La Fondation Truffaut lance le concours « Projets d’Avenir »

concours TruffautAvec son enthousiasme débordant si contagieux, Daniel Joseph, le directeur de la Fondation Truffaut, explique les changements apportés aux prix que décernait la Fondation depuis 2013 (voir la remise des prix pour l’édition 2013 et celle de l’édition 2014). Par souci de transparence, je précise que je fais partie du jury depuis 2013.

En 2015, au lieu d’attribuer trois prix à des jardins existants (thérapeutique, insertion, pédagogique), Daniel Joseph a décidé de réinventer le prix de fond en comble. Place aux jeunes puisque le concours incite les jeunes étudiants de la filière horticole (de 1ere à Bac+3) à créer des jardins à but thérapeutique sur papier, qu’ils soient uniquement virtuels pour l’instant ou ancrés dans un lieu précis.

Daniel Joseph de la Fondation Truffaut

Daniel Joseph de la Fondation Truffaut

Après avoir convaincu les directeurs d’écoles et les professeurs, Daniel Joseph parle aujourd’hui en direct aux élèves. Ce matin encore, il était au Lycée Horticole Général et Technologique Saint-Nicolas à Igny (91) pour discuter avec une équipe de 1ere, trois filles et deux garçons, qui se lance dans le concours. En région, ses collègues prennent le relais. Mais au besoin, il prend son bâton de pèlerin pour aller parler à ces jeunes qui découvrent les jardins à but thérapeutique.

Pour les besoins de son concours, Daniel Joseph n’a pas hésité à partager la France en six méga-régions. Après des sélections régionales, six équipes finalistes présenteront leurs projets devant le jury à la mi-mai au magnifique siège de la société Truffaut à Lisses (Essonne). Le premier prix national recevra une dotation, mais se verra financer la réalisation du jardin qu’ils auront présenté ! Dernière chose : la date limite pour le dépôt des dossiers en ligne est le 15 avril. Encore plus de deux mois pour se renseigner et explorer le sujet pour les jeunes étudiants en horticulture qui veulent créer leur premier jardin à but thérapeutique. C’est en forgeant qu’on devient forgeron, avec de bonnes bases et bonnes lectures.

Tous les détails pour participer au concours sont bien sûr en ligne.

Un jardinier et des jeunes

Dans un atelier Découverte avec les plus jeunes.

Dans un atelier Découverte avec les plus jeunes.

Il y a un baille que les lecteurs historiques de ce blog ont fait connaissance avec Jean-Luc Valot qui est éducateur technique spécialisé en horticulture dans un IME en Normandie. A l’automne, j’ai eu le plaisir d’aller le rencontrer, lui et les jeunes qu’il accueille dans ses ateliers d’horticulture. Voici l’article publié la semaine dernière dans le magazine professionnel Le Lien Horticole.

Cliquer sur le lien.

Alors, on fait quoi maintenant?

Ces jours-ci, le bonheur n’était vraiment nulle part. Depuis l’attaque contre les hommes et les femmes de Charlie Hebdo et les jours surréalistes qui ont suivi jusqu’à ce weekend de rassemblements exceptionnels, impossible de se sentir bien nulle part. Comme des âmes en peine, nous avons cherché un peu de sens et de réconfort là où nous le pouvions. Pour Sébastien Guéret, aka l’homme qui murmure à l’oreille des arbres (dans mon esprit), en voyage loin de la France pendant ces jours tragiques, la solitude dans une chambre d’hôtel combinée à l’orgie d’échanges sur les réseaux sociaux l’ont finalement fait accoucher de ce beau texte qu’il m’a gentiment autorisé à partager avec vous.

Ca commence ainsi. « ALORS  ON  FAIT  QUOI  ?  (Petit  courrier  très  subjectif  d’un  insomniaque  français  à  l’autre  bout  du  monde.  Je  ne  peux  pas   être  avec  dans  la  rue  pour  exprimer  ma  colère  et  mon  chagrin,  et  je  ne  peux  pas  serrer  fort  dans   mes  bras  ceux  que  j’aime,  alors  je  vous  écrit  d’ici  à  tous…) ». Le reste est à lire ici. C’est un texte écrit avec les tripes. Sébastien partage ses pistes pour créer un monde meilleur. C’est facile comme tout et extrêmement dur. En tout cas, ça commence avec chacun de nous dans notre coeur, je suis d’accord avec lui là dessus. Dans un dessin prémonitoire de Charb « Toujours pas d’attentat terroriste », un terroriste rectifie : « Attendez, on a jusqu’à la fin janvier pour présenter ses voeux. » Pour prendre de bonnes résolutions de nouvel an, décrétons qu’il n’y a pas de date limite. Merci, Sébastien.

Trellis, une association pro-hortithérapie en Ecosse

Bonne année à toutes et à tous. Je forme le voeu que les jardins de soin continuent à prendre racine cette année, en France et ailleurs. Pour ma part, j’ai pris une résolution : sortir des frontières. Pas uniquement aux Etats-Unis où nous allons faire un tour régulièrement. Mais en Europe, au Japon et ailleurs. Par contre, le début du mois de janvier étant très chargé professionnellement, je vais m’accorder une ou deux semaines de pause après cette semaine. Mais pour tenir les bonnes résolutions, on commence tout de suite avec le portrait de Fiona Thackeray de Trellis.

Fiona Thackeray à la conférence annuelle de Trellis qui, tous les mois de mars, permet à une centaine d'hortithérapeutes d'échanger leurs bonnes pratiques. A ses côtés, son "boss"  Jim McColl, spécialiste du jardinage qui donne des conseils à la BBC Scotland depuis des années.

Fiona Thackeray à la conférence annuelle de Trellis qui, tous les mois de mars, permet à une centaine d’hortithérapeutes d’échanger leurs bonnes pratiques. A ses côtés, son « boss » Jim McColl, spécialiste du jardinage qui donne des conseils à la BBC Scotland depuis des années.

Après avoir travaillé pour Thrive, le pilier de l’horticulture sociale et thérapeutique en Angleterre, Fiona Thackeray a fondé Trellis, une association écossaise dont l’objectif est de « soutenir la santé à travers l’horticulture ». « Nous existons parce que ceux qui pratiquent l’hortithérapie sont seuls dans leurs établissements. Ils n’ont pas de collègues. Nous devenons donc un groupe de pairs pour eux. Ils commencent souvent un programme suite à une demande. Ils viennent nous pour avoir des idées. Nous organisons des journées de partage de « bonnes pratiques ou sur des thèmes comme l’évaluation que certains pratiquent plus que d’autres », explique Fiona. Le site de l’association répertorie également des offres d’emploi. Les membres de Trellis travaillent avec des participants souffrant de traumatismes crâniens, AVC, démences, addictions, troubles du développement, santé mentale ainsi qu’avec des personnes sans domicile fixe.

242 projets en Ecosse

« Une tendance nouvelle, ce sont les enfants avec des troubles multiples. Mais nous sommes aussi très actifs dans les maisons de retraite où les résidents sont enfermés et n’ont pas l’opportunité de sortir. L’accès à un jardin est un droit et les avantages sont nombreux comme le montrent un tas de recherches », raconte Fiona dont l’association emploie trois personnes à temps partiel et sept conseillers en freelance. Ce sont eux qui répondent aux questions des membres et interviennent sur le terrain (un hospice dont le programme est en crise par manque d’argent, un jardin à revoir pour le rendre accessible aux fauteuils roulants). Au total, les membres de Trellis représentent 242 projets en Ecosse et dans le nord de l’Angleterre. « Il en existe sans doute le double. Il y a des programmes dans la plupart des prisons par exemple. Quand je visite un hôpital, je découvre quatre ou cinq projets », estime Fiona.

Fiona Thackeray (en tee-shirt rose) pendant une session d'information dans un centre de jardinage (Growforth à Fife ) en train d'expliquer des techniques de jardinage adaptées à des personnes souffrant de conditions de santé comme l'arthrite à la sclérose en plaques.

Fiona Thackeray (en tee-shirt rose) pendant une session d’information dans un centre de jardinage (Growforth à Fife ) en train d’expliquer des techniques de jardinage adaptées à des personnes souffrant de conditions de santé comme l’arthrite à la sclérose en plaques.

Trellis propose à la demande des formations pour les personnels de soin (ergothérapeutes, infirmiers,…). Ces formations se montent quand assez de gens ont exprimé un intérêt et elles tentent de jongler entre plusieurs sujets : l’adaptation aux diverses pathologies, mais aussi le financement ou la promotion. Au Royaume-Uni, les formations dans le domaine de la santé se heurtent à un processus d’accréditation très long. De plus, l’entité dispensant les accréditations a fermé la porte à des nouvelles disciplines. « Beaucoup de gens qui pratiquent n’ont pas de formation dans l’une ou l’autre des disciplines. C’est difficile de faire reconnaître leur expérience. » Fiona espère faire reconnaître des modules de formation, plutôt qu’un diplôme entier.

Une discipline dans l’air du temps

Elle voit de nombreux signes d’espoir en Ecosse. « Le jardinage est en vogue. Le médecin de la reine a parlé publiquement d’études sur le jardin et le stress, le jardin et la douleur. Dans des quartiers défavorisés où beaucoup de patients ont des problèmes complexes, les médecins généralistes font de la « prescription verte ». Ils encouragent les patients à se joindre à des groupes de jardinage pour les bénéfices physiques et sociaux », énumère-t-elle.

Fiona regarde aussi au-delà de l’Ecosse. Ayant identifié quelques interlocuteurs en France, elle n’a pas hésité à les contacter. C’est comme cela que nous nous sommes « rencontrées » virtuellement. Elle garde aussi un œil sur la communauté européenne. « Il y a des financements pour des programmes de formation et de partage de bonnes pratiques. Nous allons postuler à un programme dont le deadline est au printemps. » Et le 12 mars, Trellis tiendra sa conférence annuelle auquel Fiona invite tous les praticiens français intéressés…