En Belgique, le « Grand Jardin » de l’hôpital «Chêne aux Haies»

Chose promise, chose due. Cette année, j’avais promis qu’on voyagerait hors des frontières. Cette semaine, direction la Belgique. Et puis, ce sera la pause estivale. Bon été et à la rentrée.

 

Alain Flandroit, le concepteur du Grand Jardin au CHP de Mons-Borinage en Belgique.

Alain Flandroit, le concepteur du « Grand Jardin » au CHP de Mons-Borinage en Belgique.

Sur un terrain en friche précédemment occupé par des chevaux (merci, l’engrais naturel), Alain Flandroit a fait pousser un beau jardin qui rassemble les patients du Centre Hospitalier Universitaire et Psychiatrique de Mons-Borinage depuis son ouverture en 2013. « Différents pavillons avaient déjà des jardinets avec surtout des fleurs, mais j’avais envie de toucher un maximum de personnes et d’ajouter un potager », explique cet horticulteur de formation qui a passé un diplôme d’éducateur après avoir commencé à travailler dans le milieu psychiatrique (cette reconversion me fait penser à l’expérience de Jean-Luc Valot, mais aussi dans l’autre sens à celle que Stéphane Lanel nous racontait la semaine dernière). Après l’obtention de son diplôme, il commence naturellement un petit jardin dans le service d’admission à l’hôpital. Ce jardin n’est qu’un début…

Le jardin occupe un espace anciennement utilisé pour l'hippothérapie.

Le jardin occupe un espace anciennement utilisé pour l’hippothérapie.

Grâce aux 10 000 euros reçus dans le cadre du concours « Colour Your Hospital » de la Belfius Foundation, il réussit à s’équiper de serres tunnels, d’outils, de plantes et de semences. Avec l’accord de la direction pour le terrain et le financement pour l’équipement, il peut réaliser son rêve. « J’utilise les principes de la permaculture. On a mis les éléments les plus importants près des bâtiments et les fruitiers, où on va moins souvent, au fond du jardin. Dans les serres, on fait des semis et des tomates. Il y a un terrain pour les cucurbitacées, les courgettes, les potirons, les potimarrons, pour faire la soupe. »

« Qui veut venir au jardin? »

Pour faire connaître le jardin, il va de pavillon en pavillon expliquer son projet. Aujourd’hui, le mode de fonctionnement est simple. « J’envoie un email pour dire que je serai au jardin de telle heure à telle heure. Je fais le tour des chambres et je demande qui veut venir au jardin. Le jardin s’adapte aux patients selon leurs capacités, leur mobilité, leur âge et leurs connaissances. Je ne les sous-estime pas car ils ont des capacités. L’important est de bien se faire comprendre. Et puis se tromper fait partie de la thérapie. S’il y a plus de monde, on travaille plus sur le social. S’il y a moins de monde, on peut plus guider, c’est plus individuel. »

Flandroit 1Les patients viennent accompagnés par des kinés, des infirmières, des ergothérapeutes, des animateurs. « Ils se basent tous sur le travail de jardinage avec une observation propre à leur métier. Le kiné va regarder la posture, l’ergothérapeute la fonction des mouvements dans l’exécution, l’éducateur l’autonomie et le cognitif. Tous les professionnels voient les patients dans un autre lieu qui permet de se détendre et de plus parler. »

Un lieu de rassemblement

Le jardin est devenu un lieu de rencontre. « Ils viennent de différents pavillons, mais ici ils partagent une passion commune. Tout en travaillant, ils se racontent des choses et il y a de l’entraide. Je dis souvent aux patients que le jardin existe grâce à eux. Quand un grand groupe débarque, des projets se réalisent et ils sont satisfaits de l’évolution. Quand ils quittent l’hôpital et doivent malheureusement revenir, ils repassent par le jardin. »

Flandroit 3« Nous travaillons sur le bien-être général du patient, sur l’espace et le temps. Au printemps, on sème. En automne, on récolte. Un patient voulait semer en hiver. Ca fait partie du jardin de travailler sur la frustration.  En tant qu’horticulteur, je passe du temps à raconter pourquoi on fait le travail. Le plus dur est d’amener les personnes au jardin. Avec la pluie, le soleil, le vent, c’est une difficulté. J’explique les travaux de saison et je les laisse choisir. C’est une victoire en soi si quelques personnes se trouvent bien au jardin. » Le Grand Jardin d’Alain Flandroit me fait bien sûr penser au jardin de soins partagé créé au Centre Hospitalier Départemental de Daumezon autour d’Anne Babin et de Laurent Chéreau.

« En Belgique, ça se développe doucement. Je pense que la France a pris de l’avance. On est vraiment au début. A ma connaissance, il n’existe pas de formation », explique Alain Flandroit en pionnier d’un mouvement qui a choisi de tracer son chemin.

France Pringuey, médecin paysagiste

Les lecteurs réguliers de ce blog connaissent déjà le travail de France Pringuey, rencontrée virtuellement grâce à Carole Nahon il y a presqu’un an. En février, j’ai eu le bonheur d’aller la rencontrer sur le terrain, au CHU de Nice et dans un IME à Biot où elle conçoit en ce moment un nouveau projet. Une journée très riche concentrée dans ce portrait, forcément trop court, pour Le Lien Horticole du 1er avril. Avec en plus un appel aux mécènes pour le projet de l’IME de Biot dont les plans sont prêts après plusieurs réunions participatives avec les équipes.

Après ce billet, je vais faire une « pause pédagogique » jusqu’à la fin mai. Avec les examens qui approchent à la fac, les journées (et les nuits) ne sont pas assez longues. J’ai besoin de préserver mes forces!

Le Jardin de l'Armillaire en hiver

Le Jardin de l’Armillaire en hiver

 

Le portrait de France Pringuey

L’appel aux mécènes et aux soutiens pour le projet de l’IME Les Hirondelles à Biot

 

 

 

 

 

 

 

Pour fêter le printemps et la résurrection de la nature, je partage cette photo prise fin mars dans le verger de Port-Royal des Champs où la floraison a commencé malgré le retour du froid. Maintenant, la floraison est en pleine force. Ca doit être magnifique.

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Eloge d’un jardinier : Dominique Marboeuf et le centre hospitalier Mazurelle

IB Dominique Marboeuf 5Cette semaine, je partage cet article écrit pour Le Lien Horticole (l’hebdo des professionnels de l’horticulture ornementale qui s’intéresse au sujet de l’hortithérapie). J’ai eu le plaisir d’aller rendre visite à Dominique Marboeuf « chez lui » au centre hospitalier Georges Mazurelle à la Roche-sur-Yon où il officie depuis presque 40 ans. Depuis notre première rencontre en octobre 2012 à Chaumont-sur-Loire, l’objectif était d’aller voir sur place comment Dominique a transformé le parc pour qu’il contribue au bien-être des patients. A la fin de l’année, Dominique prendra sa retraite et passera le flambeau à l’un de ses collaborateurs, Michel Grelier. Eloge d’un jardinier modeste.

Cliquez sur le lien : Le Lien Horticole 27 août 2014