Les leçons de vie du jardin pour des jeunes en formation

Vous avez peut-être entendu parler du Peace Corps. Ce programme lancé sous John Kennedy envoie de jeunes Américains en mission dans les pays en voie de développement. Le Job Corps est plus ancien, mais moins connu. Depuis 1964, ce programme du US Department of Labor aide des jeunes sans diplôme entre 16 et 24 ans à passer le bac ou un certificat qualifiant et à se préparer pour le marché du travail. Pendant leur séjour, les jeunes sont rémunérés. A leur sortie du programme,  un chèque leur est remis quand ils trouvent un travail et réussissent à le garder. Le Job Corps est présent à travers 125 centres répartis dans tous les Etats-Unis. Mais le centre d’Exeter, situé dans une zone rurale de l’état de Rhode Island, est le seul à proposer un jardin qui offre à la fois une formation et de l’hortithérapie.

Audrey Pincins est l’hortithérapeute qui supervise le programme depuis quelques mois (elle travaillait auparavant avec des prisonniers récemment sortis de prison et a aussi beaucoup exercé ses talents dans des maisons de retraite). Tout a commencé avec le jardin d’herbes du cuisinier car les arts culinaires sont une des disciplines enseignées à Exeter. « Les jeunes aiment travailler dans le jardin », affirme Audrey. « Ils ont pris la décision de participer à ce programme pendant au moins 6 mois et de changer leur vie. C’est un programme résidentiel et il n’y a pas d’autre distraction. La moitié des jeunes n’ont pas le bac. Ici, ils peuvent obtenir le bac et un certificat dans divers domaines comme la cuisine, l’assistance médicale, la soudure ou l’informatique. »

Audrey Pincins dans le jardin

Audrey compare le nouveau jardin à la nouvelle vie des jeunes. « Avec quelques participants, nous avons déplacé les herbes et construit des platebandes surélevées pour les légumes. Mettre la menthe en pot a permis de faire un parallèle avec les bullies (ceux qui intimident et briment les autres autour d’eux, NDLR). Cette menthe est comme un bully qui envahit tout. Mais on peut prendre des mesures, comme la mettre en pot pour la contenir. »

Le nouveau jardin planté par Audrey Pincins et ses étudiants

Quand ils ajoutent du terreau, Audrey leur parle de s’installer un jour dans leur propre appartement qui leur apportera un bon terrain pour grandir et prospérer. Les participants ont planté des laitues, des tomates, des betteraves, des concombres, des courgettes, des poivrons. « Nous suivons aussi la pratique des « trois sœurs » des Indiens. On plante du maïs, des haricots et des courgettes qui s’aident mutuellement à pousser. Le chef utilise nos légumes et nous surveillons notre production pour comprendre les concepts de rendement. »

En plus du jardin potager, le centre offre aux résidents l’opportunité de travailler dans le jardin ornemental pour le maintenir en bon état. « Nous essayons de leur donner chacun leur coin pour qu’ils s’en sentent responsables. »  Au centre, Audrey pratique le « square foot gardening », le jardinage en carré qui développe les capacités mathématiques, et le jardinage vertical pour apprendre à économiser l’espace. Audrey affirme que le centre d’Exeter est le seul à offrir un programme d’hortithérapie et pense qu’elle pourrait être amenée à essaimer son idée dans d’autres centres du Job Corps.

Dans le jardin, les difficultés qui surgissent sont aussi des leçons de vie. « Nous avions des lapins qui mangeaient notre récolte. Nous avons utilisé une « barrière liquide », un produit dont l’odeur les repousse. Les participants ont appris qu’on pouvait vaincre les difficultés.» Audrey aimerait qu’une leçon leur reste après leur départ. « J’aimerais leur donner la mentalité des immigrants qui avaient des jardins pour leur consommation. » Jardiner, un pas vers l’autonomie.