Le blog avait beau être en vacances, j’ai profité de l’été pour me promener dans quelques jardins parisiens. Voici le second épisode de mes aventures estivales.
C’est au 48 rue Trousseau dans le 11e. Au coin de la rue Trousseau et de la rue Charles Delescluze, devrait s’élever un parking de plusieurs étages. A la place, il y a des rosiers et des framboisiers, des pois de senteur et des tomates, des rhododendrons et des herbes aromatiques. Pionner des jardins partagés encouragés par la Mairie de Paris, le Jardin Nomade vient de fêter ses 10 ans avec une grande fiesta de deux jours. Ateliers pour les enfants, musiques et bal, apéro dinatoire et pique-nique, la fête a rameuté tout le quartier.
« Nous avons été les premiers à signer la charte Main Verte en 2003 », explique Roselyne Demange, l’une des responsables du jardin depuis les débuts. La charte fixe trois grands principes : démarche participative, création de lien social et respect de l’environnement. Les jardins partagés se doivent de laisser leurs portes ouvertes à tous les passants dès lors qu’un jardinier est présent et à des heures d’ouverture établies. Les pratiques respectueuses de l’environnement – pas de pesticide chimique – sont obligatoires. Car ces jardins participent « au maintien de la biodiversité en milieu urbain et au développement d’une présence végétale dans la ville, qui s’inscrit dans la démarche de développement durable initiée par la municipalité. » Récupération des eaux de pluie et compost (avec ateliers éducatifs par des maitres composteurs) font bien sûr partie du programme.
En ce qui concerne l’aspect social, le Jardin Nomade a su tisser de nombreux liens. Des passants s’arrêtent. Pendant ma visite, un monsieur entre, fait un tour et demande si le jardin serait intéressé par des plantes. Bien sûr, lui répond Roselyne qui a salué chaleureusement le visiteur dès son arrivée. D’autres viennent jeter leur compost. Il y a aussi des réguliers, comme ce vieux couple qui vit au 6e étage de l’immeuble d’en face. Quand ils sortent faire une promenade, ils font toujours une pause au jardin. Des tables, des chaises et des bancs sont disposés dans un endroit central et dans des recoins du jardin. Les deux voisins, devenus les mascottes du jardin, peuvent causer ou se retrouver entourés d’enfants.
Car plusieurs écoles et crèches ont un petit lopin dans le jardin et viennent s’en occuper régulièrement. Les professeurs de SVT du collège voisin devraient y amener les élèves de 6e pour travailler sur les bulbes. Un petit garçon en fauteuil roulant vient jardiner avec sa grand-mère dans un bac surélevé mis à sa disposition. Des liens se tissent entre les jardiniers comme ces deux dames, l’une d’origine algérienne et l’autre d’origine vietnamienne, que tout semblait séparer, mais qui sont devenues amies. Un ou deux habitants de la résidence pour personnes âgées d’à-côté sont devenus membres du jardin. La liste d’attente est malheureusement assez longue…
Qu’est-ce qui a attiré Evelyne ici ? « Je suis une fille d’agriculteurs et ça me plaisait d’avoir un coin de verdure. Le vert me manque. » Sur son lopin, elle fait pousser des fuchsias qui ne gèlent pas, des choux qui restent toujours verts, un plant de tomates,…Mais on sent que les rapports avec les autres jardiniers et les passants font aussi partie des plaisirs qu’elle retire du jardin. La petite bâtisse en terre crue, construite sur place avec l’aide d’un étudiant en architecture, sert de cuisine, de cabane de jardin, d’entrepôt. Des apéritifs et des diners improvisés ont lieu régulièrement.
Pendant l’été, les jardiniers partis en vacances attachent un ruban bleu à une plante de leur lopin. C’est un appel à l’aide : « Arrosez-moi, s’il vous plait. » Il y a aujourd’hui environ 70 jardins partagés à Paris, plus résolument ancrés dans l’est parisien. Pour savoir comment en créer un, rendez-vous sur cette page de Paris.fr. En septembre et octobre, une ronde des pique-niques aura lieu de jardin partagé en jardin partagé. Une belle occasion d’aller voir plus près de quoi il retourne. Et puis il n’y a pas qu’à Paris que des jardins partagés existent. Le site Jardinons Ensemble est un bon point de départ.