Financer un programme de thérapie horticole : imagination et débrouillardise

Les thérapeutes horticoles présentés jusqu’ici appartiennent à deux catégories : soit ils sont employés par un établissement, soit ils interviennent en tant qu’indépendants qui facturent à l’heure. Il faudrait en fait ajouter une troisième catégorie, ceux qui travaillent bénévolement. C’est le cas de Marge Levy aux côtés de qui je fais également du bénévolat depuis 7 mois dans un centre de jour pour adultes, le Mount Diablo Center for Adult Day Health Care, en Californie. A travers son exemple et celui de Kirk Hines, nous allons aborder l’épineuse question du financement.

Il est préférable d’avoir des gants à disposition pour les participants qui le souhaitent. Le terreau, les plants, les outils ajoutent au coût de l’activité.

« Au départ, j’ai trouvé des platebandes surélevées qui étaient déjà pleines de terreau. C’était une dépense en moins car installer un espace pour jardiner coûte cher », explique Marge. « J’estime que j’ai dépensé la première année entre 2,50 et 3 dollars par participant (entre 2,05 et 2,45 euros) par séance. Mais cette année, je dépense plutôt 2 dollars (1,65 euros) car je n’ai plus les frais de départ. » Elle a dû acquérir des outils de jardinage, des tabliers et des gants, des pots,…Certaines activités sont plus coûteuses comme faire des bouquets car il faut acheter des fleurs fraiches. Les participants aiment ramener leurs projets chez eux, ce qui a un coût quand il faut racheter des pots, des vases ou tout autre accessoire nécessaire.

L’agence sociale où Marge donne de son temps n’avait pas beaucoup d’argent à consacrer à cette activité même si ses responsables aiment mettre en avant la disponibilité encore assez inhabituelle d’un programme de thérapie horticole. Elle s’est tournée vers son employeur, le pétrolier Chevron, qui encourage le bénévolat et les dons de ses salariés. « J’ai demandé à mes collègues de faire un don à mon programme et la société a contribué à parts égales. J’ai ainsi récolté 1 500 dollars (un peu plus de 1 200 euros). De plus, Chevron donne 500 dollars (411 euros) pour 20 heures de bénévolat à raison de deux fois par an. J’ai aussi utilisé cette possibilité. »

En anglais, ces petits bouquets à porter à la boutonnière s’appellent un « corsage ». Les fleurs fraîches sont une fourniture assez chère.

Marge a également cherché des sources de financement ailleurs. L’agence a fait une demande de bourse à une fondation locale qui a contribué 750 dollars (617 euros) au programme. De son côté, elle a écrit deux demandes de financement et a reçu une réponse positive de l’association caritative des Kiwanis (600 dollars, soit 493 euros). « La difficulté est de trouver les bonnes sources et le bon moment pour faire sa demande. Mais les demandes, en elles-mêmes, ne sont pas difficiles à remplir », explique Marge. Et puis il y a quelques à-côtés  qui relève du système D: un cadeau d’un supermarché, une ristourne ici ou là par une pépinière compréhensive, les ventes de sachets de lavande à l’occasion d’un événement organisé par l’agence. « Cette année, j’ai assez d’argent. Ce serait beaucoup plus difficile si je devais aussi financer un salaire. Mais je fais ce travail bénévolement pour rendre à la communauté », conclut Marge.

Pour Kirk Hines qui est employé en tant que thérapeute horticole au Wesley Woods Hospital à Atlanta, la question du financement est un peu plus facile car il a le soutien d’une large organisation. Son salaire est payé par l’hôpital qui l’aide aussi à obtenir les fonds nécessaires au fonctionnement du programme. « L’hôpital fait partie d’une association à but non lucratif. Nous avons un département qui s’occupe d’obtenir des bourses et des dons privés. C’est ainsi que nous avons financé la serre et le jardin », explique Kirk. « Les kinés achètent un vélo d’exercice tous les 10 ans. Nous, les fournitures s’épuisent constamment surtout quand les participants rapportent le projet chez eux à la fin du séjour. » Comme beaucoup de programmes (rappelez-vous du programme de Sandra Diehl), celui de Kirk génère aussi des revenus grâce à la vente de plantes bouturées par les participants.

Les thérapeutes horticoles doivent aussi être des experts dans la collecte de fonds et accessoirement la promotion de leurs activités. Ils doivent savoir mettre en avant les bénéfices de leur programme auprès de divers publics (la direction de l’établissement, les familles des participants, des agences locales, les média) pour gagner en visibilité et augmenter la chance de survie de leurs programmes…

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