L’horticulture thérapeutique se fédère en Europe : Fiona Thackeray et Leila Alcalde font le point

Ce tout dernier article est porteur d’un grand espoir. Depuis quelque temps, se tiennent des réunions réunissant des individus et des associations de toute l’Europe : Royaume-Uni, Espagne, Italie, Allemagne, Suisse, Autriche, Belgique, France, Portugal, République Tchèque et la porte reste ouverte…

Une partie du groupe lors d’une réunion en Allemagne

« Nous nous sommes réunis parce que nous voulions partager nos idées, nos connaissances et nos bonnes pratiques. Nous avons compris qu’en travaillant ensemble, nous pouvions obtenir bien plus que ce que nous aurions pu faire individuellement en travaillant de manière isolée », explique Fiona Thackeray qui a contribué à lancer le mouvement.

Les fidèles de ce blog ont fait la connaissance de Fiona Thackeray pour la première fois en 2015, puis l’ont retrouvée lorsque Trellis, l’association qu’elle dirige en Ecosse, a lancé les Trellis Seminar Series. Cette conférence en ligne rassemble pendant trois jours en mars des hortithérapeutes du monde entier. Déjà cette envie de rassembler qui s’est aussi incarnée dans l’organisation depuis deux ans du World Therapeutic Horticulture Day (WTHD).

Pour cette double interview, Fiona était en compagnie de Leila Alcalde Banet que j’avais décrite en 2022 comme la locomotive de l’hortithérapie en Espagne et en Amérique Latine. Formée et exerceant en Angleterre, Leila a cofondé l’association espagnole d’horticulture et de jardinage social et thérapeutique ou AEHJST (Asociación Española de Horticultura y Jardinería Social y Terapéutica).

Si vous êtes très pressée, tout est dit dans cette vidéo commune créée à l’occasion des 50 ans de l’AHTA en 2023 et décrivant la coopération européenne dans le champ de l’hortithérapie. Si vous avez un petit moment et que vous voulez savoir comment le projet a évolué depuis un an, écoutez Fiona et Leila en parler. Quel plaisir de terminer cette aventure de 12 ans avec un entretien avec ces deux femmes extraordinaires et inspirantes.

Fiona et Leila, d’où est venue cette envie de se rassembler ?

Fiona. C’est un problème universel dans notre domaine : l’isolement des professionnels entrave leur développement. Trellis s’est toujours vue comme une organisation professionnelle de substitution parce que c’est beaucoup plus facile pour les professions organisées comme les médecins, les infirmières ou les enseignants qui peuvent se rencontrer entre pairs. Ils peuvent se féliciter de leurs succès, se plaindre des difficultés et partager entre eux. Mais dans notre profession, être isolée au sein de l’hôpital ou de l’institution peut retarder le développement.

Pendant le Covid, quand nous avons remplacé notre conférence traditionnelle par des séminaires en ligne, nous avons vu à quel point les participants et les participantes apprenaient dans les présentations. Cela leur montre combien ils ont en commun. Nous faisons partie du même mouvement, nous faisons les mêmes choses ici qu’en Islande ou dans les Caraïbes. Mais aussi « Wow, vous faites ça, je n’y aurais jamais pensé, j’ai appris quelque chose de nouveau ». C’est fondamental et inspirant.

Naturellement nous avions plus de contacts en Europe et nous sommes restés en contact après la première année de séminaires en ligne. Et puis nous nous sommes rendues à un évènement organisé par IGGT (Internationale Gesellschaft Gartentherapie) en Allemagne. C’est là que l’idée de formaliser ce groupe est arrivée, même si c’était déjà en cours car Andreas (Niepel, président de IGGT) gérait déjà un groupe informel. C’est le Covid et la capacité de se rencontrer en ligne sur Zoom qui a permis de formaliser les choses.

Je me suis éloignée de la question. Essentiellement, c’est l’isolement des professionnels qui est au cœur de notre démarche !

Leila. Dans mon cas comme je suis Espagnole et que je vis au Royaume-Uni, je peux ressentir l’isolement. Avec l’association espagnole, c’est ce que je voulais faire. Par exemple, nous avons une réunion mensuelle pour rester en contact. Et par ailleurs, je voulais me mettre en contact avec des gens dans d’autres pays pour apprendre d’eux. Nous avons l’impression que les Etats-Unis sont une sorte de modèle que nous essayons de suivre et en fait on se rend compte qu’eux aussi se battent toujours pour se réunir.

D’où l’idée de commencer ce groupe européen. Nous savons que c’est difficile car nous voulons faire tant de choses. La volonté est là, mais ce sera long. C’est important de se rassembler, d’avoir un organisme et de contribuer au développement des compétences. Le modèle américain ne sera peut-être pas pertinent pour nous en Europe.

Fiona. Si je peux ajouter quelque chose, nous voyons beaucoup de recherche sur les interventions basées sur la nature et le « green care », avec une popularité croissante depuis que tout le monde a passé du temps confiné à l’intérieur pendant le Covid. Cela a ajouté une urgence à notre inquiétude qu’il n’y ait aucun standard de qualité. Nous y travaillons depuis un moment et nous aurons bientôt une qualification professionnelle approuvée en Ecosse. Cela fait bientôt deux décennies que nous souhaitons avoir une organisation professionnelle ! Malgré tout, il y a encore des gens qui n’ont jamais entendu parler de nous. Le jardin thérapeutique reste une intervention de niche que peu de gens connaissent. Le manque de reconnaissance, comme l’isolement, font obstacle aux financements, au développement professionnel et à l’échange des pratiques.

En parallèle d’établir un organisme professionnel et des standards de qualité en Ecosse et au Royaume-Uni en général car nous travaillons avec Thrive, nous avons vu que si nous pouvions établir des standards au niveau de l’Europe, de manière souple, ce serait une façon de gérer ces gens qui prétendent faire de la thérapie sans aucune formation. C’est inquiétant. Nous pensons que c’est bénéfique d’avoir ce mouvement européen avec des standards communs. Ce sera d’une grande puissance.

Quelles sont vos priorités ?

Fiona. La priorité, ce sont les connexions, l’échange, apprendre les unes des autres. Mais nous avons beaucoup travaillé pour nous mettre d’accord sur les compétences essentielles, les core competencies. C’est le travail que Leila a pris à bras le corps depuis un an. Je vais la laisser en parler.

Leila. Quand nous nous sommes rencontrées l’an dernier, nous avons décidé de nous focaliser sur quelques points pour commencer à avancer. Les compétences essentielles étaient le point important. Cela nous a pris presqu’une année. Nous avons partagé les compétences couvertes dans nos différentes formations et nous avons identifié celles qui étaient communes dans tous les pays. A partir de cette liste, nous les avons réduites à cinq grandes compétences pour simplifier. Nous en sommes maintenant à déterminer le nombre minimum d’heures de formation nécessaires pour acquérir ces compétences et être reconnue comme une professionnelle dans chaque pays.

Si quelqu’un se forme en France par exemple et déménage en Allemagne, nous voulons que la formation soit reconnue. C’est un point qui nous semble important et utile pour la profession.

Pour l’instant, les cinq domaines fixés entre les participantes aux réunions sont : santé humaine et bien-être, connexion à la nature et horticulture thérapeutique, connaissances de base en horticulture et jardinage, gestion d’un groupe thérapeutique, programmation des activités.

Fiona. En Ecosse, nous avons développé une liste de compétences car nous voulions voir ce que faisaient déjà les différentes formations existantes. Nous voulions voir où étaient les lacunes et ensuite nous avons écrit de nouveaux modules. Nous avons partagé ce travail avec le groupe européen pour en faire un point de départ. Nous avions trois domaines : l’horticulture, la santé et le soin et l’horticulture thérapeutique. Avec les différentes perspectives dans le groupe européen, nous en sommes arrivés à cinq compétences. C’est un énorme travail de triangulation qu’ont fait Leila et Ania (Balducci).

A notre réunion en mars, nous avons aussi discuté du vaste panel de formations en Europe. En Italie, il y a un master et uniquement un master (à l’Université de Bologne, ndlr). Ailleurs, ce sont des diplômes de techniciens. Nous avons décidé de nous concentrer sur les compétences de base, plutôt au niveau technique.

Leila. Oui, c’est cela. Par exemple, en Espagne, la formation n’est pas reconnue. Nous ne formons pas les gens pour devenir des praticiens. C’est encore nouveau. Nous voulons simplement partager une compréhension du domaine. Nous formons principalement des professionnels, des psychologues, des ergothérapeutes par exemple. Nous voulons avoir des formations au niveau universitaire et ce travail nous donne un modèle.

La question des niveaux de formation est importante. Nous sommes d’accord que les « praticiens » sont un niveau intermédiaire.  Au-dessus, il y a les formations au niveau master pour former des experts. Certains pays ont des formations de 200 heures et d’autres de 80 heures. Nous voulons aussi avoir une idée claire des pays qui ont des formations reconnues officiellement.

Fiona. Le travail de notre groupe permet d’alimenter ces discussions sur les définitions et le besoin d’organisations professionnelles. C’est un bon échange, c’est productif.

Leila. A la dernière réunion, nous avons commencé à voir la lumière au bout du tunnel. Nous avions commencé avec une idée et là on commence à y voir plus clair.

Fiona. C’est un énorme travail qu’a fait Leila. Elle a tout mis dans un grand tableau.

Leila. Oui, j’ai rentré toutes les compétences par pays en surlignant celles qui étaient le plus souvent présentes. Quelqu’un a suggéré qu’on regarde les cinq principales. On a bien avancé. En résumé, nous voulons définir des exigences minimales pour se définir comme professionnelles quelque soit le mot utilisé dans chaque pays. Par exemple, au Royaume-Uni, on parle de « practioniers » et ailleurs il y a d’autres mots. Nous voulons savoir que, quelque soit le nom, on est au même niveau de compétences, qu’on a étudié les mêmes sujets.

Fiona. Oui, nous avons essayé de ne pas nous enliser dans la sémantique et nous y sommes parvenues. Nous voulons savoir ce que nous faisons qui est commun.

En lançant ce mouvement européen, il est aussi utile de regarder comment évolue le modèle américain qui, bien que plus ancien, connaît ses propres difficultés.

Fiona. Oui, j’ai lu un article qui parlait de l’avancement de l’horticulture thérapeutique aux Etats-Unis. Dans l’article de Derrick Stowell et al. qui est une enquête des membres d’AHTA (voir ci-dessous), ces derniers se plaignaient beaucoup et cela peut nous aider. Ils se plaignaient que l’AHTA faisait les choses d’une manière qui leur rendait la vie plus difficile et aussi ils attendaient des choses que l’AHTA ne faisait pas et que nous sommes déjà en train de faire. C’est bon de savoir que les praticiens partout dans le monde veulent ces mêmes choses.

Les membres étaient frustrés que la profession ne se soit pas développée autant que d’autres professions qui ont commencé en même temps ou même plus récemment (comme la recreational therapy). Parce que les Etats-Unis sont si grands, c’est difficile de se déplacer pour les formations même si maintenant il y a plus de formations en ligne. Donc les membres étaient frustrés que la profession ne soit pas plus reconnue, que la rémunération soit si basse. Il y avait une frustration de ne pas plus échanger entre professionnels, de ne pas plus se réunir. Et là, en Europe, nous faisons les choses correctement !

Nous avons encore beaucoup de chemin à faire, nous n’avons pas d’association professionnelle, toutes les formations. Mais  nous notons qu’un pays qui a une association professionnelle a aussi des difficultés. Nous avons déjà prévu d’éviter certains problèmes en mettant en place certaines structures/politiques réclamées par les membres américains, et nous devrons en éviter d’autres en tirant les leçons de leur expérience. Mais nous avons tellement de choses en commun que c’était très instructif.

(Dans son intervention au IPPS (International People Plant Symposium) à Reading en juillet 2024, Fiona a donné une présentation intitulée « Growing a global network to help therapeutic horticulture groups flourish » où elle a présenté les avancées du WTHD. Dans sa présentation, elle s’appuie sur deux articles que voici avec un accès au texte complet. Et un constat : d’autres professions se sont structurées et « imposées » plus rapidement que l’hortithérapie ou horticulture thérapeutique.

Wood, C., Bragg, R. and Morton, G., (2024). A qualitative study of the barriers to commissioning social and therapeutic horticulture in mental health care. BMC Public Health. 24 (1), 1197-

Stowell, D.R., Mark Fly J., Klingeman, William E., Beyl, C.A., Wozencroft, A.J., Airhart, D.L., and Snodgrass, P.J. (2021). Current State of the Horticultural Therapy Profession in the United States. Hortechnology. )

Mais au fait, comment s’appelle cette nouvelle organisation, ce mouvement ?

Fiona. Nous avons évolué à partir d’une initiative d’IGGT. Il faut maintenant trouver un nom pour ce « réseau européen ».

Leila. J’ai suggéré la coalition des praticiens ou des entités européennes. Sans doute quelque chose avec le mot « network » ou « coalition ».

Pour revenir à la sémantique un instant, on sent qu’on s’éloigne du terme « horticultural therapy » dans le monde en ce moment et que le terme « therapeutic horticulture » est plus en vogue. A quoi correspond ce changement ?

Fiona. En effet, nous utilisons intentionnellement le terme « therapeutic horticulture ». Car il y avait des formations qui utilisaient « hortitherapy », mais il n’y avait aucun apport sur la thérapie dans leur programme. « Therapist » est un terme qui est légalement protégé et il y a des organismes qui accréditent ces thérapeutes. Ils ont fait ce que nous cherchons à faire : créer un standard qui rassure les gens qui cherchent leur aide que ce sont des professionnels qui ont la formation appropriée. Nous ne recherchons pas une régulation légale dans notre cas, mais nous cherchons à avoir une accréditation qui garantie un certain niveau de formation. Nous évitons les termes « therapy » et « therapist » qui impliquent un niveau master. C’est au-delà de ce que nous proposons de créer et nous ne voulons pas suggérer que c’est équivalent. Ce serait une affirmation dangereuse.

Leila. C’est la même chose en Espagne, on ne peut pas utiliser le mot « therapy » sans un diplôme universitaire d’un certain niveau. C’est un soulagement car autrement cela introduit de la confusion.

Fiona. C’est un compromis. « therapeutic horticulture » est un terme long, que les gens ne connaissent pas. Mais au moins, nous ne faisons pas de fausses affirmations. La représentante belge dans notre dernière réunion exprimait sa frustration car maintenant on forme en Belgique des « hortitherapists » avec des formations courtes et, en tant qu’ergothérapeutes, elle n’est pas d’accord. L’idée est d’avoir un niveau commun de compétences qui est sûr, pour « ne pas faire de mal ».

En plus du grand chantier de la formation, quels autre projets avez-vous envie de lancer ?

Leila. Nous sommes vraiment concentrés sur le projet des compétences essentielles. Pour le reste, nous verrons après. Mais nous utilisons déjà nos réunions pour partager ce qui se passe dans chaque pays. Ania Balducci par exemple a invité un universitaire du département de l’agriculture de Milan. C’est un paysagiste qui a fait des études sur les éléments thérapeutiques du jardin.

Car c’est un autre aspect dont nous avions parlé lors de notre rencontre en Allemagne : labelliser les jardins thérapeutiques. Un jardin pourrait être bénéfique, mais pas thérapeutique. En Espagne, nous disons qu’un jardin thérapeutique est là où a lieu la thérapie. Pour l’instant nous avons mis ce sujet de côté. C’est un des sujets potentiels.

En parlant d’Europe, j’avais envie qu’on revienne sur le master créé cette année en Ukraine qui a été présenté pendant le Trellis Seminar Series 2024.

« Le premier programme éducatif et scientifique interdisciplinaire « Garden Therapy » en Ukraine » est le titre de l’intervention d’Olesia Prokofieva, qui dirige le département de psychologie à la Bogdan Khmelnitsky Melitopol State Pedagogical University et qui est l’une des créatrices du premier master « Garden Therapy » en Ukraine. Je vous invite à écouter son intervention enregistrée en mars 2024. En 2023, ce master n’était encore qu’un projet, aujourd’hui c’est une réalité. Si réel que vous pouvez lire les retours de la première promo dans le document Sowing the Seeds disponible sur le site de Trellis. Sept femmes aux parcours variés – enseignantes, médecin, psychologues, guide touristique,…- qui racontent leur envie de se former à l’horticulture thérapeutique. Fiona explique qu’une chaine de solidarité internationale s’est mise en place pour aider les créatrices du master ukrainien avec des coups de pouce, de l’Autriche à l’Allemagne, de l’Ecosse aux Etats-Unis.

On peut retrouver toutes les vidéos du Trellis Seminar Series 2024 en ligne.

Au-delà de l’Europe, le World Therapeutic Horticulture Day est en train de devenir le jour où on parle du sujet sous toutes ses formes partout dans le monde.

Fiona. Il n’y a pas de reconnaissance sans prise de conscience. Aux Etats-Unis, on a essayé il y a quelques années d’obtenir la reconnaissance, en Ukraine également. Cela n’a pas marché. Aux Etats-Unis, la raison du refus était qu’ils ne pouvaient pas dire combien il y avait de professionnels dans le domaine !

Mais plus on en parlera et plus les gens en auront connaissance, rechercheront cette intervention, la financeront…Et ils ne diront plus « quoi ? » quand ils en entendront parler la prochaine fois. C’est l’intention derrière le WTHD. Et c’est aussi devenu un réseau de connexions, des gens qui se mettent à se parler alors qu’ils ne seraient jamais rencontrés sans cela. La carte du monde se remplit des nations en vert qui participent. Il y aura un WTHD en 2025.

Leila. Nous utilisons cette journée pour organiser des rencontres en ligne. Il y a des pays où les praticiens sont encore plus isolés. C’est une idée géniale. Cette année, c’est devenu encore plus important et ça va continuer à grandir.

Je vous renvoie à une vidéo présentant la journée, le 18 mai de chaque année désormais.

Vous étiez toutes les deux à IPPS en Angleterre ?

Fiona a parlé des retombées du WTHD lors de sa présentation au IPPS (International People Plant Symposium) à Reading en juillet 2024 et voici la trame de sa présentation.

Leila. Je pense que le sentiment a été très positif parce que ce genre de réunions n’existait pas en Europe. Nous avons la chance d’avoir des gens qui sont venus de Corée du Sud, du Canada, des États-Unis ou du Pérou, ainsi que des pays européens. Par ailleurs, le secteur suscite de plus en plus d’intérêt, je pense donc qu’il s’agit d’une combinaison des deux.

Une étude française de premier plan

Je ne peux pas conclure sans un mot sur une étude française, qui était présente à IPPS 2024, une étude randomisée qui vient confirmer l’impact positif d’ateliers d’hortithérapie sur l’anxiété pendant une hospitalisation en psychiatrie. Les résultats de l’étude “plaident en faveur de l’intégration de l’hortithérapie dans les pratiques infirmières psychiatriques”.

“ Impact of horticultural therapy on patients admitted to psychiatric wards, a randomised, controlled and open trial” est une étude lancée dès 2015 à la création du Jardin des Mélisses au CHU de Saint-Etienne. Bravo à toute l’équipe pour ce travail de longue haleine.

Yes !

Cheney Creamer : « Building a relationship with nature is going to make us healthier and happier »

Le mois dernier, je vous promettais de reparler de l’hortithérapie au Canada rapidement. Chose promise, chose due. Voici un entretien avec Cheney Creamer, présidente de la Canada Horticultural Therapy Association (CHTA) avec qui j’ai échangé par visio en début de semaine.

Pouvez-vous vous présenter et décrire votre parcours dans l’hortithérapie ?

C’est une question complexe. Jusqu’où est-ce que je dois remonter ? Je vais commencer dans le présent et repartir dans le passé. Je suis présidente de la CHTA. Je suis aussi la fondatrice et présidente de One Green Square Wellness Consulting. J’aide les personnes, les équipes et les groupes à se connecter aux plantes. Ma mission est de maximiser le potentiel d’une relation pleine de sens entre les plantes et les humains. Cette relation nous permet de montrer plus de compassion, de mieux communiquer, d’être plus innovant et de mieux gérer le stress.

Ma carrière depuis plus de 20 ans a été tournée vers le bien-être dans les organisations. Je me suis spécialisée dans la gestion du stress ou ce qu’on appelle maintenant la construction de la résilience. Aujourd’hui, j’évalue des espaces pour un usage thérapeutique (dans des résidences pour personnes âgées, dans des établissements pour des enfants) et puis je travaille sur cette expérience thérapeutique dans ces espaces. J’aide principalement des adultes à développer des pratiques pour gérer leur stress ainsi que des soignants tels que des infirmières à intégrer les jardins thérapeutiques dans leurs pratiques. En travaillant avec des gens en Italie ou aux Etats-Unis, j’ai pu me rendre compte que la pratique au Canada peut être différente ne serait-ce qu’à cause de la météo et de nos longs mois d’hiver.

En ce moment, je suis sur le point de lancer un programme composé de cinq modules sur l’hortithérapie au Canada (Présentation de l’hortithérapie au Canada ; Evaluer, développer et utiliser les jardins thérapeutiques ; Cultiver votre approche thérapeutique authentique ; Facilitation virtuelle ; Maximiser le potentiel thérapeutique). Je vais commencer très bientôt et les cours seront disponibles en visio ainsi qu’en présentiel.

Cheney Creamer, présidente de la Canadian Horticultural Therapy Association

Comment décririez-vous la situation actuelle de l’hortithérapie au Canada ?

Nous sommes dans une position favorable en ce moment. C’est un des bénéfices inattendus du Covid. Il y a trois ou quatre ans, les gens ne comprenaient pas de quoi vous parliez quand vous mentionniez « horticultural therapy ». Ils comprenaient horticulture et thérapie, mais pas la combinaison des deux. Maintenant ils comprennent comment les deux peuvent marcher ensemble. Pas dans les détails certes, mais il y a une prise de conscience parce qu’ils comprennent ce qu’ils ont pu vivre en terme d’isolement et de stress et comment la connexion avec la nature a pu les aider. Ils le comprennent à un niveau tout à fait nouveau, personnel. Avant je devais leur faire vivre une expérience pour leur faire comprendre. Maintenant, tout le monde comprend.

Comment devient-on hortithérapeute au Canada ?

L’hortithérapie est en croissance rapide. Actuellement, nous avons 35 professionnels qui sont « registered ». Moi-même, je ne suis pas encore « registered » malgré des études de psychologie et d’horticulture. J’y suis presque. L’éducation était dans un état de stagnation parce que nos professionnels expérimentés ne sont pas des enseignants, qui plus est spécialisés dans la formation pour adultes. Il se trouve que je suis diplômée en psychologie et que j’ai une formation en éducation pour les adultes. Mais nous avons une difficulté pour transmettre les savoirs. Au Canada, nous n’avons pas de formation universitaire, contrairement aux Etats-Unis où cependant le nombre de programmes universitaires est en déclin. Par contre, nous avons des universités qui vont commencer à offrir des cours optionnels en école d’infirmières ou dans des études sur l’environnement. Il existe aussi deux certifications à l’hortithérapie qui sont accréditées, une en ligne et une sur l’ile de Vancouver. Nous avons une liste des connaissances de base pour permettre d’approuver un programme. Ce qui est intéressant, c’est que différentes personnes peuvent proposer des cours dans leur spécialité. Elles peuvent enseigner des composantes.

Le processus pour candidater et devenir « registered » était très difficile. Au 1er mars 2023, nous l’avons changé et amélioré. Avant, un stage semblait un obstacle alors que ce n’est pas absolument nécessaire. Notre système est un système à points. Il faut avoir une formation ainsi que de l’expérience dans trois domaines : l’hortithérapie, l’horticulture et la thérapie. Ainsi de nombreuses routes peuvent mener au statut « registered ». Il n’est peut-être pas nécessaire d’obtenir un nouveau diplôme. Une nouveauté structurelle est que les stages ne sont plus aussi courants au Canada car ils doivent maintenant être rémunérés. On peut obtenir les points de l’expérience par des emplois plutôt que par des stages. Nous avons aussi plus de bénévoles dans l’association, une quarantaine en tout, qui peuvent guider les candidats dans le processus. J’étais dans une visio récemment et une dizaine de personnes, rien que dans ce groupe, était en train de devenir « registered » !

Session d’hortithérapie en petit groupe sous le gazebo par temps pluvieux

Dans quels secteurs trouve-t-on des programmes d’hortithérapie au Canada ?

Dans les résidences pour personnes âgées. Dans des établissements pour enfants : des crèches, des programmes classiques, quelques établissements spécialisés et aussi dans les écoles de nature qui sont très populaires au Canada. En psychiatrie, cela a été plus long, mais l’hortithérapie vient s’ajouter à la « wilderness therapy » qui est plus rude. Là où on voit le plus de croissance est avec les adultes et les adolescents qui se battent contre l’anxiété. Au Canada, l’éco anxiété est aussi une préoccupation de plus en plus présente en santé mentale.

Quel est l’état de la recherche chez vous ?

Nous en voulons tous, mais peu s’y lancent. On nous en demande souvent, en soutien dans les demandes de subventions notamment. Si les praticiens viennent du monde de l’horticulture, ils ont peu de compétences en recherche. Plus nous aurons de professionnels, plus nous pourrons encourager la recherche qui demande d’établir des buts et objectifs, de déterminer des résultats mesurables et d’évaluer pour mesurer. On peut même imaginer un modèle où les thérapeutiques recueillent les données efficacement et d’autres personnes se chargent de la recherche.

Vous distinguez « horticultural therapy » et « therapeutic horticulture ». Vous pouvez nous rappeler la différence ?

Cela nous a mis plus de trois ans à faire comprendre la différence. Dans les deux cas, un professionnel formé est impliqué. « Horticultural therapy » est une application clinique avec des buts et des objectifs mesurables, une évaluation clinique sur les plans physique, cognitif, psychologique, social et/ou spirituel. Pour la « therapeutic horticulture », on peut avoir des objectifs et des évaluations, mais ils ne sont pas directement exprimés et discutés. C’est une approche moins clinique où une évaluation rigoureuse n’est pas nécessaire ou même appropriée. Je travaillais récemment avec des ambulanciers dans un programme de bien-être : pour eux, il aurait été contreproductif d’évaluer, cela rappelle trop leur environnement de travail. En tout cas, les deux approches se différencient clairement d’une simple activité de jardinage.

J’ai deux devises pour expliquer. « Approach before activity » : pourquoi vous venez ? Si c’est une activité, c’est plutôt un club de jardinage pas une approche thérapeutique. « Are you leaving with a practice or a product ? » : est-ce que vous confectionner un produit à remporter chez vous comme une couronne ou bien est-ce que vous aurez choisi de faire une couronne en pommes de pin pour leur résilience, une couronne qui vous permet d’entrer en relation avec la plante ?

Aire de jeux sensoriels pour les aînés de Holyrood Manor

Pouvez-vous nous parler de l’histoire de la CHTA ?

La création date de 1987, nous sommes le petit frère de l’AHTA américaine qui s’est formée en 1973. Il y avait un fort intérêt dans les années 1980, puis l’hortithérapie a disparu des radars pendant une dizaine d’années. L’écopsychologie a réveillé l’intérêt. Mon but actuellement est de créer une communauté. Nous avons 35 hortithérapeutes « registered », mais nous avons 300 membres et plus de 4 000 personnes qui nous suivent sur les réseaux. C’est une nouvelle montée en puissance aujourd’hui. La prochaine étape sera l’accréditation, avec l’obligation de passer un examen pour accéder à un titre. En cela, nous sommes entre 5 et 10 ans derrière les Etats-Unis.

Que devrions-nous savoir pour mieux comprendre la CHTA ?

Dans l’esprit de la permaculture, nous privilégions « earth care, people care and resource share », la protection de la terre, la protection des personnes et le partage des ressources. Au Canada, la protection de la terre passe par reconnaître et honorer les peuples indigènes et notre code d’éthique y fait référence. Lors de nos conférences, nous avons toujours des leaders indigènes qui ouvrent et ferment le rassemblement car ce sont eux qui ont pris soin de la terre jusque là. La protection des personnes, ce sont nos membres, nos bénévoles, nos professionnels et comment nous soutenir et créer des opportunités. Le partage des ressources, c’est le partage de la formation, de la recherche nationalement et internationalement.

Nous devons pratiquer ce dont nous parlons, nous mettre nous mêmes dans nos pratiques, c’est-à-dire semer nos graines, observer la nature qui nous enseigne, suivre notre bonheur au quotidien. Cela ne doit pas être des tâches qui s’ajoutent, mais des pratiques qui sont tissées naturellement dans nos vies très occupées. Construire une relation avec la nature nous rend plus heureux et en meilleure santé. Il est important d’aider tout le monde à expérimenter les avantages de mettre les mains, les pieds et le visage dans la terre !

Suivre la CHTA:

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Prochaine conférence annuelle : en ligne 19 au 21 octobre 2023

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Hortithérapie dans le monde : les quatorze associations qui font bouger les choses

Strength in unity. L’union fait la force. La fuerza de la unión. Dans toutes les langues, on comprend l’intérêt et l’envie pour des personnes animées par une passion commune de se rassembler. C’est ce qu’ont fait des hortithérapeutes dans une bonne douzaine de pays. J’ai repris la liste publiée dans cet article, en me rendant compte que j’avais déjà évoqué la majorité de ces associations et/ou leurs fondateurs et fondatrices depuis 10 ans. Petit tour d’horizon en commençant par la plus ancienne de ces associations.

  1. American Horticultural Therapy Association (AHTA)

Cette année, l’AHTA fête ses 50 ans !

« Fondée en 1973, l’American Horticultural Therapy Association (AHTA) est la seule organisation nationale américaine qui défend le développement de la profession d’hortithérapeute et la pratique de l’horticulture comme thérapie pour le bien-être humain. L’AHTA soutient le développement professionnel, l’éducation et l’expertise des praticiens de l’horticulture thérapeutique. Les membres sont des personnes et des organisations situées aux États-Unis et ailleurs. Nous sommes une organisation à but non lucratif (501(c)(3)) dont la mission est de promouvoir et de faire progresser la profession de l’horticulture thérapeutique en tant que modalité thérapeutique et de réadaptation. »

Accréditation professionnelle, conférences annuelles, coordination de la National Horticultural Therapy Week tous les printemps, journal scientifique et magazine, l’AHTA est incontournable. Pour son 50e anniversaire, elle innove avec une conférence virtuelle qui se tiendra les 20 et 21 octobre. Une opportunité « d’atteindre un groupe plus large d’hortithérapeutes du monde entier » et de faire un bilan des pratiques passées, présentes et à venir. Pour répondre à l’appel à communications, c’est par ici (deadline le 21 avril).

Des réseaux régionaux pour favoriser la proximité

Dans un pays aussi vaste que les Etats-Unis, l’envie de se regrouper au sein d’entités régionales s’est naturellement fait sentir. C’est ce que nous expliquait Beth Carter dans ce billet de 2014. Elle faisait partie du Carolinas Horticultural Therapy Network, un groupe d’hortithérapeutes de Caroline du Nord et du Sud créé en marge du American Horticultural Therapy Association dont les règles pour établir un chapitre local leur semblaient trop lourdes. « Nous nous rencontrons deux fois par an pour échanger des idées. L’un de nous accueille la réunion pour le weekend sur notre lieu de travail. Il y a toujours une ou deux présentations », expliquait Beth il y a 9 ans déjà. Souvent isolés au quotidien, les hortithérapeutes aiment se rencontrer et partager.

Au départ, se sont créées des branches régionales de l’AHTA. Par mesure de réduction des coûts, l’AHTA a ensuite dissous l’affiliation des branches, obligeant les membres des branches à développer un système de réseau. Cela s’est produit il y a plus de 15 ans et a tendu les relations entre l’AHTA et les réseaux régionaux.

Aujourd’hui, il existe huit réseaux régions reconnus par l’AHTA, mais opérant de manière indépendante. L’AHTA s’efforce actuellement de renforcer ses relations avec les réseaux, car de nombreux membres de ces derniers ne sont pas membres de l’AHTA. Or, cette dernière aimerait attirer plus de membres. Actuellement, l’AHTA organise des «  community meetings » où tous sont invités, membres de l’AHTA et toute personne intéressée par l’hortithérapie.

Si je vous raconte ces « travails » (un mot utilisé en anglais pour décrire une situation ardue), c’est pour montrer que partout où des personnes se rassemblent autour d’un intérêt commun, de belles choses se produisent. Mais ce serait naïf de passer sous silence les tensions organisationnelles et relationnelles qui compliquent souvent la tâche. Si on reste au-dessus de la mêlée, il est évident que, dans leur grande majorité, les personnes impliquées cherchent à faire avancer la reconnaissance de l’hortithérapie du mieux qu’elles peuvent. Mais voilà parfois, les être humains s’engluent.

L’exemple du North East Horticultural Therapy Network

Le North East Horticultural Therapy Network, NEHTN, est l’un des plus anciens réseaux des États-Unis. Colleen Griffin que vous aviez rencontrée dans ce billet l’année dernière (et que je vais avoir le plaisir de rencontrer en personne en France ce mois-ci !) raconte. « Notre région couvre la Nouvelle-Angleterre, l’État de New York et le sud-est de la Pennsylvanie. Une région assez vaste, en effet ! La région du NEHTN chevauche celle de notre réseau voisin, le Mid-Atlantic Horticultural Therapy Network ou MAHTN. Les deux réseaux collaborent souvent et de nombreux membres de chaque réseau participent aux événements des deux réseaux. C’est une relation très agréable à entretenir ! »

Quel est l’attrait de rejoindre un réseau régional ? « Je pense que les réseaux régionaux sont attrayants pour de nombreux non-membres de l’AHTA car les frais d’adhésion aux réseaux régionaux sont très abordables et offrent des avantages comparables. Comme les réseaux sont situés plus près de nos membres, l’ambiance est plus conviviale que dans une grande organisation nationale. Avant le COVID, les réseaux régionaux proposaient des rassemblements fréquents et facilement accessibles. Il s’agissait d’événements très abordables qui offraient une merveilleuse connexion sociale.  Et maintenant que nous semblons sortir de la pandémie, les rencontres en personne se multiplient. Il est intéressant de participer à un rassemblement relativement restreint avec des collègues de la Nouvelle-Angleterre plutôt que de traverser le pays pour assister à un rassemblement à l’échelle nationale. »

  • Canadian Horticultural Therapy Association (CHTA)

La CHTA présente beaucoup de similarités avec son voisin américain.

« L’Association canadienne d’horticulture thérapeutique est l’organisation professionnelle des praticiens de l’horticulture thérapeutique (HT) au Canada. Nous fournissons un processus d’inscription professionnelle volontaire pour les professionnels de l’HT et nous offrons des adhésions (étudiante, individuelle et d’entreprise/institutionnelle) pour toute personne intéressée à soutenir notre mission et à rester au courant des dernières nouvelles, recherches et opportunités dans le domaine.

Fondée en 1987, la CHTA dispose d’un réseau de plus de 300 membres actifs au Canada et à l’étranger, et de plus de 3 000 adeptes sur les médias sociaux. Les membres comprennent des horticulteurs thérapeutes agréés (HTT/HTR/HTM) et des professionnels tels que des ergothérapeutes, des physiothérapeutes, des ludothérapeutes, des travailleurs sociaux, des infirmières, des psychologues, des architectes paysagistes et des horticulteurs, ainsi qu’un groupe diversifié de passionnés de plantes qui s’intéressent vivement aux liens entre les gens et les plantes.

Nous sommes une organisation bénévole à but non lucratif et nous fournissons des informations, un soutien et des ressources à nos membres, aux professionnels et au public sur les pratiques et les avantages de l’hortithérapie (HT) et de l’horticulture thérapeutique (TH).

Les professionnels de l’horticulture thérapeutique offrent une grande variété de services d’horticulture thérapeutique dans de nombreux contextes différents : maisons de soins infirmiers, hôpitaux et centres de réadaptation ; centres de formation professionnelle, programmes de lutte contre la toxicomanie et établissements correctionnels ; centres de jour pour adultes, communautés agricoles thérapeutiques et jardins scolaires et communautaires, pour n’en citer que quelques-uns. »

A lire, le code d’éthique de la CHTA. L’association a dans le passé accrédité des formations et elle est en train de reprendre ce chemin sous un nouveau format. Quant à l’accréditation des professionnels, il existe deux niveaux : horticultural Therapist Technician (HTT) et horticultural Therapist Registered (HTR).

J’ai malheureusement peu « exploré » le Canada depuis 10 ans, à part cette rencontre avec Jeannine Lafrenière et cette autre avec Mélanie Massonnet. Une lacune que je suis en train d’essayer de combler.

  • Korean Horticultural and Well-Being Association

Difficile de trouver des renseignements sur la Korean Horticultural and Well-Being Association. Je n’ai pas réussi à trouver un site pour cette association.

Tout juste un article en ligne datant de 2012 et expliquant : « L’hortithérapie (HT) en Corée a connu une croissance rapide au cours des 15 dernières années. L’Association coréenne d’horticulture et de bien-être a joué un rôle crucial dans le développement de l’HT coréenne. L’Association coréenne d’horticulture et de bien-être propose quatre niveaux de certification en HT, à savoir l’HT avancée, l’HT niveau 1, l’HT niveau 2 et l’horticulture de bien-être. À l’heure actuelle, le nombre d’horticulteurs qualifiés s’élève à environ 2 000 et l’HT est proposé à environ 1 700 établissements tels que des organismes d’aide sociale, des centres de réinsertion professionnelle, des hôpitaux, des centres de santé publique, des écoles, etc. pour diverses personnes. La pratique de l’HT comprend quatre phases : le diagnostic et la préparation, la planification, la mise en œuvre et l’évaluation. Actuellement, des efforts sont en cours pour obtenir des certifications d’État pour les HT et pour assurer une couverture d’assurance médicale. »


Et un autre de 2021 se concentrant sur la formation : « Cette étude rend compte des perspectives d’emploi des hortithérapeutes coréens et de la nécessité de reconnaître l’horticulture thérapeutique comme une spécialisation des professionnels des services de bien-être en Corée du Sud. À ce jour, malgré la qualification privée d’horticulteur de bien-être proposée par l’Association coréenne d’horticulture et de bien-être (KHTA), il n’existe toujours pas de cadre national de qualification pour l’horticulture thérapeutique en Corée du Sud, ni de lois régissant cette profession. En 2008, la première qualification privée dans le domaine de l’horticulture thérapeutique a été enregistrée auprès de l’Institut coréen de développement des compétences professionnelles (KVCDI) (qualification n° 2008-0243). En décembre 2020, 5 560 stagiaires avaient acquis la qualification d’hortithérapeutes de bien-être, aux niveaux de supervision, de grade enregistré 1, 2 et 3. Pour devenir un hortithérapeute de bien-être qualifié, un stagiaire doit suivre un programme de 90 heures reconnu par la KHTA, comprenant la science horticole, la thérapie horticole, la médecine connexe, le bien-être social et la psychologie de conseil. En outre, les qualifications peuvent être obtenues s’il existe un dossier d’examens écrits, de pratique clinique, de participation à des ateliers et de présentation de thèse. Nos résultats ont montré que les compétences clés des hortithérapeutes requises dans le domaine clinique étaient les capacités de conception de programmes thérapeutiques, la compréhension de l’horticulture thérapeutique et le conseil psychologique. La méthode de formation préférée pour améliorer les compétences professionnelles du stagiaire était la méthode de formation pratique, et le rôle le plus important de la KHTA attendu par les hortithérapeutes était la création d’emplois par l’octroi de qualifications reconnues au niveau national pour les horticulteurs de bien-être. »

  • Taïwan Horticultural Therapy Association

Je vous dirige vers le site de la Taïwan Horticultural Therapy Association et sa page Facebook. Sur le site de la THTA (grâce à la traduction de DeepL), on découvre plusieurs figures nationales.

Huang Sheng-ying, « forte de 32 ans d’expérience en tant que conseillère et enseignante en éducation spécialisée, est directrice exécutive de l’Association taïwanaise de thérapie horticole et thérapeute horticole senior HTM de l’Association de thérapie horticole Asie-Pacifique. Elle se consacre actuellement à la planification de plans de cours et d’activités de thérapie horticole pour différents groupes, ainsi qu’au développement et à l’innovation de matériel pédagogique. Grâce à sa riche expérience de l’enseignement et à son style de direction unique et joyeux, elle fait en sorte que chaque classe soit pleine de rires et de joie. » Elle est la coauteure de « The Green Life Healing Handbook : 100 Recipes for Gardening Healing » avec Huang Shenglin et Cai Youting.

M. Huang Shenglin est « un hortithérapeute certifié de l’université Merritt aux États-Unis en 2004 et revenu à Taïwan pour se consacrer à la fusion des principes de la pharmacologie et des méthodes de soins de santé chinoises avec les herbes indigènes pour former un système unique et pratique d’horticulture thérapeutique trois en un : agriculture, médecine et alimentation. Il est également le co-auteur de « The Green Life Healing Handbook ». »

Chia-Rong Shih D., « Université du Wisconsin-Milwaukee, Département d’architecture/Centre d’études sur le vieillissement et l’environnement, promeut l’intégration de l’hortithérapie et de la guérison par la forêt dans la conception architecturale et paysagère afin de créer des espaces de guérison intérieurs et extérieurs pour les personnes âgées, et aide à la planification d’espaces de soins verts et d’expériences extérieures pour permettre aux personnes âgées de faire l’expérience du pouvoir de guérison de la nature dans les milieux communautaires et institutionnels. »

  • Hong Kong Association of Therapeutic Horticulture

Le site de la HKATH est très riche en informations en anglais. Connie Fung Yuen Yee, qui détient le titre américain de HTR, est présidente de cette association créée en janvier 2008. En 10 ans, des cursus de formation sont apparus dans plusieurs établissements, celui de la HKATH qui suit le modèle de l’AHTA étant considéré comme le plus exigeant. HKATH s’efforce de faire reconnaître l’hortithérapie à Hong Kong avec deux axes d’action : des collaborations avec des universités, des hôpitaux et des organisations de santé pour conduire des recherches sur l’application de l’hortithérapie pour différentes populations et la sensibilisation du grand public (activités de promotion, participation dans des activités de la communauté et interviews dans les média). « Avec nos capacités disponibles, nous souhaitons également partager notre précieuse expérience avec nos homologues en Chine continentale, à Taïwan et à Macao, afin d’introduire une thérapie horticole authentique dans davantage de régions de la Grande Chine. À cette fin, nous avons déjà lancé avec succès des programmes de formation et des programmes de stages dans ces domaines au cours des dernières années », ajoute la présidente sur le site. Effectivement, la liste des membres accrédités référence des professionnels à Hong Kong, mais aussi à Taiwan et en Chine.

Connie Fung Yuen Yee, présidente de la Hong Kong Association of Therapeutic Horticulture
  • Japanese Society of People-Plant Relationship et Japanese Horticultural Therapy Association

Sur le site de la Société Japonaise pour les relations entre l’homme et les plantes, on apprend que « La recherche sur la fonction des plantes dans le confort de l’esprit commence à être considérée comme importante pour la race humaine dans sa quête d’une vie confortable. La Société est un forum de discussion où des personnes issues de nombreux domaines se réunissent pour exploiter pleinement le rôle des plantes dans la culture d’une humanité riche, avec pour mot clé la relation entre les humains et les plantes. La Société est une organisation de recherche académique coopérative du Conseil scientifique du Japon. »

Ailleurs, on lit que « On dit que le XXIe siècle est le siècle des plantes. En effet, on s’inquiète de plus en plus de la crise alimentaire provoquée par l’explosion démographique et des changements environnementaux dus au réchauffement de la planète, et l’on reconnaît aujourd’hui l’importance des plantes pour faire face à ces problèmes, qui sont liés à la survie de la race humaine. Cependant, le rôle des plantes pour nous, les humains, ne se limite pas à cette contribution physique/physique. D’un point de vue spirituel, elles ont également joué un rôle majeur dans la croissance humaine, la santé et le développement de la civilisation. »

« Actuellement, au niveau national, la Japanese Society of People-Plant Relationship se concentre sur la promotion et la facilitation de la recherche multidisciplinaire sur les relations entre les personnes et les plantes, tandis que la Japanese Horticultural Therapy Association gère le système national de qualification des horticulteurs professionnels », peut-on apprendre en ligne.

Le besoin de traduire page à page rend difficile une vue d’ensemble des activités de ces deux entités. Pour les plus curieux, n’hésitez pas à vous plonger dans le site plus en détails. Cet article que j’avais écrit en 2015 semblait indiquer que, comme dans d’autres pays asiatiques, le développement de l’hortithérapie japonaise s’est construit sur un modèle américain et avec l’AHTA comme exemple. Je vous renvoie également vers cet article de Masahiro Toyoda qui explique l’histoire de l’hortithérapie au Japon.

  • Therapeutic Horticulture Association – THA (Australie)

Le site de la Therapeutic Horticulture Association australienne est ici. Je vous oriente aussi vers cet article de janvier 2023 sur l’hortithérapie ou plutôt l’horticulture thérapeutique en Australie à travers une interview de Leigh McGaghey, vice-présidente de THA.

Sur l’utilisation de l’expression horticulture thérapeutique, elle expliquait : « C’est une question de sémantique. En Australie, vous ne pouvez pas vous appeler thérapeute à moins d’avoir des diplômes spécifiques. C’est lié au système médical gratuit, les professions médicales et paramédicales sont subventionnées. Utiliser « horticulture thérapeutique » met plus l’accent sur l’horticulture et moins sur la thérapie. Il y a un mois, il y a eu un changement. Par exemple, vu mes diplômes, je ne peux plus me dire thérapeute. Qui a fait pression pour cela ? L’association des ergothérapeutes et d’autres personnes ayant des diplômes universitaires qui voulaient préserver leurs titres. Cela n’aide pas le public d’avoir cette confusion interne et cette complexité autour de notre nom. »

  • Thrive et Trellis Scotland

Laissons l’association anglaise Thrive se présenter.

« Thrive est la principale organisation caritative du Royaume-Uni qui utilise le jardinage pour apporter des changements positifs dans la vie des personnes handicapées, malades, isolées, défavorisées ou vulnérables. C’est ce qu’on appelle l’horticulture sociale et thérapeutique (HST). 

L’horticulture sociale et thérapeutique utilise les plantes et les jardins pour améliorer la santé physique et mentale, ainsi que les capacités de communication et de réflexion. Les jardins offrent un lieu sûr et sécurisé pour développer la capacité d’une personne à se mélanger socialement, améliorer sa forme physique et acquérir des compétences pratiques qui l’aideront à être plus indépendante.

Nous inspirons et encourageons les personnes qui viennent nous voir en nous concentrant sur ce qu’elles peuvent faire, et non sur ce qu’elles ne peuvent pas faire. Nous organisons des programmes thérapeutiques dans nos jardins de Battersea Park, à Londres, de Beech Hill, à Reading, et de Birmingham. Nous nous rendons également dans des maisons de soins, des salles de village et des projets communautaires pour encourager les activités de jardinage.

Parmi nos clients figurent des personnes blessées à la suite d’un accident, des personnes souffrant de difficultés d’apprentissage ou de handicaps physiques tels que la perte de la vue ou de l’ouïe, des personnes souffrant de maladies liées à l’âge telles que les accidents vasculaires cérébraux, la démence et les problèmes cardiaques, ainsi que des jeunes ayant des difficultés sociales, émotionnelles ou comportementales et des personnes en mauvaise santé après avoir quitté les forces armées.

Thrive offre également 

  • Une variété de possibilités de formation et d’éducation allant d’ateliers d’une journée à des qualifications d’enseignement supérieur pour les professionnels et les changements de carrière potentiels.
  • Des formations sur mesure pour répondre aux besoins spécifiques d’organisations ou de groupes individuels.
  • Des services de conseil spécialisés pour les organisations caritatives, statutaires et privées.
  • Journées sur la responsabilité sociale des entreprises.
  • Conférenciers pour des événements professionnels et communautaires.
  • De nombreuses possibilités de bénévolat dans nos jardins, nos bureaux et lors d’événements spéciaux de collecte de fonds. »

Vous pouvez suivre Thrive sur son site ou sur LinkedIn. Je dois avouer que je n’ai pas développé de lien avec Thrive en 10 ans (malgré cet article succinct en 2015), une autre lacune.

Par contre, je connais mieux Trellis, l’association écossaise et sa figure de proue, Fiona Thackeray « rencontrée » en 2015 et revisitée en 2022. Pour suivre cette association très dynamique, voici son site et notamment son Seminar Series qui se déroule ces jours-ci (7 et 8 mars).

  • Internationale Gesellschaft Gartentherapie – IGGT (Allemagne)

En octobre dernier, nous avions fait la connaissance d’Andreas Niepel, un hortithérapeute central en Allemagne. Depuis 2009, il est président de la Internationale Gesellschaft Gartentherapie (IGGT), la Société internationale de thérapie par le jardin qui rassemble des associations existantes. Pour le site, c’est par ici.

  1. Fédération Française Jardins Nature et Santé – FFJNS (France)

En vous promenant sur ce blog, vous retrouveriez des portraits d’une bonne partie des membres fondateurs de la Fédération Française Jardins Nature et Santé – avant même que la FFJNS ne soit créée en 2018. En tant que première présidente de cette association de 2018 à 2021, je trouve que la tâche d’en parler est difficile.  Je vous renvoie à son site et à sa page LinkedIn. Je vous encourage aussi à lire sa charte dont je reste fan plus de 5 ans après sa rédaction.

Je rappelle de manière concise ses missions :

Fédérer les acteurs du domaine

Promouvoir leurs diverses pratiques (hortithérapie, jardins thérapeutiques, écothérapies)

Se soutenir entre professionnels.

Assemblée constituante de la Fédération Française Jardins Nature et Santé
  1. Asociación Española de Horticultura y Jardinería Social y Terapéutica – AEJHST (Espagne et pays hispanophes)

Pour comprendre la genèse de l’Asociación Española de Horticultura y Jardinería Social y Terapéutica (AEHJST ou association espagnole d’horticulture et de jardinage social et thérapeutique) en 2018, je vous suggère cette interview de Leila Alcalde Banet que j’avais présentée comme la locomotive de l’hortithérapie en Espagne et en Amérique Latine. Et voici le site de l’AEJHST.

  1. Asociación Peruana de Horticultura Terapéutica y Social (APHTS)

Voici une autre locomotive en Amérique latine : Daniela Silva-Rodríguez Bonazzi est présidente de l’Asociación Peruana de Horticultura Terapéutica y Social. Mais aussi directrice de l’Instituto de Horticultura Terapéutica dont le nom et la mission de formation évoquent beaucoup le Horticultural Therapy Institute où elle a étudié. Deux lieux pour se renseigner : en ligne et sur LinkedIn. Pour en apprendre plus sur Daniela, c’est par ici.

L’Australie pratique l’horticulture thérapeutique

Quand j’ai commencé à explorer l’hortithérapie en Australie, j’avais bon espoir de trouver des pistes intéressantes. Assez vite, la Therapeutic Horticulture Association (THA) est apparue sur les radars (pour la suivre sur LinkedIn). Sa mission est clairement énoncée : « Nous sommes une association nationale de membres représentant l’horticulture thérapeutique en Australie. Nous soutenons les personnes et les organisations dans l’utilisation de l’horticulture pour la santé et le bien-être à travers des réseaux, la formation, l’éducation et la recherche. »

Pendant la conférence annuelle de THA à Melbourne en octobre 2022

C’est avec Leigh McGaghey, vice-présidente de THA, que j’ai eu le plaisir d’échanger pour vous faire découvrir ce qui se passe « down under ». Voici comment Leigh se présente en ligne. « Elle vit et travaille à Sydney où elle conçoit des jardins réparateurs pour des clients privés, en même temps qu’elle consulte pour des services de thérapie horticole dans des maisons de retraite, des logements multi-résidentiels et à travers la communauté. Leigh et son mari psychologue ont créé Wired for Nature en 2018 pour compléter les stratégies traditionnelles de conseil psychologique par des pratiques d’hortithérapie et d’autres activités d’engagement dans la nature.

Les stratégies qu’ils conçoivent sont fondées sur des preuves neurologiques, issues d’une compréhension de la façon dont nos cerveaux sont « câblés » pour répondre à la nature. Diplômée en architecture paysagère, en éducation des adultes et en thérapie récréative, Leigh a pu combiner ces disciplines pour étayer son travail et s’intéresse particulièrement à la promotion de l’horticulture thérapeutique en tant que profession identifiée, ainsi qu’à la promotion de l’éducation et des voies de formation pour les praticiens. L’amour de la science, des jardins, de l’écologie et de la perte dans son propre jardin désordonné signifie que la vie est en constante évolution et que les personnes qu’elle rencontre dans le cadre de son travail et de ses activités de bénévolat sont une source d’inspiration [et de fun]. »

Leigh McGaghey, vice-présidente de Therapeutic Horticulture Association (THA)

Quel est le parcours qui vous a amenée à l’horticulture thérapeutique ?

Ma première carrière dans la finance était devenue insatisfaisante et le monde naturel m’attirait. Dans les années 1980-1990, je me suis tournée vers le métier d’architecte paysagiste même si ce n’était pas un choix idéal. C’était un milieu très misogyne. De plus j’avais un jeune enfant et cela n’a pas été facile de finir mes études. Cependant, j’y suis parvenue. Après quelques années, j’ai commencé à enseigner l’horticulture dans un programme de formation professionnelle. Il se trouve qu’il y avait là un bâtiment dédié à l’horticulture pour des jeunes porteurs de handicaps avec des ergothérapeutes, des kinés, des assistants sociaux qui travaillaient avec eux. Ce fut mon premier aperçu. Je me suis dit que ça avait l’air sympa.

Quels types de projets poursuivez-vous actuellement ?

Mon mari est psychologue et nous partageons un bureau. Il ne me demandait pas mon avis, mais j’ai commencé à suggérer que les patients pourraient bénéficier de visites dans un jardin. Il était d’accord car il lui semblait qu’il y avait souvent une déconnexion, quelque chose qui manquait pour ses patients. A partir de 2018, nous avons combiné son expérience de psychologue et mon expérience avec les plantes et la création d’environnements biophiliques. Je dois dire qu’en Australie, la psychologie est plutôt conservatrice. Par exemple, la psychologie environnementale n’est pas reconnue! En tant que psychologue, il doit se battre.

Grâce notamment aux réseaux sociaux, ce qui est assez peu conventionnel, nous avons commencé à travailler avec des jeunes qui connaissaient des problèmes de santé mentale en les guidant vers une compréhension des neurosciences tout en les aidant à mettre les mains dans la terre. Nous ne parlions pas directement de problèmes psychologiques. Personne d’autre ne faisait cela. Puis d’autres personnes travaillant dans des structures qui hébergent des personnes âgées ont commencé à me contacter. Mais c’est alors que le Covid a frappé. Nous avons fonctionné sous forme de clubs de jardinage en ligne, de manière informelle.

Pouvez-vous expliquer pourquoi en Australie vous utilisez le terme d’horticulture thérapeutique plutôt que d’hortithérapie ?

C’est une question de sémantique. En Australie, vous ne pouvez pas vous appeler thérapeute à moins d’avoir des diplômes spécifiques. C’est lié au système médical gratuit, les professions médicales et paramédicales sont subventionnées. Utiliser « horticulture thérapeutique » met plus l’accent sur l’horticulture et moins sur la thérapie. Il y a un mois, il y a eu un changement. Par exemple, vu mes diplômes, je ne peux plus me dire thérapeute. Qui a fait pression pour cela ? L’association des ergothérapeutes et d’autres personnes ayant des diplômes universitaires qui voulaient préserver leurs titres. Cela n’aide pas le public d’avoir cette confusion interne et cette complexité autour de notre nom.

Voici la définition de l’horticulture thérapeutique développée par la THA.

Parlez-nous de THA.

J’avais eu l’occasion de présenter notre travail en 2018 à la première conférence de THA. A partir de là, mon implication a grandi dans l’association et j’ai rejoint le CA il y a 10 mois. La difficulté est que chaque état australien avait son association. Par exemple en Nouvelle-Galles du Sud (New South Wales en anglais), l’association Cultivate représentait l’horticulture thérapeutique et sociale. Il y a eu un effort pour se rassembler afin de faciliter le développement et de favoriser la reconnaissance de notre discipline.

Nos membres viennent à 51% des professions médicales et alliées et à 49% des métiers de l’horticulture et du paysagisme. Environ 10% ont une double qualification et peuvent utiliser le terme hortithérapeutes. Nous avons environ 200 membres (il y a plusieurs types de membres, un peu comme dans la Fédération Française Jardins Nature et Santé). En octobre 2022, nous avons tenu notre conférence nationale avec une soixantaine de membres présents à l’Université de Melbourne. Nous sommes concentrés dans les principales villes : Sydney en Nouvelle-Galles du Sud, Melbourne dans l’état de Victoria et aussi Adelaïde en Australie du Sud.

Notre mission est d’encourager et de soutenir l’horticulture thérapeutique fondée sur des preuves, éthique et centrée sur la personne en Australie et de développer une industrie robuste, professionnelle et éthique qui soit largement reconnue, appréciée et utilisée.

Une session pendant la conférence annuelle de THA en octobre 2022

Où en êtes-vous en Australie dans l’acceptation et le développement de ces interventions justement?

Je pense que nous ne sommes pas aussi avancés chez nous qu’aux Etats-Unis ou en Europe. Nous travaillons sur la formation car ce n’est pas une profession reconnue officiellement. Elle n’entre pas dans les statistiques gouvernementales. Elle est encore mal définie. L’état actuel de l’éducation est très contesté. Les institutions ne sont pas convaincues qu’il existe un besoin suffisant. Avec 25 millions d’habitants en Australie, nous pensons qu’il y a une économie d’échelle.

Les principaux secteurs qui se sont développés sont le secteur du handicap avec beaucoup de foyers résidentiels qui ont des programmes d’horticulture thérapeutique, le domaine de l’aide sociale et du logement social avec des institutions publiques et des associations qui travaillent ensemble pour apporter le jardinage aux résidents ainsi que dans les prisons. De plus, des programmes ciblent les immigrants via l’action sociale (est-ce que cela vous rappelle l’Autriche ?). Par contre, l’horticulture thérapeutique n’est pas très représentée dans le domaine de la psychiatrie en Australie. (Comme dans d’autres pays, la pratique s’adresse aux personnes âgées souffrant de troubles cognitifs comme le décrit ce reportage.)

Vous avez un intérêt pour la recherche en Australie.

Oui par exemple, il existe un projet de recherche universitaire en cours sur la prescription nature (Nature Prescribing). L’hortithérapie fait partie des outils thérapeutiques de cet « engagement dans la nature » identifiés dans cette recherche.  C’est très intéressant car le projet a permis de créer un cadre pour la manière dont la prescription de nature peut fonctionner en Australie. Voici une mise à jour de l’université sur le projet.

Deux autres acteurs marquants

Tara Graham-Cochrane est présidente de THA. « Tara est une architecte paysagiste primée au niveau international, spécialisée dans la conception de paysages thérapeutiques et de guérison pour les secteurs des soins de santé, des soins aux personnes âgées, du handicap et de l’éducation en Australie. Tara est convaincue que les environnements physiques peuvent être conçus pour réduire le stress, améliorer la santé et favoriser le bien-être des personnes. »

Steven Wells est infirmier et pratique l’horticulture thérapeutique depuis 30 ans. Découvrez son profil sur LinkedIn, ce que son employeur Austin Health dit de son travail depuis 2005 et visitez son jardin personnel dans ce reportage d’octobre 2022.

Bonne découverte de nos consoeurs et confrères australiens et bien sûr bonne année 2023.

Steven Wells de Melbourne, Australia : « Coordinateur des jardins et espaces verts, thérapeute horticole, horticulteur thérapeutique du projet de bien-être du personnel et infirmier à Austin Health ».