
2021, une année à marquer d’une pierre blanche pour celles et ceux qui veulent se former à la conception et à l’animation de jardins de soin, de jardins thérapeutiques ou de jardins à visée thérapeutique, ces trois termes étant tous utilisés pour suggérer les bienfaits du jardin pour des personnes fragilisées (sans marcher sur les platebandes des thérapeutes patentés).
Deux nouvelles formations, plus longues et mieux reconnues que les formations existantes, ont vu le jour cette année et accueillent leur première promotion. Une bonne nouvelle pour ces pionniers et les suivants, pour les établissements médico-sociaux et pour les futurs jardiniers qui pourront être toujours mieux accompagnés dans leur parcours de soin grâce à la nature.
Deux nouvelles formations qui nous montrent que les avancées se font sur des temps longs et sur des bases existantes bien enracinées. On parle de jardins, la patience est donc une vertu essentielle. Cette nouvelle étape est énorme et devra être suivie d’autres initiatives dans les années à venir.
Pour l’instant, savourons notre plaisir et bravo aux deux initiateurs, Emmanuel Coulombs et Audrey Gueit, qui ont déployé tant d’énergie pour que ces deux formations voient le jour.
En Corrèze, une formation de Jardinier Médiateur
Emmanuel Coulombs, enseignant au lycée de l’horticulture et du paysage de Brive-Voutezac et membre fondateur de la Fédération Française Jardins Nature et Santé, portait le projet depuis un bon moment. Comme il le précise, « depuis près de 10 ans le lycée de l’horticulture et du paysage de Brive-Voutezac transmet aux étudiants en Aménagement Paysager l’importance de la nature et des jardins en particulier pour la Santé Humaine et la Cohésion Sociale. Après bien des rencontres et des visites de jardins de soins, de jardins partagés, de jardins d’insertion et de jardins pédagogiques, l’établissement a décidé de soutenir tous ces jardiniers incroyables en créant la spécialisation Jardinier Médiateur. »
La SIL (spécialité d’initiative locale) Jardinier Médiateur a ouvert ses portes il y a quelques semaines et accueille ses trois premiers stagiaires venus d’univers différents : un parc floral à vocation touristique, une collectivité territoriale et une ferme pédagogique. J’ai prévu de vous les présenter plus en détails quand ils auront terminé la formation et pourront nous en faire un retour avec un peu de recul.
Que couvre cette formation continue ? Ce titre professionnel est basé sur l’acquisition de quatre principales capacités : concevoir, créer, gérer et animer des aménagements paysagers et comestibles à visées sociales et/ou thérapeutiques. « L’Agroécologie et la Solidarité entre les formes du Vivant constituent le socle du référentiel professionnel de ces passeurs de biodiversité, ces « fournisseurs d’accès » aux bienfaits de la Nature », explique encore Emmanuel Coulombs. Vous l’avez compris le focus n’est pas uniquement sur les jardins à visée thérapeutique, mais aussi sur ceux dont la visée est sociale. Il semble intéressant en effet d’élargir les compétences de ce nouveau métier de « jardinier médiateur ». A noter que les stagiaires font un passage par le centre de formation du Domaine de Chaumont-sur-Loire, pionnier dans la formation aux jardins de soin en France depuis 2012.
Programme, référentiel, habilitation officielle, tous les détails sont ici et là. Pour tout renseignement complémentaire sur la formation et sur les prochaines sessions, n’hésitez pas à contacter Emmanuel Coulombs : emmanuel.coulombs (at) educagri.frou 06 13 29 26 03
Dans la Drôme, une formation « Conduire un jardin à visée thérapeutique, pour créer un lieu de bien être et d’activité »
A Audrey Gueit aussi, il a fallu deux ou trois ans, pour faire émerger cette nouvelle formation. Mais là aussi, les racines sont bien plus profondes. Depuis près de 10 ans, le CFPPA Terre d’horizon de Romans-sur-Isère travaille en partenariat avec l’ADAPEI Drôme avec un objectif d’intégration et de partage entre le monde médico-social et le monde dit ordinaire. C’est tout naturellement par le biais du jardin, du jardinage et de la passion des végétaux que le CFPPA a créé des liens, des projets de jardins de soin dans plusieurs établissements et des classes intégrées en son sein.
Riche de ses compétences en jardins et de ses connaissances du monde médico-social, le CFPPA a décidé de créer la formation « Conduire un jardin à visée thérapeutique, pour créer un lieu de bien être et d’activité ». Cette certification de niveau Licence est une spécialisation reconnue par France Compétence, inscrite au Registre spécifique. Elle est répertoriée au CPF (compte personnel de formation) depuis janvier 2021. La formation comprend un total de 250 heures étalées sur 7 mois. Les principales capacités sont la conception et la gestion de jardin de soin ainsi que la création et l’animation d’activité au jardin auprès de personnes vulnérables. A noter que plusieurs membres de la Fédération Française Jardins Nature et Santé sont intervenant(e)s dans cette formation.
Elle ouvrira ces portes en avril 2021. Pour plus d’information, le site du CFPPA Terre d’horizon. Ou bien contactez Audrey Gueit au 04.75.71.25.10 ou audrey.gueit@educagri.fr
Et toujours….
Si vous cherchez une formation dans ce domaine, une source incontournable est le site de la Fédération Françaises Jardins Nature et Santé (rubrique Formations) qui en recense une douzaine, plus courtes que ces nouvelles venues et réparties dans toute la France.
Si vous cherchez une formation là, maintenant, tout de suite, je vous conseille la formation animée par Dr. France Criou-Pringuey du 24 au 26 mars au CFPPA de Carpentras, « Jardins thérapeutiques, des fondements scientifiques à la réalisation ».
Si vous avez besoin de plus de bonnes nouvelles…
Je ne résiste pas au plaisir de partager avec vous cette information qui nous vient du Canada via Jeannine Lafrenière. Au Canada, des professionnels de santé peuvent désormais prescrire des moments dans la nature, « une cure de nature ». Cette pratique basée sur les preuves scientifiques est reconnue très officiellement. En Ontario depuis cette semaine comme le décrit cet article, mais aussi en Colombie Britannique depuis décembre 2020. Yes !
« Nous avons eu un intérêt incroyable pour le PaRx (Park Prescriptions), avec près de 500 prescripteurs inscrits de neuf provinces et territoires depuis son lancement il y a moins de trois mois », explique Melissa Lem, médecin de famille en Colombie Britannique et directrice de Park Prescriptions. « La plupart des prescripteurs inscrits sont des médecins de famille, suivis par des oncologues, des médecins d’urgence, des psychiatres et des infirmières. Nous avons également des psychologues, des physiothérapeutes, des pharmaciens, des ergothérapeutes, des chiropracteurs et des naturopathes inscrits ». Une initiative inspirée d’un programme similaire en Californie…et qui devrait inspirer à son tour d’autres pays…
Que de bonnes nouvelles ! Patience et longueur de temps sont incontournables pour être reconnu publiquement en France, bravo Emmanuel, Audrey, France et toutes vos équipes.