Une lectrice partage ses découvertes en Suisse, en Belgique, en Suède

Cléa Gentile est étudiante en dernière année d’ergothérapie en Suisse. Elle s’intéresse beaucoup à la thématique des jardins de soins et de l’hortithérapie, mais ne trouvait pas grand chose autour d’elle en Suisse. Depuis quelques mois, nous échangeons et elle me fait part de ses découvertes. Elle m’a autorisée à les partager à mon tour avec vous. Des programmes en Suisse, en Belgique et aux Etats-Unis, des lectures et même deux formations qu’elle envisage de suivre en Suède. Merci à elle de nous faire profiter de ses heures de recherche.

A lire dans l'article sur le jardin conçu pour les malvoyants en Belgique. "Le semoir inventé par Christian Badot pour réaliser un semis et prendre des plantules sans les abîmer a reçu le prix «coup de cœur» au concours organisé par Handicap international Belgique en 2007." © Jacques Vandenbroucke

A lire dans l’article sur le jardin conçu pour les malvoyants en Belgique. « Le semoir inventé par Christian Badot pour réaliser un semis et prendre des plantules sans les abîmer a reçu le prix «coup de cœur» au concours organisé par Handicap international Belgique en 2007. »
© Jacques Vandenbroucke

Un peu à la manière, de la chanson « Les 12 jours de Noël », voici la liste de Cléa.

  1. Pour commencer, un livre lu dans le cadre de sa formation (Creek’s Occupational Therapy and Mental Health) et tout un chapitre traite du “Green Care”. Le chapitre résume bien les concepts du green care et son lien avec l’ergothérapie. De plus, il donne une description des différentes approches en lien avec la nature et la santé.
  1. Toujours sur le sujet du green care, un « cadre conceptuel » avec quelques théories sous-jacentes.
  1. Une ergothérapeute américaine qui a développé un programme intéressant avec des enfants.
  1. En Belgique, un jardin thérapeutique et accessible aux personnes malvoyantes.
  1. Un projet d’éducation thérapeutique à Genève, avec l’expérience d’Amanda Jullion et des jardins thérapeutiques pour patients obèses et/ou diabétiques (projet arrêté aujourd’hui si je ne m’abuse).
  1. Un article qui traite des jardins thérapeutiques existants en Suisse.
  1. L’association suisse vivaterra, en veille pour le moment, qui peut être intéressante à entendre ses objectifs (« vivaterra veut promouvoir la création de jardins thérapeutiques dans des institutions fermées – EMS, hôpitaux, prisons – afin de permettre à leurs résidents de redécouvrir les bienfaits des plantes et d’avoir un contact avec la nature en travaillant la terre »).
  1. Un jardin thérapeutique dans un établissement pénitencier à Genève.
  1. Tout proche de Lausanne, La Marcotte, un jardin d’enfant thérapeutique décrit très succinctement.
  1. En Suède, Cléa nous signale l’existence du Danderyd Hospital, endroit où les jardins thérapeutiques ont vu le jour dans ce pays et où elle a prévu de faire un stage en 2016. Si le projet se réalise, elle a promis de nous raconter !
  1. Toujours en Suède, elle a découvert un master sur la relation « santé-nature ». Auquel j’ajouterais ce programme de « horticultural therapy » toujours dans la même université, la Swedish University of Agricultural Sciences (SLU).
  1. Enfin, Cléa projette un tour d’Europe à vélo au fil d’une année. Elle aimerait visiter des jardins de soin sur sa route. Si vous avez des suggestions, n’hésitez pas à les partager dans les commentaires. Ce serait un bel échange.

 

 

A Philadelphie, un « healing garden » en mémoire d’une pionnière de l’horticulture

Aujourd’hui, nous partons à Philadelphie avec Nicole Brès de Nature en Ville Thérapie pour visiter un « healing garden » à la mémoire d’Ernesta D. Ballard. A la fin de son billet, parcourez le jardin en photos. Nicole Brès est joignable à natureenvilletherapie (at)gmail.com.

 

« The world is a better place when everyone is included. » The Pennsylvania school of horticulture for women, class of 1954.

J’ai eu la chance d’aller quelques jours à Philadelphie. Là, à la Temple University, est dispensée une formation d’hortithérapie. Sur le campus à Ambler, à la « School of Environmental Design », on découvre plusieurs jardins qui servent de support aux cours d’horticulture, de design et d’hortithérapie (voir le programme du certificat).

Certains ont été dessinés et construits par les étudiants (Formal Native Plant Garden, Woodland Garden, the Wetland Garden and the Ernesta Ballard Healing Garden). Healing garden peut être traduit par jardin cicatrisant. Par une magnifique journée d’automne, j’ai découvert le « Healing Garden », jardin à la mémoire d’Ernesta Ballard, pionnière en horticulture qui, après une attaque cérébrale, s’est beaucoup intéressée au labyrinthe.

Ici, le sol est tapissé d’ardoise fortement pilée qui fait ressortir les pierres claires. Un thym rampant (thymus serpyllum variété albus) dessine le labyrinthe et recouvre petit à petit tout le minéral. Le muret de pierre sèche encadrant le jardin est bordé d’un côté de graminées, de l’autre de buissons. À l’entrée du jardin, en haut des deux marches, notre vue englobe l’ensemble. On peut faire un premier parcours visuel de l’entrée au centre du labyrinthe, c’est rassurant. J’ai aimé suivre le chemin de ce labyrinthe, où l’on ne se perd pas, jusqu’à la pierre plate qui marque le centre et repartir en enjambant le thym. .. avec des souvenirs de cours de récréation en asphalte gris bleu comme ici et des sautillement au-dessus de dessins à la craie.

Ce jardin est empreint d’une grande simplicité, les courbes atténuent le côté anguleux des pierres brutes, le végétal joue avec le minéral. Il a comme toile de fond des arbres qui ferment l’espace. Derrière on trouve des espaces ouverts et d’autres jardins.

Si l’entrée se fait par une allée peu couverte, on repart par un sous-bois où se cache un pont en bois au dessus d’une rivière sèche.

C’est un jardin où l’on vient sans outil, pour trouver un repos de l’âme et du corps, pour se mettre en relation avec la Nature, observer et ressentir.

Dans le livre de Clare Cooper Marcus et Naomi Sachs, « Therapeutic Landscapes », les « jardins cicatrisants » tiennent une place importante. Avant tout acte de jardinage, ils sont le premier lieu investi par ceux qui ont subi un traumatisme. Car, dans une nature apaisante et accueillante, devant certains paysages, nos souffrances se taisent. C’est pour moi un pan de l’hortithérapie peu mis en avant en France : être là, seulement là sans rien faire.

 

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