« Créer un jardin de soins » : Paule Lebay vous propose les clés

Faut-il encore présenter Paule Lebay *? Infirmière de métier et co-créatrice d’un jardin thérapeutique à l’accueil de jour de la maison de retraite d’Onzain (Loir-et-Cher) dès 2012, elle a créé le site Plus de vert less béton à travers lequel elle « aide les professionnels de santé qui ont le sentiment de perte de sens dans leur vie, à rétablir une relation d’aide auprès de personnes vulnérables, grâce au jardin de soins et à l’hortithérapie ». 

Suite logique à cet engagement, écrire un livre pour partager ce qu’elle a appris depuis 10 ans sur la création, la réalisation et l’animation d’un jardin de soins. C’est chose faite avec la sortie chez Terre Vivante de « Créer un jardin de soins : du projet à la réalisation ».

Après la sortie en 2017 de « Jardins thérapeutiques et hortithérapie » de Juliette Pellissier chez Dunod, livre réédité ces jours-ci, le livre de Paule vient compléter la bibliothèque de tout.e hortithérapeute francophone ou personne curieuse de cette médiation autour du vivant avec des conseils éminemment pratiques. C’est le livre de chevet indispensable dès que l’idée d’un jardin de soins commence à trotter dans la tête.

Son livre sous le bras, Paule Lebay est entourée plusieurs membres de la FFJNS (de gauche à droite, Sébastien Guéret, Jérôme Rousselle, Thomas Guizard et Isabelle Launet) en route pour une table ronde sur l’hortithérapie dans les établissements de soins à Jardins, Jardin le 12 juin 2022.

« Le jardin de soins est un lieu où domine le vivant »

« Le jardin de soins est un espace dans lequel les plantes sont prédominantes, qui a été pensé et adapté à un public vulnérable précis, avec la volonté de reconnecter l’Homme au vivant, par une immersion et/ou des activités horticoles réfléchies, dans l’intérêt de son bien-être, de sa santé et de son autonomie », définit Paule d’entrée de jeu, prenant le parti de préférer ce terme à celui de jardin thérapeutique qui lui  semble prématuré en France du fait de l’absence de formation spéficique. 

Des définitions de base à la construction du projet (les questions à se poser en amont, la constitution de l’équipe, le temps de l’observation, l’estimation des coûts, la recherche de mécénat,…) à l’aménagement du jardin de soins (les éléments du jardin de soin, le points de vigilance,…) et à l’animation (les compétences d’un animateur au jardin de soins, la dimension soignante des séances au jardin, préparer une séance d’hortithérapie,…), Paule vous prend par la main tout en vous poussant à la réflexion.

Paule ponctue son livre de quatre interviews avec des pionnières du mouvement : Rebecca Haller, une Américaine qui dirige le centre de formation Horticultural Therapy Institute et a présidé la American Horticultural Therapy Association (AHTA) et trois Françaises. Anne Ribes, auteure de « Toucher la terre » et créatrice de nombreux projets en France depuis les années 1990, France Criou, médecin et paysagiste également à l’origine de plusieurs jardins emblématiques et Emmanuelle Lutton, confondatrice du Jardin de Vezenne. Leurs témoignages et leurs éclairages enrichissent énormément le livre de Paule.

Depuis quelques semaines, le livre de Paule fait partie de tous mes déplacements. Attention, vous pourriez devenir accro.

L’avenir des jardins qui soignent

Enfin, Paule nous laisse avec ses réflexions sur cette nouvelle médiation, à la fois dans son développement auprès des personnes vulnérables et dans son développement en tant que profession(s) nouvelle(s). « Pour conclure, je dirais que si nous souhaitons une reconnaissance des jardins de soins, cela devrait passer par le développement de la professionnalisation plurielle. Accueillir la pluralité permettra de renforcer les échanges et donc la qualité pour chaque corps de métier. S’y opposer, rester dans l’entre-soi incitera des personnes totalement étrangères au secteur du soin à créer des produits inadaptés, voire néfastes pour les jardins de soin et l’hortithérapie. »

En effet pour elle, les compétences nécessaires au jardin de soins sont diverses : les pathologies et handicaps avec leurs méthodes de prise en soin bien sûr, mais aussi les approches psychologiques, le vivant, les moyens de communication, les méthodes d’éducation thérapeutique du patient, les méthodes d’animation de groupe sans oublier les techniques de jardinage. Un programme complet.

* J’ai rencontré Paule pour la première fois en octobre 2012 lors d’une formation à Chaumont-sur-Loire. Depuis, nous sommes restées en contact, avons participé à l’aventure de la création de la Fédération Française Jardins Nature et Santé et échangé à propos de ce projet de livre qu’elle a patiemment mûri. C’est un plaisir de tenir enfin ce livre en mains (et cerise sur le gâteau, ma mère aime beaucoup la couverture, Paule).

Voici quelques autres apparitions de Paule dans ce blog au fil des ans : Croyez en vous en 2020, visite en vidéo du jardin d’Onzain en 2014, le démarrage du jardin en 2013.

Lectures d’hiver

L’hiver, un bon moment pour lire pendant que les activités au jardin sont en sourdine et que les nuits sont longues. Pour ce premier billet de l’année, je vous propose une balade en trois temps : des livres de jardinage, quelques liens vers toutes sortes de jardins qui font du bien et l’annonce d’une nouvelle association dédiée à la biophilie et à l’écothérapie.

 

Jardiniers accomplis ou novices, que lisez-vous ?

Voici une sélection de livres et de magazines qui aideront les animateurs de jardins de soin à s’informer. Des lectures à partager avec les usagers des jardins.

Le Guide du Jardin Bio de Brigitte Lapouge-Déjean et Jean-Paul Thorez chez Terre Vivante. Le potager, le verger et les plantes ornementales, bichonnés façon bio. Un livre incontournable recommandé par Paule Lebay.

L’Agenda du jardinier bio 2018 de Xavier Mathias avec les jolies illustrations de Joël Valentin. Accompagné d’un calendrier lunaire et d’explications pour comprendre l’influence de la lune, cet agenda écrit avec humour est un guide à annoter. Pour la 1e quinzaine de janvier, quelques tâches : commander ses graines, poser des nichoirs à oiseaux, faire ses plantations d’arbres et d’arbustes ou encore taillez les branches mortes. N’hésitez pas à créer votre propre journal de bord dans un simple cahier avec commentaires, photos et dessins.

Le magazine Les 4 saisons du jardin bio et ses hors séries. Tous les deux mois des idées nouvelles pour animer le jardin. Ces deux livres et le magazine sont publiés par Terre Vivante qui possède aussi un centre en Isère que l’on peut visiter et où se déroulent des stages et formations.

La Permaculture dans un petit jardin – Créer un jardin auto-suffisant de Kurst Forster. La permaculture adaptée aux petits espaces par un pionnier de la méthode en Europe chez un autre éditeur à connaître, les Editions Ulmer.

Les potagers surélevés. De la construction à la plantation. Jardinez n’importe où! Par Tara Nolan. Très utilisés dans les jardins de soin, les bacs surélevés sont une excellente solution à plusieurs difficultés (manque de place, absence de bonne terre) et partie intégrante d’un projet DYI.

Que planter à l’ombre, Jardins, terrasses et balcons de Didier Willery. Des solutions pour un autre type de problématique. Du même auteur, on peut aussi signaler Dingue de plantes qui a reçu en 2016 le prix Redouté, qui récompense les meilleurs livres de botanique et de jardin en français.

Cultiver des plantes mellifères en ville et au jardin de Jacques Piquée. Un dernier ouvrage parmi le vaste catalogue des éditions Ulmer.

Mon jardin de plantes médicinales de Serge Schall. Une référence pour cultiver achillée,ail, bleuet, passiflore, raifort, coquelicot, livèche, rhubarbe, basilic, fenouil, lavande, mélisse officinale, menthe poivrée, romarin, origan, sarriette, sauge, souci, thym, verveine…

 

Où on parle de jardins qui soignent

Une collection d’articles glanés ici et là sur Internet. On parle de plus en plus des jardins à but thérapeutique dans la presse régionale, nationale, professionnelle…

Au CHU d’Angers, un jardin planté par les Incroyables Comestibles. Un jardin pour les résidents d’une unité d’hébergement temporaire et transitionnel à Fontenay-le-Comte en Vendée. Dans un Ehpad de Grabels dans l’Hérault, un jardin extraordinaire qui devrait fleurir au printemps 2018 tandis que celui-ci créé par Terr’Happy a déjà vu le jour à Saint-Germain-en-Laye. Le Parisien encore qui s’intéresse aux jardins thérapeutiques de l’hôpital psychiatrique de Montesson. Et un autre hôpital psychiatrique, le CH Laborit à Poitiers, qui inaugure il y a quelques mois son jardin dans une unité de géronto-psychiatrie. Et une troisième initiative dans un hôpital psychiatrique, le CHD Georges Daumezon à Fleury-les-Aubrais dans le Loiret, un projet dont j’ai déjà parlé à son inauguration en 2014 qui a reçu en 2017 un prix de l’ANFH (organisme collecteur de fonds de formation pour la fonction publique hospitalière) avec ce reportage en vidéo.

Et enfin un dossier sur les jardins qui soignent dans le magazine de l’Union nationale des entreprises de paysage, dossier auquel j’ai contribué en espérant que les paysagistes traiteront les jardins de soin avec respect.

 

Association Française de Biophilie et d’Ecothérapie (A.F.B&E)

Association

 « Observer, rencontrer, comprendre et protéger la Nature, c’est être Humain ». En août 2017, France et Dominique Pringuey convoquaient une assemblée générale constitutive de leur association en ces termes.

« Chacun d’entre vous a pu expérimenter les bienfaits d’une résidence à la campagne, d’une balade en forêt, d’une séance de jardinage… Ce profond ressourcement physique, mental et spirituel au contact de la nature est inné et nous concerne tous. Le monde scientifique l’appelle biophilie, une sympathie et un attrait irrésistible pour le vivant à l’origine de notre humanité. Cultiver notre biophilie, « en prendre soin » est indispensable à notre santé. Comprendre la biophilie c’est aussi prendre conscience de l’indispensable nécessité du respect et de la protection de l’environnement naturel. L’écothérapie s’appuie sur la biophilie pour la prise en charge du développement personnel et de certains problèmes psychologiques ou psychosomatiques. Elle est conduite par un thérapeute qui va proposer des activités ciblées en interaction avec la nature et/ou des éléments de la nature.

Cette association a donc pour objet de :

« Promouvoir la relation à la nature dans la vie quotidienne dans le but d’améliorer la santé des personnes. Encourager ainsi des comportements de respect et de protection de la nature. »

Pour ce faire elle propose de :
– Communiquer, partager et former aux fondements scientifiques de la biophilie, à ses applications pratiques individuelles, collectives et professionnelles.
– Agir pour la conservation de la biodiversité en explicitant ses rapports à la santé.

Et porter un autre regard sur l’écologie par la sensibilisation à l’écothérapie.
– Proposer des activités pratiques variées au contact de la Nature qui visent le bien-être physique, mental et social (définition de la santé par l’OMS)

– Organiser des ateliers pédagogiques et des actions créatives et participatives pour l’amélioration et la protection de l’environnement naturel privé ou public.

– Créer un réseau local de jardins, d’espaces naturels, de professionnels qui s’inspirent des messages de l’association. Organiser des visites, des journées portes ouvertes.

– Développer des partenariats locaux et nationaux

– Participer à la vie de la commune d’Escragnolles, à l’évolution de l’éco-tourisme dans les Alpes Maritimes et obtenir des labels dans le domaine écologique. »

On peut s’informer sur la page Facebook de l’association ou auprès de France Pringuey (france.pringuey (at) gmail.com). Un premier événement est programmé pour le  samedi 26 mai 2018 sur le thème des prairies fleuries dans notre environnement.