Vous avez découvert Anna dans le dernier billet. En pleine reconversion professionnelle à l’Ecole du Breuil où elle est en train de terminer une licence professionnelle Eco Paysage Végétal Urbain, elle amène un regard nouveau et une grande sensibilité aux jardins de soin. Après une formation initiale en arts appliqués, elle se lance d’abord dans le métier de sérigraphe et de dessinatrice textile en agence. Mais il lui manquait quelque chose. « Il y a un an et demi, j’ai eu une grosse remise en question. J’étais intéressée par la permaculture, le lien social. Le jardin me travaillait », raconte-t-elle.
Sur lettre de motivation, elle intègre la 3e année de la licence à l’Ecole du Breuil. Dans le cadre de son stage en alternance, elle rencontre Florence Pougheon Pultier du Conseil général des Hauts-de-Seine qui s’intéresse de près aux vertus du jardin thérapeutique. Une rencontre déterminante puisqu’Anna assiste aux ateliers du Parc des Chanteraines et rédige un mémo sur les bénéfices des jardins de soin pour les usagers (en chemin, elle rencontre aussi Stéphanie Personne et Laure Bentze de Terr’Happy qui viennent de rendre une étude détaillée sur le jardin thérapeutique du Parc des Chanteraines). Mais le Conseil général a d’autres projets dans les cartons et Anna se met au travail sur la requalification d’un jardin pédagogique sur l’Île Saint-Germain.
« C’est un jardin qui a 20 ans et qui est devenu obsolète. L’idée était de le rendre accessible aux personnes à mobilité réduite, aux personnes âgées atteintes de la maladie d’Alzheimer, aux personnes souffrant de déficiences intellectuelles et aux collégiens. J’ai imaginé un projet de jardin que je présente au Conseil général ces jours-ci », explique Anna. Tonnelle, fruitiers, le jardin conçu par Anna offrira plusieurs ambiances malgré quelques difficultés d’accessibilité inhérentes à la topologie. « On revendique le droit au jardin pour tous, en autonomie ou accompagné, pour participer à des activités ou juste pour profiter. »
Un parcours de rencontres
Elle revient sur le concours Truffaut qu’elle a gagné il y a quelques semaines. « Daniel Joseph de la Fondation Truffaut est venu nous présenter le concours. Je l’ai pris comme exercice pour réfléchir de A à Z à un projet. Je savais que Truffaut travaillait déjà avec l’hôpital Robert Debré qui est proche de chez moi et qu’il y avait d’autres pistes possibles. Comme je suis un peu perfectionniste, j’ai eu pas mal de rendez-vous et d’échange avec les équipes ainsi que de la réflexion en dehors des cours. L’équipe était très motivée », raconte Anna qui a également bénéficié du soutien d’un de ses enseignantes, Anne Breuil.
Quels enseignements tire-t-elle du concours ? « Il y a beaucoup à faire, c’est passionnant. J’ai l’impression que nous avons pas mal de retard. Parler de jardin thérapeutique reste difficile en France, les Anglo-saxons ont moins de complexe. » Cet été, Anna est en train de rédiger son rapport sur le projet de l’Ile Saint-Germain qu’elle présentera en septembre pour l’obtention de la licence, partenariat entre l’Ecole du Breuil, Paris Sud et le Muséum d’Histoire Naturelle. « On constate que les malades sont trop peu amenés au jardin et inversement le jardin de soin ne devrait pas être réservé aux malades. A l’Ile Saint-Germain, on traverse le parc pour aller au jardin. Marcher, observer les oiseaux et les libellules, c’est déjà énorme. Faire des ateliers, c’est un plus. » Anna a initié des partenariats avec un CITL (Centre d’Initiation au Travail et aux Loisirs) car elle constate qu’il peut être intéressant d’externaliser les ateliers jardins par manque de moyens sur place, avec une maison de retraite aussi. Elle aimerait travailler sur le lien aidant-aidé.
Et après la licence ?
Anna adorerait réaliser le jardin perché à Robert Debré. Elle aimerait bien travailler avec Terr’Happy aussi. « Je suis attirée par le rapport entre la nature et le bien-être. Dans le fait de travailler avec une collectivité locale comme le Conseil général, j’aime agir sur le bien commun, au sein de la ville. Tout se joue au gré des rencontres. » Je pense que nous retrouverons Anna dans les mois à venir, comme Romaine Glotain, la gagnante du Concours Truffaut 2016. Décidément ce concours fait émerger les talents. Je remarque aussi que la « scène » parisienne du jardin de soin est en train de décoller…
Vous pouvez joindre Anna (anna.six (at) laposte.net).