Architecte paysagiste et ancien jardinier du Potager du Roy de Versailles, Jean-Daniel Duthoit est parti vivre en Suisse où il mène deux projets à la frontière du jardin historique, thérapeutique et écologique. « Le potager Sirius est situé sur un terrain privé. Un monsieur fortuné a décidé d’acheter des terrains pour qu’on ne puisse pas y bâtir », explique le jardinier qui se retrouve finalement à la tête de 7 000 m2. « Les espaces sont dessinés sur le terrain et certains sont déjà semés ou plantés. Nous avons fait un atelier sur les barrières traditionnelles avec des résidents d’un EMS et leur accompagnant. » EMS ? Ce sont les Etablissements Médico-Sociaux qui sont, en Suisse, des lieux de vie médicalisés accueillant principalement des personnes âgées et des adultes atteints de pathologies psychiatriques. « J’aime partager. J’aimerais amener d’autres personnes pour faire des choses nourricières, des personnes avec des difficultés physiques ou psychologiques ou touchées par le chômage de longue durée. La vertu thérapeutique est bien reconnue par les animateurs des EMS. »
Le Jardin de l’Etambeau

Jean-Daniel Duthoit en train de transmettre la technique de montage de barrière pour faire un virage arrondi le long d’un arbre.
Ouvert en juillet 2014, le Jardin d’Histoires et de Santé de l’Etambeau était son premier projet. Dans les montagnes où les saisons sont courtes et l’hivernage occupe cinq mois de l’année, le jardin a déjà reçu une centaine de visiteurs. Il est associé au Musée du Vieux Pays-d’Enhaut qui conserve les pratiques montagnardes. Les barrières traditionnelles, rapides à mettre en place sans aucun clou, vis ou ficelle, sont un excellent instrument d’apprentissage et répondent aux trois thématiques, historique, thérapeutique et écologique. Abandonnées au profit des barbelés au 20e siècle, ces barrières utilisent le bois qui est un résidu de l’industrie forestière locale.

Pendant un atelier participatif de montage de barrière traditionnelle au Jardin d’Histoires et de Santé.
« La commune et le musée ont manifesté leur intérêt pour le jardin qui fait vivre cet endroit. Mais il n’y avait pas d’argent. Si on attend l’argent…Je donne deux heures tous les samedis. Un résident d’EMS est venu travailler avec moi une dizaine de fois. D’ailleurs, il a maintenant trouvé un travail dans le jardinage », explique Jean-Daniel Duthoit. Le projet pourrait s’arrêter l’année prochaine, mais il préfère y croire. D’autant plus que le Pays-d’Enhaut projette un nouveau Pôle Santé où le jardin pourrait avoir sa place. « Il faut tenir cette année. » MAJ de Jean-Daniel Duthoit le 2 novembre : « Le Potager de l’Etambeau a passé la commission avec succès et continuera l’année prochaine… avec des renforts! Nous serons deux ou trois en 2016 à nous en occuper, un référent au conseil communal et un projet associatif autour des jardins durables! »
Le reste du temps, Jean-Daniel Duthoit se consacre à des travaux de jardinier, de paysagiste, d’élagueur. Il a contribué à une étude sur la qualité de vie en ville en incorporant le caractère nourricier de la ville. Prédictions, atlas de projets d’agriculture urbaine dans le monde, nomenclature pour transformer un quartier en fonction des bienfaits, une publication est prévue pour 2016. L’équipe a également développé un jeu de plateau sur ce thème et recherche des fonds pour le faire vivre.
« Tout de bon », conclut-il au moment de raccrocher. Un « bonne chance et plein de bonnes choses » typiquement suisse.