Dans les jardins et la nature, les activités thérapeutiques continuent leur grand retour

Au Centre Hospitalier Théophile Roussel de Montesson dans les Yvelines, les ateliers d’hortithérapie redémarrent officiellement ces jours-ci au Jardin des Tisanes après trois mois de confinement. Du côté de l’ESPM Georges Daumezon à Orléans, l’autorisation de proposer des activités au jardin de soins partagé date déjà de quelques semaines. Art-thérapeute et animatrice nature entre autres casquettes, Juliette Cheriki-Nort explique reprendre doucement ses activités dans les Ardennes où elle propose tout particulièrement en ce moment des activités en forêt pour prendre l’air et limiter les risques. Les exemples se multiplient. Après ceux de début juin, voici quatre nouveaux témoignages de reprise ou de lancement d’activités qui donnent de l’espoir.

Thibaut Pinsard, Les Décliques : les enfants dehors

Avec le déconfinement et les difficultés de distanciation physique dans les classes, le sujet de l’école dehors débarque sur le devant de la scène, ici dans la Drôme et là dans les Deux-Sèvres ou encore dans cette émission sur France Culture. Une piste de réflexion intéressante qui, espérons-le, va prendre de l’ampleur en France.

La nature, c’est aussi le reste du temps que les enfants en ont besoin. En début d’année, j’avais parlé avec les créateurs des Décliques qui proposent aux petits Franciliens des « Escapades » dans la nature. Pour eux aussi, enfants et animateurs, le confinement a marqué un coup d’arrêt brutal. Mais les activités sont en train de repartir avec deux stages d’étéprogrammés pour le mois de juillet dans le quartier des Groues à Nanterre à deux pas de La Défense. Avec deux thèmes : Champions de l’écologie et Explorateurs de la biodiversité.

« Les stages sont pour le moment limités à 10 enfants. Et on prendra bien sûr toutes les mesures sanitaires nécessaires : gestes barrière, masques pour les adultes, gels hydroalcooliques, lavages de mains fréquents,… », explique Thibaut Pinsard des Décliques. « On a remarqué que beaucoup de partenaires ne pouvaient pas se projeter dans le futur et restaient dans l’expectative, ce qui est particulièrement freinant pour avancer. » Cette année, les colonies de vacances, déjà en perte de vitesse comme l’expliquait Thibaut en mars, ne vont pas toutes ouvrir leurs portes à cause des conditions difficiles à respecter…Quel dommage !

Un coin de nature à l’ombre de La Défense en région parisienne

Isabelle Launet (hôpital pédiatrique et résidence autonomie) : « Mon rêve est que le personnel soignant voit ce qui se passe au jardin »

A l’hôpital Robert Debré, Isabelle Launet anime le jardin de la Maison de l’Enfant depuis quelque temps déjà. Comme on peut bien l’imaginer, les activités avaient complètement cessé. Isabelle est parmi les premières intervenantes extérieures à revenir à partir du 17 juin. « Cela a été validé puisque nous travaillons à l’extérieur. Il y aura entre deux et quatre enfants installés à des tables séparées. Si un enfant accroche, l’intérêt est de pouvoir revenir pour un travail de suivi », explique Isabelle qui espère une articulation de plus en plus grande avec les soignants. « Mon rêve est que le personnel soignant accompagne les enfants pour qu’ils voient ce qui se passe au jardin. D’ailleurs, j’ai rencontré un kiné qui vient avec un enfant au jardin pour pratiquer la marche sur un sol inégal. Le jardin est utilisé comme une autre pièce à l’extérieur ! »

Isabelle vient de débuter des ateliers dans une résidence autonomie du Pré-Saint-Gervais dont Terr’Happy a conçu le jardin. « Les ateliers devaient commencer le 21 mars…ils ont démarré début juin avec l’aval de l’ARS et du CCAS dans cette résidence qui n’a connu aucune contamination pendant la crise sanitaire », rapporte Isabelle. « Nous avons réduit le nombre de participants à 5 ou 6 et nous respectons toutes les consignes habituelles. Nous avons dû supprimer le rituel de la tisane. La directrice nous dit ressentir un effet confinement : il y a une réticence à sortir, à être dehors, une peur à s’exposer aux éléments, au vent et au froid. »

Christelle Forestier Jouve, Les petites bulles vertes : « Le jardin de soin peut apporter une réponse à ce que nous vivons en plus de ce qu’il apportait déjà »

Christelle Forestier Jouve dans son « laboratoire »

« Je viens de recevoir un mail de la préfecture qui valide la création de mon association! Je suis hyper heureuse! ». Depuis le mois d’avril, Christelle Forestier Jouve et moi échangeons des messages sur le lancement de sa nouvelle activité initialement prévu pour début juin. Il y a quelques jours, son dernier message était jubilatoire. Les petites bulles vertes, c’est parti. Finalement la crise sanitaire aura à peine retardé le projet. « Plus que jamais, les évènements que nous traversons nous montrent les principes de biophilie et les relations indispensables au bon fonctionnement de l’humain: l’humain relié à d’autres humains (le lien social) et l’humain relié à la nature. L’Homme coupé de ces éléments, nous observons une augmentation de la violence, des dépressions (à voir ce qui se passe dans les ehpad actuellement entre autres), des troubles anxieux. »

Soignante de profession (manipulatrice en électroradiologie médicale puis cadre de santé hospitalier dans différents services), Christelle avait commencé à rencontrer des directeurs d’Ehpad ainsi que l’association locale France Alzheimer juste avant le confinement. Pendant la crise sanitaire, elle dépose en ligne le dossier de création de son association. Pour compléter ses compétences de soignante, elle a déjà suivi une formation sur l’aménagement des jardin de soin auprès de Sonia Trinquier/Mosaïque et elle est inscrite dans une formation à Chaumont-sur-Loire reportée de mars à novembre 2020. En novembre toujours, elle suivra une formation de France Alzheimer destinée aux aidants.

« J’ai pu constater que beaucoup d’Ehpad obtiennent des fonds pour installer des jardins dits thérapeutiques alors qu’aucun travail préalable n’a été fait avec les équipes soignantes. Les jardins n’ont alors pas de fonction thérapeutique – ils sont plus objets de décoration; pour autant, ce qui m’interroge est que les établissements ont toutefois obtenu des financements », s’étonne-t-elle.

Autre bonne nouvelle, la soignante a « très envie (et cela me tient à cœur) de publier des articles scientifiques et m’associer dans ma démarche à des scientifiques (gériatres, autres médecins, sociologues et bien d’autres pour croiser les expertises). Évidemment, tout cela ne pourra se faire que lorsque j’aurai pu animer des ateliers jardins de soin! Cela fait partie de mon projet à long terme. »

Quel est son plan d’action dans les semaines à venir ? « Reprendre contact avec les Ephad que j’ai approchés et un centre social sur des ateliers à visée des séniors, rencontrer des médecins généralistes qui sont prescripteurs en Ephad…….tout cela va se faire cet été entre juillet et septembre. Et j’aimerais répondre à un appel à projet du CNSA (Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie), pour cela j’ai besoin de bosser pas mal ! Et tant d’autres choses : créer une visibilité internet, poursuivre la création de mon réseau et mettre les mains dans la terre avec un public en respectant les gestes barrières… »

« Mon jardin locatif « ouvrier » est mon « laboratoire » sur ce qu’il est possible de tenter …ou pas! Je fais mes semis dans le salon de notre appartement. J’ai toujours jardiné. Au départ (c’est assez classique, je sais) avec ma grand mère, puis sur mon balcon et partout où je pouvais. Ma passion pour l’Humain et la Nature converge enfin! J’ai hâte de pouvoir animer un premier atelier. Pour l’heure, mes tests sont mes enfants. Et lorsque mon époux qui n’est pas jardinier découvre que le poireau peut fleurir…je suis super contente et je me rends compte que le pouvoir d’attraction du jardin est grand. »

Pour joindre Christelle Forestier Jouve à Cognin en Savoie : lespetitesbullesvertes@gmail.com

Yann Desbrosses : « Les séances en pleine nature sont une alternative sanitaire » 

Yann Desbrosses n’a pas découvert l’intérêt de la nature dans sa pratique de psychothérapeute pendant la crise sanitaire, mais il la voit sans doute sous un angle supplémentaire. Implanté en région parisienne, Yann Desbrosses propose des psychothérapies en s’appuyant sur les approches de l’analyse psycho-organique et de l’EMDR (son site regorge de vidéos et de textes intéressants). Sa longue expérience de danseur acrobate, notamment dans des spectacles où le public découvrait les chorégraphies en déambulant dans la nature, entre pour beaucoup dans sa conception de la psychothérapie en pleine nature. Il propose en effet d’explorer ses sensations corporelles et émotionnelles au contact des éléments naturels lors de séances individuelles ou en groupe. Lorsque je lui ai parlé il y a deux semaines, il venait de reprendre les séances dehors avec son groupe continu « Ma Nature » qu’il co-anime un samedi par mois avec une psychologue, Julia Boyer, en forêt et en bords de Marne.

Fin mai, première séance en pleine nature après le confinement

« Les participants avaient l’impression de respirer, ressentaient un soulagement et une joie. C’est comme s’ils avaient vécu en apnée pendant deux mois. Comme certains qui vivent seuls avaient manqué de contact, nous avons proposé un jeu de contact avec les hautes herbes, un jeu de caresses et de chatouilles qui leur ont apporté des ressentis de rire et d’érotisme. « Qu’est-ce que cela nous a fait du bien que vous ayez trouvé une façon de rentrer en contact ! », nous ont-il dit à la fin de la séance. » A 25 kilomètres de Paris, dans une forêt domaniale où l’on rencontre peu de monde et où la biodiversité explose, Yann trouve un cadre idéal pour renouer le lien avec le végétal et le lien humain. Et dans le cadre actuel pour combler un manque laissé par le confinement. 

Il partage sa pratique entre un cabinet à Champs-sur-Marne (77) et un autre dans le 12e arrondissement de Paris à deux pas du Bois de Vincennes. « En 10 minutes de marche, on se sent loin, hors des routes bitumées, dans des zones diversifiées avec des sentiers tortueux, des clairières, des zones sèches », décrit-il. Certaines nouvelles demandes qu’il reçoit comportent cette demande explicite « je veux aller faire les séances en forêt ». Pas étonnant pour le thérapeute qui fait un lien direct entre les angoisses personnelles et l’angoisse générée par la crise environnementale.

 « Les gens transformés par l’expérience du confinement restent cependant une minorité, environ 10%. J’en suis étonné car on aurait pu s’attendre à une vague de transformations. Je constate par contre que plusieurs patients se sont bien habitués à la visioconférence et ne souhaitent plus venir en séance en présence, ce qui va dans le sens d’un glissement vers des relations à distance suite au confinement. C’est un gain de temps pour eux et ils se sentent bien dans ces séances à distance. J’espère pourtant que l’on ne va pas vers une généralisation des relations par Skype ou Zoom. »

Si un meilleur respect des conditions d’hygiène est bien réel en forêt, ce n’est pas l’argument que Yann a choisi de mettre en avant lors de la reprise post-confinement. « J’ai plutôt mis en avant le vivant pendant la saison du printemps avec l’éclosion et l’émergence qui font écho aux éclosions en soi. » En tout cas, comme beaucoup, il n’a pas compris l’interdiction générale de se promener en forêt pendant cette période ! Une aberration.

Outre les séances en région parisienne, un stage d’été prévu pour le mois d’août en Bourgogne est confirmé et sera coanimé avec Célestine Masquelier, « quatre jours dans un très beau domaine bourguignon, calme, éco lieu dessiné selon les principes de la Permaculture, au bord d’une rivière où nous pourrons nous baigner ». Il s’agira de « trouver une place dans ce monde, trouver sa place, retrouver le contact avec sa dynamique vitale, c’est aussi puiser dans un lien vivant avec la nature: source d’apaisement, d’inspiration, et pourquoi pas de sens. » De plus, une formation destinée aux professionnels initialement prévue pour juin est remise à octobre et se déroulera dans la forêt de Malvoisine en Seine-et-Marne.

« Après deux mois de confinemant qui ont marqué une pause, l’activité reprend avec plus de demandes en écothérapie. J’ai pris conscience que, s’il devait y avoir de nouveau une période de confinement, les séances dans la nature seraient une alternative sanitaire », conclut Yann Desbrosses. 

Dans les jardins et la nature, les activités thérapeutiques reprennent de plus belle

Deux papillons blancs dansent dans l’air sur une chorégraphie de l’instant présent. Le soleil joue à travers les feuilles des arbres dont le vert tendre au-dessus de nos têtes, ondulant légèrement dans le vent, gonfle mon cœur de joie et de reconnaissance. Sur le sol du sous-bois, le soleil projette des ombres changeantes. Elles me fascinent un bon moment avant que je m’en arrache pour continuer à explorer un peu plus cet univers ordinaire et mystérieux en compagnie de notre petit groupe de six personnes sous la houlette bienveillante de Christopher Le Coq, guide de bains de forêt, en ce magnifique samedi matin. Pas n’importe quel samedi, le dernier du mois de mai 2020 qui marque une nouvelle étape dans le déconfinement et un printemps qui vit sa vie sans s’occuper de nous.

Assis en cercle dans une petite clairière ou marchant à notre rythme propre dans le bois de Boulogne, nous faisons à la fois partie de la communauté des déconfinés avides de nature et de liens humains qui courent, font du vélo en famille ou marchent en petits groupes de copines dans le bois et à la fois nous sommes à part. Dans un mouvement plus conscient, une observation plus fine de notre environnement, une écoute intime de nos sensations et un moment exceptionnel de pause hors du langage. Avec des temps de partage ponctuels qui redonnent du coup plus de sens aux mots et aux échanges entre les inconnus, frères et sœurs humains, que nous sommes les uns pour les autres. 

Christopher Le Coq, guide de bains de forêt : « Le Shinrin-Yoku est une vraie co-création avec le groupe »

Wow !  24 heures plus tard, m’installant pour écrire dans le jardin partagé dont je vous ai parlé le mois dernier avec le chant des oiseaux et le lever du jour pour compagnons, je suis encore toute charmée par cette expérience, toute apaisée et toute rééchantée. Ce moment que j’anticipais et qui était à la fois un cadeau à mon mari qui fêtait son anniversaire ce weekend, à moi et à nous – ce moment résonne encore. Sûr que nous recommencerons et que nous voudrons étendre l’expérience à une pleine journée comme Christopher en propose en forêt de Fontainebleau

Après une période en pointillé dans son activité de guide de bains de forêt pour les raisons que nous connaissons bien et aussi pour un voyage au Japon à la rencontre des maitres du Shinrin-Yoku à l’automne dernier, il reprend de plus belle tout en approfondissant sa formation auprès de Bernadette Rey. Ce qui me semble un des signes prometteurs que les activités autour de la nature reprennent, portées par une envie de nature qui s’est révélée trop forte pour retomber comme un soufflé. Christopher y croit, j’y crois, nous sommes nombreux à y croire.

Comme je l’avais annoncé, mon envie ce mois-ci est justement de laisser la parole à ces hortithérapeutes ou autres professionnels qui nous relient à la nature pour qu’ils nous racontent comment leur travail reprend après le confinement. Je commence aujourd’hui et exceptionnellement, je continuerai sur ce thème le 2e lundi du mois de juin. Il a tant à dire.

Comme vous pouvez l’imaginez, la distanciation physique pendant un bain de forêt est facile. Et dans le jardin thérapeutique d’une maison de retraite ou dans un groupe d’enfants ? Un peu moins. Comme nous l’avait déjà démontré Sally Cobb le mois dernier, les ressources, la créativité et la détermination ne manquent pas.

Patricia Espi, Bourgeons et Sens : « J’ai bon espoir »

La détermination et la patience, Patricia Espi en a des stocks. En mai, elle a repris contact avec les différents établissements dans lesquels elle intervient même si elle se trouvait alors en « zone rouge » puisqu’elle est à Reims.

Le jardin de la résidence autonomie Les Gobelins. A la mi-juin, les ateliers de jardinage thérapeutique de Patricia dans cette résidence ARFo, l’association de Résidences-Foyers à Reims, doivent reprendre. Après le confinement strict, certaines activités redémarrent doucement – coiffure, pédicure – dans cette résidence qui a été épargnée par le Coronavirus, toujours avec un protocole précis pour assurer la sécurité. Encouragés par la directrice et l’hôtesse qui vivent sur place dans la résidence, les ateliers de Patricia ont lieu environ tous les 15 jours. Depuis le début, ils donnent lieu à la visite des enfants de CP d’une école voisine à la demande de la maitresse et à de beaux échanges de connaissances sur les légumes anciens par exemple entre les enfants et les personnes âgées. Les résidents des autres foyers ARFo peuvent aussi s’y joindre s’ils le souhaitent. A la fin de la séance, Patricia pratique des petits jeux et devinettes que des neuropsychologues appelleraient techniquement de la stimulation cognitive. Cette année, la saison au jardin aura été décalée, mais elle arrive.

La prison de Châlons-en-Champagne. Pour connaître la genèse de ce beau projet, je vous invite à faire un tour sur le blog Plus de vert Less béton de Paule Lebay. « Notre dernier atelier date de février, juste avant le confinement. On avait désherbé, mis de l’engrais, arrosé et nous devions nous revoir », explique Patricia qui échange depuis quelques semaines avec le personnel de la prison pour la reprise. « Quand on sème nos graines, ça ne coûte rien. Mais nous allons devoir acheter des plantes. Et qui va financer le gel, les gants, les masques ? L’atelier a un petit budget. On parle d’un outil par personne, désinfecté avant et après l’activité. Peut-être d’une étiquette avec le nom sur chaque outil pour éviter la contamination. »

Le jardin partagé de Bezannes. En 2016, découvrant le projet immobilier Konekti de 60 logements de trois types différents, Patricia avait contacté les porteurs du projet pour y proposer un jardin pour les habitants. Recontactée un an plus tard, elle a conçu le jardin, travaillé avec une paysagiste pour le choix des végétaux et un artisan local pour le mobilier. Le confinement est passé par là et a retardé les plantations. Roulement de tambour pour annoncer que, le 19 juillet 2020, le jardin partagé sera bel et bien inauguré et présenté aux habitants. Par groupes de 10 personnes à la fois, gestes barrière obligent. Pendant le confinement, Patricia a finalisé le planning d’ateliers du samedi matin jusqu’à fin juin 2021. Quand on dit que le jardin s’inscrit dans le temps…

« Les samedis matins, nous serons au jardin d’environ 10h00 à midi avec un temps d’accueil autour d’un café et un atelier sur un thème. Une salle de convivialité est disponible en cas de mauvais temps. Ca me fait plaisir d’avoir créé ce jardin partagé du début à la fin. J’ai bon espoir. » D’autant qu’un autre projet se profile autour du nouvel écoquartier Réma Vert où Patricia est sollicitée…Une nouvelle raison d’espoir avec cet engrenage positif qui semble en mouvement.

Romane Glotain, Le jardin des Maux’passants : « Le jardin confiné pour être seul et le jardin déconfiné pour retrouver le groupe »

Romane est également une habituée du Bonheur est dans le jardin depuis 2016, année où elle avait brillé dans la catégorie Excellence du Concours d’Avenir de la Fondation Truffaut. Il y a quelque temps, elle a créé Le jardin des Maux’passants, pour « accompagner des publics en situation de vulnérabilité sociale, psychologique, physique résidant ou non en structure médico-sociale en utilisant le jardin, le jardinage et le végétal comme support ». Alors que le confinement s’achevait, elle reprenait un remplacement d’éducatrice technique spécialisée en horticulture dans un IME (Institut Médico-Educatif) où la création d’un jardin partagé est toujours à l’étude. Sa participation au Salon du Végétal d’Angers, événement initialement prévu pour septembre 2020, pour sensibiliser les visiteurs à l’hortithérapie est en suspens.

« Justement je pense que cette période de confinement a appuyé sur l’indispensable accès à la nature que l’Homme doit pouvoir avoir au quotidien pour son bien-être global et surtout psychologique. Ceux qui avaient des jardins se sont réjouis d’en avoir pour s’occuper, s’aérer, se recentrer, se détendre, profiter des premiers rayons du soleil printanier, prendre le temps d’observer, d’écouter. A contrario, ceux qui n’avaient pas le moindre petit carré de jardin, se sont plaints d’étouffer, de ne pas profiter de la nature », constate Romane. « Personnellement, j’ai vécu dans mon appartement deux mois, j’ai des plantes en intérieur et sur mon balcon. Elles ont été vitales vraiment et je les ai observées beaucoup plus que d’habitude. J’en ai pris soin tout simplement! Et lors de mes promenades, j’ai observé avec beaucoup plus d’émerveillement les arbres qui ouvraient leurs premières feuilles, les fleurs, à travers les jardins des habitants du quartier. Sans oublier de jeter un œil sur la mer que je trouvais plus belle que d’habitude quand le large était découvert, juste en écoutant le chant des mouettes! »

Les semaines de post-confinement ont été un temps de rencontres avec des personnes qui l’avaient contactée pour en savoir plus sur les jardins de soins. Membre de la Fédération Française Jardins, Nature et Santé, elle s’est aussi activée pour lancer une antenne régionale en Pays de la Loire. « Pour mes futures actions, le confinement m’a appris à réaliser le côté communication en testant la vidéo notamment et le travail à distance. Je pense que les directives qu’a prises l’état pour le déconfinement ont été un moyen pour ceux qui ont des jardins (particuliers, institutions) de se recentrer et de profiter (en autonomie, seul) des atouts et du bien-être que peut nous procurer la nature. Car les espaces végétalisés servent aussi à se retrouver seul pour x raisons. Pour ensuite, quand le temps sera venu, s’associer et continuer les partages, expériences, échanges au sein d’un jardin qui restera indéfiniment vecteur de rencontres positives! »

Emmanuelle Lutton, Jardin de Vezenne : « Les premières séances reprennent jeudi »

Pour une présentation du Jardin de Vezenne, je vous renvoie à ce billet de juillet 2019 et au site du jardin. Qu’en est-il un an plus tard ? La crise sanitaire n’a pas été simple pour les créateurs de ce beau projet de jardin thérapeutique encore tout jeune.

Voici ce que me dit Emmanuelle ce matin même, premier jour du mois de juin : « Je reprends les séances au jardin dès cette semaine. Même si toutes les institutions ne reprennent pas les séances prévues dès ce mois-ci, on peut dire que la reprise est amorcée! Nous mettons en place les gestes protecteurs: désinfection des mains à l’arrivée et au départ du jardin, aménagement des espaces en respectant les distances de sécurité, port du masque (quand c’est possible, en fonction des publics) et désinfection des locaux entre deux groupes »

On sent que la dynamique reprend. « Nous allons également pouvoir relancer les travaux d’aménagement du jardin de soin avec la construction d’une terrasse sur pilotis sur la mare et l’implantation d’un jardin aquatique. » Et pourtant on revient de loin avec l’annulation de tous les ateliers au début du confinement, soit environ 55 ateliers entre mars et mi mai ! Toutes les structures qui viennent au jardin de Vézennes (maison de retraite, foyer résidentiel seniors, MAS, FAM) avaient annulé les sorties extérieures ainsi que les interventions des partenaires extérieurs chez elles. Seule une structure hébergeant des jeunes a bénéficié d’une dérogation pour venir au jardin pour trois ateliers avec un « protocole » à respecter. 

Les difficultés ne manquent pas comme l’ont montré ces trois ateliers pionniers. « Le port du masque s’avère parfois bien compliqué. Les masques en tissu très épais étouffent le son de la voix, empêchent la lecture labiale et causent des difficultés de compréhension et d’échanges. La mise en place de la distance physique s’avère également compliquée à respecter pour montrer, se passer une plante, câliner un chevreau, observer un poussin… »

« De plus, l’entrée en relation, avant d’être verbale, est bien souvent physique. La mise à distance entrave cette entrée en relation, essentielle avec la plupart de notre public », explique Emmanuelle. Les difficultés ne manquent pas, mais les accepter et les digérer peut faire partie des nouvelles leçons du jardin dans cette nouvelle phase du « monde d’après ».

A dans 15 jours pour de nouveaux exemples de résilience en pleine nature. D’ici là, portez-vous bien et ouvrez vos sens.