depuis 10 ans. Petit tour d’horizon en commençant par la plus ancienne de ces associations.

  1. American Horticultural Therapy Association (AHTA)

Cette année, l’AHTA fête ses 50 ans !

« Fondée en 1973, l’American Horticultural Therapy Association (AHTA) est la seule organisation nationale américaine qui défend le développement de la profession d’hortithérapeute et la pratique de l’horticulture comme thérapie pour le bien-être humain. L’AHTA soutient le développement professionnel, l’éducation et l’expertise des praticiens de l’horticulture thérapeutique. Les membres sont des personnes et des organisations situées aux États-Unis et ailleurs. Nous sommes une organisation à but non lucratif (501(c)(3)) dont la mission est de promouvoir et de faire progresser la profession de l’horticulture thérapeutique en tant que modalité thérapeutique et de réadaptation. »

Accréditation professionnelle, conférences annuelles, coordination de la National Horticultural Therapy Week tous les printemps, journal scientifique et magazine, l’AHTA est incontournable. Pour son 50e anniversaire, elle innove avec une conférence virtuelle qui se tiendra les 20 et 21 octobre. Une opportunité « d’atteindre un groupe plus large d’hortithérapeutes du monde entier » et de faire un bilan des pratiques passées, présentes et à venir. Pour répondre à l’appel à communications, c’est par ici (deadline le 21 avril).

Des réseaux régionaux pour favoriser la proximité

Dans un pays aussi vaste que les Etats-Unis, l’envie de se regrouper au sein d’entités régionales s’est naturellement fait sentir. C’est ce que nous expliquait Beth Carter dans ce billet de 2014. Elle faisait partie du Carolinas Horticultural Therapy Network, un groupe d’hortithérapeutes de Caroline du Nord et du Sud créé en marge du American Horticultural Therapy Association dont les règles pour établir un chapitre local leur semblaient trop lourdes. « Nous nous rencontrons deux fois par an pour échanger des idées. L’un de nous accueille la réunion pour le weekend sur notre lieu de travail. Il y a toujours une ou deux présentations », expliquait Beth il y a 9 ans déjà. Souvent isolés au quotidien, les hortithérapeutes aiment se rencontrer et partager.

Au départ, se sont créées des branches régionales de l’AHTA. Par mesure de réduction des coûts, l’AHTA a ensuite dissous l’affiliation des branches, obligeant les membres des branches à développer un système de réseau. Cela s’est produit il y a plus de 15 ans et a tendu les relations entre l’AHTA et les réseaux régionaux.

Aujourd’hui, il existe huit réseaux régions reconnus par l’AHTA, mais opérant de manière indépendante. L’AHTA s’efforce actuellement de renforcer ses relations avec les réseaux, car de nombreux membres de ces derniers ne sont pas membres de l’AHTA. Or, cette dernière aimerait attirer plus de membres. Actuellement, l’AHTA organise des «  community meetings » où tous sont invités, membres de l’AHTA et toute personne intéressée par l’hortithérapie.

Si je vous raconte ces « travails » (un mot utilisé en anglais pour décrire une situation ardue), c’est pour montrer que partout où des personnes se rassemblent autour d’un intérêt commun, de belles choses se produisent. Mais ce serait naïf de passer sous silence les tensions organisationnelles et relationnelles qui compliquent souvent la tâche. Si on reste au-dessus de la mêlée, il est évident que, dans leur grande majorité, les personnes impliquées cherchent à faire avancer la reconnaissance de l’hortithérapie du mieux qu’elles peuvent. Mais voilà parfois, les être humains s’engluent.

L’exemple du North East Horticultural Therapy Network

Le North East Horticultural Therapy Network, NEHTN, est l’un des plus anciens réseaux des États-Unis. Colleen Griffin que vous aviez rencontrée dans ce billet l’année dernière (et que je vais avoir le plaisir de rencontrer en personne en France ce mois-ci !) raconte. « Notre région couvre la Nouvelle-Angleterre, l’État de New York et le sud-est de la Pennsylvanie. Une région assez vaste, en effet ! La région du NEHTN chevauche celle de notre réseau voisin, le Mid-Atlantic Horticultural Therapy Network ou MAHTN. Les deux réseaux collaborent souvent et de nombreux membres de chaque réseau participent aux événements des deux réseaux. C’est une relation très agréable à entretenir ! »

Quel est l’attrait de rejoindre un réseau régional ? « Je pense que les réseaux régionaux sont attrayants pour de nombreux non-membres de l’AHTA car les frais d’adhésion aux réseaux régionaux sont très abordables et offrent des avantages comparables. Comme les réseaux sont situés plus près de nos membres, l’ambiance est plus conviviale que dans une grande organisation nationale. Avant le COVID, les réseaux régionaux proposaient des rassemblements fréquents et facilement accessibles. Il s’agissait d’événements très abordables qui offraient une merveilleuse connexion sociale.  Et maintenant que nous semblons sortir de la pandémie, les rencontres en personne se multiplient. Il est intéressant de participer à un rassemblement relativement restreint avec des collègues de la Nouvelle-Angleterre plutôt que de traverser le pays pour assister à un rassemblement à l’échelle nationale. »

  • Canadian Horticultural Therapy Association (CHTA)

La CHTA présente beaucoup de similarités avec son voisin américain.

« L’Association canadienne d’horticulture thérapeutique est l’organisation professionnelle des praticiens de l’horticulture thérapeutique (HT) au Canada. Nous fournissons un processus d’inscription professionnelle volontaire pour les professionnels de l’HT et nous offrons des adhésions (étudiante, individuelle et d’entreprise/institutionnelle) pour toute personne intéressée à soutenir notre mission et à rester au courant des dernières nouvelles, recherches et opportunités dans le domaine.

Fondée en 1987, la CHTA dispose d’un réseau de plus de 300 membres actifs au Canada et à l’étranger, et de plus de 3 000 adeptes sur les médias sociaux. Les membres comprennent des horticulteurs thérapeutes agréés (HTT/HTR/HTM) et des professionnels tels que des ergothérapeutes, des physiothérapeutes, des ludothérapeutes, des travailleurs sociaux, des infirmières, des psychologues, des architectes paysagistes et des horticulteurs, ainsi qu’un groupe diversifié de passionnés de plantes qui s’intéressent vivement aux liens entre les gens et les plantes.

Nous sommes une organisation bénévole à but non lucratif et nous fournissons des informations, un soutien et des ressources à nos membres, aux professionnels et au public sur les pratiques et les avantages de l’hortithérapie (HT) et de l’horticulture thérapeutique (TH).

Les professionnels de l’horticulture thérapeutique offrent une grande variété de services d’horticulture thérapeutique dans de nombreux contextes différents : maisons de soins infirmiers, hôpitaux et centres de réadaptation ; centres de formation professionnelle, programmes de lutte contre la toxicomanie et établissements correctionnels ; centres de jour pour adultes, communautés agricoles thérapeutiques et jardins scolaires et communautaires, pour n’en citer que quelques-uns. »

A lire, le code d’éthique de la CHTA. L’association a dans le passé accrédité des formations et elle est en train de reprendre ce chemin sous un nouveau format. Quant à l’accréditation des professionnels, il existe deux niveaux : horticultural Therapist Technician (HTT) et horticultural Therapist Registered (HTR).

J’ai malheureusement peu « exploré » le Canada depuis 10 ans, à part cette rencontre avec Jeannine Lafrenière et cette autre avec Mélanie Massonnet. Une lacune que je suis en train d’essayer de combler.

  • Korean Horticultural and Well-Being Association

Difficile de trouver des renseignements sur la Korean Horticultural and Well-Being Association. Je n’ai pas réussi à trouver un site pour cette association.

Tout juste un article en ligne datant de 2012 et expliquant : « L’hortithérapie (HT) en Corée a connu une croissance rapide au cours des 15 dernières années. L’Association coréenne d’horticulture et de bien-être a joué un rôle crucial dans le développement de l’HT coréenne. L’Association coréenne d’horticulture et de bien-être propose quatre niveaux de certification en HT, à savoir l’HT avancée, l’HT niveau 1, l’HT niveau 2 et l’horticulture de bien-être. À l’heure actuelle, le nombre d’horticulteurs qualifiés s’élève à environ 2 000 et l’HT est proposé à environ 1 700 établissements tels que des organismes d’aide sociale, des centres de réinsertion professionnelle, des hôpitaux, des centres de santé publique, des écoles, etc. pour diverses personnes. La pratique de l’HT comprend quatre phases : le diagnostic et la préparation, la planification, la mise en œuvre et l’évaluation. Actuellement, des efforts sont en cours pour obtenir des certifications d’État pour les HT et pour assurer une couverture d’assurance médicale. »


Et un autre de 2021 se concentrant sur la formation : « Cette étude rend compte des perspectives d’emploi des hortithérapeutes coréens et de la nécessité de reconnaître l’horticulture thérapeutique comme une spécialisation des professionnels des services de bien-être en Corée du Sud. À ce jour, malgré la qualification privée d’horticulteur de bien-être proposée par l’Association coréenne d’horticulture et de bien-être (KHTA), il n’existe toujours pas de cadre national de qualification pour l’horticulture thérapeutique en Corée du Sud, ni de lois régissant cette profession. En 2008, la première qualification privée dans le domaine de l’horticulture thérapeutique a été enregistrée auprès de l’Institut coréen de développement des compétences professionnelles (KVCDI) (qualification n° 2008-0243). En décembre 2020, 5 560 stagiaires avaient acquis la qualification d’hortithérapeutes de bien-être, aux niveaux de supervision, de grade enregistré 1, 2 et 3. Pour devenir un hortithérapeute de bien-être qualifié, un stagiaire doit suivre un programme de 90 heures reconnu par la KHTA, comprenant la science horticole, la thérapie horticole, la médecine connexe, le bien-être social et la psychologie de conseil. En outre, les qualifications peuvent être obtenues s’il existe un dossier d’examens écrits, de pratique clinique, de participation à des ateliers et de présentation de thèse. Nos résultats ont montré que les compétences clés des hortithérapeutes requises dans le domaine clinique étaient les capacités de conception de programmes thérapeutiques, la compréhension de l’horticulture thérapeutique et le conseil psychologique. La méthode de formation préférée pour améliorer les compétences professionnelles du stagiaire était la méthode de formation pratique, et le rôle le plus important de la KHTA attendu par les hortithérapeutes était la création d’emplois par l’octroi de qualifications reconnues au niveau national pour les horticulteurs de bien-être. »

  • Taïwan Horticultural Therapy Association

Je vous dirige vers le site de la Taïwan Horticultural Therapy Association et sa page Facebook. Sur le site de la THTA (grâce à la traduction de DeepL), on découvre plusieurs figures nationales.

Huang Sheng-ying, « forte de 32 ans d’expérience en tant que conseillère et enseignante en éducation spécialisée, est directrice exécutive de l’Association taïwanaise de thérapie horticole et thérapeute horticole senior HTM de l’Association de thérapie horticole Asie-Pacifique. Elle se consacre actuellement à la planification de plans de cours et d’activités de thérapie horticole pour différents groupes, ainsi qu’au développement et à l’innovation de matériel pédagogique. Grâce à sa riche expérience de l’enseignement et à son style de direction unique et joyeux, elle fait en sorte que chaque classe soit pleine de rires et de joie. » Elle est la coauteure de « The Green Life Healing Handbook : 100 Recipes for Gardening Healing » avec Huang Shenglin et Cai Youting.

M. Huang Shenglin est « un hortithérapeute certifié de l’université Merritt aux États-Unis en 2004 et revenu à Taïwan pour se consacrer à la fusion des principes de la pharmacologie et des méthodes de soins de santé chinoises avec les herbes indigènes pour former un système unique et pratique d’horticulture thérapeutique trois en un : agriculture, médecine et alimentation. Il est également le co-auteur de « The Green Life Healing Handbook ». »

Chia-Rong Shih D., « Université du Wisconsin-Milwaukee, Département d’architecture/Centre d’études sur le vieillissement et l’environnement, promeut l’intégration de l’hortithérapie et de la guérison par la forêt dans la conception architecturale et paysagère afin de créer des espaces de guérison intérieurs et extérieurs pour les personnes âgées, et aide à la planification d’espaces de soins verts et d’expériences extérieures pour permettre aux personnes âgées de faire l’expérience du pouvoir de guérison de la nature dans les milieux communautaires et institutionnels. »

  • Hong Kong Association of Therapeutic Horticulture

Le site de la HKATH est très riche en informations en anglais. Connie Fung Yuen Yee, qui détient le titre américain de HTR, est présidente de cette association créée en janvier 2008. En 10 ans, des cursus de formation sont apparus dans plusieurs établissements, celui de la HKATH qui suit le modèle de l’AHTA étant considéré comme le plus exigeant. HKATH s’efforce de faire reconnaître l’hortithérapie à Hong Kong avec deux axes d’action : des collaborations avec des universités, des hôpitaux et des organisations de santé pour conduire des recherches sur l’application de l’hortithérapie pour différentes populations et la sensibilisation du grand public (activités de promotion, participation dans des activités de la communauté et interviews dans les média). « Avec nos capacités disponibles, nous souhaitons également partager notre précieuse expérience avec nos homologues en Chine continentale, à Taïwan et à Macao, afin d’introduire une thérapie horticole authentique dans davantage de régions de la Grande Chine. À cette fin, nous avons déjà lancé avec succès des programmes de formation et des programmes de stages dans ces domaines au cours des dernières années », ajoute la présidente sur le site. Effectivement, la liste des membres accrédités référence des professionnels à Hong Kong, mais aussi à Taiwan et en Chine.

Connie Fung Yuen Yee, présidente de la Hong Kong Association of Therapeutic Horticulture
  • Japanese Society of People-Plant Relationship et Japanese Horticultural Therapy Association

Sur le site de la Société Japonaise pour les relations entre l’homme et les plantes, on apprend que « La recherche sur la fonction des plantes dans le confort de l’esprit commence à être considérée comme importante pour la race humaine dans sa quête d’une vie confortable. La Société est un forum de discussion où des personnes issues de nombreux domaines se réunissent pour exploiter pleinement le rôle des plantes dans la culture d’une humanité riche, avec pour mot clé la relation entre les humains et les plantes. La Société est une organisation de recherche académique coopérative du Conseil scientifique du Japon. »

Ailleurs, on lit que « On dit que le XXIe siècle est le siècle des plantes. En effet, on s’inquiète de plus en plus de la crise alimentaire provoquée par l’explosion démographique et des changements environnementaux dus au réchauffement de la planète, et l’on reconnaît aujourd’hui l’importance des plantes pour faire face à ces problèmes, qui sont liés à la survie de la race humaine. Cependant, le rôle des plantes pour nous, les humains, ne se limite pas à cette contribution physique/physique. D’un point de vue spirituel, elles ont également joué un rôle majeur dans la croissance humaine, la santé et le développement de la civilisation. »

« Actuellement, au niveau national, la Japanese Society of People-Plant Relationship se concentre sur la promotion et la facilitation de la recherche multidisciplinaire sur les relations entre les personnes et les plantes, tandis que la Japanese Horticultural Therapy Association gère le système national de qualification des horticulteurs professionnels », peut-on apprendre en ligne.

Le besoin de traduire page à page rend difficile une vue d’ensemble des activités de ces deux entités. Pour les plus curieux, n’hésitez pas à vous plonger dans le site plus en détails. Cet article que j’avais écrit en 2015 semblait indiquer que, comme dans d’autres pays asiatiques, le développement de l’hortithérapie japonaise s’est construit sur un modèle américain et avec l’AHTA comme exemple. Je vous renvoie également vers cet article de Masahiro Toyoda qui explique l’histoire de l’hortithérapie au Japon.

  • Therapeutic Horticulture Association – THA (Australie)

Le site de la Therapeutic Horticulture Association australienne est ici. Je vous oriente aussi vers cet article de janvier 2023 sur l’hortithérapie ou plutôt l’horticulture thérapeutique en Australie à travers une interview de Leigh McGaghey, vice-présidente de THA.

Sur l’utilisation de l’expression horticulture thérapeutique, elle expliquait : « C’est une question de sémantique. En Australie, vous ne pouvez pas vous appeler thérapeute à moins d’avoir des diplômes spécifiques. C’est lié au système médical gratuit, les professions médicales et paramédicales sont subventionnées. Utiliser « horticulture thérapeutique » met plus l’accent sur l’horticulture et moins sur la thérapie. Il y a un mois, il y a eu un changement. Par exemple, vu mes diplômes, je ne peux plus me dire thérapeute. Qui a fait pression pour cela ? L’association des ergothérapeutes et d’autres personnes ayant des diplômes universitaires qui voulaient préserver leurs titres. Cela n’aide pas le public d’avoir cette confusion interne et cette complexité autour de notre nom. »

  • Thrive et Trellis Scotland

Laissons l’association anglaise Thrive se présenter.

« Thrive est la principale organisation caritative du Royaume-Uni qui utilise le jardinage pour apporter des changements positifs dans la vie des personnes handicapées, malades, isolées, défavorisées ou vulnérables. C’est ce qu’on appelle l’horticulture sociale et thérapeutique (HST). 

L’horticulture sociale et thérapeutique utilise les plantes et les jardins pour améliorer la santé physique et mentale, ainsi que les capacités de communication et de réflexion. Les jardins offrent un lieu sûr et sécurisé pour développer la capacité d’une personne à se mélanger socialement, améliorer sa forme physique et acquérir des compétences pratiques qui l’aideront à être plus indépendante.

Nous inspirons et encourageons les personnes qui viennent nous voir en nous concentrant sur ce qu’elles peuvent faire, et non sur ce qu’elles ne peuvent pas faire. Nous organisons des programmes thérapeutiques dans nos jardins de Battersea Park, à Londres, de Beech Hill, à Reading, et de Birmingham. Nous nous rendons également dans des maisons de soins, des salles de village et des projets communautaires pour encourager les activités de jardinage.

Parmi nos clients figurent des personnes blessées à la suite d’un accident, des personnes souffrant de difficultés d’apprentissage ou de handicaps physiques tels que la perte de la vue ou de l’ouïe, des personnes souffrant de maladies liées à l’âge telles que les accidents vasculaires cérébraux, la démence et les problèmes cardiaques, ainsi que des jeunes ayant des difficultés sociales, émotionnelles ou comportementales et des personnes en mauvaise santé après avoir quitté les forces armées.

Thrive offre également 

  • Une variété de possibilités de formation et d’éducation allant d’ateliers d’une journée à des qualifications d’enseignement supérieur pour les professionnels et les changements de carrière potentiels.
  • Des formations sur mesure pour répondre aux besoins spécifiques d’organisations ou de groupes individuels.
  • Des services de conseil spécialisés pour les organisations caritatives, statutaires et privées.
  • Journées sur la responsabilité sociale des entreprises.
  • Conférenciers pour des événements professionnels et communautaires.
  • De nombreuses possibilités de bénévolat dans nos jardins, nos bureaux et lors d’événements spéciaux de collecte de fonds. »

Vous pouvez suivre Thrive sur son site ou sur LinkedIn. Je dois avouer que je n’ai pas développé de lien avec Thrive en 10 ans (malgré cet article succinct en 2015), une autre lacune.

Par contre, je connais mieux Trellis, l’association écossaise et sa figure de proue, Fiona Thackeray « rencontrée » en 2015 et revisitée en 2022. Pour suivre cette association très dynamique, voici son site et notamment son Seminar Series qui se déroule ces jours-ci (7 et 8 mars).

  • Internationale Gesellschaft Gartentherapie – IGGT (Allemagne)

En octobre dernier, nous avions fait la connaissance d’Andreas Niepel, un hortithérapeute central en Allemagne. Depuis 2009, il est président de la Internationale Gesellschaft Gartentherapie (IGGT), la Société internationale de thérapie par le jardin qui rassemble des associations existantes. Pour le site, c’est par ici.

  1. Fédération Française Jardins Nature et Santé – FFJNS (France)

En vous promenant sur ce blog, vous retrouveriez des portraits d’une bonne partie des membres fondateurs de la Fédération Française Jardins Nature et Santé – avant même que la FFJNS ne soit créée en 2018. En tant que première présidente de cette association de 2018 à 2021, je trouve que la tâche d’en parler est difficile.  Je vous renvoie à son site et à sa page LinkedIn. Je vous encourage aussi à lire sa charte dont je reste fan plus de 5 ans après sa rédaction.

Je rappelle de manière concise ses missions :

Fédérer les acteurs du domaine

Promouvoir leurs diverses pratiques (hortithérapie, jardins thérapeutiques, écothérapies)

Se soutenir entre professionnels.

Assemblée constituante de la Fédération Française Jardins Nature et Santé
  1. Asociación Española de Horticultura y Jardinería Social y Terapéutica – AEJHST (Espagne et pays hispanophes)

Pour comprendre la genèse de l’Asociación Española de Horticultura y Jardinería Social y Terapéutica (AEHJST ou association espagnole d’horticulture et de jardinage social et thérapeutique) en 2018, je vous suggère cette interview de Leila Alcalde Banet que j’avais présentée comme la locomotive de l’hortithérapie en Espagne et en Amérique Latine. Et voici le site de l’AEJHST.

  1. Asociación Peruana de Horticultura Terapéutica y Social (APHTS)

Voici une autre locomotive en Amérique latine : Daniela Silva-Rodríguez Bonazzi est présidente de l’Asociación Peruana de Horticultura Terapéutica y Social. Mais aussi directrice de l’Instituto de Horticultura Terapéutica dont le nom et la mission de formation évoquent beaucoup le Horticultural Therapy Institute où elle a étudié. Deux lieux pour se renseigner : en ligne et sur LinkedIn. Pour en apprendre plus sur Daniela, c’est par ici.

Rétrospective

Un des cinq jardins au Legacy Emanuel Medical Center à Portland (Oregon).

Un des cinq jardins au Legacy Emanuel Medical Center à Portland (Oregon).

Je vous souhaite une belle année, pleine de projets et de bonheur, de sérénité et de victoires. Avant de rentrer pleinement dans la nouvelle année, jetons un œil sur les 12 derniers mois. J’ai choisi deux thèmes pour me souvenir de 2015 sur le Bonheur est dans le jardin : les pays que nous avons visités ensemble et les contributeurs qui nous ont fait le plaisir de partager leur expérience. Un grand merci à eux et avis à ceux qui voudraient suivre leur exemple. La porte est ouverte…Merci aussi aux plus de 19 000 lecteurs qui ont visité le blog l’année dernière.

En 2015, nous avons rencontré Fiona Thackeray et son association Trellis en Ecosse, nous sommes retournés aux Etats-Unis pour faire un état des lieux de la thérapie horticole, nous avons découvert la discipline telle qu’on la pratique et qu’on l’enseigne au Japon, un projet de mur végétal dans un hôpital pour enfants au Canada, un grand jardin dans un hôpital psychiatrique en Belgique, l’association Thrive en Angleterre, un jardinier français installé en Suisse, une infirmière qui parle de deuil et de nature aux Etats-Unis et un tas d’initiatives en Suisse, Suède et Belgique grâce à une lectrice partageuse.

Du côté des contributeurs, nous avons rencontré Romain R., ingénieur en paysage sensible aux vertus thérapeutiques du jardin en particulier grâce à son expérience à la maison médicale Jeanne Garnier à Paris, Carole Nahon et son association Le Jardin des (S)âges à Draguignan, Tamara Singh, horticultural therapist formée à New York qui nous a raconté son expérience en plusieurs épisodes, y compris son travail au Rusk Institute, Nicole Brès qui combine art thérapie et hortithérapie et qui nous a également fait découvrir un healing garden à Philadelphie, Stéphane Lanel qui nous a parlé de sa formation en parallèle de son travail à la maison des Aulnes et Romain Pommier qui a lancé tambour battant un jardin thérapeutique au CHU de Saint-Etienne.

La semaine prochaine…

En Angleterre, Thrive jardine depuis près de 40 ans

Le jardin de Beech Hill à Reading

Le jardin de Beech Hill à Reading

Après les Etats-Unis, l’Ecosse, la Belgique, le Canada et le Japon, il est grand temps d’aller faire un tour en Angleterre où Thrive est LA référence du « social and therapeutic horticulture ». Voici la définition qu’en donne Thrive : « C’est le processus d’utiliser les plantes et les jardins pour améliorer la santé physique et mentale ainsi que les compétences de communication et de raisonnement. Cette thérapie utilise le jardin comme un lieu sûr et sécurisé pour développer la capacité à se mélanger socialement, à se faire des amis et à apprendre des compétences pratiques qui aident à devenir plus indépendant. A travers des tâches de jardinage et le jardin lui-même, les thérapeutes horticoles de Thrive construisent des modules d’activités pour que chaque jardinier améliore ses besoins physiques spécifiques et travaille sur des buts qu’il veut atteindre. »

Chris Underhill est à l'origine de Thrive.

Chris Underhill est à l’origine de Thrive.

A partir de 1978 sous le nom de Society for Horticultural Therapy and Rural Training et depuis 1998 sous le nouveau nom de Thrive, l’association « utilise le jardinage pour apporter des changements positifs dans la vie de gens qui vivent avec des handicaps ou une mauvaise santé, sont isolés, défavorisés ou vulnérables. » Les deux initiateurs du mouvement sont Chris Underhill, un horticulteur qui avait travaillé avec des personnes atteintes de troubles de l’apprentissage, et le pédiatre Geoffrey Udall qui a été le bienfaiteur de l’association notamment grâce au don de sa propriété près de Reading.

L’association propose quatre programmes à Reading, Londres, Birmingham et Gateshead. A Reading, qui sert également de siège à Thrive, une centaine de personnes entre les âges de 14 et 70 ans fréquente le jardin. Ces personnes souffrent de troubles de l’apprentissage, de problèmes de santé mentale dont des démences, de problèmes physiques ou sensoriels (malvoyants et malentendants). Certains acquièrent des compétences qui les mènent à travailler dans l’horticulture. Plus récemment cinq nouveaux jardins ont été conçus pour répondre aux besoins spécifiques des jardiniers : des survivants d’AVC ou de problèmes cardiaques, des patients souffrant de dépression ou de démence, des malvoyants, des personnes âgées et des enfants handicapés. Visitez Trunkwell ici.

A Londres, Thrive dispose de trois jardins dans Battersea Park pour accueillir 200 Londoniens : le Main Garden vient de s’agrandir sous le patronage d’une membre de la famille royale, le Herb Garden a repris un espace à l’abandon pour y faire pousser des plantes culinaires, médicinales et thérapeutiques et enfin le Old English Garden a été redessiné en 2012 par la paysagiste Sarah Price et est entretenu par les « clients » de Thrive.

Thrive Birmingham travaille avec d’anciens soldats à travers Down to Earth, un projet financé par la Royal British Legion pour les aider à se reconvertir dans l’horticulture. Thrive Gateshead travaille également avec des vétérans, mais aussi des survivants d’AVC et des patients atteints de démence. Dans une émouvante galerie de portraits, Thrive explique comment le jardin a aidé plusieurs participants, schizophrènes, aveugles ou cérébro-lésés.

Une vue du jardin de Trunkwell

Une vue du jardin de Trunkwell

L’association a également choisi de s’investir dans la formation à plusieurs niveaux. Elle propose des formations aussi bien pour les débutants avec son Step into social and therapeutic horticulture (une journée) que pour ceux qui pratiquent déjà le jardinage thérapeutique (par exemple, un cours sur la mesure des bénéfices ou encore le jardinage pour les professionnels de santé ou bien dans les écoles). Par ailleurs Thrive s’est associé à plusieurs universités pour des diplômes : un « Award in Social and Therapeutic Horticulture » avec Coventry University (8 semaines) et un « Professional Development Diploma in Social and Therapeutic Horticulture » avec Coventry University et Pershore College (étalé sur une année). Par ailleurs, Thrive offre des formations intra établissement et des services de conseils. Mais l’association met aussi ses connaissances librement à la disposition du grand public à travers son site Carry on gardening. Avec l’existence de Thrive, l’Angleterre est de loin le pays européen le mieux organisé et le plus ancien dans la pratique du jardinage à but thérapeutique.

Symposium Jardins & Santé + collection d’articles divers et variés

Tout d’abord, je veux signaler la tenue du 4e symposium de Jardins & Santé les 17-18 novembre 2014 à Paris. Vous trouverez le pré-programme et les modalités d’inscription sur ce lien. Les organisateurs annoncent qu’ils limiteront le nombre des participants à 200. C’est un but qu’ils devraient facilement atteindre vu l’intérêt croissant pour les jardins à visée thérapeutique, le terme retenu par Jardins & Santé. « Pour satisfaire une meilleure cohérence entre la demande médicale et la conception de projets de jardins à visée thérapeutique par les professionnels du paysage, nous mettrons dans ce 4ème Symposium l’accent sur la pluridisciplinarité indispensable des approches thérapeutiques et environnementales avec la concertation des intervenants dans une réflexion collégiale », explique Jardins & Santé. Un événement à ne pas manquer pour la richesse de l’expérience et des échanges avec les intervenants et les autres participants. Je ne connais pas d’autre rassemblement des supporters des jardins de soin ou thérapeutiques de cette taille en France. En espérant vous y rencontrer. Avant le symposium, l’association organise la journée Un jardin pour ma mémoire le 21 septembre pour soutenir les jardins dans les maisons de retraite.

Pistes et idées

Je mets de côté des liens qu’on m’envoie ou que je trouve ici et là. Le moment est venu d’en partager quelques-uns. C’est un peu dans n’importe quel ordre et c’est surtout en anglais. Mais j’espère que vous y trouverez quelques pépites qui vous inspireront, vous conforteront, vous donneront des arguments pour convaincre autour de vous.

Neil, un soldat vétéran, et Pam, l'hortithérapeute du programme Gardening Leave en Ecosse (photo CHRIS WATT)

Neil, un soldat vétéran, et Pam, l’hortithérapeute du programme Gardening Leave en Ecosse (photo CHRIS WATT)

Ce reportage sur le programme Gardening Leave en Ecosse raconte comment d’anciens soldats retrouvent leur équilibre en jardinant, en donnant la parole aux participants eux-mêmes. Ces hommes happés par la dépression et incapables de communiquer avec leur famille reprennent pied en s’occupant des plantes, pourvu que le jardin soit conçu comme un espace sécurisant. L’article du Telegraph.

Sir Richard Thompson, président du Royal College of Physicians, affirme que les plantes réduisent le stress, la colère et la dépression. Par ailleurs membre de Thrive, l’association anglaise qui pratique depuis des années « l’horticulture sociale et thérapeutique », il semble acquis à la cause des plantes pour améliorer l’état de santé des personnes âgées…et faire faire des économies au système de santé anglais. L’article sur le site de la BBC. Sue Stuart-Smith, une psychiatre et psychanalyste anglaise, est également convaincue des bienfaits psychiques du jardin. Elle invoque Freud, Winnicott et sa propre expérience pour expliquer comment le jardin booste la confiance en soi.

Le site de l’American Horticultural Therapy Association est une mine d’information. Encore une preuve avec cet article et cette vidéo sur Donna Covais, une hortithérapeute diplômée (HTR) et fleuriste devenue aveugle, qui mène des ateliers thérapeutiques avec des personnes âgées. A lire et à regarder sur le site d’AHTA.

Le jardin pour grands brûlés de Teresia Hazen à Portland aux Etats-Unis.

Le jardin pour grands brûlés de Teresia Hazen à Portland aux Etats-Unis.

Teresia Hazen est une des stars de l’hortithérapie aux Etats-Unis. Depuis des années, elle conçoit des jardins thérapeutiques au Legacy Emanuel Medical Center à Portland en Oregon, dont un pour les grands brûlés. En 2013, son programme a reçu une importante subvention pour concevoir, construire et évaluer un nouveau jardin thérapeutique. L’idée est de mesurer le niveau de stress des patients, des familles, des visiteurs et du personnel qui fréquenteront le jardin. Nous aurons l’occasion de reparler de Teresia Hazen à la rentrée : elle a écrit deux chapitres de la bible « Therapeutic Landscapes : an evidence-based approach to designing healing gardens and restorative outdoor spaces » de Clare Cooper Marcus et Naomi Sachs (Wiley). Un article annonçant le nouveau projet de Teresia Hazen.

 

Cette habitante de Floride doit se battre pour planter des légumes dans le jardin devant sa maison ! Architecte à la retraite, elle explique qu’elle jardine pour la nourriture et pour la paix que son jardin lui apporte. Mais sa ville interdit les légumes dans les « front yards ». Hermine et son mari ont riposté devant les tribunaux. Lire cet article de décembre dernier.

Les Incroyables Comestibles à Rennes

Les Incroyables Comestibles à Rennes

Pour finir sur une note plus positive, Les Incroyables Comestibles mènent une petite révolution en plantant des légumes dans les villes un peu partout dans le monde (ou dans les hôpitaux comme au CHU d’Angers). Le site des Incredible Edible donne la marche à suivre pour rejoindre ce mouvement citoyen.

La semaine prochaine, pour le dernier billet avant les grandes vacances, nous irons visiter le jardin de la maison de retraite d’Onzain, récent lauréat d’un Prix Truffaut, pour que Paule Lebay nous raconte les dernières avancées et la façon dont le jardin change la vie des résidents, de leur famille et du personnel.