Symposium Jardins & Santé + collection d’articles divers et variés

Tout d’abord, je veux signaler la tenue du 4e symposium de Jardins & Santé les 17-18 novembre 2014 à Paris. Vous trouverez le pré-programme et les modalités d’inscription sur ce lien. Les organisateurs annoncent qu’ils limiteront le nombre des participants à 200. C’est un but qu’ils devraient facilement atteindre vu l’intérêt croissant pour les jardins à visée thérapeutique, le terme retenu par Jardins & Santé. « Pour satisfaire une meilleure cohérence entre la demande médicale et la conception de projets de jardins à visée thérapeutique par les professionnels du paysage, nous mettrons dans ce 4ème Symposium l’accent sur la pluridisciplinarité indispensable des approches thérapeutiques et environnementales avec la concertation des intervenants dans une réflexion collégiale », explique Jardins & Santé. Un événement à ne pas manquer pour la richesse de l’expérience et des échanges avec les intervenants et les autres participants. Je ne connais pas d’autre rassemblement des supporters des jardins de soin ou thérapeutiques de cette taille en France. En espérant vous y rencontrer. Avant le symposium, l’association organise la journée Un jardin pour ma mémoire le 21 septembre pour soutenir les jardins dans les maisons de retraite.

Pistes et idées

Je mets de côté des liens qu’on m’envoie ou que je trouve ici et là. Le moment est venu d’en partager quelques-uns. C’est un peu dans n’importe quel ordre et c’est surtout en anglais. Mais j’espère que vous y trouverez quelques pépites qui vous inspireront, vous conforteront, vous donneront des arguments pour convaincre autour de vous.

Neil, un soldat vétéran, et Pam, l'hortithérapeute du programme Gardening Leave en Ecosse (photo CHRIS WATT)

Neil, un soldat vétéran, et Pam, l’hortithérapeute du programme Gardening Leave en Ecosse (photo CHRIS WATT)

Ce reportage sur le programme Gardening Leave en Ecosse raconte comment d’anciens soldats retrouvent leur équilibre en jardinant, en donnant la parole aux participants eux-mêmes. Ces hommes happés par la dépression et incapables de communiquer avec leur famille reprennent pied en s’occupant des plantes, pourvu que le jardin soit conçu comme un espace sécurisant. L’article du Telegraph.

Sir Richard Thompson, président du Royal College of Physicians, affirme que les plantes réduisent le stress, la colère et la dépression. Par ailleurs membre de Thrive, l’association anglaise qui pratique depuis des années « l’horticulture sociale et thérapeutique », il semble acquis à la cause des plantes pour améliorer l’état de santé des personnes âgées…et faire faire des économies au système de santé anglais. L’article sur le site de la BBC. Sue Stuart-Smith, une psychiatre et psychanalyste anglaise, est également convaincue des bienfaits psychiques du jardin. Elle invoque Freud, Winnicott et sa propre expérience pour expliquer comment le jardin booste la confiance en soi.

Le site de l’American Horticultural Therapy Association est une mine d’information. Encore une preuve avec cet article et cette vidéo sur Donna Covais, une hortithérapeute diplômée (HTR) et fleuriste devenue aveugle, qui mène des ateliers thérapeutiques avec des personnes âgées. A lire et à regarder sur le site d’AHTA.

Le jardin pour grands brûlés de Teresia Hazen à Portland aux Etats-Unis.

Le jardin pour grands brûlés de Teresia Hazen à Portland aux Etats-Unis.

Teresia Hazen est une des stars de l’hortithérapie aux Etats-Unis. Depuis des années, elle conçoit des jardins thérapeutiques au Legacy Emanuel Medical Center à Portland en Oregon, dont un pour les grands brûlés. En 2013, son programme a reçu une importante subvention pour concevoir, construire et évaluer un nouveau jardin thérapeutique. L’idée est de mesurer le niveau de stress des patients, des familles, des visiteurs et du personnel qui fréquenteront le jardin. Nous aurons l’occasion de reparler de Teresia Hazen à la rentrée : elle a écrit deux chapitres de la bible « Therapeutic Landscapes : an evidence-based approach to designing healing gardens and restorative outdoor spaces » de Clare Cooper Marcus et Naomi Sachs (Wiley). Un article annonçant le nouveau projet de Teresia Hazen.

 

Cette habitante de Floride doit se battre pour planter des légumes dans le jardin devant sa maison ! Architecte à la retraite, elle explique qu’elle jardine pour la nourriture et pour la paix que son jardin lui apporte. Mais sa ville interdit les légumes dans les « front yards ». Hermine et son mari ont riposté devant les tribunaux. Lire cet article de décembre dernier.

Les Incroyables Comestibles à Rennes

Les Incroyables Comestibles à Rennes

Pour finir sur une note plus positive, Les Incroyables Comestibles mènent une petite révolution en plantant des légumes dans les villes un peu partout dans le monde (ou dans les hôpitaux comme au CHU d’Angers). Le site des Incredible Edible donne la marche à suivre pour rejoindre ce mouvement citoyen.

La semaine prochaine, pour le dernier billet avant les grandes vacances, nous irons visiter le jardin de la maison de retraite d’Onzain, récent lauréat d’un Prix Truffaut, pour que Paule Lebay nous raconte les dernières avancées et la façon dont le jardin change la vie des résidents, de leur famille et du personnel.

Pour des vétérans âgés : passer un bon moment et réduire le stress

Betsy Brown

Betsy Brown

Betsy Brown est devenue thérapeute horticole après une carrière dans la finance. Attirée par le jardinage, elle suit le programme « master gardener », une formation en horticulture intensive de 12 semaines en échange de laquelle les participants s’engagent à faire du bénévolat dans leur communauté. Dans le Michigan où elle vit, Betsy choisit de travailler dans un centre accueillant des personnes âgées souffrant de la maladie d’Alzheimer. De fil en aiguille, elle se rend à des conférences sur l’hortithérapie, lit beaucoup sur le sujet et devient « registered horticultural therapist ».

L’occasion de s’impliquer davantage se présente lorsqu’on lui propose de travailler dans une institution de santé mentale qui s’occupe de femmes placées par la justice pour passer une partie de leur peine à résoudre leur addiction à l’alcool ou à la drogue. Treize ans plus tard, Betsy travaille toujours dans cet établissement. « C’est une structure fermée où les femmes passent 90 jours avant de sortir en liberté conditionnelle ou de retourner en prison. Je travaille avec un groupe de 12 femmes dans le jardin une fois par semaine. En ce moment, nous travaillons à l’intérieur », explique Betsy. « En jardinant, nous apprenons des compétences de la vie quotidienne : retarder le sentiment de satisfaction qui est une part si importante de l’addiction, mais aussi faire pousser sa nourriture et avoir un hobby productif. Nous apprenons à célébrer sans alcool. » Betsy travaille par ailleurs dans un centre de séjour pour personnes âgées où elle voit chaque semaine un groupe différent selon les envies des résidents.

002_00ALe troisième lieu où intervient Betsy s’appelle Grand Rapids Home for Veterans. La plupart de ses patients sont d’anciens soldats qui sont âgés. Elle organise des séances de 75 minutes toutes les deux semaines dans 12 unités de cet établissement qui accueille 600 personnes (une unité de psychiatrie, deux unités Alzheimer et 9 unités générales). « Le but du programme est de leur offrir des expériences qui améliorent leur qualité de vie. Nous travaillons uniquement à l’intérieur car ils ne sont pas en mesure de sortir. Ils ont des problèmes physiques et émotionnels très variés et sont souvent en fin de vie. Beaucoup d’entre eux souffrent de dépression », résume Betsy. Pour visiter les différentes unités, elle a conçu un chariot grâce auquel elle transporte tout le matériel nécessaire.

« Dans chaque unité, un thérapeute récréologue (recreation therapist) qui connaît bien les antécédents médicaux de chaque participant travaille à mes côtés. Quand j’arrive, je mets toujours de la musique qui signale ma présence. Nous nous réunissons autour d’une table en essayant de mélanger des personnes plus ou moins capables. Un des objectifs est qu’ils demandent de l’aide s’ils en ont besoin. » Les activités consistent à propager des plantes, à les rempoter, à les nettoyer. « Ils adorent toucher le terreau. Il est plus frais que leur corps, c’est agréable. Toucher la terre réduit leur agitation. Même si nous ne finissons pas l’activité et qu’ils ne font que jouer dans le terreau, c’est ok. »

Au Grand Rapids Home for Veterans, Betsy travaille avec 12 unités différentes dans cet établissement qui accueille 600 résidents.

Au Grand Rapids Home for Veterans qui accueille 600 résidents, Betsy travaille avec 12 unités différentes.

L’objectif de Betsy est d’intéresser les participants, d’éveiller leur curiosité. Elle aime amener un légume intéressant (un cactus qui se mange, par exemple), une fleur inhabituelle pour lancer la conversation. Chaque séance doit être l’occasion d’apprendre quelque chose. « Avec la lavande, par exemple, nous parlons de ses vertus antiseptiques. Je montre des photos de champs de lavande en Provence, cela peut engager une conversation sur un voyage en France. Nous faisons une poudre avec un tiers de lavande, un tiers d’amande et un tiers de flocons d’avoine dans un mixer. Cette poudre rend les mains douces. »

« Il y a souvent des décès dans l’établissement. Nous parlons beaucoup et parfois nous plantons quelque chose à l’extérieur en leur mémoire. La Saint Valentin va être un moment délicat car beaucoup ont perdu leur épouse. Je vais parler de ce qui nous rend heureux, de ce que nous pouvons faire pour nous sentir bien. » Betsy insiste beaucoup sur le toucher et l’odorat bien que parfois les médicaments aient détruit le sens de l’odorat des participants. Elle finit toujours la séance par une histoire ou par une citation. Puis elle remet la musique pour boucler la boucle.