Visite du jardin d’Onzain en vidéo

Déjà le 1er septembre. Bonne rentrée à tous.

La semaine dernière, je suis allée au festival des jardins de Chaumont. Impensable de ne pas faire un saut de l’autre côté de la Loire pour aller rendre visite à Paule Lebay à la maison de retraite d’Onzain. Elle nous raconte le jardin en quelques vidéos : l’entrée du jardin, la serre, la butte en fleur, les futurs ateliers d’hortithérapie,…

 

 

 

 

Agevillage décerne ses 2e prix des « Jardins Thérapeutiques »

Décidemment, les prix pour les jardins thérapeutiques fleurissent ce printemps. Fin mai, Agevillage.com, un magazine web d’information pour les personnes qui vieillissent et leur entourage, a remis ses 2e prix « Jardins Thérapeutiques » au salon de la Santé et de l’Autonomie. « Il y a deux ans, nous avons eu l’intuition que la question des jardins s’implantait dans les projets de maisons d’accueil », explique Annie de Vivie, la fondatrice du site. « Comme le salon Santé et Autonomie montait un espace jardin, nous avons lancé le prix pour valoriser ce qui se passait sur le terrain. La première année, nous avons reçu une vingtaine de candidatures et cette année une centaine. » L’intuition était donc bonne.

Jardinage à la résidence Bastide Médicis à Labège en Haute-Garonne.

Jardinage à la résidence Bastide Médicis à Labège en Haute-Garonne.

Cette année, le Grand Prix est revenu à la résidence Bastide Médicis à Labège en Haute-Garonne.  Je cite directement le dossier de presse. « La résidence Bastide Médicis bénéficie d’un vaste espace vert de trois hectares. Un projet de jardin « à tout âge » a été mis en place par l’équipe soignante en concertation avec les familles de résidents. Ce jardin, qui fonctionne été comme hiver, a été choisi pour la qualité de ses structures ainsi que pour les multiples activités proposées », y explique-t-on. « L’enjeu au jardin est de se régénérer, tout au long de l’année. Nous avons primé cette résidence car ils rendent le jardin accessible 7 jours/7, en été comme en hiver avec des activités à l’intérieur. »

Le "Jardin des 5 sens" de l'association Saint-Joseph à Nay dans les Pyrénées-Atlantiques est ouverts aux résidents, mais aussi à la  population locale.

Le « Jardin des 5 sens » de l’association Saint-Joseph à Nay dans les Pyrénées-Atlantiques est ouverts aux résidents, mais aussi à la population locale.

Chaque fédération partenaire (la Fédération Hospitalière de France, la Fédération des établissements. hospitaliers & d’aide à la personne et l’Union des Centres communaux ou intercommunaux d’action sociale) ont également remis leur prix à une résidence membre du réseau de chacun. Ainsi le prix FHF revient au centre d’accueil de jour « Tian an Heol » situé à Moëlan sur Mer dans le Finistère. « Leur projet « Réveil… du potager », est né d’une spécificité locale : tous les résidents de cette région rurale ont connu et travaillé dans un potager », décrit le communiqué. Le prix FEHAP a été décerné à l’association Saint-Joseph de Nay dans les Pyrénées-Atlantiques où l’équipe a créé un « Jardin des 5 sens » ouvert à tous, résidents et populations locales.

La particularité du jardin de la résidence Camille Saint-Saëns à Epinay-sur- Seine dans la Seine-Saint-Denis est d'être intergénérationnel.

La particularité du jardin de la résidence Camille Saint-Saëns à Epinay-sur- Seine dans la Seine-Saint-Denis est d’être intergénérationnel.

Enfin le prix UNCCAS récompense la résidence Camille Saint-Saëns à Epinay-sur- Seine dans la Seine-Saint-Denis pour son jardin intergénérationnel. Parmi la centaine de candidatures, le jury a souhaité récompenser deux autres jardins avec des prix « Coups de cœur » : l’hôpital psychiatrique Saint-Jean-de-Dieu situé à Leuze-en-Hainaut en Belgique et l’accueil de jour Le Fil d’Argent qui se trouve à La Garde dans le Var. On peut imaginer qu’il fut difficile pour le jury de ne retenir que six jardins parmi tous les candidats.

Annie de Vivie constate une évolution. « Au début, on voulait faire quelque chose de joli pour se balader. Maintenant on y travaille avec les autres, on fait pousser des plantes. On voit des potagers, des espaces pour des animaux, des projets intergénérationnels avec des écoles, des crèches, des assistantes maternelles, les enfants du personnel », décrit-elle. « L’enjeu est d’être dans la vie. » Pour elle, les obstacles sont le manque d’imagination et de vision. « Oui, les professionnels ont besoin d’aide, y compris financière, pour démarrer. Les dotations sont serrées. Mais ils vont chercher des fonds et des aides auprès des mairies, des associations, des écoles d’horticulture ou des ESAT (établissements et services d’aide par le travail).” Elle sent aussi que les professionnels de la santé ont petit à petit accès à plus d’information et de formation dont des dossiers sur le site AgeVillage.

jardin_memoire2013Avec l’association Jardins et Santé, AgeVillage se concentre maintenant sur une nouvelle manifestation qui avait débuté dans quelques régions pilotes l’année dernière, mais se généralise à toute la France en 2013. L’opération « Un jardin pour ma mémoire » aura lieu les 21 et 22 septembre. Ces deux jours, des centaines de résidences ouvriront leurs portes aux visiteurs et feront découvrir leurs jardins. Une occasion unique de pénétrer dans ces endroits souvent mystérieux qui accueillent les personnes âgées.

Le Jardin d’Olt : les résidents d’une maison de retraite rurale renouent avec la terre

Le patio de 800 m2 était jusque là inutilisé et inaccessible.

Le patio de 800 m2 était jusque là inutilisé et inaccessible.

Remède contre l’enfermement, le jardin intérieur de l’hôpital-maison de retraite Etienne Rivié à Saint Geniez d’Olt dans l’Aveyron est né d’une contrainte architecturale et du constat d’une psychologue nouvellement arrivée. « Nous étions confrontés à un problème avec deux unités fermées pour les personnes les plus dépendantes qui n’avaient aucun accès sur l’extérieur à cause d’une pente non conforme pour les fauteuils roulants. Des personnes sont coincées là depuis des années et ne peuvent que rarement aller dehors quand un soignant peut les accompagner », explique Cécile Ratsavong-Deschamps, psychologue et présidente de l’association Médecines, Cultures et Paysages. « Ce qui m’a frappée, c’est que pour la plupart des résidents et de leurs familles il est naturel d’être dehors et de cultiver la terre. En entrant en institution, ils font le deuil d’aller dehors et de travailler la terre. » Les deux unités fermées hébergent 70 personnes, dont une vingtaine se déplacent avec un déambulateur et le reste en fauteuil roulant. Un tiers des résidents sont atteints de démences de type Alzheimer, un tiers de troubles psychiatriques anciens et enfin un tiers sont en fin de vie et en soins palliatifs.

Citadine récemment débarquée dans ce milieu rural, Cécile constate que « leur vie agricole est la seule chose dont ils parlent avec animation et qui les rend vivants. » Avec le médecin de l’unité, elle forme un groupe de travail sur l’enfermement et la contention. Une alternative à l’enfermement est naturellement d’aller dehors. Les unités disposent justement d’un patio de 800 m2 qui n’est pas utilisé. Tirer profit de cet espace devient une évidence. « En lisant les articles principalement américains, je me suis rendu compte qu’il fallait un projet cohérent et adapté à notre population. Si on ne permettait pas l’accès pour tous, c’était l’échec assuré. »

Le projet proposé par la paysagiste Laurence Garfield.

Le projet proposé par la paysagiste Laurence Garfield.

Le groupe de travail procède avec méthode : une analyse des besoins sonde à la fois les résidents, leurs familles et le personnel. Terrasse à l’ombre, oiseaux et poissons, jardinage avec une préférence pour la culture des fleurs, les envies se dessinent. L’ergothérapeute et le kiné de l’établissement s’associent au projet et une paysagiste, Laurence Garfield, se met au travail. Elle vient de rendre un avant-projet pour l’aménagement du jardin intérieur. La phase conceptuelle a été financée grâce à des subventions du Conseil général, de la mairie et du Crédit Agricole. L’établissement a également donné une subvention à l’association Médecines, Cultures et Paysages qui s’est créée justement pour être porteuse du projet et obtenir des financements plus facilement. « Nous nous heurtons à des problèmes financiers et institutionnels. Ce n’est pas simple de mettre en place un tel projet », reconnaît Cécile.

Sur ce chemin difficile, il y a de bonnes nouvelles qui mettent du baume au cœur : le prix Mémoire Vive de la Carsat de Midi-Pyrénées assorti d’une subvention en 2012, puis un Trophée de l’accessibilité 2013 dans la catégorie Collectivité territoriale de moins de 5000 habitants décerné par le Conseil National du Handicap et l’association Accès pour tous. « Ce trophée nous a permis de communiquer vers l’extérieur et d’avoir une reconnaissance institutionnelle. Cela donne de l’élan. » Outre rendre le jardin accessible librement, l’idée est bien de proposer des ateliers de jardinage et d’hortithérapie. « Personne n’est formé ici. Nous aimerions envoyer quelques personnes se former à Toulouse [formation à l’hortithérapie sous la direction de Jean-Luc Sudres à l’université Toulouse-Le Mirail, NDLR] », explique Cécile. « Nous voulons que les résidents se réapproprient le rapport à la terre dont ils ont fait le deuil et transmettent leur savoir. »

Des bénévoles arrachent des haies pour faire place à des carrés de culture et des jardinières de récupération.

Des bénévoles arrachent des haies pour faire place à des carrés de culture et des jardinières de récupération.

Courant mai, les premières activités ont animé le jardin. Le temps d’un weekend, des bénévoles (sans argent, on se débrouille autrement) ont arraché des haies et retourné la terre. Huit carrés au sol ont été préparés et des jardinières en bois ont été récupérées auprès de la mairie (récup et débrouillardise là encore). « Depuis, nous avons fait deux premiers ateliers mémoire au jardin. Trois professionnelles – une animatrice, une ergothérapeute et moi – avons travaillé avec cinq résidents à la fois. On a choisi des fleurs, des couleurs et où les mettre. Moi, je travaille le côté mémoire et transmission de leur savoir-faire. L’animatrice va les aider à réaliser les plantations. Les résidents pourront travailler sur les jardinières et elle fera le travail au sol. » Résultat de cette première expérience au jardin ? « Ils étaient enchantés. Chacun y trouve sa place pour s’exprimer à sa façon. »

La bande de bénévoles qui a entrepris les premiers aménagements début mai.

La bande de bénévoles qui a entrepris les premiers aménagements début mai.

L’intention de l’équipe est de mener un projet de recherche pour mesurer l’impact du jardin sur la qualité de la vie et les troubles du comportement chez les résidents. « On voit beaucoup d’anxiété, d’agitation et de déambulation parce qu’ils sont enfermés. Je vois que les anglo-saxons travaillent sur l’évaluation. J’ai l’impression qu’en France, les choses qui se font sont moins valorisées. » Pour l’instant, le jardin n’est pas ouvert librement car cela nécessiterait des travaux d’aménagement importants. « Mais c’est prévu dans le projet », affirme Cécile avec optimisme.