A Daumezon, un jardin partagé de soins

Les animateurs du projet dont Anne Babin (à gauche en tablier vert et Laurent Chéreau (devant avec le bob).

Les animateurs du projet dont Anne Babin (à gauche en tablier vert) et Laurent Chéreau (devant avec le bob).

En octobre 2012, plusieurs animateurs du Centre Hospitalier Départemental Georges Daumezon à Fleury-les-Aubrais (Loiret) se retrouvent à Chaumont-sur-Loire pour la toute première formation sur les jardins de soin. Situé près d’Orléans, le CHD Daumezon est responsable de l’organisation de la prise en charge des maladies mentales en psychiatrie générale (adultes) et en psychiatrie infanto-juvénile (enfants-adolescents). « On venait pour nos jardins », raconte Anne Babin qui dispose d’une serre pour jardiner tous les jours avec les patients dans le cadre d’un atelier floriculture et Laurent Chéreau qui utilise plus modestement deux petits bacs. Mais la formation va faire germer une idée plus ambitieuse encore, une idée qui a maintenant pris forme et qui a fait l’objet d’une inauguration officielle la semaine dernière.

On décape le gazon pour la créer des parcelles de 2 x 5m.

On décape le gazon pour la créer des parcelles de 2 x 5m.

Car ensemble, ils ont imaginé créer d’un jardin partagé de soin. Il faut dire que le terrain est fertile. « On considère le jardin comme une activité thérapeutique avec du temps dédié. Tout le monde, la direction des soins, les cadres, les chefs de pôle, pensent ainsi », expliquent Anne et Laurent. Avec le feu vert de la direction, les porteurs du projet lancent un sondage en ligne auprès des équipes médicales, soignantes, administratives et logistiques. « Etes-vous intéressé pour faire vivre une parcelle dans un futur jardin de soin et/ou jardin partagé ? » Plusieurs unités répondent avec enthousiasme et le responsable des espaces verts s’engage dès le départ dans le projet. « On a tout fait en régie, nous avons beaucoup de ressources en matériaux, en engins, en hommes », énumère Laurent. Un emplacement est choisi, le square Jamin, situé assez centralement vers l’entrée de l’hôpital. Il ne nécessite pas beaucoup de travaux : il est déjà clôturé, un chemin adapté aux fauteuils roulants existe (le square était déjà utilisé par l’unité pour personnes âgées dont Laurent est l’animateur).

Un lieu de rencontre, un lieu de vie

Comme l’écrivent les initiateurs du projet de jardin partagé de soins dans un document qui explique leur démarche, « Notre objectif est à la fois modeste et ambitieux : Nous souhaiterions faire vivre un lieu de rencontre qui puisse se partager autour du jardinage, du jeu, de la promenade, de la rêverie, de la gourmandise aussi… ». Moins de deux ans plus tard, le jardin partagé est une réalité. « Les 7 parcelles ont été attribuées et sont investies au fur et à mesure. C’est difficile de libérer du temps avec les manques d’effectifs. Les soignants doivent être moteurs. Mais maintenant, il y a une vie. Des personnes viennent se reposer, des familles viennent avec les patients et ils jardinent ensemble », s’enthousiasment Anne et Laurent. Le lieu est ouvert à tous de 8h00 à 22h00. « C’est un lieu respecté. Les outils ne bougent pas. Le jardin est clôturé, mais les portillons ne sont pas fermés. » Le jardin suscite même des vocations et une certaine envie : certains dans l’administration ont aussi exprimé l’envie d’avoir une parcelle.

Capture d’écran 2014-09-16 à 14.39.11Une Charte du jardin partagé de soins de l’hôpital Georges Daumezon a été élaborée. Chaque unité participante a par ailleurs ses propres objectifs. Une unité d’hospitalisation, qui pratiquait déjà un atelier thérapeutique sur le thème du jardinage, poursuit plusieurs buts : permettre une autonomie aux patients, créer des liens et des échanges entre structures afin de profiter de l’expérience de chacun, permettre de se ressourcer à travers une activité relaxante et valorisante, développer la créativité des patients et la capacité d’échanger avec un groupe, etc…Pour les personnes en séjour au Centre d’Accueil pour Personnes Agées où Laurent est animateur, il s’agit de faire réapparaitre des motivations pour des activités individuelles et collectives, de renforcer l’estime de soi, de prendre des initiatives. Les autres responsables de parcelles comprennent entre autres la crèche de l’établissement (vive les liens entre les générations), un CMP Enfants Unité fonctionnelle et une résidence thérapeutique (atelier de floriculture).

Des objectifs thérapeutiques multiples

Une autre parcelleLes patients de l’atelier floriculture d’Anne justement, forts de leur expérience, donnent des petites formations sur les semis, le repiquage, le bouturage ou les bouquets. Une merveilleuse façon de valoriser leurs connaissances et de créer des liens entre différents patients au sein de l’établissement. L’objectif est aussi de s’ouvrir sur l’extérieur. « On va se rapprocher d’associations de jardins ouvriers du quartier pour ajouter de la vie, échanger des plantes », promet Anne. Elle regrette que le poste évaluation n’ait pas été financé même si chaque unité évalue ses patients (taux de fréquentation, bienfaits de la thérapie en termes d’ouverture à l’autre ou encore de sommeil).

Pour le comité de pilotage qui travaille depuis deux ans sur ce projet, l’inauguration vendredi dernier a marqué une reconnaissance et une officialisation. Grâce à ce jardin, on parlera désormais de l’hôpital autrement…