Le « Jardin pour Toit » du Centre Robert Doisneau

Le Centre Robert Doisneau dans un quartier en pleine rénovation du 18e arrondissement de Paris

Le Centre Robert Doisneau dans un quartier en pleine rénovation du 18e arrondissement de Paris

Même en ce jour d’hiver un peu frisquet malgré un rayon de soleil, le Jardin pour Toit du Centre Robert Doisneau dans le 18e arrondissement a de l’allure. C’est un bel espace bordé de jardinières construites à plusieurs hauteurs sur le toit de ce tout nouveau centre qui regroupe, sur le même site, des structures d’hébergement et d’accueil pour des personnes âgées dépendantes, des adultes handicapés et des jeunes souffrant d’autisme. Des tables, protégées du soleil en été, invitent au goûter et à la pause entre résidents et visiteurs. Au cœur de Paris dans un quartier en pleine transformation, les résidents peuvent sortir mettre les mains dans la terre et prendre de la hauteur.

Avant de donner la parole à Ingrid Antier-Perrot, directrice philantropies et communication à la Fondation Hospitalière Sainte Marie qui gère le Centre Robert Doisneau et une soixantaine d’établissements en Ile-de-France, faisons le tour de cette maison unique en France. Créé pour pallier à l’insuffisance des moyens d’hébergement à Paris, le Centre Robert Doisneau a une capacité d’accueil de 190 places en hébergement et 50 en accueil de jour et regroupe, c’est là sa grande originalité, quatre établissements :

  • un EHPAD (Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes) de 110 places dont deux unités protégées pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ainsi que 15 places en accueil de jour,
  • une MAS (Maison d’Accueil Spécialisée) de 35 places
  • un FAM (Foyer d’Accueil Médicalisé) de 45 places avec un centre d’accueil de jour de 15 places
  • et un IME (Institut Médico Educatif) de 21 places pour des ados et des jeunes de 12-20 ans en semi-internat avec un SESSAD (Service de Soins Spécifiques à Domicile) de 22 places pour les 3-20 ans.

Des personnes âgées dépendantes dont certaines atteintes de la maladie d’Alzheimer, des adultes handicapés suite à un accident de la vie et des jeunes souffrant d’autisme se retrouvent donc dans un lieu conçu comme un « chez soi ». Des meubles chinés, des œuvres du célèbre photographe dont les filles se sont impliquées dans le projet, des espaces chaleureux et ouverts, l’ambiance ressentie pendant une courte visite est visiblement différente d’autres établissements.

La genèse du jardin

Topager a aidé à animer les premiers ateliers.

Topager a aidé à animer les premiers ateliers.

« Notre directeur général et l’architecte ont eu envie d’utiliser l’espace sur le toit pour en faire un jardin. Le projet avait commencé et nous avons dû obtenir une dérogation de la préfecture. Nous avons rencontré Topager à travers un article que j’avais lu sur eux dans Le Monde. C’était en 2011 », explique Ingrid Antier-Perrot. Topager, qui conçoit et réalise des potagers et des refuges de biodiversité urbains, se met au travail pour imaginer ce nouveau jardin en terrasse et proposer un devis. Les ergothérapeutes du Centre apportent leurs compétences pour penser l’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite. Pendant que la Fondation discute avec le constructeur (il faut trouver un sol pas trop lourd, éviter les infiltrations, remplir les obligations de rétention d’eaux pluviales), Ingrid Antier-Perrot se tourne vers des donateurs privés pour récolter les 100 000 euros nécessaires au projet. Dans un billet à venir sur le financement, elle nous décrira ces démarches cruciales.

« Le Centre a ouvert en 2014. La première année, nous étions en plein recrutement. Ce n’est qu’en 2015 que les équipes se sont vraiment saisies du jardin. Tout comme le Centre qui est bâti sur la diversité, nous voulions une diversité de plantes : petits fruits et légumes, aromatiques, vignes, poiriers, grimpants avec des annuels et des vivaces. Les résidents viennent avec des moniteurs-éducateurs qui proposent des ateliers. Ils peuvent semer, planter, entretenir et récolter côte à côte ou en face à face pour renforcer la communication. D’ailleurs, nous venons de donner une subvention à la MAS pour construire une cuisine qui utilisera entre autres la récolte du jardin et des courses au marché. C’est un lien avec la vie. »

Les bacs, conçus à trois hauteurs pour différents types de chaises roulantes, sont en bois résistant et issu de circuits courts. Le jardin est également équipé de composteurs.

Les bacs, conçus à trois hauteurs pour différents types de chaises roulantes, sont en bois résistant et issu de circuits courts. Le jardin est également équipé de composteurs.

Parmi les objectifs cités, favoriser le lien avec les autres résidents, pratiquer une activité physique, stimuler les fonctions cognitives et diminuer les troubles du comportement et les états dépressifs et d’angoisse. « Les équipes d’animation ont deux logiques : pour les résidents de l’EHPAD, il s’agit d’une animation et d’un loisir. Pour les personnes de la MAS et du FAM, il s’agit de préserver l’autonomie », détaille Ingrid Antier-Perrot. En dehors des ateliers, qui reprendront au printemps et que Potager a aidé à animer au départ, l’accès au jardin est libre. Les visiteurs sont encouragés à s’y rendre avec leurs proches.

Les jardins se multiplient

Du coup, le Centre s’est déjà doté de nouveaux espaces de jardin. « Dans les deux unités fermées pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, nous avons créé des terrasses privatives avec des espaces verts. C’est au premier étage, avec vue sur le ciel et beaucoup de lumière. L’IME a aussi un espace avec des bacs. » D’ailleurs la Fondation Hospitalière Sainte Marie n’en est pas à son coup d’essai. Dans un centre d’accueil de jour pour personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer à Pantin et dans un EHPAD à Noisy-le-Sec, des jardins avaient déjà vu le jour.

Le quartier est invité à rentrer dans le Centre avec un premier commerce, et bientôt un deuxième, installé dans les lieux. La diversité recherchée au Centre Robert Doisneau n’est pas toujours facile à faire exister. Les personnes âgées sont souvent réticentes avec les personnes handicapées, sans doute par peur. Mais petit à petit, des liens se créent en assistant à des conférences culturelles ensemble et sans doute aussi en se rencontrant au jardin.

3 réflexions au sujet de « Le « Jardin pour Toit » du Centre Robert Doisneau »

  1. J’ai hâte d’aller voir cette structure incroyable: mélange unique d’âge et de pathologie ! Et de savoir comment tournent les ateliers au jardin.

  2. Bonjour Isabelle,est t’il possible de s’abonner à votre revue ? j’aimerai, dans le cadre d’une démarche professionnelle , avoir à disposition vos articles tellement intéressants !!
    Comment faire ? Merci , bien cordialement
    Pascaline

    • Bonjour Pascaline, oui il est possible de s’abonner à mon blog et vous recevrez une notification toutes les semaines quand je poste un nouveau billet. En bas à droite de l’écran, il y a un bouton « Suivre ». Cliquez et suivez les instructions! Ca devrait marcher sans problème. Bonne continuation. Isabelle

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