Anna Six : « Je revendique le droit au jardin pour tous »

Fondation Truffaut Juin 2017 165408

Vous avez découvert Anna dans le dernier billet. En pleine reconversion professionnelle à l’Ecole du Breuil où elle est en train de terminer une licence professionnelle Eco Paysage Végétal Urbain, elle amène un regard nouveau et une grande sensibilité aux jardins de soin. Après une formation initiale en arts appliqués, elle se lance d’abord dans le métier de sérigraphe et de dessinatrice textile en agence. Mais il lui manquait quelque chose. « Il y a un an et demi, j’ai eu une grosse remise en question. J’étais intéressée par la permaculture, le lien social. Le jardin me travaillait », raconte-t-elle.

Sur lettre de motivation, elle intègre la 3e année de la licence à l’Ecole du Breuil. Dans le cadre de son stage en alternance, elle rencontre Florence Pougheon Pultier du Conseil général des Hauts-de-Seine qui s’intéresse de près aux vertus du jardin thérapeutique. Une rencontre déterminante puisqu’Anna assiste aux ateliers du Parc des Chanteraines et rédige un mémo sur les bénéfices des jardins de soin pour les usagers (en chemin, elle rencontre aussi Stéphanie Personne et Laure Bentze de Terr’Happy qui viennent de rendre une étude détaillée sur le jardin thérapeutique du Parc des Chanteraines). Mais le Conseil général a d’autres projets dans les cartons et Anna se met au travail sur la requalification d’un jardin pédagogique sur l’Île Saint-Germain.

« C’est un jardin qui a 20 ans et qui est devenu obsolète. L’idée était de le rendre accessible aux personnes à mobilité réduite, aux personnes âgées atteintes de la maladie d’Alzheimer, aux personnes souffrant de déficiences intellectuelles et aux collégiens. J’ai imaginé un projet de jardin que je présente au Conseil général ces jours-ci », explique Anna. Tonnelle, fruitiers, le jardin conçu par Anna offrira plusieurs ambiances malgré quelques difficultés d’accessibilité inhérentes à la topologie. « On revendique le droit au jardin pour tous, en autonomie ou accompagné, pour participer à des activités ou juste pour profiter. »

Un parcours de rencontres

Elle revient sur le concours Truffaut qu’elle a gagné il y a quelques semaines. « Daniel Joseph de la Fondation Truffaut est venu nous présenter le concours. Je l’ai pris comme exercice pour réfléchir de A à Z à un projet. Je savais que Truffaut travaillait déjà avec l’hôpital Robert Debré qui est proche de chez moi et qu’il y avait d’autres pistes possibles. Comme je suis un peu perfectionniste, j’ai eu pas mal de rendez-vous et d’échange avec les équipes ainsi que de la réflexion en dehors des cours. L’équipe était très motivée », raconte Anna qui a également bénéficié du soutien d’un de ses enseignantes, Anne Breuil.

Quels enseignements tire-t-elle du concours ? « Il y a beaucoup à faire, c’est passionnant. J’ai l’impression que nous avons pas mal de retard. Parler de jardin thérapeutique reste difficile en France, les Anglo-saxons ont moins de complexe. » Cet été, Anna est en train de rédiger son rapport sur le projet de l’Ile Saint-Germain qu’elle présentera en septembre pour l’obtention de la licence, partenariat entre l’Ecole du Breuil, Paris Sud et le Muséum d’Histoire Naturelle. « On constate que les malades sont trop peu amenés au jardin et inversement le jardin de soin ne devrait pas être réservé aux malades. A l’Ile Saint-Germain, on traverse le parc pour aller au jardin. Marcher, observer les oiseaux et les libellules, c’est déjà énorme. Faire des ateliers, c’est un plus. » Anna a initié des partenariats avec un CITL (Centre d’Initiation au Travail et aux Loisirs) car elle constate qu’il peut être intéressant d’externaliser les ateliers jardins par manque de moyens sur place, avec une maison de retraite aussi. Elle aimerait travailler sur le lien aidant-aidé.

Et après la licence ?

Anna adorerait réaliser le jardin perché à Robert Debré. Elle aimerait bien travailler avec Terr’Happy aussi. « Je suis attirée par le rapport entre la nature et le bien-être. Dans le fait de travailler avec une collectivité locale comme le Conseil général, j’aime agir sur le bien commun, au sein de la ville. Tout se joue au gré des rencontres. » Je pense que nous retrouverons Anna dans les mois à venir, comme Romaine Glotain, la gagnante du Concours Truffaut 2016. Décidément ce concours fait émerger les talents. Je remarque aussi que la « scène » parisienne du jardin de soin est en train de décoller…

Vous pouvez joindre Anna (anna.six (at) laposte.net).

 

L’esprit qui anime Nicole Brès

Depuis notre première rencontre en 2014, Nicole Brès est intervenue plusieurs fois pour rapporter des rencontres et pour nous parler de sa propre pratique. Un exemple avec ce billet où elle décrivait comment elle fusionne l’art-thérapie et l’hortithérapie. Si je devais répertorier les effets positifs de ce blog depuis cinq ans, devenir amie avec Nicole serait sans aucun doute en haut de la liste. Dans ce nouveau billet, elle revient sur sa pratique actuelle dans quatre lieux franciliens. Nicole Brès est joignable à natureenvilletherapie (at)gmail.com.

Faire le point à Simon de Cyrène : J’ai passé la phase d’adaptation à cette structure pilote de lieux de vie pour personnes handicapées cérébro-lésées. Adaptation des deux côtés : eux à moi et moi à eux. Elle a été facilitée par les déjeuners communautaires du lundi où je suis invitée. J’y rencontre tous ceux qui participent à ce projet pilote et je réponds volontiers à ceux qui me demandent « ce qui se passe dans le jardin ». Et « C’était pas gagné d’avance », comme m’a dit le responsable médico-social il y a un an.

Les ateliers ont un cadre fixe : la périodicité (hebdomadaire), le jour (lundi), l’heure 10h-11h30 et 14h-15h30), le nombre maximum de soignés par groupe (5) et la présence à mes côtés d’une assistante travaillant dans l’établissement. Les comptes-rendus hebdomadaires (texte et photos), envoyés aux responsables, ne sont pas des récits de ce que l’on a fait au jardin, mais des observations phénoménologiques sur les soignés. Ils sont le lien entre moi, prestataire extérieure, et l’équipe. Ils viennent nourrir la prise en charge 24 heures sur 24 qu’assurent les jeunes services civiques, les stagiaires et les salariés de Simon de Cyrène Vanves. J’y mets des questions sur les soignés et des informations sur « ce qui se passe au jardin ». Je reçois des réponses orales ou écrites. En juillet et en décembre, une réunion avec l’équipe de direction permet de parler des objectifs et de l’organisation de mes interventions.

Les plus sont les sorties (une par saison, un lundi) et les invités que l’on reçoit. Ils découvrent le jardin et/ou viennent nous aider ponctuellement (construction de la cabane, arrachage de buissons, montage de la pergola).

Pendant mes ateliers, c’est notre lien avec la Nature qui est visité, dans toutes ses dimensions : observation, plantation et compréhension des écosystèmes mais aussi landart. L’hiver, confection de tablier de jardiniers, de terrarium, d’empreintes de végétaux dans du plâtre et temps d’imprégnation de la Nature qui nous entoure quelque soit la saison. S’émerveiller est pour moi l’objectif à atteindre, celui qui ouvre la porte sur la santé au sens de la Salutogenèse (1).

Prendre le temps de ressentir, et parfois de dire ou d’écrire ce que nous fait cette visite à Dame Nature. S’ancrer ainsi dans le réel quand la maladie ou le handicap vous est tombé dessus, vous déracinant de votre quotidien et vous interrogeant sur le sens de la vie. Voir dans les cycles de la nature que chacun a sa place et que « rien ne se perd, tout se recycle ». Toucher au jardin le sol qui vit des végétaux et insectes morts pour nourrir une autre vie. La Nature est un livre ouvert, un livre vivant et bienveillant qui donne sens à notre propre vie. Au jardin, c’est le plaisir qui est convoqué, certainement pas le labeur subi ou l’endroit où « rien ne va comme je veux ». Dans notre jardin on essaye, on cherche, on regarde et on se réjouit de ce que l’on a créé avec le végétal. Cela demande de collaborer avec la nature, de reconnaître ses dons et de la laisser faire. Nous construisons ensemble petit à petit un jardin naturel, sans intrants (éléments venus de l’extérieur).

Pas facile pour nos esprits cartésiens qui ont peur de s’en remettre à un élément qu’ils ne maîtrisent pas ! La fréquentation depuis deux ans de têtes qui ne fonctionnent plus « dans la norme » m’a aidée à lâcher prise. Je continue à m’émerveiller de leurs réponses à mes sollicitations, je me nourris de leurs sourires et de leur incroyable vitalité.

A part quelques pieds de tomates l’été, nous ne plantons pas de légumes mais des fleurs pour l’agrément de tous. Un jour peut-être il y aura une serre et des semis et un lien avec la cuisine. Pour l’instant le compost se met en place. Le lundi avec moi, le jeudi les résidents s’impliquent sans moi dans cette tâche : c’est un grand pas vers l’appropriation du jardin.

Savoir, comme les plantes, s’adapter à son milieu tout en gardant son ADN 

La première année fût celle de l’installation, la deuxième est celle de l’appropriation. La troisième, je crois bien, sera celle de l’aménagement puisqu’un budget d’investissement a été demandé. Nous attendons la réponse du Conseil général pour des travaux de terrassement qui permettront une circulation aisée et un boulodrome.

En mars 2015, ma proposition d’aménagement a un peu affolé la direction. Les ateliers jardin devaient s’organiser dans le lieu tel qu’il était, avec ce qui était. J’ai squatté un premier espace et montré le bénéfice de ce temps d’atelier. Faire et faire savoir, chercher l’aval de tous et avancer lentement est ma méthode. Tout en tenant le cap, ce premier plan d’aménagement est revisité, questionné et parfois changé : je le reprends régulièrement en me posant des questions et en y marquant ce qui a été installé : la cabane, un premier bac de plantation inamovible, deux bancs, les deux bacs à compost, etc. Savoir, comme les plantes, s’adapter à son milieu tout en gardant son ADN ! Ce jardin existait quand je suis arrivée, il est modifié petit à petit pour devenir un lieu où l’on a envie d’être. Et être est déjà tout un programme.

Dans toute la France s’ouvrent des maisons Simon de Cyrène. A Rungis et à Angers je suis allée parler des bienfaits des ateliers jardin et expliquer que le dehors peut être pensé avec les bâtiments, pas après comme un plus que l’on rajoute… ou que l’on doit modifier parce que, à l’usage, le chemin est impraticable en fauteuil ou le terrain est fait de trous et de bosses.

L’ESAT Ecodair

J’ai d’autres ateliers jardin avec d’autres populations.

A l’ESAT Ecodair (Paris, porte d’Aubervilliers), j’emmène un petit groupe de travailleurs avec des handicaps psychiques retrouver la Nature au square Rosa Luxemburg, dans le jardin partagé géré par l’association Vergers Urbains. Là, nous avons un bout de terrain et plantons des fleurs et des légumes à côté d’autres groupes. Ce jardinage dans un lieu public se fait au contact d’enfants, de curieux, de jeunes qui se promènent, qui viennent voir ce qui pousse et nous poser des questions. Cet atelier type 2 (2) sort les travailleurs de leur contexte : ils marchent jusqu’au jardin et ils acceptent de s’exposer à l’inconnu.

La Nature est un sujet d’observation et d’émerveillement, et un bol d’oxygène dans leur journée de travail. Le temps d’atelier se termine toujours par une infusion et un temps de mémorisation de ce que l’on a fait. Régulièrement je remplace l’atelier par une balade dans la ville, le plan de Paris en poche et les yeux grands ouverts. Nous cherchons les clins d’œil que la Nature nous fait dans la ville : à chaque coin de rue, à chaque interstice entre deux pavés, dans chaque craquelure de béton, sur les façades des bâtiments. L’un des participants m’a dit récemment : « Ce que j’aime c’est qu’on fait pas toujours la même chose. » Et un autre : « Maintenant je remarque plein de choses quand je marche dans la rue. » Ils vivent le contact avec la terre et les végétaux dans la ville comme un temps d’oxygénation pour le corps et l’esprit.

En mars, nous avons fait, dans l’ESAT, nos premiers semis en serre-bouteille parce qu’un encadrant de l’ESAT nous a apporté des graines de son jardin. C’est un premier lien entre la structure et mon petit groupe appelé « les courageux qui sortent même quand il pleut ». Ces graines germées en serre-bouteille seront replantées dans des jardinières que nous sommes en train d’installer sur une petite terrasse de leur bâtiment. Et nous y mettrons des graines données par Rustica dont les bureaux sont…devant cette terrasse !

Le potager de la ferme du Parc des Chanteraines

Dans le potager de la ferme du Parc des Chanteraines (à Villeneuve-la-Garenne) depuis septembre 2016, je retrouve régulièrement Claude Drothière (voir ce billet de juin 2016) et deux groupes d’adultes venant de CME (centre médico éducatif). Je co-anime les 2 ateliers au potager avec Claude. Tous sortent de leur centre pour venir jardiner, c’est une autre démarche. Nous ne sommes pas « chez eux » mais dans un lieu qu’ils investissent puis quittent.

Avec Claude, j’apprends les gestes classiques au jardin : faire des semis, préparer le sol pour des plantations etc.. A côté de nous, les jardiniers de la ferme apprennent à faire des buttes de permacultures, à tailler les fruitiers d’une autre manière, à gérer leurs plantations dans la serre autrement. Et c’est ce qui m’intéresse : voir plusieurs façons de jardiner et vivre une période de questionnement sur l’organisation des ateliers et la création d’un potager pédagogique ou/et thérapeutique. L’association Terr’happy a été mandatée pour y évaluer les bénéfices et présenter des pistes d’orientation.

La Pitié-Salpêtrière

Et puis, il y a mes rendez-vous à la Pitié-Salpêtrière dans la cour de pédopsychiatrie avec Anne Ribes. J’y suis nommée stagiaire depuis trois ans. La magie continue d’opérer quand j’arrive dans ce vieil hôpital qui est, en plein Paris, un jardin immense. Je le vis comme un pèlerinage qui passe devant le lieu où enseignait Charcot, devant les maisonnettes où étaient enfermés les « fous », puis je rentre avec Anne dans le bâtiment moderne de pédopsychiatrie pour accéder dans la grande cour au jardin qu’elle a créé il y a 19 ans. Il est comme la relique du lien qui unissait autrefois Nature et psychiatrie. Quand retrouverons-nous une médecine qui intègre les bienfaits du contact avec la Nature?

Ces ateliers m’ont appris la patience et la juste présence qu’il faut pour être disponible aux enfants autistes qui viennent dans ce jardin clos. Être aux côtés d’Anne avec l’équipe encadrante me donne des pistes et nourrit ma réflexion. C’est souvent un échange sur l’actualité des jardins de soin et sur nos pratiques holistiques. Je mesure la chance que j’ai de pouvoir venir et d’être intégrée par l’équipe du centre de jour pour ce temps dans le jardin d’Anne. Sur place Stéphane, éducateur, a aussi la clef du jardin et ouvre parfois la porte du jardin pour d’autres moments « sans Anne ».

Etre en communion avec le lieu reste primordial pour moi et j’aime la diversité de ma pratique. Habitant dans Paris, je vais y chercher le végétal et j’accompagne et j’aide des personnes porteuses de handicaps à s’imprégner de la Nature solide, vivante et généreuse, à interagir avec elle et à exprimer leur ressenti. Et c’est aujourd’hui cette sève qui m’épanouit.

Chaque atelier fonctionne quand il intègre deux pôles : un dispositif (regroupant la définition des objectifs et l’organisation des conditions matérielles) et la disposition interne de chaque personne soignée comme soignante. On vient avec ce que l’on est et l’on s’imprègne du lieu et du groupe avant de commencer. Parfois, il suffit de franchir en conscience la porte du jardin.

3 livres : « La sagesse du jardinier » de Gilles Clément, « La révolution d’un seul brin de paille » de Masanobu Fukuoka et « La part de la Terre » de Louise Browaeys et Henri de Pazzis.

3 sites web : Jardiner malin, Rustica et Le bonheur est dans le jardin.

3 lieux : Les Granges de l’Abbaye de Port-Royal des Champs (Magny-les-Hameaux, 78), la maison du jardinage du parc de Bercy (12e arrondissement) et le Parc Martin Luther King (17e arrondissement).

(1) La salutogenèse, Petit guide pour promouvoir la santé. B. Lindström et M. Eriksson. 4ème tirage 2014, Presse universitaire de Laval. La salutogenèse cherche l’origine de la santé en se concentrant sur les facteurs favorisant la santé et le bien-être (physique, mental, social, etc…) et sur les ressources de la personne, plutôt que d’étudier les causes des maladies (pathogenèse).

(2) Un atelier type 2 en ESAT a pour but l’épanouissement social du travailleur handicapé et son intégration dans la société en relation avec son projet personnalisé.

 

Au Parc des Chanteraines, des ateliers jardin cultivent l’autonomie

Depuis 2009, dans le vaste potager de la ferme du non moins vaste Parc des Chanteraines à Gennevilliers (92), un carré est réservé à des jardiniers assidus venus de deux établissements locaux, le CITL (*) Le Castel de Gennevilliers et l’ESAT (**)/CITL Les Voies du Bois de Colombes. Claude Drothière, jardinier professionnel, prodigue instructions et conseils pour les semis, plantations, arrosages et les mille soins nécessaires à l’épanouissement des plantes. Plus important peut-être, il est un accompagnant régulier, une figure de confiance qui connait bien chaque jardinier. Le mercredi matin à la Ferme du Parc des Chanteraines, on jardine.

Nicole et une jardinière

Nicole et une jardinière

Courant mai, à l’invitation de Florence Pougheon Pultier du conseil départemental des Hauts de Seine et ancienne stagiaire de la formation de Chaumont, je suis allée rendre visite à Claude et à ses jardiniers avec Nicole Brès. Sous un ciel menaçant qui présageait les crues à venir, Nicole et moi avons participé à l’atelier. Le petit groupe, après avoir mis ses bottes à l’abri sous la serre, s’est dirigé vers le carré où il y avait fort à faire : arracher de l’herbe, semer des salades, planter des courges, courgettes et concombres, arroser, cueillir des salades et des radis pour les ramener au centre. Pour tout vous dire, en quelques semaines, j’ai oublié ce que nous avions planté exactement. Mais je garde un vif souvenir d’un profond sentiment de bonheur, simple et puissant. Avec Claude et ce groupe de jeunes femmes, nous avons passé un moment joyeux à toucher la terre, à discuter, à nous extasier. Je suis reconnaissante à toutes et à tous pour cette belle rencontre.

Un atelier de jardinage dans une ferme à disposition du public

Le jour de notre visite était aussi le jour de la tonte des moutons.

Le jour de notre visite était aussi le jour de la tonte des moutons.

« La ferme du parc des Chanteraines propose depuis 2009 des ateliers de jardinage pour accompagner des adultes en situation de handicap mental léger. Ces ateliers proposés deux fois par mois permettent aux personnes accueillies d’établir une passerelle d’apprentissage ou de développer des acquis professionnels qui les aideront à retrouver une autonomie. Les ateliers sont encadrés par un jardinier professionnel recruté par le conseil départemental et les éducateurs spécialisés qui accompagnent les groupes de deux centres d’initiation au travail et aux loisirs de Colombes et Gennevilliers », explique Florence Pougheon Pultier de la Direction des parcs et jardins- Service territorial nord. Quant à la Ferme des Chanteraines, elle remplit plusieurs objectifs : s’inscrire dans le schéma départemental de soutien à l’autonomie des personnes âgées et des personnes handicapées conduit par la direction de l’Autonomie pour développer cette action sur d’autres sites en collaboration avec le PSOL, former les agents volontaires à l’accueil des personnes en situation de handicap et développer l’accueil de groupes sur la médiation animale (la ferme est l’occasion de découvrir poules et lapins, moutons et ânes, cochons et chèvres).

Un jardin, de multiples objectifs

IMG_8412Pour le CITL Le Castel, l’activité jardinage se déroule de septembre à juin (une fois par mois durant l’automne/hiver et deux fois par mois au printemps) à raison de deux heures en petits groupes de 5 ou 6 personnes en situation de handicap mental. Comme le fait remarquer l’éducatrice qui accompagne les participants, la mise en pratique dans le potager et la serre est mise en regard avec des activités théorique comme la visite des serres du Jardin des Plantes ou d’apprentissage du noms des plantes et outils. Dans cet atelier, les jardiniers poursuivent plusieurs objectifs pédagogiques : civiques et sociaux d’abord (s’approprier et pérenniser des actes écologiques dans leur vie quotidienne, favoriser le travail en équipe et le respect des règles, développer la communication, la socialisation et l’entraide,…), mais aussi cognitifs (concentration, observation, écoute, mémorisation, prise d’initiatives, structuration du temps et aménagement d’un espace, assimilation des consignes,…), moteurs (psychomotricité fine, fatigabilité, goût de l’effort,…). Les bénéfices pour les participants sont donc multiples.

Pour le CITL Les Voies du Bois, l’atelier est une façon d’aider les personnes accompagnées à dépasser leurs angoisses au sujet du monde extérieur. Comme le note une responsable, cet atelier est devenu pour certains participants la seule activité où ils parviennent à s’inscrire activement dans la dynamique du groupe et à être investi. « Ce que nous avons observé durant ce temps de jardinage c’est que le côté apaisant de cette activité apporte de la sérénité aux personnes les plus agitées. Au fil des séances une complicité s ‘installe entre les personnes et le jardinier. Ce qui n’est pas négligeable quand on parle de personnes autistes pour qui le rapport à l’autre est synonyme d’angoisse. » Dans le lien avec l’ESAT qui travaille justement sur les espaces verts, l’atelier est une initiation et une découverte d’un potentiel métier. Les jardiniers et les responsables du CITL Les Voies du Bois aimeraient bien venir plus souvent et avoir une plus grande parcelle…

* CITL (Centre d’Initiation au Travail et aux Loisirs)

** ESAT (Etablissement et Service d’Aide par le Travail)