L’horticulture thérapeutique se fédère en Europe : Fiona Thackeray et Leila Alcalde font le point

Ce tout dernier article est porteur d’un grand espoir. Depuis quelque temps, se tiennent des réunions réunissant des individus et des associations de toute l’Europe : Royaume-Uni, Espagne, Italie, Allemagne, Suisse, Autriche, Belgique, France, Portugal, République Tchèque et la porte reste ouverte…

Une partie du groupe lors d’une réunion en Allemagne

« Nous nous sommes réunis parce que nous voulions partager nos idées, nos connaissances et nos bonnes pratiques. Nous avons compris qu’en travaillant ensemble, nous pouvions obtenir bien plus que ce que nous aurions pu faire individuellement en travaillant de manière isolée », explique Fiona Thackeray qui a contribué à lancer le mouvement.

Les fidèles de ce blog ont fait la connaissance de Fiona Thackeray pour la première fois en 2015, puis l’ont retrouvée lorsque Trellis, l’association qu’elle dirige en Ecosse, a lancé les Trellis Seminar Series. Cette conférence en ligne rassemble pendant trois jours en mars des hortithérapeutes du monde entier. Déjà cette envie de rassembler qui s’est aussi incarnée dans l’organisation depuis deux ans du World Therapeutic Horticulture Day (WTHD).

Pour cette double interview, Fiona était en compagnie de Leila Alcalde Banet que j’avais décrite en 2022 comme la locomotive de l’hortithérapie en Espagne et en Amérique Latine. Formée et exerceant en Angleterre, Leila a cofondé l’association espagnole d’horticulture et de jardinage social et thérapeutique ou AEHJST (Asociación Española de Horticultura y Jardinería Social y Terapéutica).

Si vous êtes très pressée, tout est dit dans cette vidéo commune créée à l’occasion des 50 ans de l’AHTA en 2023 et décrivant la coopération européenne dans le champ de l’hortithérapie. Si vous avez un petit moment et que vous voulez savoir comment le projet a évolué depuis un an, écoutez Fiona et Leila en parler. Quel plaisir de terminer cette aventure de 12 ans avec un entretien avec ces deux femmes extraordinaires et inspirantes.

Fiona et Leila, d’où est venue cette envie de se rassembler ?

Fiona. C’est un problème universel dans notre domaine : l’isolement des professionnels entrave leur développement. Trellis s’est toujours vue comme une organisation professionnelle de substitution parce que c’est beaucoup plus facile pour les professions organisées comme les médecins, les infirmières ou les enseignants qui peuvent se rencontrer entre pairs. Ils peuvent se féliciter de leurs succès, se plaindre des difficultés et partager entre eux. Mais dans notre profession, être isolée au sein de l’hôpital ou de l’institution peut retarder le développement.

Pendant le Covid, quand nous avons remplacé notre conférence traditionnelle par des séminaires en ligne, nous avons vu à quel point les participants et les participantes apprenaient dans les présentations. Cela leur montre combien ils ont en commun. Nous faisons partie du même mouvement, nous faisons les mêmes choses ici qu’en Islande ou dans les Caraïbes. Mais aussi « Wow, vous faites ça, je n’y aurais jamais pensé, j’ai appris quelque chose de nouveau ». C’est fondamental et inspirant.

Naturellement nous avions plus de contacts en Europe et nous sommes restés en contact après la première année de séminaires en ligne. Et puis nous nous sommes rendues à un évènement organisé par IGGT (Internationale Gesellschaft Gartentherapie) en Allemagne. C’est là que l’idée de formaliser ce groupe est arrivée, même si c’était déjà en cours car Andreas (Niepel, président de IGGT) gérait déjà un groupe informel. C’est le Covid et la capacité de se rencontrer en ligne sur Zoom qui a permis de formaliser les choses.

Je me suis éloignée de la question. Essentiellement, c’est l’isolement des professionnels qui est au cœur de notre démarche !

Leila. Dans mon cas comme je suis Espagnole et que je vis au Royaume-Uni, je peux ressentir l’isolement. Avec l’association espagnole, c’est ce que je voulais faire. Par exemple, nous avons une réunion mensuelle pour rester en contact. Et par ailleurs, je voulais me mettre en contact avec des gens dans d’autres pays pour apprendre d’eux. Nous avons l’impression que les Etats-Unis sont une sorte de modèle que nous essayons de suivre et en fait on se rend compte qu’eux aussi se battent toujours pour se réunir.

D’où l’idée de commencer ce groupe européen. Nous savons que c’est difficile car nous voulons faire tant de choses. La volonté est là, mais ce sera long. C’est important de se rassembler, d’avoir un organisme et de contribuer au développement des compétences. Le modèle américain ne sera peut-être pas pertinent pour nous en Europe.

Fiona. Si je peux ajouter quelque chose, nous voyons beaucoup de recherche sur les interventions basées sur la nature et le « green care », avec une popularité croissante depuis que tout le monde a passé du temps confiné à l’intérieur pendant le Covid. Cela a ajouté une urgence à notre inquiétude qu’il n’y ait aucun standard de qualité. Nous y travaillons depuis un moment et nous aurons bientôt une qualification professionnelle approuvée en Ecosse. Cela fait bientôt deux décennies que nous souhaitons avoir une organisation professionnelle ! Malgré tout, il y a encore des gens qui n’ont jamais entendu parler de nous. Le jardin thérapeutique reste une intervention de niche que peu de gens connaissent. Le manque de reconnaissance, comme l’isolement, font obstacle aux financements, au développement professionnel et à l’échange des pratiques.

En parallèle d’établir un organisme professionnel et des standards de qualité en Ecosse et au Royaume-Uni en général car nous travaillons avec Thrive, nous avons vu que si nous pouvions établir des standards au niveau de l’Europe, de manière souple, ce serait une façon de gérer ces gens qui prétendent faire de la thérapie sans aucune formation. C’est inquiétant. Nous pensons que c’est bénéfique d’avoir ce mouvement européen avec des standards communs. Ce sera d’une grande puissance.

Quelles sont vos priorités ?

Fiona. La priorité, ce sont les connexions, l’échange, apprendre les unes des autres. Mais nous avons beaucoup travaillé pour nous mettre d’accord sur les compétences essentielles, les core competencies. C’est le travail que Leila a pris à bras le corps depuis un an. Je vais la laisser en parler.

Leila. Quand nous nous sommes rencontrées l’an dernier, nous avons décidé de nous focaliser sur quelques points pour commencer à avancer. Les compétences essentielles étaient le point important. Cela nous a pris presqu’une année. Nous avons partagé les compétences couvertes dans nos différentes formations et nous avons identifié celles qui étaient communes dans tous les pays. A partir de cette liste, nous les avons réduites à cinq grandes compétences pour simplifier. Nous en sommes maintenant à déterminer le nombre minimum d’heures de formation nécessaires pour acquérir ces compétences et être reconnue comme une professionnelle dans chaque pays.

Si quelqu’un se forme en France par exemple et déménage en Allemagne, nous voulons que la formation soit reconnue. C’est un point qui nous semble important et utile pour la profession.

Pour l’instant, les cinq domaines fixés entre les participantes aux réunions sont : santé humaine et bien-être, connexion à la nature et horticulture thérapeutique, connaissances de base en horticulture et jardinage, gestion d’un groupe thérapeutique, programmation des activités.

Fiona. En Ecosse, nous avons développé une liste de compétences car nous voulions voir ce que faisaient déjà les différentes formations existantes. Nous voulions voir où étaient les lacunes et ensuite nous avons écrit de nouveaux modules. Nous avons partagé ce travail avec le groupe européen pour en faire un point de départ. Nous avions trois domaines : l’horticulture, la santé et le soin et l’horticulture thérapeutique. Avec les différentes perspectives dans le groupe européen, nous en sommes arrivés à cinq compétences. C’est un énorme travail de triangulation qu’ont fait Leila et Ania (Balducci).

A notre réunion en mars, nous avons aussi discuté du vaste panel de formations en Europe. En Italie, il y a un master et uniquement un master (à l’Université de Bologne, ndlr). Ailleurs, ce sont des diplômes de techniciens. Nous avons décidé de nous concentrer sur les compétences de base, plutôt au niveau technique.

Leila. Oui, c’est cela. Par exemple, en Espagne, la formation n’est pas reconnue. Nous ne formons pas les gens pour devenir des praticiens. C’est encore nouveau. Nous voulons simplement partager une compréhension du domaine. Nous formons principalement des professionnels, des psychologues, des ergothérapeutes par exemple. Nous voulons avoir des formations au niveau universitaire et ce travail nous donne un modèle.

La question des niveaux de formation est importante. Nous sommes d’accord que les « praticiens » sont un niveau intermédiaire.  Au-dessus, il y a les formations au niveau master pour former des experts. Certains pays ont des formations de 200 heures et d’autres de 80 heures. Nous voulons aussi avoir une idée claire des pays qui ont des formations reconnues officiellement.

Fiona. Le travail de notre groupe permet d’alimenter ces discussions sur les définitions et le besoin d’organisations professionnelles. C’est un bon échange, c’est productif.

Leila. A la dernière réunion, nous avons commencé à voir la lumière au bout du tunnel. Nous avions commencé avec une idée et là on commence à y voir plus clair.

Fiona. C’est un énorme travail qu’a fait Leila. Elle a tout mis dans un grand tableau.

Leila. Oui, j’ai rentré toutes les compétences par pays en surlignant celles qui étaient le plus souvent présentes. Quelqu’un a suggéré qu’on regarde les cinq principales. On a bien avancé. En résumé, nous voulons définir des exigences minimales pour se définir comme professionnelles quelque soit le mot utilisé dans chaque pays. Par exemple, au Royaume-Uni, on parle de « practioniers » et ailleurs il y a d’autres mots. Nous voulons savoir que, quelque soit le nom, on est au même niveau de compétences, qu’on a étudié les mêmes sujets.

Fiona. Oui, nous avons essayé de ne pas nous enliser dans la sémantique et nous y sommes parvenues. Nous voulons savoir ce que nous faisons qui est commun.

En lançant ce mouvement européen, il est aussi utile de regarder comment évolue le modèle américain qui, bien que plus ancien, connaît ses propres difficultés.

Fiona. Oui, j’ai lu un article qui parlait de l’avancement de l’horticulture thérapeutique aux Etats-Unis. Dans l’article de Derrick Stowell et al. qui est une enquête des membres d’AHTA (voir ci-dessous), ces derniers se plaignaient beaucoup et cela peut nous aider. Ils se plaignaient que l’AHTA faisait les choses d’une manière qui leur rendait la vie plus difficile et aussi ils attendaient des choses que l’AHTA ne faisait pas et que nous sommes déjà en train de faire. C’est bon de savoir que les praticiens partout dans le monde veulent ces mêmes choses.

Les membres étaient frustrés que la profession ne se soit pas développée autant que d’autres professions qui ont commencé en même temps ou même plus récemment (comme la recreational therapy). Parce que les Etats-Unis sont si grands, c’est difficile de se déplacer pour les formations même si maintenant il y a plus de formations en ligne. Donc les membres étaient frustrés que la profession ne soit pas plus reconnue, que la rémunération soit si basse. Il y avait une frustration de ne pas plus échanger entre professionnels, de ne pas plus se réunir. Et là, en Europe, nous faisons les choses correctement !

Nous avons encore beaucoup de chemin à faire, nous n’avons pas d’association professionnelle, toutes les formations. Mais  nous notons qu’un pays qui a une association professionnelle a aussi des difficultés. Nous avons déjà prévu d’éviter certains problèmes en mettant en place certaines structures/politiques réclamées par les membres américains, et nous devrons en éviter d’autres en tirant les leçons de leur expérience. Mais nous avons tellement de choses en commun que c’était très instructif.

(Dans son intervention au IPPS (International People Plant Symposium) à Reading en juillet 2024, Fiona a donné une présentation intitulée « Growing a global network to help therapeutic horticulture groups flourish » où elle a présenté les avancées du WTHD. Dans sa présentation, elle s’appuie sur deux articles que voici avec un accès au texte complet. Et un constat : d’autres professions se sont structurées et « imposées » plus rapidement que l’hortithérapie ou horticulture thérapeutique.

Wood, C., Bragg, R. and Morton, G., (2024). A qualitative study of the barriers to commissioning social and therapeutic horticulture in mental health care. BMC Public Health. 24 (1), 1197-

Stowell, D.R., Mark Fly J., Klingeman, William E., Beyl, C.A., Wozencroft, A.J., Airhart, D.L., and Snodgrass, P.J. (2021). Current State of the Horticultural Therapy Profession in the United States. Hortechnology. )

Mais au fait, comment s’appelle cette nouvelle organisation, ce mouvement ?

Fiona. Nous avons évolué à partir d’une initiative d’IGGT. Il faut maintenant trouver un nom pour ce « réseau européen ».

Leila. J’ai suggéré la coalition des praticiens ou des entités européennes. Sans doute quelque chose avec le mot « network » ou « coalition ».

Pour revenir à la sémantique un instant, on sent qu’on s’éloigne du terme « horticultural therapy » dans le monde en ce moment et que le terme « therapeutic horticulture » est plus en vogue. A quoi correspond ce changement ?

Fiona. En effet, nous utilisons intentionnellement le terme « therapeutic horticulture ». Car il y avait des formations qui utilisaient « hortitherapy », mais il n’y avait aucun apport sur la thérapie dans leur programme. « Therapist » est un terme qui est légalement protégé et il y a des organismes qui accréditent ces thérapeutes. Ils ont fait ce que nous cherchons à faire : créer un standard qui rassure les gens qui cherchent leur aide que ce sont des professionnels qui ont la formation appropriée. Nous ne recherchons pas une régulation légale dans notre cas, mais nous cherchons à avoir une accréditation qui garantie un certain niveau de formation. Nous évitons les termes « therapy » et « therapist » qui impliquent un niveau master. C’est au-delà de ce que nous proposons de créer et nous ne voulons pas suggérer que c’est équivalent. Ce serait une affirmation dangereuse.

Leila. C’est la même chose en Espagne, on ne peut pas utiliser le mot « therapy » sans un diplôme universitaire d’un certain niveau. C’est un soulagement car autrement cela introduit de la confusion.

Fiona. C’est un compromis. « therapeutic horticulture » est un terme long, que les gens ne connaissent pas. Mais au moins, nous ne faisons pas de fausses affirmations. La représentante belge dans notre dernière réunion exprimait sa frustration car maintenant on forme en Belgique des « hortitherapists » avec des formations courtes et, en tant qu’ergothérapeutes, elle n’est pas d’accord. L’idée est d’avoir un niveau commun de compétences qui est sûr, pour « ne pas faire de mal ».

En plus du grand chantier de la formation, quels autre projets avez-vous envie de lancer ?

Leila. Nous sommes vraiment concentrés sur le projet des compétences essentielles. Pour le reste, nous verrons après. Mais nous utilisons déjà nos réunions pour partager ce qui se passe dans chaque pays. Ania Balducci par exemple a invité un universitaire du département de l’agriculture de Milan. C’est un paysagiste qui a fait des études sur les éléments thérapeutiques du jardin.

Car c’est un autre aspect dont nous avions parlé lors de notre rencontre en Allemagne : labelliser les jardins thérapeutiques. Un jardin pourrait être bénéfique, mais pas thérapeutique. En Espagne, nous disons qu’un jardin thérapeutique est là où a lieu la thérapie. Pour l’instant nous avons mis ce sujet de côté. C’est un des sujets potentiels.

En parlant d’Europe, j’avais envie qu’on revienne sur le master créé cette année en Ukraine qui a été présenté pendant le Trellis Seminar Series 2024.

« Le premier programme éducatif et scientifique interdisciplinaire « Garden Therapy » en Ukraine » est le titre de l’intervention d’Olesia Prokofieva, qui dirige le département de psychologie à la Bogdan Khmelnitsky Melitopol State Pedagogical University et qui est l’une des créatrices du premier master « Garden Therapy » en Ukraine. Je vous invite à écouter son intervention enregistrée en mars 2024. En 2023, ce master n’était encore qu’un projet, aujourd’hui c’est une réalité. Si réel que vous pouvez lire les retours de la première promo dans le document Sowing the Seeds disponible sur le site de Trellis. Sept femmes aux parcours variés – enseignantes, médecin, psychologues, guide touristique,…- qui racontent leur envie de se former à l’horticulture thérapeutique. Fiona explique qu’une chaine de solidarité internationale s’est mise en place pour aider les créatrices du master ukrainien avec des coups de pouce, de l’Autriche à l’Allemagne, de l’Ecosse aux Etats-Unis.

On peut retrouver toutes les vidéos du Trellis Seminar Series 2024 en ligne.

Au-delà de l’Europe, le World Therapeutic Horticulture Day est en train de devenir le jour où on parle du sujet sous toutes ses formes partout dans le monde.

Fiona. Il n’y a pas de reconnaissance sans prise de conscience. Aux Etats-Unis, on a essayé il y a quelques années d’obtenir la reconnaissance, en Ukraine également. Cela n’a pas marché. Aux Etats-Unis, la raison du refus était qu’ils ne pouvaient pas dire combien il y avait de professionnels dans le domaine !

Mais plus on en parlera et plus les gens en auront connaissance, rechercheront cette intervention, la financeront…Et ils ne diront plus « quoi ? » quand ils en entendront parler la prochaine fois. C’est l’intention derrière le WTHD. Et c’est aussi devenu un réseau de connexions, des gens qui se mettent à se parler alors qu’ils ne seraient jamais rencontrés sans cela. La carte du monde se remplit des nations en vert qui participent. Il y aura un WTHD en 2025.

Leila. Nous utilisons cette journée pour organiser des rencontres en ligne. Il y a des pays où les praticiens sont encore plus isolés. C’est une idée géniale. Cette année, c’est devenu encore plus important et ça va continuer à grandir.

Je vous renvoie à une vidéo présentant la journée, le 18 mai de chaque année désormais.

Vous étiez toutes les deux à IPPS en Angleterre ?

Fiona a parlé des retombées du WTHD lors de sa présentation au IPPS (International People Plant Symposium) à Reading en juillet 2024 et voici la trame de sa présentation.

Leila. Je pense que le sentiment a été très positif parce que ce genre de réunions n’existait pas en Europe. Nous avons la chance d’avoir des gens qui sont venus de Corée du Sud, du Canada, des États-Unis ou du Pérou, ainsi que des pays européens. Par ailleurs, le secteur suscite de plus en plus d’intérêt, je pense donc qu’il s’agit d’une combinaison des deux.

Une étude française de premier plan

Je ne peux pas conclure sans un mot sur une étude française, qui était présente à IPPS 2024, une étude randomisée qui vient confirmer l’impact positif d’ateliers d’hortithérapie sur l’anxiété pendant une hospitalisation en psychiatrie. Les résultats de l’étude “plaident en faveur de l’intégration de l’hortithérapie dans les pratiques infirmières psychiatriques”.

“ Impact of horticultural therapy on patients admitted to psychiatric wards, a randomised, controlled and open trial” est une étude lancée dès 2015 à la création du Jardin des Mélisses au CHU de Saint-Etienne. Bravo à toute l’équipe pour ce travail de longue haleine.

Yes !

Se former à l’hortithérapie aux quatre coins du monde

La formation est au cœur de la reconnaissance de toute pratique et donc bien sûr de l’hortithérapie. Une matière qu’on n’enseigne nulle part – même officieusement, même hors des canaux traditionnels de l’enseignement – peut-elle vraiment exister ? Comment peut-elle avoir une place officielle, se transmettre, évoluer ? La formation est une condition nécessaire même si elle n’est pas suffisante.

En France, nous avons franchi une étape avec la création récente du Diplôme Universitaire (DU) Santé et Jardins à la Faculté de Médecine de l’Université de Saint-Etienne. Plus globalement, je vous renvoie à la rubrique Formations du site de la Fédération Française Jardins, Nature et Santé qui répertorie les formations courtes disponibles en France. Soit une bonne douzaine de formations dont certaines ont été créées il y a plus de 10 ans. Cependant, il n’existe toujours pas de diplôme d’hortithérapie en France.

Alors est-ce que se former ailleurs dans le monde est une option ? Il y a évidemment certains obstacles non négligeables (la langue, le financement, le visa,…), mais c’est une possibilité. Pour savoir ce qui existe hors de nos frontières, une première étape serait de se référer à un article que j’ai publié en mars 2023 sur les 14 associations qui font bouger l’hortithérapie dans le monde. Elles listent à coup sûr les ressources en formation dans leurs pays respectifs.

Voici quelques pistes en Europe (Royaume-Uni, Autriche, Suède, Espagne et en Italie), aux Etats-Unis, au Japon ou en Australie.

Se former au Royaume-Uni

Une option, géographiquement proche, est le Royaume-Uni où existent au minimum deux bonnes options : Thrive et Trellis.

Pour Thrive, le point de départ est cette page où l’on peut faire une recherche selon plusieurs critères : le format (en ligne, en classe à Londres, Reading, Bristol ou Birmingham ou en hybride), le niveau (introduction à enseignement supérieur) ou la spécialisation (santé mentale, troubles de l’apprentissage, enfants, seniors,…). La formation la plus aboutie et approfondie est le Diploma in Social and Therapeutic Horticulture. En effet, cette formation de niveau 5 se prépare en deux ans, chaque année étant composée de 60 crédits, soit 600 heures d’enseignement. A noter que la formation n’est pas certifiée par l’OFQUAL.

Du côté de Trellis, vous trouverez des ateliers disponibles en ligne qui s’apparentent plutôt à des formations continues courtes qu’à des formations initiales. Voici la liste de ces opportunités, surtout les LIVE Demonstration et les sessions en ligne GROWING SERIES.

Il est intéressant de voir comment un site gouvernemental anglais comparable à l’Onisep décrit la profession de « horticultural therapist ».

Une partie des formations proposées par Thrive en Angleterre

Se former en Autriche

La Hochschule für Agrar- und Umweltpädagogik (Collège Universitaire de Pédagogie Agraire et Environnementale) à Vienne propose un programme « expert académique en thérapie par le jardinage » et un Master Green Care. Birgit Steininger, chargée de cours et rattachée à la direction de la formation de l’école viennoise, nous en avait expliqué le principe en 2022.

« Nous sommes un collège universitaire qui forme des enseignants. Ce que nous avons créé au sein du Collège Universitaire de Pédagogie Agraire et Environnementale, et en collaboration avec la faculté de médecine, est un certificat « expert académique en thérapie par le jardinage » (« academic expert in garden therapy »). Nous pensons que c’est un atout d’avoir de nombreux professionnels différents dans ce domaine. Dès la formation, cela suscite des échanges intéressants entre étudiants. C’est donc une formation continue en deux ans, soit 16 weekends de cours et deux stages. »

« Effectivement, nous sentions qu’il y avait une demande pour un diplôme d’enseignement supérieur. En 2012, nous avons créé le Master Green Green, qui comprend aussi la thérapie avec les animaux. Le critère d’entrée est d’avoir une licence. Nous attirons des travailleurs sociaux, des enseignants, des ergothérapeutes, etc…Que ce soit pour le certificat ou le master, je leur dis qu’ils ne deviendront pas des thérapeutes. C’est plutôt un outil à ajouter à leur pratique qu’une nouvelle profession. Nous organisons aussi des conférences chaque année. »

La Hochschule für Agrar- und Umweltpädagogik publie aussi un magazine baptisé Green Care, une ressource intéressante pour les germanophones

Se former en Suède

La Suède se distingue par un programme d’hortithérapie et d’écothérapie exceptionnel, le Alnarp Rehabilitation Garden que vous pouvez découvrir dans cette présentation d’Anna María Pálsdóttir. Maître de conférences en psychologie environnementale à l’Université suédoise des sciences agricoles (SLU), au département « People and Society », elle est horticultrice professionnelle et titulaire d’une licence en biologie et sciences horticoles, ainsi que d’une maîtrise et d’un doctorat en aménagement du paysage et psychologie environnementale. Elle est l’une des fondatrices du Master Outdoor Environments for Health and Wellbeing (OWH).

« Ce programme s’adresse aux étudiants issus de différents domaines académiques ou professionnels. Il fournit des perspectives et des concepts scientifiques dans les matières concernées, dans un contexte interdisciplinaire, qui peuvent être utilisés à la fois pour comprendre et expliquer les interactions entre les personnes et l’environnement physique extérieur, et pour appliquer les connaissances acquises dans différents contextes sociétaux.

Parmi les exemples de sujets interdisciplinaires figurent la thérapie assistée par la nature et la promotion de la santé, ainsi que le rôle des environnements extérieurs dans l’apprentissage et le développement, par exemple l’éducation et la réhabilitation en plein air. Il s’agit également de perspectives plus larges telles que l’aménagement de l’espace ou la conception du paysage, qui s’appuient sur la psychologie de l’environnement. Une attention particulière est accordée à l’importance des environnements extérieurs pour le développement individuel, la qualité de vie, le bien-être et la santé. »

Ce master, enseigné en anglais et à distance, vaut sans doute le détour. La prochaine promotion débutera à l’automne 2024 et les étudiants internationaux ont jusqu’au 15 janvier 2024 pour envoyer leur candidature…

Se former en Espagne ou en Amérique latine

Pour les hispanophones, il y a des opportunités très intéressantes et pour tous les niveaux offertes par l’association espagnole d’horticulture et de jardinage social et thérapeutique ou AEHJST (Asociación Española de Horticultura y Jardinería Social y Terapéutica), fondée par Leila Alcalde Banet et Daniela Silva-Rodriguez Bonazzi. Leur offre de formation est décrite ici.

En Amérique latine, le Pérou dispose de l’Instituto de Horticultura Terapéutica y Social (IHTS-PE), dirigé par Daniela Silva-Rodriguez Bonazzi, qui offre un programme complet de formation hybride en HT pour les professionnels hispanophones du monde entier, depuis 2014. Mentionnons aussi l’Association péruvienne d’horticulture thérapeutique et sociale (APHTS) actuellement impliquée dans le projet NATURELAB EU PROJECT, un projet de recherche financé par Horizon Europe qui vise à démontrer que les interventions basées sur la nature sont efficaces et devraient être prescrites.

Se former en Italie

Pour compléter notre tour d’Europe, n’oublions pas l’Italie. Quand elle s’est intéressée à l’hortithérapie, Ania Balducci a dû quitter Florence pour aller se former aux Etats-Unis (Horticultural Therapy Institute) et en Angleterre (Thrive). Cet exil lui a donné la motivation pour créer un programme à l’Université de Bologne. En 2021, une première formation courte et hybride, moitié en ligne et moitié en face à face, a eu lieu. Puis le master est lancé en 2022 avec plusieurs formateurs et un terrain d’application dans un parc proche.

Se former aux Etats-Unis

Aux Etats-Unis, l’hortithérapie (horticultural therapy) a gagné une légitimité – bien qu’elle ne soit pas encore suffisamment reconnue et développée – grâce aux formations universitaires. Le premier master d’hortithérapie est proposé en 1955 à la Michigan State University sous l’influence d’Alice Burlingame. Cette pionnière est aussi l’auteur avec Donald Watson d’un premier manuel, Therapy through Horticulture, qui paraît en 1960 et qui est toujours disponible. A partir des années 70, plusieurs universités développent des licences (Bachelor’s or B.S.) et des masters dans cette spécialité. En 1981, on en comptait huit.

Pour en savoir plus sur l’offre actuelle de formations universitaires, voici la page de l’AHTA. En résumé,

  • Colorado State University offre un B.S. in Horticulture with a concentration in Horticultural Therapy
  • Delaware Valley University, un B.S. in Horticulture with Option in Horticultural Therapy
  • University of Florida, unB.S. in Horticultural Science with a specialization in Horticultural Therapy
  • Oregon State University, un B.S. in Horticulture with a concentration in Therapeutic Horticulture
  • Rutgers, the State University of New Jersey, unB.S. in Plant Biology with a specialization in Horticultural Therapy
  • Tennessee Tech University, un B.S. in Agriculture with a concentration in horticulture, with independent study in horticultural therapy
  • University of Tennessee, Knoxville, unB.S. in Plant Sciences, with independent study in horticultural therapy
  • Temple University en Pennsylvanie, un B.S. in Horticulture with option in Horticultural Therapy

Autre voie, les certificats accrédités par l’AHTA et les parcours individuels de formation à l’hortithérapie, listés ici. La référence pour moi dans ce domaine reste le Horticultural Therapy Institute (HTI) où j’ai suivi une formation, non diplômante, dans les années 2010. A savoir que HTI a l’habitude de recevoir des étudiants étrangers (voir l’expérience de Daniela ou d’Ania) et propose par ailleurs des cours en ligne.

Pour comprendre les procédures d’inscription professionnelle de l’AHTA et la liste des connaissances exigées, voici le lien indispensable : « L’AHTA reconnaît et enregistre les hortithérapeutes par le biais d’un programme d’enregistrement professionnel volontaire. La désignation Horticultural Therapist-Registered (HTR) garantit que les compétences professionnelles ont été acquises sur la base d’exigences académiques normalisées et d’une formation professionnelle. »

Sans doute le premier manuel d’hortithérapie au monde à sa publication en 1960
Jay Rice, enseignant au HTI depuis ses débuts, et des stagiaires pendant un cours

Se former au Japon

En 2015, j’avais échangé avec l’universitaire Masahiro Toyoda, considéré comme l’un des principaux experts de l’hortithérapie au Japon. Professeur à l’université de Hyogo, il est lui-même hortithérapeute et chercheur dans ce domaine. Il semble qu’il enseigne toujours actuellement au sein d’un programme de certification en hortithérapie à la Awaji Landscape Planning and Horticulture Academy (ALPHA), unique établissement formant des hortithérapeutes au Japon à être accrédité par un gouverneur de préfecture. Le programme est né en 2002 peu après le tremblement de terre de Hanshin-Awaji de 1995.

Se former en Australie

Je mentionne l’Australie parce que c’est une terre d’aventure pour de nombreux jeunes Français. La Therapeutic Horticulture Association avertit que « En 2022, il n’existe pas de programmes d’enseignement et de formation accrédités dans le domaine de l’horticulture thérapeutique en Australie (selon le cadre de qualification australien). Toutefois, il existe plusieurs ateliers d’introduction et programmes de cours de courte durée proposés par différents établissements d’enseignement publics et privés. Il s’agit par exemple des programmes proposés par des groupes d’État tels que CERES (Vic), Kevin Heinz GROW (Vic) et ACS Distance Education (en ligne).  Une seule matière est proposée sous la forme d’un cours intensif d’une semaine à l’université de Melbourne en septembre (HORT90011 Therapeutic Landscapes).

Voici les liens vers ces formations cités par THA : CERES (Victoria), Kevin Heinz GROW (Victoria), ACS Distance Education et le cours Therapeutic Landscapes de l’université de Melbourne.

Une des formations citées par la THA en Australie

Le chantier européen de Hortus Medicus

Une autre piste de formation à l’hortithérapie, encore en chantier, est le projet européen Hortus Medicus qui rassemble des institutions en Hongrie, en Autriche, en Italie et en Roumanie. « L’objectif du projet Hortus Medicus est de développer un programme complet de formation à la thérapie horticole de 120 heures, comprenant du matériel pédagogique et un contenu d’apprentissage en ligne. Le programme de formation comprend un curriculum et un manuel. Ces deux ressources éducatives fusionneront les philosophies et pratiques existantes et nouvelles dans le domaine de la thérapie horticole. Nous voulons créer une formation innovante qui peut être dispensée de manière traditionnelle, sous la forme d’un enseignement par contact, mais aussi sous la forme d’un apprentissage mixte, avec des parties théoriques en e-learning. » A suivre…

Leila Alcalde Banet : la locomotive de l’hortithérapie en Espagne et en Amérique Latine

Leila Alcalde Banet, hortithérapeute espagnole formée et active en Angleterre, travaille à fédérer la communauté des hortithérapeutes hispanophones depuis plusieurs années.

« J’ai de la chance », annonce Leila Alcalde Banet dès le début de notre conversation par écran interposé. « Depuis septembre 2020, je travaille pour Share Community, une association caritative anglaise qui accompagne des adultes souffrant de troubles de l’apprentissage, d’autisme, de handicaps physiques et de problèmes de santé mentale. Nous disposons d’un hectare avec une serre, des tunnels pour faire pousser les légumes, une mare,…» 

Présent dans plusieurs quartiers de Londres depuis 1972, Share Community se concentre « sur ce que les gens peuvent faire, et non sur ce qui les empêchent. Et nous pensons que chacun a quelque chose à offrir à sa communauté, que ce soit en matière d’emploi ou en tant que membre actif de notre société. » 

En tant qu’hortithérapeute, « selon les besoins de l’étudiant, je me concentre sur des objectifs thérapeutiques (interaction sociale, estime de soi, mémoire, capacité d’attention, etc.) ou de formation, certains étudiants ayant le potentiel d’obtenir une qualification et de trouver un emploi. Je propose une approche holistique en tenant compte de leurs capacités, de ce qu’ils aiment et n’aiment pas afin de proposer des activités qui ont du sens. J’encourage également le maintien ou le développement d’autres compétences liées à la lecture, l’écriture et le calcul, l’indépendance et un mode de vie sain ».

Avant de rejoindre Share Community, Leila avait travaillé auprès de groupes de personnes âgées aux premiers stades de maladies neurodégénératives ainsi que de personnes en risque d’exclusion sociale. Ainsi, elle a participé pendant neuf mois à Hambourg en Allemagne au projet « Garten der Nationen » (Jardin des Nations) qui lutte contre l’exclusion des réfugiés. En Angleterre, elle a apporté ses compétences d’hortithérapeutes à plusieurs institutions avant Share.

C’est d’ailleurs en Angleterre que cette Espagnole, ingénieure agricole et horticole de formation, a obtenu un diplôme en « horticulture sociale et thérapeutique » à l’université de Coventry en 2016. Son projet de fin d’étude, reconnu pour son excellence par l’association Thrive, s’est déroulé auprès de « Make me Green », un programme en Espagne qui permet aux personnes souffrant de troubles de l’apprentissage d’accéder à l’emploi, en l’occurrence grâce à une année de travail dans une ferme.

Share et toutes ses riches expériences depuis 2015, c’est le travail de terrain et le travail de jour de Leila. En ligne, elle est une des hortithérapeutes de langue espagnole les plus reconnues et son engagement a contribué à fédérer ses consœurs et confrères sur deux continents.

AEHJST : fédérer les hortithérapeutes hispanophones

Très active sur les réseaux sociaux, elle commence à contacter des personnes pratiquant en Espagne et en Amérique latine. « Par curiosité, je voulais savoir quelles formations ces personnes avaient faites, quels défis elles rencontraient dans leurs pays respectifs, au Chili, en Argentine, au Pérou, à Puerto Rico,…». 

« On voyait qu’il y avait des initiatives dans de nombreux pays. Au Chili, un projet existe depuis plus de 20 ans et pourtant il n’y a pas d’association nationale dans ce pays. Il y avait des projets en Colombie, au Mexique, au Costa Rica. C’est Daniela Silva-Rodriguez Bonazzi (une hortithérapeute péruvienne formée au Horticultural Therapy Institute aux Etats-Unis) qui a suggéré une association globale pour nous rassembler. »

En 2018, elles décident de co-fonder l’association espagnole d’horticulture et de jardinage social et thérapeutique ou AEHJST (Asociación Española de Horticultura y Jardinería Social y Terapéutica). Tiens, la même année que se lance aussi la Fédération Française Jardins Nature et Santé…Une prise de conscience, une maturité des pratiques, un besoin de connexion entre professionnels bouillonnait dans les pays hispanophones comme en France.

« Nous sommes une association sans but lucratif formée par des professionnels et des collaborateurs dans le but de promouvoir l’horticulture et le jardinage comme outils thérapeutiques et de socialisation », peut-on lire sur le site de l’association. Leila ajoute que l’association a pour objectif « de faire connaître cette voie professionnelle. En outre, elle est axée sur la formation d’autres professionnels et le développement de la recherche dans ce domaine en langue espagnole, ce qui permettra de consolider les hypothèses sur les avantages de l’utilisation de l’horticulture comme thérapie. » 

Quant au rôle personnel de Leila, il est vaste. « Mon rôle est celui de trésorière. En outre, dans le cadre de mes tâches, je dispense des formations à d’autres professionnels et leur offre des conseils sur la manière d’utiliser l’horticulture comme thérapie. » En effet, le site collecte et répond à des demandes de conseils.

La variété des associations d’hortithérapie dans le monde hispanophone – Savias Conexiones

Une histoire de définitions : de quoi parle-t-on ?

« Qu’est-ce qui constitue un jardin thérapeutique dans chaque pays ? Cette question est bien centrale puisque l’AHTA y a consacré un symposium en octobre dernier », explique Leila. En effet, la question anime à peu près toutes les conversations dès que vous rassemblez plus de deux ou trois personnes avec une pratique dans ce domaine. Et avec des débats parfois très vifs! Arrêtons-nous un instant sur les définitions et positions proposées par l’AEHJST. Je me permets de vous donner ici une traduction des définitions intégrales exposées sur le site de l’association et je vous invite à les mettre en regard des définitions proposées par l’American Horticultural Therapy Association (AHTA) dont elles me semblent proches. 

Voici les définitions de l’AEHJST :

Horticulture et jardinage sociaux et thérapeutiques

Elle englobe toutes les utilisations de l’horticulture et/ou du jardinage pour les approches suivantes : professionnelle, sociale et thérapeutique. En outre, l’utilisation des deux termes, horticulture et jardinage, facilite la compréhension de la portée de cette association et du travail de ses membres professionnels.

Les différentes approches dans le domaine de l’horticulture et du jardinage sociaux et thérapeutiques sont décrites ci-dessous :

Thérapeutique. Également connue sous le nom de « thérapie horticole ». Il s’agit d’un processus formel par lequel le thérapeute évalue et convient d’une série d’objectifs avec l’utilisateur participant. Le thérapeute, utilisant l’horticulture et le jardinage comme support, conçoit un programme individualisé et accompagne le client dans la réalisation de ces objectifs. Les interventions peuvent avoir lieu tant au niveau individuel que collectif, mais toujours en respectant les objectifs de chaque participant. Ce type d’intervention est plus courant dans les milieux cliniques, où le thérapeute travaille au sein d’une équipe multidisciplinaire en collaboration avec d’autres professionnels tels que des travailleurs sociaux, des ergothérapeutes, des infirmiers et des psychologues.

Social ou récréatif. Également connue sous le nom d' »horticulture thérapeutique ». Il s’agit d’un processus informel dans lequel le thérapeute ne convient pas d’objectifs spécifiques avec le client, bien qu’il puisse le faire s’il le juge approprié. Le client participe dans le contexte des objectifs du programme de manière active ou passive. Ce type de programmes se concentre généralement sur l’inclusion sociale, l’occupation et le bien-être général. Ils sont généralement développés dans des centres de jour, des centres pour personnes âgées, des jardins scolaires, des jardins urbains, des centres pénitentiaires, des projets associatifs, etc.

Travail. Le thérapeute est chargé de préparer l’usager à sa future intégration sur le marché du travail. Il est chargé de la formation aux tâches liées à l’horticulture et/ou au jardinage, ainsi que de l’évaluation et du suivi de l’utilisateur dans le processus d’acquisition de compétences professionnelles. Des compétences qui lui permettront d’opter pour un emploi dans le secteur agricole, sans exclure d’autres secteurs dans lesquels l’utilisateur peut envisager son employabilité. Ce type de programme est généralement promu par des associations de personnes handicapées, malades et/ou en risque d’exclusion sociale

*Au sein d’une entité ou d’un programme, le champ social ou récréatif peut être combiné avec le champ thérapeutique ou de travail.

Mission n°1 : la formation

« En parlant avec des gens dans les différents pays, je me suis rendue compte que leur formation avait eu lieu aux Etats-Unis ou en Angleterre comme moi. Mais c’est une barrière pour beaucoup de monde, à cause de la langue et du coût. » C’est ainsi que l’AEHJST a commencé rapidement à proposer plusieurs formations, une différence avec la FFJNS qui n’est pas un organisme de formation, mais dont certains membres proposent des formations, une douzaine au total.

En Espagne, le pays de Leila, « nous travaillons avec deux universités. Avec l’université autonome de Barcelone (UAB) et son école d’infirmières et d’ergothérapeutes, nous sommes dans la 2e année d’un cours en ligne de 20 heures, une initiation ouverte à tous. C’est un cours de 20 étudiants maximum, enseigné par une équipe dont je fais partie. Avec l’université de Saragosse, c’est un cours pendant l’été, plus pratique, qui se déroule en partie dans un jardin ouvert à la communauté. » 

«  Quant au cours « Social and Therapeutic Horticulture » de 45 heures, il est enseigné par une équipe multidisciplinaire très riche : Perla Sofía Curbelo (HT à Puerto Rico), Eva Creus Gibert (HT), Daniela Silva-Rodríguez (HT), Andrea Costas Aranda (jardinier), Karin Palmlöf (conceptrice de jardins thérapeutiqeus), José María Salas (collaborateur de Karin), Ariana Smith Rodríguez (ergothérapeute, collaboratrice de Karin), Salvador Simó (consultant),  Albert Cervera (consultant) et moi-même. »

Pour découvrir l’offre de formation de l’AEHJST, c’est par ici.

Suivre Leila

En 2016, elle a lancé le blog Vitamina Verde en espagnol pour partager des informations autour de l’hortithérapie. Le blog est actuellement en pause par faute de temps. Il reste une ressource importante en espagnol.

Sur les réseaux sociaux, vous pouvez la suivre sur @VitaminaVerdeTH. De son côté, Leila suit assidument tout ce qui touche à la « hortoterapia ». Avec sa collègue péruvienne Daniella, elle est en train de développer un glossaire en espagnol. Les projets ne manquent pas.

Vous pouvez écouter cette conférence de Leila pendant le Trellis Seminar Series de 2021

Autre ressource, Savias Conexiones, un lieu d’échange entre hortithérapeutes de langue espagnole, une série de causeries qui ont débuté pendant la pandémie et qu’on peut retrouver en ligne (2020) sur Facebook ou sur Instagram. Leila y a apporté sa contribution.