Retour sur projets 2/2

Et voici la suite et fin de ce petit tour d’horizon. Comme prévu, Sarah Bertolotti, Cécile Deschamps, Alain Flandroit et Jean-Luc Valot. Mais aussi quelques surprises. Je vous souhaite un beau printemps, plein de douceur et de nature.

Le Jardin des Hêtres a plusieurs projets sur le feu

Billet d’origine : Sarah Bertolotti et Hélène Camilleri créent le Jardin des Hêtres.

Mise à jour (juin 2018) : Le Jardin des Hêtres : lauréat du Prix Silvestre Fondation Médéric Alzheimer

Sarah partage quelques lignes sur l’avancée du Jardin des Hêtres décrit comme un « atelier de création et d’animation de jardins thérapeutiques » ancré à Saint-Péray en Ardèche. Après un an d’existence, elle nous présente les projets en chantier.

jardins-des-hecc82tres-plantation-un-carrecc81-potager-fleur-acc80-saint-pecc81ray.jpg

Le carré potager-fleur à Saint-Péray réalisé par le Jardin des Hêtres

« Pour l’Adapei de la Drôme (Association départementale de parents et amis de personnes handicapées mentales) : nous avons réalisé l’esquisse du « jardin thérapeutique pour tous » pour le foyer de vie et la MAS, à Romans sur Isère. Les objectifs : aménager un jardin, réfléchir à l’ouverture sur le monde, l’accueil des familles, du public pour l’organisation d’événement (concerts ?), la mixité des usages, un nouveau regard sur le handicap ! L’esquisse a été remise l’été dernier, l’établissement est à la recherche de subventions pour pouvoir le réaliser.

Dans le cadre d’un concours pour la reconstruction de l’hôpital psychiatrique du Valmont, à proximité de Valence, le Jardin des Hêtres fait partie d’une équipe de maîtrise d’œuvre et est en charge du dessin des espaces extérieurs. Le dialogue compétitif va durer jusqu’en juin. Nous saurons alors si c’est notre équipe qui est choisie pour réaliser le projet…

Pour la maison de retraite Les Opalines de Tournon : aménagement des extérieurs, le jardin de la résidence et le jardin du Cantou. J’aimerais fleurir l’entrée aussi et les « arrières » sur lesquels donnent les chambres, quand même ! Je viens d’avoir une réunion avec l’équipe qui suit le projet, pour la présentation de l’esquisse. C’est un projet passionnant grâce à une équipe très motivée. Et un challenge : comment intéresser, impliquer les équipes soignantes dans ce projet, gage de sa vie future ?

Enfin, un tout petit projet : l’aménagement d’un carré potager-fleur, à Saint-Péray. Tout petit, mais vraiment concret ! Cela fait du bien », conclut Sarah pour décrire les projets.

Quel bilan tire-t-elle de la première année de cette aventure ? « Cette variété de projets, tant par l’ampleur que par la diversité des publics, est un vrai bonheur. Il y a beaucoup de temps de prospection. Pour trouver des projets, je dois contacter les établissements intéressés au bon moment. Il y a beaucoup de projets en attente de financement… et pas beaucoup de jardins finalement réalisés… Est-ce dommage ? Je ne sais pas. Il faut du temps pour faire un jardin, l’attente, le désir, ne font-ils pas partie du processus de création ? »

Cécile Deschamps, une psychologue jardinière

Billets d’origine : un billet de présentation en 2013, puis déjà un point sur les réalisations en 2014, volet 1 et volet 2.

Semis multigénérationnel à la maison de retraite

Trois ans se sont écoulés depuis que nous avions pris des nouvelles de Cécile Deschamps, psychologue à l’hôpital-maison de retraite Etienne Rivié à Saint-Geniez-d’Olt dans l’Aveyron. « Eh bien le jardin thérapeutique vivote… J’ai réduit mon temps de travail sur l’hôpital et il m’est donc par conséquent de plus en plus difficile de porter à bout de bras ce projet pour lequel j’ai très peu de relais. Néanmoins, je continue à l’utiliser pour ma part comme un outil de soin dans ma pratique de psychologue auprès des personnes âgées très dépendantes et présentant des troubles cognitifs ou psychiatriques », raconte-t-elle.

« Je vais très souvent dans le jardin ou dans la salle attenante au jardin et nous nous y installons pour discuter, gratter la terre. Je me forme actuellement à l’hypnose et je pratique souvent dans ce lieu l’hypnose conversationnelle. Ce lieu est une bouffée d’oxygène pour des patients-es qui ont peu l’occasion de sortir de leur unité d’hospitalisation ou de vie, et malgré tous les non aboutissements du projet, ce petit brin de verdure, avec ses imperfections, reste un lieu ressource. Voilà dans l’ensemble où j’en suis de cette expérience riche de jardin thérapeutique. » Elle partage quelques photos prises voici quelques semaines lorsque les enfants du centre de loisirs sont venus faire les premiers semis de la saison. Un jardin qui, en plus, mêle les générations.

En Belgique, un jardin qui tourne bien

Billet d’origine : le démarrage du Jardin du Chêne aux Haies à l’hôpital psychiatrique du même nom en Belgique et l’article publié dans Le Lien Horticole..

Il y a quelques semaines, Alain Flandroit, le créateur du jardin, partageait ces nouvelles : « En automne, j’ai pu réaliser plusieurs plantations avec des plantes d’ombre, de soleil et des bulbes de printemps. Je dois bientôt recevoir des perches de 2 mètres pour réaliser un dôme végétal. Les premiers semis vont bientôt se réaliser et tout va reprendre le cours des choses. On va également essayer de faire une journée festive dans le jardin au printemps. ». Le jardin, lieu de vie et de fête.

Les jeunes de l’IME débordent de projets

Billet d’origine : première rencontre avec Jean-Luc Valot et son équipe de jardiniers à l’IME Le Prieuré à Saint-Vigor près de Bayeux en 2013, suivie par une visite sur place pour Le Lien Horticole.

« Les jeunes et moi-même allons très bien. Nous menons toujours autant de projets (créations de jardins au seroc, travaux sur l’environnement, l’art et les jardins…). Pour le projet poulailler, il est définitivement terminé ( renard , vol). Ce ne fut pas facile à accepter. Cette surface actuellement est en projet, un projet mené par les jeunes du groupe : une zone naturelle au sein d’un parc très structuré avec prairie humide et petit bassin, apport de sculptures. Nous y travaillons au rythme de chacun », rapporte Jean-Luc.

Frédérique Dumas publie un livre

Billet d’origine : on avait découvert les jardins japonais au service de l’hortithérapie dans la pratique de Frédérique Dumas l’année dernière.

Frédérique Dumas livreFrédérique Dumas, outre les ateliers et les voyages au Japon qu’elle organise, vient de publier un nouveau livre : Niwaki et jardins japonais : créer des reflets de la nature (octobre 2016, Eyrolles). Au fil de chapitres intitulés « L’âme du jardin japonais », « L’élaboration d’un Tsuboniwa pas à pas » ou encore « Elever des Niwaki dans un jardin », elle en arrive au sujet de l’hortithérapie et de la niwathérapie. Après avoir décrit les origines et les fondements de l’hortithérapie (« L’hortithérapie utilise l’art du jardin, un outil merveilleux, pour nous aider à entrer en contact avec notre vie intérieure, à nous exprimer et à nous transformer »), elle en vient à sa conception de la niwathérapie. « Je pense que le jardin japonais est le plus bénéfique pour notre santé, de par sa vocation. Il est donc pour moi philosophiquement le meilleur support thérapeutique », écrit-elle.

Frédérique Dumas décrit ses séances, organisées en deux temps : « la première étant consacrée d’une manière très douce à une quête d’informations et une libération du stress émotionnelle sur un thème donné….la seconde partie est consacrée à une réalisation artistique reposant sur le concept de l’atteinte de la guérison au travers de l’acte créatif sur lequel repose toute forme d’art-thérapie. »

Terr’Happy organise une formation les 26-28 juin

Billet d’origine : La rencontre avec Terr’Happy est plus récente.

Stéphanie Personne et Laure Bentze lancent leur première formation. Du 26 au 28 juin, elles accueilleront les participants pour une initiation au jardinage thérapeutique qui se déroulera en partie au Jardin d’Epi Cure à la Maison des Aulnes dans les Yvelines. « Cette formation rassemble une équipe inter-disciplinaire de formateurs, autour d’Anne et Jean-Paul Ribes. Les trois jours se dérouleront essentiellement en extérieur, dans le parc du château d’Agnou (à Maule dans les Yvelines) et dans le jardin de soins de la Maison des Aulnes (Foyer d’Accueil Médicalisé pour personnes cérébro-lésées). Toute une variété d’exercices pratiques sera proposée (techniques de jardinage, ateliers avec les résidents, YoGarden….), afin d’enrichir l’expérience des participants », précise Laure. Toutes les infos sur la formation et l’inscription sur leur site.

 

Recherche et jardin partagé

En parlant du Jardin d’Epi Cure, j’aurai bientôt des nouvelles à vous donner de l’étude que j’y ai menée, avec l’aide de Stéphane Lanel et de la psychologue Lucile Lambert, sur les bienfaits psychologiques du jardin. Etude pilote menée avec un petit groupe de participants et un groupe « contrôle » dans le cadre de mon master en psychologie…Après le plaisir de rencontrer les résidents, j’en suis à l’analyse des données dans le logiciel Statistica. Beaucoup moins drôle !

Et puis, une autre nouvelle : l’ouverture d’un jardin partagé, Le Jardin de Bonne (rapport à sa petite superficie) dans ma rue. Après des mois de montage, le jardin a éclos il y a quelques semaines et déjà apporte une touche positive et chaleureuse dans le voisinage.

 

Appel à bénévoles et à donateurs

Pour conclure, un appel reçu d’Anthony, un lecteur du blog, de Lucmau en Gironde. « Je suis bénévole pour un projet de création d’un jardin adapté pour des personnes en situation de handicap moteur ou polyhandicap. Si vous avez l’occasion de diffuser nos pages afin de trouver des bénévoles, des donateurs, des passionnés qui ont plein d’idées à nous donner ou juste des curieux comme nous, ce serait super. » Voici la page Ulule du projet dont l’objectif est déjà largement dépassé !

Des jardins japonais qui guérissent les blessures

Frédérique Dumas

Frédérique Dumas

Voilà pourquoi j’adore écrire ce blog qui me réserve tant de belles rencontres, comme celle de Frédérique Dumas. Amoureuse depuis l’enfance de la nature, elle propose des stages et conçoit des jardins thérapeutiques inspirés des jardins japonais qu’elle a beaucoup étudiés. Son site, qui regorge de beaux textes et de belles photos, raconte cette passion pour les jardins japonais et l’art de la taille qu’elle a décidé de partager (Niwathérapie©).

Le plus vieux souvenir de Frédérique est d’être émerveillée devant la nature. « J’avais 4 ans. J’habitais dans une grande ville. Le jeudi après-midi, ma mère et ma grand-mère m’emmenaient dans un jardin public avec des sources souterraines qui ressortaient. Il y avait des mousses et des fougères et un petit filet d’eau entre des pierres plates. Je passais des heures à les observer. C’était un ravissement, j’avais le cœur qui sortait de la poitrine. » Les weekends de Frédérique se passent dans la nature et dans les bois dans la vallée du Rhône, entre le Vercors et l’Ardèche. C’est en Ardèche, à Talencieux, qu’elle est aujourd’hui installée.

A l’âge de 12 ans, elle se fascine pour les bonsaïs avec son père et possède toute une collection après avoir appris « en me trompant ». Après un bac agronomie, elle travaille dans la vente. Son jardin devient son poumon, le paysagisme japonais avec ses vallonnements et ses rochers une source de paix. Il y a une quinzaine d’années, la mort soudaine de son compagnon d’une crise cardiaque bouleverse sa vie. « Il n’était plus question de faire un travail alimentaire, j’avais envie d’aller en profondeur et de faire ce que j’aimais », explique-t-elle. Elle se forme à l’énergétique chinoise et l’EMDR (Eye movement desensitization and reprocessing). L’idée lui vient naturellement de marier les deux approches et elle commence à proposer des stages.

Stage d'hortithérapie en création de jardins japonais

Stage d’hortithérapie en création de jardins japonais

Au départ, des amateurs venus par le biais du jardin japonais s’intéressent à l’hortithérapie. « Pour moi, le but est de parvenir à une guérison émotionnelle et spirituelle. Couche par couche, nous faisons l’expérience de notre être profond et de notre propre intégrité, loin des diktats sociaux. Travailler avec ses mains est une source de création et de guérison. » Parmi les stagiaires, des personnes atteintes de maladies graves qui veulent libérer leur anxiété et apprendre à faire face ou des victimes de traumatismes tels que le viol. D’autres ressentent un vide et cherchent leur voie. En parallèle, elle a lancé une activité de création de jardins thérapeutiques pour des particuliers ou des établissements ainsi qu’une formation longue d’hortithérapeute-consultant Niwathérapie©. « Concernant cette formation longue, elle s’étale sur 18 mois, alternant cours et travail personnel. Elle s’adresse à des étudiants en poursuite d’études, à des professionnels de la santé souhaitant diversifier leur activité, à des salariés en reconversion professionnelle, mais tout autant à des personnes du grand public sensibles au maintien et à l’amélioration de leur santé ainsi que de leur qualité de vie », explique Frédérique.  « Je ressens une certaine plénitude. Oui, j’ai l’impression d’avoir trouvé ma voie. »

En harmonie avec la nature

Pourquoi les jardins japonais ? « C’est le jardin qui se veut le plus pur reflet de la nature. C’est toujours une production humaine. Mais on cherche à copier et à restituer ce que la nature réalise dans son grand jardin universel. Je trouve d’autres jardins beaux, mais ils ne génèrent pas la même émotion que suscite un jardin japonais pour moi. En résumé, je dirais que c’est le désir de vivre en harmonie avec la nature », explique Frédérique. «  Dans un jardin japonais, on tient compte de chaque ouverture de la maison pour donner un point de vue sur le jardin et se sentir comme si on était dans le jardin. Il y a des baies vitrées et le jardin arrive jusqu’au bord de la maison. Une terrasse vitrée et couverte tout autour de la maison permet de profiter du jardin. Mais on est coupé du monde par des palissades, des murs ou des haies très hauts, pour se dégager des turpitudes du monde. »

Un tsuboniwa éphémère réalisé avec un stagiaire

Un tsuboniwa éphémère réalisé avec un stagiaire

Elle décrit la philosophie du jardin de thé dans ce même esprit. « Avant de rentrer dans cette hutte très rustique et naturelle, le jardin est construit pour restituer un sentier humide de rosée qui déambule dans un sous-bois avec les odeurs d’humus, les mousses, une feuille qui vole. On se met dans une disposition d’esprit pour participer à la cérémonie. » Parmi les différents styles de jardins japonais, celui qu’elle affectionne particulièrement est le Tsubo-niwa, un petit jardin adapté aux villes. Sa véritable passion est le Niwaki, l’art de la taille des arbres. Des séjours réguliers au Japon auprès de plusieurs maitres dans cet art ancien lui permettent d’approfondir ses connaissances techniques et son appréciation. D’ailleurs, elle annonce la sortie à l’automne 2016 d’un livre sur la Niwathérapie© aux éditions Eyrolles.