Aujourd’hui, nous partons à Philadelphie avec Nicole Brès de Nature en Ville Thérapie pour visiter un « healing garden » à la mémoire d’Ernesta D. Ballard. A la fin de son billet, parcourez le jardin en photos. Nicole Brès est joignable à natureenvilletherapie (at)gmail.com.
« The world is a better place when everyone is included. » The Pennsylvania school of horticulture for women, class of 1954.
J’ai eu la chance d’aller quelques jours à Philadelphie. Là, à la Temple University, est dispensée une formation d’hortithérapie. Sur le campus à Ambler, à la « School of Environmental Design », on découvre plusieurs jardins qui servent de support aux cours d’horticulture, de design et d’hortithérapie (voir le programme du certificat).
Certains ont été dessinés et construits par les étudiants (Formal Native Plant Garden, Woodland Garden, the Wetland Garden and the Ernesta Ballard Healing Garden). Healing garden peut être traduit par jardin cicatrisant. Par une magnifique journée d’automne, j’ai découvert le « Healing Garden », jardin à la mémoire d’Ernesta Ballard, pionnière en horticulture qui, après une attaque cérébrale, s’est beaucoup intéressée au labyrinthe.
Ici, le sol est tapissé d’ardoise fortement pilée qui fait ressortir les pierres claires. Un thym rampant (thymus serpyllum variété albus) dessine le labyrinthe et recouvre petit à petit tout le minéral. Le muret de pierre sèche encadrant le jardin est bordé d’un côté de graminées, de l’autre de buissons. À l’entrée du jardin, en haut des deux marches, notre vue englobe l’ensemble. On peut faire un premier parcours visuel de l’entrée au centre du labyrinthe, c’est rassurant. J’ai aimé suivre le chemin de ce labyrinthe, où l’on ne se perd pas, jusqu’à la pierre plate qui marque le centre et repartir en enjambant le thym. .. avec des souvenirs de cours de récréation en asphalte gris bleu comme ici et des sautillement au-dessus de dessins à la craie.
Ce jardin est empreint d’une grande simplicité, les courbes atténuent le côté anguleux des pierres brutes, le végétal joue avec le minéral. Il a comme toile de fond des arbres qui ferment l’espace. Derrière on trouve des espaces ouverts et d’autres jardins.
Si l’entrée se fait par une allée peu couverte, on repart par un sous-bois où se cache un pont en bois au dessus d’une rivière sèche.
C’est un jardin où l’on vient sans outil, pour trouver un repos de l’âme et du corps, pour se mettre en relation avec la Nature, observer et ressentir.
Dans le livre de Clare Cooper Marcus et Naomi Sachs, « Therapeutic Landscapes », les « jardins cicatrisants » tiennent une place importante. Avant tout acte de jardinage, ils sont le premier lieu investi par ceux qui ont subi un traumatisme. Car, dans une nature apaisante et accueillante, devant certains paysages, nos souffrances se taisent. C’est pour moi un pan de l’hortithérapie peu mis en avant en France : être là, seulement là sans rien faire.