Le jardin des hêtres : conception de jardins de soin

MAJ : Découvrez de nouveaux projets créés par le Jardin des hêtres à l’Ehpad Fondation Grimaud à La Pacaudière (42) et à la Résidence le 6eme à Lyon.

Sarah Bertolotti

Sarah Bertolotti

Diplômée de l’ESAJ (École Supérieure d’Architecture des Jardins), Sarah Bertolotti est paysagiste conceptrice. Trois expériences professionnelles vont la mener à s’intéresser aux jardins de soin et à créer le Jardin des Hêtres avec sa collègue Hélène Camilleri. Remontons un peu dans le temps. Pour une agence de paysage parisienne, elle aménage des espaces publics (squares, boulevards, axes de plusieurs dizaines d’hectares). Puis en Seine-Saint-Denis, elle conçoit des jardins dans les HLM, en y incluant des aires de jeux. « Une question est née à ce moment-là. Comment faire participer le public, l’amener à prendre part au jardin ? C’était frappant car les gens n’étaient pas fans d’espaces extérieurs et ils avaient une demande de jardins très entretenus. La gestion différenciée sans usage de produits chimiques a été vue comme un manque de respect pour ces populations qui se sentent délaissées. Il y avait des plaintes : les arbres attiraient des bêtes, faisaient trop d’ombre », se souvient Sarah.

« On ne peut pas vivre détaché de la nature »

Avant

Avant

Après

Après

« Je pense qu’on ne peut pas vivre détaché de la nature, il manque une dimension », continue la paysagiste. « Je me suis questionnée pendant ma période parisienne sur comment réconcilier l’homme et la nature dans ces espaces urbanisés où l’on vit détaché de la nature. » Malgré les critiques de certains, sans doute les plus vocaux, elle constate que d’autres s’approprient le jardin. Une chaise posée là et l’espace est transformé. Un plaisir nait.

En 2012, elle s’installe près de Valence et rejoint une agence de paysage. En tant que chef de projet, elle ressent trop de distance avec les jardins, trop de pression pour produire. Finalement un licenciement économique en 2014 l’amène à se questionner. « Ces métiers de paysagiste ne me convenaient plus. Il fallait que je pense aux choses qui me tiennent à cœur. Je suis préoccupée par l’état de la terre et j’avais envie de faire quelque chose qui permettent de travailler sur les problèmes environnementaux. J’ai eu la chance de vivre cette année pour me reconnecter à mon projet. En fait, un cousin qui fait des aménagements pour des personnes atteintes d’Alzheimer m’a soufflé cette idée. Avec ma collègue Hélène Camilleri, nous avons pensé que c’était un beau projet. »

Eviter les modes d’emploi trop carrés

jardindeshetresA l’automne 2015, Sarah suit la formation aux jardins de soin de Chaumont tout en échangeant en parallèle avec autant de personnes que possible pendant des mois. « J’étais venue avec pleins de questions techniques et pratiques. Mais je suis surtout repartie réconfortée dans notre projet et rassurée qu’il ne fallait pas de modes d’emploi trop carrés. » Construire un site Internet a été pour les deux paysagistes l’opportunité de réfléchir. Si vous visitez leur site, vous découvrirez dans la rubrique « Notre définition » leurs grandes idées directrices appuyées sur des références bibliographiques :

  • De sa seule présence, c’est déjà un élément de soin
  • Un lieu sécurisant
  • C’est un ailleurs (un lieu de liberté qui n’évoque en rien le milieu medical)
  • Un lieu pour accompagner l’équipe médicale (de nombreux éléments peuvent être intégrés au jardin, afin de favoriser la pratique de thérapies non médicamenteuses)
  • Un lieu qui soigne

La question de la légitimité

Sarah Bertolotti et Hélène Camilleri

Sarah Bertolotti et Hélène Camilleri

Sarah apporte des précisions sur la question de la légitimité qui tenaille beaucoup de gens qui s’intéressent aux jardins de soin, jugeant qu’il leur manque la connaissance des plantes ou la connaissance du soin et même parfois des deux. « En fait, avant de me lancer dans cette aventure, je me suis interrogée sur ma « légitimité » pour aménager des jardins de soins. Ce choix me semblait passionnant – et cohérent, mais comment le justifier, alors que je n’ai pas d’expérience dans le domaine du soin ? Cette année, au début de laquelle j’étais vraiment très stressée, je me suis dit que chacun, à un moment ou à un autre de sa vie passe pas des moments où il a besoin de « soins ». Que la posture de « soignant » ou de « soigné » n’est pas figée sur une personne ou une autre, mais dépend plutôt des circonstances », ajoute Sarah. « Le soin comme quelque chose d’universel, de partagé. Et toujours la nature, les jardins sont source d’apaisement. C’est tout l’intérêt des jardins de soins, qui ne sont pas destinés à soigner une pathologie ou une autre, mais apportent à chacun. Cette constatation nous a conduites à « ouvrir » nos projets de jardins de soins à des projets pour des particuliers. »

Pendant que le projet se développe et que des contacts se nouent en particulier avec des élus locaux et des maisons de retraite, Sarah a repris un emploi dans une agence de paysage à Valence. « Le temps des jardins est long, surtout pour le construire avec les personnes. »

La revue Jardins consacre un numéro au soin

Marco Martella, fondateur de la revue Jardins aux éditions du Sandre (copyright Sébastien Soriano, Le Figaro)

Marco Martella, fondateur de la revue Jardins aux éditions du Sandre (copyright Sébastien Soriano, Le Figaro)

Il était en préparation depuis plusieurs mois et on attendait sa sortie avec impatience. Il est disponible en librairie et vous pouvez le commander sur le site des Editions du Sandre. Lui, c’est le numéro 6 de la revue Jardins que son fondateur Marco Martella consacre aux jardins qui soignent. Marco Martella, qui est historien et essayiste, a traduit et préfacé le traité du jardinier-philosophe anglais Jorn de Précy Le Jardin perdu. Il est également auteur du texte qui accompagne le court-métrage Empreintes, une promenade de 30 ans dans le Jardin des Tuileries réalisée par Hervé Bernard.

Marco Martella introduit ce numéro par ces mots. « Pourtant, le jardin ne nous offre-t-il pas la possibilité de rétablir un bien-être perdu et à reconquérir sans cesse ? Si nous nous éloignons, un moment, de la réalité quotidienne en ce lieu toujours propice à la vie, n’est-ce pas pour recouvrer un équilibre avec le monde, équilibre peut-être rêvé mais dont nous portons, enraciné en nous, le souvenir ? » ou encore « Plus que jamais, nous demandons aux jardins de nous remettre en présence d’une nature vivante, de nous indiquer, à nous les déracinés, coupés de la terre et donc de nous-mêmes, le chemin du retour, afin de restaurer une unité. Et cela par le geste le plus naturel qui soit, l’un des plus anciens que nous ayons appris : soigner. » Et enfin, « Le jardin soigne le jardinier qui soigne ses plantes. C’est un échange de bons procédés, une sympathie ou une solidarité instinctive qui lie entre elles toutes les formes de vie. » Cela devrait vous rappeler la biophilie évoquée la semaine dernière…

JardinsParmi les 14 auteurs qui ont contribué de beaux textes pour ce numéro, les lecteurs de ce blog en reconnaitront plusieurs, de Michel Racine à Jean-Paul et Anne Ribes, de Jay Rice à Romain Rioul, de Bernard Beck à Sylvain Hilaire. Mais que de belles découvertes aussi. Dans un monde où le dehors est devenu étrange et étranger, le paysagiste Michel Péna milite par exemple pour que l’œuvre du paysagiste considère le public comme sujet qui peut vivre l’amour du paysage de façon charnelle. Les auteurs apportent des perspectives intellectuelles ou sensuelles, françaises ou d’ailleurs (voir l’entretien « Ethnopharmacologie, chamanisme et thérapeutique » avec le docteur Jacques Fleurentin). Vous qui vous intéressez aux jardins qui soignent, vous qui peut-être jardinez avec des malades, vous pourriez très bien continuer sans lire ces textes. Mais ce serait dommage de se priver de ces réflexions riches et multiformes. Il y a fort à parier qu’un de ces textes fera écho en vous, vous ouvrira une piste insoupçonnée, nourrira votre pratique.

Je ne vous mentirai pas. Je n’ai pas encore lu la revue entière, mais je voulais vous en parler aussi vite que possible. Elle a pris place sur ma table de chevet aux côtés de Walden de Henry David Thoreau, acheté impulsivement samedi dernier comme un antidote au chaos ambiant. Je suis impatiente de découvrir progressivement l’un et l’autre.

 

L’amour du vivant

En réaction aux attentats du 13 novembre, laissons la parole au biologiste américain et spécialiste des fourmis, E.O. Wilson, qui nous dit que les êtres humains sont instinctivement et inconsciemment attirés vers les autres êtres vivants. C’est ce qu’il a appelé la biophilie, l’amour du vivant qu’il soit animal ou végétal. Un message qui fait du bien.

« Je définirais la “biophilie” comme la tendance innée à se concentrer sur la vie et les processus biologiques. Depuis notre prime enfance, nous nous préoccupons avec bonheur de nous-mêmes et des autres organismes. Nous apprenons à faire le départ entre le vivant et l’inanimé et nous nous dirigeons vers le premier comme des phalènes vers une lampe. Nous apprécions en particulier la nouveauté et la variété. Tout cela se conçoit d’emblée, mais il y a encore beaucoup à en dire. J’entends démontrer qu’explorer la vie, s’affilier à elle, constitue un processus profond et complexe du développement mental. Dans une mesure encore sous-évaluée par la philosophie et la religion, notre existence repose sur cette inclination.

La biologie moderne a conçu une façon toute nouvelle de considérer l’univers, laquelle s’accorde avec ce point de vue de la biophilie. En d’autres termes, l’instinct, pour une fois, s’aligne sur la raison. J’en tire une conclusion optimiste : c’est pour autant que nous en viendrons à comprendre d’autres organismes que nous leur accorderons plus de prix, comme à nous-mêmes. »

Pour aller plus loin, on peut lire Biophilie de E.O. Wilson (1984) ou cette interview récente en anglais.

L’infirmière, l’arbre et le deuil

« Au milieu de la nuit, je suis devenue tout d’un coup super consciente d’un tapotement étrange contre la fenêtre de ma salle de bain. L’imposant érable qui avait grandi avec nous depuis plus de 30 ans, sans qu’on le remarque vraiment, grattait ses branches nues contre la fenêtre. La nuit était claire et la pleine lune brillait à travers l’arbre, déversant sa vague lumière dans la pièce. J’étais envoutée par la beauté de l’arbre – la silhouette de ses branches qui semblaient me tendre les bras en disant: «Je suis là, je porterai ta douleur. » » Cette expérience, que raconte Lynne Wagner dans son livre « Four Seasons of Grieving », s’est déroulée la nuit où elle venait de perdre sa mère.

Lynne Wagner

Lynne Wagner

Au fil de l’année qui suit, l’auteur trouve des forces et des leçons dans l’érable. Pendant l’hiver, elle imagine ses racines qui lui donne la force de résister aux tempêtes et perçoit une entraide entre les arbres pour supporter la glace et la neige. Au printemps, elle s’émerveille devant les feuilles qui se déroulent lentement en lui rappelant que le processus de la vie, de la mort et du deuil prend du temps et de la patience. En été, elle est impressionnée par l’arbre dans toute sa splendeur malgré les cicatrices de l’hiver…En automne, l’arbre se pare de couleurs magnifiques et rend ses feuilles à la terre, les écureuils se préparent pour l’hiver. L’auteure ressent un passage entre l’énergie de la récolte d’automne et le repos de l’hiver qui arrive.

La mort aussi sacrée que la naissance

Lynne Wagner a été infirmière pendant 40 ans. On pourrait penser que la mort et le deuil lui étaient familiers. « En tant qu’infirmière, j’étais capable d’aider les familles, mais je n’avais pas pleinement compris combien la mort était sacrée, aussi sacrée et belle que la naissance », me raconte Lynne Wagner au téléphone depuis sa maison dans la région de Boston. « Ma philosophie personnelle, mais aussi celle de plus en plus de gens, est que la nature peut nous aider, non seulement dans les moments de crise, mais aussi tous les jours pour nous ressourcer. »

Quand elle a besoin de prendre une décision importante ou de recharger ses batteries après une journée difficile, elle va marcher sur les sentiers qui commencent juste derrière sa maison ou bien elle s’installe dans son jardin (elle aime jardiner – un petit potager et des fleurs – mais ne se considère pas comme une jardinière émérite). Son endroit favori reste l’océan à une heure de chez elle, elle peut marcher sur la plage pendant des heures.

Je lui ai demandé comment les Américains vivaient la mort et le deuil en général, question presque impossible dans un pays aussi varié. « La mort et le deuil sont culturels. Chaque culture a ses rituels. De ma perspective de femme blanche de classe moyenne, je dirais que beaucoup ont du mal avec la mort. Avec l’urbanisation et la séparation des familles, nous ne sommes plus là pour prendre soin les uns des autres. Dans beaucoup de familles, personne n’a le temps de s’occuper des parents quand ils ont besoin de soin 24 heures sur 24. Nous envoyons les mourants dans des espaces à eux », explique l’infirmière, aujourd’hui à la retraite, mais toujours active dans l’enseignement comme on le verra. « En 1950, 50% des gens mourraient chez eux. Aujourd’hui, 85% meurent dans des institutions. Or, quand on demande aux gens de décrire une « belle mort », ils parlent de mourir rapidement, sans douleur, chez eux et entourés de leurs proches ! Beaucoup de gens sont protégés du processus de la mort. Quand mes enfants étaient petits, nous avons eu des poulets, des lapins et des animaux domestiques. Quand ils mourraient, cela nous donnait l’occasion de parler de la mort et d’accomplir des rituels. Quand on est protégé de la mort, comment peut-on vivre son deuil et voir la mort comme faisant partie de la vie ? »

La « theory of human caring » de Jean Watson

Book coverC’est en faisant l’expérience du deuil de sa mère que Lynne a commencé à écrire ce qui est devenu le livre « Four Seasons of Grieving : A Nurse’s Healing Journey with Nature ». Le livre s’adresse à tout un chacun, mais en particulier aux infirmières qui côtoient la mort au quotidien. Lynne est convaincue que les infirmières doivent apprendre à prendre soin d’elles-mêmes dans leur propre intérêt et dans celui de leurs patients. Depuis des années, elle est adepte des principes de Jean Watson exposés dans sa « theory of human caring ». Je n’ose pas m’aventurer à traduire « caring », un défi aussi difficile que la traduction de « healing ». Disons qu’il faut évoquer des mots comme « aimant », « bienveillant », « chaleureux », « attentionné » appliqués aux soins. D’ailleurs, Lynne Wagner expose dans son livre quelques concepts clés de cette théorie : pratiquer l’amour, la gentillesse, la compassion et l’équanimité avec soi-même et avec les autres ; être authentiquement présent en activant le système de foi/espoir/croyances chez soi et chez les autres ; cultiver les pratiques spirituelles qui ressourcent notre esprit et donnent du sens à la vie ; créer un environnement « soignant » (healing) à tous niveaux.

Depuis 2008, Lynne est devenue enseignante au Watson Caring Science Institute (site en rénovation) dans le Caritas Coach Education Program qui touche principalement des infirmières, mais aussi d’autres professionnels de la santé. « Avec ce travail d’enseignant et de mentor, je peux aider ces professionnels à examiner leurs attitudes, leurs croyances, leurs valeurs. La mort et le deuil font partie de tout cela », se réjouit-elle. « En ce moment aux Etats-Unis, les assurances santé sont en train d’ajouter un critère qui est la satisfaction du patient ce qui influence beaucoup le personnel. Plusieurs hôpitaux ont adopté la théorie de Jean Watson pour changer la culture de l’institution. » Certains hôpitaux ont aussi instauré des « healing rooms » où le personnel peut prendre un peu de temps pour se recentrer. Plus ou moins sophistiqués, ces espaces peuvent proposer de la musique, de l’aromathérapie ou même des massages. Un lieu concret pour que les professionnels puissent prendre soin d’eux pour mieux prendre soin des autres.

4 Américains sur 5 n’ont pas de directives anticipées

Nous avons également abordé la question des soins palliatifs et Lynne m’a raconté la longue lutte pour les directives avancées aux Etats-Unis. « Ne pas prolonger la vie, ne pas faire des gestes inutiles, on en parle depuis les années 1960. Dans les années 1990, la législation (Patient Self-Determination Act) a rendu obligatoire de proposer aux patients d’écrire leurs directives anticipées (advanced directives) pour tous les hôpitaux qui recevaient des fonds de Medicare et Medicaid. Mais aujourd’hui, 4 Américains sur 5 n’ont pas de directives anticipées car ce sont des questions lourdes et difficiles. »

Lynne a connaissance de « healing gardens » dans la région de Boston, y compris au Brigham and Women’s Hospital. Elle rapporte sa propre expérience après un cancer du sein. « J’ai fréquenté le Virginia Thurston Healing Garden, un centre de soutien pour les patients du cancer qui offrent plusieurs modalités. Pour moi qui suis poète, j’ai trouvé que la peinture était un merveilleux moyen de m’exprimer. »

Et dans son jardin, Lynne Wagner a planté un arbre en mémoire de sa mère.

Four Seasons of Grieving: A Nurse’s Healing Journey with Nature, A. Lynne Wagner, Sigma Theta Tau International, Center for Nursing Press, 2015 – 80 pages‬

Un jardinier français au Pays-d’Enhaut

Une vue du Pays-d'Enhaut

Une vue du Pays-d’Enhaut

Architecte paysagiste et ancien jardinier du Potager du Roy de Versailles, Jean-Daniel Duthoit est parti vivre en Suisse où il mène deux projets à la frontière du jardin historique, thérapeutique et écologique. « Le potager Sirius est situé sur un terrain privé. Un monsieur fortuné a décidé d’acheter des terrains pour qu’on ne puisse pas y bâtir », explique le jardinier qui se retrouve finalement à la tête de 7 000 m2. « Les espaces sont dessinés sur le terrain et certains sont déjà semés ou plantés. Nous avons fait un atelier sur les barrières traditionnelles avec des résidents d’un EMS et leur accompagnant. » EMS ? Ce sont les Etablissements Médico-Sociaux qui sont, en Suisse, des lieux de vie médicalisés accueillant principalement des personnes âgées et des adultes atteints de pathologies psychiatriques. « J’aime partager. J’aimerais amener d’autres personnes pour faire des choses nourricières, des personnes avec des difficultés physiques ou psychologiques ou touchées par le chômage de longue durée. La vertu thérapeutique est bien reconnue par les animateurs des EMS. »

Le Jardin de l’Etambeau

Jean-Daniel Dutoit en train de transmettre la technique de montage de barrière pour faire un virage arrondi le long d'un arbre.

Jean-Daniel Duthoit en train de transmettre la technique de montage de barrière pour faire un virage arrondi le long d’un arbre.

Ouvert en juillet 2014, le Jardin d’Histoires et de Santé de l’Etambeau était son premier projet. Dans les montagnes où les saisons sont courtes et l’hivernage occupe cinq mois de l’année, le jardin a déjà reçu une centaine de visiteurs. Il est associé au Musée du Vieux Pays-d’Enhaut qui conserve les pratiques montagnardes. Les barrières traditionnelles, rapides à mettre en place sans aucun clou, vis ou ficelle, sont un excellent instrument d’apprentissage et répondent aux trois thématiques, historique, thérapeutique et écologique. Abandonnées au profit des barbelés au 20e siècle, ces barrières utilisent le bois qui est un résidu de l’industrie forestière locale.

Pendant un atelier participatif de la barrière traditionnelle de montage au Jardin d'Histoires et de Santé.

Pendant un atelier participatif de montage de barrière traditionnelle  au Jardin d’Histoires et de Santé.

« La commune et le musée ont manifesté leur intérêt pour le jardin qui fait vivre cet endroit. Mais il n’y avait pas d’argent. Si on attend l’argent…Je donne deux heures tous les samedis. Un résident d’EMS est venu travailler avec moi une dizaine de fois. D’ailleurs, il a maintenant trouvé un travail dans le jardinage », explique Jean-Daniel Duthoit. Le projet pourrait s’arrêter l’année prochaine, mais il préfère y croire. D’autant plus que le Pays-d’Enhaut projette un nouveau Pôle Santé où le jardin pourrait avoir sa place. « Il faut tenir cette année. » MAJ de Jean-Daniel Duthoit le 2 novembre : « Le Potager de l’Etambeau a passé la commission avec succès et continuera l’année prochaine… avec des renforts! Nous serons deux ou trois en 2016 à nous en occuper, un référent au conseil communal et un projet associatif autour des jardins durables! »

Le reste du temps, Jean-Daniel Duthoit se consacre à des travaux de jardinier, de paysagiste, d’élagueur. Il a contribué à une étude sur la qualité de vie en ville en incorporant le caractère nourricier de la ville. Prédictions, atlas de projets d’agriculture urbaine dans le monde, nomenclature pour transformer un quartier en fonction des bienfaits, une publication est prévue pour 2016. L’équipe a également développé un jeu de plateau sur ce thème et recherche des fonds pour le faire vivre.

« Tout de bon », conclut-il au moment de raccrocher. Un « bonne chance et plein de bonnes choses » typiquement suisse.

Au Potager Sirius, une barrière traditionnelle entièrement montée avec l'EMS Chanella de Rossinière.

Au Potager Sirius, une barrière traditionnelle entièrement montée avec l’EMS Chanella de Rossinière.