L’horticulture thérapeutique se fédère en Europe : Fiona Thackeray et Leila Alcalde font le point

Ce tout dernier article est porteur d’un grand espoir. Depuis quelque temps, se tiennent des réunions réunissant des individus et des associations de toute l’Europe : Royaume-Uni, Espagne, Italie, Allemagne, Suisse, Autriche, Belgique, France, Portugal, République Tchèque et la porte reste ouverte…

Une partie du groupe lors d’une réunion en Allemagne

« Nous nous sommes réunis parce que nous voulions partager nos idées, nos connaissances et nos bonnes pratiques. Nous avons compris qu’en travaillant ensemble, nous pouvions obtenir bien plus que ce que nous aurions pu faire individuellement en travaillant de manière isolée », explique Fiona Thackeray qui a contribué à lancer le mouvement.

Les fidèles de ce blog ont fait la connaissance de Fiona Thackeray pour la première fois en 2015, puis l’ont retrouvée lorsque Trellis, l’association qu’elle dirige en Ecosse, a lancé les Trellis Seminar Series. Cette conférence en ligne rassemble pendant trois jours en mars des hortithérapeutes du monde entier. Déjà cette envie de rassembler qui s’est aussi incarnée dans l’organisation depuis deux ans du World Therapeutic Horticulture Day (WTHD).

Pour cette double interview, Fiona était en compagnie de Leila Alcalde Banet que j’avais décrite en 2022 comme la locomotive de l’hortithérapie en Espagne et en Amérique Latine. Formée et exerceant en Angleterre, Leila a cofondé l’association espagnole d’horticulture et de jardinage social et thérapeutique ou AEHJST (Asociación Española de Horticultura y Jardinería Social y Terapéutica).

Si vous êtes très pressée, tout est dit dans cette vidéo commune créée à l’occasion des 50 ans de l’AHTA en 2023 et décrivant la coopération européenne dans le champ de l’hortithérapie. Si vous avez un petit moment et que vous voulez savoir comment le projet a évolué depuis un an, écoutez Fiona et Leila en parler. Quel plaisir de terminer cette aventure de 12 ans avec un entretien avec ces deux femmes extraordinaires et inspirantes.

Fiona et Leila, d’où est venue cette envie de se rassembler ?

Fiona. C’est un problème universel dans notre domaine : l’isolement des professionnels entrave leur développement. Trellis s’est toujours vue comme une organisation professionnelle de substitution parce que c’est beaucoup plus facile pour les professions organisées comme les médecins, les infirmières ou les enseignants qui peuvent se rencontrer entre pairs. Ils peuvent se féliciter de leurs succès, se plaindre des difficultés et partager entre eux. Mais dans notre profession, être isolée au sein de l’hôpital ou de l’institution peut retarder le développement.

Pendant le Covid, quand nous avons remplacé notre conférence traditionnelle par des séminaires en ligne, nous avons vu à quel point les participants et les participantes apprenaient dans les présentations. Cela leur montre combien ils ont en commun. Nous faisons partie du même mouvement, nous faisons les mêmes choses ici qu’en Islande ou dans les Caraïbes. Mais aussi « Wow, vous faites ça, je n’y aurais jamais pensé, j’ai appris quelque chose de nouveau ». C’est fondamental et inspirant.

Naturellement nous avions plus de contacts en Europe et nous sommes restés en contact après la première année de séminaires en ligne. Et puis nous nous sommes rendues à un évènement organisé par IGGT (Internationale Gesellschaft Gartentherapie) en Allemagne. C’est là que l’idée de formaliser ce groupe est arrivée, même si c’était déjà en cours car Andreas (Niepel, président de IGGT) gérait déjà un groupe informel. C’est le Covid et la capacité de se rencontrer en ligne sur Zoom qui a permis de formaliser les choses.

Je me suis éloignée de la question. Essentiellement, c’est l’isolement des professionnels qui est au cœur de notre démarche !

Leila. Dans mon cas comme je suis Espagnole et que je vis au Royaume-Uni, je peux ressentir l’isolement. Avec l’association espagnole, c’est ce que je voulais faire. Par exemple, nous avons une réunion mensuelle pour rester en contact. Et par ailleurs, je voulais me mettre en contact avec des gens dans d’autres pays pour apprendre d’eux. Nous avons l’impression que les Etats-Unis sont une sorte de modèle que nous essayons de suivre et en fait on se rend compte qu’eux aussi se battent toujours pour se réunir.

D’où l’idée de commencer ce groupe européen. Nous savons que c’est difficile car nous voulons faire tant de choses. La volonté est là, mais ce sera long. C’est important de se rassembler, d’avoir un organisme et de contribuer au développement des compétences. Le modèle américain ne sera peut-être pas pertinent pour nous en Europe.

Fiona. Si je peux ajouter quelque chose, nous voyons beaucoup de recherche sur les interventions basées sur la nature et le « green care », avec une popularité croissante depuis que tout le monde a passé du temps confiné à l’intérieur pendant le Covid. Cela a ajouté une urgence à notre inquiétude qu’il n’y ait aucun standard de qualité. Nous y travaillons depuis un moment et nous aurons bientôt une qualification professionnelle approuvée en Ecosse. Cela fait bientôt deux décennies que nous souhaitons avoir une organisation professionnelle ! Malgré tout, il y a encore des gens qui n’ont jamais entendu parler de nous. Le jardin thérapeutique reste une intervention de niche que peu de gens connaissent. Le manque de reconnaissance, comme l’isolement, font obstacle aux financements, au développement professionnel et à l’échange des pratiques.

En parallèle d’établir un organisme professionnel et des standards de qualité en Ecosse et au Royaume-Uni en général car nous travaillons avec Thrive, nous avons vu que si nous pouvions établir des standards au niveau de l’Europe, de manière souple, ce serait une façon de gérer ces gens qui prétendent faire de la thérapie sans aucune formation. C’est inquiétant. Nous pensons que c’est bénéfique d’avoir ce mouvement européen avec des standards communs. Ce sera d’une grande puissance.

Quelles sont vos priorités ?

Fiona. La priorité, ce sont les connexions, l’échange, apprendre les unes des autres. Mais nous avons beaucoup travaillé pour nous mettre d’accord sur les compétences essentielles, les core competencies. C’est le travail que Leila a pris à bras le corps depuis un an. Je vais la laisser en parler.

Leila. Quand nous nous sommes rencontrées l’an dernier, nous avons décidé de nous focaliser sur quelques points pour commencer à avancer. Les compétences essentielles étaient le point important. Cela nous a pris presqu’une année. Nous avons partagé les compétences couvertes dans nos différentes formations et nous avons identifié celles qui étaient communes dans tous les pays. A partir de cette liste, nous les avons réduites à cinq grandes compétences pour simplifier. Nous en sommes maintenant à déterminer le nombre minimum d’heures de formation nécessaires pour acquérir ces compétences et être reconnue comme une professionnelle dans chaque pays.

Si quelqu’un se forme en France par exemple et déménage en Allemagne, nous voulons que la formation soit reconnue. C’est un point qui nous semble important et utile pour la profession.

Pour l’instant, les cinq domaines fixés entre les participantes aux réunions sont : santé humaine et bien-être, connexion à la nature et horticulture thérapeutique, connaissances de base en horticulture et jardinage, gestion d’un groupe thérapeutique, programmation des activités.

Fiona. En Ecosse, nous avons développé une liste de compétences car nous voulions voir ce que faisaient déjà les différentes formations existantes. Nous voulions voir où étaient les lacunes et ensuite nous avons écrit de nouveaux modules. Nous avons partagé ce travail avec le groupe européen pour en faire un point de départ. Nous avions trois domaines : l’horticulture, la santé et le soin et l’horticulture thérapeutique. Avec les différentes perspectives dans le groupe européen, nous en sommes arrivés à cinq compétences. C’est un énorme travail de triangulation qu’ont fait Leila et Ania (Balducci).

A notre réunion en mars, nous avons aussi discuté du vaste panel de formations en Europe. En Italie, il y a un master et uniquement un master (à l’Université de Bologne, ndlr). Ailleurs, ce sont des diplômes de techniciens. Nous avons décidé de nous concentrer sur les compétences de base, plutôt au niveau technique.

Leila. Oui, c’est cela. Par exemple, en Espagne, la formation n’est pas reconnue. Nous ne formons pas les gens pour devenir des praticiens. C’est encore nouveau. Nous voulons simplement partager une compréhension du domaine. Nous formons principalement des professionnels, des psychologues, des ergothérapeutes par exemple. Nous voulons avoir des formations au niveau universitaire et ce travail nous donne un modèle.

La question des niveaux de formation est importante. Nous sommes d’accord que les « praticiens » sont un niveau intermédiaire.  Au-dessus, il y a les formations au niveau master pour former des experts. Certains pays ont des formations de 200 heures et d’autres de 80 heures. Nous voulons aussi avoir une idée claire des pays qui ont des formations reconnues officiellement.

Fiona. Le travail de notre groupe permet d’alimenter ces discussions sur les définitions et le besoin d’organisations professionnelles. C’est un bon échange, c’est productif.

Leila. A la dernière réunion, nous avons commencé à voir la lumière au bout du tunnel. Nous avions commencé avec une idée et là on commence à y voir plus clair.

Fiona. C’est un énorme travail qu’a fait Leila. Elle a tout mis dans un grand tableau.

Leila. Oui, j’ai rentré toutes les compétences par pays en surlignant celles qui étaient le plus souvent présentes. Quelqu’un a suggéré qu’on regarde les cinq principales. On a bien avancé. En résumé, nous voulons définir des exigences minimales pour se définir comme professionnelles quelque soit le mot utilisé dans chaque pays. Par exemple, au Royaume-Uni, on parle de « practioniers » et ailleurs il y a d’autres mots. Nous voulons savoir que, quelque soit le nom, on est au même niveau de compétences, qu’on a étudié les mêmes sujets.

Fiona. Oui, nous avons essayé de ne pas nous enliser dans la sémantique et nous y sommes parvenues. Nous voulons savoir ce que nous faisons qui est commun.

En lançant ce mouvement européen, il est aussi utile de regarder comment évolue le modèle américain qui, bien que plus ancien, connaît ses propres difficultés.

Fiona. Oui, j’ai lu un article qui parlait de l’avancement de l’horticulture thérapeutique aux Etats-Unis. Dans l’article de Derrick Stowell et al. qui est une enquête des membres d’AHTA (voir ci-dessous), ces derniers se plaignaient beaucoup et cela peut nous aider. Ils se plaignaient que l’AHTA faisait les choses d’une manière qui leur rendait la vie plus difficile et aussi ils attendaient des choses que l’AHTA ne faisait pas et que nous sommes déjà en train de faire. C’est bon de savoir que les praticiens partout dans le monde veulent ces mêmes choses.

Les membres étaient frustrés que la profession ne se soit pas développée autant que d’autres professions qui ont commencé en même temps ou même plus récemment (comme la recreational therapy). Parce que les Etats-Unis sont si grands, c’est difficile de se déplacer pour les formations même si maintenant il y a plus de formations en ligne. Donc les membres étaient frustrés que la profession ne soit pas plus reconnue, que la rémunération soit si basse. Il y avait une frustration de ne pas plus échanger entre professionnels, de ne pas plus se réunir. Et là, en Europe, nous faisons les choses correctement !

Nous avons encore beaucoup de chemin à faire, nous n’avons pas d’association professionnelle, toutes les formations. Mais  nous notons qu’un pays qui a une association professionnelle a aussi des difficultés. Nous avons déjà prévu d’éviter certains problèmes en mettant en place certaines structures/politiques réclamées par les membres américains, et nous devrons en éviter d’autres en tirant les leçons de leur expérience. Mais nous avons tellement de choses en commun que c’était très instructif.

(Dans son intervention au IPPS (International People Plant Symposium) à Reading en juillet 2024, Fiona a donné une présentation intitulée « Growing a global network to help therapeutic horticulture groups flourish » où elle a présenté les avancées du WTHD. Dans sa présentation, elle s’appuie sur deux articles que voici avec un accès au texte complet. Et un constat : d’autres professions se sont structurées et « imposées » plus rapidement que l’hortithérapie ou horticulture thérapeutique.

Wood, C., Bragg, R. and Morton, G., (2024). A qualitative study of the barriers to commissioning social and therapeutic horticulture in mental health care. BMC Public Health. 24 (1), 1197-

Stowell, D.R., Mark Fly J., Klingeman, William E., Beyl, C.A., Wozencroft, A.J., Airhart, D.L., and Snodgrass, P.J. (2021). Current State of the Horticultural Therapy Profession in the United States. Hortechnology. )

Mais au fait, comment s’appelle cette nouvelle organisation, ce mouvement ?

Fiona. Nous avons évolué à partir d’une initiative d’IGGT. Il faut maintenant trouver un nom pour ce « réseau européen ».

Leila. J’ai suggéré la coalition des praticiens ou des entités européennes. Sans doute quelque chose avec le mot « network » ou « coalition ».

Pour revenir à la sémantique un instant, on sent qu’on s’éloigne du terme « horticultural therapy » dans le monde en ce moment et que le terme « therapeutic horticulture » est plus en vogue. A quoi correspond ce changement ?

Fiona. En effet, nous utilisons intentionnellement le terme « therapeutic horticulture ». Car il y avait des formations qui utilisaient « hortitherapy », mais il n’y avait aucun apport sur la thérapie dans leur programme. « Therapist » est un terme qui est légalement protégé et il y a des organismes qui accréditent ces thérapeutes. Ils ont fait ce que nous cherchons à faire : créer un standard qui rassure les gens qui cherchent leur aide que ce sont des professionnels qui ont la formation appropriée. Nous ne recherchons pas une régulation légale dans notre cas, mais nous cherchons à avoir une accréditation qui garantie un certain niveau de formation. Nous évitons les termes « therapy » et « therapist » qui impliquent un niveau master. C’est au-delà de ce que nous proposons de créer et nous ne voulons pas suggérer que c’est équivalent. Ce serait une affirmation dangereuse.

Leila. C’est la même chose en Espagne, on ne peut pas utiliser le mot « therapy » sans un diplôme universitaire d’un certain niveau. C’est un soulagement car autrement cela introduit de la confusion.

Fiona. C’est un compromis. « therapeutic horticulture » est un terme long, que les gens ne connaissent pas. Mais au moins, nous ne faisons pas de fausses affirmations. La représentante belge dans notre dernière réunion exprimait sa frustration car maintenant on forme en Belgique des « hortitherapists » avec des formations courtes et, en tant qu’ergothérapeutes, elle n’est pas d’accord. L’idée est d’avoir un niveau commun de compétences qui est sûr, pour « ne pas faire de mal ».

En plus du grand chantier de la formation, quels autre projets avez-vous envie de lancer ?

Leila. Nous sommes vraiment concentrés sur le projet des compétences essentielles. Pour le reste, nous verrons après. Mais nous utilisons déjà nos réunions pour partager ce qui se passe dans chaque pays. Ania Balducci par exemple a invité un universitaire du département de l’agriculture de Milan. C’est un paysagiste qui a fait des études sur les éléments thérapeutiques du jardin.

Car c’est un autre aspect dont nous avions parlé lors de notre rencontre en Allemagne : labelliser les jardins thérapeutiques. Un jardin pourrait être bénéfique, mais pas thérapeutique. En Espagne, nous disons qu’un jardin thérapeutique est là où a lieu la thérapie. Pour l’instant nous avons mis ce sujet de côté. C’est un des sujets potentiels.

En parlant d’Europe, j’avais envie qu’on revienne sur le master créé cette année en Ukraine qui a été présenté pendant le Trellis Seminar Series 2024.

« Le premier programme éducatif et scientifique interdisciplinaire « Garden Therapy » en Ukraine » est le titre de l’intervention d’Olesia Prokofieva, qui dirige le département de psychologie à la Bogdan Khmelnitsky Melitopol State Pedagogical University et qui est l’une des créatrices du premier master « Garden Therapy » en Ukraine. Je vous invite à écouter son intervention enregistrée en mars 2024. En 2023, ce master n’était encore qu’un projet, aujourd’hui c’est une réalité. Si réel que vous pouvez lire les retours de la première promo dans le document Sowing the Seeds disponible sur le site de Trellis. Sept femmes aux parcours variés – enseignantes, médecin, psychologues, guide touristique,…- qui racontent leur envie de se former à l’horticulture thérapeutique. Fiona explique qu’une chaine de solidarité internationale s’est mise en place pour aider les créatrices du master ukrainien avec des coups de pouce, de l’Autriche à l’Allemagne, de l’Ecosse aux Etats-Unis.

On peut retrouver toutes les vidéos du Trellis Seminar Series 2024 en ligne.

Au-delà de l’Europe, le World Therapeutic Horticulture Day est en train de devenir le jour où on parle du sujet sous toutes ses formes partout dans le monde.

Fiona. Il n’y a pas de reconnaissance sans prise de conscience. Aux Etats-Unis, on a essayé il y a quelques années d’obtenir la reconnaissance, en Ukraine également. Cela n’a pas marché. Aux Etats-Unis, la raison du refus était qu’ils ne pouvaient pas dire combien il y avait de professionnels dans le domaine !

Mais plus on en parlera et plus les gens en auront connaissance, rechercheront cette intervention, la financeront…Et ils ne diront plus « quoi ? » quand ils en entendront parler la prochaine fois. C’est l’intention derrière le WTHD. Et c’est aussi devenu un réseau de connexions, des gens qui se mettent à se parler alors qu’ils ne seraient jamais rencontrés sans cela. La carte du monde se remplit des nations en vert qui participent. Il y aura un WTHD en 2025.

Leila. Nous utilisons cette journée pour organiser des rencontres en ligne. Il y a des pays où les praticiens sont encore plus isolés. C’est une idée géniale. Cette année, c’est devenu encore plus important et ça va continuer à grandir.

Je vous renvoie à une vidéo présentant la journée, le 18 mai de chaque année désormais.

Vous étiez toutes les deux à IPPS en Angleterre ?

Fiona a parlé des retombées du WTHD lors de sa présentation au IPPS (International People Plant Symposium) à Reading en juillet 2024 et voici la trame de sa présentation.

Leila. Je pense que le sentiment a été très positif parce que ce genre de réunions n’existait pas en Europe. Nous avons la chance d’avoir des gens qui sont venus de Corée du Sud, du Canada, des États-Unis ou du Pérou, ainsi que des pays européens. Par ailleurs, le secteur suscite de plus en plus d’intérêt, je pense donc qu’il s’agit d’une combinaison des deux.

Une étude française de premier plan

Je ne peux pas conclure sans un mot sur une étude française, qui était présente à IPPS 2024, une étude randomisée qui vient confirmer l’impact positif d’ateliers d’hortithérapie sur l’anxiété pendant une hospitalisation en psychiatrie. Les résultats de l’étude “plaident en faveur de l’intégration de l’hortithérapie dans les pratiques infirmières psychiatriques”.

“ Impact of horticultural therapy on patients admitted to psychiatric wards, a randomised, controlled and open trial” est une étude lancée dès 2015 à la création du Jardin des Mélisses au CHU de Saint-Etienne. Bravo à toute l’équipe pour ce travail de longue haleine.

Yes !

Andreas Niepel : au cœur de la « gartentherapie » en Allemagne

Andreas Niepel

« What am I ? », répond Andreas Niepel quand je lui demande de se présenter et de décrire son parcours lors d’une conversation en visio courant septembre. « I am a gardener ». Puis il rentre dans les détails. 

« C’est en travaillant dans un hôpital pendant que je faisais mon service militaire que j’ai découvert l’intérêt social et thérapeutique du jardin. Ensuite mon premier travail m’a amené à la production végétale, ce que j’ai détesté. J’avais envie de combiner le jardin et les gens et de devenir un jour un jardinier thérapeutique. Mais cela n’existait pas à l’époque. Quand on a un rêve, soit on le réalise, soit on l’oublie. » Andreas n’a pas mis son rêve de côté. Au contraire, il est devenu une force motrice en Allemagne et bien au-delà, en pratiquant, en enseignant, en écrivant et en fédérant la communauté croissante de la thérapie par le jardin.

30 ans d’expérience

Andreas a rejoint une clinique spécialisée dans la rééducation neurologique et neurochirurgicale – aujourd’hui connue sous le nom de VAMED Klinik Hattingen – où il dirige depuis 1992 le service de jardinage/thérapie horticole à Hattingen en Rhénanie-du-Nord-Westphalie. 

En parallèle, il lance il y a une quinzaine d’année sa propre société de conseil dans le domaine des jardins thérapeutiques (Andreas Niepel Grünplanung) et un institut baptisé « Gardens help live » grâce auxquels il intervient en Allemagne, mais aussi en Pologne, en République Tchèque ou encore en Irak à travers des formations et des séminaires.

Diffuser la culture du soin par le jardin passe inévitablement par l’écriture, en Allemagne comme en France, si on veut sortir de la dépendance à l’anglais. Ce n’est d’ailleurs pas uniquement une question de langue puisque des sensibilités diverses peuvent ainsi voir le jour. Andreas a plusieurs livres à son actif. « Garten und Therapie – Wege zur Barrierefreiheit » (en collaboration avec Silke Emmrich aux éditions Eugen Ulmer, 2005),  « Gartentherapie »  (édité par l’association allemande des ergothérapeutes), « Praxisbuch Gartentherapie » (en collaboration avec Thomas Pfister, 2009) pour ne citer que les principaux.

La 2e édition du « Praxishandbuch Gartentherapie » (manuel pratique de la thérapie horticole) écrit par Andreas Niepel et Gabriele Vef-Georg (2020)

Depuis 2009, cette mission passe aussi par la présidence de la Internationale Gesellschaft Gartentherapie (IGGT), la Société internationale de thérapie par le jardin qui rassemble des associations existantes. « C’est une organisation « parapluie » dont tous les membres sont des institutions, des associations, d’ergothérapeutes par exemple, des universités. L’objectif est de travailler ensemble à un développement de qualité de nos pratiques. »

Le développement de la « gartentherapie » en Allemagne

« En Allemagne, tout commence avec la psychiatrie, comme Pinel en France et Benjamin Rush aux Etats-Unis, avec des patients qui travaillent dans les champs », explique Andreas. « Et puis sont venus les Nazis. Pendant des années après la guerre, il était impossible d’envisager de faire de nouveau travailler des gens dans les champs. Enfin, à la fin des années 1980, est arrivé Konrad Neuberger, psychothérapeute et co-fondateur d’IGGT, qui a relancé le mouvement. C’était comme un champ vide avec des petites fleurs qui poussaient ça et là : des travailleurs sociaux, des pédagogues qui créaient des jardins… ».

Pour sa part, Andreas estime avoir eu de la chance. « J’ai commencé dans cette clinique au point zéro. Le fondateur avait un intérêt personnel pour le jardinage. Il m’a demandé d’écrire un texte sur les effets qu’on pouvait en attendre pour les patients. L’idée était que le jardin devienne une autre « pièce » de soin. » 

Le jardinier d’Hattingen cite un chiffre : presque trois Allemands sur quatre ont un jardin ou en voudraient un. « Alors imaginez parmi nos patients ! Il n’y avait aucun argument contre les bienfaits en tant qu’intervention thérapeutique ». Une semaine après notre conversation, en septembre 2022, Andreas fêtait son 30e anniversaire à son poste à la clinique d’Hattingen.

« Notre programme, comme beaucoup d’autres en Allemagne, s’est développé en commençant petit et surtout en collaborant avec d’autres professions : les ergothérapeutes, les pédagogues, les psychologues. Nous avons fait des projets communs, ils voyaient le potentiel des jardins dans une approche globale », raconte Andreas. « Les art thérapeutes et les musicothérapeutes ont été moins intéressés. Pour nous, l’objectif était de diminuer certaines difficultés et d’augmenter les ressources des patients pour améliorer leur qualité de vie. On parle de promotion de la santé, les frontières sont proches de la pédagogie ou de l’éducation. »

Hortithérapie vs. gartentherapie

A ce stade, il est nécessaire de faire une mise au point sur les termes employés. « Au début en allemand, on parlait d’hortithérapie. Quand je suis allé aux Etats-Unis pour la première fois, je me suis rendu compte que, pour parler d’hortithérapie dans ce pays, il fallait que le patient soit actif. Le patient doit planter quelque chose, avoir une action dans le jardin. En Allemagne, nous considérons que, pour une personne atteinte de démence par exemple, s’asseoir calmement avec le groupe, revivre des souvenirs, être fasciné avec les sens en éveil, est important. » Ainsi, le terme qui est le plus utilisé en Allemagne actuellement est « gartentherapie ».

« La thérapie par le jardin est un processus centré sur le participant, dans lequel des experts formés définissent et vérifient les objectifs individuels et planifient et utilisent des activités liées au jardin ou aux plantes comme outils thérapeutiques pour promouvoir les aspects liés à la santé des participants », explique un texte de la Hochschule für Agrar- und Umweltpädagogik de Vienne (Collège Universitaire de Pédagogie Agraire et Environnementale), membre de la IGGT dont nous avions fait la connaissance à travers Birgit Steininger au mois de juillet.

Andreas Niepel

« Je travaille avec des patients qui ont eu des AVC. Nous commençons le travail très tôt, au chevet du patient. Ils ont des déficits de nature. Je pense à cette vieille dame qu’on a accompagnée dans le jardin en fauteuil roulant. Elle s’est mise à pleurer en disant que cela faisait un an qu’elle n’était pas sortie dehors. Nous n’avons rien « fait » ensemble. » Quand Andreas évoque cette anecdote, je lui parle d’Oliver Sachs qui raconte sa première sortie dans un jardin après un grave accident de manière si éloquente.

« Si nous allons en soins intensifs, nous ne travaillons pas avec des plantes, mais avec l’imagination. « Vous aviez un jardin ? Vous pouvez fermer les yeux et vous y transporter. » La prochaine étape sera d’apporter des photos de leur jardin. C’est de la gartentherapie, mais ce n’est pas de l’hortithérapie », résume Andreas.

Et il va plus loin. « Où plaçons-nous l’hortithérapie dans le modèle biopsychosocial ? Nous en avons parlé pour définir nos pratiques. En fait, ce modèle ne va pas assez loin. La nature a un impact sur l’être humain qui n’est pas pris en compte dans le modèle biopsychosocial. Nous savons depuis les années 1960 que nous pouvons être malade écologiquement. Pour nous, c’est une thérapie écologique en contact avec la nature. »

Une thérapie acceptée qui évolue

« Dès le départ, il a été clair que ces approches étaient acceptées. Mais était-ce sérieux ? Etait-ce thérapeutique ? Le premier niveau a été l’acceptation par les collègues, les patients et leurs familles. Au début, les patients aimaient beaucoup cette médiation, mais ne la considéraient pas comme une thérapie comme les autres. Puis la recherche et les études ont montré qu’ils étaient extrêmement satisfaits par la gartentherapie. »

Deuxième étape, les proches. « Dans les maisons de retraite, on sait que les interlocuteurs sont les familles. Ils demandent que leur parent sorte et jardine car c’est une de leurs activités quotidiennes préférées depuis toujours. » Et puis viennent les institutions. « En 2023, une grande assurance allemande va lancer un programme avec l’IGGT pour amener plus de gartentherapie dans les institutions. La gartentherapie entre dans le champ de la prévention et de la promotion de la santé. »

« On peut aussi parler d’une acceptation de l’intérieur. Depuis 20 ou 30 ans, beaucoup de disciplines contribuent et apportent de la diversité à notre pratique. Les évaluations peuvent se faire de plusieurs points de vue et nous tirons partie de cette diversité » explique Andreas. « Notre discipline a ainsi pris des directions qui n’étaient pas prévues au départ. »

Une de ces directions est la promotion de la santé. « La prévention avait un statut de thérapie de seconde classe. Mais si on regarde ce que la thérapie devrait faire, selon les Grecs, c’est « Primum non nocere ». En premier lieu ne pas nuire, ne pas faire de mal. Ni aux patients, ni aux soignants. Et les besoins psychologiques ? Etre renfermé pendant six semaines dans un service pourrait bien vous faire du mal. Pour ne pas faire de mal aux patients, il faut garder un contact social, un contact avec la nature. Permettre de profiter, de s’amuser, d’être soi même. »

La formation et la certification, indispensables maillons

« Les formations se sont développées en Allemagne, en Suisse à l’Université de Zurich et en Autriche à la Hochschule für Agrar- und Umweltpädagogik de Vienne qui offre un des plus anciens programmes de formation. Cependant les programmes étaient tous différents et une des premières tâches de l’IGGT a été de les harmoniser », explique Andreas. « A tout moment dans les pays germanophones, une centaine de personnes sont en formation dans notre discipline. »

Un autre axe de l’IGGT est la certification. « Qui peut se dire « registrierter Gartentherapeut » ? Nous avons conçu un système de points selon la profession exercée, la formation continue, l’expérience et la pratique. C’est un point essentiel pour la qualité de la profession. Actuellement, nous comptons environ 70 « registrierter Gartentherapeut » et bien d’autres qui ne le sont pas. »

Où trouve-t-on des programmes en Allemagne ? « Beaucoup travaillent avec des personnes âgées atteintes de démences. Je dirais qu’en Allemagne 90% des institutions accueillant ces personnes ont un jardin spécifique. On compte entre 400 et 500 programmes. La rééducation comme la clinique où je travaille est un autre domaine important ainsi que la psychiatrie et l’addictologie avec plus d’une cinquantaine de programmes. Enfin, les programmes de travail protégé pour des personnes avec des handicaps sont fréquents. Suite au Covid, un nombre grandissant de projets concerne les enfants et les jeunes. »

Perspectives d’avenir

Avec ses trente ans d’expérience, Andreas peut s’appuyer sur son expérience pour identifier les défis et les opportunités. « Je vois du développement. Je vois aussi des vagues. Dans les années 90, les disciplines créatives comme l’art thérapie et la musicothérapie avaient le vent en poupe, puis leur popularité a baissé. A la fin des années 90 et au début des années 2000, le jardin allait très fort. Et puis on a vu arriver la robotique et des programmes assistés par ordinateur et la nature est passée au second plan. Mais on en revient. »

« Le plus important est que nous pouvons nous définir nous-mêmes. Quand nous avons commencé à combiner jardin et thérapie, nous avons rassemblé des disciplines très variées pour en arriver là aujourd’hui. Avec le Covid, tout le monde a vu que le jardin était leur thérapie personnelle. Pour mon grand-père, le jardin était principalement économique. Pour moi, il était écologique, c’est-à-dire pour la nature. Aujourd’hui, qu’est-ce qui nous amène au jardin en Allemagne ? Notre âme, notre esprit. Le jardin nous donne de l’énergie et nous calme. Le Covid a montré que nous avons tous besoin du jardin. »

Et de conclure notre entretien marathon avec un programme tourné vers les jeunes justement : « Cet hiver, j’ai participé à un programme avec des jeunes – c’est eux qui ont souffert le plus du Covid. « Les autres sont dangereux » est devenu une idée présente. Ils sont plus stressés que moi à leur âge », constate-t-il. « Et bien nous avons planté ensemble. L’idée que leurs plantes puissent ne pas pousser était considérée comme un échec. « Apprendre à échouer » est devenu un thème. Et alors comment les motiver ? En tant que thérapeute, quelles ressources puis-je aller chercher chez eux ? Nous leur renvoyons souvent des images négatives, par exemple qu’ils sont toujours sur leurs écrans. Et bien, ils postent ce que nous faisons sur Instagram. Et là, ils se sent capables. » Adaptation, maitre mot pour tout thérapeute.

Heidi Rotteneder : une hortithérapeute certifiée des deux côtés de l’Atlantique

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Heidi Rotteneder est hortithérapeute en Californie après une formation en Europe.

« My name is Heidi Rotteneder, I’m an HTR working in the Bay Area and I’m a member of the Horticultural Therapy Association of California. We are a group of Northern Californian Horticultural Therapists forming a new networking group for people working in this field….We organize network meetings, where we share our experiences, exchange ideas and discuss the progression of the profession. We also have created a Google group to share information and ideas. » Quand j’ai reçu ce message électronique de Heidi il y a quelques semaines, en tant qu’ancienne étudiante du Horticultural Therapy Institute, j’ai été intriguée en réalisant grâce à un rapide tour sur LinkedIn que Heidi était une hortithérapeute formée en Autriche et qu’elle travaillait dans la même clinique que Suzanne Redell près de San Francisco. Quelques jours plus tard, nous étions en train de discuter sur Skype.

« Cela faisait 15 ans que j’étais travailleuse sociale en Autriche. Je travaillais avec des adultes connaissant des problèmes financiers et d’autres problèmes. Je me suis rendue compte que je n’avais pas envie de faire toute ma carrière dans un bureau. Ayant grandi dans un milieu rural avec des grands-parents paysans, je ressentais l’appel de la nature. Je jardine depuis toujours », commence Heidi. « En Autriche, j’avais entendu parler de l’hortithérapie, un peu par accident. Mais j’ai vraiment appris qu’on pouvait se former en 2010 et je me suis lancée en 2013. » La formation qu’a suivie Heidi est une collaboration entre deux institutions universitaires : l’Université du Danube Krems qui est spécialisée dans la formation continue et le Collège universitaire pour la pédagogie agraire et environnementale. On peut trouver des informations sur leur programme conjoint en anglais et en allemand (plus détaillé). « Pour postuler, il faut déjà avoir un diplôme dans le domaine des sciences sociales, de la santé ou de l’horticulture. Les cours ont lieu un weekend par mois pendant deux ans. J’ai ensuite rédigé un mémoire final et j’ai effectué un stage de 150 heures dans plusieurs endroits », explique Heidi.

« Les cours sont un mélange de concepts en éducation, en sciences sociales, en horticulture et en santé. Pour mes stages, j’ai travaillé dans un accueil pour les réfugiés. Ils avaient chacun leur lopin de terre pour cultiver des plantes de chez eux et des plantes qu’on trouve en Autriche. Le deuxième stage était dans un programme résidentiel auprès d’adolescents et d’adultes souffrant de problèmes de santé mentale avec une composante de formation car ils devaient travailler soit dans la cuisine, soit dans le jardin pour produire des ingrédients pour la cuisine. De plus, j’ai créé un jardin dans un foyer pour enfants avec un processus participatif entre les aidants et les enfants. » En juin 2015, Heidi termine sa formation.

Go west, young woman

Et en août 2015, elle déménage avec sa famille en Californie où son mari vient de trouver un travail dans la Silicon Valley. « C’était un peu effrayant car j’étais nouvelle dans ce métier, il y avait la barrière de la langue et je ne connaissais personne. » Assez vite, Heidi rencontre Suzanne Redell qui l’aiguille sur la voie de la certification américaine pour qu’elle obtienne le titre de HTR (Horticultural Therapist Registered). Elle se lance dans cette certification : il lui faut valider 480 heures de stage qu’elle effectue au Cordilleras Mental Health Center dans la ville de Redwood City et suivre des formations complémentaires en horticulture qu’elle suit au Foothill College. C’est un peu un parcours du combattant car l’American Horticultural Therapy Association (AHTA) ne lui fournit pas d’information précise. En parallèle, Heidi a également obtenu une certification en Europe à l’IGGT, l’équivalent allemand de l’AHTA, car elle est persuadée qu’elle reviendra un jour…

IMG_2791« Aujourd’hui je travaille toujours à Cordilleras avec un groupe de passionnés d’hortithérapie. Suzanne et moi sommes toutes les deux HTR, une autre personne est en cours de certification et il y a une stagiaire » Car depuis 2012 quand j’avais évoqué ce programme et son démarrage ici, il a pris de l’importance avec le soutien de la direction. A l’époque, Suzanne intervenait trois jours par semaine auprès de deux groupes. Aujourd’hui, le programme fonctionne tous les jours avec des activités de groupe et/ou des séances individuelles. Les hortithérapeutes forment une équipe avec les ergothérapeutes et les travailleurs sociaux. Tous les résidents peuvent intégrer un groupe. Pour les séances individuelles, l’équipe a mis en place un système de recommandation. En tout état de cause, les hortithérapeutes sont au courant du diagnostic et des objectifs de chaque patient.

Heidi travaille le plus souvent avec des patients dans les unités fermés où ils sont hospitalisés entre trois et six mois. Ses patients ont reçu des diagnostics de personnalité borderline, de schizophrénie ou d’autres troubles psychiques. Ils arrivent dans un état stabilisé, parfois après un passage dans un hôpital public, même si de nouvelles phases aiguës peuvent les ramener à l’hôpital. « Un objectif peut être de terminer une activité pendant la séance, en les aidant à se concentrer, à avancer pas à pas et à finir. On peut aussi avoir pour objectif qu’ils aient une réflexion sur l’activité pour développer leurs capacités à s’exprimer et à interagir socialement », explique Heidi. En plus de ce travail à Cordilleras, Heidi accompagne des jeunes adultes qui ont différentes difficultés dans une activité de jardinage. C’est le programme SNAP (Redwood City Special Needs Program).

La volonté de rassembler les hortithérapeutes

Quant au groupe de professionnels qu’Heidi cherche à étoffer, il s’agit d’un groupe que Suzanne et d’autres hortithérapeutes de longue date avaient envie de relancer. « Nous nous rencontrons, notre prochaine rencontre est d’ailleurs en septembre. Nous voulons nous apporter du soutien, développer des outils professionnels et partager nos expériences. » La Californie avait à une époque un gros contingent de membres de l’AHTA. Mais il faut de nouvelles énergies parfois pour relancer les choses. « Les hortithérapeutes travaillent le plus souvent dans des institutions où ils sont seuls. Je ne connais pas d’autres endroits que Cordilleras qui emploient plusieurs hortithérapeutes. Ils ont donc besoin d’échanger », constate Heidi.

« Le mouvement pour se reconnecter à la nature est fort en ce moment », se réjouit-elle. « Mon rêve serait de créer une ferme thérapeutique avec des animaux, des légumes, des fleurs. J’aimerais travailler avec différents groupes. Cela pourrait être n’importe où, le futur est imprévisible. » Avec sa double certification aux Etats-Unis et en Europe, Heidi est dans une position unique d’aider des personnes qui souffrent et de faire avancer cette jeune profession. Ayant géographiquement fait le chemin inverse de Tamara Singh, Heidi a beaucoup à apporter à l’hortithérapie. Peut-être la retrouverons-nous un jour de ce côté de l’Atlantique…