Des jardins japonais qui guérissent les blessures

Frédérique Dumas

Frédérique Dumas

Voilà pourquoi j’adore écrire ce blog qui me réserve tant de belles rencontres, comme celle de Frédérique Dumas. Amoureuse depuis l’enfance de la nature, elle propose des stages et conçoit des jardins thérapeutiques inspirés des jardins japonais qu’elle a beaucoup étudiés. Son site, qui regorge de beaux textes et de belles photos, raconte cette passion pour les jardins japonais et l’art de la taille qu’elle a décidé de partager (Niwathérapie©).

Le plus vieux souvenir de Frédérique est d’être émerveillée devant la nature. « J’avais 4 ans. J’habitais dans une grande ville. Le jeudi après-midi, ma mère et ma grand-mère m’emmenaient dans un jardin public avec des sources souterraines qui ressortaient. Il y avait des mousses et des fougères et un petit filet d’eau entre des pierres plates. Je passais des heures à les observer. C’était un ravissement, j’avais le cœur qui sortait de la poitrine. » Les weekends de Frédérique se passent dans la nature et dans les bois dans la vallée du Rhône, entre le Vercors et l’Ardèche. C’est en Ardèche, à Talencieux, qu’elle est aujourd’hui installée.

A l’âge de 12 ans, elle se fascine pour les bonsaïs avec son père et possède toute une collection après avoir appris « en me trompant ». Après un bac agronomie, elle travaille dans la vente. Son jardin devient son poumon, le paysagisme japonais avec ses vallonnements et ses rochers une source de paix. Il y a une quinzaine d’années, la mort soudaine de son compagnon d’une crise cardiaque bouleverse sa vie. « Il n’était plus question de faire un travail alimentaire, j’avais envie d’aller en profondeur et de faire ce que j’aimais », explique-t-elle. Elle se forme à l’énergétique chinoise et l’EMDR (Eye movement desensitization and reprocessing). L’idée lui vient naturellement de marier les deux approches et elle commence à proposer des stages.

Stage d'hortithérapie en création de jardins japonais

Stage d’hortithérapie en création de jardins japonais

Au départ, des amateurs venus par le biais du jardin japonais s’intéressent à l’hortithérapie. « Pour moi, le but est de parvenir à une guérison émotionnelle et spirituelle. Couche par couche, nous faisons l’expérience de notre être profond et de notre propre intégrité, loin des diktats sociaux. Travailler avec ses mains est une source de création et de guérison. » Parmi les stagiaires, des personnes atteintes de maladies graves qui veulent libérer leur anxiété et apprendre à faire face ou des victimes de traumatismes tels que le viol. D’autres ressentent un vide et cherchent leur voie. En parallèle, elle a lancé une activité de création de jardins thérapeutiques pour des particuliers ou des établissements ainsi qu’une formation longue d’hortithérapeute-consultant Niwathérapie©. « Concernant cette formation longue, elle s’étale sur 18 mois, alternant cours et travail personnel. Elle s’adresse à des étudiants en poursuite d’études, à des professionnels de la santé souhaitant diversifier leur activité, à des salariés en reconversion professionnelle, mais tout autant à des personnes du grand public sensibles au maintien et à l’amélioration de leur santé ainsi que de leur qualité de vie », explique Frédérique.  « Je ressens une certaine plénitude. Oui, j’ai l’impression d’avoir trouvé ma voie. »

En harmonie avec la nature

Pourquoi les jardins japonais ? « C’est le jardin qui se veut le plus pur reflet de la nature. C’est toujours une production humaine. Mais on cherche à copier et à restituer ce que la nature réalise dans son grand jardin universel. Je trouve d’autres jardins beaux, mais ils ne génèrent pas la même émotion que suscite un jardin japonais pour moi. En résumé, je dirais que c’est le désir de vivre en harmonie avec la nature », explique Frédérique. «  Dans un jardin japonais, on tient compte de chaque ouverture de la maison pour donner un point de vue sur le jardin et se sentir comme si on était dans le jardin. Il y a des baies vitrées et le jardin arrive jusqu’au bord de la maison. Une terrasse vitrée et couverte tout autour de la maison permet de profiter du jardin. Mais on est coupé du monde par des palissades, des murs ou des haies très hauts, pour se dégager des turpitudes du monde. »

Un tsuboniwa éphémère réalisé avec un stagiaire

Un tsuboniwa éphémère réalisé avec un stagiaire

Elle décrit la philosophie du jardin de thé dans ce même esprit. « Avant de rentrer dans cette hutte très rustique et naturelle, le jardin est construit pour restituer un sentier humide de rosée qui déambule dans un sous-bois avec les odeurs d’humus, les mousses, une feuille qui vole. On se met dans une disposition d’esprit pour participer à la cérémonie. » Parmi les différents styles de jardins japonais, celui qu’elle affectionne particulièrement est le Tsubo-niwa, un petit jardin adapté aux villes. Sa véritable passion est le Niwaki, l’art de la taille des arbres. Des séjours réguliers au Japon auprès de plusieurs maitres dans cet art ancien lui permettent d’approfondir ses connaissances techniques et son appréciation. D’ailleurs, elle annonce la sortie à l’automne 2016 d’un livre sur la Niwathérapie© aux éditions Eyrolles.