Des collégiens lyonnais font le lien entre l’agriculture et leur assiette

J’espère que votre été vous a comblés de bonheurs et que cette période de retour se déroule le plus sereinement possible. C’est la rentrée, place aux jeunes.

Julie Le Gall, maître de conférences en géographie à l’Ecole normale supérieure de Lyon nous raconte le projet Marguerite/SensiAgri. Lancé depuis 3 ans au Collège Elsa Triolet à Vénissieux, dans le quartier des Minguettes, son but est de sensibiliser les élèves de collège à l’agriculture et à l’alimentation. Le programme est financé via le Programme national pour l’alimentation. Nous avions déjà eu l’occasion de nous rencontrer avant l’été pour une conversation vivifiante. Ce weekend, nous nous sommes retrouvées dans un jardin public parisien pour qu’elle vous explique la nature et les objectifs de son projet de sensibilisation à l’agriculture et à la justice alimentaire.

Pour en savoir plus, vous pouvez visiter le labo Environnement Ville Société au sein duquel travaille Julie à l’ENS de Lyon et la joindre par email (julie.legall (at) ens-lyon.fr). Si les questions de défis alimentaires vous intéressent, Julie recommande la lecture de ce dossier sur le sujet préparé par l’Institut d’Urbanisme d’IDF et en particulier l’interview d’Anne Liberman, psychologue sociale, sur l’éducation alimentaire.

Voici quelques photos des participants au projet au collège Elsa Triolet : les enfants heureux au potager, la récolte de radis, une expérimentation sur l’effet de serre, des dessins réalisés dans le cadre du projet Marguerite.

 

Urban Adamah : la justice alimentaire en action à Berkeley

Salades en jardinières sur la ferme urbaine d’Urban Adamah

J’avoue que je n’avais jamais entendu parler de justice alimentaire en France (food justice en anglais). L’idée est de permettre à tous un accès équitable à une nourriture sûre, saine et cultivée dans des conditions durables. C’est l’idée que défend l’association Urban Adamah à Berkeley. Installée sur un pâté de maison le long de la très passagère San Pablo Avenue, cette association est « une ferme biologique pour la communauté et un centre juif sur l’éducation environnemental ». Adamah signifie terre en hébreu.

La mission d’Urban Adamah est clairement expliquée dès l’entrée.

En plus d’un personnel permanent, Urban Adamah compte sur une douzaine de « fellows », des stagiaires qui viennent apprendre l’art et la manière de promouvoir la justice  alimentaire, la justice sociale et l’autonomie. Nous avons rencontré Kimberly Tomicich qui vient de terminer des études environnementales à Loyola University à Los Angeles. Elle nous fait visiter la ferme et nous explique son fonctionnement.

« Les « fellows » s’engagent pour trois mois. Nous apprenons les techniques de la culture biologique en milieu urbain en travaillant sur la ferme. Nous suivons aussi des cours sur la justice alimentaire et la justice sociale, sur le leadership non-violent. » Le rythme n’est pas de tout repos. Les « fellows », qui partagent une maison non loin de la « ferme », travaillent de 7h00 à 21h00. Ils commencent la journée par un moment de méditation, prennent leurs repas ensemble et travaillent côte à côte à la ferme.

Kimberly Tomicich en plein travail

De plus, chacun passe une partie de la semaine dans une association « hors les murs ». Kimberly, elle, travaille avec Cooking Matters, une association qui enseigne aux familles fréquentant les banques alimentaires à cuisiner sainement. Pendant deux semaines à raison de deux heures par séance, ces familles apprennent à mieux se nourrir.

Tous les mercredis matins, Urban Adamah se transforme en un petit marché où tous ceux qui sont dans le besoin peuvent venir chercher des fruits et légumes produits sur place. « Il y a toujours des œufs de nos poules, des courgettes, des oignons, des haricots,…La boulangerie Acme nous donne aussi du pain », explique Kimberly. « Nous donnons aussi une partie de notre récolte à un centre médical juste à côté et certains patients prennent un cours hebdomadaire à la ferme pour apprendre à cultiver. »

Tout a été construit pour être démontable et transportable. Les jardinières sont fabriquées avec des matériaux légers et si possible recyclés.

Le rêve de Kimberly est de travailler pour une association qui contribue à rendre la communauté plus autonome à travers la culture de sa propre nourriture. « Il y a une joie qui vient du lien avec la terre et de culture de sa nourriture », dit-elle. Quand des communautés urbaines redécouvrent le bonheur de se nourrir, le jardinage prend une nouvelle dimension, une dimension éminemment thérapeutique dans les quartiers qu’on qualifie aux Etats-Unis de « food deserts » parce qu’il est impossible d’y acheter une alimentation saine. Ces initiatives nourrissent à la fois le corps et l’esprit, grâce au travail de la terre et la récolte produite.